Source:
Christine de Suède, article written by Arvède Barine for Revue des deux mondes, pages 783 to 791, 1888
The account:
Christine naquit à Stockholm, le 8 décembre 1626, de Gustave-Adolphe et de Marie-Éléonore, fille de l'électeur de Brandebourg. On voulait un prince, et les astrologues l'avaient promis. Les songes avaient confirmé l'arrêt des astres. Quand l'enfant vint au monde, il parut bien que les étoiles et les puissances mystérieuses qui envoient les rêves ne s'étaient trompées qu'à demi, et que la nature avait réellement essayé de faire un garçon. Le nouveau-né était si velu, si noir, il avait la voix si rude et si forte, qu'on crut avoir un prince. Ce n'était par malheur qu'un garçon manqué, et qui resta tel toute sa vie, Gustave-Adolphe se consola vite, mais la reine sa femme prit cette petite taupe en horreur. Elle ne pouvait lui pardonner d'être une fille, et un laideron par-dessus le marché. Christine insinue dans son autobiographie que l'aversion de sa mère contribua à multiplier les accidens autour de son berceau, et que c'est miracle si elle en fut quitte pour une épaule plus haute que l'autre. Dans tout ce que nous savons de Marie-Éléonore, rien n'autorise un pareil soupçon.
La reine était extravagante et pleurnicheuse; ce n'était pas une méchante femme. Gustave-Adolphe la définissait une personne «sans conseil,» et le mot était juste: elle n'avait pas l'ombre de ses commun. Son époux en était néanmoins très amoureux, et lui passait volontiers son ineptie et ses éternelles scènes de larmes, parce qu'elle était belle et «d'une humeur fort douce.» Il l'aimait de la manière un peu hautaine dont les hommes d'esprit aiment les sottes, se plaisant à la voir parée et ne lui parlant de rien. Il avait raison, puisque la reine l'adorait et était parfaitement contente de son lot. Elle vivait entourée de nains, de bouffons et de gens de peu, occupée de recettes pour conserver son teint, à l'écart de tout, ignorant tout, livrée aux basses intrigues de ses domestiques. Avec ses superstitions, ses idées d'un autre temps, sa cour barbare de monstres et de parasites, elle représentait le moyen âge à la cour de Suède, au XVIIe siècle, et sous Gustave-Adolphe. Sa douceur ne permet guère de croire qu'elle ait essayé de tuer ou d'estropier sa fille, pour la punir de ne pas être un fils; mais elle fut une mère déplorable, dont il est juste de tenir compte à Christine. Celle-ci lui dut ses plus gros défauts, et aucune qualité. Tout ce qu'elle eut de bon lui vint de son père.
Gustave-Adolphe a laissé un souvenir lumineux. Il était tout à fait le Héros, tel que le conçoit le peuple. Rien ne lui a manqué de ce qui frappe les imaginations. Il sortait d'un Nord lontain et encore mystérieux, qu'on se représentait hérissé de glaces et perdu dans la nuit; trente ans plus tard, Huet et Naudé, arrivant en Suède, s'étonnaient naïvement d'y voir des fleurs, du soleil et des cerises. Le roi lui-même paraissait une évocation de la mythologie scandinave. L'empereur Ferdinand l'appelait «le roi de neige», et ce surnom lui seyait à merveille. C'était un géant blond, à la barbe d'or, au teint blanc et fleuri, dont les yeux gris lançaient des éclairs. Il était prompt à la colère, terrible dans le combat, doux dans la paix et la possession de lui-même; il était alors le bon géant qui rit de tout. Comme les Ases, compagnons d'Odin, il aimait à boire avec les braves et à donner de grands coups aux jours de combat. Plusieurs historiens du temps l'ont blâmé de faire le soldat; ce n'était plus guère l'usage pour les souverains et les chefs d'armées. Christine le défendait chaudement. «La mode d'être héros à bon marché», écrivait-elle, «et à force d'être poltron, n'avait pas encore commencé. A présent, on n'est plus héros qu'à proportion qu'on est grand poltron.» Raisonnables ou non, les charges formidables de Gustave-Adolphe sur le champ de bataille le paraient aux yeux de la foule d'une auréole singulièrement brillante.
Ses mœurs d'ancien preux étaient associées au goût des lettres. Il parlait plusieurs langues et se faisait suivre au camp d'une bibliothèque de choix. Il avait médité sur les choses humaines, sur l'ambition, la passion de la gloire, le génie des batailles, le sort des peuples, et il avait conclu qu'il était un fléau pour la Suède, que tous les grands rois sont des fléaux pour leurs peuples et tous les grands hommes des fléaux pour quelqu'un. «Dieu», disait-il, «ne s'éloigne jamais de la médiocrité, pour passer aux choses extrêmes, sans châtier quelqu'un. C'est un coup d'amour envers les peuples quand il ne donne aux rois que des âmes ordinaires.» Il est vrai, continuait-il, que les princes médiocres attirent par cela même des maux à leurs sujets. «Mais ces maux sont bien légers, ils ne peuvent être en aucune considération, si on les compare à ceux que produisent les humeurs d'un grand roi. Cette passion extrême qu'il a pour la gloire, lui faisant perdre tout repos, l'oblige nécessairement à l'ôter à ses sujets. C'est un torrent qui désole les lieux par où il passe.» Pour lui, Dieu l'avait envoyé gagner des batailles dans un moment de colère contre la Suède, et il plaignait la Suède, sans admettre toutefois que le ciel pût se dédire: si la victoire hésitait, il descendait de cheval, se mettait à genoux et appelait à haute voix le «Dieu des armées.» Ce Dieu lui prouva qu'il s'intéressait à lui, en l'enlevant dans la splendeur de la force et de la jeunesse, au milieu d'une bataille gagnée. Il quitta la scène du monde en héros, comme il y était entré, laissant l'Europe étourdie du bruit de son génie et de ses vertus. Sa fille Christine lui ressemblait par l'intelligence. Elle eut aussi son amour de la gloire, mais sans savoir distinguer la vraie de la fausse.
Elle n'avait pas tout à fait six ans lorsque son père fut tué à Lützen, le 6 novembre 1632. Les questions de régence et de tutelle avaient été réglées d'avance par Gustave-Adolphe. Il avait ordonné premièrement, sur toutes choses, de ne laisser la reine sa femme se mêler de rien, pas plus de l'éducation de sa fille que des affaires de l'état. Il ne pouvait penser sans terreur à ce qui se passerait si Marie-Éléonore avait le droit d'exprimer des volontés, et il avait recommandé à tout le monde de l'exclure de tout. C'était inscrit sur les registres du sénat, c'était dit dans les instructions au chancelier Oxenstiern. Le roi y était revenu dans ses lettres, pendant la campagne. Au moment de livrer bataille à Lützen, il en écrivait encore à son ministre. Rarement époux amoureux vit aussi clairement la bêtise de sa femme.
