Wednesday, July 17, 2024

Kristina in Pierre Hector Chanut's memoirs, March 1647 (New Style dates used)

Sources:

Mémoires de ce qui s'est passé en Suède, volume 1, pages 106 to 122, by Pierre Hector Chanut, published by Pierre Linage de Vauciennes, 1675


Anteckningar om det som tilldragit sig i Sverige ifrån år 1645 till år 1649, pages 111 to 128, translator unknown, published by Ecksteinska Boktryckeriet, 1826



Above: Kristina.

The excerpts:

En ce temps-là il fit un si grand froid, que les glaces empécherent de passer au Belt, & on disoit que le passage en estoit tres-dangereux; & sur ce qu'on dit que l'on ne sçavoit ce qu'estoit devenu le sieur Chryseim Ambassadeur du Duc de Neubourg, & que peut-estre avoit-il esté surpris en ce détroit par les glaces que le vent y poussoit. Le Chancelier estant present dit, qu'il n'y avoit rien à craindre, & qu'il estoit trop leger pour couler à fond.

Dans une Audience que le sieur Chanut eut de la Reine de Suede, il apprehenda que les choses touchant l'accommodement de Brandebourg ne fussent pas encore arrestées à Osnabrüg; car bien que la Reine fust resoluë de tenir ce que ses Plenipotentiaires avoient concerté pour la Paix avec le Comte d'Avaux, toutesfois il n'y avoit aucune resolution formée; Elle pretendoit qu'ils persistassent absolument à demander toute la Pomeranie, sans s'arrester au consentement de l'Electeur. Il est vray que le bon succés des armes avoit fait repentir le Conseil de Suede d'avoir au commencement donné l'alternative, ou de prendre une partie de cette Province avec le gré de l'Electeur, ou le tout sans son consentement; car la foiblesse du Danois, la froideur des Estats des Provinces-Unies pour cét Electeur, les recherches de la Pologne pour la paix, leur faisoient croire que s'ils persistoient à demander toute la Pomeranie, & l'Electeur ne pouvant pretendre aucun dédommagement de l'Empereur, s'il ne la cedoit, il aimeroit mieux donner son consentement sur le tout, que d'estre dépoüillé sans recompense. Mais le sieur Chanut luy sceut representer si adroitement les consequences où elle s'engageoit, & qu'il estoit à craindre que les conseils plausibles qu'on luy donnoit d'augmenter ses pretentions, n'eussent d'autres fins, & qu'on ne la voulust tenir continuellement engagée dans la guerre, ou luy donner enfin du degoût de la France, qu'on jugeoit bien ne pouvoir, ny ne devoir servir eternellement aux passions d'autruy; afin de luy oster par ce moyen l'appuy certain de l'amitié de leurs Majestez, dont il n'estoit pas impossible qu'elle ne pût avoir besoin pendant le cours de sa vie, & de ses affaires.

La Noblesse ayant appris que les Ecclesiastiques avoient proposé en leur assemblée le Mariage de la Reine, resolut de luy faire les mesmes prieres; mais elle en voulut conferer auparavant avec le Senat, où il fut resolu qu'on luy en feroit la proposition, sans luy designer aucun party, & qu'on la supplieroit seulement de vouloir joindre ses Nopces à son Couronnement, pour éviter les depences, & soulager ses Sujets, qui seroient obligez de se trouver à l'une, & à l'autre Ceremonie.

Enfin on eut nouvelle que le Traité estoit signé, & deposé entre les mains du Comte d'Avaux, & mesme que l'on avoit arresté la satisfaction entiere de la Suede. Alors ceux qui esperoient retarder le Traité de Paix, ne purent s'empécher de dire, que les Plenipotentiaires de Suede en avoient perdu tous les avantages par leur précipitation. Le Chancelier même avoit peine à se taire sur cét accommodement, & disoit tout haut, que s'il y avoit assisté, il n'auroit jamais quitté un poulce de terre de la Pomeranie, parce que l'Electeur ne meritoit pas que la Suede luy fist aucune grace; que l'Empereur estoit en un si pitoyable estat, qu'il ne pouvoit rien refuser; qu'il estoit sans forces, sans moyens, & de nouveau épouventé des menaces que luy faisoit le Grand Seigneur; & enfin il conclud, que puis qu'on l'avoit arresté à Osnabrug, & qu'on le trouvoit bon à Stokolm, il le faloit souffrir.

Dans ce mesme temps le sieur Chanut estant allé visiter la Reine, elle luy fit des reproches de son incredulité; car il avoit toûjours feint de douter de ses inclinations à la paix, & luy témoigna un contentement indicible de voir que les choses estoient si prés d'une bonne conclusion; qu'il y avoit neantmoins encor deux ou trois choses, dont elle estoit en peine, & qui la pressoient fort, & par devoir, & par affection, lesquelles n'alloient point à détruire les choses arrestées. La premiere, que les Officiers de son armée, à qui elle avoit donné la joüissance de quelques biens en la Pomeranie ulterieure, luy avoient écrit d'intervenir auprés du Comte d'Avaux pour les ménager quelque dédommagement à cause des dépenses qu'ils avoient faites pour remettre les biens en valeur. La seconde, qu'elle eût souhaité qu'on luy accordât quelques petits lieux de tres-peu d'importance le long du rivage de l'Oder pour servir à la liberté de la riviere. La troisiéme, que l'on ménageât au Lantgrave Frederic de Hesse, qui avoit épousé sa Cousine, quelque dédommagement pour le bien qu'elle luy avoit donné vers la Turinge, appellé Eicfeld, qui sans doute seroit restitué par la Paix.

Enfin les Ecclesiastiques, qui estoient assemblez, soit de leur propre mouvement, soit qu'ils y fussent poussez par d'autres, donnerent leur avis sur le Party, que la Reine pourroit prendre, tandis que les Senateurs deliberoient sur la proposition du Mariage pour en rendre réponse à la Noblesse; mais ne pouvant trouver de passage dans leur Bible, qui deffendit l'alliance contre les Cousins, ils disoient, qu'il estoit contre l'honnesteté publique, que la Reine épousast le Prince Charles Palatin, & qu'on ne voyoit que rarement sortir des enfans de tels Mariages, quoy qu'en effet il ne fust pas entierement Cousin germain; parce que le deffunt Roy Gustave, & sa Mere estoient seulement frere & sœur du costé de leur Pere.

Au mesme temps on conclud le marché des quatre Vaisseaux que la France marchandoit depuis tant de temps, & dont on n'avoit pû convenir: Il portoit qu'ils seroient fournis de tous leurs agrez, & apparaux pour la navigation, qu'on les tiendroit prests dans le premier temps propre pour se mettre à la voile, & qu'on les livreroit à Dales, qui est l'embouchure dans la Mer, à dix-huit lieuës de Stokolm; que le payement se feroit à Hambourg, Amsterdam, ou Paris: Mais la difficulté sur les termes; car le Chancelier demeuroit ferme à demander argent comptant, & il remettoit d'en prendre la volonté de la Reine au premier jour, qui consentoit, que les payemens se seroient en deux termes: Le premier, dans trois mois du jour de la convention; & l'autre, trois mois aprés.

Mais comme il connoissoit le Chancelier fort rigoureux en matiere de remise, & qu'il en avoit besoin pour les canons, boulets, mats, & gouldrons, qu'il vouloit acheter, il en parla à la Reine, qui la luy accorda sans difficulté, & il la supplia de trouver bon qu'il en parlast à son Chancelier, comme si elle ne luy eust pas encore fait cette grace, afin de luy demander sa faveur auprés d'elle pour l'obtenir. Si bien que luy ayant declaré ce dessein, il luy promit d'en parler à la Reine, & de favoriser sa demande. Il est vray qu'il n'oublia rien pour faire connoître à ce Chancelier, qu'il reveroit son merite, & qu'il ne pretendoit pas d'obtenir les choses directement de la Reine sans son entremise.

Il arriva que le Comte de Bregy, qui avoit levé des troupes en Pologne pour la France, cherchoit la commodité de les y faire passer, & en ayant donné avis au sieur Chanut, il luy écrivit que les Vaisseaux que l'on avoit achetez en Suede, les iroient prendre à Dantzic, & qu'ils y seroient le 20 ou 30 d'Avril: Mais comme les levées que l'on avoit faites l'année precedente avoient beaucoup souffert, faute de victuailles dans les Navires, il luy envoya un memoire de la qualité, & quantité de vivres, qui estoient necessaires pour six semaines, suivant l'avis des Capitaines Suedois, il luy fit sçavoir le port de chaque Vaisseau, & des deux Fregates, sur lesquels on ne pouvoit pas mettre plus de quinze cens hommes avec leur equipage; mais il y survint une difficulté, que le sieur Chanut apprit du Chancelier Oxenstiern; car comme il luy voulut mettre en ligne de compte comme un Office que la France rendoit à la Suede, le transport de ces soldats en France, il luy demanda si le Roy de Dannemark le sçavoit, parce que n'estant pas adverty il pourroit former quelque difficulté au passage de Sund, & que dans le Traité de Paix avec le Dannemark, la Suede s'estoit obligée de luy donner advis du passage des troupes trois semaines auparavant, lesquelles de plus devoient filer en sorte qu'il ne s'en trouvât dans le détroit qu'un certain nombre à la fois.

Tant que les esperances de la Paix d'Allemagne avoient esté eloignées il y avoit eu de la froideur dans l'esprit de la Reine, & de ses Ministres pour le traité de Pologne; mais comme par le Traité d'Osnabrug, cette Paix sembloit concluë, on parla de celle de Pologne avec plus d'attention, & la Reine témoigna qu'elle seroit bien aise qu'on cherchât les moyens de la faire avant que ses troupes fussent licentiées. La renonciation que le Roy de Pologne offroit aux pretentions qu'il avoit sur la Suede, estoit bien quelque chose; mais la restitution de la Livonie, que ce Prince demandoit, en êloignoit la proposition: car la Suede en avoit tellement fait son propre qu'elle témoignoit ne vouloir point s'en départir, on ne laissa pas toutesfois d'écrire en Pologne pour le lieu d'assemblée, la Suede refusoit de se trouver à Francfort sur l'Oder, & proposoit Hambourg ou Lubeck. Parmi ces irresolutions on écrivit de France au sieur Chanut le pressentir si le Comte de Bregy seroit agreable à la Suede pour servir à la mediation de cette paix au nom de leurs Majestez, la Reine, quoy qu'il eut servi en Pologne, ne témoigna aucune defiance pour sa personne, & faisoit connoître qu'elle avoit une entiere asseurance en tous les Ministres du Roy.

Mais comme on eut écrit de France au sieur Chanut que le Roy avoit resolu de l'adjoindre au Comte de Bregy, & de luy donner la qualité d'Ambassadeur, il écrivit au Comte de Brienne Secretaire d'Estat les raisons qu'il avoit de ne pas servir en une plus haute qualité que celle de Resident, qu'il n'avoit pas les forces suffisantes pour porter la qualité d'Ambassadeur, qu'il se soûtenoit avec honneur en la qualité de Resident, & y employoit son revenu domestique avec les appointemens du Roy; que la qualité d'Ambassadeur l'empécheroit de se soûmettre puis aprés à plusieurs autres qui luy pouvoient donner une honneste subsistance au service de leurs Majestez, & qu'il ne demandoit que la permission de passer sa vie en une condition qui le déchargeât de soin d'accroître ses biens, & d'importuner la Cour en demandant des graces, & des bien-faits.

