Wednesday, February 22, 2023

Madame de Motteville's descriptions, mentions and memories of Kristina, part 1

Sources:

Mémoires pour servir à l'histoire d'Anne d'Autriche, volume 1, pages 387 to 391 and pages 490 and 491, Madame de Motteville, 1723


Mémoires pour servir à l'histoire d'Anne d'Autriche, volume 4, pages 429 to 457, Madame de Motteville, 1723


The Duke of Guise's letter describing Kristina I have posted here:



Above: Kristina.


Above: Françoise Bertaut, Madame de Motteville.

The excerpts:

1646

La Reine reçût alors (le 13 Septembre 1646.) un Ambassadeur extraordinaire de la Reine de Suede, qui ne venoit apparament que pour travailler à l'union des deux Couronnes. Celui, que cette Reine envoia, s'appelloit le Comte de la Gardie. Il étoit Fils du Connêtable de Suede: son Aieul étoit François, à ce qui se disoit, d'assez médiocre naissance. Il étoit bienfait: il avoit la mine haute, & ressembloit à un Favori. Il parloit de sa Reine en des termes passionnez, & si respectueux, qu'il étoit facile de le soupçonner de quelque tendresse plus grande que celle qu'il lui devoit par la qualité de Sujet. Il étoit accordé à une Cousine Germaine de cette Reine, qu'elle même lui faisoit épouser. Quelques-uns ont voulu dire, que si elle eut voulu suivre son inclination, qu'elle l'auroit prise pour elle; mais qu'elle s'étoit vaincuë par la force de sa raison, & par la grandeur de son ame, qui n'avoit pu souffrir ce rabaissement. D'autres disoient qu'elle étoit née libertine; & qu'étant capable de se mettre au-dessus de la coutume, elle ne l'aimoit pas, où elle ne l'aimoit plus, puisqu'elle le donnoit à une autre. Quoi qu'il en soit, cet homme parut assez digne de la fortune; mais plus propre à plaire qu'à gouverner. De la maniére dont il parloit de la Reine sa Maitresse, elle n'avoit pas besoin de Ministre; car elle-même, quoique très jeune, ordonnoit de toutes ses Affaires. Outre les heures qu'elle donnoit à ses études, elle en emploioit beaucoup, à ce qu'il disoit, au soin de son Etat. Elle agissoit de sa tête, & il assûroit que son moindre soin étoit l'ornement de sa personne. De la façon qu'il nous la dépeignit, elle n'avoit ni le visage, ni la beauté, ni les inclinations d'une Dame; au lieu de faire mourir d'amour les hommes, elle les faisoit mourir de honte & de dépit; & fut depuis cause que ce grand Philosophe Descartes perdit la vie de cette sorte, parce qu'elle n'avoit pas approuvé sa maniére de Philosophie. Elle écrivit à la Reine, à Monsieur Oncle du Roi, au Duc d'Anguien, & au Ministre, des Lettres que j'ai vuës; & qui furent admirées par la galanterie des pensées, par la beauté du stile, & par la facilité qu'elle témoignoit avoir à s'exprimer en nôtre Langue qui lui étoit familiere, avec beaucoup d'autres. On lui attribuoit alors toutes les vertus héroïques: on la mettoit au rang des plus illustres Femmes de l'Antiquité: toutes les plumes étoient emploiées à la loüer; & on disoit que les hautes Sciences étoient pour elle ce que l'éguille & la quenouille sont pour nôtre sexe. La Renommée est une grande causeuse: elle aime souvent à passer les limites de la vérité; mais cette verité a bien de la force: elle ne laisse pas long tems le Monde credule abandonné à la tromperie. Quelque tems après, on connût que les vertus de cette Reine Gothique étoient médiocres: elle n'avoit alors guere de respect pour les Chrêtiennes; & si elle pratiquoit les morales, c'étoit plûtôt par fantaisie, que par sentiment. Mais, elle étoit sçavante à l'égal des hommes les plus sçavants; & jusques là elle avoit conservé une haute réputation dans sa Cour, parmi ses Peuples, & dans toute l'Europe.

Pour regaler son Ambassadeur, on lui donna le Bal & la Comedie, de grands repas, & tous les Divertissemens ordinaires. Il orna la Promenade du Canal de Fontainebleau, d'un Carosse en broderie d'or & d'argent, qu'il avoit fait faire pour sa Reine. Il le fit trainer par six chevaux richement harnachés, suivi d'une douzaine des Pages de cette Princesse habillés de ses livrées, qui étoient jaunes & noir, avec des passemens d'argent. Le Comte de la Gardie le suivoit dans le sien, avec une grande quantité de livrées orangé & argent. Cette Cour en figure, avec la nôtre effective & belle, rendoit la Promenade tout-à-fait agréable.

...

1647

Le Roi alla voir un Vaisseau que la Reine de Suede lui avoit envoié, grand & beau; & on fit devant lui une espece de Combat Naval; mais, pour combler le joie les habitans, on leur fit cet honneur de leur laisser la garde de la Personne du Roi, quoi qu'il y eût nécessité d'en user ainsi, parce qu'il y avoit peu de Compagnie de Gardes auprès de lui. ...

...

1656

Nous vimes ... arriver à Compiegne la Reine de Suede, dont on avoit ouï conter tant de choses extraordinaires. Cette Princesse, qui avoit quité son Roiaume, sembloit l'avoir fait par un généreux dedain de la Couronne, & pour ne pas forcer son inclination, en faveur de son plus proche Parent, que ses Sujets avoient souhaité qu'elle épousât. Elle avoit embrassé notre Religion, & avoit renoncé à l'Heresie entre les mains du Pape. Quelques-uns estimoient infiniment cette Action, & croioient que cette Princesse, en quittant la Couronne de Suede, méritoit celle du Monde entier. D'autres l'avoient accusée d'avoir quitté son Roiaume par force, ou par légéreté, & d'avoir aimé tendrement, en Suede, & en Flandres, un Espagnol nommé Pimentel, qui avoit été dans sa Cour de la part du Roi son Maitre. On l'avoit beaucoup loüée, & infiniment blamée. Elle passoit pour une Personne illustre: les Plumes des plus fameux Auteurs, tant sur la Loüange, que sur la Satire, n'étoient emploiées qu'à parler de ses vertus héroïques, ou bien de ses défauts. En quittant la Suede, elle avoit été en Flandres, puis à Rome. Ensuite de ses Voiages, elle voulut voir la France aussi-bien que l'Italie; & cette grande réputation, qu'elle avoit acquise, fit que la Reine fut assez aise de la voir. Le Roi de Suede, à qui cette Reine du Nort avoit laissé son Roiaume, étoit un Prince belliqueux: il se faisoit craindre & considérer. Il avoit demandé au Cardinal que cette Princesse fût bien traitée en France, & le Ministre par ses propres sentimens l'estimoit. Elle y fut reçue de la même maniere que le fut autrefois Charles-Quint, quand il passa par la France, pour aller en Flandres. Le Roi lui envoia le Duc de Guise pour le recevoir à son Entrée sur ses Etats, & pour la complimenter de sa part. La Reine lui envoia Cominges, son Capitaine des Gardes, pour la même chose. Le prémier écrivit à quelqu'un de ses Amis une Lettre qui fut luë du Roi & de la Reine avec plaisir. Je l'ai gardée, par ce qu'elle représentoit au naturel cette Princesse dont il parle. ...

Cette Reine connoissoit si parfaitement toute la Cour, qu'en voiant Cominges, elle lui demanda des nouvelles du bon homme Guitaut son Oncle, & si elle ne le verroit point en colere; car, il étoit sujet à cette passion, & s'en servoit habilement: elle lui avoit aidé à faire sa fortune, & la Reine de tout tems avoit pris plaisir à le voir en cet état. La Reine de Suede n'ignoroit donc rien de toutes les grandes choses, & de toutes les petites. Elle dit en quelques occasions, qu'elle sçavoit qu'on avoit dit d'elle beaucoup de bien & de mal, & qu'on connoitroit en la voiant, qu'il n'y avoit ni l'un ni l'autre. Elle ne disoit pas la verité; car en effet, on y trouva un mélange de beauc[o]up de grandes vertus, & de grands deffauts. Elle fit son Entrée à Paris le huitiéme de Septembre, après avoir été régalée à Essone par Hesselin, d'un Ballet, d'un feu d'Artifice, d'une Comédie, & de quantité de Dames, qui la furent voir en ce lieu. Les Bourgeois de Paris en Armes, & avec de beaux Habits, la furent recevoir en bon ordre, hors les Portes de la Ville, & borderent son chemin dans toutes les Ruës dépuis Conflans où elle avoit couché, jusques au Louvre où elle devoit loger. Leur nombre fut infini, aussi-bien que des Dames, & des personnes de qualité, qui aux Fenêtres & aux Balcons la voulurent voir passer; & la foule fut grande dans les ruës. Elle tarda à traverser la Ville, dépuis deux heures, jusques à neuf heures, du soir qu'elle arriva au Louvre. Elle fut logée à l'Appartement du Roi, où étoit la belle Tapisserie de Scipion, & un Lit de Satin blanc en Broderie d'or, que le feu Cardinal de Richelieu en mourant laissa au feu Roi. En arrivant, elle demanda à boire. Le Prince de Conti, qui l'étoit allé visiter & recevoir, lui donna la Serviette, qu'elle prit après quelques complimens répétés. Cominges nous dit que le Duc d'Epernon, alors Gouverneur de Bourgogne, l'avoit magnifiquement reçûë; & quoyqu'elle affectât de ne rien admirer, elle trouva néanmoins que la France étoit belle, riche, & bien remplie de peuples. Elle voulut qu'on crût que Rome l'emportoit dans son inclination & son estime sur Paris, & disoit que l'Italie avoit de grands charmes: mais, à ce qu'il parut depuis, les Plaisirs de Paris ne lui déplurent pas, & je pense qu'elle auroit volontiers, quitté tout autre Pays pour le nôtre, s'il elle avoit pû y demeurer,