Il avait placé Christine sous la tutelle du conseil de régence. Le sénat et les états devaient aussi s'intéresser à cette éducation, et tous ensemble travailler à ce qu'une petite fille très maligne devînt un grand prince, car le roi avait recommandé de l'élever en garçon. Lui-même y avait pourvu en lui nommant un gouverneur, dont Christine vieillie persistait à trouver le choix très heureux. «Il avait été», dit-elle, «de tous les plaisirs du roi, confident de ses amours et compagnon de toutes ses courses et débauches... Ce gentilhomme était excellent en tous les exercices, homme de cour, mais il était fort ignorant; de plus, fort colère et emporté; fort adonné aux femmes et au vin dans sa jeunesse; et ses vices ne l'ont pas quitté jusqu'à la mort, quoiqu'il se fût fort modéré.» Ce modèle des gouverneurs de princesses était secondé par un sous-gouverneur égalemant ivrogne, et par un précepteur, docteur en théologie, l'honnête Jean Matthiæ. Le chancelier Oxenstiern avait la haute main sur le palais. Par malheur pour Christine, il était retenu en Allemagne lors de la mort de son maître. Les autres régens n'osèrent pas tenir tête à la veuve de Gustave-Adolphe, et Marie-Éléonore eut le temps de faire des siennes. Il ne dépendit pas d'elle que sa fille ne devint folle.
La perte d'un époux était une trop belle occasion de pleurer pour qu'elle n'en profitât pas avec éclat. Elle résolut de se signaler par une douleur dont il serait parlé dans le monde. Ce furent des déluges et des hauts cris, le jour et la nuit, pendant des semaines, des mois, des années. Elle avait fait tendre son appartement de noir, du plancher au plafond, boucher les fenêtres avec des draperies noires, de manière «qu'on n'y voyait goutte,» et elle pleurait, pleurait, pleurait, à la lueur de flambeaux de cire. Une fois le jour, elle allait «visiter» une boîte en or, suspendue au chevet de son lit et où elle avait placé le cœur de son époux, et elle pleurait sur la boîte. A d'autres momens, c'étaient de grandes lamentations qui résonnaient lugubrement parmi det appareil funèbre. Si la reine n'avait enfermé avec elle que ses nains et ses bouffons, on ne s'en serait pas mis en peine; c'était leur affaire; mais elle s'était emparée de Christine, qu'elle gardait à vue et couchait dans son lit, afin de la faire pleurer avec elle, crier avec elle, et de passer leur vie ensemble dans le noir. Elle poussait des hurlemens dès qu'on faisait mine de lui ôter sa fille. Les régens hésitaient, se consultaient, et cependant le temps volait. Le retour d'Oxenstiern délivra Christine. Le chancelier se hâta d'écarter Marie-Éléonore, qui fut larmoyer dans un de ses châteaux, et dont le nom ne reparaît plus désormais que de loin en loin, accompagné d'une mention de ce genre: la reine pleura plusieurs heures;.. la reine pleura toute la nuit;.. la reine ne pouvait s'arrêter de pleurer...
Christine avait subi trois ans le cauchemar de la chambre noire, de la boîte d'or et des crises de sanglots à heure fixe. C'était trop pour une enfant nerveuse. Marie-Éléonore est responsable d'une part des excentricités de sa fille.
Les régens, le sénat et les états purent enfin s'appliquer librement à leur grande œuvre et donner le rare exemple d'un monarque élevé directement par son peuple, selon des programmes discutés par le peuple et en vue de gouverner un jour selon les idées du peuple. Christine eut pour précepteur la nation entière, puisque les états de Suède comptaient un quatrième ordre, l'ordre des paysans. Pour achever de rendre le cas singulier, la Suède était à cette époque assez arriérée, et cette nation d'illettrés se trouva brûlée d'une foi qui n'a jamais été égalée, même de nos jours, dans la vertu toute-puissante, mystique et magique, de l'instruction. Pendant dix années, la Suède vécut dans l'attente et l'angoisse des progrès de sa souveraine en thème latin et en mathématiques. Le bruit de ses succès d'écolière se répandait jusqu'au fond du royaume «et y évaillait», a dit un historien [Grauert], «les plus joyeuses espérances pour le bonheur futur du pays.» La reine apprenait le grec: c'était de l'allégresse. Elle lisait Thucydide: c'était du ravissement. Les étrangers la traitaient de petite savante: c'était un bonheur public.
On a conservé quelques-uns des devoirs de Christine et on en a imprimé une collection. Les compositions françaises ressemblent à celles qu'on fait de nos jours dans les pensions de demoiselles. Il y en a une sur la Patience et une sur la Constance. Une troisième, en forme de lettre, contient des condoléances à une dame, sur la mort de son mari. L'élève Christine avait voulu y mettre de belles idées et s'était embrouillée: «Il faut penser», disait-elle, «que, comme il est impossible à un prisonnier de ne quitter pas avec profit sa prison ici, de même les âmes qui sont en ce monde comme en prison ressentent par cette évasion premièrement le contentement d'une vie libre de regrets et de soupirs: et ainsi la mort est l'assurance d'une heureuse vie.» Christine avait seize ans quand elle composait ces chefs-d'œuvre, que des admirateurs imprudens ont transmis à la postérité. Les mêmes enthousiastes s'extasiaient sur ses thèmes latins, qu'ils déclaraient remplis «d'élégances.» J'ose y trouver du latin de cuisine, et j'ose ajouter que cela était tout à fait indifférent pour la prospérité du royaume.
Le gouvernement n'était nullement de cet avis. Il pensait exactement le contraire. Que deviendrait la Suède si la reine faisait des solécismes? On accumulait les précautions pour éviter un si grand malheur. Le bon Matthiæ était obligé de rendre compte de ses leçons. La régence savait que, le 26 février 1639, la reine avait commencé les Dialogues français de Samuel Bernard; que, le 30 mars, elle avait appris par cœur le discours de Caton, dans Salluste, et, le 6 avril, le discours de Catilina à ses soldats; qu'elle étudiait l'astronomie dans un auteur du XIIIe siècle, incapable de lui donner des opinions hérétiques sur le mouvement de la terre; qu'en histoire, elle avait débuté par le Pentateuque, auquel avait succédé une Guerre de Thèbes, et qu'elle lisait très assidûment un vieux livre suédois, recommandé par Gustave-Adolphe, où l'art de gouverner était réduit en maximes. Une commission de sénateurs s'assurait avec diligence que les leçons étaient bien sues et faisait passer des examens à la reine. Les états votaient des instructions «sur la manière dont Sa Majesté pourrait être le mieux élevée et instruite», et profitaient de l'occasion pour inviter les régens à ne point donner à Sa Majesté des idées «préjudiciables à la liberté et aux circonstances des états et des sujets du royaume.»
