Wednesday, February 15, 2023

Mademoiselle de Montpensier's descriptions, mentions and memories of Kristina and of the execution of Monaldeschi, part 1

Sources:

Mémoires de Mademoiselle de Montpensier, volume 3, pages 147 to 154; 158 to 160; 165 to 170, Mademoiselle de Montpensier, 1735


Mémoires de Mademoiselle de Montpensier, volume 4, pages 81; 105 to 107, Mademoiselle de Montpensier, 1735



Above: Kristina.


Above: Anne Marie Louise d'Orléans, Mademoiselle de Montpensier.

The excerpts:

1656

J'appris que la Reine de Suéde étoit à Fontainebleau, & comme je la devois trouver sur mon chemin, je dépêchai à la Cour, qui étoit alors à la Fére, pour demander si le Roi trouveroit bon que je la visse; qu'il étoit de ma dignité, quoiqu'exilée, de ne pas voir une Princesse étrangére sans la permission du Roi. ...

... J'appris que la Reine de Suéde devoit partir de Fontainebleau, j'avois grande impatience que mon Envoyé à la Cour fût de retour, je craignois que la Reine de Suéde ne partît. Il arriva dans le moment que j'en étois en peine, & me dit que le Roi trouvoit bon que je visse la Reine de Suéde.

J'envoyai à l'instant un Gentilhomme à Fontainebleau lui faire compliment, & savoir où je pourrois avoir l'honneur de la voir, & aussi pour lui faire demander comment elle me traiteroit. Le Comte de Bethune, qui étoit à Chilly, me dit «il faut que vous disiez ce que vous desirez»: je lui répondis que je voulois une chaise à bras: il s'écria que je me moquois. Je me moqua de sa réponse, & lui dis, «puisque je n'ai point d'ordre du Roi de la maniére dont je dois vivre avec elle, je ne saurois trop demander, il vaut mieux manquer de ce côté-là que de demander peu, & assurément elle n'en sera pas étonnée». On s'adressa à Mr. de Guise pour le savoir d'elle; il étoit auprès d'elle de la part du Roi, il avoit été la recevoir à Lyon. Lorsqu'on lui demanda comme elle me traiteroit, elle répondit, «tout comme elle voudra, quoique l'on doive beaucoup à sa qualité, il n'y a point d'honneur que je ne veuille rendre à sa personne.» On lui proposa la chaise à bras, elle n'en fit aucune difficulté; ensuite elle demanda, «voudra-t-elle passer devant moi?» De la maniére dont j'en ai ouï parler, il est bon de le savoir, parce que si elle se trouvoit à la porte, elle ne se retireroit pas: on lui dit que je n'avois garde de le prétendre, que j'étois obligée de faire l'honneur de la France. J'étois partie de Chilly, & j'étois allée à Petitbourg, maison de Mr. l'Evêque de Langres ci-devant l'Abbé de la Riviére, laquelle maison n'est qu'à une lieue d'Essonne. On m'aporta en ce lieu là cette réponse à 7 heures du soir: je m'habillai, & m'y en allai. J'avois avec moi Mesdames de Bethune, de Bouthillier, & de Frontenac, Mesdemoiselles de Vandy, & de Segur sœur du Comte d'Escars. La Comtesse de Fiesque, qui étoit allée à Paris, n'étoit pas de retour, ce qui étoit assez mal à elle. Comme j'arrivai, Mr. de Guise, Comminges qui étoit de la part de la Reine, & tous les Officiers du Roi qui étoient à la servir, vinrent au devant de moi. Elle étoit dans une belle chambre à l'Italienne, qui est chez Anselin, elle y alloit voir un ballet; ainsi elle étoit entourée d'un nombre infini de Gens, il y avoit des bancs à l'entour de sa place, desorte qu'elle ne pouvoit faire que deux pas pour venir au devant de moi. J'avois tant ouï parler de la maniére bizarre de son habillement, que je mourois de peur de rire, lorsque je la verrois. Comme on cria, «gare», & que l'on me fit place, je l'aperçus, elle me surprit, & ne fut pas d'une maniére à me faire rire: elle avoit une jupe grise avec de la dentelle d'or & d'argent, un justaucorps de camelot couleur de feu avec de la dentelle de même que la juppe, au cou un mouchoir de point de Gênes noué avec un ruban couleur de feu, une perruque blonde & derriére une rond, comme les femmes en portent, & un chapeau avec des plumes noires qu'elle tenoit. Elle est blanche, a les yeux bleux, dans des momens elle les a doux, & dans d'autres fort rudes, la bouche assez agréable quoique grande, les dents belles, le nez grand & aquilin, elle est fort petite, son justaucorps cache sa mauvaise taille: à tout prendre, elle me parut un joli petit garçon. Elle m'embrassa, & me dit, «j'ai la plus grande joye du monde d'avoir l'honneur de vous voir, je l'ai souhaité avec passion»: elle me donna la main pour passer sur le banc, & me dit «vous avez assez de disposition pour sauter.» Je me mis dans la chaise à bras, il y avoit une porte par où on voyoit un enfoncement pour voir un ballet. Elle me dit, «je vous ai attenduë»: je me voulois excuser de voir ce ballet, parce que je portois le deuil de ma sœur de Chartres qui étoit morte il n'y avoit que quinze jours; elle me pria de demeurer, ce que je fis: ce ballet fut fort joli.

Je m'amusai assez à causer avec les gens qui étoient autour de moi: Comminges s'y trouva; je fus aise de le voir, & d'entretenir Mr. Servien & le Maréchal d'Albret. La Reine me demanda combien j'avois les Sœurs, des nouvelles de mon Pére, & où il étoit: elle me dit, «il est le seul en France qui ne m'ait pas envoyé visiter.» Elle me demanda de quelle Maison ma Belle-mére étoit, me fit plusieurs questions, & des cajoleries infinies: elle me louoit en toute occasion, puis elle me disoit sur le sujet du ballet auquel elle voyoit que je n'avois pas grande attention, «quoi, après avoir été si longtems sans en voir, vous vous en souciez si peu? Cela m'étonne fort.» La Comtesse de Fiesque arriva avec Me. de Monglas, je les présentai à la Reine de Suéde, comme j'avois fait les autres Dames qui étoient avec moi: elle me dit, «la Comtesse de Fiesque n'est pas belle, pour avoir fait tant de bruit, le Chevalier de Grammont est il toujours amoureux d'elle?» Quand je lui présentai Mr. le Comte de Bethune, elle lui parla de mes manuscrits: elle étoit bien aise de lui faire paroitre qu'elle connoissoit tout le monde, & qu'elle en savoit des nouvelles. Après ce ballet, nous allames à la Comédie, là elle me surprit pour louer des endroits qui lui plaisoient: elle juroit Dieu, se couchoit dans sa chaise, jettoit ses jambes d'un côté & de l'autre, les passoit sur les bras de sa chaise; elle faisoit des postures que je n'ai jamais vu faire qu'à Trivelin, & à Jodelet qui sont deux Bouffons, l'un Italien, l'autre François. Elle répétoit les vers qui lui plaisoient, elle parla sur beaucoup de matiéres, & ce qu'elle dit, elle le dit assez agréablement: il lui prenoit des rêveries profondes, elle faisoit de grands soupirs, puis tout d'un coup elle revenoit comme une personne qui s'éveille en sursaut: elle est tout à fait extraordinaire.

Après la Comédie on apporta une collation de fruits, & de confitures; ensuite on alla voir un feu d'artifice sur l'eau: elle me tenoit par la main à ce feu, où il y eut des fuzées qui vinrent fort près de nous, j'en eus peur, elle se moqua de moi, & me dit, «comment une Demoiselle qui a été aux occasions, & qui a fait de si belles actions a peur?» Je lui répondis que je n'étois brave qu'aux occasions, & que c'étoit assez pour moi. Elle parla tout bas à Mlle. de Guise, qui lui dit, «il faut le dire à Mademoiselle»: elle disoit que la plus grande envie qu'elle auroit au monde seroit de se trouver à une bataille, & qu'elle ne seroit point contente que cela ne lui fût arrivé, qu'elle portoit une grande envie au Prince de Condé de tout ce qu'il avoit fait. Elle me dit, «c'est votre bon ami»; je lui repondis, «Oui, Madame, & mon parent très-proche.» «C'est le plus grand homme du monde», dit-elle, «on ne lui sauroit ôter cela.» Je lui répondis qu'il étoit bienheureux d'être si avantageusement dans son esprit.

Quand le feu fut fini, nous allames dans sa chambre: elle me dit, «passons plus loin, je veux vous entretenir»: elle me mena dans une petite galerie qui en est proche, & ferma la porte. Nous demeurames toutes deux, elle me demanda, ce que c'étoit que l'affaire que j'avois à démêler avec S. A. R. Je la lui contai, elle trouva que j'avois grande raison, & lui beaucoup de tort. Elle me dit qu'elle souhaitoit le voir pour lui en parler, & qu'elle seroit bien aise de nous raccommoder, qu'il étoit injuste de m'avoir ôté des gens qui me servoient bien, qu'elle vouloit s'employer par toute voye pour me les faire rendre & me raccommoder à la Cour & avec S. A. R., que je n'étois pas faite pour demeurer à la campagne, que j'étois née pour être Reine, qu'elle souhaitoit avec passion que je la fusse de France, que c'étoit le bien & l'avantage de l'Etat, que j'étois la plus belle & la plus aimable & la plus grande Princesse de l'Europe, que la politique vouloit cela, qu'elle en parleroit à Mr. le Cardinal. Je la remerciai de tant d'honnêtez qu'elle me faisoit, & de la maniére obligeante dont elle parloit de moi; que pour ce dernier article je la supliois très-humblement de n'en point parler.

Après elle me fit des plaintes d'un Gentilhomme, que j'avois envoyé à Auxerre lui faire des complimens, lequel en débauche dans une hôtellerie avoit dit pis que pendre d'elle. Je fus fort surprise de son impertinence, je lui en fis toutes les excuses imaginables, & je lui dis que je le chasserois: elle me répondit, «vous ferez bien, & j'en serai bien aise.» Elle me dit, «vous savez tout le bien que je vous ai dit de Mr. le Prince, & l'affection que j'ai toujours eue pour lui, maintenant je suis au desespoir d'avoir sujet de m'en plaindre: on m'a dit que, lorsque j'étois à Bruxelles, & depuis que je suis partie, il a fait des railleries & des discours de moi les plus outrageans du monde; je me flatte que ce sont ses gens, & que ce n'est pas lui, afin de diminuer sa faute à mon égard, quoiqu'elle soit toujours assez grande d'avoir souffert que l'on m'ait déchirée, moi qui l'ai toujours estimé & honoré plus que tous les hommes du monde.» Je justifiai Mr. le Prince auprès d'elle autant qu'il me fut possible; elle me sembla être fort touchée de ce discours.

On lui vint dire que la viande étoit servie, je pris congé d'elle, & m'en retournai à Petitbourg; il étoit deux heures après minuit, & avant que j'eusse soupé & que je fusse couchée, il étoit grand jour. Le lendemain j'envoyai savoir de ses nouvelles: elle me manda qu'elle me viendroit voir; comme elle alloit de l'autre côté de l'eau, & qu'elle eut retourné pour passer sur le pont de Corbeil, elle m'envoya faire des excuses, & me manda que les gens du Roi qui la conduisoient l'avoient empêchée de me venir voir, dont elle étoit fort fâchée. ...

...