A ce premier abord, elle parut aimable à tous les honnêtes gens. Son Habit, si extravagant à l'entendre d'écrire, ne l'étoit point trop à la voir, ou du moins on s'y accoûtumoit facilement. Son visage parut assez beau, & chacun admira la vivacité de son esprit, & les choses particulieres qu'elle sçavoit de la France. Elle connoissoit non-seulement les maisons & les armes, mais elle sçavoit les intrigues & les Galanteries, & n'ignoroit pas même les noms de ceux qui aimoient la Peinture ou la Musique. Elle dit au Marquis de Sourdis les Tableaux de prix qu'il avoit dans son Cabinet, & sçavoit que le Duc de Liancourt en avoit de fort beaux; jusques là même qu'elle apprenoit aux François ce qu'ils ne sçavoient pas de leur Patrie. Elle disputa contre quelques-uns, qu'il y avoit dans la Sainte Chapelle une Agathe de grand prix, qu'elle voulut voir, & qui enfin se trouva à St. Denis. Elle parut civile particuliérement aux hommes, mais brusque & emportée, sans donner aucun sujet effectif de croire les mauvais Contes qu'on avoit faits d'elle. Ils s'étoient répandus dans toute l'Europe à son desavantage, & l'avoient fait passer dans l'opinion de tous les sages, pour une personne qui ne l'étoit gueres.

Nôtre Amazone Suedoise gagna tous les cœurs à Paris, qu'elle auroit peut-être perdus bien-tôt aprés, si elle y fut demeurée plus long-tems. Après y avoir vû tout ce qu'elle crut digne de sa curiosité, elle quitta cette grande Ville, où elle avoit été toûjours environnée d'une furieuse presse, pour venir voir leurs Majestés à Compiegne. Elle y fut reçûë, non seulement en Reine, mais en Reine bien aimée du Ministre. Le Cardinal Mazarin partit le même jour de Compiegne, pour être à Chantilli, quand elle y arriveroit pour y diner. Deux heures après ce Repas le Roi & Monsieur y arriverent comme des Particuliers. Le Roi entra par une porte qui étoit au coin du Balustre du Lit & se montra avec toute la foule, qui étoit au tour d'elle & du Cardinal. Aussi-tôt qu'ils furent apperçus par lui, il les presenta à la Reine de Suede, & lui dit que c'étoit deux Gentilshommes des plus qualifiés de la France. Elle les connut en les regardant, pour avoir vû leurs Portraits au Louvre, & lui répondit qu'elle le croioit ainsi, & qu'ils paroissoient être nés à porter des Couronnes. Le Cardinal Mazarin lui repartit, qu'il voyoit bien qu'il étoit difficile de la tromper, & qu'il étoit vrai que c'étoit le Roi & Monsieur, Le Roi lui dit de bonne grace, qu'il étoit fâché de ce qu'elle avoit été si mal reçûë dans ses Etats, qu'il n'avoit pas manqué de donner ses ordres pour la traitter selon ce qui lui étoit dû: mais que sa venüe si précipitée avoit empeché ceux à qui il les avoit donnés de lui rendre le respect qu'il auroit desiré de lui faire rendre. Elle repartit à ses civilités avec reconnoissance de ce qu'on avoit fait pour elle, & ne manqua pas d'éxagerer en de beaux termes la satisfaction qu'elle avoit reçûë en France. Le Roi, quoyque timide en ce tems-là, & nullement sçavant, s'accommoda si bien de cette Princesse hardie, sçavante & fiere, que dés ce premier instant, ils demeurerent ensemble avec liberté & agrément, de part & d'autre. Il fut aisé d'en trouver la raison: ceux qui voulurent la chercher jugerent, que c'étoit une marque indubitable, que le Roi avoit en lui par inclination, & par nature, les semences de ce qu'il y avoit d'aquis & de loüable en la personne de cette Reine, & que la timidité qui paroissoit en lui procedoit alors de sa gloire & de son jugement, qui lui faisoient desirer d'être parfait en toutes choses, & craindre en même tems de manquer en quelqu'une. Aprés cette conversation, il la quitta, & revint trouver la Reine, qui le lendemain alla la recevoir, accompagnée du Roi & de toute sa suite Royale. Ce fut à trois lieuës de Compiegne, au Fayet, Maison appartenante au Maréchal de la Motte-Houdancourt, où se fit cette celebre Entrevûë. Les Chevaux-Legers, les Gendarmes, & les Gardes, alloient au-devant du Carosse de leurs Majestés par gros Escadrons; &, comme ils étoient parés, cet accompagnement étoit véritablement Royal. Il y avoit avec le Roi & la Reine, Monsieur, Frere unique du Roi, Madame la Duchesse de Lorraine, Madame de Mercœur, & Madame la Comtesse de Flex, Dame d'Honneur de la Reine. Quand la Reine fut arrivée, elle ne voulut point entrer dans cette Maison, parce qu'elle sçavoit que la Reine de Suede devoit arriver bien-tôt. Elle demeura avec toute sa Cour sur [une] Terrasse qui est devant le Logis, d'où l'on descend par quelques degrés dans une grande Cour, où étoient rangés en haie les Gardes & toute la Cavalerie. Beaucoup de Personnes de qualité y étoient, avec des Habits en Broderie d'or & d'argent, & quantité d'autres, qui tous composoient un grand Cortege. Comme on n'avoit laissé entrer dans cette Cour que les Carosses de la Reine, & qu'on en avoit banni la Canaille, la Reine & toute sa belle Compagnie paroissoit sur cette Terrasse, comme sur un Amphithéatre. Ce fut à mes yeux une des plus belles & des plus agréables choses du monde. Cette Maison avoit la grace de la nouveauté: elle étoit neuve & réguliere, & la Cour étoit grande & quarrée. Le gazon en étoit coupé par bandes, & il étoit impossible de voir un objet plus agréable. La Reine, à qui je le fis remarquer dans ce moment, en demeura d'accord: & pour dire la vérité, quoi qu'elle ne fût pas la plus jeune de la Troupe, elle étoit pour le moins celle qui avoit la meilleure mine, & qui paroissoit la plus aimable.

