Thursday, July 18, 2024

Baron Carl Bildt on Kristina's birth, childhood, personality and life before the abdication, part 6

Sources:

Christine de Suède et le cardinal Azzolino: Lettres inédites (1666-1668), pages 27 to 35, by Baron Carl Bildt, 1899


The account:

Ce fut le 6/16 juin 1654 que Christine descendit du trône et remit le sceptre à son cousin Charles-Gustave. Immédiatement après elle se hâta de quitter la Suède et se rendit dans les États de Philippe IV en Flandre. Je ne m'arrêterai pas aux détails de ces événements déjà bien connus, mais il me semble nécessaire d'examiner de près avec le lecteur les arrangements pris entre Christine, son successeur et la Diète de Suède quant à sa position financière après l'abdication. Les conditions de cet arrangement sont stipulées dans un acte ordinairement appelé le «recès d'abdication», lequel fut signé par les États à Upsal, où ils étaient alors assemblés, le 1er/10 [sic] juin 1654, et c'est dans leur dispositif qu'il convient de voir les causes des agissements de la Reine pendant le reste de sa vie. Christine avait cru que ces stipulations ne seraient qu'un détail de sa vie nouvelle; au contraire, elles allaient y jouer le premier rôle.

Les finances de la Suède ne lui permettaient pas de payer à Christine un capital dont le revenu suffirait à son entretien. D'autre part, il ne paraissait pas assez sûr à la Reine de se contenter d'une rente qui lui payerait annuellement la Couronne. Elle préféra se réserver les revenus de quelques provinces qu'elle pourrait faire administrer par ses propres agents et dans lesquelles elle garderait une souveraineté limitée. Elle n'entendait d'ailleurs nullement descendre, par son abdication, au rang de sujette.

En tête des conditions de l'acte, elle fit donc inscrire qu'elle restait exempte de toute «sujection et obéissance» et n'était responsable qu'à Dieu de ses actions tant avant qu'après l'abdication. Les sujets des provinces qu'elle se réservait devaient lui prêter serment. Elle gardait entre ses mains toute l'administration, y compris celle de la justice et des affaires ecclésiastiques, nommait les gouverneurs, bourgmestres, juges et tous les employés en général, pourvoyait aux cures et bénéfices de l'église, faisait rendre la justice en son nom, etc. Elle se réservait de faire juger les crimes commis par des membres de sa cour ou de sa garde, soit par les tribunaux ordinaires, soit par une cour spéciale. La Couronne pouvait bien tenir des garnisons dans les provinces, mais celles-ci devaient être exemptées de fournir soit des quartiers, soit d'autres corvées ou contributions de guerre.

Les provinces dont les revenus, tant ordinaires qu'extraordinaires, devaient être affectés à l'entretien de Christine, étaient la ville de Norrköping, les îles de Gotland, d'Öland et d'Ösel, la ville de Wollgast et les domaines «de la table» en Poméranie. On appelait ainsi les biens ayant anciennement formé l'apanage des ducs de Poméranie. Deux de ces domaines, Pohl et Neukloster, étaient situés dans le Mecklembourg. La Couronne s'obligeait à racheter tous les droits concédés à des particuliers sur ces domaines et à les mettre sans retard à la disposition de la Reine.

A la mort de Christine, ces provinces devaient faire retour à la Couronne. Elle ne pouvait donc rien aliéner par vente, hypothèque ou donation, à l'exception de trois domaines en Poméranie et un dans l'île d'Ösel qu'il lui était permis d'hypothéquer.

Il était de plus expressément stipulé que la Reine ne serait responsable d'aucune dette qu'elle ou la Couronne aurait contractée avant l'abdication. Par contre, elle se réservait les créances de la Couronne à l'étranger: »les sommes de satisfaction non encore payées et les Römerzüge, dont l'Empereur nous a, par amitié personnelle, laissé la disposition».

Ces avantages étaient assurés à Christine sa vie durant et tant qu'il ne serait pas constaté qu'elle eût rien entrepris contre les intérêts du Roi et du royaume. Un gouverneur général, choisi par elle parmi les sénateurs, aurait la direction suprême de ses affaires et servirait d'intermédiaire avec la Couronne.

Aucune somme n'était fixée dans le recès d'abdication, mais on estimait le revenu annuel des provinces de Christine à environ deux cent mille écus de Suède (riksdaler), soit à peu près un million de francs. Pour la Suède d'alors cette somme était énorme, et c'était une grande preuve de leur affection pour la fille de Gustave-Adolphe que donnaient les États en consentant à ce qu'une rente si importante passât chaque année à l'étranger. Mais Christine imposa au pays un sacrifice plus grand encore, et cela sans le consulter. Tout ce que le château de Stockholm renfermait de précieux, tableaux, statues, tapisseries, argenterie, pierreries, joyaux, livres, manuscrits, etc., fut emballé et emporté. Christine ne fit aucune distinction entre ce qui appartenait à la Couronne et à la personne du souverain. A vrai dire, cette distinction n'était pas alors nettement établie comme de nos jours. La Reine en abusa, et on la laissa faire. La Suède perdit ainsi des collections d'un prix inestimable et vit retarder pour longtemps son développement artistique et scientifique.