J'arrivai ... à Jouarre, on m'y attendoit. ... le Comte de Bethune me vint parler pendant qu'on retiroit son carosse du bourbier: il me demanda si j'avois mes pierreries, je lui dis que je les avois, il me fit quasi une réprimande de ce que j'étois si peu accompagnée, je n'avois pas même des Pages à cheval, je n'avois que mon Ecuyer qui étoit en carosse; c'étoit celui que la Reine de Suéde m'avoit priée de chasser, depuis elle me pria de le garder. Je trouvai que le Cómte de Bethune avoit raison, & je résolus de ne plus faire de voyages si mal accompagnée. ...

...

A mon arrivée à St Fargeau, j'eus la plus grande joye du monde; je trouvai ma solitude fort agréable. Je n'ai point parlé de la réception que l'on fit à Paris à la Reine de Suéde, parce que les Gazettes dont on fait des recueils en parlent assez; je dirai seulement qu'elle étoit, disoit on, pareille à celle que l'on fit à l'Empereur Charles quint, hors qu'il étoit accompagné de plus d'hommes qu'elle de femmes, elle n'en avoit aucune, elle fit son entrée à cheval, elle n'étoit pas bien vétue, elle avoit le même habit que lorsque je la vis à Essonne. Le jour qu'elle arriva à Paris, elle avoit couché à Conflans, où beaucoup de Gens l'avoient été voir, la curiosité y mena Préfontaine & Nau: elle demanda qui ils étoient, & comme elle le sut, elle leur dit qu'elle avoit entendu parler de leur mérite, & qu'elle savoit qu'ils avoient été chassez d'auprès de moi pour m'avoir bien servie, & leur fit mille civilitez. Pendant qu'elle fut à Paris, elle visita toutes les belles maisons & les Bibliothéques; tous les gens savans l'allérent visiter; elle alla communier à Notre Dame, où ceux qui la virent furent mal édifiez de sa dévotion pour une nouvelle Catholique, qui devoit être encore dans le premier zèle, elle causa tout le tems de la Messe avec des Evêques, & fut toujours debout. L'Evêque d'Amiens, qui la confessa, m'a conté que l'Abbé de Camus Aumônier du Roi, qui la servoit, lui avoit demandé à qui elle vouloit se confesser; elle lui dit à un Evêque, «choisissez m'en un»; il alla querir Mr. d'Amiens, il étoit dans son cabinet avec son bonnet quarré & son rochet, elle y entra, se mit à genoux, & le regarda toujours entre deux yeux, ce qui est assez extraordinaire, il falloit au moins un extérieur aussi pénitent que le cœur pour aprocher de ce Sacrement. Mr. d'Amiens dit qu'elle se confessa fort bien & avec beaucoup de dévotion, & qu'il fut plus édifié de ses sentimens que de sa mine. Elle vit Madame de Thianges à Paris, qu'elle prit en grande amitié.

Après y avoir été quelques jours, elle s'en alla à Compiegne, & coucha à Chantilly, où Mr. le Cardinal Mazarin l'alla visiter; il mena avec lui le Roi & Monsieur, ils avoient ôté tous deux leur Ordre. Le Cardinal lui dit, «voilà deux Gentilshommes de qualité que je vous présente»: ils lui baisérent la robbe, elle les releva, les baisa, & dit, «ils sont de bonne Maison», & elle les entretint: elle appella le Roi «mon frére», & Monsieur aussi, lesquels, après avoir fait leur visite, retournérent toute la nuit au galop à Compiegne. Le lendemain ils revinrent avec la Reine à la maison du Maréchal de la Motte-Houdancourt, nommée le Fayel, & au devant de la Reine de Suéde: c'étoit une maison nouvellement bâtie & fort agréable. Leurs Majestez attendirent la Reine de Suéde sur une terrasse qui sépare le moitié de la cour, laquelle étoit remplie de beaucoup de monde. La Reine qui m'a conté cette entrevue me l'a dépeinte d'une maniére fort belle, je n'y étois pas, la Reine de Suéde descendit au milieu de la cour, la Reine dit qu'elle ne fut jamais si surprise que de la voir, &, que quoiqu'on lui eût bien dit qu'elle n'étoit pas faite comme les autres, elle ne pouvoit se l'imaginer faite comme elle la trouva. Le Maréchal & la Marechalle donnérent une fort belle collation; cette maison étoit magnifiquement meublée: le Maréchal avoit eu en Catalogue les plus beaux meubles du monde, avec des bufets de vermeil doré & même des pierreries dont sa femme étoit parée aussi bien que de ses graces naturelles: c'est une fort belle femme, & qui paroit bien ce qu'elle est; toutes ces raretez venoient du Duc de Cardonne. Après cela la Reine de Suéde alla à Compiegne, le tems qu'elle y fut on tâcha de lui donner tous les divertissemens possibles, elle eut les Comédiens François & Italiens & les 24. Violons du Roi: elle ne voulut pas danser; elle eut aussi toutes sortes de musiques & de chasses. Elle se plaisoit fort à la Cour; comme elle n'y plaisoit pas tant, on lui fit dire qu'elle y avoit été assez longtems, & cela fort honnêtement. Il se rencontra que les Jésuites de Compiegne firent jouer une Tragédie par leurs Ecoliers, on la convia d'y aller, ce qu'elle fit, & Leurs Majestez aussi: elle se moqua fort de ces pauvres Péres, les tourna en ridicule au dernier point, & fit les postures que je lui avois vu faire à Essonne, dont la Reine fut fort surprise. Elle avoit entendu parler de l'amour du Roi pour Mademoiselle de Mancini, de sorte que, pour faire sa cour, elle alloit toujours se mettre entre le Roi & elle, & leur disoit qu'il falloit se marier ensemble, qu'elle vouloit être la confidente; & elle disoit au Roi, «si j'étois à votre place, j'épouserois une personne que j'aimerois.» Je crois que ces discours ne plurent ni à la Reine ni à Mr. le Cardinal, & qu'ils contribuérent à hâter son départ: à la Cour on n'aime pas les gens qui entrent en matiére, sans qu'on les en prie.

J'étois à Pons lorsqu'elle partit de Compiegne; je croyois qu'elle y dût passer, parce que c'étoit son chemin, si elle eût pris celui de Bourgogne. J'envoyai à Melun lui faire compliment; elle me manda qu'elle vouloit me venir voir à Pons, qu'on lui avoit dit que j'étois à St. Fargeau, que c'étoit son chemin d'y passer, & qu'elle étoit au désespoir de ne me point voir. Le Gentilhomme que j'envoyai me dit qu'elle coucheroit le lendemain à Montargis; la fantaisie me prit de la voir encore une fois, j'envoyai des relais, je partis à la pointe du jour, & j'arrivai à dix heures du soir à Montargis: je n'avois avec moi que Madame de Thianges & Madame de Frontenac, la Comtesse de Fiesque & Mademoiselle de Vandy n'avoient pas assez de force pour soutenir une telle fatigue.

A mon arrivée je descendis chez la Reine de Suéde, on me dit en Italien qu'elle venoit de se coucher, je fis semblant de n'entendre pas l'Italien, & je disois que l'on dit à la Reine que c'étoit moi. Enfin après l'avoir dit plusieurs fois, on me vint dire de monter seule; je la trouvai couchée dans un lit, où mes femmes couchoient toutes les fois que je passois à Montargis, une chandelle sur la table, & elle avoit une serviette autour de la tête comme un bonnet de nuit, & pas un cheveu, elle s'étoit fait razer il n'y avoit pas longtems, une chemise fermée sans colet avec un gros nœud couleur de feu, ses draps ne venoient qu'à la moitié de son lit, avec une vilaine couverture verte, elle ne me parut pas jolie en cet état. Elle me salua d'abord, & me dit qu'elle étoit bien fâchée de la peine que j'avois prise, que j'avois eu bien de la fatigue de me lever si matin, puis me demanda qui étoit venu avec moi. Je lui dis «Mesdames de Thianges & de Frontenac»; elle me dit de les faire appeller, elle fit assez bon accueil à Madame de Thianges; je lui demandai comment elle avoit trouvé le Roi. Elle me dit «fort bien fait & fort honnête homme», que c'étoit dommage qu'il n'aimât une plus belle personne que Mademoiselle de Mancini, qu'elle trouvoit Monsieur fort joli, qu'il avoit été honteux avec elle, que cela l'avoit surprise, parce qu'elle avoit cru le Roi plus farouche: puis elle me demanda des nouvelles du Comte de Holac; je ne lui dis pas qu'il étoit prisonnier, je ne le savois pas pour lors. Elle me parla encore de Mr. le Prince, elle me demanda si je lui écrivois; je lui dis que non, que cela m'étoit défendu: puis je m'en allai, & je jugeai bien que ma visite avoit été trop longue. Si elle eût été plus civile, elle me seroit venue voir le lendemain avant que de partir; ce seroit trop demander à une Reine des Gots. Je me levai matin, & m'en allai à son logis, je la trouvai jolie avec un justaucorps neuf bien brodé, & en belle humeur: elle proposa à Madame de Thianges de s'en aller à Rome avec elle, & que c'étoit une sotise de s'amuser à son mari, que le meilleur ne valoit rien, & qu'il étoit fort à propos de le quitter; elle pesta fort contre le mariage, & me conseilla de ne me jamais marier, elle trouvoit abominable d'avoir des enfans. Elle se mit à parler des dévotions de Rome d'une maniére assez libertine. Elle me dit, «je passe à Turin, que voulez vous que je dise, si on m'y parle de vous?» Je lui dis que je ne doutois pas que ce ne fût de la bonne maniére, parce que Madame de Savoye étoit ma tante, & m'avoit toujours témoigné beaucoup d'amitié: à quoi elle répliqua, «son Fils vous aime plus qu'elle, il vous desire fort, & il a raison; pour elle elle vous craint, parce qu'elle veut gouverner.» On la pressa de partir, parce qu'elle avoit une assez longue journée à faire: elle me disoit, «vous me donnez le plus sensible déplaisir que j'étois capable de recevoir de me séparer de Mademoiselle, je ne la verrai peut-être jamais»; elle me fit mille cajolleries de cette façon. Je la vis monter en carosse, avec Sentinelly, un autre, & un Gentilhomme, qui étoit au Roi nommé Leislein: rien n'est si bizarre que de voir une Reine sans pas une femme. ...

...

1657

Je trouvai à Orléans l'Evêque du lieu, qui étoit fort charmé de la Reine de Suéde; & qui fut bien surpris que le Comte de Bethune s'en moquât. ...

...