Il receut ensuite une autre lettre, qui luy ordonnoit, comme la precedence, d'achepter encore quatre autres vaisseaux pour fortifier l'armée navale de France, cent canons de fer, & cinquante mille boulets, & qu'on luy envoyeroit le sieur du Quesne Capitaine de Vaisseaux pour l'assister en cét achapt; mais voyant, que le temps pressoit: car il faloit éprouver les canons, choisit tous les bouclets, les peser & les amener de Nortkopin à Stokolm pour estre chargez au fond de cale dans les Navires, où ils serviroient de l'est; & jugeant aussi que la presence dudit sieur du Quesne ne luy en seroit pas avoir meilleur compte, parce qu'il en avoit tiré tout le bon marché qui se trouvoit, il se resolut d'en faire le prix avec Loüis de Geer, le seul Marchand de Suede qui eût permission d'en vendre, & de qui la Reine mesme les acheptoit, il luy en fit meilleur marché qu'à la Cour, parce qu'il esperoit que le sieur Chanut avoit de l'argent comptant à Hambourg.

Mais le sieur Chanut ayant receu une lettre du Comte d'Avaux pour une Tréve de deux mois qu'il jugeoit necessaire; sur l'ouverture qu'il en fit à la Reine, elle luy dit, que les choses n'estoient plus en estat d'y penser, parce que les Deputez de part, & d'autre s'étoient retirez, & que la seule chose qui restoit à conclure pour la Paix; & où il y avoit quelque difficulté, & sur quoy elle conjuroit le sieur d'Avaux de travailler avec la mesme prudence avec laquelle il avoit composé les plus grands differends, estoit la satisfaction de sa milice. Et comme elle estoit preparée sur ce sujet, en ayant conferé peu de jours auparavant avec le Maréchal Torstenshon, elle luy apporta mille raisons, & s'étendit là dessus avec affection, luy témoignant que ce point la touchoit de telle sorte qu'elle aimeroit mieux que la Couronne n'eût point eu de satisfaction, que de licencier son armée sans contentement; qu'elle ne vouloit point encourir le blâme qu'avoient receu depuis peu les Rois de Dannemark, & de Pologne, pour avoir desarmé sans avoir payé la soldatesque; & sa raison principale estoit, qu'elle vouloit engager d'affection envers elle tous les Officiers & Soldats; afin que si à l'avenir elle en avoit besoin, ils la servissent plûtost aucun qu'autre Prince. Que ce grand Corps demeurant uni, ce n'estoit plus une affaire de deliberation; mais de necessité de le contentér, & qu'alors sur le bruit de la Paix il n'estoit pas mesme au pouvoir des Chefs de le separer. Le sieur Chanut ne voulut pas s'opposer directement à cette proposition, il tâcha seulement de découvrir à quoy sa Majesté faisoit monter en son esprit cette satisfaction; mais il n'en pût venir à bout, car soit qu'elle n'eut encore rien arrêté là-dessus, ou qu'elle ne le voulût pas faire entendre, elle luy dit que le Maréchal Torstenshon, aprés y avoir bien pensé, n'avoit sceu rien determiner pour cela, qu'il estoit seulement d'avis d'envoyer à l'armée pour en traiter avec le Maréchal Wrangel, & les autres Officiers: Le sieur Chanut luy répondit; qu'il la supplioit de ne pas laisser cette satisfaction à l'arbitrage du Maréchal Wrangel, ni des Officiers de l'armée, puisque c'estoit leur interest, & qu'elle prit garde que cette satisfaction ne fut trop excessive & dictée par quelques personnes mal affectionnées à la paix, mais qu'elle donnât pouvoir à ses Ambassadeurs d'en convenir civilement, & selon la condition du temps avec les Ministres du Roy, pour faire une demande qui ne reduisit pas le Traité de Paix dans l'impossibilité.

Il y avoit encore une autre difficulté à surmonter dans l'esprit de la Reine, qui touchoit les interests du Duc de Bavieres, la France, qui vouloit favoriser ce Prince, tâchoit d'y porter la Reine, mais en general elle craignoit l'agrandissement de ce Prince; & qu'étant vieux, & venant à mourir il ne remît la tutelle de ses enfans entre les mains de l'Empereur, & qu'ainsi les avantages qu'on luy procureroit ne fussent des moyens nouveaux à l'Empereur pour nuire à la cause commune, & elle y auroit volontiers consenti si on avoit pû porter l'Electeur à declarer le Roy de France Tuteur honnoraire de ses enfans.

Enfin on resolut le couronnement de la Reine au mois d'Aoust de l'année courante, & chacun fut surpris que la Reine éloignoit si fort cette ceremonie qu'elle devoit desirer; on croyoit, pour esquiver que c'estoit la proposition de son mariage, sur lequel les Estats luy avoient fait des remontrances, à ce qu'il luy plût d'y vouloir songer, le sieur Chanut luy en témoignant de la surprise, elle luy dit que le temps l'éclairciroit des raisons qui la luy faisoit differer.

Le 20 du mois de Mars le Comte Magnus se maria, & il y eut une débauche pendant cinq jours entier; cette bonne chere fut au sieur Chanut une mortification plus rude que toutes celles de Caresme; mais parmy cette debauche on n'oublia rien de ce que pouvoit fournir le païs à la magnificence de ces nopces; il y eut un combat à la Barriere, & une course de Bague, ou la jeunesse de la Cour fit merveille, on y proposa un prix de sept à huit mille escus, que les plus adroits ou les plus heureux emporterent.

Le sieur Chanut, pour ne pas perdre de temps, voyant que cette feste empêcheroit le Chancelier de terminer l'affaire des Vaisseaux, il conclud le marché qu'il avoit fait avec Loüis de Geer pour cent canons de fer, & cinquante mille boulets, & envoya un des siens pour estre present à la fonte, & aux épreuves, & se chargea mesme de payer le poids, parce que le peseur à toûjours inclination pour celuy qui le paye, & Geer l'ayant prié de ne pas faire connoître le marché qu'il avoit fait avec luy, de peur que le bon compte qui le Roy en tiroit ne nuisit au debit que son fils faisoit en Hollande; il luy promist de ne le point divulguer, soit qu'il doutât que ce fust verité ou artifice de Marchand.

On s'étonnoit en ce temps que le Chancelier Oxenstiern, & son fils témoignassent si peu d'inclination pour la Paix: car si les Plenipotentiaires de France se plaignoient à Osnabrug que le fils eût peu de disposition à la Paix, on faisoit les mesmes plaintes en Suede contre le Chancelier son père, l'Ambassadeur du Duc Jule[s] Henry de Saxe, voulut se réjoüir avec luy du bon succés du Traité, mais il luy repartit qu'il n'estoit pas encore temps de faire compliment sur ce sujet, & qu'il ne voyoit pas que la paix fust si proche qu'on se l'imaginoit. On resolut neantmoins à la Cour d'envoyer une personne de creance à Osnabrug, & de là à l'armée pour y porter les derniers ordres sur le point de la satisfaction de la Milice, & de ce qui devoit estre observé par l'armée en execution du Traité de Paix, le sieur Escken, que l'on choisit pour cét effet, ne fut pas honteux de dire au sortir du logis du Maréchal Torstenshon, où il avoit esté enfermé avec le Chancelier, que pour contenter vingt mille hommes de pied & dix-huit mille chevaux tous Allemands avec onze Chefs principaux; il ne faloit pas moins de vingt millions de Richedales. Le sieur Chanut ayant appris cette proposition du sieur Escken, il en parla à la Reine comme d'une fable, & luy remontra combien il importoit que la Paix d'Allemagne ne fust point empêchée par la seule demande d'une somme demesurée pour le contentement de la Milice, à quoy la Reine répondit qu'elle feroit apporter tant de moderation sur cette demande que ses Alliez ne s'en pourroient plaindre, & que les Ennemis y consentiroient volontiers, s'ils avoient un veritable desir de la Paix; mais sur la plainte que le sieur Chanut luy fit sur les longueurs qu'on opportoit à la dépêche du sieur Escken, & qu'il parroissoit visiblement que les siens agissoient avec une lenteur affectée; elle luy répondit que son instruction estoit dressée, & qu'il partiroit dans peu de temps; mais qu'il ne faloit point trouver étrange qu'une affaire de si grand poids marchât avec tant de lenteur: Cette réponse, & quelques autres circonstances luy firent juger que le Conseil de Suede n'estoit point d'avis de se presser à conclure le Traité, soit qu'il jettât les yeux sur les avantages, que le temps pouvoit apporter, soit qu'il vouloit demeurer armé pendant qu'on essayeroit de faire la Paix avec la Pologne, & que quand les causes apparentes des delais seroient consommées, on ne refuseroit pas sans doute de terminer ce Traité.

Le sieur de Rosenhan ayant abordé le sieur Chanut, pendant les réjouissances des nopces du Comte Magnus, il luy dit, que le Comte Gustave-Sohn estoit fort en colere de ce qu'il croyoit que luy seul empêchoit qu'on ne luy laissoit pas l'Evesché d'Osnabrug, qu'il sçavoit que le Comte d'Avaux estoit son amy, & que par necessité il ne pouvoit y avoir que luy qui fust obstacle à sa satisfaction, qu'au reste quand il luy avoit dit, qu'il se contenteroit d'un dédommagement en argent, ce n'estoit qu'une confiance d'amitié, dont il n'avoit point dû divulguer le secret, & qu'il ne demeureroit pas insensible à l'injure qu'il luy faisoit: Le lieu où estoit le sieur Chanut luy servit d'excuse pour differer sa réponse, & le lendemain il la luy envoya par écrit.

Alors on remit sur le tapis le Traité du Duc de Bavieres, & tous les ordres que l'on envoyoit aux Plenipotentiaires de Suede n'alloient qu'à dissuader de tout leur pouvoir les Ministres de France de convenir d'aucune chose avec ce Prince, ou en tout cas faire en sorte que cét accommodement ne tournât point au prejudice de l'armée; toutesfois on ne desapprouva pas que le General Wrangel fust entré de part en ce Traité pour détacher entierement le Duc de Bavieres de la Maison d'Austriche, luy donnant du repos, & de l'asseurance du côté des deux Couronnes.

Les Ministres de Suede firent ensuite instance pour la Maison Palatine, & les Plenipotentiaires de France apprehendant que cela n'arrêtât le Traité de la Paix, le sieur Chanut s'en plaignit à la Reine, qui l'asseura que cette proposition se faisoit par devoir, & nullement en intention que ces difficultez rompissent le Traité, il luy parla aussi sur les sollicitations que faisoient les siens en faveur des Protestans, & sur la nouvelle pretention de l'Evesché d'Hildesheim, elle luy répondit qu'ils n'avoient charge que d'appuyer en general les demandes des Protestans, & non pas d'en faire une condition necessaire à la paix, mais luy ayant proposé les pretentions du Comte de Gustave-Sohn, & la chaleur avec laquelle il luy avoit parlé pour l'Evesché d'Osnabrug, elle luy répondit qu'il faloit ajuster le reste des affaires, qu'elle n'étoit pas resoluë de faire la guerre pour faire des Evesques, & que cela estoit fort éloigné de son inclination.