Malheureusement, ce n'était pas seulement du patrimoine artistique de l'État que Christine avait disposé en autocrate. Elle laissait les finances de la Couronne dans le plus complet désarroi, et la responsabilité de cette mauvaise administration ne saurait être détachée de sa propre personne. Elle avait hérité de sa mère des penchants de prodigalité désordonnée que son amour du faste et le sentiment exagéré de sa propre grandeur devaient développer à outrance. Elle aimait donner et donnait sans compter. La générosité est une vertu, mais à la condition de ne pas s'exercer aux dépens d'autrui. Les souverains dont les largesses sont puisées dans la poche des contribuables, sans que personnellement ils se privent de rien, sont à nos yeux modernes de coupables dissipateurs plutôt que des protecteurs généreux. Il en était autrement, il est vrai, en 1654, mais même alors, même au sein de ce peuple ultra-loyaliste, les dépenses démesurées de Christine avaient causé le plus vif mécontentement.

La liste civile, qui, en 1644, lors de la majorité de la Reine, n'absorbait que 3,1 pour 100 du revenu total du royaume, monta en 1653, à la veille de l'abdication, à 12,3 pour 100, et cela pour la cour et la garde de la Reine seule. Si on ajoute la rente de la famille royale, on arrive à près de 20 pour 100. — En même temps, la Cour et l'État sont criblés de dettes, petites, mais criardes. Employés et fournisseurs attendent en vain d'être payés. Les domaines et les rentes de l'État sont prodigalement distribués en cadeaux, récompenses et libéralités capriceuses. En 1644, l'État avait cédé à des particuliers des domaines représentant le 12 pour 100 de ses revenus fonciers. C'était alors la manière de récompenser des services ou de payer des dettes. Mais Christine en use pour satisfaire tous ses instincts de générosité et de dissipation. Dès l'année 1650, elle a déjà tant donné de domaines que l'État voit ses revenus fonciers diminués de 23 pour 100. Et depuis que sa résolution d'abdication est prise, elle ne pense plus qu'à donner encore davantage pour se faire des obligés qui lui resteront utiles. En 1653, ses donations ont diminué lesdits revenus de 32 pour 100; en 1655, de 33,9 pour 100. Elle montre la même prodigalité dans la distribution des lettres et titres de noblesse, ce qui ne contribue pas moins à appauvrir l'État, puisque les nobles jouissent dans une large mesure de franchises de toute espèce. A sa majorité, elle trouve quatre comtes et neuf barons; elle crée dix-huit comtes et une cinquantaine de barons. Quant aux simples nobles, elle en fait un par semaine. Jusqu'à son tailleur qui est anobli!

La précaution que Christine avait prise de rendre la Couronne seule responsable de toutes ses dettes était fort nécessaire, puisqu'il aurait été assez difficile de distinguer ce qu'avait emprunté la Reine ou l'État. La confusion sous ce rapport était extrême. Mais la fatalité a voulu que Christine se débattit toute sa vie au milieu d'embarras financiers. Quelques mois après l'abdication, elle commence déjà à emprunter, et, comme la Couronne de Suède n'est plus là pour prendre les dettes à sa charge, sa situation économique restera compromise jusqu'à sa mort. Le 15 décembre 1654 elle écrivit d'Anvers à son intendant Leijoncrona d'envoyer à la monnaie deux services d'or et d'argent. L'intendant se contenta de les engager et put bientôt les racheter, mais peu à peu Christine se vit obligée d'engager une grande partie de ses joyaux pour quarante-six mille écus, et elle devait mourir sans arriver jamais à pouvoir les racheter. A l'époque de son départ de Bruxelles pour l'Italie elle avait déjà emprunté 88,824 écus de Suède.