... Madame de Courtenai me vint conduire jusques à Châtillon, je vis Mademoiselle de Vertus à Montargis, je passai à Fontainebleau, où étoit la Reine de Suéde: j'allai droit chez elle, on me dit qu'elle n'étoit pas éveillée. Je m'en allai à l'hôtellerie, où elle m'envoya un Gentilhomme pour me dire, qu'elle s'habilloit en diligence pour me voir. Lorsqu'elle fut en état, on me vint querir: Je trouvai dans sa Cour vingt Suisses habillez de gris avec de hallebardes dorées, force valets de pied & Pages vêtus de gris aussi, assez de Gentilshommes dans la salle & dans l'antichambre. Elle avoit un just-au-corps de velours noir, une juppe couleur de feu, & un bonnet de velours noir avec des plumes noires, & quantité de rubans couleur de feu. Elle me parut alors aussi jolie que la premiére fois que je l'avois vûe. Je lui demandai si elle ne reviendroit point à la Cour, elle me dit qu'elle n'en savoit rien, & qu'elle feroit tout ce qu'on lui ordonneroit. Le Roi l'étoit venu voir depuis son retour, il avoit couché à Villeroi, & l'après dinée il y étoit allé au galop. Mr. le Cardinal avoit été à Petit-Bourg, où elle étoit allée le voir... Le Comte de Sentinelli étoit celui qui paroissoit être le mieux avec la Reine de Suéde, elle l'avoit envoyé en Italie, on disoit que le Marquis de Monaldesqui son Grand Ecuyer s'étoit voulu prévaloir de son absence & lui rendre de mauvais offices. Pour cela il avoit pris de ses Lettres qu'il avoit ouvertes, & même de celles de la Reine sa maitresse: on n'a point sû le détail de cette affaire. Voilà ce qui a été sû & vû un jour qu'il dînoit à la ville, elle l'envoya querir, & lui dit, «passez dans la gallerie», c'est celle des Cerfs, qui est à Fontainebleau, & que là il trouva le Chevalier de Sentinelli Capitaine des Gardes de la Reine de Suéde, qui lui dit: «Confessez-vous, voila le Pére Mantuony.» La Reine lui avoit conté les sujets qu'elle avoit de se plaindre de lui, pour lui faire comprendre, que de faire couper le col en Suéde à Monaldesqui, ou de le faire tuer dans la gallerie de Fontainebleau, c'étoit pour elle la même affaire. Monaldesqui eut grande peine à se résoudre à mourir, il envoya le Pére Mantuony demander pardon à la Reine, & la vie: elle le refusa; il voulut se jetter par les fenêtres, & elles étoient fermées. Sentinelli eut peine à le tuer, il avoit une Jacque de maille, il lui donna plusieurs coups, desorte que la gallerie fut pleine de sang, & quoiqu'on l'ait fort lavée, il y en reste toujours des marques. Après qu'il fut mort on l'emporta dans un Carosse à la Paroisse, où on l'enterra à une heure où il n'y avoit personne, ce qui est aisé, la Paroisse étant à un quart de lieuë du Bourg & du Château. On a dit que la Reine de Suéde vint regarder comme on le tuoit; je ne sai si cela est bien certain. Cette action fut trouvée fort mauvaise, & on trouva beaucoup à redire qu'elle l'eût osé commettre dans la Maison du Roi. Elle prétendoit, comme j'ai dit, que c'étoit faire justice, & comme les Rois ont droit de vie & de mort, ce même pouvoir s'étend au lieu où ils vont, comme sur ceux qui leur appartiennent. Ce genre de mort est bien barbare & bien cruel à toutes sortes de personnes, & particuliérement aux femmes. Elle me traita fort civilement, comme elle avoit fait toutes les fois que je l'avois vuë. ...

With modernised spelling:

1656

J'appris que la reine de Suède était à Fontainebleau, et comme je la devais trouver sur mon chemin, je dépêchai à la Cour, qui était alors à La Fère, pour demander si le roi trouverait bon que je la visse, qu'il était de ma dignité, quoiqu'exilée, de ne pas voir une princesse étrangère sans la permission du roi. ...

... J'appris que la reine de Suède devait partir de Fontainebleau, j'avais grande impatience que mon envoyé à la Cour fût de retour. Je craignais que la reine de Suède ne partît. Il arriva dans le moment que j'en étais en peine et me dit que le roi trouvait bon que je visse la reine de Suède.

J'envoyai à l'instant un gentilhomme à Fontainebleau lui faire compliment et savoir où je pourrais avoir l'honneur de la voir, et aussi pour lui faire demander comment elle me traiterait. Le comte de Bethune, qui était à Chilly, me dit, «Il faut que vous disiez ce que vous désirez»

Je lui répondis que je voulais une chaise à bras. Il s'écria que je me moquais. Je me moqua de sa réponse et lui dis, «Puisque je n'ai point d'ordre du roi de la manière dont je dois vivre avec elle. Je ne saurais trop demander, il vaut mieux manquer de ce côté-là que de demander peu, et assurément elle n'en sera pas étonnée».

On s'adressa à M. de Guise pour le savoir d'elle. Il était auprès d'elle de la part du roi, il avait été la recevoir à Lyon. Lorsqu'on lui demanda comme elle me traiterait, elle répondit, «Tout comme elle voudra, quoique l'on doive beaucoup à sa qualité, il n'y a point d'honneur que je ne veuille rendre à sa personne.»

On lui proposa la chaise à bras. Elle n'en fit aucune difficulté; ensuite elle demanda, «Voudra-t-elle passer devant moi?»

De la manière dont j'en ai ouï parler, il est bon de le savoir, parce que si elle se trouvait à la porte, elle ne se retirerait pas. On lui dit que je n'avais garde de le prétendre que j'étais obligée de faire l'honneur de la France.

J'étais partie de Chilly et j'étais allée à Petitbourg, maison de M. l'evêque de Langres, ci-devant l'abbé de la Rivière, laquelle maison n'est qu'à une lieue d'Essonne. On m'apporta en ce lieu là cette réponse à 7 heures du soir. Je m'habillai et m'y en allai. J'avais avec moi Mesdames de Béthune, de Bouthillier et de Frontenac, Mesdemoiselles de Vandy, et de Segur, sœur du comte d'Escars. La comtesse de Fiesque, qui était allée à Paris, n'était pas de retour, ce qui était assez mal à elle.

Comme j'arrivai, M. de Guise, Cominges qui était de la part de la reine, et tous les officiers du Roi qui étaient à la servir, vinrent au devant de moi. Elle était dans une belle chambre à l'italienne, qui est chez Anselin. Elle y allait voir un ballet. Ainsi elle était entourée d'un nombre infini de gens, il y avait des bancs à l'entour de sa place, desorte qu'elle ne pouvait faire que deux pas pour venir au devant de moi.

J'avais tant ouï parler de la manière bizarre de son habillement que je mourais de peur de rire lorsque je la verrois. Comme on cria «Gare!», et que l'on me fit place, je l'aperçus, elle me surprit et ne fut pas d'une manière à me faire rire. Elle avait une jupe grise avec de la dentelle d'or et d'argent, un justaucorps de camelot couleur de feu avec de la dentelle de même que la jupe, au cou un mouchoir de point de Gênes noué avec un ruban couleur de feu, une perruque blonde et derrière une rond, comme les femmes en portent, et un chapeau avec des plumes noires qu'elle tenait. Elle est blanche, a les yeux bleux, dans des moments elle les a doux et dans d'autres fort rudes; la bouche assez agréable, quoique grande; les dents belles, le nez grand et aquilin. Elle est fort petite. Son justaucorps cache sa mauvaise taille. A tout prendre, elle me parut un joli petit garçon.

Elle m'embrassa et me dit, «J'ai la plus grande joie du monde d'avoir l'honneur de vous voir. Je l'ai souhaité avec passion»

Elle me donna la main pour passer sur le banc et me dit «Vous avez assez de disposition pour sauter.»

Je me mis dans la chaise à bras; il y avait une porte par où on voyait un enfoncement pour voir un ballet.

Elle me dit, «Je vous ai attendue.»

Je me voulais excuser de voir ce ballet, parce que je portais le deuil de ma sœur, de Chartres, qui était morte il n'y avait que quinze jours. Elle me pria de demeurer, ce que je fis. Ce ballet fut fort joli.

Je m'amusai assez à causer avec les gens qui étaient autour de moi. Cominges s'y trouva, je fus aise de le voir et d'entretenir M. Servien et le maréchal d'Albret. La reine me demanda combien j'avais les sœurs, des nouvelles de mon père, et où il était. Elle me dit, «Il est le seul en France qui ne m'ait pas envoyé visiter.»

Elle me demanda de quelle maison ma belle-mère était, me fit plusieurs questions, et des cajoleries infinies. Elle me louait en toute occasion, puis elle me disait sur le sujet du ballet, auquel elle voyait que je n'avais pas grande attention: «Quoi! Après avoir été si longtemps sans en voir, vous vous en souciez si peu? Cela m'étonne fort!»

La comtesse de Fiesque arriva avec Madame de Montglas. Je les présentai à la reine de Suède, comme j'avais fait les autres dames qui étaient avec moi. Elle me dit, «La comtesse de Fiesque n'est pas belle, pour avoir fait tant de bruit. Le chevalier de Gramont, est-il toujours amoureux d'elle?»

Quand je lui présentai M. le comte de Bethune, elle lui parla de mes manuscrits. Elle était bien aise de lui faire paraître qu'elle connaissait tout le monde et qu'elle en savait des nouvelles.

Après ce ballet, nous allâmes à la comédie, là elle me surprit pour louer des endroits qui lui plaisaient. Elle jurait Dieu, se couchait dans sa chaise, jettait ses jambes d'un côté et de l'autre, les passait sur les bras de sa chaise. Elle faisait des postures que je n'ai jamais vu faire qu'à Trivelin et à Jodelet, qui sont deux bouffons, l'un italien, l'autre français. Elle répétait les vers qui lui plaisaient, elle parla sur beaucoup de matières, et ce qu'elle dit, elle le dit assez agréablement. Il lui prenait des rêveries profondes, elle faisait de grands soupirs, puis tout d'un coup elle revenait comme une personne qui s'éveille en sursaut. Elle est tout à fait extraordinaire.

Après la comédie, on apporta une collation de fruits et de confitures; ensuite on alla voir un feu d'artifice sur l'eau. Elle me tenait par la main à ce feu, où il y eut des fusées qui vinrent fort près de nous. J'en eus peur. Elle se moqua de moi et me dit, «Comment une demoiselle qui a été aux occasions, et qui a fait de si belles actions, a peur?»

Je lui répondis que je n'étais brave qu'aux occasions et que c'était assez pour moi. Elle parla tout bas à Mademoiselle de Guise, qui lui dit, «Il faut le dire à Mademoiselle»:

Elle disait que la plus grande envie qu'elle aurait au monde serait de se trouver à une bataille et qu'elle ne serait point contente que cela ne lui fût arrivé, qu'elle portait une grande envie au prince de Condé de tout ce qu'il avait fait. Elle me dit, «C'est votre bon ami»

Je lui repondis, «Oui, Madame, et mon parent très proche.»

«C'est le plus grand homme du monde», dit-elle; «on ne lui saurait ôter cela.»

Je lui répondis qu'il était bienheureux d'être si avantageusement dans son esprit.

Quand le feu fut fini, nous allâmes dans sa chambre. Elle me dit, «Passons plus loin, je veux vous entretenir.»

Elle me mena dans une petite galerie qui en est proche et ferma la porte. Nous demeurâmes toutes deux. Elle me demanda ce que c'était que l'affaire que j'avais à démêler avec Son Altesse Royale. Je la lui contai, elle trouva que j'avais grande raison, et lui beaucoup de tort. Elle me dit qu'elle souhaitait le voir pour lui en parler et qu'elle serait bien aise de nous raccommoder, qu'il était injuste de m'avoir ôté des gens qui me servaient bien, qu'elle voulait s'employer par toute voie pour me les faire rendre et me raccommoder à la Cour et avec Son Altesse Royale; que je n'étais pas faite pour demeurer à la campagne, que j'étais née pour être reine, qu'elle souhaitait avec passion que je la fusse de France, que c'était le bien et l'avantage de l'État, que j'étais la plus belle et la plus aimable et la plus grande princesse de l'Europe, que la politique voulait cela, qu'elle en parlerait à Monsieur le cardinal.

Je la remerciai de tant d'honnêt[et]és qu'elle me faisait et de la manière obligeante dont elle parlait de moi; que pour ce dernier article je la suppliais très humblement de n'en point parler.

Après, elle me fit des plaintes d'un gentilhomme que j'avais envoyé à Auxerre lui faire des compliments, lequel, en débauche dans une hôtellerie, avait dit pis que pendre d'elle. Je fus fort surprise de son impertinence. Je lui en fis toutes les excuses imaginables, et je lui dis que je le chasserais.