Jamais élève ne fut soumis à un entraînement plus vigoureux, et jamais élève n'en eut moins besoin. La petite reine avait une facilité remarquable et une ardeur passionnée. Elle voulait tout savoir et comprenait tout. Elle en oubliait le boire et le manquer, se privait de sommeil pour travailler, mettait enfin sa tête à une terrible épreuve. Christine n'eut vraiment pas de chance en éducation. Au sortir de l'horrible chambre noire de sa mère, elle tomba sur de fort honnêtes gens, qui crurent leur devoir intéressé à en faire un phénomène, et qui réussirent, pour comble de malheur. Personne ne s'avisa qu'une petite fille a besoin de jouer à la poupée. Moins elle était enfant, plus on se réjouissait. Jamais une détente, un repos. D'un bout de l'année à l'autre, un travail forcené, haletant, coupé par des exercices de corps violens et excessifs. Elle ne grandissait pas, avait le sang de feu et manqua mourir plusieurs fois; mais elle savait huit langues, en remontrait à son professeur de grec, parlait sur la philosophie et avait une opinion sur les femmes. C'était réellement une petite savante, et, comme elle avait gardé l'esprit très vif, pétillant de malice, qu'elle avait des mots d'une drôlerie impayable, on fut longtemps à s'apercevoir qu'on avait forcé le ressort, déjà un peu faussé par les absurdités de Marie-Éléonore. La Suède admira sans défiance son aimable princesse et se complut dans son œuvre.
Que pouvait-on lui souhaiter qu'elle n'eût point? Elle savait par cœur le catéchisme luthérien et citait des versets comme un évêque. On avait rêvé d'en faire un garçon: elle avait dépassé le but. Elle était ébouriffée, elle avait les mains sales, les vêtemens en désordre, elle jurait et sacrait comme un mousquetaire, mais elle montait divinenent à cheval, tuait un lièvre d'une balle, couchait sur la dure, et méprisait profondément les femmes, les idées de femmes, les travaux de femmes, les conversations de femmes. Quand elle passait au galop, libre et hardie, en chapeau d'homme et justaucorps, les cheveux au vent et le visage hâlé, la Suède n'était pas encore sûre d'avoir un prince, elle n'était plus sûre d'avoir une princesse. Sa figure d'adolescent aidait à l'illusion. Christine avait les traits accentués, le nez fort et busqué, la lèvre inférieure un peu pendante, de grands beaux yeux bleu clair où passaient des flammes. Elle avait aussi une voix d'homme, qui s'adoucissait aux occasions. De taille, elle était petite et de travers, mais avec une aisance, des mouvemens lestes qui en faisaient le plus joli gamin du monde. Le peuple en raffolait. Ni les «cinq grands vieillards», ainsi qu'elle appelait les régens, ni l'honnête Matthiæ, ni le gouverneur ivrogne, ni l'aumônier de la cour, ni aucun de tous ces hommes de cour, d'épée, de robe et de science qui l'entouraient du matin au soir, ne soupçonnèrent le volcan caché sous la gaminerie. Ils auraient frémi d'horreur s'ils avaient pu lire les aveux de l'Autobiographie.
Dans ce morceau précieux, bien qu'inachevé, Christine se dresse à elle-même un autel. C'était l'usage du temps. Le goût était aux portraits, et l'on disait au public, avec une entière candeur, le bien et le mal qu'on pensait de soi, sans craindre d'appuyer un peu plus sur le bien que sur le mal. Il y avait au fond moins d'orgueil, il y avait surtout un orgueil plus innocent à s'embellir ainsi aux yeux de la foule, qu'à lui jeter ses vices au visage, selon l'exemple donné depuis par Rousseau. On ne peut reprocher à Christine que d'avoir légèrement abusé du droit reconnu par les mœurs de faire valoir les beautés du modèle.
Elle s'étend avec un sérieux qu'on n'oserait plus avoir de nos jours, ou du moins étaler, sur son cœur «grand et noble dès qu'il se sentit», son âme «de la même trempe» et «tant de beaux talens» qui la désignaient à l'admiration du monde. Passant ensuite aux défauts, selon la poétique du genre, elle s'en accorde d'abord de très royaux, convenables à son rang et ne rabaissait point une créature supérieure. «J'étais méfiante», dit-elle, «soupçonneuse, de plus ambitieuse jusqu'à l'excès. J'étais colère et emportée, superbe et impatiente, méprisante et railleuse.» Jusqu'ici, tout va bien; mais elle ajoute quelques lignes plus bas: «De plus, j'étais incrédule et peu dévote, et mon tempérament impétueux ne m'a pas donné moins de penchant à l'amour que pour l'ambition.» Elle proteste que Dieu, qui ne paraît pas s'être préoccupé de son incrédulité, l'a toujours préservée des chutes auxquelles l'avait destinée la nature: «Quelque proche que j'aie été du précipice», s'écrie-t-elle, «Votre puissante main m'en a retirée.» Elle n'ignore pas que la médisance l'a «noircie», et elle s'accuse à ce sujet «d'avoir trop méprisé les bienséances de son sexe», ce qui l'a fait paraître souvent plus «criminelle» qu'elle ne l'était. Elle confesse qu'elle a eu tort, mais elle ne peut s'empêcher d'ajouter que, si c'était à refaire, elle se moquerait encore davantage des bienséances: «Je suis... persuadée que j'aurais mieux fait de m'en émanciper tout à fait, et c'est l'unique faiblesse dont je m'accuse; car, n'étant pas née pour m'y assujettir, je devais me mettre entièrement en liberté là-dessus, comme ma condition et mon humeur l'exigeaient.» Cette dernière boutade la peint.
Les sujets très luthériens et très religieux de Christine croyaient encore plus fermement à la main divine qui retire les jeunes imprudentes du précipice que n'y croyait une princesse «incrédule et peu dévote.» Néanmoins, s'ils avaient su à quel point de bras irrésistible était nécessaire pour soutenir et sauver leur petite reine, ils auraient été épouvantés. Leur vin, leurs jurons, leur grossièreté de demi-barbares s'alliaient à la gravité d'esprit que donne la religion protestante sérieusement pratiquée. Ils mettaient Dieu de part dans tous leurs actes, de manière qu'ils le sentaient sans cesse à leurs côtés, prêt à aider, prêt aussi à anéantir. Lorsque Gustave-Adolphe fit ses adieux aux états avant de s'embarquer pour l'Allemagne, ils chantèrent ensemble le Psaume: «Rassasie-nous le matin de ta grâce,.. nous serons joyeux tout le jour.» Ces gens-là prenaient la vie au sérieux. Christine n'y vit qu'une mascarade. C'est pourquoi ils ne purent s'entendre longtemps, malgré l'esprit, le charme, le courage et la science de cette fille extraordinaire. Il manquait à la souveraine un seul don: le sens moral, et elle était tombée sur un peuple qui se serait plutôt passé de tous les autres.
A dix-huit ans, les états la déclarèrent majeure, et la régence lui remit le pouvoir. On allait voir à l'épreuve ce que valait le parlementarisme appliqué à l'éducation d'une jeune fille.