Le Duc de la Rochefoucault, & quelques autres, qui depuis que cette Reine étrangere étoit à Paris, avoient été les plus assidus auprès d'elle, arrivérent les prémiers, & bien-tôt après son Carosse entra au bruit des Trompettes. Le Cardinal Mazarin & le Duc de Guise etoient seuls avec elle; car, elle n'avoit que quelques Femmes fort chétives pour la servir, qui ne se montrérent point. Aussi-tôt qu'elle vit la Reine, elle descendit de Carosse, & la Reine s'avança aussi deux ou trois pas, au dehors de la Terrasse, pour l'aller recevoir. Elles se saluérent toutes deux civilement. La Reine de Suede voulut faire quelques Complimens, & remercier la Reine du bon traitement qu'elle avoit reçu en France; mais, ces paroles furent interrompues par celles de la Reine, qui lui témoigna la joie qu'elle avoit de la voir. L'impatience, qu'eurent tous ceux qui les environnoient de voir cette Reine, fut si grande, qu'elle obligea les deux Reines à finir leurs Complimens, pour fuir la foule qui les accabloit. Le Roi, qui avoit déja fait connoissance avec l'Etrangere, lui donna la main pour la faire entrer dans la Maison. Elle passa devant la Reine, & se laissa conduire où l'on voulut la mener. Plusieurs ont trouvé que la Reine fut trop civile, de lui laisser prendre cet avantage; & le Roi même devenu plus grand en a eu depuis de la douleur, & du chagrin, & en plusieurs occasions a reproché à la Reine sa Mere, qu'elle avoit eu tort d'avoir cédé chez elle à cette Reine, & à celle de Pologne, vû la Grandeur de sa Naissance, & le haut Rang que lui donnoit la Couronne de France. J'étois une de celles qui me trouvai le plus près de ces deux Roiales Personnes, & quoi que les descriptions si particulieres, que l'on avoit faites de la Reine de Suede, me l'eussent figurée dans mon imagination, j'avoüe néanmoins que d'abord sa vûe me surprit. Les cheveux de sa Peruque étoient ce jour là defrisez, le vent en descendant de Carosse les enleva, & comme le peu de soin qu'elle avoit de son teint lui en faisoit perdre le blancheur, elle me parut d'abord comme une Egiptienne devergondée, qui par hazard ne seroit pas trop brune. En regardant cette Princesse, tout ce qui dans cet instant remplit mes yeux, me parut extraordinairement étrange, & plus capable d'éffraier que de plaire. Son Habit étoit composé d'un petit Corps, qui avoit à moitié la figure d'un Pourpoint d'homme, & l'autre moitié celle d'une Hongreline de Femme, mais qui étoit si mal ajusté sur son Corps, qu'une de ses épaules sortoit tout d'un côté, qui étoit celle qu'elle avoit plus grosse que l'autre. Sa Chemise étoit faite à la mode des hommes: elle avoit un colet qui étoit rataché sous sa gorge d'une épingle seulément, & lui laissoit tout le dos découvert: & ce Corps qui étoit échancré sur la gorge, beaucoup plus qu'un Pourpoint, n'étoit point couvert de ce colet. Cette même Chemise sortoit par embas de son demi-Pourpoint comme celles des hommes & elle faisoit sortir au bout de ses bras & sur les mains la même quantité de toile que les hommes en laissoient voir alors au deffaut de leur Pourpoint & de leurs Manches. Sa Jupe, qui étoit grise chamarée de petits passemens d'or & d'argent, de même que sa Hongreline, étoit courte, & au lieu que nos Robes sont trainantes, la sienne lui faisoit voir les pieds découverts. Elle avoit des Rubans noirs renoüez en maniere de petite oye, sur la ceinture de sa Jupe. Sa Chaussure étoit tout-à-fait semblable à celle des hommes, & n'étoit pas sans grace. Le Roi la mena dans une grande Salle, où Me. la Maréchale de la Motte avoit fait préparer une grande Collation. Le Roi, les deux, Reines, & Monsieur, en entrant s'assirent à table, & nous l'environnâmes pour voir cette Personne, en tout si différente des autres femmes, & dont la Renommée avoit tant fait de bruit. Après l'avoir regardée avec cette application que la Curiosité inspire en de telles occasions, je commençai à m'accoutumer à son Habit, & à sa Coeffure, & à son Visage. Je trouvai qu'elle avoit les yeux beaux & vifs, qu'elle avoit de la douceur dans le visage, & que cette douceur étoit mêlée de fierté. Enfin, je m'aperçus avec étonnement, qu'elle me plaisoit, & d'un instant à un autre, je me trouvai entierement changée pour elle. Elle me parut plus grande qu'on ne nous l'avoit dite, & moins bossue; mais, ses mains qui avoient été loüées comme belles, ne l'étoient guere: elles étoient seulement assez bien faites, & pas noires; mais ce jour-là elles étoient si crasseuses, qu'il étoit impossible d'y apperçevoir quelque beauté. Pendant cette Collation, elle mangea beaucoup, & ne parla que de Discours fort communs. Le Duc de Guise lui montra Melle. de Mancini, qui étoit auprès d'elle à la regarder comme les autres. Elle lui fit un grand salut, & se pancha tout en bas de sa chaise, pour lui faire plus de civilité. Au sortir de là, le Roi, les Reines, Monsieur, & le Cardinal Mazarin, se mirent dans le Carosse de la Reine, avec le reste de la Compagnie que j'ai nommée, & la Conversation y fut agréable. Quand la Reine fut arrivée à Compiegne, après avoir conduit son Hotesse dans son Appartement, elle nous fit l'honneur de nous dire, qu'elle étoit charmée de cette Reine, & nous avoüa que le prémier quart d'heure, elle en avoit été effraiée comme les autres; mais, qu'après l'avoir vue, & l'avoir entendu parler, cette surprise s'étoit changée en inclination. Elle nous dit que cette Princesse, faisant semblant de vouloir voir le Portrait du Roi & de Monsieur, que la Reine portoit au bras, elle lui avoit fait ôter son gant, & qu'elle lui avoit dit les choses du monde les plus jolies sur la beauté de ses mains, la loüant de les avoir sçu loüer sans l'embarasser. Aussi-tôt que la Reine de Suede se fut un peu reposée dans sa Chambre, elle vint faire visite à la Reine, d'où on la mena à la Comédie Italienne. Elle la trouva fort mauvaise, & le dit librement. On l'assûra que les Comédiens avoient accoutumé de mieux faire. Elle répondit froidement qu'elle n'en doutoit pas, puis qu'on les gardoit. Après cela, on la mena dans sa Chambre, où elle fut servie par les Officiers du Roi. Il fallut qu'on lui donnât jusques à des Valets de Chambre pour la servir, & pour la deshabiller; car elle étoit seule; elle n'avoit ni Dames, ni Officiers, ni Equipage, ni Argent: elle composoit elle seule toute sa Cour. Chanut, qui avoit été Résident pendant son Regne, étoit auprès d'elle, & deux ou trois hommes mal bâtis, à qui par honneur elle donnoit le nom de Comtes. On pouvoit dire avec vérité, qu'elle n'avoit personne; car outre ces médiocres Seigneurs, nous ne lui vimes que deux femmes qui ressembloient plûtôt à des Revendeuses, qu'à des Dames de quelque Condition. Enfin, je serois tentée, en faisant la Description de cette Princesse, de la comparer aux Heroïnes des Amadis, dont les Avantures étoient belles, dont le train étoit presque pareil au sien, & de qui la fierté avoit du rapport à celle qui paroissoit en elle. Je pense même, vû son Equipage & sa Pauvreté, qu'elle ne faisoit pas plus de repas, & ne dormoit pas mieux, que Marfise ou Bradamante, & qu'à moins d'arriver par hazard chez quelque grand Roi comme le nôtre, elle ne faisoit pas souvent bonne chere. Le prémier jour, elle observa de parler peu; ce qui paroissoit marquer en elle de la discrétion. Le Comte de Nogent, selon sa coutume, s'empressant devant elle de dire des vieux Contes, elle lui dit gravement qu'il étoit fort heureux d'avoir beaucoup de mêmoire. Le Cardinal Mazarin, le lendemain l'alla visiter en Camail, & tous les Evêques la saluérent en Cérémonie. Ce jour elle parut avec un Justaucorps de Camelot de couleur de feu, & une Jupe grise, l'un & l'autre chamarrez de passemens d'or & d'argent: sa Peruque étoit frisée & poudrée, son teint par le repos de la nuit avoit quelque beauté, ses mains étoient décrassées; & si elle eut été capable de se soucier des loüanges, je croi qu'on lui en auroit pû donner en ce moment avec justice, car elle parut à tous plus aimable qu'elle ne le vouloit être. Elle vint voir la Reine le matin, & la Reine lui rendit sa visite aussi-tôt après-diné. La conversation y fut gaie, & dans plusieurs rencontres cette Reine Etrangere fit voir qu'elle étoit spirituelle, & de bonne compagnie. Elle railla le Chevalier de Gramont sur la passion qu'il avoit alors pour Made. de Mercœur, & ne l'épargna nullement sur le peu de reconnoissance qu'il en pouvoit espérer. Delà elle fut à la Chasse du Sanglier où le Roi la convia d'aller. Elle lui avoit dit néanmoins, quand il lui proposa d'y aller, qu'elle ne l'aimoit point, parce qu'elle étoit périlleuse, & qu'elle ne pouvoit souffrir qu'on ne s'exposât à quelque peril, que pour acquérir de la gloire. Le soir, à la Comédie Françoise elle montra d'avoir l'ame passionnée: elle s'écria souvent sur les beaux endroits, paroissant sentir de la joie, ou de la douleur, selon les differens sentimens qui étoient exprimez par les vers qui se récitoient devant elle: puis, comme si elle eut été toute seule dans son Cabinet, se laissant aller sur le dos de sa Chaise, après ses exclamations, elle demeuroit dans une reverie profonde. La Reine même ne l'en pouvoit tirer, quoi que souvent elle voulût lui parler. Le soir, étant retirée avec quelques hommes de la Cour, entre autres Comminges qui n'étoit pas ignorant, ils parlérent de beaucoup de choses, & ensuite de la fidelité qu'on devoit aux Rois; & quelqu'un lui disant que tous les honnêtés gens en avoient, elle répondit qu'en tous les Païs cela étoit vrai, mais qu'elle avoit remarqué qu'en France ce n'étoit pas un deffaut que d'y manquer, & qu'il étoit commun parmi les personnes de mérite, & de qualité. Enfin, cette journée lui attira beaucoup d'approbation, & chez la Reine ce même soir on ne parla que d'elle. Plusieurs de nos rudes Railleurs avoient eu le dessein de la tourner en ridicule, & d'accabler par là ceux qui si légérement l'avoient encensée; mais ils ne pûrent alors en trouver les moyens, soit par son mérite, ou par la hauteur qu'elle eût pour eux, ou soit enfin parce qu'elle fût soutenüe par l'estime que le Ministre témoigna d'en faire, & par la bonne reception du Roi & de la Reine. Le peu de tems qu'elle demeura à la Cour lui fut favorable; car ses deffauts qui étoient grands furent offusqués par les belles & brillantes qualitez qui étoient en elle, & par le plaisir de la nouveauté, qui est d'un grand prix dans le cœur des hommes. Nous lui verrons bien-tôt perdre honteusement tous ces avantages: car, comme les Rois sont exposez au public, & que ce qu'ils ont de bon les rend celebres, de même leurs deffauts sçavent en peu de tems détruire ou diminuer leur réputation:

Le 18. Septembre, les Reines furent à une Tragédie des Jésuites, dont celle de Suede se moqua hardiment. Le lendemain, le Roi lui donna un Festin Roial, qui fut comme de tels Repas ont accoutumé d'être, où la profusion fatigue plus l'esprit, qu'elle ne nourrit le corps. Peu après cette incommode Cérémonie, il arriva un Courier qui apprit au Roi & à la Reine la prise de Valence par le Duc de Mercœur. La Reine étrangere vint aussi-tôt s'en réjouïr avec la nôtre, d'une maniere si libre, qu'il sembloit qu'elle y prit une grande part. Elle trouva la Reine joüant aux Cartes. Elle s'assit auprès d'elle; &, s'appuiant nonchalamment sur la table, il parut qu'elle s'occupa agréablement à régarder les belles mains de la Reine: elle les loüa, & lui dit d'un air galant, qu'elle estimeroit son voiage de Rome en France bien emploié, quand elle n'auroit point eu d'autre avantage que celui de voir en cela seulement la plus belle chose du Monde.

Nogent, qui parloit toujours, voulut lui dire, qu'on avoit remarqué dans l'Histoire, qu'il y avoit cent ans que Valenciennes & Valence avoient été assiégés par les François; que l'une n'avoit pu être prise, & que l'autre l'avoit été. Après l'avoir écouté, elle souhaita que dans ce même terme les mêmes personnes en pussent faire autant; &, se tournant vers Nogent, lui dit; «Et que vous, Mr. de Nogent, eussiès encore vôtre Casaque feüille-morte, & fissiés les mêmes Contes que vous faites à present; car, à vous dire le vrai, j'aimerois mieux les entendre dans cent ans, qu'à cette heure.» Ce qui fit qu'elle le poussa toujours de même force, fut qu'on lui avoit dit, qu'il avoit voulu la mêler dans ses railleries.

Le lendemain, le Pere Annat, Confesseur du Roi, fut parler à la Reine de Suede, sur quelques plaintes qu'elle avoit faites contre leur Ordre. L'une étoit que le Pere Général des Jesuites ne l'avoit point été saluer à Rome: je ne me souviens pas des autres. Après les excuses que lui fit le Reverend Pere, elle lui dit d'un ton moqueur, & avec cette brusque maniere qui lui étoit naturelle, qu'elle seroit fâchée de les avoir pour Ennemis, sachant leurs forces, & qu'elle choisiroit plûtôt d'avoir querelle avec un Prince Souverain qu'avec eux; que par cette raison, elle vouloit bien être satisfaite; mais, qu'elle l'assuroit, qu'en cas de Confession, & de Tragedie, elle ne les choisiroit jamais: voulant leur reprocher par là, qu'ils étoient accusés d'avoir une Morale trop indulgente, & se moquer de la mauvaise Tragedie, où elle avoit été le jour précédent; mêlant ainsi le burlesque avec le sérieux, afin de se vanger de l'offense qu'elle croioit avoir reçuë de leur Compagnie.

Cette Princesse Gothique témoignoit estimer l'esprit & la capacité du Cardinal, & lui de même paroissoit avoir beaucoup de véneration pour elle. Son extérieur, à qui en eut voulu juger à son desavantage, étoit digne de risée, & de moquerie: quasi toutes ses actions avoient quelque chose d'extravagant; & on pouvoit avec justice la blâmer, comme on pouvoit avec sujet la loüer extrêmement. Elle ne ressembloit en rien à une Femme; elle n'en avoit pas même la modestie nécessaire. Elle se faisoit servir par des hommes dans les heures les plus particulieres. Elle affectoit de paroître homme en toutes ses actions. Elle rioit démesurément quand quelque chose la touchoit, & particuliérement à la Comédie Italienne, lorsque par hazard les Bouffonneries en étoient bonnes. Elle éclatoit de même en loüanges & en soûpirs, comme je l'ay déjà dit, quand les serieuses lui plaisoient. Elle chantoit souvent en compagnie; elle revoit, & sa reverie alloit jusqu'à l'assoupissement. Elle paroissoit inégale, brusque, & libertine, en toutes ses paroles, tant sur la Religion, que sur les choses à quoi la bienséance de son séxe l'obligeoit d'être retenue. Elle juroit le nom de Dieu, & son libertinage s'étoit répandu de son esprit dans ses actions. Elle ne pouvoit demeurer long-tems en même place. En presence du Roi de la Reine, & de toute la Cour, elle appuyoit ses jambes sur des siéges aussi hauts que celui où elle étoit assise, & les laissoit voir trop librement. Elle faisoit profession de mépriser toutes les Femmes à cause de leur ignorance, & prenoit plaisir de converser avec les Hommes, sur les mauvaises matieres, de même que sur les bonnes. Elle n'observoit nulle regle de toutes celles que les Rois ont accoûtumé de garder, à l'égard du respect qu'on leur porte. Ses deux Femmes, toutes hideuses & misérables qu'elles étoient, se couchoient sur son Lit familiérement, & faisoient avec elle à moitié de tout. Cependant, la Reine, qui étoit au contraire la plus réguliere persone du Monde trouvoit des charmes dans l'agrément de son visage, & dans la maniere libre de toutes ses actions. En effet, il étoit difficile, quand on l'avoit bien vûe, & sur tout écoutée, de ne lui pas pardonner toutes ses irrégularités, particuliérement telles qui ne paroissoient point essentiellement blâmables. Cette douceur & cet agrément étoient mélés d'une rude fierté, & la politesse si naturelle à nôtre Nation ne se rencontroit point en elle. Quelques uns dirent qu'elle ressembloit à Fontainebleau, dont les Bâtimens sont beaux & grands, mais qui n'ont point de Simétrie. Elle partit de Compiegne, le 23. de Septembre: la Reine la fut conduire à deux liéuës de là, & ces deux Princesses se séparerent avec quelques marques d'attendrissement. Le Marquis de Saint-Simon la traitta à Senlis, & Mr. & Me. du Plessis la reçurent à leur belle Maison de Frêne, avec une magnificence extraordinaire. Passant à un certain Bourg proche de ce lieu; elle voulut voir une Demoiselle qu'on appelloit Ninon, celebre par son vice, par son libertinage, & la beauté de son esprit. Ce fut à elle seule de toutes les femmes qu'elle vit en France, à qui elle donna quelques marques d'estime. Le Marêchal d'Albret, & quelques autres en furent cause, par les loüanges qu'ils donnerent à cette Courtisanne de nôtre Siécle. De là cette Amazone Suédoise prit des Carosses de loüage que le Roi lui fit donner, & de l'argent pour les pouvoir payer: elle s'en alla suivie seulement de sa chétive troupe, sans train sans grandeur, sans lit, sans vaisselle d'argent, ni aucune marque Royale. son dessein fut de retourner à Rome, & de passer par la Savoye, où elle reprit son personnage de Reine: elle y reçut aussi beaucoup d'honneurs. ...

With modernised spelling:

1646

La reine reçut alors (le 13 septembre 1646) un ambassadeur extraordinaire de la reine de Suède, qui ne venait apparemment que pour travailler à l'union des deux Couronnes. Celui que cette reine envoya s'appelait le comte de la Gardie. Il était fils du connétable de Suède; son ayeul était français, à ce qui se disait, d'assez médiocre naissance. Il était bien fait, il avait la mine haute et ressemblait à un favori. Il parlait de sa reine en des termes passionnés et si respectueux qu'il était facile de le soupçonner de quelque tendresse plus grande que celle qu'il lui devait par la qualité de sujet.

Il était accordé à une cousine-germaine de cette reine, qu'elle-même lui faisait épouser. Quelques-uns ont voulu dire que si elle eût voulu suivre son inclination, qu'elle l'aurait prise pour elle, mais qu'elle s'était vaincue par la force de sa raison et par la grandeur de son âme, qui n'avait pu souffrir ce rabaissement. D'autres disaient qu'elle était née libertine et qu'étant capable de se mettre au-dessus de la coutume, elle ne l'aimait pas, ou elle ne l'aimait plus, puisqu'elle le donnait à une autre. Quoiqu'il en soit, cet homme parut assez digne de la fortune, mais plus propre à plaire qu'à gouverner.