Elle me répondit, «Vous ferez bien, et j'en serai bien aise.»

Elle me dit, «Vous savez tout le bien que je vous ai dit de Monsieur le prince et l'affection que j'ai toujours eue pour lui; maintenant je suis au désespoir d'avoir sujet de m'en plaindre. On m'a dit que, lorsque j'étais à Bruxelles, et depuis que je suis partie, il a fait des railleries et des discours de moi les plus outrageants du monde. Je me flatte que ce sont ses gens, et que ce n'est pas lui, afin de diminuer sa faute à mon égard, quoiqu'elle soit toujours assez grande d'avoir souffert que l'on m'ait déchirée; moi, qui l'ai toujours estimé et honoré plus que tous les hommes du monde.»

Je justifiai Monsieur le prince auprès d'elle autant qu'il me fut possible. Elle me sembla être fort touchée de ce discours.

On lui vint dire que la viande était servie. Je pris congé d'elle et m'en retournai à Petitbourg. Il était deux heures après minuit, et avant que j'eusse soupé et que je fusse couchée, il était grand jour.

Le lendemain j'envoyai savoir de ses nouvelles. Elle me manda qu'elle me viendrait voir, comme elle allait de l'autre côté de l'eau, et qu'elle eut retourné pour passer sur le pont de Corbeil. Elle m'envoya faire des excuses et me manda que les gens du Roi qui la conduisaient l'avaient empêchée de me venir voir, dont elle était fort fâchée. ...

...

J'arrivai ... à Jouarre. On m'y attendait. ... Le comte de Bethune me vint parler pendant qu'on retirait son carosse du bourbier. Il me demanda si j'avais mes pierreries. Je lui dis que je les avais. Il me fit quasi une réprimande de ce que j'étais si peu accompagnée. Je n'avais pas même des pages à cheval, je n'avais que mon écuyer, qui était en carosse; c'était celui que la reine de Suède m'avait priée de chasser, depuis elle me pria de le garder. Je trouvai que le comte de Bethune avait raison, et je résolus de ne plus faire de voyages si mal accompagnée. ...

...

A mon arrivée à St. Fargeau, j'eus la plus grande joie du monde. Je trouvai ma solitude fort agréable. Je n'ai point parlé de la réception que l'on fit à Paris à la reine de Suède, parce que les gazettes, dont on fait des recueils, en parlent assez. Je dirai seulement qu'elle était, disait-on, pareille à celle que l'on fit à l'empereur Charles Quint, hors qu'il était accompagné de plus d'hommes qu'elle de femmes; elle n'en avait aucune.

Elle fit son entrée à cheval. Elle n'était pas bien vêtue. Elle avait le même habit que lorsque je la vis à Essonne. Le jour qu'elle arriva à Paris, elle avait couché à Conflans, où beaucoup de gens l'avaient été voir. La curiosité y mena Préfontaine et Nau. Elle demanda qui ils étaient, et, comme elle le sut, elle leur dit qu'elle avait entendu parler de leur mérite et qu'elle savait qu'ils avaient été chassés d'auprès de moi pour m'avoir bien servie, et leur fit mille civilités.

Pendant qu'elle fut à Paris, elle visita toutes les belles maisons et les bibliothèques. Tous les gens savants l'allèrent visiter. Elle alla communier à Notre Dame, où ceux qui la virent furent mal édifiés de sa dévotion pour une nouvelle Catholique, qui devait être encore dans le premier zèle. Elle causa tout le temps de la Messe avec des evêques et fut toujours debout.

L'évêque d'Amiens, qui la confessa, m'a conté que l'abbé de Camus, aumônier du roi, qui la servait, lui avait demandé à qui elle voulait se confesser. Elle lui dit à un evêque, «Choisissez m'en un.»

Il alla quérir M. d'Amiens. Il était dans son cabinet avec son bonnet quarré et son rochet. Elle y entra, se mit à genoux, et le regarda toujours entre deux yeux, ce qui est assez extraordinaire. Il fallait au moins un extérieur aussi pénitent que le cœur pour approcher de ce sacrement. M. d'Amiens dit qu'elle se confessa fort bien et avec beaucoup de dévotion, et qu'il fut plus édifié de ses sentiments que de sa mine.

Elle vit Madame de Thianges à Paris, qu'elle prit en grande amitié.

Après y avoir été quelques jours, elle s'en alla à Compiègne et coucha à Chantilly, où Monsieur le cardinal Mazarin l'alla visiter. Il mena avec lui le roi et Monsieur; ils avaient ôté tous deux leur ordre. Le cardinal lui dit, «Voilà deux gentilshommes de qualité que je vous présente.»

Ils lui baisèrent la robe. Elle les releva, les baisa, et dit, «Ils sont de bonne maison», et elle les entretint. Elle appella le roi «mon frère» et Monsieur aussi, lesquels, après avoir fait leur visite, retournèrent toute la nuit au galop à Compiègne.

Le lendemain, ils revinrent avec la reine à la maison du maréchal de la Motte-Houdancourt, nommée le Fayel, et au devant de la reine de Suède. C'était une maison nouvellement bâtie et fort agréable. Leurs Majestés attendirent la reine de Suède sur une terrasse qui sépare le moitié de la Cour, laquelle était remplie de beaucoup de monde. La reine, qui m'a conté cette entrevue, me l'a dépeinte d'une manière fort belle. Je n'y étais pas,

La reine de Suède descendit au milieu de la Cour. La reine dit qu'elle ne fut jamais si surprise que de la voir et que, quoiqu'on lui eût bien dit qu'elle n'était pas faite comme les autres, elle ne pouvait se l'imaginer faite comme elle la trouva.

Le maréchal et la maréchale donnèrent une fort belle collation. Cette maison était magnifiquement meublée. Le maréchal avait eu en catalogue les plus beaux meubles du monde, avec des buffets de vermeil doré et même des pierreries, dont sa femme était parée aussi bien que de ses grâces naturelles. C'est une fort belle femme, et qui paraît bien ce qu'elle est. Toutes ces raretés venaient du duc de Cardonne.

Après cela, la reine de Suède alla à Compiègne. Le temps qu'elle y fut, on tâcha de lui donner tous les divertissements possibles. Elle eut les comédiens français et italiens et les 24 violons du Roi. Elle ne voulut pas danser; elle eut aussi toutes sortes de musiques et de chasses. Elle se plaisait fort à la Cour, comme elle n'y plaisait pas tant. On lui fit dire qu'elle y avait été assez longtemps, et cela fort honnêtement.

Il se rencontra que les Jésuites de Compiègne firent jouer une tragédie par leurs écoliers. On la convia d'y aller, ce qu'elle fit, et Leurs Majestés aussi. Elle se moqua fort de ces pauvres pères, les tourna en ridicule au dernier point, et fit les postures que je lui avais vu faire à Essonne, dont la reine fut fort surprise.

Elle avait entendu parler de l'amour du roi pour Mademoiselle de Mancini, de sorte que, pour faire sa cour, elle allait toujours se mettre entre le roi et elle et leur disait qu'il fallait se marier ensemble, qu'elle voulait être la confidente; et elle disait au roi, «Si j'étais à votre place, j'épouserais une personne que j'aimerais.»

Je crois que ces discours ne plurent ni à la reine ni à Monsieur le cardinal et qu'ils contribuèrent à hâter son départ. A la Cour, on n'aime pas les gens qui entrent en matière sans qu'on les en prie.

J'étais à Pons lorsqu'elle partit de Compiègne. Je croyais qu'elle y dût passer, parce que c'était son chemin, si elle eût pris celui de Bourgogne. J'envoyai à Melun lui faire compliment. Elle me manda qu'elle voulait me venir voir à Pons, qu'on lui avait dit que j'étais à St. Fargeau, que c'était son chemin d'y passer, et qu'elle était au désespoir de ne me point voir. Le gentilhomme que j'envoyai me dit qu'elle coucherait le lendemain à Montargis; la fantaisie me prit de la voir encore une fois. J'envoyai des relais.

Je partis à la pointe du jour, et j'arrivai à dix heures du soir à Montargis. Je n'avais avec moi que Madame de Thianges et Madame de Frontenac; la comtesse de Fiesque et Mademoiselle de Vandy n'avaient pas assez de force pour soutenir une telle fatigue.

A mon arrivée, je descendis chez la reine de Suède. On me dit en italien qu'elle venait de se coucher. Je fis semblant de n'entendre pas l'italien, et je disais que l'on dit à la reine que c'était moi. Enfin, après l'avoir dit plusieurs fois, on me vint dire de monter seule. Je la trouvai couchée dans un lit, où mes femmes couchaient toutes les fois que je passais à Montargis, une chandelle sur la table, et elle avait une serviette autour de la tête comme un bonnet de nuit, et pas un cheveu. Elle s'était fait razer il n'y avait pas longtemps. Une chemise fermée sans collet avec un gros nœud couleur de feu, ses draps ne venaient qu'à la moitié de son lit, avec une vilaine couverture verte. Elle ne me parut pas jolie en cet état.

Elle me salua d'abord et me dit qu'elle était bien fâchée de la peine que j'avais prise, que j'avais eu bien de la fatigue de me lever si matin, puis me demanda qui était venu avec moi. Je lui dis, «Mesdames de Thianges et de Frontenac.»

Elle me dit de les faire appeller. Elle fit assez bon accueil à Madame de Thianges.

Je lui demandai comment elle avait trouvé le roi. Elle me dit, «Fort bien fait et fort honnête homme», que c'était dommage qu'il n'aimât une plus belle personne que Mademoiselle de Mancini, qu'elle trouvait Monsieur fort joli, qu'il avait été honteux avec elle, que cela l'avait surprise, parce qu'elle avait cru le roi plus farouche.

Puis elle me demanda des nouvelles du comte de Holac. Je ne lui dis pas qu'il était prisonnier, je ne le savais pas pour lors. Elle me parla encore de Monsieur le prince. Elle me demanda si je lui écrivais. Je lui dis que non, que cela m'était défendu.

Puis je m'en allai, et je jugeai bien que ma visite avait été trop longue. Si elle eut été plus civile, elle me serait venue voir le lendemain avant que de partir; ce serait trop demander à une reine des Goths.

Je me levai matin et m'en allai à son logis. Je la trouvai jolie avec un justaucorps neuf, bien brodé, et en belle humeur. Elle proposa à Madame de Thianges de s'en aller à Rome avec elle et que c'était une sotise de s'amuser à son mari, que le meilleur ne valait rien, et qu'il était fort à propos de le quitter. Elle pesta fort contre le mariage et me conseilla de ne me jamais marier. Elle trouvait abominable d'avoir des enfants.

Elle se mit à parler des dévotions de Rome d'une manière assez libertine. Elle me dit, «Je passe à Turin, que voulez-vous que je dise si on m'y parle de vous?»

Je lui dis que je ne doutais pas que ce ne fût de la bonne manière, parce que Madame de Savoie était ma tante et m'avait toujours témoigné beaucoup d'amitié, à quoi elle répliqua, «Son fils vous aime plus qu'elle. Il vous desire fort, et il a raison. Pour elle, elle vous craint, parce qu'elle veut gouverner.»

On la pressa de partir, parce qu'elle avait une assez longue journée à faire. Elle me disait, «Vous me donnez le plus sensible déplaisir que j'étais capable de recevoir de me séparer de Mademoiselle. Je ne la verrai peut-être jamais.» Elle me fit mille cajoleries de cette façon.