La faute n'en était pas, il faut l'avouer, entièrement à Christine. Une année s'était à peine écoulée depuis l'abdication de la Reine, que son successeur déclarait la guerre à la Pologne. Les hostilités ne touchaient pas directement les provinces et domaines de Christine, excepté ceux de Poméranie, mais en faisaient tout de même baisser les revenus, d'autant plus que la pénurie du trésor suédois empêchait le gouvernement de maintenir l'exemption des contributions de guerre promise par le recès. En outre, l'administration de ces provinces, à une grande distance les unes des autres, était très compliquée et manquait d'unité dans la direction suprême. Les provinces d'Ösel, Öland et Gotland étaient administrées chacune par un gouverneur qui touchait les revenus et les remettait, déduction faite des frais, au gouverneur général. Ces revenus consistaient soit en impôts, douanes et gabelles, soit en rentes payées par les fermiers des domaines de la Couronne, soit en produits de ceux de ces domaines qui n'étaient pas affermés, mais exploités directement pour le compte de la Reine. Tout cela ne rentrait pas seulement en monnaie d'argent ou de cuivre, sujette d'ailleurs à de fortes fluctuations de change, mais aussi en blé, bois, goudron, chaux et pierre de taille. A Norrköping, où un bourgmestre et des échevins étaient à la tête de l'administration, la douane constituait le revenu principal. Toute guerre qui menaçait la tranquillité de la Baltique devait nécessairement nuire au commerce de la ville et, par contre-coup, aux intérêts de Christine.

Les domaines de Poméranie devaient être administrés par un gouverneur ou intendant général, dont les fonctions furent confiées par Christine, en 1655, à son secrétaire particulier, Pierre Appelman. Ce poste offrait des difficultés toutes spéciales. Plusieurs des domaines se trouvaient entre les mains de seigneurs auxquels ils avaient été hypothéqués ou donnés en fief, et le Trésor se trouvait hors d'état de les racheter comme il avait été promis. Ceux dont l'intendant avait obtenu possession manquaient de bâtiments et de bestiaux. De plus, les intérêts de Christine se trouvaient en collision constante, surtout après la déclaration de la guerre, avec ceux du gouvernement suédois, qui fit bientôt de la Poméranie une des bases principales de ses opérations militaires. Et enfin, la ville de Wollgast, dont les revenus étaient alloués à Christine, était en même temps la résidence officielle du gouverneur général représentant de la couronne de Suède, le feld-maréchal comte Charles-Gustave Wrangel, le héros de la guerre de Trente ans. Le comte Wrangel comptait parmi les amis de Christine, mais c'était avant tout un homme de guerre, qui n'y regardait pas de bien près lorsqu'il s'agissait de lever une contribution ou de cantonner un régiment. Les privilèges de la Reine valaient alors peu de chose. — Il aurait fallu, au milieu de ces complications, un homme sûr, dévoué, doué d'autant d'honnêteté et de tact que d'habileté et d'énergie. La suite fera voir que les deux premières qualités manquaient à Appelman, dont le nom reviendra encore souvent dans ces pages.

Les revenus des domains allemands n'étaient pas envoyés au gouverneur général de Christine, à Stockholm, mais transmis directement à Hambourg, à son homme d'affaires ou résident, le banquier israélite Diego Texeira. Celui-ci recevait également du gouverneur général les revenus des autres provinces et se chargeait quelquefois de la vente des produits payés en nature. Mais il correspondait en même temps avec les autorités des provinces et leur donnait de la part de la Reine des ordres qui venaient parfois contrecarrer ceux du gouverneur général. Pour mettre le comble à la confusion, Christine donnait encore des ordres directs aux provinces, sans les faire passer ni par le gouverneur général, ni par Texeira.

Une fois l'argent réuni à Hambourg entre les mains de résident Texeira, celui-ci le faisait parvenir à Christine par ses correspondants au moyen de traites sur Amsterdam ou Venise, transmission qui a dû coûter assez cher, puisque le «riksdaler» de Suède était successivement transformé en thalers hambourgeois et en florins hollandais ou ducats vénitiens pour finir en scudi romains. Aussi les plaintes sur les calculs du change ne sont-elles pas rares. A Anvers, Christine avait comme résident un autre juif portugais, Don Fernando de Yllian, «seigneur de Bornival», et en Hollande encore un homme d'affaires, le Suédois Jean Philippe Silfvercrona. Son correspondant et «facteur» à Paris était le banquier-diplomate Pierre Bidal. — Tout ce monde ne servait pas pour rien. Texeira et Yllian, par exemple, touchaient mille écus par an, outre leurs commissions, frais de poste, etc., mais en revanche ils trouvaient toujours de l'argent à lui prêter à un taux d'intérêt raisonnable. — On comprendra facilement qu'une femme, qui n'avait jamais été habituée à compter, qui trouva dès la première année ses revenus réduits à la moitié environ de ce qu'elle les avait évalués, et dont l'argent devait passer par tant de mains, se soit vite trouvée dans l'embarras. Le contraire aurait plutôt lieu d'étonner.