[Cependant le sieur du Quesne, que l'on attendoit en Suede pour l'achapt des quatre Vaisseaux, ne venant point, on apprehenda qu'il ne luy fut arrivé quelque malheur par les chemins, & comme l'achapt & l'envoy desdits Vaisseaux pressoit, on en fit le prix; mais parce qu'il n'y avoit dans ces Vaisseaux que des agrez dont on se sert pour la navigation de la Mer Baltique, qui n'estoient pas suffisans pour les Mers de France, & qu'outre cela il restoit encore à achepter le canon de fonte, & de fer, avec les affuts pour monter lesdits Navires, la poudre, les boulets, les armes, les voiles, les cables, & autres cordages, les anchres, & plusieurs autres choses dont il les faloit pourvoir, & qui coûtoient autant que les Vaisseaux; il en falut differer la conclusion, parce qu'il n'avoit pas l'ordre d'en traiter.

Quoy qu'on eût envoyé aux Plenipotentiaires de Suede à Osnabrug les ordres precis pour achever la conclusion du Traité, ils entretenoient toûjours les contestations, attendant les derniers ordres de la Cour pour la satisfaction de la Milice, & la disposition des troupes en execution de la Paix, & comme le sieur Chanut pressoit un jour la Reine sur l'expedition du sieur Escken, elle luy dit, que tout avoit esté resolu le matin au Senat, qu'il partiroit incontinent pour aller à Osnabrug, & de là à l'armée, où elle écriroit à tous les Chefs, & que toutes choses estoient disposées en sorte qu'il parroissoit bien qu'elle vouloit la Paix. Toutesfois quoy qu'elle la souhaittât, & se promit de l'avoir dans peu de temps, on le laissa pas de donner ordre à l'équipage de vingt Vaisseaux, qui devoient porter quatre mille hommes de pied en Allemagne pour la recruë de l'armée Suedoise.

Les Estats du Royaume de Suede, qui sembloient n'avoir esté convoquez par quelques-uns des plus Puissans, que pour toucher au gouvernement, & reformer ce qui ne leur agréoit pas, eurent une fin contraire à ce projet, & l'autorité de la Reine s'y fortifia extrémement: car malgré les conferences du Chancelier, & du Comte Brahe-drost, la Reine fit ce qu'elle voulut, l'assemblée se separa avec de grands témoignages de veneration pour sa personne, & une grande satisfaction de sa conduite: La Reine avant qu'ils se separassent leur fit dire par le Comte Brahe Drost, en l'absence de son Chancelier, qui estoit indisposé, que sa Majesté ne vouloit pas laisser sans réponse la supplications qu'ils luy avoient faite de penser à se marier, qu'elle les remercioit de l'affection qu'ils témoignoient à sa Maison, & à sa personne, que n'ayant presentement aucune inclination au mariage, elle n'estoit pas neantmoins éloignée de la prendre pour le bien de l'Estat, & le contentement de ses sujets, & elle leur proposa le Prince Palatin son cousin, pour sçavoir d'eux si son inclination l'y portant ils agréeroient cette proposition; à quoy les Deputez répondirent que la Suede auroit toûjours agreable la personne de ce Prince, s'il plaisoit à la Reine de le choisir pour son mary.]

With modernised spelling:

En ce temps-là il fit un si grand froid que les glaces empêchèrent de passer au Belt, et on disait que le passage en était très dangereux; et sur ce qu'on dit que l'on ne savait ce qu'était devenu le sieur Griesheim, ambassadeur du duc de Neubourg, et que peut-être avait-il été surpris en ce détroit par les glaces que le vent y poussait. Le chancelier, étant présent, dit qu'il n'y avait rien à craindre et qu'il était trop léger pour couler à fond.

Dans une audience que le sieur Chanut eut de la reine de Suède, il appréhenda que les choses touchant l'accommodement de Brandebourg ne fussent pas encore arrêtées à Osnabrück; car, bien que la reine fût résolue de tenir ce que ses plénipotentiaires avaient concerté pour la paix avec le comte d'Avaux, toutefois il n'y avait aucune résolution formée. Elle prétendait qu'ils persistassent absolument à demander toute la Poméranie, sans s'arrêter au consentement de l'électeur.

Il est vrai que le bon succès des armes avait fait repentir le Conseil de Suède d'avoir au commencement donné l'alternative, ou de prendre une partie de cette province avec le gré de l'électeur, ou le tout sans son consentement; car la faiblesse du Danois, la froideur des États des Provinces-Unies pour cet électeur, les recherches de la Pologne pour la paix leur faisaient croire que s'ils persistaient à demander toute la Poméranie; et l'électeur, ne pouvant prétendre aucun dédommagement de l'empereur, s'il ne la cédait, il aimerait mieux donner son consentement sur le tout que d'être dépouillé sans recompense.

Mais le sieur Chanut lui sut représenter si adroitement les consequences où elle s'engageait et qu'il était à craindre que les conseils plausibles qu'on lui donnait d'augmenter ses pretentions n'eussent d'autres fins, et qu'on ne la voulût tenir continuellement engagée dans la guerre, ou lui donner enfin du dégoût de la France, qu'on jugeait bien ne pouvoir, ni ne devoir servir éternellement aux passions d'autrui, afin de lui ôter par ce moyen l'appui certain de l'amitié de Leurs Majestés, dont il n'était pas impossible qu'elle ne pût avoir besoin pendant le cours de sa vie et de ses affaires.

La noblesse, ayant appris que les ecclésiastiques avaient proposé en leur assemblée le mariage de la reine, résolut de lui faire les mêmes prières, mais elle en voulut conférer auparavant avec le Sénat, où il fut résolu qu'on lui en ferait la proposition sans lui designer aucun parti, et qu'on la supplierait seulement de vouloir joindre ses noces à son couronnement pour éviter les dépenses et soulager ses sujets, qui seraient obligés de se trouver à l'une et à l'autre cérémonie.

Enfin on eut nouvelle que le traité était signé et déposé entre les mains du comte d'Avaux, et même que l'on avait arrêté la satisfaction entiere de la Suède. Alors ceux qui espéraient retarder le traité de paix ne purent s'empêcher de dire que les plénipotentiaires de Suède en avaient perdu tous les avantages par leur précipitation. Le chancelier même avait peine à se taire sur cet accommodement et disait tout haut que s'il y avait assisté, il n'aurait jamais quitté un pouce de terre de la Poméranie, parce que l'électeur ne méritait pas que la Suède lui fît aucune grace; que l'empereur était en un si pitoyable état, qu'il ne pouvait rien refuser; qu'il était sans forces, sans moyens, et de nouveau épouvanté des menaces que lui faisait le grand seigneur; et enfin il conclut que puisqu'on l'avait arrêté à Osnabrück et qu'on le trouvait bon à Stockholm, il le fallait souffrir.

Dans ce même temps, le sieur Chanut étant allé visiter la reine, elle lui fit des reproches de son incredulité, car il avait toujours feint de douter de ses inclinations à la paix et lui témoigna un contentement indicible de voir que les choses étaient si près d'une bonne conclusion; qu'il y avait néanmoins encore deux ou trois choses, dont elle était en peine, et qui la pressaient fort, et par devoir, et par affection, lesquelles n'allaient point à détruire les choses arrêtées.

La première, que les officiers de son armée, à qui elle avait donné la jouissance de quelques biens en la Poméranie ultérieure, lui avaient écrit d'intervenir auprès du comte d'Avaux pour les ménager quelque dédommagement, à cause des dépenses qu'ils avaient faites pour remettre les biens en valeur.

La seconde, qu'elle eût souhaité qu'on lui accordât quelques petits lieux de très peu d'importance le long du rivage de l'Oder pour servir à la liberté de la rivière.

La troisième, que l'on ménageât au landgrave Frédéric de Hesse, qui avait épousé sa cousine, quelque dédommagement pour le bien qu'elle lui avait donné vers la Thuringe, appellé Eichsfeld, qui sans doute serait restitué par la paix.

Enfin les ecclésiastiques, qui étaient assemblés, soit de leur propre mouvement, soit qu'ils y fussent poussés par d'autres, donnèrent leur avis sur le parti que la reine pourrait prendre, tandis que les sénateurs délibéraient sur la proposition du mariage pour en rendre réponse à la noblesse; mais, ne pouvant trouver de passage dans leur Bible qui défendit l'alliance contre les cousins, ils disaient qu'il était contre l'honnêteté publique que la reine épousât le prince Charles palatin, et qu'on ne voyait que rarement sortir des enfants de tels mariages — quoiqu'en effet il ne fût pas entièrement cousin germain, parce que le défunt roi Gustave et sa mère étaient seulement frère et sœur du côté de leur père.

Au même temps, on conclut le marché des quatre vaisseaux que la France marchandait depuis tant de temps, et dont on n'avait pu convenir. Il portait qu'ils seraient fournis de tous leurs agrés et apparaux pour la navigation, qu'on les tiendrait prêts dans le premier temps propre pour se mettre à la voile, et qu'on les livrerait à Dales, qui est l'embouchure dans la mer, à dix-huit lieues de Stockholm; que le paiement se ferait à Hambourg, Amsterdam ou Paris.

Mais la difficulté sur les termes, car le chancelier demeurait ferme à demander argent comptant, et il remettait d'en prendre la volonté de la reine au premier jour, qui consentait que les paiements se seraient en deux termes: le premier, dans trois mois du jour de la convention; et l'autre, trois mois après.

Mais comme il connaissait le chancelier fort rigoureux en matière de remise et qu'il en avait besoin pour les canons, boulets, mats et goudrons qu'il voulait acheter, il en parla à la reine, qui la lui accorda sans difficulté, et il la supplia de trouver bon qu'il en parlât à son chancelier, comme si elle ne lui eût pas encore fait cette grâce, afin de lui demander sa faveur auprès d'elle pour l'obtenir. Si bien que lui ayant déclaré ce dessein, il lui promit d'en parler à la reine et de favoriser sa demande. Il est vrai qu'il n'oublia rien pour faire connaître à ce chancelier, qu'il révérait son mérite, et qu'il ne prétendait pas d'obtenir les choses directement de la reine sans son entremise.

Il arriva que le comte de Brégy, qui avait levé des troupes en Pologne pour la France, cherchait la commodité de les y faire passer, et, en ayant donné avis au sieur Chanut, il lui écrivit que les vaisseaux que l'on avait achetés en Suède, les iraient prendre à Dantzig, et qu'ils y seraient le 20 ou 30 d'avril. Mais, comme les levées que l'on avait faites l'année précédente avaient beaucoup souffert, faute de victuailles dans les navires, il lui envoya un mémoire de la qualité et quantité de vivres qui étaient nécessaires pour six semaines.