Swedish translation (my own):
Kristina föddes i Stockholm den 8 december 1626 av Gustav Adolf och Maria Eleonora, dotter till kurfursten av Brandenburg. De ville ha en prins, och astrologerna hade lovat honom. Drömmarna hade bekräftat att stjärnorna stannade. När barnet kom till världen verkade det som om stjärnorna och de mystiska krafterna som skickar drömmar bara hade varit halvfel och att naturen verkligen hade försökt göra en pojke. Den nyfödde var så luden, så svart, rösten var så grov och så hög, att man trodde att man hade en prins. Tyvärr var det bara en pojkflicka, och som förblev sådan hela livet. Gustav Adolf blev snabbt tröstad, men drottningen, hans maka, blev förfärad över denna lilla mullvad. Hon kunde inte förlåta henne för att hon var en flicka, och en ful sådan. Kristina insinuerar i sin självbiografi att hennes mammas motvilja bidrog till att olyckorna runt hennes vagga ökade, och att det var ett mirakel att hon fick en axel högre än den andra. I allt vi vet om Maria Eleonora finns det inget som berättigar en sådan misstanke.
Drottningen var extravagant och snörvlande; hon var ingen dålig kvinna. Gustav Adolf definierade henne som en person »utan råd«, och ordet stämde: hon hade inte en skugga av sunt förnuft. Hennes man var ändå väldigt kär i henne och lade villigt bort hennes oduglighet och hennes eviga scener av tårar eftersom hon var vacker och »med ett mycket söt humör«. Han älskade henne på det något högmodiga sätt som intelligenta män älskar dumma kvinnor, som njuter av att se henne utsmyckad och prata med henne om ingenting. Han hade rätt, för drottningen avgudade honom och var helt nöjd med sitt öde. Hon levde omgiven av dvärgar, buffoner och låga människor, upptagen av recept för att bevara sin hy, isolerad från allt, okunnig om allt, levererad till sina tjänares klandervärda intriger. Med sin vidskepelse, sina idéer från en annan tid, sitt barbariska hov av monster och parasiter, representerade hon medeltiden vid det svenska hovet, på 1600-talet och under Gustav Adolf. Hennes mildhet tillåter oss knappast att tro att hon försökte döda eller förlama sin dotter, för att straffa henne för att hon inte var en son; men hon var en bedrövlig mor, för vilken det är rättvist att ta hänsyn till Kristina. Hon är skyldig henne sina största fel och ingen kvalitet. Allt gott hon hade kom från sin far.
Gustav Adolf lämnade ett lysande minne. Han var ganska hjälten, som folket föreställer honom. Han saknade inget som slår fantasin. Han kom från ett avlägset och fortfarande mystiskt Nord, som vi föreställde oss strös med is och förlorade i natten; trettio år senare blev Huet och Naudé, som anlände till Sverige, naivt överraskade över att se blommor, sol och körsbär där. Konungen själv verkade vara en frammaning av skandinavisk mytologi. Kejsar Ferdinand kallade honom »snökungen«, och detta smeknamn passade honom underbart. Han var en blond jätte, med ett gyllene skägg, en vit och blommig hy, vars grå ögon blixtrade av blixtar. Han var snabb till vrede, fruktansvärd i strid, mild i frid och självbesittning; han var då den gode jätten som skrattar åt allt. Liksom asagudarna, Odens följeslagare, älskade han att dricka med de modiga och att ge stora slag under stridens dagar. Flera dåtidens historiker anklagade honom för att han spelade soldaten; detta var inte längre praxis för suveräner och arméledare. Kristina försvarade honom varmt. »Modet att vara en hjälte billigt«, skrev hon, »och på grund av att vara en fegis, hade ännu inte börjat. Nuförtiden är man bara en hjälte i proportion som man är en stor fegis.«
Rimligt eller inte, Gustav Adolfs formidabla anfall på slagfältet prydde honom i publikens ögon med en enastående briljant gloria.
Hans moral som en före detta tapper riddare var förknippad med en smak för lettres. Han talade flera språk och hade ett urval bibliotek att följa honom till lägret. Han hade mediterat över mänskliga ting, över ärelystnad, passion för ära, stridsgeni, folkens öde, och han hade kommit fram till att han var ett gissel för Sverige, att alla stora konungar är gissel för sitt folk och alla stora män är gissel för någon. »Gud«, sade han, »flyttar sig aldrig från medelmåttighet till extrema saker utan att straffa någon. Det är en kärleksgest mot folket när han bara ger vanliga själar till konungar.«
Det är sant, fortsatte han, att medelmåttiga furstar därigenom föra ondska över sina undersåtar. »Men dessa ondska är mycket ringa, de kan inte komma i beaktande, om vi jämför dem med dem som skapas av en stor konungs stämningar. Denna extrema passion som han har för ära, som får honom att förlora all vila, tvingar honom med nödvändighet att ta den bort från hans undersåtar. Det är en ström som ödslar de platser genom vilka den passerar.«
För honom hade Gud sänt honom att vinna strider i ett ögonblick av vrede mot Sverige, och han tyckte synd om Sverige, utan att dock erkänna att himlen kunde förändras: om segern tvekade, steg han av hästen och gick ner på knä och ropade högt för »Gud Sebaot«. Denne Gud bevisade för honom att han var intresserad av honom, genom att föra bort honom i styrkan och ungdomens prakt, mitt i en vunnen strid. Han lämnade världsscenen som en hjälte, när han hade kommit in på den, och lämnade Europa förbluffat av bruset från sitt geni och sina dygder. Hans dotter Kristina liknade honom i intelligens. Hon hade också hans kärlek till äran, men utan att veta hur man kan skilja verklig ära från falsk ära.
Hon var inte riktigt sex år när hennes far dödades i Lützen den 6 november 1632. Frågor om regentskap och förmynderskap hade avgjorts i förväg av Gustav Adolf. Han hade först och främst beordrat att inte låta drottningen, hans hustru, blanda sig i någonting, varken i sin dotters utbildning eller i statens angelägenheter. Han kunde inte utan skräck tänka på vad som skulle hända om Maria Eleonora hade rätt att uttrycka sina önskningar, och han hade rekommenderat alla att utesluta henne från allt. Det antecknades i senatens protokoll, stod det i instruktionerna till kansler Oxenstierna. Konungen återkom till det i sina brev under kampanjen. Vid tidpunkten för striden vid Lützen skrev han fortfarande till sin minister. Sällan ser en kärleksfull man sin frus dumhet så tydligt.
Han hade ställt Kristina under förmyndarrådets överinseende. Rådet och Ständerna var också förpliktade att intressera sig för denna utbildning och alla tillsammans arbeta för att en mycket smart liten flicka skulle bli en stor furste, för konungen hade rekommenderat att uppfostra henne som pojke. Han hade själv sörjt för detta genom att utse en landshövding, som den äldre Kristina envisades med att finna valet mycket lyckligt.