Swedish translation (my own):

Det var den 6/16 juni 1654 som Kristina kom ner från tronen och överlämnade spiran till sin kusin Karl Gustav. Omedelbart därefter skyndade hon att lämna Sverige och begav sig till Filip IV:s Stater i Flandern. Jag kommer inte att uppehålla mig vid detaljerna i dessa redan välkända händelser, men det förefaller nödvändigt att tillsammans med läsaren noggrant undersöka de arrangemang som träffats mellan Kristina, hennes efterträdare och Sveriges Riksdag angående hennes ekonomiska ställning efter abdikationen. Villkoren för denna ordning är stadgade i en lag som brukar kallas »abdikationsrecessen«, som undertecknades av Ständerna i Uppsala, där de sedan samlades, den 1/10 juni [sic] 1654, och den står i deras disposition att det är lämpligt att se orsakerna till drottningens agerande under resten av hennes liv. Kristina hade trott att dessa villkor bara skulle vara en detalj av hennes nya liv; tvärtom, de skulle spela huvudrollen.

Sveriges ekonomi tillät inte att betala Kristina ett kapital vars inkomst skulle räcka till hennes underhåll. Däremot syntes det inte tillräckligt säkert för drottningen att nöja sig med en livränta som årligen skulle betala Kronan. Hon föredrog att reservera för sig intäkterna från några få provinser som hon kunde ha administrerat av sina egna agenter och där hon skulle behålla begränsad suveränitet. Dessutom hade hon inte på något sätt för avsikt att genom sin abdikation sjunka till undersåtarinnorangen.

I spetsen för aktsvillkoren tog hon därför med att hon förblev fri från all »subjektion och lydno« och endast var ansvarig inför Gud för sina handlingar både före och efter abdikationen. Undersåtarna i provinserna som hon reserverade åt sig själv fick svära henne en ed. Hon höll hela administrationen i sina händer, inklusive den för rättsliga och kyrkliga angelägenheter, utnämnde guvernörer, borgmästare, domare och alla anställda i allmänhet, sörjde för kyrkans botemedel och förmåner, lät skipa rättvisa i hennes namn osv. Hon reserverade sig rättigheten att få brott begångna av ledamöter av hennes hov eller hennes vakt dömda, antingen av de allmänna domstolarna eller av en särskild domstol. Kronan kunde mycket väl upprätthålla garnisoner i provinserna, men dessa måste befrias från att tillhandahålla antingen kvarter eller andra korvéer eller krigsbidrag.

De landskap vars inkomster, såväl ordinarie som extraordinära, skulle avsättas till Kristinas underhåll var Norrköpings stad, öarna Gotland, Öland och Ösel, Wolgast stad och »taffelgodsen« i Pommern. Detta var namnet på den egendom som tidigare utgjorde privilegiet för hertigarna av Pommern. Två av dessa gods, Poel och Neukloster, låg i Mecklenburg. Kronan åtog sig att återköpa alla rättigheter som beviljats enskilda över dessa domäner och att utan dröjsmål ställa dem till drottningens förfogande.

Vid Kristinas död skulle dessa provinser återgå till Kronan. Hon kunde därför inte avyttra något genom försäljning, inteckning eller donation, med undantag för tre gods i Pommern och ett på ön Ösel som hon fick pantsätta.

Det föreskrevs vidare uttryckligen att drottningen inte skulle vara ansvarig för någon skuld som hon eller Kronan hade ådragit sig före abdikationen. Däremot reserverade hon Kronans skulder till utlandet: »obetalda satisfaktionspenningar och Römerzüge som äro Oss av Kejsaren förmedelst särdeles vänskap förunte.«

Dessa fördelar tillförsäkrades Kristina under hela hennes liv och så länge det inte var utrett att hon vidtagit något mot konungens och Rikets intressen. En generalguvernör, vald av henne bland riksråden, skulle ha den högsta ledningen av hennes angelägenheter och skulle tjäna som mellanhand med Kronan.

Ingen summa fastställdes i abdikationsrecessen, men Kristinas provinsers årliga inkomster uppskattades till omkring tvåhundratusen svenska écus (riksdaler), eller omkring en miljon franc. För Sverige var denna summa vid den tiden enorm, och det var ett stort bevis på deras tillgivenhet för Gustav Adolfs dotter, som Ständerna gav genom att samtycka till att en så stor livränta varje år spenderades utomlands. Men Kristina ålade landet ett ännu större offer, och detta utan att rådfråga det. Allt dyrbart som Stockholms slott innehöll, tavlor, statyer, tapisserier, silver, stenar, juveler, böcker, manuskript osv. packades och fördes bort. Kristina gjorde ingen skillnad på vad som tillhörde Kronan och till suveränens person. För att säga sanningen, denna skillnad var inte tydligt etablerad då som den är idag. Drottningen missbrukade det, och man tillät henne att göra det. Sverige förlorade därmed ovärderliga samlingar och såg sin konstnärliga och vetenskapliga utveckling försenad under lång tid.

