Monday, July 29, 2024

Baron Carl Bildt on Kristina's travels from 1654 to 1658, part 3

Sources:

Christine de Suède et le cardinal Azzolino: Lettres inédites (1666-1668), pages 41 to 46, by Baron Carl Bildt, 1899


The account:

Le soir du 20 décembre 1655, Christine arrivait à Rome. A quelques kilomètres de la ville, à la Storta, un imposant cortège vint à sa rencontre. Deux cardinaux de rang princier marchaient en tête, Jean-Charles de Médicis et Frédéric de Hesse-Darmstadt. Celui-ci était le grand-oncle à la mode de Bretagne de Christine et comme elle un converti. Tous les deux s'étaient, quoique princes de l'Église, distingués comme amiraux. Le premier avait commandé les galères de Toscane, le second celles de Malte. Le pape n'aurait pu mieux choisir pour plaire à Christine. Les compliments d'usage échangés, les deux cardinaux conduisirent la royale voyageuse le long de la rive droite du Tibre jusqu'aux murs de Rome. A la nuit tombante, elle entra par une des portes du jardin du Vatican et vint se jeter aux pieds d'Alexandre VII. L'entrevue fut des plus cordiales. Pape et Reine rivalisèrent de courtoisie et d'amabilités et se séparèrent aussi enchantés l'un de l'autre que possible. Alexandre avait même, contre toutes les règles de l'étiquette, invinté Christine à loger au Vatican. Elle demeura au pavillon du Belvédère et fut pendant les jours suivants constamment auprès de Sa Sainteté.

Le cérémonial romain ne pouvait cependant pas se contenter d'une entrée aussi simple, qui, bien qu'au milieu de la foule, avait eu lieu en carrosse, le soir et incognito. Il exigeait absolument l'entrée officielle à cheval, le cavalcata solenne. Christine sortit donc du Vatican l'après-midi du 23 décembre, suivit la rive droite du Tibre jusqu'au Ponte Molle et rentra par la rive gauche et la Porta del Popolo, entourée de toute sa suite et de nombreux prélats et gentilshommes, et suivie de ses carrosses. A la porte, le Sacré Collège l'attendait et se joignit ainsi que toute la noblesse romaine au cortège, pour conduire la Reine d'abord à Saint-Pierre et de là au consistoire, où le pape la reçut et la complimenta sur sa conversion.

Enfin, le 25 décembre, jour de Noël, Christine recevait à Saint-Pierre des mains du pape les sacrements de la confirmation et de la communion et ajoutait à son nom ceux de Maria Alexandra. Elle ne porta cependant jamais celui de Maria, et se contenta de signer Christine Alexandra. Le soir du 26 décembre, elle se transférait au palais Farnèse, que le duc de Parme avait mis à sa disposition.

Une nouvelle époque de fêtes s'ouvrait maintenant pour Christine. Cardinaux, ambassadeurs, princes et prélats, savants, poètes et artistes s'empressaient autour d'elle. Elle partageait son temps entre les visites à toutes les merveilles de Rome et les réceptions, opéras, séances académiques, etc., qui se donnaient en son honneur. A lire les descriptions que donnent les contemporains de toutes ces magnificences, on dirait presque que Christine n'avait abandonné la Suède que pour régner sur le pays de Cocagne. La réalité, cependant, était moins gaie que ne le montraient ces riants dehors, et Christine a dû se dire bien des fois, au milieu des splendeurs de son premier séjour à Rome, que tout ce qui reluit n'est pas or.

L'or, en effet, manquait. L'avance faite pour le voyage par le banquier d'Anvers était épuisée, et les remises de Suède se faisaient attendre. Allaient-elles manquer pour toujours? Le retard des remises était-il dû simplement à la guerre dans laquelle la Suède s'était engagée avec la Pologne, ou fallait-il croire que Charles-Gustave et les États de Suède voulaient profiter de l'abjuration solennelle de la Reine pour se libérer de toute obligation envers elle? Voilà le doute qui tourmentait Christine au milieu de toutes les fêtes de Rome. Pour s'en délivrer, elle se décida à envoyer auprès de son successeur son secrétaire Appelman, qu'elle désignait aussi pour prendre l'administration de ses biens de Poméranie.

