Wednesday, December 7, 2022

Pierre Hector Chanut's letter to René Descartes, dated December 2/12 (New Style), 1648

Source:

Œuvres de Descartes, correspondance V: mai 1647-février 1650, page 252, published by Charles Adam and Paul Tannery, 1903


Descartes' book, "Principes de la philosophie", can be read here, in the 1647 French translation from the 1644 Latin original:


The letter Kristina wrote to Descartes on November 22/December 2 is here:


The letter:

I'eus l'honneur, il y a deux mois, de suivre la Reine en un voyage vers les mines d'argent & de cuivre. Dans le loisir du chemin, elle se donna entiérement à la lecture. Je portay vos «Principes de la Philosophie». Je luy lus la préface. Elle ouvrit le livre par endroits, & demeura fort pensive pendant quelques jours. Je connus ce qui la faisoit réver; & comme j'osay bien luy dire qu'il me sembloit qu'elle se trouvoit en peine entre le desir de s'instruire dans cette Philosophie & les difficultez qu'elle auroit à l'acquerir, elle m'avoüa que j'avois deviné ce qui luy donnoit du soucy. Je luy conseillay d'achever à loisir quelques autres études qu'elle s'étoit proposées, & cependant de commander à M. Freinshemius, son Historiographe, trés-honnête homme & sçavant, dont elle se sert pour son soulagement dans la lecture, qu'il s'instruise de vos Principes aussi parfaitement qu'il luy sera possible, afin que, sa Majesté venant ensuite à les lire, elle soit secouruë dans les difficultez qui la pourroient ennuier, si elle s'attachoit seule à cette étude. Mon avis luy plut. A son retour elle a donné l'ordre à M. Freinshemius. Et parce qu'il a reconnu qu'il auroit lui-même besoin d'un compagnon dans ce chemin, j'ay été prié de faire cette lecture en même téms. De sorte, Monsieur, qu'une des principales parties de mes offices consistant à n'être point desagréable au Souverain auprés duquel ie sers nôtre Maître, il est arrivé que c'est aujourd'huy une des fonctions de la Résidence en Suéde de lire & d'étudier vôtre Philosophie. Je vous avouë que j'avois besoin que cette obligation se joignît à ma curiosité, parce que, me trouvant engagé dans la vie civile, je faisois scrupule de divertir mes pensées à ces abstractions. La résolution de la Reine de Suéde est de prendre vôtre livre aussi-tôt que nous l'aurons achevé; & lorsque, dans le cours de la lecture, nous ne serons pas assez forts ou assez adroits pour délier les nœuds qui l'arrêteront, nous aurons recours à vous. Sa Majesté s'est fort enquise de vôtre fortune, & du soin qu'on prenoit de vous en France; & je ne sçay si, lors qu'elle aura pris goût à vôtre Philosophie, elle ne vous tentera point de passer en Suéde. Ie seray, s'il plaît à Dieu, pour lors en France, où je vous pourray dire plusieurs choses qui seront considérables, si vous mettez l'affaire en délibération. Cependant je puis vous assurer que cette Princesse, qui n'estime rien au monde que la verité & la vertu, fait un grand jugement de vous pour l'amour de l'une & de l'autre. Vous voyez que je ne suis point en une Cour où la malice & le déguisement soient en crédit, &c.

With modernised spelling:

J'eus l'honneur, il y a deux mois, de suivre la Reine en un voyage vers les mines d'argent et de cuivre. Dans le loisir du chemin, elle se donna entièrement à la lecture. Je portai vos «Principes de la philosophie». Je lui lus la préface. Elle ouvrit le livre par endroits et demeura fort pensive pendant quelques jours. Je connus ce qui la faisait rêver; et comme j'osai bien lui dire qu'il me semblait qu'elle se trouvait en peine entre le désire de s'instruire dans cette philosophie et les difficultés qu'elle aurait à l'acquérir, elle m'avoua que j'avais deviné ce qui lui donnait du souci. Je lui conseillai d'achever à loisir quelques autres études qu'elle s'était proposées, et cependant de commander à M. Freinshemius, son historiographe, très honnête homme et savant, dont elle se sert pour son soulagement dans la lecture qu'il s'instruise de vos principes aussi parfaitement qu'il lui sera possible, afin que Sa Majesté venant ensuite à les lire, elle soit secourue dans les difficultés qui la pourraient ennuier si elle s'attachait seule à cette étude. Mon avis lui plut. A son retour elle a donné l'ordre à M. Freinshemius. Et parce qu'il a reconnu qu'il aurait lui-même besoin d'un compagnon dans ce chemin, j'ai été prié de faire cette lecture en même temps. De sorte, Monsieur, qu'une des principales parties de mes offices consistant à n'être point désagréable au Souverain auprès duquel je sers notre maître, il est arrivé que c'est aujourd'hui une des fonctions de la résidence en Suède de lire et d'étudier votre philosophie. Je vous avoue que j'avais besoin que cette obligation se joignît à ma curiosité, parce que, me trouvant engagé dans la vie civile, je faisais scrupule de divertir mes pensées à ces abstractions. La résolution de la Reine de Suède est de prendre votre livre aussitôt que nous l'aurons achevé; et lorsque, dans le cours de la lecture, nous ne serons pas assez forts ou assez adroits pour délier les nœuds qui l'arrêteront, nous aurons recours à vous. Sa Majesté s'est fort enquise de votre fortune et du soin qu'on prenait de vous en France; et je ne sais si, lorsqu'elle aura pris goût à votre philosophie, elle ne vous tentera point de passer en Suède. Je serai, s'il plaît à Dieu, pour lors en France, où je vous pourrai dire plusieurs choses qui seront considérables, si vous mettez l'affaire en délibération. Cependant je puis vous assurer que cette princesse, qui n'estime rien au monde que la vérité et la vertu, fait un grand jugement de vous pour l'amour de l'une et de l'autre. Vous voyez que je ne suis point en une cour où la malice et le déguisement soient en crédit, etc.