Suivant l'avis des capitaines suédois, il lui fit savoir le port de chaque vaisseau et des deux frégates, sur lesquels on ne pouvait pas mettre plus de quinze cent hommes avec leur équipage; mais il y survint une difficulté que le sieur Chanut apprit du chancelier Oxenstiern, car comme il lui voulut mettre en ligne de compte comme un office que la France rendait à la Suède, le transport de ces soldats en France, il lui demanda si le roi de Danemark le savait, parce que, n'étant pas averti, il pourrait former quelque difficulté au passage de Sund, et que, dans le traité de paix avec le Danemark, la Suède s'était obligée de lui donner avis du passage des troupes trois semaines auparavant, lesquelles de plus devaient filer en sorte qu'il ne s'en trouvât dans le détroit qu'un certain nombre à la fois.

Tant que les espérances de la paix d'Allemagne avaient été éloignées, il y avait eu de la froideur dans l'esprit de la reine et de ses ministres pour le traité de Pologne; mais, comme par le traité d'Osnabrück cette paix semblait conclue, on parla de celle de Pologne avec plus d'attention, et la reine témoigna qu'elle serait bien aise qu'on cherchât les moyens de la faire avant que ses troupes fussent licenciées. La renonciation que le roi de Pologne offrait aux prétentions qu'il avait sur la Suède était bien quelque chose; mais la restitution de la Livonie, que ce prince demandait, en éloignait la proposition, car la Suède en avait tellement fait son propre qu'elle témoignait ne vouloir point s'en départir, on ne laissa pas toutefois d'écrire en Pologne pour le lieu d'assemblée. La Suède refusait de se trouver à Francfort sur l'Oder et proposoit Hambourg ou Lübeck.

Parmi ces irrésolutions, on écrivit de France au sieur Chanut le pressentir si le comte de Brégy serait agréable à la Suède pour servir à la médiation de cette paix au nom de Leurs Majestés. La reine, quoiqu'il eût servi en Pologne, ne témoigna aucune défiance pour sa personne et faisait connaître qu'elle avait une entière assurance en tous les ministres du Roi.

Mais comme on eut écrit de France au sieur Chanut que le roi avait résolu de l'adjoindre au comte de Brégy et de lui donner la qualité d'ambassadeur, il écrivit au comte de Brienne, secrétaire d'État, les raisons qu'il avait de ne pas servir en une plus haute qualité que celle de résident, qu'il n'avait pas les forces suffisantes pour porter la qualité d'ambassadeur, qu'il se soutenait avec honneur en la qualité de résident, et y employait son revenu domestique avec les appointements du Roi; que la qualité d'ambassadeur l'empêcherait de se soumettre puis après à plusieurs autres qui lui pouvaient donner une honnête subsistance au service de Leurs Majestés, et qu'il ne demandait que la permission de passer sa vie en une condition qui le déchargeât de soin d'accroître ses biens et d'importuner la cour en demandant des grâces et des bienfaits.

Il reçut ensuite une autre lettre, qui lui ordonnait, comme la précédence, d'acheter encore quatre autres vaisseaux pour fortifier l'armée navale de France, cent canons de fer, et cinquante mille boulets, et qu'on lui envoyerait [enverrait] le sieur du Quesne, capitaine de vaisseaux, pour l'assister en cét achat. Mais, voyant que le temps pressait, car il fallait éprouver les canons, [il] choisit tous les boucles, les peser et les amener de Norrköping à Stockholm pour être chargés au fond de cale dans les navires, où ils serviraient de l'est.

Et, jugeant aussi que la présence dudit sieur du Quesne ne lui en serait pas avoir meilleur compte, parce qu'il en avait tiré tout le bon marché qui se trouvait, il se résolut d'en faire le prix avec Louis de Geer, le seul marchand de Suède qui eut permission d'en vendre, et de qui la reine même les achetait, il lui en fit meilleur marché qu'à la cour, parce qu'il espérait que le sieur Chanut avait de l'argent comptant à Hambourg.

Mais le sieur Chanut ayant reçu une lettre du comte d'Avaux pour une trêve de deux mois qu'il jugeait nécessaire sur l'ouverture qu'il en fit à la reine, elle lui dit que les choses n'étaient plus en état d'y penser, parce que les députés de part et d'autre s'étaient retirés, et que la seule chose qui restait à conclure pour la paix, et où il y avait quelque difficulté, et sur quoi elle conjurait le sieur d'Avaux de travailler avec la même prudence avec laquelle il avait composé les plus grands différends était la satisfaction de sa milice.

Et, comme elle était preparée sur ce sujet, en ayant conféré peu de jours auparavant avec le maréchal Torstensson, elle lui apporta mille raisons et s'étendit là-dessus avec affection, lui témoignant que ce point la touchait de telle sorte qu'elle aimerait mieux que la Couronne n'eût point eu de satisfaction, que de licencier son armée sans contentement; qu'elle ne voulait point encourir le blâme qu'avaient reçu depuis peu les rois de Danemark et de Pologne pour avoir desarmé sans avoir payé la soldatesque; et sa raison principale était qu'elle voulait engager d'affection envers elle tous les officiers et soldats, afin que si à l'avenir elle en avait besoin, ils la servissent plutôt aucun qu'autre prince.

Que, ce grand corps demeurant uni, ce n'était plus une affaire de délibération; mais, de nécessité de le contenter, et qu'alors sur le bruit de la paix, il n'était pas même au pouvoir des chefs de le séparer. Le sieur Chanut ne voulut pas s'opposer directement à cette proposition, il tâcha seulement de découvrir à quoi Sa Majesté faisait monter en son esprit cette satisfaction; mais il n'en put venir à bout, car soit qu'elle n'eut encore rien arrêté là-dessus, ou qu'elle ne le voulût pas faire entendre, elle lui dit que le maréchal Torstensson, après y avoir bien pensé, n'avait su rien determiner pour cela, qu'il était seulement d'avis d'envoyer à l'armée pour en traiter avec le maréchal Wrangel et les autres officiers.

Le sieur Chanut lui répondit qu'il la suppliait de ne pas laisser cette satisfaction à l'arbitrage du maréchal Wrangel, ni des officiers de l'armée, puisque c'était leur intérêt, et qu'elle prit garde que cette satisfaction ne fut trop excessive et dictée par quelques personnes mal affectionnées à la paix, mais qu'elle donnât pouvoir à ses ambassadeurs d'en convenir civilement, et selon la condition du temps avec les ministres du Roi, pour faire une demande qui ne réduisit pas le traité de paix dans l'impossibilité.

Il y avait encore une autre difficulté à surmonter dans l'esprit de la reine, qui touchait les intérêts du duc de Bavière. La France, qui voulait favoriser ce prince, tâchait d'y porter la reine, mais en général elle craignait l'agrandissement de ce prince; et qu'étant vieux, et venant à mourir, il ne remît la tutelle de ses enfants entre les mains de l'empereur, et qu'ainsi les avantages qu'on lui procurerait ne fussent des moyens nouveaux à l'empereur pour nuire à la cause commune, et elle y aurait volontiers consenti si on avait pu porter l'électeur à déclarer le roi de France tuteur honoraire de ses enfants.

Enfin on résolut le couronnement de la reine au mois d'août de l'année courante, et chacun fut surpris que la reine éloignait si fort cette cérémonie qu'elle devait désirer. On croyait, pour esquiver que c'était la proposition de son mariage, sur lequel les États lui avaient fait des remontrances, à ce qu'il lui plut d'y vouloir songer. Le sieur Chanut lui en témoignant de la surprise, elle lui dit que le temps l'éclaircirait des raisons qui la lui faisait différer.

Le 20 du mois de mars, le comte Magnus se maria, et il y eut une débauche pendant cinq jours entier; cette bonne chère fut au sieur Chanut une mortification plus rude que toutes celles de Carême, mais parmi cette débauche on n'oublia rien de ce que pouvait fournir le pays à la magnificence de ces noces. Il y eut un combat à la barrière et une course de bague, où la jeunesse de la cour fit merveille. On y proposa un prix de sept à huit mille écus, que les plus adroits ou les plus heureux emportèrent.

Le sieur Chanut, pour ne pas perdre de temps, voyant que cette fête empêcherait le chancelier de terminer l'affaire des vaisseaux, il conclut le marché qu'il avait fait avec Louis de Geer pour cent canons de fer et cinquante mille boulets, et envoya un des siens pour être présent à la fonte et aux épreuves, et se chargea même de payer le poids, parce que le peseur a toujours inclination pour celui qui le paie; et Geer l'ayant prié de ne pas faire connaître le marché qu'il avait fait avec lui, de peur que le bon compte qui le Roi en tirait ne nuisît au débit que son fils faisait en Hollande, il lui promit de ne le point divulguer, soit qu'il doutât que ce fût vérité ou artifice de marchand.

On s'étonnait en ce temps que le chancelier Oxenstiern et son fils témoignassent si peu d'inclination pour la paix, car, si les plénipotentiaires de France se plaignaient à Osnabrück que le fils eût peu de disposition à la paix, on faisait les mêmes plaintes en Suède contre le chancelier son père. L'ambassadeur du duc Jules-Henri de Saxe voulut se réjouir avec lui du bon succès du traité, mais il lui repartit qu'il n'était pas encore temps de faire compliment sur ce sujet et qu'il ne voyait pas que la paix fût si proche qu'on se l'imaginait.

On resolut néanmoins à la cour d'envoyer une personne de créance à Osnabrück et delà à l'armée pour y porter les derniers ordres sur le point de la satisfaction de la milice et de ce qui devait être observé par l'armée en exécution du traité de paix, le sieur Erskein, que l'on choisit pour cet effet, ne fut pas honteux de dire au sortir du logis du maréchal Torstensson, où il avait été enfermé avec le chancelier, que, pour contenter vingt-mille hommes de pied et dix-huit mille chevaux, tous Allemands, avec onze chefs principaux, il ne fallait pas moins de vingt millions de richedales.

Le sieur Chanut ayant appris cette proposition du sieur Erskein, il en parla à la reine comme d'une fable et lui remontra combien il importait que la paix d'Allemagne ne fût point empêchée par la seule demande d'une somme démesurée pour le contentement de la milice, à quoi la reine répondit qu'elle ferait apporter tant de modération sur cette demande que ses alliés ne s'en pourraient plaindre et que les ennemis y consentiraient volontiers s'ils avaient un véritable désir de la paix.

Mais, sur la plainte que le sieur Chanut lui fit sur les longueurs qu'on opportait à la dépêche du sieur Erskein et qu'il paraissait visiblement que les siens agissaient avec une lenteur affectée, elle lui répondit que son instruction était dressée et qu'il partirait dans peu de temps, mais qu'il ne fallait point trouver étrange qu'une affaire de si grand poids marchât avec tant de lenteur.

Cette réponse et quelques autres circonstances lui firent juger que le Conseil de Suède n'était point d'avis de se presser à conclure le traité, soit qu'il jettât les yeux sur les avantages, que le temps pouvait apporter, soit qu'il voulait demeurer armé pendant qu'on essayerait de faire la paix avec la Pologne, et que quand les causes apparentes des delais seraient consommées, on ne refuserait pas sans doute de terminer ce traité.