»Han hade varit«, sade hon, »av alla konungens nöjen, förtrogen med sina kärlekar och följeslagare till alla hans rinnande och utsvävningar... Denne herre var utmärkt i alla övningar, en hovman, men han var starkt okunnig dessutom, med stark vrede och passion, mycket förtjust i kvinnor och vin i hans ungdom, och hans laster lämnade honom inte förrän hans död, fastän han hade blivit mycket måttlig.«
Denna modell av guvernörer för prinsessor stöddes av en underguvernör som också var en fyllare, och av en preceptor, doktor i teologi, den hederlige Johan Matthiæ. Kansler Oxenstierna hade övertaget i slottet. Tyvärr för Kristina hölls han i Tyskland när hans herre dog. De andra regenterna vågade inte stå upp mot Gustav Adolfs änka och Maria Eleonora hann ha ett utbrott. Det berodde inte på henne att hennes dotter inte blev galen.
Förlusten av en man var ett för bra tillfälle att gråta för att hon inte skulle dra full nytta av det. Hon bestämde sig för att markera sig med en smärta som skulle talas om i hela världen. Det var översvämningar och höga rop, dag och natt, i veckor, månader, år. Hon hade sin lägenhet täckt i svart, från golv till tak, blockerade fönstren med svarta draperier, så att »ingenting alls kunde ses«, och hon grät, grät, grät, i ljuset av vaxfacklor. En dag gick hon för att »besöka« en gyllene låda, som hängde vid sänghuvudet och där hon hade placerat sin makes hjärta, och hon grät över lådan. Vid andra tillfällen var det stora skrik som gav genklang bland begravningsapparaten.
Om drottningen endast hade instängt sina dvärgar och sina buffoner hos sig, skulle det inte vara några problem; det var deras sak; men hon hade gripit Kristina, som hon höll i sikte och lät sova i sin säng, för att få henne att gråta med henne, skrika med henne och tillbringa deras liv tillsammans i mörkret. Hon jämrade sig så fort någon försökte ta bort hennes dotter. Förmyndarna tvekade, rådfrågade varandra, och ändå flög tiden. Oxenstiernas återkomst befriade Kristina. Kanslern skyndade sig att avskeda Maria Eleonora, som låg i tårar på ett av sina slott, och vars namn nu bara återkommer då och då, åtföljt av ett omnämnande av denna typ: drottningen grät i flera timmar;.. drottningen grät hela natten;.. drottningen kunde inte sluta gråta...
Kristina hade i tre år lidit av det mörka rummets mardröm, guldlådan och snyftande anfall på bestämda tider. Det var alltför mycket för ett nervöst barn. Maria Eleonora är delvis ansvarig för sin dotters excentriciteter.
Förmyndarna, Rådet och Ständerna kunde äntligen ansöka fritt om sitt stora arbete och ge det sällsynta exemplet på en monark som uppfostrats direkt av sitt folk, enligt program som diskuterats av folket och med sikte på att en dag regera enligt till folkets idéer. Kristina hade hela nationen som sin lärare, för Sveriges Ständer hade ett fjärde stånd, bondeståndet. För att fullborda fallets singularitet var Sverige vid den tiden ganska efterblivet, och denna nation av analfabeter fann sig bränd av en tro som aldrig har motsvarats, inte ens i vår tid, i utbildningens allsmäktiga, mystiska och magiska dygd.
I tio år levde Sverige i förväntan och ångest över sin suveräns framfart på latin och i matematik. Ryktet om hennes framgångar som skolflicka spred sig till rikets djup »och spred sig där«, sade en historiker [Grauert], »de mest glädjefulla hopp om landets framtida lycka.« Drottningen lärde sig grekiska: hon var glädje. Hon läste Thukydides: hon var förtjusande. Utlänningar behandlade henne som en liten savante: hon var en offentlig lycka.
En del av Kristinas skolarbete har bevarats och en samling av dem har tryckts. De franska kompositionerna liknar de som görs nuförtiden på unga daminternatskolor. Det finns en på Tålmodigheten och en på Ståndaktigheten. En tredje, i form av ett brev, innehåller kondoleanser till en kvinna om hennes makes död. Eleven Kristina hade velat lägga in några vackra idéer i det och hade blivit indragen i det: »Vi måste komma ihåg«, sade hon, »att, eftersom det är omoraliskt för en fånge att inte lämna sitt fängelse här med vinst, så måste själarna som är i denna värld som i mörkret känner genom denna flykt först tillfredsställelsen av ett liv fritt från ånger och suckar; och därmed är döden försäkran om ett lyckligt liv.«
Kristina var sexton år när hon komponerade dessa mästerverk, som oförsiktiga beundrare har förmedlat till eftervärlden. Samma entusiaster var extatiska över hans latinska teman, som de förklarade vara fulla av »elegans«. Jag vågar hitta lite kökslatin i den, och jag vågar tillägga att hon var helt likgiltig inför rikets välstånd.
Regeringen var inte alls av denna åsikt. Den trodde precis tvärtom. Vad skulle det bli av Sverige om drottningen gjorde solecismer? Försiktighetsåtgärder samlades för att undvika en sådan stor olycka. Den gode Matthiæ var skyldig att redogöra för sina lektioner. Förmyndarregeringen visste att den 26 februari 1639 hade drottningen påbörjat Dialogues français av Samuel Bernard; att hon den 30 mars hade lärt sig Catos tal i Sallust utantill och den 6 april Catilinas tal till sina soldater; att hon studerade astronomi hos en författare från 1200-talet, oförmögen att ge sina kätterska åsikter om jordens rörelser; att hon i historien hade börjat med Pentateuchen, som hade följts av Tebanska kriget, och att hon mycket flitigt läst en gammal svensk bok rekommenderad av Gustav Adolf, där styrkonsten reducerades till maximer.
En kommission av rådsmän såg flitigt till att lärdomarna var väl lärda och fick drottningen att klara proven. Ständerna röstade instruktioner »om det sätt på vilket Hennes Majestät bäst kunde uppfostras och instrueras«, och de utnyttjade tillfället att inbjuda förmyndarna att inte ge Hennes Majestät idéer »som skadar Ständernas, undersåtars och Rikets frihet och omständigheter.«
Ingen tänkte att en liten flicka behöver leka med dockor. Ju mindre barn hon var, desto mer gladde man sig. Aldrig en avkoppling, en vila. Från ena slutet av året till det andra, ett frenetiskt, andlöst arbete, avbrutet av våldsamma och överdrivna kroppsövningar. Hon växte inte, hade brinnande blod och nästan dog flera gånger; men hon kunde åtta språk, överträffade sin grekiska lärare, talade om filosofi och hade en åsikt om kvinnor. Hon var verkligen en liten lärd, och eftersom hon hade hållit ett mycket livligt sinne, gnistrande av busighet, eftersom hon hade ord av ovärderlig kvickhet, tog det lång tid att inse att våren hade tvingats fram, redan lite förvrängd av Maria Eleonoras absurditeter. Sverige beundrade sin älskvärda prinsessa utan misstankar och njöt av hennes arbete.