Swedish translation (my own):

Jag hade äran för två månader sedan att följa drottningen på en resa till silver- och koppargruvorna. På resans lediga stunder ägnade hon sig helt åt läsning. Jag bar Era »Filosofins principer« med. Jag läste förordet för henne. Hon öppnade boken på sina ställen och var mycket eftertänksam i några dagar. Jag visste väl vad som fick henne att dagdrömma; och när jag vågade berätta för henne att det föreföll mig som om hon fann sig kämpande mellan viljan att lära sig denna filosofi och de svårigheter hon skulle ha att tillägna sig den, erkände hon för mig att jag hade spånat vad som bekymrade henne. Jag rådde henne att på sina lediga stunder genomföra några andra studier som hon hade föreslagit till sig själv, och hon hade ännu inte beordrat herr Freinsheim, hennes historiograf, en mycket ärlig och lärd man, som hon använder för sin lättnad i läsningen, att lära sig Era principer så fullkomligt som möjligt, så att Hennes Majestät, när hon kommer efteråt för att läsa dem, kan få hjälp i de svårigheter som skulle kunna förarga henne om hon fäste sig vid denna studie ensam. Min åsikt gladde henne. Vid återkomsten gav hon ordern till herr Freinsheim. Och eftersom han insåg att han själv skulle behöva en följeslagare på denna resa, blev jag ombedd att göra denna läsning samtidigt. Så, monsieur, eftersom en av de viktigaste delarna av mitt ämbete består i att inte vara obehaglig mot den suveräna som jag tjänar vår herre nära, har det hänt att det idag är en av residenset i Sveriges funktioner att läsa och studera Er filosofi. Jag erkänner för Er att jag behövde denna skyldighet för att ansluta mig till min nyfikenhet, ty när jag fann mig själv engagerad i det civila livet, hade jag skrupler med att avleda mina tankar till dessa abstraktioner. Drottningens beslut är att ta Er bok så snart vi har avslutat den; och när vi under läsningens gång inte kommer att vara starka nog eller skickliga nog att lösa upp de knutar som kommer att stoppa det, kommer vi att vända oss till Er. Hennes Majestät har frågat mycket om Er lycka och den omsorg som tagits om Er i Frankrike; och jag vet inte om hon, när hon fått smak för Er filosofi, inte kommer att fresta Er att resa till Sverige. Jag kommer att vara, om det behagar Gud, på den tiden i Frankrike, där jag kommer att kunna säga Er flera saker som kommer att vara betydande, om Ni sätter saken under övervägande. Emellertid kan jag försäkra Er om att denna prinsessa, som inte uppskattar något i världen än sanning och dygd, gör en stor bedömning av Er för bådas skull. Ni ser att jag inte är vid ett hov där illvilja och döljande står i kredit, osv.

English translation (my own):

I had the honour two months ago of following the Queen on a journey to the silver and copper mines. In the leisure of the journey, she devoted herself entirely to reading. I carried your "Principles of Philosophy". I read her the preface. She opened the book in places and remained very thoughtful for a few days. I knew what was making her daydream; and as I dared to tell her that it seemed to me that she found herself struggling between the desire to learn this philosophy and the difficulties she would have in acquiring it, she confessed to me that I had divined what was worrying her. I advised her to complete at her leisure some other studies which she had proposed to herself, and she had yet to order Mr. Freinsheim, her historiographer, a very honest and learned man, whom she uses for her relief in the reading, to learn your principles as perfectly as possible, so that Her Majesty, coming afterwards to read them, may be helped in the difficulties which might annoy her if she attached himself to this study alone. My opinion pleased her. On her return she gave the order to Mr. Freinsheim. And because he recognised that he himself would need a companion on this journey, I was asked to do this reading at the same time. So, Monsieur, because one of the principal parts of my office consists of not being disagreeable to the Sovereign near whom I serve our master, it has happened that today it is one of the functions of the residence in Sweden to read and study your philosophy. I confess to you that I needed this obligation to join my curiosity, because, finding myself engaged in civil life, I had scruples about diverting my thoughts to these abstractions. The resolution of the Queen of Sweden is to take your book as soon as we have finished it; and when, in the course of the reading, we will not be strong enough or skillful enough to untie the knots which will stop it, we will have recourse to you. Her Majesty has inquired a great deal about your fortune and the care taken of you in France; and I don't know if, when she has acquired a taste for your philosophy, she will not tempt you to go to Sweden. I will be, if it pleases God, at that time in France, where I will be able to tell you several things which will be considerable, if you put the matter under deliberation. In the meantime, I can assure you that this princess, who esteems nothing in the world but truth and virtue, makes a great judgment of you for the sake of both. You see that I am not at a court where malice and disguisement are in credit, etc.


Above: Kristina.


Above: René Descartes.

Notes: The trip Chanut refers to took place in October 1648.

This copy of the letter is incomplete; in the original Chanut notifies Descartes of the letter Kristina had written for him on December 2 (New Style date).

Descartes did not respond to this letter until February 16/26, 1649.

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