Appelman devait faire part au Roi de l'intention de Christine de s'établir en Italie pour le reste de ses jours et lui proposer de racheter tous les droits de la Reine pour 1 million 500,000 écus. Dans le cas, que Christine prévoyait, d'un refus motivé par l'impossibilité de se priver en temps de guerre d'une pareille somme, il devait proposer qu'on rachetât au moins, pour commencer, les îles d'Öland, Gotland et Ösel et, plus tard, au fur et à mesure, les domaines de Poméranie. Christine s'offrait aussi à accepter en échange des domaines dans la Pologne, que Charles-Gustave avait en ce moment presque à moitié conquise. Si incertaines que pussent lui paraître de telles possessions, la Reine les trouvait encore préférables à ce qu'elle avait. Mais si toutes ces propositions étaient refusées, Appelman devait s'assurer pour le moins qu'on conserverait à la Reine tout ce qui lui avait été accordé à son abdication et obtenir, en outre, pour elle, le droit de vendre et d'hypothéquer quelques domaines. Cette demande était motivée par le fait que Christine n'avait réussi à tirer que 70,000 écus des créances qu'elle s'était réservées et qui, selon ses calculs, auraient dû produire une somme bien plus considérable. Elle se voyait donc privée des ressources sur lesquelles elle avait compté pour faire face aux premiers frais de son établissement à Rome. La vente de quelques domaines devait suppléer à ce besoin. En outre, Appelman devait se plaindre des nombreuses atteintes aux droits de la Reine, dont se rendait coupable le gouvernement suédois, et obtenir un prompt redressement de tous ces torts. Enfin Christine, laissant entrevoir qu'elle pouvait être forcée de retourner en Suède pour veiller à ses intérêts, demandait pour ce cas le libre exercice de la religion catholique pour elle-même et pour sa cour.

La mission d'Appelman ne réussit qu'à moitié. Charles-Gustave était trop généreux pour vouloir saisir le prétexte de la conversion pour dépouiller celle à qui il devait le trône. Il comprenait d'ailleurs que Christine Alexandra, catholique, était pour lui, si jamais elle retournait en Suède, une rivale bien moins dangereuse que la fille de Gustave-Adolphe protestante. Il donna donc les plus amples assurances quant au maintien des droits de Christine, mais il ne put et ne voulut promettre rien de plus, prétextant qu'il faudrait le consentement de la Diète pour un rachat ou un échange. Il conseilla à la Reine, dans son propre intérêt, de ne songer à rien changer aux conditions du recès d'abdication, lui faisant observer que des domaines offraient un placement plus sûr que de l'argent comptant, et il promit de veiller à la bonne administration de ses provinces, pour lesquelles il lui proposait d'adopter le système des fermiers généraux.

Les nouvelles rassurantes pour l'avenir qu'Appelman put rapporter à Christine furent bientôt suivies de quelques remises d'argent. Quoique les revenus ne dussent jamais arriver aux 200,000 écus prévus lors de l'abdication, ils s'élevaient cependant encore à une somme assez importante pour le temps et qui pouvait permettre à Christine de vivre tranquillement et sans soucis à Rome. Mais pour cela il aurait fallu de l'ordre chez elle-même et de l'honnêteté dans son entourage, et ces deux qualités faisaient défaut tant d'un côté que de l'autre.

Swedish translation (my own):

På kvällen den 20 december 1655 anlände Kristina till Rom. Några kilometer från staden, vid Storta, kom en imponerande procession för att möta henne. Två kardinaler av furstlig rang marscherade i spetsen, Gian Carlo de Medici och Friedrich av Hessen-Darmstadt. Den sistnämnde var Kristinas onkel på brittiskt vis och precis som hon konvertit. Båda hade, fastän kyrkans furstar, utmärkt sig som amiraler. Den första hade befallt Toscanas galärer, den andra på Malta. Påven kunde inte ha valt bättre för att behaga Kristina. De sedvanliga komplimangerna utbyttes, de två kardinalerna ledde den kungliga resenären längs Tiberns högra strand till Roms murar. På kvällen gick hon in genom en av portarna till Vatikanträdgården och kom för att kasta sig för Alexander VII:s fötter. Intervjun var mycket hjärtlig. Påven och drottningen tävlade med varandra i artighet och vänlighet och skildes så förtrollade med varandra som möjligt. Alexander hade till och med, mot alla etikettregler, bjudit in Kristina att logera i Vatikanen. Hon stannade kvar i Belvedere-paviljongen och var ständigt hos Hans Helighet under de följande dagarna.

Den romerska ceremonien kunde dock inte nöjas med ett så enkelt inträde, som, ehuru mitt i folkmassan, hade skett i en vagn, på kvällen och inkognito. Det krävde absolut det officiella inträdet på hästryggen, cavalcata solenne. Kristina lämnade därför Vatikanen på eftermiddagen den 23 december, följde Tiberns högra strand till Ponte Molle och återvände av den vänstra stranden och Porta del Popolo, omgiven av hela sin svit och talrika prelater och herrar, och följd av hennes karrosser. Vid porten väntade det Heliga Kollegiet henne och förenade sig tillsammans med hela den romerska adeln i processionen för att föra drottningen först till Peterskyrkan och därifrån till Konsistoriet, där påven tog emot henne och komplimenterade henne för hennes omvändelse.