De la manière dont il parlait de la reine sa maîtresse, elle n'avait pas besoin de ministre, car elle-même, quoique très jeune, ordonnait de toutes ses affaires. Outre les heures qu'elle donnait à ses études, elle en employait beaucoup, à ce qu'il disait, au soin de son État. Elle agissait de sa tête, et il assurait que son moindre soin était l'ornement de sa personne. De la façon qu'il nous la dépeignit, elle n'avait ni le visage, ni la beauté, ni les inclinations d'une dame; au lieu de faire mourir d'amour les hommes, elle les faisait mourir de honte et de dépit; et fut depuis cause que ce grand philosophe Descartes perdit la vie de cette sorte, parce qu'elle n'avait pas approuvé de sa philosophie. Elle écrivit à la reine, à Monsieur oncle du roi, au duc d'Anguien et au ministre des lettres que j'ai vues, et qui furent admirées par la galanterie des pensées, par la beauté du stile, et par la facilité qu'elle témoignait avoir à s'exprimer en notre langage, qui lui était familière, avec beaucoup d'autres.

On lui attribuait alors toutes les vertus héroïques. On la mettait au rang des plus illustres femmes de l'antiquité; toutes les plumes étaient employées à la louer; et on disait que les hautes sciences étaient pour elle ce que l'éguille et la quenouille sont pour notre sexe. La Renommée est une grande causeuse. Elle aime souvent à passer les limites de la vérité, mais cette vérité a bien de la force: elle ne laisse pas longtemps le monde crédule abandonné à la tromperie. Quelque temps après, on connut que les vertus de cette reine gothique étaient médiocres: elle n'avait alors guère de respect pour les chrétiennes; et si elle pratiquait les morales, c'était plutôt par fantaisie que par sentiment. Mais elle était savante à l'égal des hommes les plus savants; et jusque-là elle avait conservé une haute réputation dans sa Cour, parmi ses peuples, et dans toute l'Europe.

Pour régaler son ambassadeur, on lui donna le bal et la comédie, de grands repas, et tous les divertissements ordinaires. Il orna la promenade du canal de Fontainebleau d'un carrosse en broderie d'or et d'argent, qu'il avait fait faire pour sa reine. Il le fit traîner par six chevaux richement harnachés, suivi d'une douzaine des pages de cette princesse habillés de ses livrées, qui étaient jaune et noir, avec des passements d'argent. Le comte de la Gardie le suivait dans la sien, avec une grande quantité de livrées orangé et argent. Cette Cour en figure, avec la nôtre effective et belle, rendait la promenade tout à fait agréable.

...

1647

Le roi alla voir un vaisseau que la reine de Suède lui avait envoyé, grand et beau; et on fit devant lui une espèce de combat naval; mais, pour combler le joie les habitants, on leur fit cet honneur de leur laisser la garde de la personne du roi, quoiqu'il y eût nécessité d'en user ainsi, parce qu'il était accompagné de peu de gardes auprès de lui. ...

...

1656

Nous vîmes ... arriver à Compiègne la reine de Suede, dont on avait ouï conter tant de choses extraordinaires. Cette princesse, qui avait quitté son royaume, semblait l'avoir fait par un généreux dédain de la Couronne, et pour ne pas forcer son inclination en faveur de son plus proche parent, que ses sujets avaient souhaité qu'elle épousât. Elle avait embrassé notre religion et avoit renoncé à l'hérésie entre les mains du pape. Quelques-uns estimaient infiniment cette action et croyaient que cette princesse, en quittant la Couronne de Suède, méritait celle du monde entier. D'autres l'avaient accusée d'avoir quitté son royaume par force ou par légéreté, et d'avoir aimé tendrement en Suède et en Flandres un Espagnol nommé Pimentel, qui avait été dans sa Cour de la part du roi son maître. On l'avait beaucoup louée et infiniment blâmée. Elle passait pour une personne illustre: les plumes des plus fameux auteurs, tant sur la louange que sur la satire, n'étaient employées qu'à parler de ses vertus héroïques, ou bien de ses défauts.

En quittant la Suède, elle avait été en Flandres, puis à Rome. Ensuite de ses voyages, elle voulut voir la France aussi bien que l'Italie; et cette grande réputation qu'elle avait acquise fit que la reine fut assez aise de la voir. Le roi de Suède, à qui cette reine du Nord avait laissé son royaume, était un prince belliqueux; il se faisait craindre et considérer. Il avait demandé au cardinal que cette princesse fût bien traitée en France, et le ministre, par ses propres sentiments, l'estimait. Elle y fut reçue de la même manière que le fut autrefois Charles-Quint quand il passa par la France pour aller en Flandres. Le roi lui envoya le duc de Guise pour le recevoir à son entrée sur ses États, et pour la complimenter de sa part. La reine lui envoya Cominges, son capitaine des gardes, pour la même chose. Le premier écrivit à quelqu'un de ses amis une lettre qui fut lue du roi et de la reine avec plaisir. Je l'ai gardée, parce qu'elle représentait au naturel cette princesse dont il parle. ...

Cette reine connaissait si parfaitement toute la Cour qu'en voyant Cominges, elle lui demanda des nouvelles du bon homme Guitaut son oncle, et si elle ne le verrait point en colère, car il était sujet à cette passion et s'en servait habilement; elle lui avait aidé à faire sa fortune, et la reine de tout temps avait pris plaisir à le voir en cet état. La reine de Suède n'ignorait donc rien de toutes les grandes choses et de toutes les petites. Elle dit en quelque occasion qu'elle savait qu'on avait dit d'elle beaucoup de bien et de mal, et qu'on connaîtrait en la voyant qu'il n'y avait ni l'un ni l'autre. Elle ne disait pas la vérité, car en effet on y trouva un mélange de beaucoup de grandes vertus et de grands défauts.

Elle fit son entrée à Paris le huitième de septembre, après avoir été régalée à Essone par Hesselin d'un ballet, d'un feu d'artifice, d'une comédie, et de quantité de dames qui la furent voir en ce lieu. Les bourgeois de Paris en armes, et avec de beaux habits, la furent recevoir en bon ordre, hors les portes de la ville, et bordèront son chemin dans toutes les rues depuis Conflans, où elle avait couché, jusqu'au Louvre, où elle devait loger. Leur nombre fut infini, aussi bien que des bames et des personnes de qualité, qui aux fenêtres et aux balcons la voulurent voir passer, et la foule fut grande dans les rues. Elle tarda à traverser la ville, depuis deux heures, jusqu'à neuf heures du soir qu'elle arriva au Louvre. Elle fut logée à l'appartement du roi, où était la belle tapisserie de Scipion et un lit de satin blanc en broderie d'or, que le feu cardinal de Richelieu en mourant laissa au feu roi.

En arrivant elle demanda à boire. Le prince de Conti, qui l'était allé visiter et recevoir, lui donna la serviette, qu'elle prit après quelques compliments répétés. Cominges nous dit que le duc d'Épernon, alors gouverneur de Bourgogne, l'avait magnifiquement reçue, et quoiqu'elle affectât de ne rien admirer, elle trouva néanmoins que la France était belle, riche, et bien remplie de peuples. Elle voulut qu'on crût que Rome l'emportait dans son inclination et son estime sur Paris, et disait que l'Italie avait de grands charmes; mais à ce qu'il parut depuis, les plaisirs de Paris ne lui déplurent pas, et je pense qu'elle aurait volontiers quitté tout autre pays pour le nôtre si elle avait pu y demeurer.

A ce premier abord, elle parut aimable à tous les honnêtes gens. Son habit, si extravagant à l'entendre décrire, ne l'était point trop à la voir, ou du moins on s'y accoutumait facilement. Son visage parut assez beau, et chacun admira la vivacité de son esprit et les choses particulières qu'elle savait de la France. Elle connaissait non seulement les maisons et les armes, mais elle savait les intrigues et les galanteries, et n'ignorait pas même les noms de ceux qui aimaient la peinture et la musique. Elle dit au marquis de Sourdis les tableaux de prix qu'il avait dans son cabinet et savait que le duc de Liancourt en avait de fort beaux; jusque-là même qu'elle apprenait aux Français ce qu'ils ne savaient pas de leur Patrie. Elle disputa contre quelques-uns qu'il y avait dans la Sainte Chapelle une Agathe de grand prix, qu'elle voulut voir, et qui enfin se trouva à Saint-Denis. Elle parut civile, particulièrement aux hommes, mais brusque et emportée, sans donner aucun sujet effectif de croire les mauvais contes qu'on avait faits d'elle. Ils s'étaient répandus dans toute l'Europe à son désavantage et l'avaient fait passer dans l'opinion de tous les sages pour une personne qui ne l'était guère.

Notre amazone suédoise gagna tous les cœurs à Paris, qu'elle aurait peut-être perdus bientôt après si elle y fût demeurée plus longtemps. Après y avoir vu tout ce qu'elle crut digne de sa curiosité, elle quitta cette grande ville, où elle avait été toujours environnée d'une furieuse presse, pour venir voir Leurs Majestés à Compiègne. Elle y fut reçue non seulement en reine, mais en reine bien-aimée du ministre. Le cardinal Mazarin partit le même jour de Compiègne, pour être à Chantilly, quand elle y arriverait pour y dîner.