Vad kan man önska av henne som hon inte hade? Hon kunde den lutherska katekesen utantill och citerade verser som en biskop. Man hade drömt om att göra henne till en pojke: hon hade överskridit målet. Hon var ovårdad, hennes händer var smutsiga, hennes kläder i oordning, hon svor och förbannade som en musketör, men hon red gudomligt till häst, dödade en hare med en kula, sov på den hårda marken och föraktade djupt kvinnor, kvinnors idéer, kvinnoarbete, kvinnosamtal. När hon galopperade förbi, fri och frimodig, i manshatt och justaucorps, håret blåste i vinden och ansiktet solbränt, var Sverige ännu inte säkert på att ha en prins, hon var inte längre säker på att ha en prinsessa.
Hennes tonårsfigur hjälpte illusionen. Kristina hade uttalade drag, en stark, krokig näsa, en något hängande underläpp och stora, vackra ljusblå ögon som lågor passerade. Hon hade också en manlig röst som ibland mjuknade upp sig. Hon var liten och krokig till växten, men med en lätthet och smidiga rörelser som gjorde henne till världens vackraste unge. Folket var förtjust i henne. Varken de »fem stora gubbarna«, som hon kallade förmyndarna, eller den hederlige Matthiæ, eller den berusade landshövdingen, inte heller hovpredikanten eller någon av alla dessa män i hovet, av svärdet, manteln och vetenskapen som omgav henne från morgon till kväll, misstänkte vulkanen gömd under busigheten. De skulle ha rysit av fasa om de hade kunnat läsa bekännelserna i Självbiografin.
I detta dyrbara men ofullbordade stycke sätter Kristina upp ett altare för sig själv. Detta var tidens sed. Smaken var för porträtt, och man berättade för allmänheten, med fullständig uppriktighet, det goda och det onda man tänkte på sig själv, utan att frukta att betona det goda lite mer än det dåliga. Det fanns, au fond, mindre stolthet, det fanns framför allt en mer oskyldig stolthet över att på så sätt försköna sig i folkmassans ögon än att kasta sina laster i ansiktet på den, enligt det exempel som Rousseau har gett sedan dess. Man kan bara klandra Kristina för att ha missbrukat den av sederna erkända rättigheten för att framhäva modellens skönhet.
Hon vidgar sig själv med ett allvar som man inte längre skulle våga ha nuförtiden, eller åtminstone visa, på sitt hjärta »stort och ädelt så snart det kändes«, hennes själ »av samma lynne« och »så många vackra talanger« som utsåg henne till världens beundran. När hon sedan övergår till sina fel, enligt genrens poetik, ger hon sig själv först mycket kungliga, lämpliga för hennes rang och inte förringar en överlägsen varelse.
»Jag var misstroende«, säger hon, »misstänksam, dessutom ambitiös till överdrift. Jag var arg och hetlevrad, högfärdig och otålig, föraktfull och hånfull.«
Så långt, så bra; men hon lägger till några rader längre ner:
»Dessutom var jag vantro och inte särskilt andäktig, och mitt häftiga temperament gav mig inte mindre benägenhet till kärlek än till ambition.«
Hon protesterar mot att Gud, som inte verkar ha varit bekymrad över hennes otrohet, alltid har bevarat henne från de fall som naturen hade bestämt henne till:
»Hur nära jag än har varit branten«, ropar hon, »Din kraftfulla hand har dragit mig tillbaka från den.«
Hon är inte omedveten om att förtal har »svärtat« henne, och hon anklagar sig själv i detta avseende för att »för mycket ha föraktat sitt köns prydligheter«, vilket ofta har fått henne att framstå som mer »kriminell« än hon var. Hon erkänner att hon hade fel, men hon kan inte låta bli att tillägga att om hon var tvungen att göra det igen, skulle hon håna prydligheter ännu mer:
»Jag är... övertygad om att jag skulle ha gjort bättre för att frigöra mig från dem helt och hållet, och det är den enda svagheten som jag anklagar mig själv för, ty jag inte var född för att vara den underkastad, var jag förpliktad att sätta mig helt i frihet därifrån, som min kondition och mitt humör krävde.«
Det här sista skämtet målar henne.
Kristinas mycket lutherska och mycket religiösa undersåtar trodde ännu fastare på den gudomliga hand som drar oförsiktiga ungdomar tillbaka från stupet än vad en »vantro och oandäktig« prinsessa gjorde. Men om de hade vetat i vilken utsträckning en oemotståndlig arm var nödvändig för att stödja och rädda deras lilla drottning, skulle de ha blivit livrädda. Deras vin, deras svordomar, deras halvbarbariska grovhet var förenade med andans allvar som den seriöst utövade protestantiska religionen ger. De ställde Gud vid sidan av alla sina handlingar, så att de kände honom ständigt vid sin sida, redo att hjälpa, redo att också förinta.
När Gustav Adolf tog farväl av Ständerna innan de gav sig av till Tyskland, sjöng de tillsammans Psalmen: »Mätt oss i morgonen med Din nåd,.. vi skall vara glada hela dagen.«
Dessa människor tog livet på allvar. Kristina såg ingenting annat än en maskerad i den. Det är därför de inte kunde komma överens länge, trots den här extraordinära flickans kvickhet, charm, mod och vetenskap. Suveränen saknade bara en gåva: moraliskt förnuft, och hon hade fallit på ett folk som hellre hade klarat sig utan alla de andra.
Vid arton år gammal förklarade Ständerna henne myndig, och förmyndarna överlämnade makten till henne. Det skulle prövas vad parlamentarism var värt när den tillämpades på utbildning av en ung flicka.
English translation (my own):
Kristina was born in Stockholm on December 8, 1626, to Gustav Adolf and Maria Eleonora, the daughter of the Elector of Brandenburg. They wanted a prince, and the astrologers had promised him. The dreams had confirmed the stopping of the stars. When the child came into the world, it seemed that the stars and the mysterious powers that send dreams had been only half wrong, and that nature had really tried to make a boy. The newborn was so hairy, so black, its voice was so rough and so loud, that one thought one had a prince. Unfortunately, it was only a tomboy, and who remained such all her life. Gustav Adolf was quickly consoled, but the Queen, his wife, took a horror of this little mole. She could not forgive her for being a girl, and an ugly one at that. Kristina insinuates in her autobiography that her mother's aversion contributed to an increase in accidents around her cradle, and that it was a miracle that she was left with one shoulder higher than the other. In everything we know about Maria Eleonora, nothing warrants such a suspicion.
The Queen was extravagant and whiny; she was not a bad woman. Gustav Adolf defined her as a person "without counsel", and the word was right: she did not have a shadow of common sense. Her husband was nevertheless very much in love with her and willingly put aside her ineptitude and her eternal scenes of tears because she was beautiful and "of a very sweet humour." He loved her in the somewhat haughty way in which intelligent men love stupid women, taking pleasure in seeing her adorned and speaking to her about nothing. He was right, for the Queen adored him and was perfectly happy with her lot. She lived surrounded by dwarves, jesters and low people, occupied with recipes to preserve her complexion, isolated from everything, ignorant of everything, delivered to the base intrigues of her servants. With her superstitions, her ideas from another time, her barbaric court of monsters and parasites, she represented the Middle Ages at the Swedish court, in the 17th century, and under Gustav Adolf. Her gentleness hardly allows us to believe that she tried to kill or cripple her daughter, to punish her for not being a son; but she was a deplorable mother, for whom it is fair to take Kristina into account. She owes to her her greatest faults, and no quality. Everything good she had came from her father.