Je la vis monter en carosse avec Santinelli, un autre, et un gentilhomme qui était au roi, nommé Leislein. Rien n'est si bizarre que de voir une reine sans pas une femme. ...

...

1657

Je trouvai à Orléans l'evêque du lieu, qui était fort charmé de la reine de Suède et qui fut bien surpris que le comte de Bethune s'en moquât. ...

...

... Madame de Courtenay me vint conduire jusqu'à Châtillon. Je vis Mademoiselle de Vertus à Montargis. Je passai à Fontainebleau, où était la reine de Suède. J'allai droit chez elle. On me dit qu'elle n'était pas éveillée. Je m'en allai à l'hôtellerie, où elle m'envoya un gentilhomme pour me dire qu'elle s'habillait en diligence pour me voir. Lorsqu'elle fut en état, on me vint quérir.

Je trouvai dans sa Cour vingt Suisses habillés de gris avec de hallebardes dorées, force valets de pied et pages vêtus de gris aussi, assez de gentilhommes dans la salle et dans l'antichambre. Elle avait un justaucorps de velours noir, une jupe couleur de feu, et un bonnet de velours noir avec des plumes noires, et quantité de rubans couleur de feu. Elle me parut alors aussi jolie que la première fois que je l'avais vue. Je lui demandai si elle ne reviendrait point à la Cour. Elle me dit qu'elle n'en savait rien et qu'elle ferait tout ce qu'on lui ordonnerait.

Le roi l'était venu voir depuis son retour. Il avait couché à Villeroy, et l'après-dînée il y était allé au galop. Monsieur le cardinal avait été à Petitbourg, où elle était allée le voir...

Le comte de Santinelli était celui qui paraissait être le mieux avec la reine de Suède, elle l'avait envoyé en Italie. On disait que le marquis de Monaldeschi, son grand écuyer, s'était voulu prévaloir de son absence et lui rendre de mauvais offices. Pour cela, il avait pris de ses lettres qu'il avait ouvertes et même de celles de la reine, sa maîtresse. On n'a point su le détail de cette affaire.

Voilà ce qui a été su et vu un jour qu'il dînait à la ville. Elle l'envoya quérir et lui dit, «Passez dans la galerie.» C'est celle des Cerfs, qui est à Fontainebleau, et que là il trouva le chevalier de Santinelli, capitaine des gardes de la reine de Suède, qui lui dit: «Confessez-vous, voilà le père Mantuoni.»

La reine lui avait conté les sujets qu'elle avait de se plaindre de lui pour lui faire comprendre que de faire couper le col en Suède à Monaldeschi, ou de le faire tuer dans la galerie de Fontainebleau, c'était pour elle la même affaire.

Monaldeschi eut grande peine à se résoudre à mourir. Il envoya le père Mantuoni demander pardon à la reine et la vie. Elle le refusa. Il voulut se jetter par les fenêtres, et elles étaient fermées. Santinelli eut peine à le tuer, il avait une jacque de maille, il lui donna plusieurs coups, de sorte que la gallerie fut pleine de sang, et, quoiqu'on l'ait fort lavée, il y en reste toujours des marques.

Après qu'il fut mort on l'emporta dans un carosse à la paroisse, où on l'enterra à une heure où il n'y avait personne, ce qui est aisé, la paroisse étant à un quart de lieue du bourg et du château. On a dit que la reine de Suède vint regarder comme on le tuait; je ne sais si cela est bien certain.

Cette action fut trouvée fort mauvaise, et on trouva beaucoup à redire qu'elle l'eût osé commettre dans la maison du Roi. Elle prétendait, comme j'ai dit, que c'était faire justice, et comme les rois ont droit de vie et de mort, ce même pouvoir s'étend au lieu où ils vont, comme sur ceux qui leur appartiennent. Ce genre de mort est bien barbare et bien cruel à toutes sortes de personnes, et particulièrement aux femmes. Elle me traita fort civilement, comme elle avait fait toutes les fois que je l'avais vue. ...

Swedish translations (my own):

1656

Jag fick veta att Sveriges drottning var i Fontainebleau, och då jag skulle finna henne på min väg, skyndade jag mig till hovet, som då låg vid La Fère, för att fråga, om konungen skulle finna det lämpligt, att jag skulle träffa henne; att det var min värdighet, fastän landsförvisad, att inte se en främmande prinsessa utan konungens tillstånd. ...

... Jag fick veta att Sveriges drottning skulle lämna Fontainebleau; jag var väldigt otålig att mitt sändebud till hovet skulle vara tillbaka, jag fruktade att Sveriges drottning skulle bege sig. Han kom i det ögonblicket att jag var en peine, och han sade till mig att konungen tyckte det var bra att jag fick träffa Sveriges drottning.

Jag skickade omedelbart en herre till Fontainebleau för att berömma henne och ta reda på var jag kunde få äran att träffa henne, och även för att fråga henne hur hon skulle behandla mig. Greven de Béthune, som var i Chilly, sade till mig: »Ni måste ju säga vad Ni vill.«

Jag sade till honom att jag ville ha en stol med armar. Han utbrast att jag skrattade. Jag hånade hans svar och sade: »Eftersom jag inte har några order från konungen hur jag skall leva med henne, kan jag inte begära för mycket; det är bättre att missa den sidan än att fråga lite, och hon kommer säkert inte att bli förvånad.«

Man vände sig till monsieur de Guise för att få reda på henne; han var med henne på konungens vägnar, han hade gått för att ta emot henne i Lyon. På frågan hur hon skulle behandla mig svarade hon: »Som hon vill, även om mycket beror på hennes kvalitet, finns det ingen ära som jag inte skall ge henne.«

Man erbjöd henne en stol med armar, hon gjorde inga svårigheter med det; då frågade hon: »Vill hon gå före mig?«

Från det sätt jag har hört talas om det är det bra att veta, ty om hon befann sig vid dörren skulle hon inte gå tillbaka. De sade till henne att jag var noga med att inte pretendera för henne och att jag var förpliktad att göra Frankrikes ära.

Jag hade lämnat Chilly och jag hade åkt till Petitbourg, biskopens hus av Langres, tidigare Abbé de la Rivière, vars hus ligger bara en liga från Essonne. Detta svar kom till mig på denna plats vid 7-tiden på kvällen. Jag klädde på mig och gick. Jag hade med mig mesdames de Béthune, de Bouthillier och de Frontenac, mesdemoiselles de Vandy och de Segur, syster till greve d'Escars. Grevinnan de Fiesque, som hade rest till Paris, hade inte återvänt, vilket var ganska dåligt för henne.

När jag kom fram kom monsieur de Guise, Cominges, som var på uppdrag av drottningen, och alla konungens officerare som tjänade henne, för att möta mig. Hon var i ett vackert rum i italiensk stil, som är hos Anselin, hon skulle dit för att se en balett; hon var därför omgiven av ett oändligt antal människor, det fanns bänkar runt hennes plats, så att hon bara kunde ta två steg för att komma mig till mötes.

Jag hade hört så mycket om det bisarra sättet på hennes klänning att jag var dödsrädd att jag skulle skratta när jag såg henne. När de ropade: »Gör plats!« och gjorde plats åt mig, jag lade märke till henne, hon överraskade mig och hon var inte klädd på ett sätt som fick mig att skratta. Hon hade på sig en grå kjol med guld- och silverspets, en eldfärgad camelot justaucorps med spets samt kjolen, vid halsen en genuesisk näsduk knuten med ett eldfärgat band, en blond peruk bakom en rund som kvinnor har, och en hatt med svarta fjädrar, som hon höll. Hon är vit, har blå ögon, i vissa ögonblick är de mjuka och i andra mycket sega, hennes mun är ganska behaglig även om den är stor, hennes tänder är vackra, hennes näsa är stor och akvilin, hon är mycket liten, hennes justaucorps döljer hennes dåliga figur. Allt som allt verkade hon för mig som en vacker liten pojke.

Hon omfamnade mig och sade till mig, »Jag har den största glädjen i världen att få äran att se Er, jag har önskat det passionerat.«

Hon gav mig sin hand för att jag skulle komma upp på bänken och hon sade: »Ni har tillräckligt med lust att hoppa.«

Jag satte mig ner i fåtöljen, det fanns en dörr genom vilken man kunde se en förrättning för att se en balett.

Hon sade till mig: »Jag har väntat på Er.«

Jag ville be om ursäkt för att jag såg den här balett, eftersom jag bar sorgekläder för min syster de Chartres, som hade dött för bara två veckor sedan; hon [drottningen] bad mig stanna, vilket jag gjorde. Den här baletten var väldigt vacker.

Jag roade mig tillräckligt med att prata med människorna omkring mig. Cominges var där; jag var glad att se honom och att prata med monsieur Servien och maréchal d'Albret. Drottningen frågade mig hur många systrar jag hade, hon frågade efter nyheter om min far och var han var. Hon sade till mig: »Han är den ende i Frankrike som inte har skickat någon på besök till mig.«

Hon frågade mig vilket hus min svärmor kom ifrån, ställde flera frågor till mig och ändlöst lirkade med. Hon berömde mig vid varje tillfälle, sedan sade hon till mig i ämnet baletten, som hon såg att jag inte hade ägnat så mycket uppmärksamhet, »Vad?! Efter att ha gått så länge utan att se en, bryr Ni Er verkligen så lite? Det förvånar mig verkligen.«

Grevinnan de Fiesque anlände med madam de Montglas. Jag presenterade dem för Sveriges drottning, som jag hade gjort med de andra damerna som var med mig. Hon sade till mig: »Grevinnan de Fiesque är inte vacker för att ha gjort så mycket oväsen; är chevalieren de Gramont fortfarande kär i henne?«

När jag presenterade monsieur hertigen de Béthune för henne talade hon om mina manuskript till honom. Hon var mycket glad över att få det att synas för honom att hon kände alla och att hon hörde nyheter om dem.

Efter den här baletten gick vi till komedin, där hon överraskade mig med att berömma de delar som gladde henne. Hon svor vid Gud, lade sig i sin stol, kastade benen från sida till sida, lade dem över armarna på sin stol; hon var slående poser som jag aldrig har sett någon göra förutom Trivelino och Jodelet, som är två buffoner, den ene en italienare, den andre en fransman. Hon upprepade de verser hon tyckte om, hon talade om många ämnen, och det hon sade, sade hon behagligt nog. Hon skulle falla i djupa drömmar, hon skulle sucka djupt, och sedan plötsligt skulle hon komma tillbaka till jorden som en person som vaknar med att hoppa till. Hon är helt extraordinär.

Efter komedin fördes en samling av frukt och konfekt; sedan gick vi för att se ett fyrverkeri på vattnet. Hon höll mig i handen medan hon tittade på dessa fyrverkerier, där det fanns raketer som kom väldigt nära oss. Jag blev rädd. Hon skrattade åt mig och frågade mig: »Hur kan en ung dam som har varit vid tillfällen och som har gjort så fina handlingar vara rädd?«

Jag svarade att jag bara var modig vid tillfällen, och det räckte för mig. Hon talade med låg röst till mademoiselle de Guise, som sade till henne: »Ni måste berätta för Mademoiselle.«

Hon sade att den största önskan hon skulle ha i världen skulle vara att befinna sig i en strid, och att hon inte skulle vara glad över att det inte hade hänt henne, att hon mycket avundade prinsen de Condé för allt han hade gjort. Hon frågade mig: »Är han Er gode vän?«

Jag svarade: »Ja, madam, och min mycket nära släkting.«

»Han är den störste mannen i världen« sade hon, »ingen kan ta det ifrån honom.«

Jag svarade att han var lycklig över att vara så gunstigt i hennes sinne.