Slutligen, den 25 december, juldagen, mottog Kristina konfirmations- och nattvardssakramenten av påven i Peterskyrkan och lade till Maria Alexandras namn. Hon bar dock aldrig namnet Maria, utan signerade helt enkelt Kristina Alexandra. På kvällen den 26 december flyttade hon till palazzo Farnese, som hertigen av Parma hade ställt till hennes förfogande.

En ny period av festligheter öppnade nu för Kristina. Kardinaler, ambassadörer, prinsar och prelater, forskare, diktare och konstnärer trängdes runt henne. Hon delade sin tid mellan besök i Roms alla underverk och mottagningar, operor, akademiska sessioner osv. som gavs till hennes ära. När man läser samtidens skildringar av alla dessa storheter, skulle man nästan kunna säga att Kristina hade lämnat Sverige endast för att regera över schlaraffenland. Verkligheten var dock mindre munter än dessa skrattande exteriörer visade, och Kristina måste många gånger ha sagt till sig själv, mitt i prakten under sin första vistelse i Rom, att allt som glittrar inte är guld.

Guld saknades faktiskt. Det förskott som bankiren i Antwerpen gjorde för resan var uttömt, och remitteringarna från Sverige försenades. Skulle de saknas för alltid? Beror fördröjningen av remitteringarna helt enkelt på det krig som Sverige hade inlett med Polen, eller var det att tro att Karl Gustav och Sveriges Ständer ville dra fördel av drottningens högtidliga avsked för att befria sig från alla förpliktelser gentemot henne? Det var det tvivel som plågade Kristina mitt under alla festligheter i Rom. För att frigöra sig därifrån beslöt hon att skicka sin sekreterare Appelman till sin efterträdare, som hon också utsåg att överta förvaltningen av hennes gods i Pommern.

Appelman skulle meddela kungen av Kristinas avsikt att etablera sig i Italien för resten av hennes dagar och föreslå att köpa ut alla drottningens rättigheter för 1,500,000 écus. För det fall, som Kristina förutsåg, ett avslag motiverat av omöjligheten att i krigstid beröva sig en sådan summa, skulle han föreslå att åtminstone till att börja med öarna Öland, Gotland och Ösel skulle köpas ut och senare, allteftersom tiden gick, Pommerns domäner. Kristina erbjöd sig också att i utbyte ta emot domäner i Polen, som Karl Gustav då hade nästan hälften erövrat. Hur osäkra sådana ägodelar än kan förefalla henne, fann drottningen dem ändå att föredra framför vad hon hade.

Men om alla dessa förslag avslogs, skulle Appelman åtminstone se till att drottningen skulle behålla allt som henne tillerkänts vid hennes abdikation och dessutom skaffa henne rätt att sälja och inteckna några gods. Denna begäran motiverades av att Kristina endast hade lyckats dra ut 70,000 écus av de skulder hon reserverat för sig själv och som enligt hennes beräkningar borde ha gett en betydligt större summa. Hon såg sig därför berövad de resurser som hon hade räknat med för att klara de första utgifterna för sin etablering i Rom. Försäljningen av några gods var för att tillgodose detta behov. Dessutom skulle Appelman klaga på de talrika intrång i drottningens rättigheter, för vilka den svenska regeringen var skyldig, och skaffa en skyndsam upprättelse för alla dessa oförrätter. Slutligen frågade Kristina, som antydde att hon kunde tvingas återvända till Sverige för att bevaka sina intressen, i detta fall om fri utövande av den katolska religionen för sig själv och för hennes hov.

Den betryggande nyheten för framtiden som Appelman kunde föra tillbaka till Kristina följdes snart av några penningförsändelser. Även om inkomsten aldrig skulle nå de 200,000 écus som förväntades vid tidpunkten för abdikeringen, uppgick de ändå till en ganska stor summa för tiden och som kunde tillåta Kristina att leva lugnt och utan bekymmer i Rom. Men för det hade det varit nödvändigt att ha ordning i sitt eget hushåll och ärlighet i sitt följe, och dessa två egenskaper saknades på båda sidor.