Tyvärr var det inte bara Statens konstnärliga arv som Kristina hade disponerat som envåldshärskarinna. Hon lämnade Kronans finanser i fullständig oordning, och ansvaret för denna dåliga administration kan inte frigöras från hennes egen person. Hon hade ärvt av sin mor de böjelser av oordnat slöseri som hennes kärlek till prakt och den överdrivna känslan av hennes egen storhet måste ha utvecklat till överdrift. Hon älskade att ge och gav utan att räkna. Generositet är väl en dygd, men under förutsättning att den inte utövas på andras bekostnad. Suveräner vars storhet tas ur skattebetalarnas fickor, utan att de personligen berövar sig något, är i våra moderna ögon skyldiga förskingrare snarare än generösa protektorer. Det var visserligen annorlunda 1654, men redan då, även bland detta ultralojalistiska folk, hade Kristinas överdrivna utgifter orsakat det största missnöjet.

Den borgerliga listan som 1644 under drottningens majoritet endast upptog 3,1% av rikets totala inkomster steg 1653, på tröskeln till abdikationen, till 12,3%, och detta enbart för hovet och drottningens garde. Lägger vi till kungliga familjens inkomster kommer vi fram till nästan 20%. — Samtidigt är hovet och Staten fulla av skulder, små men grälla. Anställda och leverantörer väntar förgäves på att få betalt. Statens domäner och inkomster är överdådigt fördelade i gåvor, belöningar och nyckfulla liberaliteter. År 1644 hade Staten överlåtit till enskilda domäner som representerade 12 procent av landets intäkter. Det var då sättet att belöna tjänster eller betala skulder.

Men Kristina använder det för att tillfredsställa alla sina instinkter av generositet och slösaktighet. Från år 1650 hade hon redan givit så många domäner att Staten såg sina markintäkter minskade med 23%. Och eftersom hennes beslut att abdikera togs, tänkte hon bara på att ge ännu mer till de skyldiga människor som kommer att förbli användbara för henne. År 1653 minskade hennes donationer nämnda inkomst med 32%; år 1655, med 33,9%. Samma prodigalitet visar hon vid utdelningen av brev och adelstitlar, vilket inte mindre bidrar till att utarma Staten, för adelsmännen i stor utsträckning åtnjuta franchiserätter av alla de slag. När hon blir myndig finner hon fyra grevar och nio baroner; hon skapade arton grevar och femtio baroner. När det gäller de enkla adelsmännen skapar hon en per vecka. Även hennes skräddare är adlad!

Den försiktighet som Kristina hade vidtagit för att göra Kronan ensam ansvarig för alla sina skulder var mycket nödvändig, för det skulle ha varit ganska svårt att urskilja vad som hade lånats av drottningen eller Staten. Förvirringen i detta avseende var extrem. Men som ödet ville kämpade Kristina hela sitt liv mitt i ekonomiska förlägenheter. Några månader efter abdikationen började hon redan låna, och eftersom Sveriges Krona inte längre var där för att ta på sig skulderna förblev hennes ekonomiska situation äventyrad fram till hennes död. Den 15 december 1654 skrev hon från Antwerpen till sin förvaltare Leijoncrona om att skicka två tjänster av guld och silver till myntverket. Förvaltaren nöjde sig med att pantsätta dem och kunde snart köpa tillbaka dem, men så småningom fann sig Kristina tvungen att pantsätta en stor del av sina juveler för fyrtiosex tusen écus, och hon skulle dö utan att någonsin kunna att köpa tillbaka dem. Vid tidpunkten för sin avresa från Bryssel till Italien hade hon redan lånat 88,824 écus från Sverige.

Felet var, det måste erkännas, inte helt och hållet Kristinas. Det hade knappt gått ett år sedan drottningen abdikerade när hennes efterträdare förklarade krig mot Polen. Fientligheterna berörde inte direkt Kristinas provinser och domäner, utom de i Pommern, men de medförde likväl en minskning av hennes inkomster, särskilt som bristen på den svenska statskassan hindrade regeringen från att upprätthålla den befrielse från krigsbidrag som lovat av recessen. Dessutom var administrationen av dessa provinser, på stort avstånd från varandra, mycket komplicerad och saknade enhet i den högsta riktningen. Landstingen Ösel, Öland och Gotland administrerades av varsin landshövding som samlade in inkomsterna och överlämnade dem, med avdrag för utgifter, till landshövdingen. Dessa inkomster bestod antingen av skatter, tullar och gabeller eller av hyror som betalats av arrendatorerna på Kronans domäner eller av produkter av dessa av dessa gods som inte var upplåtna utan arbetade direkt för drottningens räkning. Allt detta togs inte bara in i silver- eller kopparpengar, dessutom utsatta för starka fluktuationer i utbyte, utan också i vete, trä, tjära, kalk och huggen sten. I Norrköping, där borgmästare och rådmän stod i spetsen för förvaltningen, utgjorde tullen huvudinkomsten. Varje krig som hotade lugnet i Östersjön skulle med nödvändighet skada stadens handel och i sin tur Kristinas intressen.