När fyrverkeriet var över gick vi till hennes kammare. Hon sade till mig: »Låt oss gå vidare, jag vill tala med Er.«

Hon ledde mig in i ett litet galleri nära den och stängde dörren. Vi stannade båda två, hon frågade mig vad det var som var saken som jag måste reda ut med Hans Kungliga Höghet. Jag berättade det för henne; hon fann att jag hade väldigt rätt och han väldigt fel. Hon sade till mig att hon ville träffa honom för att tala med honom om det, och att hon gärna skulle försona oss, att det var orättvist av honom att ha berövat mig människor som tjänade mig väl, att hon ville ha dem alla återvände till mig och för att försona mig med hovet och med Hans Kungliga Höghet, att jag inte skulle bo på landsbygden, att jag föddes till att bli drottning, att hon med passion önskade att jag var Frankrikes drottning, att det skulle vara till statens bästa och fördel, att jag var den vackraste, den älskvärdaste och största prinsessan i Europa, att politiken ville detta och att hon skulle tala med kardinalen.

Jag tackade henne för att hon var så ärlig mot mig och för det tillmötesgående sätt som hon talade om mig på; när det gäller denna sista artikel, bad jag henne mycket ödmjukt att inte nämna den.

Efteråt klagade hon för mig över en herre, som jag hade skickat till Auxerre för att ge henne komplimanger, som i utsvävningar på ett värdshus hade sagt fruktansvärda saker om henne. Jag blev mycket förvånad över hans oförskämdhet, jag gjorde alla tänkbara ursäkter för det och sade till henne att jag skulle skicka iväg honom.

Hon svarade: »Ni kommer att klara Er bra, och jag blir mycket glad.«

Hon sade till mig: »Ni vet hur mycket gott jag har sagt till Er om monsieur le prince och den tillgivenhet jag alltid har haft för honom; nu är jag förtvivlad över att ha anledning att klaga på honom. Jag har fått höra, när jag var i Bryssel och sedan jag reste, höll han de mest upprörande hån och tal om mig i världen. Jag smickrar mig själv att det är hans folk, och att det inte är han, för att minska sitt fel med avseende på mig, fastän det ännu är stort nog att ha lidit att jag slits sönder, jag som alltid har aktat och hedrat honom mer än alla män i världen.«

Jag rättfärdigade monsieur le prince för henne så mycket som möjligt; hon tycktes mig vara mycket berörd av detta tal.

Man kom för att berätta att köttet var serverat, jag tog avsked av henne och återvände till Petitbourg. Klockan var två timmar efter midnatt och innan jag hade ätit kvällsmat och gått och lagt mig var det fullt dagsljus.

Dagen efter skickade jag efter nyheter om henne. Hon sade åt mig att komma och träffa mig; när hon var på väg till andra sidan vattnet och hade återvänt för att korsa Corbeil-bron, skickade hon mig för att be om ursäkt och berättade att konungens folk som körde henne hade hindrat henne från att komma för att träffa mig, därför var hon väldigt upprörd. ...

...

Jag anlände ... till Jouarre, man väntade mig där. ... kom Comte de Bethune för att tala till mig medan de drog upp hans vagn ur träsk. Han frågade mig om jag hade mina ädelstenar. Jag sade till honom att jag hade dem. Han tillrättavisade mig nästan för att jag hade så lite sällskap. Jag hade inte ens sidor till häst, jag hade bara min godsherre som satt i en vagn; det var han som Sveriges drottning hade bett mig skicka bort, som hon bad mig behålla honom. Jag fann att greven de Bethune hade rätt, och jag bestämde mig för att inte göra fler resor i så dåligt sällskap. ...

...

Vid min ankomst till Saint-Fargeau hade jag den största glädjen i världen; jag tyckte att min ensamhet var väldigt behaglig. Jag har inte talat om mottagandet som gavs i Paris till Sveriges drottning, eftersom de tidningar som samlas talar om det tillräckligt. Jag skall bara säga att det var, sades det, likt det som gjordes för kejsaren Karl V, förutom att han hade sällskap av fler män än hennes kvinnor, hade hon inga.

Hon gjorde sitt intåg på hästryggen. Hon var inte välklädd; hon hade på sig samma klänning som hon hade haft på sig när jag såg henne på Essonne. Dagen hon kom till Paris hade hon sovit på Conflans, dit många människor hade åkt för att träffa henne. Nyfikenheten ledde Préfontaine och Nau dit. Hon frågade vilka de var, och eftersom hon visste, berättade hon för dem att hon hade hört om deras förtjänster och att hon visste att de hade blivit bortskickade från mig för att de hade tjänat mig väl, och hon gjorde dem till tusen hederligheter.

Medan hon var i Paris besökte hon alla fina hus och bibliotek; alla lärda människor gick för att besöka henne. Hon gick till nattvarden i Notre Dame, där de som såg henne blev illa uppbyggda av hennes devotion som ny katolik, som fortfarande måste ha varit i den största iver. Hon talade hela tiden om mässan med biskoparna och var alltid upprätt.

Biskopen av Amiens, som biktade henne, berättade för mig att abbé de Camus, konungens präst, som tjänade henne, hade frågat henne för vem hon ville bikta sig. Hon sade till honom, till en biskop: »Välj en åt mig.«

Han gick för att fråga monsieur d'Amiens, som var i hans arbetsrum, iklädd sin fyrkantiga mössa och sin rochet. Hon gick in, knäböjde och tittade alltid fast på honom, vilket är alldeles extraordinärt. Åtminstone en utomstående behövdes lika ångerfull som hjärtat för att närma sig detta sakrament. Monsieur d'Amiens säger att hon biktade sig mycket bra och med stor hängivenhet, och att han var mer uppbyggd av hennes känslor än av hennes utseende.

Hon såg madam de Thianges i Paris, som hon fick en stor vänskap med.

Efter att ha varit där i några dagar åkte hon till Compiègne och sov på Chantilly, dit kardinal Mazarin åkte för att besöka henne. Han förde med sig konungen och monsieur, de hade båda tagit bort deras beställning. Kardinalen sade till honom: »Här är två herrar av kvalitet som jag presenterar för Er.«

De kysste hennes klänning, hon reste sig upp, kysste dem och sade: »De är av ett gott hus«, och hon underhöll dem. Hon kallade konungen »min bror«, och även monsieur, som efter att ha avlagt sitt besök återvände hela natten i galopp till Compiègne.

Dagen efter återvände de med drottningen till maréchal de la Motte-Houdancourts hus, kallad Fayel, och för att träffa Sveriges drottning. Det var ett nybyggt och mycket trevligt hus. Deras Majestäter inväntade Sveriges drottning på en terrass som skiljer halva hovet åt, som var fyllt av många människor. Drottningen, som berättade för mig om detta möte, beskrev det för mig på ett mycket vackert sätt. Jag var inte där.

Drottningen av Sverige kom ner mitt på gården. Drottningen sa att hon aldrig blev så förvånad över att se henne, och att även om hon hade fått höra att hon inte var som de andra, kunde hon inte föreställa sig att hon skulle bli formad när hon hittade henne.

Le maréchalen och la maréchale gav en mycket fin kollation; detta hus var magnifikt möblerat. Maréchalen hade i sin katalog haft de vackraste möblerna i världen, med skänkar av förgylld vermeil och till och med juveler som hans fru var prydd med såväl som med hennes naturliga grâces. Hon är en mycket vacker kvinna, och som verkar precis som hon är. Alla dessa rariteter kom från hertigen de Cardonne.

Därefter åkte Sveriges drottning till Compiègne. Medan hon var där försökte de ge henne all möjlig underhållning, hon hade de franska och italienska komedianterna och konungens 24 fioler. Hon ville inte dansa; hon hade också all slags musik och jakter. Hon trivdes väldigt bra vid hovet som hon knappt gjort tidigare. Hon fick veta att hon hade varit där tillräckligt länge, och helt ärligt.

Det hände att jesuiterna i Compiègne fick sina elever att spela en tragedi. Hon blev inbjuden att åka dit, vilket hon gjorde, och Deras Majestäter gick också. Hon gjorde narr av dessa stackars fäder, förlöjligade dem i högsta grad och satt i de hållningar jag hade sett henne göra i Essonne, över vilka drottningen blev mycket förvånad.

Hon hade hört talas om konungens kärlek till mademoiselle de Mancini, så att hon, för att uppvakta henne, alltid gick för att ställa sig mellan konungen och henne, och berättade för dem att de måste gifta sig tillsammans, att hon ville vara förtrogen; och hon sade till konungen: »Om jag var Ni, skulle jag gifta mig med en person som jag älskade.«

Jag tror att dessa diskurser varken behagade drottningen eller kardinalen, och att de bidrog till att påskynda hennes avgång. Vid hovet gillar vi inte människor som går in i affärer utan att bli ombedda att göra det.

Jag var på Pons när hon lämnade Compiègne; jag trodde att hon var tvungen att åka dit, för det var på hennes väg, om hon hade tagit den Bourgogne. Jag skickade Melun för att berömma henne; hon berättade att hon ville komma och träffa mig på Pons, att de hade sagt till henne att jag var i Saint-Fargeau, att det var på väg att åka dit och att hon var förtvivlad över att inte se mig. Den herre jag sände sade till mig att hon skulle sova nästa dag på Montargis; lusten tog mig att träffa henne igen. Jag skickade reläer.

Jag lämnade vid gryningen och jag anlände till Montargis vid tiotiden på kvällen. Jag hade bara med mig madam de Thianges och madam de Frontenac. Grevinnan de Fiesque och mademoiselle de Vandy hade inte tillräckligt med styrka för att uthärda sådan trötthet.

Vid min ankomst gick jag ner till Sveriges drottning. De sade till mig på italienska att hon just hade gått och lagt sig. Jag låtsades att jag inte förstod italienska och jag sade att man sade till drottningen att det var jag. Till slut, efter att ha sagt det flera gånger, blev jag tillsagd att gå upp ensam. Jag fann henne liggande i en säng där mina kvinnor sov varje gång jag gick till Montargis, med ett ljus på nattduksbordet. Hon hade en handduk runt huvudet som en nattmössa, och hon hade inget hår, det hade rakats för inte länge sedan. Hon var klädd i en stängd klänning utan krage och med ett stort eldfärgat band. Lakanen kom bara halvvägs upp i hennes säng, med en ful grön filt. Hon såg inte vacker ut för mig i detta tillstånd.

Hon hälsade mig först och berättade att hon var mycket ledsen för det besvär jag gjort, att jag varit väldigt trött av att gå upp så tidigt; då frågade hon mig vem som hade kommit med mig. Jag sade till henne, »Mesdames de Thianges och de Frontenac.«

Hon sade åt mig att kalla in dem, hon gav madam de Thianges ett ganska varmt välkomnande.

Jag frågade henne vad hon tyckte om konungen. Hon sade till mig »Han är en väldigt stilig och väldigt ärlig man«, att det var synd att han inte älskade en vackrare person än mademoiselle de Mancini, att hon tyckte att monsieur var väldigt vacker, att han hade varit blyg med henne, att detta hade förvånat henne, och för att hon hade föreställt sig att konungen skulle vara balstyrigare.

Sedan frågade hon mig om nyheter om greven de Holac; jag sade inte till henne att han var fånge. Jag visste det inte vid den tiden. Hon talade till mig igen om monsieur le prince, hon frågade mig om jag skrev till honom; jag sade nej, det var förbjudet för mig.

Sedan gick jag bort och jag bestämde mig för att mitt besök hade varit för långt. Om hon hade varit mer vänlig, skulle hon ha kommit för att träffa mig nästa dag innan hon gick; men det skulle vara att begära för mycket av en drottning av goterna.