English translation (my own):

On the evening of December 20, 1655, Kristina arrived in Rome. A few kilometers from the city, at the Storta, an imposing procession came to meet her. Two cardinals of princely rank marched at the head, Gian Carlo de Medici and Friedrich of Hesse-Darmstadt. The latter was Kristina's great-uncle in the British fashion and, like her, a convert. Both had, although princes of the Church, distinguished themselves as admirals. The first had commanded the galleys of Tuscany, the second those of Malta. The Pope could not have chosen better to please Kristina. The customary compliments exchanged, the two cardinals led the royal traveler along the right bank of the Tiber to the walls of Rome. At nightfall, she entered through one of the gates of the Vatican garden and came to throw herself at the feet of Alexander VII. The interview was most cordial. Pope and Queen vied with each other in courtesy and kindness, and parted as enchanted with each other as possible. Alexander had even, against all rules of etiquette, invited Kristina to lodge at the Vatican. She remained in the Belvedere Pavilion, and was constantly with His Holiness during the following days.

The Roman ceremonial, however, could not be satisfied with such a simple entry, which, although in the midst of the crowd, had taken place in a carriage, in the evening and incognito. It absolutely required the official entry on horseback, the cavalcata solenne. Kristina therefore left the Vatican on the afternoon of December 23, followed the right bank of the Tiber to the Ponte Molle and returned by the left bank and the Porta del Popolo, surrounded by her entire suite and numerous prelates and gentlemen, and followed by her carriages. At the gate, the Sacred College awaited her and joined together with all the Roman nobility in the procession, to conduct the Queen first to St. Peter's and from there to the Consistorium, where the Pope received her and complimented her on her conversion.

Finally, on December 25, Christmas Day, Kristina received the sacraments of confirmation and communion from the Pope in St. Peter's and added to her name those of Maria Alexandra. However, she never bore the name Maria, and simply signed Kristina Alexandra. On the evening of December 26, she moved to the Palazzo Farnese, which the Duke of Parma had placed at her disposal.

A new period of festivities now opened for Kristina. Cardinals, ambassadors, princes and prelates, scholars, poets and artists thronged around her. She divided her time between visits to all the wonders of Rome and the receptions, operas, academic sessions, etc., which were given in her honour. Reading the descriptions given by contemporaries of all these magnificences, one would almost say that Kristina had left Sweden only to reign over the land of Cockaigne. The reality, however, was less cheerful than these laughing exteriors showed, and Kristina must have said to herself many times, in the midst of the splendours of her first stay in Rome, that all that glitters is not gold.

Gold, in fact, was lacking. The advance made for the journey by the banker in Antwerp had been exhausted, and the remittances from Sweden were delayed. Were they to be lacking forever? Was the delay in the remittances due simply to the war in which Sweden had engaged with Poland, or was it to be believed that Karl Gustav and the Estates of Sweden wanted to take advantage of the Queen's solemn abjuration to free themselves from all obligations towards her? This was the doubt that tormented Kristina in the midst of all the festivities in Rome. To free herself from it, she decided to send her secretary Appelman to her successor, whom she also designated to take over the administration of her estates in Pomerania.

Appelman was to inform the King of Kristina's intention to establish herself in Italy for the rest of her days and to propose to buy out all the Queen's rights for 1,500,000 écus. In the event, which Kristina foresaw, of a refusal motivated by the impossibility of depriving herself in time of war of such a sum, he was to propose that at least, to begin with, the islands of Öland, Gotland and Ösel should be bought out and, later, as time went on, the domains of Pomerania. Kristina also offered to accept in exchange domains in Poland, which Karl Gustav had at that time almost half conquered. However uncertain such possessions might seem to her, the Queen still found them preferable to what she had.

But if all these proposals were refused, Appelman was to ensure at least that the Queen would retain all that had been granted to her on her abdication and to obtain, in addition, for her the right to sell and mortgage some estates. This request was motivated by the fact that Kristina had only succeeded in drawing 70,000 écus from the debts she had reserved for herself and which, according to her calculations, should have produced a much larger sum. She therefore saw herself deprived of the resources on which she had counted to meet the first expenses of her establishment in Rome. The sale of some estates was to supply this need. In addition, Appelman was to complain of the numerous infringements of the Queen's rights, of which the Swedish government was culpable, and to obtain a prompt redress of all these wrongs. Finally, Kristina, hinting that she might be forced to return to Sweden to watch over her interests, asked in this case the free exercise of the Catholic religion for herself and for her court.

The reassuring news for the future that Appelman was able to bring back to Kristina was soon followed by some remittances of money. Although the income was never to reach the 200,000 écus expected at the time of the abdication, it nevertheless still amounted to a fairly large sum for the time and which could allow Kristina to live tranquilly and without worries in Rome. But for that it would have been necessary to have order in her own household and honesty in her entourage, and these two qualities were lacking on both sides.


Above: Kristina.


Above: Baron Carl Bildt.

Notes: One of the gentlemen who followed Kristina during the formal entry into Roma was the ill-fated Marquis Gian Rinaldo Monaldeschi.

Ösel is the old German and Swedish name for the Estonian island of Saaremaa.

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