De pommerska godsen skulle förvaltas av en generalguvernör eller generalintendant, vars uppgifter av Kristina 1655 anförtroddes hennes privatsekreterare Peter Appelman. Detta inlägg innebar särskilda svårigheter. Flera av domänerna var i händerna på herrar till vilka de hade intecknats eller givits i lä, och Skattkammaren kunde inte köpa tillbaka dem som utlovat. De som intendenten fått i besittning saknade byggnader och boskap. Dessutom var Kristinas intressen i ständig kollision, särskilt efter krigsförklaringen, med den svenska regeringens, vilket snart gjorde Pommern till en av huvudbaserna för dess militära operationer.

Och slutligen var staden Wolgast, vars inkomster tilldelades Kristina, samtidigt officiell residens för generalguvernören som representerade Sveriges Krona, fältmarskalken greve Carl Gustaf Wrangel, trettioåriga krigets hjälte. Greve Wrangel räknades till Kristinas vänner, men han var framför allt en krigsman, som inte såg särskilt noga till när det gällde att ta ut bidrag eller inkvartera ett regemente. Drottningens privilegier var då lite värda. — Mitt i dessa komplikationer skulle det ha behövts en pålitlig, hängiven man, utrustad med lika mycket ärlighet och takt som skicklighet och energi. Det följande kommer att visa att de två första egenskaperna saknades hos Appelman, vars namn ofta kommer att återkomma på dessa sidor.

Intäkterna från de tyska domänerna skickades inte till Kristinas generalguvernör i Stockholm, utan vidarebefordrades direkt till Hamburg, till hennes affärsman eller bosatt, den israelitiske bankiren Diego Texeira. Den senare fick också av generalguvernören inkomsterna från de andra provinserna och tog ibland hand om försäljningen av produkter som betalats in natura. Men samtidigt korresponderade han med provinsmyndigheterna och gav dem order på drottningens vägnar som ibland stred mot generalguvernörens. För att öka förvirringen gav Kristina också direkta order till provinserna, utan att de skulle passera vare sig generalguvernören eller Texeira.

När pengarna väl hade samlats in i Hamburg i händerna på residenten Texeira, skulle han vidarebefordra dem till Kristina genom sina korrespondenter med hjälp av utkast om Amsterdam eller Venedig, en sändning som måste ha varit ganska dyr, eftersom den svenska »riksdaler« successivt förvandlas till hamburgiska Talers och holländska floriner eller venetianska dukater, slutligen till romerska scudi. Klagomål på växelkursberäkningarna var därför inte sällsynta. I Antwerpen hade Kristina som resident en annan portugisisk jude, don Fernando de Yllán, »herre av Bornival«, och i Holland en annan man av affärer, svensken Johan Philip Silfvercrona. Hennes korrespondent och »faktor« i Paris var bankir-diplomaten Pierre Bidal. — Alla dessa människor var inte användbara för intet. Texeira och Yllán fick till exempel tusen écus om året, utöver sina provisioner, porto etc., men å andra sidan hittade de alltid pengar att låna ut henne till en rimlig ränta. — Det torde vara lätt att förstå, att en kvinna, som aldrig varit van vid att räkna, som från första året fann sin inkomst reducerad till ungefär hälften av vad hon uppskattat den, och vars pengar måste passera genom så många händer, borde hamnade snabbt i problem. Tvärtom skulle snarare vara förvånande.

English translation (my own):

It was on June 6/16, 1654 that Kristina came down from the throne and handed over the scepter to her cousin Karl Gustav. Immediately afterwards she hastened to leave Sweden and went to the States of Philip IV in Flanders. I will not dwell on the details of these already well-known events, but it seems necessary to examine closely with the reader the arrangements made between Kristina, her successor and the Riksdag of Sweden regarding her financial position after the abdication. The conditions of this arrangement are stipulated in an act usually called the "abdication recess", which was signed by the Estates at Uppsala, where they were then assembled, on June 1/10 [sic], 1654, and it is in their dispositif that it is appropriate to see the causes of the actions of the Queen during the rest of her life. Kristina had believed that these stipulations would only be a detail of her new life; on the contrary, they were going to play the leading role.

Sweden's finances did not allow it to pay Kristina a capital whose income would be sufficient for her maintenance. On the other hand, it did not seem secure enough for the Queen to be content with an annuity which would pay the Crown annually. She preferred to reserve for herself the revenues of a few provinces which she could have administered by her own agents and in which she would retain limited sovereignty. Moreover, she in no way intended to descend, through her abdication, to the rank of subject.