Jag gick upp på morgonen och gick till hennes logi. Jag fann henne vacker i en ny, välbroderad justaucorps och vid gott mod. Hon föreslog madam de Thianges att hon skulle åka till Rom med henne, och att det var dumt att roa hennes man, att det bästa inte var värt något och att hon mycket var på väg att lämna honom. Hon förbannade starkt mot äktenskapet och rådde mig att aldrig gifta mig, och hon tyckte att det var avskyvärt att få barn.

Hon började tala om Roms andakter på ett ganska libertint sätt. Hon sa till mig: »Jag skall till Turin. Vad vill Ni att jag skall säga om de talar med mig om Er där?«

Jag sade till henne att jag inte tvivlade på att det var rätt väg, för madam de Savoy var min faster och hade alltid visat mig en stor vänskap, varpå hon svarade: »Hennes son älskar Er mer än hon gör. Han åtrår Er mycket, och han har rätt; vad gäller henne, hon fruktar Er för att hon vill regera.«

De uppmanade henne att det var dags att gå, för hon hade en ganska lång dag kvar. Hon sade till mig: »Ni ger mig det största missnöje jag kan få, att Ni tvingar mig att skilja mig från mademoiselle. Jag kommer kanske aldrig att se henne igen.« Hon lirkade med mig tusen gånger på det sättet.

Jag såg henne sätta sig i en vagn med Santinelli och en annan herre vid namn Leislein, som tillhörde konungen. Ingenting är så konstigt som att se en drottning utan en kvinna.

...

1657

Jag fann hos Orléans ortens biskop, som var mycket charmerad av Sveriges drottning; och som var ganska förvånad över att greven de Bethune gjorde narr av henne.

...

... Madame de Courtenay kom för att ta mig så långt som till Châtillon. Jag såg mademoiselle de Vertus på Montargis. Jag åkte till Fontainebleau, där drottningen av Sverige var. Jag gick direkt till henne; de sade till mig att hon inte var vaken. Jag gick till värdshuset, där hon skickade en herre för att berätta att hon klädde sig i flit för att träffa mig. När hon var klar kom de för att hämta mig.

Jag fann på hennes innergård tjugo schweizare klädda i grått med förgyllda hellebarder, ett stort antal fotfolk och pager också klädda i grått, och många herrar i salen och i förkammaren. Hon hade en svart sammetsjustaucorps på sig, en eldfärgad kjol och en svart sammetshuva med svarta fjädrar och en mängd eldfärgade band. Hon tycktes mig då vara lika vacker som hon hade varit första gången jag såg henne. Jag frågade henne om hon inte ville återvända till hovet; hon sade till mig att hon inte visste något om det och att hon skulle göra vad hon än blev beordrad att göra.

Konungen hade kommit för att träffa henne sedan han återvände; han hade sovit på Villeroy, och efter middagen hade han gått dit i galopp. Monsieur le Cardinal hade varit i Petitbourg, dit hon hade åkt för att träffa honom. ...

Greve Santinelli var den som tycktes vara bäst med Sveriges drottning, hon hade skickat honom till Italien, det sades att markisen Monaldeschi, hennes överstallmästare, ville dra fördel av hans frånvaro och ge henne dåliga tjänster. Ty han hade tagit från sina brev som han hade öppnat, och till och med från drottningens, sin härskarinna; detaljerna i denna affär är inte kända.

Detta är vad som var känt och sett en dag när han åt middag i staden. Hon sände bud efter honom och sade till honom: »Gå in i galleriet.« Det är det av Cerfs, som är i Fontainebleau, och att han där fann kavaljeren Santinelli, kapten för gardet av Sveriges drottning, som sade till honom: »Bikta Er, här är fader Mantuoni.«

Drottningen hade berättat för honom om de skäl hon hade för att klaga på honom, för att få honom att förstå att att klippa Monaldeschis krage i Sverige, eller att få honom dödad på Fontainebleaus galleri, var för henne samma fall.

Monaldeschi hade stora svårigheter att bestämma sig för att dö, han skickade fader Mantuoni för att be drottningen om förlåtelse och liv. Hon vägrade honom; han ville kasta sig genom fönstren, och de var stängda. Santinelli hade svårt att döda honom, han hade en ringbrynja, han gav den flera slag, så att galleriet var full av blod; och även om det hade tvättats noggrant, fanns det fortfarande fläckar av den.

Sedan han var död, tog de honom i en vagn till socknen, där de begravde honom i en timme, då ingen var där, vilket är lätt, eftersom socknen ligger en kvarts lieue från staden och slottet. Det har sagts att Sveriges drottning kom för att titta på när han dödades; jag vet inte om detta är helt säkert.

Denna handling ansågs mycket oriktig, och det var mycket som förnekade att hon hade vågat begå den i Konungens hushåll. Hon hävdade, som jag har sagt, att hon gjorde rättvisa, och eftersom konungar har rätt till liv och död, sträcker sig samma makten till de platser där de går, som över dem som tillhör dem. Detta slags död är väldigt barbarisk och väldigt grym mot alla typer av människor, och särskilt mot kvinnor. Hon behandlade mig väldigt hövligt, som hon hade gjort när jag såg henne. ...

English translation (my own):

1656

I learned that the Queen of Sweden was at Fontainebleau, and as I was to find her on my way, I hurried to the court, which was then at La Fère, to ask if the King would see fit for me to see her; that it was my dignity, although exiled, not to see a foreign princess without the permission of the King. ...

... I learned that the Queen of Sweden was to leave Fontainebleau; I was very impatient that my envoy to the court should be back, I feared that the Queen of Sweden would leave. He arrived at the moment that I was in pain, and he told me that the King thought it good that I should see the Queen of Sweden.

I instantly sent a gentleman to Fontainebleau to compliment her, and to find out where I might have the honour of seeing her, and also to ask her how she would treat me. The Comte de Béthune, who was at Chilly, said to me, "You must say what you wish."

I told him that I wanted a chair with arms. He exclaimed that I was laughing. I scoffed at his answer, and said, "As I have no orders from the King how to live with her, I cannot ask too much; it is better to miss that side than to ask little, and assuredly she will not be surprised."

One addressed oneself to Monsieur de Guise to find out about her; he was with her on behalf of the King, he had gone to receive her at Lyons. When asked how she would treat me, she replied, "As she pleases, although much is due to her quality, there is no honour that I will not render to her person."

One offered her the arm chair, she made no difficulty about it; then she asked, "Will she want to pass before me?"

From the way I have heard of it, it is good to know, because if she found herself at the door, she would not go back. They told her that I was careful not to pretend to her, and that I was obliged to do the honour of France.

I had left Chilly, and I had gone to Petitbourg, the house of the Bishop of Langres, formerly the Abbé de la Rivière, whose house is only a league from Essonne. This response was brought to me in this place at 7 o'clock in the evening. I got dressed and left. I had with me Mesdames de Béthune, de Bouthillier, and de Frontenac, Mesdemoiselles de Vandy, and de Segur, sister of the Comte d'Escars. The Comtesse de Fiesque, who had gone to Paris, had not returned, which was rather bad for her.

As I arrived, Monsieur de Guise, Cominges, who was on behalf of the Queen, and all the King's officers who were serving her, came to meet me. She was in a beautiful Italian style room, which is at Anselin's, she was going there to see a ballet; she was therefore surrounded by an infinite number of people, there were benches around her place, so that she could only take two steps to come to meet me.

I had heard so much about the bizarre manner of her dress that I was mortally afraid that I would laugh when I saw her. As they shouted, "Make way!" and made room for me, I noticed her, she surprised me, and she was not dressed in a way to make me laugh. She had on a grey skirt with gold and silver lace, a fire-coloured camelot justaucorps with lace as well as the skirt, at her neck a Genoese handkerchief tied with a fire-coloured ribbon, a blond wig behind a round one like what women wear, and a hat with black feathers, which she was holding. She is white, has blue eyes, at some moments they are soft and in others very tough, her mouth is rather pleasant although large, her teeth are beautiful, her nose is large and aquiline, she is very small, her justaucorps hides her bad figure. All in all, she seemed to me like a pretty little boy.

She embraced me and said to me, "I have the greatest joy in the world to have the honour of seeing you, I have wished for it passionately."

She gave me her hand for me to get onto the bench, and she said, "You have enough disposition to jump."

I sat down in the armchair, there was a door through which one could see an enfoncement to see a ballet.

She told me, "I've been waiting for you."

I wanted to apologise for seeing this ballet, because I was wearing mourning clothes for my sister de Chartres, who had died only a fortnight ago; she [the Queen] begged me to stay, which I did. This ballet was very pretty.

I amused myself enough chatting with the people around me. Cominges was there; I was glad to see him, and to talk to Monsieur Servien and the Maréchal d'Albret. The Queen asked me how many sisters I had, she asked for news of my father and where he was. She said to me, "He is the only one in France who has not sent me someone for a visit."

She asked me what house my mother-in-law was from, asked me several questions, and endless cajoling. She praised me on every occasion, then she said to me on the subject of the ballet, to which she saw that I had not paid much attention, "What?! After going so long without seeing one, do you really care so little? That really astonishes me."

The Comtesse de Fiesque arrived with Madame de Montglas. I introduced them to the Queen of Sweden, as I had done with the other ladies who were with me. She said to me, "The Comtesse de Fiesque is not beautiful for having made so much noise; is the Chevalier de Gramont still in love with her?"

When I introduced Monsieur le Comte de Béthune to her, she spoke to him of my manuscripts. She was very glad to make it appear to him that she knew everyone and that she heard news of them.

After this ballet, we went to the comedy, where she surprised me in praising the parts that pleased her. She swore to God, lay down in her chair, threw her legs from side to side, laid them over the arms of her chair; she was striking poses that I have never seen anyone do except Trivelino and Jodelet, who are two buffoons, one Italian, the other French. She repeated the verses she liked, she spoke on many subjects, and what she said, she said pleasantly enough. She would fall into deep reveries, she would sigh deeply, then suddenly she would come back to earth like a person who wakes up with a start. She is absolutely extraordinary.

After the comedy a collation of fruit and confections was brought; then we went to see a fireworks display on the water. She held me by the hand while watching these fireworks, where there were rockets which came very close to us. I got frightened. She laughed at me and asked me, "How can a young lady who has been on occasions, and who has done such fine deeds, be afraid?"

I replied that I was brave only on occasions, and that was enough for me. She spoke in a low voice to Mademoiselle de Guise, who said to her, "You must tell Mademoiselle."

She said that the greatest desire she would have in the world would be to find herself at a battle, and that she would not be happy that it had not happened to her, that she greatly envied the Prince de Condé for all that he had done. She asked me, "Is he your good friend?"

I replied, "Yes, Madame, and my very close relative."

"He's the greatest man in the world," she said, "no one can take that away from him."

I replied that he was happy to be so favourably in her mind.

When the fireworks display was over, we went to her chamber. She said to me, "Let's move on, I want to talk to you."

She led me into a small gallery near it and closed the door. We both stayed, she asked me what the matter was that I had to sort out with His Royal Highness. I told it to her; she found that I was very right, and he very wrong. She told me that she wanted to see him to talk to him about it, and that she would be very happy to reconcile us, that it was unjust of him to have deprived me of people who served me well, that she wanted to have them all returned to me and to reconcile me at court and with His Royal Highness, that I was not made to live in the countryside, that I was born to be Queen, that she wished with passion that I were Queen of France, that it would be for the good and the advantage of the State, that I was the most beautiful, the most amiable and the greatest princess in Europe, that politics wanted this, and that she would speak to the Cardinal.