Deux heures après ce repas, le roi et Monsieur y arrivèrent comme des particuliers. Le roi entra par une porte, qui était au coin du balustre du lit, et se montra avec toute la foule, qui était autour d'elle et du cardinal. Aussitôt qu'ils furent aperçus par lui, il les présenta à la reine de Suède et lui dit qu'ils étaient deux gentilhommes des plus qualifiés de la France. Elle les connut en les regardant, pour avoir vu leurs portraits au Louvre, et lui répondit qu'elle le croyait ainsi et qu'ils paraissaient être nés à porter des couronnes. Le cardinal Mazarin lui répartit qu'il voyait bien qu'il était difficile de la tromper et qu'il était vrai que c'était le roi et Monsieur.

Le roi lui dit de bonne grâce qu'il était fâché de ce qu'elle avait été si mal reçue dans ses États, qu'il n'avait pas manqué de donner ses ordres pour la traiter selon ce qui lui était dû, mais que sa venue si précipitée avait empêché ceux à qui il les avait donnés de lui rendre le respect qu'il aurait désiré de lui faire rendre. Elle repartit à ses civilités avec reconnaissance de ce qu'on avait fait pour elle et ne manqua pas d'éxagérer en de beaux termes la satisfaction qu'elle avait reçue en France.

Le roi, quoique timide en ce temps-là, et nullement savant, s'accommoda si bien de cette princesse hardie, savante et fière que, dès ce premier instant, ils demeurèrent ensemble avec liberté et agrément, de part et d'autre. Il fut aisé d'en trouver la raison: ceux qui voulurent la chercher jugèrent que c'était une marque indubitable que le roi avait en lui par inclination, et par nature, les semences de ce qu'il y avoit d'acquis et de louable, en la personne de cette reine, et que la timidité qui paraissait en lui procédait alors de sa gloire et de son jugement, qui lui faisaient désirer d'être parfait en toutes choses et craindre en même temps de manquer en quelqu'une.

Après cette conversation, il la quitta et revint trouver la reine, qui le lendemain alla la recevoir, accompagnée du roi et de toute sa suite royale. Ce fut à trois lieues de Compiègne, au Fayet, maison appartenante au maréchal de la Motte-Houdancourt, où se fit cette célébre entrevue. Les chevaux légers, les gendarmes, et les gardes allaient au-devant du carrosse de Leurs Majestés par gros escadrons; et comme ils étaient parés, cet accompagnement était véritablement royal. Il y avait avec le roi et la reine Monsieur, frère unique du roi, Madame la duchesse de Lorraine, Madame de Mercœur, et Madame la comtesse de Flex, dame d'honneur de la reine.

Quand la reine fut arrivée, elle ne voulut point entrer dans cette maison, parce qu'elle savait que la reine de Suède devait arriver bientôt. Elle demeura avec toute sa Cour sur une terrasse qui est devant le logis, d'où l'on descend par quelques dégrés dans une grande cour, où étaient rangés en haie les gardes et toute la cavalerie. Beaucoup de personnes de qualité y étaient, avec des habits en broderie d'or et d'argent, et quantité d'autres, qui tous composaient un grand cortège.

Comme on n'avait laissé entrer dans cette cour que les carosses de la reine, et qu'on en avait banni la canaille, la reine et toute sa belle compagnie paraissait sur cette terrasse comme sur un amphithéâtre. Ce fut à mes yeux une des plus belles et des plus agréables choses du monde. Cette maison avait la grâce de la nouveauté. Elle était neuve et régulière, et la cour était grande et quarrée. Le gazon en était coupé par bandes, et il était impossible de voir un objet plus agréable. La reine, à qui je le fis remarquer dans ce moment, en demeura d'accord; et pour dire la vérité, quoiqu'elle ne fût pas la plus jeune de la troupe, elle était pour le moins celle qui avait la meilleure mine et qui paraissait la plus aimable.

Le duc de la Rochefoucault et quelques autres, qui depuis que cette reine étrangère était à Paris, avaient été les plus assidus auprès d'elle, arrivèrent les premiers, et bientôt après son carrosse entra au bruit des trompettes. Le cardinal Mazarin et le duc de Guise étaient seuls avec elle, car elle n'avait que quelques femmes fort chétives pour la servir, qui ne se montrèrent point. Aussitôt qu'elle vit la reine, elle descendit de carrosse, et la reine s'avança aussi deux ou trois pas au dehors de la terrasse pour l'aller recevoir. Elles se saluèrent toutes deux civilement. La reine de Suède voulut faire quelques compliments et remercier la reine du bon traitement qu'elle avait reçu en France, mais ces paroles furent interrompues par celles de la reine, qui lui témoigna la joie qu'elle avait de la voir.

L'impatience qu'eurent tous ceux qui les environnaient de voir cette reine fut si grande qu'elle obligeât les deux reines à finir leurs compliments pour fuir la foule qui les accablait. Le roi, qui avait déjà fait connaissance avec l'étrangère, lui donna la main pour la faire entrer dans la maison. Elle passa devant la reine et se laissa conduire où l'on voulut la mener. Plusieurs ont trouvé que la reine fut trop civile de lui laisser prendre cet avantage, et le roi-même devenu plus grand en a eu depuis de la douleur et du chagrin, et en plusieurs occasions a reproché à la reine sa mère qu'elle avait eu tort d'avoir cédé chez elle à cette reine et à celle de Pologne, vu la grandeur de sa naissance et le haut rang que lui donnait la Couronne de France.

J'étais une de celles qui me trouvai le plus près de ces deux royales personnes, et quoique les déscriptions si particulières que l'on avait faites de la reine de Suède me l'eussent figurée dans mon imagination, j'avoue néanmoins que d'abord sa vue me surprit. Les cheveux de sa perruque étaient ce jour-là défrisés, le vent en descendant de carosse les enleva; et comme le peu de soin qu'elle avait de son teint lui en faisait perdre le blancheur, elle me parut d'abord comme une Egyptienne devergondée, qui par hasard ne serait pas trop brune.

En regardant cette princesse, tout ce qui dans cet instant remplit mes yeux me parut extraordinairement étrange et plus capable d'effrayer que de plaire. Son habit était composé d'un petit corps qui avait à moitié la figure d'un pourpoint d'homme, et l'autre moitié celle d'une hongreline de femme, mais qui était si mal ajusté sur son corps qu'une de ses épaules sortait tout d'un côté, qui était celle qu'elle avait plus grosse que l'autre. Sa chemise était faite à la mode des hommes. Elle avait un collet qui était rattaché sous sa gorge d'une épingle seulement et lui laissait tout le dos découvert; et ce corps, qui était échancré sur la gorge, beaucoup plus qu'un pourpoint, n'était point couvert de ce collet. Cette même chemise sortait par en bas de son demi-pourpoint comme celles des hommes, et elle faisait sortir au bout de ses bras & sur les mains la même quantité de toile que les hommes en laissaient voir alors au défaut de leur pourpoint et de leurs manches. Sa jupe, qui était grise, chamarée de petits passements d'or et d'argent, de même que sa hongreline était courte; et au lieu que nos robes sont traînantes, la sienne lui faisait voir les pieds découverts. Elle avait des rubans noirs renoués en manière de petite oie, sur la ceinture de sa jupe. Sa chaussure était tout à fait semblable à celle des hommes, et n'était pas sans grâce.

Le roi la mena dans une grande salle, où Madame la maréchale de la Motte avait fait préparer une grande collation. Le roi, les deux reines, et Monsieur, en entrant, s'assirent à table, et nous l'environnâmes pour voir cette personne en tout si différente des autres femmes, et dont la renommée avait tant fait de bruit.

Après l'avoir regardée avec cette application que la curiosité inspire en de telles occasions, je commençai à m'accoutumer à son habit et à sa coiffure et à son visage. Je trouvai qu'elle avait les yeux beaux et vifs, qu'elle avait de la douceur dans le visage, et que cette douceur était mêlée de fierté. Enfin je m'aperçus avec étonnement qu'elle me plaisait, et d'un instant à un autre, je me trouvai entièrement changée pour elle. Elle me parut plus grande qu'on ne nous l'avait dite, et moins bossue, mais ses mains, qui avaient été louées comme belles, ne l'étaient guère. Elles étaient seulement assez bien faites, et pas noires, mais ce jour-là elles étaient si crasseuses qu'il était impossible d'y apercevoir quelque beauté.

Pendant cette collation, elle mangea beaucoup et ne parla que de discours fort communs. Le duc de Guise lui montra Mademoiselle de Mancini, qui était auprès d'elle à la regarder comme les autres. Elle lui fit un grand salut et se pancha tout en bas de sa chaise pour lui faire plus de civilité. Au sortir delà, le roi, les reines, Monsieur, et le cardinal Mazarin se mirent dans le carrosse de la reine, avec le reste de la compagnie que j'ai nommée, et la conversation y fut agréable.

Quand la reine fut arrivée à Compiègne, après avoir conduit son hôtesse dans son appartement, elle nous en l'honneur de nous dire qu'elle était charmée de cette reine, et nous avoua que le premier quart d'heure, elle en avait été effrayée comme les autres; mais qu'après l'avoir vue et l'avoir entendu parler, cette surprise s'était changée en inclination. Elle nous dit que cette princesse faisant semblant de vouloir voir le portrait du roi et de Monsieur, que la reine portait au bras, elle lui avait fait ôter son gant, et qu'elle lui avait dit les choses du monde les plus jolies sur la beauté de ses mains, la louant de les avoir su louer sans l'embarasser.