At the head of the conditions of the act, she therefore included that she remained free from all "subjection and obedience" and was only responsible to God for her actions both before and after the abdication. The subjects of the provinces which she reserved for herself had to swear an oath to her. She kept the entire administration in her hands, including that of justice and ecclesiastical affairs, appointed governors, mayors, judges and all employees in general, provided for the cures and benefits of the church, had justice administered in her name, etc. She reserved the right to have crimes committed by members of her court or her guard judged, either by the ordinary courts or by a special court. The Crown could well maintain garrisons in the provinces, but these had to be exempt from providing either quarters or other corvées or war contributions.

The provinces whose revenues, both ordinary and extraordinary, were to be allocated to Kristina's maintenance were the city of Norrköping, the islands of Gotland, Öland and Ösel, the city of Wolgast and the "table" domains in Pomerania. This was the name given to the property which formerly formed the prerogative of the Dukes of Pomerania. Two of these estates, Poel and Neukloster, were located in Mecklenburg. The Crown undertook to repurchase all the rights granted to individuals over these domains and to place them without delay at the Queen's disposal.

On Kristina's death, these provinces were to return to the Crown. She could therefore not alienate anything by sale, mortgage or donation, with the exception of three estates in Pomerania and one on the island of Ösel which she was permitted to mortgage.

It was further expressly stipulated that the Queen would not be responsible for any debt that she or the Crown had contracted before the abdication. On the other hand, she reserved the Crown's debts abroad: "the satisfaction sums not yet paid and the Römerzüge, of which the Emperor has, out of personal friendship, left the disposition to Us."

These advantages were assured to Kristina throughout her life and as long as it was not established that she had undertaken anything against the interests of the King and the kingdom. A governor general, chosen by her from among the senators, would have supreme direction of her affairs and would serve as an intermediary with the Crown.

No sum was fixed in the abdication recess, but the annual income of Kristina's provinces was estimated at around two hundred thousand Swedish écus (riksdaler), or around a million francs. For Sweden at the time this sum was enormous, and it was a great proof of their affection for the daughter of Gustav Adolf that the Estates gave by consenting to such a large annuity being spent each year abroad. But Kristina imposed an even greater sacrifice on the country, and this without consulting it. Everything precious that Stockholm Castle contained, paintings, statues, tapestries, silverware, stones, jewels, books, manuscripts, etc., was packed up and taken away. Kristina made no distinction between what belonged to the Crown and to the person of the sovereign. To tell the truth, this distinction was not clearly established then as it is today. The Queen abused it, and one allowed her to do so. Sweden thus lost inestimable collections and saw its artistic and scientific development delayed for a long time.

Unfortunately, it was not only the artistic heritage of the State that Kristina had disposed of as an autocrat. She left the finances of the Crown in complete disarray, and the responsibility for this bad administration cannot be detached from her own person. She had inherited from her mother the inclinations of disorderly prodigality which her love of splendour and the exaggerated feeling of her own greatness must have developed to excess. She loved to give and gave without counting. Generosity is a virtue, but on the condition that it is not exercised at the expense of others. Sovereigns whose largesse is taken from the pockets of taxpayers, without them personally depriving themselves of anything, are in our modern eyes culpable dissipators rather than generous protectors. It was different, it is true, in 1654, but even then, even among this ultra-loyalist people, Kristina's excessive spending had caused the greatest discontent.

The civil list, which, in 1644, during the Queen's majority, absorbed only 3.1% of the kingdom's total income rose in 1653, on the eve of the abdication to 12.3%, and this for the court and the Queen's guard alone. If we add the income of the royal family, we arrive at nearly 20%. — At the same time, the court and the State are riddled with debts, small but garish. Employees and suppliers wait in vain to be paid. The domains and revenues of the State are lavishly distributed in gifts, rewards and capricious liberalities. In 1644, the State had ceded to individuals domains representing 12 percent of its land revenue. It was then the way of rewarding services or paying debts.

But Kristina uses it to satisfy all her instincts of generosity and dissipation. From the year 1650, she had already given so many domains that the State saw its land revenues reduced by 23%. And since her resolution to abdication was taken, she only thought of giving even more to those obliged people who will remain useful to her. In 1653, her donations reduced said income by 32%; in 1655, by 33.9%. She shows the same prodigality in the distribution of letters and titles of nobility, which contributes no less to impoverishing the State, since the nobles enjoy to a large extent franchises of all kinds. On attaining her majority, she finds four counts and nine barons; she created eighteen counts and fifty barons. As for the simple nobles, she makes one per week. Even her tailor is ennobled!