Le sieur de Rosenhane ayant abordé le sieur Chanut, pendant les réjouissances des noces du comte Magnus, il lui dit que le comte Gustafsson était fort en colère de ce qu'il croyait que lui seul empêchait qu'on ne lui laissait pas l'évêché d'Osnabrück, qu'il savait que le comte d'Avaux était son ami, et que par nécessité il ne pouvait y avoir que lui qui fût obstacle à sa satisfaction; qu'au reste, quand il lui avait dit qu'il se contenterait d'un dédommagement en argent, ce n'était qu'une confiance d'amitié, dont il n'avait point dû divulguer le secret, et qu'il ne demeurerait pas insensible à l'injure qu'il lui faisait. Le lieu où était le sieur Chanut lui servit d'excuse pour différer sa réponse, et le lendemain il la lui envoya par écrit.

Alors on remit sur le tapis le traité du duc de Bavière, et tous les ordres que l'on envoyait aux plénipotentiaires de Suede n'allaient qu'à dissuader de tout leur pouvoir les ministres de France de convenir d'aucune chose avec ce prince, ou en tout cas faire en sorte que cet accommodement ne tournât point au préjudice de l'armée. Toutesfois, on ne désapprouva pas que le général Wrangel fût entré de part en ce traité pour détacher entièrement le duc de Bavière de la Maison d'Autriche, lui donnant du repos et de l'assurance du côté des deux Couronnes.

Les ministres de Suède firent ensuite instance pour la Maison palatine, et les plénipotentiaires de France appréhendant que cela n'arrêtât le traité de la paix, le sieur Chanut s'en plaignit à la reine, qui l'assura que cette proposition se faisait par devoir et nullement en intention que ces difficultés rompissent le traité.

Il lui parla aussi sur les sollicitations que faisaient les siens en faveur des protestants; et sur la nouvelle prétention de l'évêché de Hildesheim, elle lui répondit qu'ils n'avaient charge que d'appuyer en général les demandes des protestants et non pas d'en faire une condition nécessaire à la paix. Mais, lui ayant proposé les pretentions du comte de Gustafsson, et la chaleur avec laquelle il lui avait parlé pour l'évêché d'Osnabrück, elle lui répondit qu'il fallait ajuster le reste des affaires, qu'elle n'était pas résolue de faire la guerre pour faire des évêques, et que cela était fort éloigné de son inclination.

[Cependant le sieur du Quesne, que l'on attendait en Suède pour l'achat des quatre vaisseaux, ne venant point, on appréhenda qu'il ne lui fut arrivé quelque malheur par les chemins; et comme l'achat et l'envoi desdits vaisseaux pressait, on en fit le prix; mais parce qu'il n'y avait dans ces vaisseaux que des agrés dont on se sert pour la navigation de la mer Baltique, qui n'étaient pas suffisants pour les mers de France, et qu'outre cela il restait encore à acheter le canon de fonte et de fer avec les affuts pour monter lesdits navires, la poudre, les boulets, les armes, les voiles, les cables, et autres cordages, les ancres et plusieurs autres choses dont il les fallait pourvoir et qui coûtaient autant que les vaisseaux, il en fallut différer la conclusion, parce qu'il n'avait pas l'ordre d'en traiter.

Quoiqu'on eût envoyé aux plénipotentiaires de Suède à Osnabrück les ordres précis pour achever la conclusion du traité, ils entretenaient toujours les contestations, attendant les derniers ordres de la cour pour la satisfaction de la milice et la disposition des troupes en exécution de la paix, et comme le sieur Chanut pressait un jour la reine sur l'expedition du sieur Erskein, elle lui dit que tout avait été résolu le matin au Sénat, qu'il partirait incontinent pour aller à Osnabrück et delà à l'armée, où elle écrirait à tous les chefs, et que toutes choses étaient disposées en sorte qu'il paraissait bien qu'elle voulait la paix.

Toutefois, quoiqu'elle la souhaitât et se promit de l'avoir dans peu de temps, on le laissa pas de donner ordre à l'équipage de vingt vaisseaux, qui devaient porter quatre mille hommes de pied en Allemagne pour la recrue de l'armée suédoise.

Les États du royaume de Suède, qui semblaient n'avoir été convoqués par quelques-uns des plus puissants, que pour toucher au gouvernement et reformer ce qui ne leur agréait pas, eurent une fin contraire à ce projet; et l'autorité de la reine s'y fortifia extrêmement, car, malgré les conférences du chancelier et du comte Brahe, drost, la reine fit ce qu'elle voulut. L'assemblée se sépara avec de grands témoignages de vénération pour sa personne et une grande satisfaction de sa conduite.

La reine, avant qu'ils se séparassent, leur fit dire par le comte Brahe, drost, en l'absence de son chancelier, qui était indisposé, que Sa Majesté ne voulait pas laisser sans réponse la supplications qu'ils lui avaient faite de penser à se marier, qu'elle les remerciait de l'affection qu'ils témoignaient à sa Maison et à sa personne, que, n'ayant présentement aucune inclination au mariage, elle n'était pas néanmoins éloignée de la prendre pour le bien de l'État et le contentement de ses sujets, et elle leur proposa le prince palatin son cousin, pour savoir d'eux si son inclination l'y portant ils agréeraient cette proposition; à quoi les députés répondirent que la Suède aurait toujours agréable la personne de ce prince s'il plaisait à la reine de le choisir pour son mari.]

Swedish translation (by anonymous translator):

Kölden var stark; farten öfver Bält derigenom farlig och hindrad af is, så att man ej visste hvad som blifvit af Herr Chrycheim, Hertigens af Neuburg Ambassadör, hvilken kanhända blifvit öfverraskad i sundet af drifis. Riks-Kansleren yttrade, att denna fruktan var ogrundad och Chryseim nog lätt för att fara åt botten.

Uti ett företräde hos Drottningen fruktade Herr Chanut att förlikningen med Brandenburg ej ännu var afgjord i Osnabrug, ty ehuru Drottningen beslutit hålla allt som dess Plenipotentiairer afgjort med Grefve d'Avaux i anseende till freden, var likväl ej något fastställdt beslut; hon påstod att de borde framhärda i sin begäran af hela Pommern, utan att uppehålla sig vid Kurförstens samtycke. Vapenlyckan hade förmått Svenska Rådet till ånger att det i början gifvit alternativet antingen att taga en del af detta land med eller alltsammans utan Kurförstens samtycke. Danskarnas svaghet, det Förenade Nederlands köld för denna Kurförste och Pohlens sträfvande efter fred, ingaf Svenskarna tankan att om de framhärdade i sina anspråk på hela Pommern skulle Kurförsten ej kunna fordra någon ersättning af Kejsaren, om han intet lemnade detta land och häldre gifva sitt samtycke till allt, än blifva aftacklad utan ersättning. Herr Chanut föreställde skickligt att de råd man gaf henne att öka sina anspråk voro utan annat ändamål än att beständigt inveckla henne i krig eller ingifva afsmak för Frankrike, som hvarken kunde eller borde för evigt tjena andras passioner. Detta skulle sluteligen betaga henne Deras Majestäters vänskap, som hon möjligtvis behöfde under hela sin lefnad och i sina angelägenheter.

Adeln, underrättad att Presteståndet föreslagit Drottningens giftermål, beslöt anhålla om det samma; men hon ville förut öfverlägga med Rådet. Det blef beslutadt att man skulle föreslå henne detta utan att utmärka något parti, och endast anhålla, att hon täcktes på en gång fira Bröllopps- och Krönings-högtidligheterna, för att undvika större omkostnad och skona sina undersåtare, hvilka voro tvungne att infinna sig vid begge Ceremonierne.

Man erhöll sluteligen underrättelse, att Traktaten var underteknad och öfverlemnad i Grefve d'Avaux händer samt fullkomligt skadestånd för Sverige bestutadt. De som hoppades uppskjuta Freds-Traktaten sade då, att de Svenska Fullmäktiga genom deras skyndsamhet förlorat alla fördelar. Riks-Kansleren hade äfven svårt att tiga, yttrande helt högt, att om han biträdt vid underhandlingen, skulle han aldrig lemnat en tums bredd af Pommern, ty Kurförsten förtjente ej någon ynnest af Sverige, och Kejsaren var uti så ömklig belägenhet, att han intet kunde vägra något samt utan styrka, utan medel och på nytt förskräckt af Storherrns hotelser; han tillade slutligen att som man beslutit i Osnabrüg godkänna traktaten i Stockholm, så måste man finna sig dervid.

Då Herr Chanut uppvaktade Drottningen, förebrådde hon honom dess misstroende; ty han ställde sig alltid som han tviflade på hennes fredliga böjelser; hon visade nu en outsäglig förnöjelse att sakerna voro nära ett så godt slut; ickedessmindre var hon bekymrad öfver tre saker både af skyldighet och böjelse, hvilka likväl ej skulle förstöra det som redan var beslutit. Den första angick de Officerare i hennes armé hon gifvit besittning af några gods i Hinter-Pommern och hvilka nu anhållit om hennes bemedling hos Grefve d'Avaux att erhålla ersättning för uppodlandet och förbättrandet af dessa gods. Den andra var hennes önskan att äga några små orter längs Oder för att beskydda denna ströms frihet. Den tredje var, att Landt-Grefven af Hessen, gift med Hennes Kusin måtte erhålla något skadestånd för godset Eickfelt i Thüringen, som hon gifvit honom, och nu utan tvifvel skulle återställas i anledning af Freden.

Presteståndet afgaf antingen af egen drift eller andras inflytande sitt yttrande i anseende till det parti Drottningen borde taga, under det att Rådet öfverlade om giftermålsförslaget för att svara Adeln; men då de ej kunde i sin Bibel finna stället, som förböd Kusiners giftermål med hvarandra, sade de att det var emot allmänna ärbarheten att Drottningen gifte sig med Pfalz-Grefven Prins Carl, och att sällan barn aflades af dylika äktenskap ehuru han ej var fullkomligt hennes kötsliga kusin; ty Salig Konungen och hans mor voro endast syskon af samma far.

På samma tid afslöts handeln med Frankrike om skeppen, hvarom man på länge ej kunnat öfverenskomma; de skulle på första läglig tid vara i fullkomligt segelbart stånd och betalningen lyftas i Hamburg, Amsterdam eller Paris; svårighet uppkom om terminerne ty Riks-Kansleren påstod redbart mynt; Drottningen bestämde tvenne; den första trenne månader efter köpets afslutande och den andra trenne månader derefter.

Som Herr Chanut visste, att Riks-Kansleren var sträng i anseende till penningarnas öfversändning, hvilka han sjelf behöfde till uppköp af kanoner, kulor, master och tjära, talte han vid Drottningen, som utan svårighet beviljade hans anhållan och tillät att han vände sig till Riks-Kansleren likasom hon ännu icke medgifvit denna nåd samt för att begära hans förord. Riks-Kansleren lofvade, så snart han förklarat sin afsigt, att gynna hans begäran hos Drottningen. Herr Chanut glömde ej heller låta Riks-Kansleren se huru högt han vördade dess förtjenst och att han ej ville vinna något af Drottningen utan hans bemedling.