Aussitôt que la reine de Suède se fut un peu reposée dans sa chambre, elle vint faire visite à la reine, d'où on la mena à la comédie italienne. Elle la trouva fort mauvaise et le dit librement. On l'assura que les comédiens avaient accoutumé de mieux faire. Elle répondit froidement qu'elle n'en doutait pas, puisqu'on les gardait.

Après cela on la mena dans sa chambre, où elle fut servie par les officiers du Roi. Il fallut qu'on lui donnât jusqu'à des valets de chambre pour la servir et pour la déshabiller, car elle était seule; elle n'avait ni dames, ni officiers, ni équipages, ni argent. Elle composait elle seule toute sa Cour. Chanut, qui avait été résident pendant son règne, était auprès d'elle, et deux ou trois hommes mal bâtis, à qui par honneur elle donnait le nom de comtes. On pouvait dire avec vérité qu'elle n'avait personne; car, outre ces médiocres seigneurs, nous ne lui vîmes que deux femmes qui ressemblaient plutôt à des revendeuses qu'à des dames de quelque condition.

Enfin, je serais tentée, en faisant la description de cette princesse, de la comparer aux héroïnes des Amadis, dont les aventures étaient belles, dont le traîn était presque pareil au sien, et de qui la fierté avait du rapport à celle qui paraissait en elle. Je pense même, vu son équipage et sa pauvreté, qu'elle ne faisait pas plus de repas et ne dormait pas mieux que Marfise ou Bradamante, et qu'à moins d'arriver par hasard chez quelque grand roi comme le nôtre, elle ne faisait pas souvent bonne chère.

Le premier jour elle observa de parler peu, ce qui paraissait marquer en elle de la discrétion. Le comte de Nogent, selon sa coutume, s'empressant devant elle de dire de vieux contes, elle lui dit gravement qu'il était fort heureux d'avoir beaucoup de mémoire. Le cardinal Mazarin le lendemain l'alla visiter en camail, et tous les évêques la saluèrent en cérémonie. Ce jour elle parut avec un justaucorps de camelot de couleur de feu, et une jupe grise, l'un et l'autre chamarés de passements d'or et d'argent. Sa pérruque était frisée et poudrée, son teint par le repos de la nuit avait quelque beauté, ses mains étaient décrassées; et si elle eut été capable de se soucier des louanges, je crois qu'on lui en aurait pu donner en ce moment avec justice, car elle parut à tous plus aimable qu'elle ne le voulait être.

Elle vint voir la reine le matin, et la reine lui rendit sa visite aussitôt après dîné. La conversation y fut gaie, et dans plusieurs rencontres cette reine étrangère fit voir qu'elle était spirituelle et de bonne compagnie. Elle railla le chevalier de Grammont sur la passion qu'il avait alors pour Madame de Mercœur et ne l'épargna nullement sur le peu de reconnaissance qu'il en pouvait espérer. Delà elle fut à la chasse du Sanglier, où le roi la convia d'aller. Elle lui avait dit néanmoins, quand il lui proposa d'y aller, qu'elle ne l'aimait point, parce qu'elle était périlleuse et qu'elle ne pouvait souffrir qu'on s'exposât à quelque peril que pour acquérir de la gloire.

Le soir, à la comédie française, elle montra d'avoir l'âme passionnée. Elle s'écria souvent sur les beaux endroits, paraissant sentir de la joie, ou de la douleur, selon les différents sentiments qui étaient exprimés par les vers qui se récitaient devant elle; puis, comme si elle eut été toute seule dans son cabinet, se laissant aller sur le dos de sa chaise, après ses exclamations, elle demeurait dans une rêverie profonde. La reine-même ne l'en pouvait tirer, quoique souvent elle voulût lui parler.

Le soir, étant retirée avec quelques hommes de la Cour, entre autres Cominges, qui n'était pas ignorant, ils parlèrent de beaucoup de choses, et ensuite de la fidélité qu'on devait aux Rois; et quelqu'un lui disant que tous les honnêtes gens en avaient, elle répondit qu'en tous les pays cela était vrai, mais qu'elle avait remarqué qu'en France ce n'était pas un défaut que d'y manquer, et qu'il était commun parmi les personnes de mérite et de qualité. Enfin, cette journée lui attira beaucoup d'approbation, et chez la reine ce même soir on ne parla que d'elle. Plusieurs de nos rudes railleurs avaient eu le dessein de la tourner en ridicule et d'accabler par-là ceux qui si légèrement l'avaient encensée; mais ils ne purent alors en trouver les moyens, soit par son mérite, ou par la hauteur qu'elle eût pour eux, ou soit enfin parce qu'elle fut soutenue par l'estime que le ministre témoigna d'en faire, et par la bonne reception du roi et de la reine. Le peu de temps qu'elle demeura à la Cour lui fut favorable, car ses défauts, qui étaient grands, furent offusqués par les belles et brillantes qualités qui étaient en elle, et par le plaisir de la nouveauté qui est d'un grand prix dans le cœur des hommes. Nous lui verrons bientôt perdre honteusement tous ces avantages, car, comme les rois sont exposés au public, et que ce qu'ils ont de bon les rend célébres, de même leurs défauts savent en peu de temps détruire ou diminuer leur réputation.

Le 18 septembre, les reines furent à une tragédie des jésuites, dont celle de Suède se moqua hardiment. Le lendemain le roi lui donna un festin royal qui fut comme de tels repas ont accoutumé d'être, où la profusion fatigue plus l'esprit qu'elle ne nourrit le corps. Peu après cette incommode cérémonie, il arriva un courrier qui apprit au roi et à la reine la prise de Valence par le duc de Mercœur. La reine étrangère vint aussitôt s'en réjouir avec la nôtre, d'une manière si libre qu'il semblait qu'elle y prît une grande part. Elle trouva la reine jouant aux cartes. Elle s'assit auprès d'elle, et, s'appuyant nonchalamment sur la table, il parut qu'elle s'occupa agréablement à régarder les belles mains de la reine. Elle les loua et lui dit d'un air galant qu'elle estimerait son voyage de Rome en France bien employé quand elle n'aurait point eu d'autre avantage que celui de voir en cela seulement la plus belle chose du monde.

Nogent, qui parlait toujours, voulut lui dire qu'on avait remarqué dans l'histoire, qu'il y avait cent ans que Valenciennes et Valence avaient été assiégées par les Français, que l'une n'avait pu être prise, et que l'autre l'avait été. Après l'avoir écouté, elle souhaita que dans ce même terme les mêmes personnes en pussent faire autant; et, se tournant vers Nogent, lui dit: «Et que vous, M. de Nogent, eussiez encore votre casaque feuille-morte et fissiez les mêmes contes que vous faites à present, car, à vous dire le vrai, j'aimerais mieux les entendre dans cent ans qu'à cette heure.»

Ce qui fit qu'elle le poussa toujours de même force, fut qu'on lui avait dit qu'il avait voulu la mêler dans ses railleries.

Le lendemain le père Annat, confesseur du Roi, fut parler à la reine de Suède sur quelques plaintes qu'elle avait faites contre leur Ordre. L'une était que le père-général des jésuites ne l'avait point été saluer à Rome; je ne me souviens pas des autres. Après les excuses que lui fit le révérend père, elle lui dit d'un ton moqueur, et avec cette brusque manière qui lui était naturelle, qu'elle serait fâchée de les avoir pour ennemis, sachant leurs forces, et qu'elle choisirait plutôt d'avoir querelle avec un prince souverain qu'avec eux; que par cette raison, elle voulait bien être satisfaite, mais qu'elle l'assurait qu'en cas de confession et de tragedie, elle ne les choisirait jamais, voulant leur reprocher par-là, qu'ils étaient accusés d'avoir une morale trop indulgente et se moquer de la mauvaise tragedie, où elle avait été le jour précédent, mêlant ainsi le burlesque avec le sérieux, afin de se venger de l'offense qu'elle croyait avoir reçue de leur compagnie.

Cette princesse gothique témoignait estimer l'esprit et la capacité du cardinal, et lui de même paraissait avoir beaucoup de vénération pour elle. Son extérieur, à qui en eut voulut juger à son désavantage, était digne de risée et de moquerie; quasi toutes ses actions avaient quelque chose d'extravagant, et on pouvait avec justice la blâmer, comme on pouvait avec sujet la louer extrêmement.

Elle ne ressemblait en rien à une femme; elle n'en avait pas même la modestie nécessaire. Elle se faisait servir par des hommes dans les heures les plus particulières. Elle affectait de paraître homme en toutes ses actions. Elle riait démesurément quand quelque chose la touchait, et particulièrement à la comédie italienne, lorsque par hasard les bouffonneries en étaient bonnes. Elle éclatait de même en louanges et en soupirs, comme je l'ai déja dit, quand les sérieuses lui plaisaient. Elle chantait souvent en compagnie; elle rêvait, et sa rêverie allait jusqu'à l'assoupissement. Elle paraissait inégale, brusque et libertine en toutes ses paroles tant sur la religion, que sur les choses à quoi la bienséance de son sexe l'obligeait d'être retenue. Elle jurait le nom de Dieu, et son libertinage s'était répandu de son esprit dans ses actions. Elle ne pouvait demeurer longtemps en même place. En présence du roi, de la reine et de toute la Cour, elle appuyait ses jambes sur des sièges aussi hauts que celui où elle était assise et les laissait voir trop librement.