I thanked her for being so honest with me and for the obliging manner in which she spoke of me; as for this last article, I very humbly begged her not to mention it.

Afterwards, she complained to me about a gentleman whom I had sent to Auxerre to pay her compliments, who, in debauchery in an inn, had said terrible things about her. I was very surprised at his impertinence, I made every conceivable excuse for it, and told her that I would send him away.

She replied, "You will do well, and I will be very glad."

She said to me, "You know how much good I have said to you about Monsieur le Prince, and the affection I have always had for him; now I am in despair of having cause to complain about him. I have been told that when I was in Brussels, and since I left, he made the most outrageous taunts and speeches about me in the world. I flatter myself that it is his people, and that it is not he, in order to diminish his fault with regard to me, although it is still great enough to have suffered that I be torn apart, I who have always esteemed and honoured him more than all the men in the world."

I justified Monsieur le Prince to her as much as possible; she seemed to me to be greatly touched by this speech.

They came to tell her that the meat was served, I took leave of her and returned to Petitbourg. It was two hours after midnight, and before I had had supper and gone to bed, it was broad daylight.

The next day I sent for news of her. She told me to come and see me; As she was going to the other side of the water, and had returned to cross the Corbeil bridge, she sent me to apologise, and told me that the King's people who were driving her had prevented her from coming to see me, at which she was very upset. ...

...

I arrived ... at Jouarre, they were expecting me there. ... the Comte de Bethune came to speak to me while they were pulling his carriage out of the quagmire. He asked me if I had my precious stones. I told him that I had them. He almost reprimanded me for that I was so little accompanied. I did not even have pages on horseback, I had only my squire who was in a carriage; it was he whom the Queen of Sweden had begged me to send away, as she begged me to keep him. I found that the Comte de Bethune was right, and I resolved not to make any more journeys in such bad company.

...

On my arrival at Saint-Fargeau, I had the greatest joy in the world; I found my solitude very agreeable. I have not spoken of the reception which was given in Paris to the Queen of Sweden, because the gazettes which are collected talk about it enough. I will only say that it was, it was said, similar to that which was made for the Emperor Charles V, apart from the fact that he was accompanied by more men than her women, she had none.

She made her entry on horseback. She was not well-dressed; she had on the same dress she had been wearing when I saw her at Essonne. The day she arrived in Paris, she had slept at Conflans, where many people had gone to see her. Curiosity led Préfontaine and Nau there. She asked who they were, and as she knew, she told them that she had heard of their merit, and that she knew that they had been sent away from me for having served me well, and she made them a thousand civilities.

While she was in Paris, she visited all the fine houses and libraries; all the learned people went to visit her. She went to Communion at Notre Dame, where those who saw her were ill-edified by her devotion as a new Catholic, who must still have been in the greatest zeal. She talked all the time about Mass with the bishops, and was always on her feet.

The Bishop of Amiens, who confessed her, told me that the Abbé de Camus, the King's chaplain, who served her, had asked her to whom she wanted to confess. She said to him, to a bishop, "Choose one for me."

He went to ask Monsieur d'Amiens, who was in his study, wearing in his square cap and his rochet. She went in, knelt down, and always looked at him fixedly, which is quite extraordinary. At least one outsider was needed as penitent as the heart to approach this sacrament. Monsieur d'Amiens says that she made her confession very well and with great devotion, and that he was more edified by her feelings than by her looks.

She saw Madame de Thianges in Paris, with whom she took on a great friendship.

After having been there for a few days, she went to Compiègne and slept at Chantilly, where Cardinal Mazarin went to visit her. He brought with him the King and Monsieur, they had both taken away their order. The Cardinal said to him, "Here are two gentlemen of quality whom I present to you."

They kissed her robe, she made stand up, kissed them, and said, "They are of a good house," and she entertained them. She called the King "my brother", and Monsieur also, who, after having paid their visit, returned all night at a gallop to Compiègne.

The next day they returned with the Queen to the house of the Maréchal de la Motte-Houdancourt, called Fayel, and to meet the Queen of Sweden. It was a newly built and very pleasant house. Their Majesties awaited the Queen of Sweden on a terrace which separates half of the court, which was filled with many people. The Queen, who told me about this meeting, described it to me in a very beautiful way. I was not there.

The Queen of Sweden came down in the middle of the courtyard. The Queen said that she was never so surprised to see her, and that, although she had been told that she was not like the others, she could not imagine her to be formed as she found her.

The Maréchal and the Maréchale gave a very fine collation; this house was magnificently furnished. The Maréchal had had in his catalog the most beautiful pieces of furniture in the world, with sideboards of gilt vermeil and even jewels with which his wife was adorned as well as with her natural graces. She is a very beautiful woman, and who seems exactly what she is. All these rarities came from the Duc de Cardonne.

After that, the Queen of Sweden went to Compiègne. While she was there they tried to give her all possible entertainment, she had the French and Italian comedians and the King's 24 violins. She did not want to dance; she also had all sorts of music and hunts. She enjoyed herself very much at court like she had hardly done before. She was told that she had been there long enough, and quite honestly.

It happened that the Jesuits of Compiègne had their students play a tragedy. She was invited to go there, which she did, and Their Majesties went too. She made fun of these poor fathers, ridiculed them to the greatest degree, and sat in the positions I had seen her do at Essonne, at which the Queen was greatly surprised.

She had heard of the King's love for Mademoiselle de Mancini, so that, to court her, she always went to put herself between the King and her, and told them that they must marry together, that she wanted to be the confidante; and she said to the King, "If I were you, I would marry a person I loved."

I believe that these discourses pleased neither the Queen nor the Cardinal, and that they contributed to hasten her departure. At Court we do not like people who enter into matters without being asked to do so.

I was at Pons when she left Compiègne; I thought she had to go there, because it was on her road, if she had taken that of Burgundy. I sent Melun to compliment her; she told me that she wanted to come and see me at Pons, that they had told her that I was at Saint-Fargeau, that it was on her road to go there, and that she was in despair not to see me. The gentleman I sent told me that she would sleep the next day at Montargis; the fancy took me to see her once again. I sent relays.

I left at daybreak, and I arrived at Montargis at ten o'clock in the evening. I only had with me Madame de Thianges and Madame de Frontenac. The Comtesse de Fiesque and Mademoiselle de Vandy did not have enough strength to bear such fatigue.

On my arrival I went down to the Queen of Sweden. They told me in Italian that she had just gone to bed. I pretended not to understand Italian, and I said that they told the Queen that it was was me. Finally after having said it several times, I was told to go up alone. I found her lying in a bed in which my women slept every time I went to Montargis, with a candle on the nightstand. She had a towel around her head like a nightcap, and she had no hair, it had been shaved not long ago. She was wearing a closed chemise without a collar and with a big, fire-coloured ribbon. The sheets only came halfway up her bed, with an ugly green blanket. She did not look pretty to me in this state.

She greeted me first and told me that she was very sorry for the trouble I had taken, that I had been very tired from getting up so early; then she asked me who had come with me. I said to her, "Mesdames de Thianges and de Frontenac."

She told me to have them called in, she gave Madame de Thianges a fairly warm welcome.

I asked her what she thought of the King. She said to me "He's a very handsome and very honest man", that it was a pity that he did not love a more beautiful person than Mademoiselle de Mancini, that she found Monsieur very pretty, that he had been shy with her, that this had surprised her, and because she had imagined the King would be more wild.

Then she asked me for news of the Comte de Holac; I did not tell her he was a prisoner. I did not know at the time. She spoke to me again of Monsieur le Prince, she asked me if I was writing to him; I told him no, that was forbidden to me.

Then I went away, and I decided that my visit had been too long. If she had been more civil, she would have come to see me the next day before leaving; but that would be asking too much of a queen of the Goths.

I got up in the morning and went to her lodgings. I found her pretty in a new, well-embroidered justaucorps, and in good spirits. She suggested to Madame de Thianges that she should go to Rome with her, and that it was folly to amuse her husband, that the best was worth nothing, and that she was very much about to leave him. She cursed strongly against marriage and advised me never to marry, and she found it abominable to have children.

She began to speak of the devotions of Rome in a rather libertine manner. She said to me, "I'm going to Turin. What do you want me to say if they talk to me about you there?"

I told her that I had no doubt that it was the right way, because Madame de Savoy was my aunt and had always shown me a great deal of friendship, to which she replied, "Her son loves you more than she does. He desires you very much, and he is right; as for her, she fears you because she wants to govern."

They urged her that it was time to leave, because she had quite a long day to go. She said to me, "You give me the greatest displeasure I am capable of receiving, making me part from Mademoiselle. I shall perhaps never see her again." She cajoled me a thousand times that way.

I saw her get into a carriage with Santinelli and another gentleman named Leislein, who belonged to the King. Nothing is so strange as seeing a queen without a woman.

...

1657

I found at Orléans the Bishop of the place, who was greatly charmed by the Queen of Sweden; and who was quite surprised that the Comte de Bethune made fun of her.

...

... Madame de Courtenay came to take me as far as Châtillon. I saw Mademoiselle de Vertus at Montargis. I went to Fontainebleau, where the Queen of Sweden was. I went straight to her; they told me she was not awake. I went to the inn, where she sent a gentleman to tell me that she was dressing in diligence to see me. When she was ready, they came to fetch me.

I found in her courtyard twenty Swisses dressed in grey with gilded halberds, a great number of footmen and pages also dressed in grey, and many gentlemen in the hall and in the antechamber. She had on a black velvet justaucorps, a fire-coulored skirt, and a black velvet bonnet with black feathers, and a quantity of fire-coloured ribbons. She seemed to me then just as pretty as she had been the first time I had seen her. I asked her if she would not return to court; she told me that she knew nothing about it and that she would do whatever she was ordered to do.

The King had come to see her since his return; he had slept at Villeroy, and after dinner he had gone there at a gallop. Monsieur le Cardinal had been at Petitbourg, where she had gone to see him. ...

The Count Santinelli was the one who seemed to be the best with the Queen of Sweden, she had sent him to Italy, it was said that the Marquis Monaldeschi, her grand equerry, wanted to take advantage of his absence and give her bad services. For he had taken from his letters which he had opened, and even from those of the Queen, his mistress; the the details of this affair are not known.

This is what was known and seen one day when he was dining in town. She sent for him, and said to him, "Go into the gallery." It is that of the Cerfs, which is at Fontainebleau, and that there he found the Chevalier de Santinelli, Captain of the Guards of the Queen of Sweden, who said to him: "Confess yourself, here is Father Mantuoni."

The Queen had told him of the reasons she had for complaining about him, to make him understand that to have Monaldeschi's collar cut in Sweden, or to have him killed in the gallery of Fontainebleau, was for her the same case.

Monaldeschi had great difficulty in resolving to die, he sent Father Mantuoni to ask the Queen for forgiveness and life. She refused him; he wanted to throw himself through the windows, and they were closed. Santinelli had difficulty in killing him, he had a coat of chainmail, he gave it several blows, so that the gallery was full of blood; and although it had been thoroughly washed, there were still stains of it.

After he was dead, they took him in a carriage to the parish, where they buried him at an hour when there was no one there, which is easy, the parish being a quarter of a league from the town and the castle. It has been said that the Queen of Sweden came to watch as he was killed; I do not know if this is quite certain.

This action was considered very wrong, and there was much to deny that she had dared to commit it in the King's household. She claimed, as I have said, that she was doing justice, and as kings have the right of life and death, this same power extends to the places where they go, as over those who belong to them. This kind of death is very barbaric and very cruel to all kinds of people, and especially to women. She treated me very civilly, as she had done whenever I saw her. ...

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