Grefve de Bregy, som värfvat troppar i Pohlen för Frankrike, skref till Herr Chanut att de skepp han köpt i Sverige skulle hämta dem i Danzig den 20 eller 30 April, men emedan de man året förut värfvat lidit mycket af brist på lifsmedel skickade han en förteckning på det som var nödvändigt för 6 veckor, enligt en Svensk Skepps-Kaptens råd. En svårighet uppkom hvarom Riks-Kansleren underrättade Herr Chanut. Då han ville anse såsom en tjenst af Frankrike åt Sverige, dess troppars öfverförande dit, frågade han om Konungen af Danmark visste af dessa troppars öfverförande annars kunde hinder uppkomma vid genomfarten i sundet; Sverige var genom Freds-Traktaten med Dannmark, förbundet att trenne veckor förut underrätta om troppars genomförande och ej mer än ett visst antal på en gång var tillåtet infinna sig i sundet.

Så länge Tyska Freden ej var afslutad, voro Drottningen och dess Ministrar kallsinnige för underhandling med Pohlen; men efter traktaten i Osnabrüg, talade man derom med mer uppmärksamhet. Drottningen yttrade, att hon var glad att se den afslutad innan tropparnas afskedande. Den försakelse Konungen af Pohlen gjorde af sina anspråk på Sverige voro väl någonting, men återlemnandet af Lifland som denne Prins fordrade, aflägsnade förslaget; Sverige hade ej lust dertill; man ärnade utsätta församlingsort, men det vägrade sända sina Ministrar till Frankfurt an der Oder och föreslog Hamburg eller Lübeck. Under denna villrådighet skref man ifrån Frankrike till Herr Chanut att han skulle undersöka om Grefve de Bregy vore angenäm för Sverige, såsom medlare i Deras Majestäters namn vid denna fred. Ehuru han tjent i Pohlen, visade Drottningen ingen ovilja för hans person och tillkännagaf, att hon hade ett fullkomligt förtroende till alla Konungens Ministrar.

Då man skref från Frankrike till Herr Chanut om Konungens beslut, att han skulle biträda Grefve de Bregy och erhålla egenskap af Ambassadör, anmälte han hos Stats-Seckreteraren Grefve de Brienne sina skäl att ej tjena i en högre egenskap än Resident, emedan han saknade tillräcklig styrka att bära Ambassadörs-värdigheten; Han upprätthöll med heder sitt Residentskap och använde dertill sina enskilta inkomster tillika med den lön han fick af Konungen; Ambassadörs-värdigheten skulle hindra honom sedan att emottaga flere andra befattningar hvilka kunde förskaffa honom en anständig utkomst i Deras Majestäters tjenst, och han begärde blott tillstånd att tillbringa sitt lif uti en belägenhet der han icke behöfde sörja för att öka sin förmögenhet eller besvära Hofvet med ansökningar om nåd och välgerningar.

Han fick sedan ett annat bref med befallning att uppköpa 4 andra skepp till förstärkande af Franska Flottan, 100 jernkanoner och 50,000 kulor; Herr du Quesne, Skepps-Kapten, skulle ankomma för att biträda i handeln, men tiden skyndade; man måste pröfva Kanonerna, utvälja kulorna, väga upp och föra dem ifrån Norrköping till Stockholm der de skulle i skeppen tjena till barlast. Då han såg att Herr du Quesnes närvaro ej skulle skaffa honom bättre pris, beslöt han uppgöra handeln med Louis de Geer, den enda köpman i Sverige, som hade tillstånd att sälja Ammunition och af hvilken Drottningen sjelf köpte den. Han lemnade honom äfven bättre köp än Hofvet, ty han hoppades att Herr Chanut hade redbart mynt i Hamburg.

Herr Chanut hade erhållit bref ifrån Grefve d'Avaux angående trenne månaders nödvändigt stillestånd. Då han nämnde detta för Drottningen, svarade hon att sakerna voro i den belägenhet att man ej mer borde tänka derpå, ty de Deputerade från ömse sidor vore åtskilljde och den enda svårighet som återstod till fredens afslutande hade hon uppdragit Herr d'Avaux att med sin vanliga försigtighet undanröja; detta var satisfaktionen för hennes milis. Som hon var beredd på detta ämne och rådfört sig med Fältmarskalken Torstenson, anförde hon tusen skäl, talade härom med värma och önskade häldre att Kronan blefve utan ersättning än hennes troppar missnöjde afskedades; hon ville ej ådraga sig samma skam som Konungarna af Dannmark och Pohlen, att afskeda soldaterna utan att betala dem: hennes förnämsta skäl var, att hon ville fästa Officerarnas och soldaternas tillgifvenhet så, att om hon i framtiden behöfde dem, de hellre skulle tjena henne än någon annan Furste. Då denna stora armé förblef oupplöst, var det icke mer ett föremål för öfverläggning, men en nödvändighet att förnöja den samma; vid ryktet om fred stod det icke i de Befälhafvandes makt att åtskilja den. Herr Chanut ville ej rakt sätta sig emot detta förslag; men sökte endast upptäcka på hvad sätt Hennes Majestät tänkte uppgöra ersättningen; han lyckades likväl ej, ty antingen var intet beslut fattadt eller ville hon dölja det; hon sade endast att Fältmarskalken Torstenson, sedan han noga tänkt derpå, ej kunnat afgöra någonting och endast gifvit det råd, att man skulle skicka till arméen för att underhandla med Fältmarskalken Wrangel och de andra Officerarna. Herr Chanut anhöll, att hon ej skulle öfverlemna denna ersättning åt Fältmarskalken Wrangels och Officerarnes godtycke då det angick deras egen fördel, samt att den ej måtte bli för omåttlig och föreskrifven af mot Freden illasinnade personer, men att hon skulle gifva sina Ambassadörer makt att vänligt öfverenskomma vid lämplig tid härom med Konungens Ministrar för att göra en begäran, som icke gjorde Freds-Traktaten omöjlig.

En annan svårighet var att öfvervinna hos Drottningen; den angick Hertigens af Bayern fördel hvartill Frankrike, som ville gynna denna Prins, sökte förmå henne; men hon fruktade att föröka hans makt, att han som gammal, vid sin död snart öfverlämnade Kejsaren förmynderskapet öfver sina barn och att de förmåner man skaffade Hertigen blefvo nya medel för Kejsaren att skada den gemensamm saken, han skulle gerna ha samtyckt dertill, om Kurförsten förklarat Konungen af Frankrike för sina barns Tuteur honoraire.

Drottningens Kröning utsattes sluteligen till Augusti månad detta år; man var förundrad att hon aflägsnade en högtidlighet som hon borde önska och trodde att det var för att undvika det af Ständerna framställdta giftermålsförslaget. Då Herr Chanut häröfver visade sin förundran yttrade hon att tiden skulle upplysa de skäl, som tvang henne till uppskof.

Den 20 Mars blef Grefve Magnus gift då omåttlighet i mat och dryck fortfor i fem hela dagar; denna skadade Herr Chanut mer än hela fastan. Under denna öfverdrift glömdes intet det landet kunde anskaffa till brölloppets prakt. Det var strid innom skranket och ringränning, hvarvid Hofvets ungdom gjorde underverk; ett pris var utsatt till 7 a 8000 R:dr, som de skickligaste eller lyckligaste erhöllo.

Herr Chanut, för att ej förlora tiden då han såg att denna fest hindrade Riks-Kansleren afsluta skeppshandeln, slöt köp med Louis de Geer om 100 jernkanoner och 50,000 kulor, skickade en af sitt folk att vara närvarande vid gjutningen och profskjutningen samt åtog sig att betala uppvägningen, ty vägarn gynnar alltid här den, som betalar, De Geer bad Herr Chanut att ej låta veta priset af fruktan att den vinst Konungen deraf drog skulle skada afsättningen för hans son i Holland; Herr Chanut lofvade att ej upptäcka det, antingen han ansåg det för sanning eller list af köpmännen.

Man förundrade sig att Riks-Kansleren och dess son visade så liten böjelse för freden; ty om de Franska Fullmäktige beklagade sig i Osnabrüg att sonen hade föga lust till fred, så förde man vid Svenska Hofvet samma klagan emot Riks-Kansleren dess far. Då Hertig Julii Henrics af Saxen Ambassadör ville glädja sig med honom öfver underhandlingens goda framgång, svarade han: att det ej ännu var tid dertill; han ansåg freden intet så nära som man inbillade sig.

Man beslöt ickedessmindre vid Hofvet skicka en ansedd person till Osnabrüg och derifrån till arméen med sista befallningen om milisens satisfaktion och om verkställandet af Freds-Traktaten. Herr Escken, som man valde till detta ändamål, skämdes ej att säga då han kom ifrån Fältmarskalken Torstenson der han varit innesluten med Riks-Kansleren, att man behöfde icke mindre än 20 millioner för att förnöja 20,000 man infanteri och 18000 Ryttare, alla Tyska med 11 de förnämsta Befälhafvarne. Då Herr Chanut blifvit underrättad om detta Herr Esckens förslag, talade han vid Drottningen härom såsom om en fabel och föreställde vigten af att Tysklands fred ej blef hindrad genom fordran af en ofantlig summa till tropparnas satisfaktion. Drottningen svarade, att hon skulle vara så billig i sitt påstående, att hennes Bundsförvanter icke lemnade skäl till klagomål och att dess fiender gerna skulle samtycka dertill, om de hade verklig håg för fred. På Herr Chanuts klagomål öfver långsamheten med Herr Esckens dépéche och att det syntes som hennes Ministrar med flit dröjde, svarade hon: att Instruktionen redan var uppsatt och att Herr Escken innan kort skulle afresa; man börde ej heller finna underligt att en sak af så stor vigt behandlades med långsamhet. Han dömde af detta svar och några andra omständigheter, att Svenska Rådet ej skyndade sig med Traktatens afslutande, betraktande antingen de fördelar tiden kunde medföra eller för att förblifva beväpnadt under det man försökte sluta fred med Pohlen: när de synbara orsakerna till uppskof blifvit undanröjde skulle man ej vägra att afsluta Traktaten.

Herr Rosenhane sade till Herr Chanut under lustbarheterna vid Grefve Magni bröllop: att Grefve Gustafson var ganska ond och trodde att han ensam hindrade, det man ej lemnade honom Biskops-Stiftet Osnabrüg; han visste att Grefve d'Avaux var hans vän och att nödvändigt ingen annan än han kunde sätta sig emot skadeståndet; när han sagt, att han skulle åtnöja sig med ersättning i penningar, var det blott ett vänskapligt förtroende som han ej borde uppenbara; Grefven skulle föröfrigt intet blifva känslolös för den förolämpning man gjort honom: stället der Herr Chanut var, tjenade honom till ursäkt att uppskjuta svaret, hvilket han dagen derpå skrifteligen skickade.