Gustav Adolf left a luminous memory. He was quite the Hero, as the people conceive him. He lacked nothing that strikes the imagination. He came from a distant and still mysterious North, which we imagined bristling with ice and lost in the night; thirty years later, Huet and Naudé, arriving in Sweden, were naively surprised to see flowers, sun and cherries there. The King himself seemed an evocation of Scandinavian mythology. Emperor Ferdinand called him "the snow king", and this nickname suited him wonderfully. He was a blond giant, with a golden beard, a white and flowery complexion, whose gray eyes flashed with lightning. He was quick to anger, terrible in battle, gentle in peace and self-possession; he was then the good giant who laughs at everything. Like the Æsir, companions of Odin, he loved to drink with the brave and to give great blows on days of battle. Several historians of the time blamed him for playing the soldier; this was no longer the practice for sovereigns and army leaders. Kristina defended him warmly. "The fashion of being a hero on the cheap", she wrote, "and by dint of being a coward, had not yet begun. Nowadays, one is only a hero in proportion as one is a great coward."
Reasonable or not, Gustav Adolf's formidable charges on the battlefield adorned him in the eyes of the crowd with a singularly brilliant halo.
His morals as a former valient knight were associated with a taste for letters. He spoke several languages and had a choice library to follow him to the camp. He had meditated on human things, on ambition, the passion for glory, the genius of battles, the fate of peoples, and he had concluded that he was a scourge for Sweden, that all great kings are scourges to their people and all great men scourges to someone. "God", he said, "never moves away from mediocrity to extreme things without punishing someone. It is a gesture of love towards the people when he only gives ordinary souls to kings."
It is true, he continued, that mediocre princes thereby bring evil to their subjects. "But these evils are very slight, they cannot be in any consideration, if we compare them to those produced by the moods of a great king. This extreme passion that he has for glory, making him lose all rest, necessarily obliges him to take it away from his subjects. It is a torrent which desolates the places through which it passes."
For him, God had sent him to win battles in a moment of anger against Sweden, and he pitied Sweden, without, however, admitting that Heaven could change: if victory hesitated, he got off his horse and got down on his knees and called out loud to the "God of hosts." This God proved to him that He was interested in him, by taking him away in the splendour of strength and youth, in the middle of a won battle. He left the world stage as a hero, as he had entered it, leaving Europe stunned by the noise of his genius and his virtues. His daughter Kristina resembled him in intelligence. She also had his love of glory, but without knowing how to distinguish real glory from false glory.
She was not quite six years old when her father was killed in Lützen on November 6, 1632. Questions of regency and guardianship had been settled in advance by Gustav Adolf. He had ordered firstly, above all things, not to let the Queen, his wife, interfere in anything, neither in the education of his daughter nor in the affairs of state. He could not think without terror of what would happen if Maria Eleonora had the right to express her wishes, and he had recommended that everyone exclude her from everything. It was recorded in the Senate records, it was stated in the instructions to Chancellor Oxenstierna. The King returned to it in his letters during the campaign. At the time of giving battle at Lützen, he was still writing to his minister. Rarely does a loving husband see his wife's stupidity so clearly.
He had placed Kristina under the supervision of the regency council. The Senate and the Estates also had to take an interest in this education and all together work to ensure that a very clever little girl becomes a great prince, because the King had recommended raising her as a boy. He himself had provided for this by appointing a governor, whom the elderly Kristina persisted in finding the choice very fortunate.
"He had been", she said, "of all the King's pleasures, confidant of his loves and companion of all his races and debaucheries... This gentleman was excellent in all exercises, a man of the court, but he was strong ignorant; moreover, strong anger and passion; very fond of women and wine in his youth; and his vices did not leave him until his death, although he had become very moderate."
This model of governors for princesses was supported by a sub-governor who was also a drunkard, and by a preceptor, doctor of theology, the honest Johan Matthiæ. Chancellor Oxenstierna had the upper hand in the palace. Unfortunately for Kristina, he was held in Germany when his master died. The other regents did not dare to stand up to Gustav Adolf's widow, and Maria Eleonora had time to act up. It did not depend on her that her daughter did not go mad.
The loss of a husband was too good an opportunity to cry for her not to take full advantage of it. She resolved to mark herself with a pain that would be talked about throughout the world. There were floods and loud cries, day and night, for weeks, months, years. She had her apartment covered in black, from floor to ceiling, blocked the windows with black draperies, so that "nothing at all could be seen", and she wept, wept, wept, by the light of wax torches. One day, she went to "visit" a golden box, hanging at the head of her bed and where she had placed her husband's heart, and she cried over the box. At other times, there were great lamentations which resonated mournfully among the funeral apparatus.
If the Queen had confined only her dwarves and her jesters with her, there would be no trouble; it was their business; but she had seized Kristina, whom she kept in sight and made sleep in her bed, in order to make her cry with her, scream with her, and spend their lives together in the dark. She wailed as soon as someone tried to take her daughter away. The regents hesitated, consulted each other, and yet time flew. The return of Oxenstierna freed Kristina. The Chancellor hastened to dismiss Maria Eleonora, who was in tears at one of her castles, and whose name now only reappears from time to time, accompanied by a mention of this type: the Queen wept for several hours;.. the Queen wept all night;.. the Queen could not stop weeping...
Kristina had suffered for three years the nightmare of the dark room, the box of gold and fits of sobbing at fixed hours. It was too much for a nervous child. Maria Eleonora is partly responsible for her daughter's eccentricities.
The regents, the Senate and the Estates were finally able to apply themselves freely to their great work and to give the rare example of a monarch raised directly by her people, according to programs discussed by the people and with a view to governing one day according to the ideas of the people. Kristina had the entire nation as her preceptor, as the Estates of Sweden had a fourth order, the order of peasants. To complete the singularity of the case, Sweden was at that time quite backward, and this nation of illiterates found itself burned with a faith that has never been equaled, even in our own day, in the all-powerful, mystical and magical virtue of education.
For ten years, Sweden lived in expectation and anguish of the progress of its sovereign in Latin and in mathematics. The rumour of her successes as a schoolgirl spread to the depths of the kingdom "and spread there", said a historian [Grauert], "the most joyful hopes for the future happiness of the country." The Queen learned Greek: she was joy. She read Thucydides: she was delight. Foreigners treated her as a little scholar: she was a public happiness.