The precaution that Kristina had taken to make the Crown solely responsible for all her debts was very necessary, as it would have been quite difficult to distinguish what had been borrowed by the Queen or the State. The confusion in this regard was extreme. But as fate would have it, Kristina struggled all her life amidst financial embarrassments. A few months after the abdication, she already began to borrow, and, as the Crown of Sweden was no longer there to take on the debts, her economic situation remained compromised until her death. On December 15, 1654 she wrote from Antwerp to her steward Leijoncrona to send two services of gold and silver to the mint. The steward was content to pledge them and was soon able to buy them back, but little by little Kristina found herself obliged to pledge a large part of her jewels for forty-six thousand écus, and she was to die without ever being able to buy them back. At the time of her departure from Brussels for Italy she had already borrowed 88,824 écus from Sweden.

The fault was not, it must be admitted, entirely Kristina's. A year had scarcely elapsed since the Queen's abdication when her successor declared war on Poland. The hostilities did not directly affect Kristina's provinces and domains, except those of Pomerania, but they nevertheless caused a decrease in her revenues, especially as the shortage of the Swedish treasury prevented the government from maintaining the exemption from war contributions promised by the recess. Moreover, the administration of these provinces, at a great distance from each other, was very complicated and lacked unity in the supreme direction. The provinces of Ösel, Öland and Gotland were each administered by a governor who collected the revenues and handed them over, less expenses, to the governor general. These revenues consisted either of taxes, customs and gabelles, or of rents paid by the tenants of the domains of the Crown, or of products of those of these estates which were not leased, but worked directly on behalf of the Queen. All this was not only brought in in silver or copper money, subject moreover to strong fluctuations in exchange, but also in wheat, wood, tar, lime and cut stone. In Norrköping, where a mayor and aldermen were at the head of the administration, customs constituted the principal income. Any war which threatened the tranquility of the Baltic was necessarily to harm the trade of the city and, in turn, Kristina's interests.

The Pomeranian estates were to be administered by a governor or intendant general, whose duties were entrusted by Kristina in 1655 to her private secretary Peter Appelman. This post presented special difficulties. Several of the domains were in the hands of lords to whom they had been mortgaged or given in fief, and the Treasury was unable to buy them back as promised. Those of which the intendant had obtained possession lacked buildings and livestock. Moreover, Kristina's interests were in constant collision, especially after the declaration of war, with those of the Swedish government, which soon made Pomerania one of the main bases of its military operations.

And finally, the town of Wolgast, the revenues of which were allocated to Kristina, was at the same time the official residence of the governor general representing the Crown of Sweden, Field Marshal Count Carl Gustaf Wrangel, the hero of the Thirty Years' War. Count Wrangel was counted among Kristina's friends, but he was above all a man of war, who did not look very closely when it was a question of levying a contribution or quartering a regiment. The Queen's privileges were then worth little. — In the midst of these complications, a reliable, devoted man would have been needed, endowed with as much honesty and tact as skill and energy. The following will show that the first two qualities were lacking in Appelman, whose name will often recur in these pages.

The revenues of the German domains were not sent to Kristina's governor general in Stockholm, but were forwarded directly to Hamburg, to her businessman or resident, the Israelite banker Diego Texeira. The latter also received from the governor general the revenues of the other provinces and sometimes took charge of the sale of products paid in kind. But at the same time he corresponded with the provincial authorities and gave them orders on behalf of the Queen which sometimes contradicted those of the governor general. To add to the confusion, Kristina also gave direct orders to the provinces, without having them pass through either the governor general or Texeira.

Once the money had been collected in Hamburg in the hands of resident Texeira, he would forward it to Kristina through his correspondents by means of drafts on Amsterdam or Venice, a transmission that must have been quite expensive, since the Swedish "riksdaler" was successively transformed into Hamburg Talers and Dutch florins or Venetian ducats, finally into Roman scudi. Complaints about the exchange rate calculations were therefore not rare. In Antwerp, Kristina had as a resident another Portuguese Jew, Don Fernando de Yllán, "Lord of Bornival", and in Holland another man of affairs, the Swede Johan Philip Silfvercrona. Her correspondent and "factor" in Paris was the banker-diplomat Pierre Bidal. — All these people were not useful for nothing. Texeira and Yllán, for example, received a thousand écus a year, in addition to their commissions, postage, etc., but on the other hand they always found money to lend her at a reasonable rate of interest. — It will be easy to understand that a woman, who had never been accustomed to counting, who found from the first year her income reduced to about half of what she had estimated it, and whose money had to pass through so many hands, should quickly find herself in trouble. The contrary would rather be surprising.


Above: Kristina.


Above: Baron Carl Bildt.

Notes: Ösel is the old German and Swedish name for the Estonian island of Saaremaa.

Leijoncrona was the tailor who was ennobled.

Israelite is an archaic synonym for a Jewish person regardless of national origin.

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