Nu talades om Traktaten med Hertigen af Bayern, och alla befallningar till de Svenska Plenipotentiairerne innehöllo, att med all makt afråda de Franska Ministrarna ifrån öfverenskommelse med denna Prins eller åtminstone hindra att förlikningen ej skadade arméen: man ogillade likväl icke att General Wrangel till en del ingått i Traktaten för att fullkomligt söndra Hertigen från Österrikiska Huset, och gifva honom lugn och säkerhet på de begge Kronornas sida.

Svenska Ministrarna gjorde sedan anspråk för Pfalz-Grefliga Huset och då Frankrikets Plenipotentiairer fruktade, att detta skulle hindra freden, beklagade sig Herr Chanut för Drottningen, som försäkrade att detta förslag var af skyldighet och utan afsigt att bryta underhandlingen. Han talade sluteligen om de ansökningar hennes Ministrar gjorde till Protestanternas förmån och nya anspråken på Biskops-Stiftet Hildesheim. Hon svarade, att Ministrarna voro anförtrodda i allmänhet att understödja Protestanternas påståenden, men icke göra dem till nödvändiga villkor för freden: då han anmärkte Grefve Gustafsons anspråk och den ifver hvarmed han talat om Osnabrüg, svarade hon, att man måste ställa i ordning de öfriga sakerna och att hon ej förde krig för att göra Biskoppar, hvilket var långt ifrån hennes böjelse.

Då Herr du Quesne, som väntades till Sverige för skeppshandeln ej ankom, fruktade man att någon olycka händt honom på vägen och som afsändningen af skeppen brådskade, satte man ut priset. Som de voro försedda endast med det som fordrades till segling i Östersjön men ej för Frankrikets haf, och dessutom återstod att köpa gjutne och Jernkanoner med lavetter till deras bestyckning, samt krut, kulor, vapen, segel, tåg, ankare, och flere andra saker hvilka kostade lika mycket som skeppen, måste upphandlingen deraf uppskjutas, emedan man ej dertill hade befallning.

Fastän de Svenska Fullmäktiga i Osnabrüg erhållit bestämd befallning att afsluta Traktaten, underhöllo de alltid stridigheter, afvaktande den sista befallningen ifrån Hofvet angående milisens satisfaktion och förläggning i anseende till Fredens verkställande; som Herr Chanut en dag yrkade hos Drottningen på Herr Esckens afsändande, svarade hon att allt om morgonen blifvit afgjordt i Rådet och att han genast skulle afresa till Osnabrüg och till arméen; hon skulle skrifva till alla Befälhafvarna och allt var så anordnadt, att det syntes att hon verkeligen ville ha fred, då hon ickedessmindre önskade och lofvade sig den innan kort, utfärdades likväl befallning om 20 skepp som skulle öfverföra 4000 man till Tyskland att förstärka Svenska arméen,

Sveriges Ständer, hvilka syntes sammankallade genom några af de mäktigaste för att granska styrelsen samt förbättra det de ej gillade, åtskiljdes på ett sätt tvert emot detta förslag och Drottningens makt blef än ytterligare befästad; ty oaktadt öfverläggningarna med Riks-Kansleren och Riks-Drotset Grefve Brahe, gjorde Drottningen hvad hon ville; Ständerna åtskiljdes med vördnadsbetygelser för dess person och stor tillfredsställelse med dess uppförande. Drottningen förr än de åtskiljdes lät säga dem genom Riks-Drotset, under sin Riks-Kanslers sjuklighet, att Hennes Majestät icke ville lemna svar på deras anhållan om hennes giftermål; hon tackade dem för den tillgifvenhet de visade för dess Hus och person och ägde för det närvarande ingen böjelse till äktenskap, men var likväl icke aflägsnad derifrån i anseende till Statens väl och dess undersåtares glädje; hon föreslog sin kusin Pfalz-Grefven och önskade veta om, i fall hon hänfördes af sin böjelse, de biföllo detta förslag; de Deputerade svarade, att denna Förstes person alltid skulle vara angenäm för Sverige, om Drottningen behagade utvälja honom till sin gemål.

English translation (my own):

At that time it was so cold that the ice prevented passage to the Belt, and it was said that the passage was very dangerous; and it is said that it was not known what had become of Lord Griesheim, ambassador of the Duke of Neuburg, and that perhaps he had been surprised in this strait by the ice that the wind was blowing there. The Chancellor, being present, said that there was nothing to fear and that he was too lightweight to sink to the bottom.

In an audience that Monsieur Chanut had with the Queen of Sweden, he apprehended that matters concerning the accommodation of Brandenburg had not yet been decided at Osnabrück; for, although the Queen was resolved to keep what her plenipotentiaries had agreed for peace with the Count d'Avaux, yet there was no resolution formed. She claimed that they absolutely persisted in asking for all of Pomerania, without stopping at the consent of the Elector.

It is true that the good success of the arms had made the Council of Sweden repent of having at the beginning given the alternative, either to take part of this province with the will of the Elector, or the whole without his consent; for the weakness of the Dane, the coldness of the States of the United Provinces for this elector, and the searches of Poland for peace made them believe that if they persisted in asking for all of Pomerania; and the Elector, not being able to claim any compensation from the Emperor, if he did not cede it, he would prefer to give his consent to the whole thing than to be robbed without reward.

But Monsieur Chanut was able to represent to her so skillfully the consequences she was committing herself to and that it was to be feared that the plausible advice given to her to increase her pretensions would have other ends, and that one would not want to keep her continually engaged in the war or, finally, make her disgusted with France, which was judged neither to be able nor to serve eternally the passions of others, in order to deprive her by this means of the certain support of the friendship of Their Majesties, which it was not impossible that she could not need during the course of her life and her affairs.

The nobility, having learned that the ecclesiastics had proposed in their assembly the marriage of the Queen, resolved to make the same prayers to her, but they wanted to confer beforehand with the Senate, where it was resolved that the proposal would be made to them without designating any party for her, and that she would only be begged to wish to join her wedding to her coronation to avoid expenses and relieve her subjects, who would be obliged to be at both ceremonies.

Finally there was news that the treaty had been signed and deposited in the hands of the Count d'Avaux, and even that the entire satisfaction of Sweden had been decided. Then those who hoped to delay the peace treaty could not help saying that the Swedish plenipotentiaries had lost all the advantages by their haste. Even the Chancellor had difficulty in keeping silent about this accommodation and said out loud that if he had attended it, he would never have left an inch of Pomeranian land, because the Elector did not deserve that Sweden should make him any grace; that the Emperor was in such a pitiful state that he could refuse nothing; that he was without strength, without means, and once again frightened by the threats made to him by the Grand Lord; and finally he concluded that since they had stopped him in Osnabrück and found him good in Stockholm, he had to suffer.

At the same time, Monsieur Chanut having gone to visit the Queen, she reproached him for his incredulity, because he had always pretended to doubt her inclinations towards peace and showed her indescribable satisfaction at seeing that things were so close to a good conclusion; that there were nevertheless still two or three things about which she was in difficulty and which pressed her hard, both out of duty and out of affection, which were not going to destroy the things decided upon.

The first, that the officers of her army, to whom she had given the enjoyment of some property in later Pomerania, had written to her to intervene with the Count d'Avaux to provide them with some compensation, because of the expenses they incurred to restore the value of the property.

The second, that she would have liked to be granted some small places of very little importance along the shore of the Oder to serve for the freedom of the river.

The third, that Landgrave Friedrich of Hesse, who had married her cousin, should be given some compensation for the property she had given him towards Thuringia, called Eichsfeld, which would undoubtedly be returned by peace.

Finally the ecclesiastics, who were assembled, either on their own initiative or at the urging of others, gave their opinion on the course that the Queen could take, while the senators deliberated on the proposal of marriage to respond to the nobility; but, not being able to find a passage in their Bible which defended the alliance against cousins, they said that it was against public honesty for the Queen to marry the Prince Palatine Karl, and that children were rarely seen coming out of such marriages — although, indeed, he was not entirely her first cousin, because the late King Gustav and his mother were only brother and sister on their father's side.

At the same time, the deal was concluded for the four vessels that France had been negotiating for so long, and which had not been agreed upon. It stated that they would be provided with all their equipment and equipment for navigation, that they would be kept ready in the first suitable time to set sail, and that they would be delivered to Dalarö, which is the mouth in the sea, eighteen leagues from Stockholm; that payment would be made in Hamburg, Amsterdam or Paris.

But the difficulty on the terms, because the Chancellor remained firm in asking for cash, and he postponed taking the will of the Queen until the first day, who agreed that the payments would be in two terms: the first, in three months from the day of the convention; and the other, three months later.

But as he knew the Chancellor was very strict in terms of discounts and that he needed them for the cannons, balls, masts and tars that he wanted to buy, he spoke about it to the Queen, who granted it to him without difficulty, and he begged her to think it would be good for him to speak about it to his Chancellor, as if she had not yet given him this favour, in order to ask his favour with her to obtain it. So much so that, having declared this plan to her, he promised to speak to the Queen about it and to encourage her request. It is true that he forgot nothing to make known to this chancellor, that he revered his merit, and that he did not claim to obtain things directly from the Queen without her intermediary.

It happened that the Count de Brégy, who had raised troops in Poland for France, was looking for the convenience of having them pass there; and, having given notice to Monsieur Chanut, he wrote to him that the ships that had been purchased in Sweden would go to collect them at Danzig, and that they would be there on the 20th or 30th of April. But, as the levies that had been made the previous year had suffered greatly, for lack of provisions in the ships, he sent him a memorandum of the quality and quantity of provisions that were necessary for six weeks.

Following the advice of the Swedish captains, he informed him of the port of each ship and of the two frigates, on which no more than fifteen hundred men with their crew could be placed; but a difficulty arose that Monsieur Chanut learned of from Chancellor Oxenstierna, because as he wanted to put into account as a service that France rendered to Sweden, the transport of these soldiers to France, he asked him if the King of Denmark knew it, because, not being warned, he could create some difficulty in the passage of the Sound, and that, in the peace treaty with Denmark, Sweden had obliged itself to give him notice of the passage of the troops three weeks before, which moreover had to go so that there would be in the strait only a certain number at a time.

As long as the hopes of peace in Germany had been remote, there had been coldness in the minds of the Queen and her ministers for the treaty of Poland; but, as by the treaty of Osnabrück this peace seemed concluded, the peace of Poland was spoken of with more attention, and the Queen testified that she would be very pleased if means were sought to make it before her troops were disbanded. The renunciation that the King of Poland offered to the claims that he had on Sweden was indeed something; but the restitution of Livonia, which this prince demanded, removed the proposal, because Sweden had made it so much its own that it testified that it did not wish to part with it, one did not however fail to write to Poland for the place of assembly. Sweden refused to be at Frankfurt on the Oder and proposed Hamburg or Lübeck.

Among these irresolutions, one wrote from France to Monsieur Chanut to learn whether the Count de Brégy would be agreeable to Sweden to serve as mediator of this peace in the name of Their Majesties. The Queen, although he had served in Poland, showed no distrust in his person and made it known that she had complete confidence in all the King's ministers.