Some of Kristina's schoolwork has been preserved, and a collection of them has been printed. The French compositions resemble those which are made nowadays in young ladies' boarding schools. There is one on Patience and one on Constance. A third, in the form of a letter, contains condolences to a lady on the death of her husband. The pupil Kristina had wanted to put some beautiful ideas into it and had gotten embroiled in it: "We must remember", she said, "that, as it is immoral for a prisoner not to leave his prison here with profit, so the souls which are in this world as in the dark feel by this escape first the contentment of a life free from regrets and sighs; and thus death is the assurance of a happy life."
Kristina was sixteen years old when she composed these masterpieces, which imprudent admirers have transmitted to posterity. The same enthusiasts were ecstatic about his Latin themes, which they declared to be full of "elegance." I dare to find some kitchen Latin in it, and I dare to add that she was completely indifferent to the prosperity of the kingdom.
The government was not at all of this opinion. It thought exactly the opposite. What would become of Sweden if the Queen made solecisms? Precautions were accumulated to avoid such a great misfortune. The good Matthiæ was obliged to give an account of his lessons. The regency knew that, on February 26, 1639, the Queen had begun the Dialogues français by Samuel Bernard; that, on March 30, she had learned by heart the speech of Cato, in Sallust, and, on April 6, the speech of Catiline to his soldiers; that she was studying astronomy in a thirteenth-century author, incapable of giving her heretical opinions on the movement of the earth; that in history she had begun with the Pentateuch, which had been followed by a Theban War, and that she read very assiduously an old Swedish book, recommended by Gustav Adolf, in which the art of governing was reduced to maxims.
A commission of senators diligently ensured that the lessons were well learned and had the Queen pass examinations. The Estates voted instructions "on the manner in which Her Majesty could best be brought up and instructed", and they took advantage of the occasion to invite the regents not to give Her Majesty ideas "prejudicial to the liberty and circumstances of the Estates and subjects of the Realm."
Never was a pupil subjected to more vigorous training, and never was a pupil in less need of it. The little Queen had a remarkable facility and a passionate ardour. She wanted to know everything and understood everything. She forgot to drink and eat, she deprived herself of sleep in order to work, she finally put her head to a terrible test. Kristina really had no chance in education. On leaving her mother's horrible dark room, she fell in with very honest people who believed it was their duty to make her a phenomenon, and who succeeded, to top off her misfortune.
No one thought that a little girl needs to play with dolls. The less of a child she was, the more one rejoiced. Never a relaxation, a rest. From one end of the year to the other, a frantic, breathless work, interrupted by violent and excessive bodily exercises. She did not grow, had fiery blood and nearly died several times; but she knew eight languages, outdid her Greek teacher, talked about philosophy, and had an opinion on women. She really was a little scholar, and, as she had kept a very lively mind, sparkling with mischief, as she had words of priceless drollery, it took a long time to realise that the spring had been forced, already a little distorted by Maria Eleonora's absurdities. Sweden admired its amiable princess without suspicion and took pleasure in her work.
What could one wish for her that she did not have? She knew the Lutheran catechism by heart and quoted verses like a bishop. One had dreamed of making a boy of her: she had overstepped the mark. She was unkempt, her hands were dirty, her clothes in disorder, she swore and cursed like a musketeer, but she rode divinely on horseback, killed a hare with a bullet, slept on the hard ground, and profoundly despised women, women's ideas, women's work, women's conversations. When she galloped past, free and bold, in a man's hat and justaucorps, her hair blowing in the wind and her face tanned, Sweden was not yet sure of having a prince, she was no longer sure of having a princess.
Her adolescent figure helped the illusion. Kristina had pronounced features, a strong, hooked nose, a slightly drooping lower lip, and large, beautiful, light blue eyes through which flames passed. She also had a man's voice, which softened itself on occasion. She was petite and crooked in stature, but with an ease and nimble movements that made her the prettiest kid in the world. The people were mad on her. Neither the "five great old men", as she called the regents, nor the honest Matthiæ, nor the drunken governor, nor the court chaplain, nor any of all those men of the court, of the sword, of the robe, and of science who surrounded her from morning to evening, suspected the volcano hidden beneath the mischief. They would have shuddered with horror if they had been able to read the confessions in the Autobiography.
In this precious, though unfinished, piece, Kristina sets up an altar to herself. This was the custom of the time. The taste was for portraits, and one told the public, with complete candour, the good and bad one thought of oneself, without fearing to emphasise a the good a little more than the bad. There was, au fond, less pride, there was above all a more innocent pride in thus beautifying oneself in the eyes of the crowd than in throwing one's vices in its face, according to the example since given by Rousseau. One can only reproach Kristina for having slightly abused the right recognised by mores to emphasise the beauties of the model.
She expands herself with a seriousness that one would no longer dare to have nowadays, or at least to display, on her heart "great and noble as soon as it felt itself", her soul "of the same disposition" and "so many beautiful talents" which designated her for the admiration of the world. Passing then to her faults, according to the poetics of the genre, she grants herself first very royal ones, appropriate to her rank and not belittling a superior creature.
"I was distrustful", she says, "suspicious, moreover ambitious to excess. I was angry and hot-tempered, haughty and impatient, contemptuous and mocking."
So far, so good; but she adds a few lines further down:
"Moreover, I was incredulous and not very devout, and my impetuous temperament gave me no less inclination to love than to ambition."
She protests that God, who does not seem to have been concerned about her incredulity, has always preserved her from the falls to which nature had destined her:
"However close I have been to the precipice", she cries, "Your powerful hand has pulled me back from it."
She is not unaware that slander has "blackened" her, and she accuses herself in this regard of "having too much despised the proprieties of her sex", which has often made her appear more "criminal" than she was. She confesses that she was wrong, but she cannot help adding that, if she had to do it again, she would mock proprieties even more:
"I am... persuaded that I would have done better to emancipate myself from them entirely, and that is the only weakness of which I accuse myself; for, not being born to be subject to it, I had to put myself entirely at liberty on it, as my condition and my humour required."
This last joke paints her.
Kristina's very Lutheran and very religious subjects believed even more firmly in the divine hand that pulls imprudent young people back from the precipice than did an "incredulous and undevout" princess. Nevertheless, if they had known to what extent an irresistible arm was necessary to support and save their little queen, they would have been terrified. Their wine, their swearing, their semi-barbarian coarseness were allied to the gravity of spirit that the seriously practiced Protestant religion gives. They put God on the side of all their actions, so that they felt Him constantly at their side, ready to help, ready also to annihilate.
When Gustav Adolf bade farewell to the Estates before embarking for Germany, they sang together the Psalm: "Satiate us in the morning with Thy grace,.. we will be joyful all the day long."
These people took life seriously. Kristina saw nothing but a masquerade in it. That is why they could not get along for long, despite the wit, charm, courage and science of this extraordinary girl. The sovereign lacked only one gift: moral sense, and she had fallen upon a people who would have rather done without all the others.
At eighteen years old, the Estates declared her of age, and the regency handed power over to her. It was to be tested what parliamentarianism was worth when applied to the education of a young girl.
Above: Kristina as a child.
Above: Kristina as a teenager.
Above: Gustav Adolf and Maria Eleonora.
Above: Arvède Barine.