But as it had been written from France to Monsieur Chanut that the King had decided to adjoin him to the Count de Brégy and to give him the quality of ambassador, he wrote to the Count de Brienne, secretary of State, the reasons he had for not serving in a higher capacity than that of resident, that he did not have sufficient strength to bear the quality of ambassador, that he supported himself with honour in the quality of resident, and used his domestic income there with the King's salary; that the quality of ambassador would prevent him from submitting then after to several others who could give him an honest livelihood in the service of Their Majesties, and that he only asked permission to spend his life in a condition which would relieve him of the care of increasing his property and of importuning the court by asking for favours and benefits.

He then received another letter, which ordered him, like the previous one, to purchase four more ships to fortify the naval army of France, one hundred iron cannons, and fifty thousand cannonballs, and that Monsieur du Quesne, captain of ships, would be sent to assist him in this purchase. But, seeing that time was pressing, because the cannons had to be tested, he chose all the buckles, weighed them and brought them from Norrköping to Stockholm to be loaded into the hold of the ships, where they would serve from the east. And, judging also that the presence of the said lord of Quesne would not give him a better deal for it, because he had obtained all the good money that could be found, he resolved to make the price with Louis de Geer, the only merchant in Sweden who had permission to sell them, and from whom the Queen herself bought them, he made him a better deal than at court, because he hoped that Monsieur Chanut had ready money in Hamburg.

But Monsieur Chanut having received a letter from the Count of Avaux for a two-month truce that he judged necessary on the overture that he made to the Queen, she told him that things were no longer in a state to think about it, because the deputies on both sides had withdrawn, and that the only thing that remained to be concluded for peace, and where there was some difficulty, and on which she implored Monsieur d'Avaux to work with the same prudence with which he had settled the greatest differences was the satisfaction of his militia.

And, as she was prepared on this subject, having conferred a few days before with Marshal Torstensson, she brought him a thousand reasons and dwelt on it with affection, testifying to him that this point touched her in such a way that she would rather the Crown had no satisfaction, than to disband her army without satisfaction; that she did not want to incur the blame that the kings of Denmark and Poland had recently received for having disarmed without having paid the soldiers; and her principal reason was that she wanted to engage all the officers and soldiers in affection towards her, so that if in the future she had need of them, they would serve her rather than any other prince.

That, this great body remaining united, it was no longer a matter of deliberation; but of necessity to satisfy it, and that then on the noise of peace, it was not even in the power of the leaders to separate it. Monsieur Chanut did not wish to oppose this proposition directly, he only tried to discover what Her Majesty was making this satisfaction rise in her mind; but he could not succeed, because either she had not yet decided anything on the subject, or she did not wish to make it understood, she told him that Marshal Torstensson, after having thought about it carefully, had not been able to determine anything for this, that he was only of the opinion of sending to the army to negotiate with Marshal Wrangel and the other officers.

Monsieur Chanut replied that he begged her not to leave this satisfaction to the arbitration of Marshal Wrangel, nor of the officers of the army, as it was in their interest, and that she take care that this satisfaction was not too excessive and dictated by some people not very fond of peace, but that she give power to her ambassadors to agree civilly, and according to the conditions of the time with the ministers of the King, to make a request which did not reduce the peace treaty to impossibility.

There was yet another difficulty to be overcome in the mind of the Queen, which affected the interests of the Duke of Bavaria. France, who wished to favour this prince, tried to bring the Queen there, but in general she feared the aggrandisement of this prince; and that being old, and coming to die, he would not place the guardianship of his children in the hands of the Emperor, and that thus the advantages which would be procured for him would not be new means for the Emperor to harm the common cause, and she would have willingly consented to it if the Elector could have been induced to declare the King of France honourary guardian of his children. 

Finally, the Queen's coronation was resolved for the month of August of the current year, and everyone was surprised that the Queen should put off so much this ceremony which she must have desired. It was believed, to evade that it was the proposal of her marriage, on which the Estates had remonstrated with her, that it pleased her to want to think about it. Monsieur Chanut testifying surprise to her, she told him that time would enlighten her of the reasons which made her delay it.

On March 20, Count Magnus was married, and there was a debauchery for five whole days; this good cheer was to Monsieur Chanut a mortification harsher than all those of Lent, but among this debauchery nothing was forgotten that the country could provide for the magnificence of these weddings. There was a fight at the barrier and a ring race, where the youth of the court did wonders. A prize of seven to eight thousand écus was offered, which the most skillful or the luckiest won.

Monsieur Chanut, in order not to lose time, seeing that this celebration would prevent the Chancellor from finishing the affair of the ships, concluded the deal he had made with Louis de Geer for a hundred iron cannons and fifty thousand cannonballs, and sent one of his men to be present at the casting and the tests, and even undertook to pay the weight, because the weigher always has an inclination for the one who pays him; and de Geer having asked him not to make known the bargain he had made with him, for fear that the good account which the King drew from it might harm the business which his son was doing in Holland, he promised him not to divulge it, whether he doubted whether it was truth or a merchant's artifice.

People were surprised at that time that Chancellor Oxenstierna and his son showed so little inclination for peace, because, if the plenipotentiaries of France complained at Osnabrück that the son had little disposition for peace, the same complaints were made in Sweden against the Chancellor, his father. The ambassador of Duke Julius Heinrich of Saxony wanted to rejoice with him at the good success of the treaty, but he replied that it was not yet time to compliment him on this subject and that he did not see that peace was as close as one imagined.

It was nevertheless resolved at court to send a person of credence to Osnabrück and from there to the army to bring the final orders on the point of the satisfaction of the militia and of what should be observed by the army in execution of the peace treaty, Lord Erskein, who was chosen for this purpose, was not ashamed to say on leaving the lodgings of Marshal Torstensson, where he had been shut up with the Chancellor, that, to satisfy twenty thousand footmen and eighteen thousand horses, all Germans, with eleven principal leaders, no less than twenty million riksdalers were needed.

Monsieur Chanut having learned of this proposition from Lord Erskein, he spoke of it to the Queen as if it were a fable and reminded her how important it was that the peace of Germany should not be hindered by the sole demand for an excessive sum for the satisfaction of the militia, to which the Queen replied that she would bring so much moderation to this demand that her allies would not be able to complain and that the enemies would willingly consent to it if they had a real desire for peace.

But, on the complaint that Monsieur Chanut made to her about the lengths that were being taken with Lord Erskein's dispatch and that it clearly appeared that his people were acting with an affected slowness, she replied to him that his instructions were drawn up and that he would leave shortly, but that it should not be found strange that a matter of such great weight should proceed with so much slowness.

This answer and some other circumstances made him judge that the Council of Sweden was not of the opinion to hurry to conclude the treaty, either because it cast its eyes on the advantages that time could bring, or because it wished to remain armed while an attempt was made to make peace with Poland, and that when the apparent causes of the delays were consumed, it would doubtless not refuse to conclude this treaty.

Lord Rosenhane having approached Monsieur Chanut during the festivities of the wedding of Count Magnus, he told him that Count Gustafsson was very angry because he believed that he alone prevented them from leaving him the bishopric of Osnabrück, that he knew that the Count d'Avaux was his friend, and that by necessity he could only be an obstacle to his satisfaction; that, moreover, when he had told him that he would be satisfied with compensation in money, it was only a trust of friendship, the secret of which he should not have divulged, and that he would not remain insensible to the insult that he was doing him. The place where Monsieur Chanut was was used as an excuse for him to delay his answer, and the next day he sent it to him in writing.

Then the treaty of the Duke of Bavaria was brought up again, and all the orders that were sent to the plenipotentiaries of Sweden were only to dissuade with all their power the ministers of France from agreeing on anything with this prince, or in any case to ensure that this arrangement did not turn to the detriment of the army. However, it was not disapproved that General Wrangel had entered into this treaty to completely detach the Duke of Bavaria from the House of Austria, giving him peace and assurance on the side of the two Crowns.

The ministers of Sweden then made a plea for the Palatine House, and, the plenipotentiaries of France, fearing that this would stop the peace treaty, Monsieur Chanut complained to the Queen, who assured him that this proposal was made out of duty and not with the intention that these difficulties would break the treaty.

He also spoke to her about the solicitations that his people were making in favour of the Protestants; and about the new claim of the bishopric of Hildesheim, she replied that they were only responsible for supporting the demands of the Protestants in general and not for making them a necessary condition for peace. But, having proposed to him the claims of Count Gustafsson, and the warmth with which he had spoken to her for the bishopric of Osnabrück, she replied that it was necessary to adjust the rest of the affairs, that she was not resolved to make war to make bishops, and that that was very far from her inclination.

[In the meantime, Monsieur du Quesne, who was expected in Sweden for the purchase of the four ships, did not come, it was feared that some misfortune had happened to him on the roads; and as the purchase and shipment of the said ships was urgent, the price was paid; but because there were only rigging in these ships that is used for the navigation of the Baltic Sea, which was not sufficient for the seas of France, and that besides that it still remained to buy the cast iron and iron cannon with the carriages to mount the said ships, the powder, the cannon balls, the weapons, the sails, the cables, and other ropes, the anchors and several other things with which they had to be provided and which cost as much as the ships, it was necessary to postpone the conclusion, because he did not have the order to deal with it.

Although the precise orders had been sent to the Swedish plenipotentiaries at Osnabrück to complete the conclusion of the treaty, they still maintained the disputes, awaiting the last orders from the court for the satisfaction of the militia and the disposition of the troops in execution of the peace, and as Monsieur Chanut pressed the Queen one day on the expedition of Lord Erskein, she told him that everything had been resolved in the morning in the Senate, that he would leave immediately to go to Osnabrück and from there to the army, where she would write to all the leaders, and that all things were arranged so that it appeared that she wanted peace.

However, although she wished for it and promised herself to have it in a short time, she was not left to give orders to the crew of twenty ships, which were to carry four thousand foot soldiers to Germany for the recruitment of the Swedish army.

The Estates of the Kingdom of Sweden, which seemed to have been summoned by some of the most powerful, only to touch the government and reform what did not please them, had an end contrary to this project; and the Queen's authority was extremely strengthened there, because, in spite of the conferences of the Chancellor and of Count Brahe, Steward, the Queen did what she wanted. The assembly separated with great testimonies of veneration for her person and great satisfaction with her conduct.

The Queen, before they separated, sent word to them by Count Brahe, Steward, in the absence of his Chancellor, who was indisposed, that Her Majesty did not wish to leave unanswered the supplications they had made to her to think of marrying, that she thanked them for the affection they showed to her House and to her person, that, having at present no inclination to marriage, she was nevertheless not far from taking her for the good of the State and the contentment of her subjects, and she proposed to them the Prince Palatine, her cousin, to know from them if his inclination leading him to it they would agree to this proposal; to which the deputies replied that Sweden would always be agreeable to the person of this prince if it pleased the Queen to choose him for her husband.]

Notes: Lord Griesheim = Heinrich Christoph von Griesheim, Polish chamberlain.

Danzig is the German name for what is now the Polish city of Gdańsk.

Count Magnus Gabriel de la Gardie married Kristina's cousin and former foster sister Marie Euphrosyne on March 10/20 (Old Style), 1647.

Kristina noted in her/his/their written comments that the Estates could not be called together by anyone other than herself/himself/themself.

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