Elle faisait profession de mépriser toutes les femmes à cause de leur ignorance et prenait plaisir de converser avec les hommes, sur les mauvaises matières de même que sur les bonnes. Elle n'observait nulle règle de toutes celles que les rois ont accoutumé de garder, à l'égard du respect qu'on leur porte. Ses deux femmes, toutes hideuses et misérables qu'elles étaient, se couchaient sur son lit familièrement et faisaient avec elle à moitié de tout.

Cependant la reine, qui était au contraire la plus régulière personne du monde, trouvait des charmes dans l'agrément de son visage et dans la manière libre de toutes ses actions. En effet, il était difficile, quand on l'avait bien vue, et surtout écoutée, de ne lui pas pardonner toutes ses irrégularités, particulièrement telles qui ne paraissaient point essentiellement blâmables. Cette douceur et cet agrément étaient mêlés d'une rude fierté, et la politesse si naturelle à notre nation ne se rencontrait point en elle. Quelques-uns dirent qu'elle ressemblait à Fontainebleau, dont les bâtiments sont beaux et grands, mais qui n'ont point de symétrie.

Elle partit de Compiègne le 23 de septembre; la reine la fut conduire à deux lieues de-là, et ces deux princesses se séparèrent avec quelques marques d'attendrissement. Le marquis de Saint-Simon la traita à Senlis, et Monsieur et Madame du Plessis la reçurent à leur belle maison de Frênes, avec une magnificence extraordinaire. Passant à un certain bourg proche de ce lieu, elle voulut voir une demoiselle qu'on appelait Ninon, célèbre par son vice, par son libertinage, et la beauté de son esprit. Ce fut à elle seule de toutes les femmes qu'elle vit en France, à qui elle donna quelques marques d'estime. Le maréchal d'Albret et quelques autres en furent cause par les louanges qu'ils donnèrent à cette courtisane de notre siècle. De là cette amazone suédoise prit des carrosses de louage que le roi lui fit donner, et de l'argent pour les pouvoir payer. Elle s'en alla suivie seulement de sa chétive troupe, sans train, sans grandeur, sans lit, sans vaisselle d'argent, ni aucune marque royale. Son dessein fut de retourner à Rome et de passer par la Savoie, où elle reprit son personnage de reine. Elle y reçut aussi beaucoup d'honneurs. ...

Swedish translation (my own):

1646

Drottningen mottog sedan (den 13 september 1646) en ambassadör extraordinarie från Sveriges drottning, som tydligen bara kom för att arbeta för de båda Kronornas förening. Den som skickades av denna drottning kallades greve de la Gardie. Han var son till riksmarskalken i Sverige; hans farfar var fransk, så det sades, av ganska medioker börd. Han var välbyggd, han såg högdragen ut och såg ut som en favorit. Han talade om sin drottning i så passionerade och respektfulla ordalag att det var lätt att misstänka honom för någon större ömhet än vad han var skyldig henne genom egenskapen att vara hennes undersåtare.

Han tilldelades en kusine till denna drottning, som hon själv fick honom att gifta sig med. Somliga har menat att om hon hade velat följa hans böjelse, att hon skulle ha tagit honom för sig själv, men att hon hade besegrat sig själv genom sitt förnuftskraft och av sin själs storhet, som inte kunde uthärda denna förnedring. Andra sade att hon föddes som libertin, och att eftersom hon var kapabel att sätta sig över sedvänjor, älskade hon honom inte, eller så älskade hon honom inte längre, ty hon gav honom till en annan kvinna. Hur det än må vara, så verkade denne man ganska värd fortun, men mer beräknad att behaga än att regera.

När han talade om drottningen, hans härskarinna, behövde hon inte någon minister, ty hon själv, även om hon var mycket ung, beordrade alla hennes affärer. Förutom de timmar hon gav till sina studier, anställde hon många av dem, så han sade, i sin stats vård. Hon handlade med huvudet, och han hävdade att hennes minsta omsorg var hennes persons prydnad. När han beskrev henne för oss, hade hon varken ansiktet, skönheten eller böjelserna av en dam; istället för att få män att dö av kärlek fick hon dem att dö av skam och trots; och hon var senare anledningen till att den store filosofen Descartes miste livet: för att hon inte hade godkänt hans filosofi. Hon skrev till drottningen, till monsieur konungens farbror, till hertigen d'Anguien och till ministern, brev som jag har sett och som beundrades av hennes tankars galanteri, av stilens skönhet och av lätthet som hon betygade om att behöva uttrycka sig på vårt språk, som var bekant för henne, samt många andra.

Alla de heroiska dygderna tillskrevs henne. Hon placerades i rangen av antikens mest berömda kvinnor; alla plymer användes för att prisa henne; och det sades att de höga vetenskaperna var för henne vad nålen och sländan är för vårt kön. Fama är en stor talare. Hon tycker ofta om att korsa sanningens gränser, men denna sanning har mycket kraft: den lämnar inte länge den godtrogna världen övergiven åt svek. En tid senare var det känt, att denna gotiska drottnings dygder var medelmåttiga: hon hade då liten respekt för kristna kvinnor; och om hon utövade moral, var det snarare av fantasi än av sentiment. Men hon var lärd i nivå med de mest lärda män; och fram till den tiden hade hon bevarat ett högt anseende i sitt hov, bland sitt folk och i hela Europa.

För att hedra hennes ambassadör fick han baler och komedier, stora repas och alla vanliga nöjen. Han prydde promenadstråket till Fontainebleau-kanalen med en vagn i guld- och silverbroderier, som han låtit göra åt sin drottning. Han lät rita den av sex rikt selade hästar, följt av ett dussin av sidorna på denna prinsessa klädd i hennes liverier, som var gula och svarta, med silverkanter. Greven de la Gardie följde efter vagnen i sin, med en stor mängd orange och silverfärger. Detta hov i figur, med vårt effektivt och vackert, gjorde promenaden ganska trevlig.

...

1647

Konungen gick för att se ett skepp som Sveriges drottning hade sänt honom, stort och vackert; och ett slags sjöslag utkämpades inför honom; men för att fylla invånarnas glädje fick de äran att lemna dem bevakningen av konungens person, fastän det var nödvändigt att göra det, eftersom han åtföljdes av få vakter i hans närhet. ...

...

1656

Vi såg Sveriges drottning anlända till Compiègne, om vilken så många extraordinära saker hade sagts. Denna prinsessa, som lämnat sitt rike, tycktes ha gjort det av ett generöst förakt för kronan och för att inte tvinga sin böjelse till förmån för sin närmaste släkting, som hennes undersåtar hade önskat att hon skulle gifta sig. Hon hade anammat vår religion och hade avsagt sig kätteri i påvens händer. En del uppskattade denna handling oändligt och trodde att denna prinsessa, genom att lämna Sveriges krona, förtjänade hela världens. Andra hade anklagat henne för att ha lämnat sitt rike med våld eller lättsinne och för att i Sverige och i Flandern ömt ha älskat en spanjor vid namn Pimentel, som varit i hennes hov för konungen, hans herre. Hon hade blivit mycket berömd och oändligt klandrad. Hon gick för en lysande person. De mest kända författarnas pennor, lika mycket på beröm som på satir, användes endast för att tala om hennes heroiska dygder eller på annat sätt om hennes fel.

När hon lämnade Sverige hade hon varit i Flandern, sedan i Rom. Nästa på sina resor önskade hon se Frankrike såväl som Italien; och detta stora rykte som hon hade förvärvat gjorde att drottningen blev ganska glad över att se henne. Konungen av Sverige, till vilken denna Nordens drottning lämnat sitt rike, var en krigslysten furste; han gjorde sig fruktad och betänksam. Han hade bett kardinalen att denna prinsessa skulle behandlas väl i Frankrike, och ministern uppskattade honom av sina egna känslor. Hon mottogs där på samma sätt som Karl V förr när han passerade Frankrike på väg till Flandern. Konungen sände hertigen de Guise till henne för att ta emot henne vid hennes inträde i hans stater och för att berömma henne å hans vägnar. Drottningen skickade honom Cominges, hennes kapten av gardet, för detsamma. Den förre skrev ett brev till en av sina vänner, som lästes av konungen och drottningen med nöje. Jag har behållit det, eftersom det på ett naturligt sätt representerade denna prinsessa som han talar om. ...

Denna drottning kände hela hovet så perfekt, att hon, när hon såg Cominges, frågade honom om nyheter om den gode mannen Guitaut, hans onkel, och om hon inte ville se honom arg, ty han var underkastad denna passion och använde den skickligt; hon hade hjälpt honom att tjäna sin lycka, och drottningen hade alltid haft nöje att se honom i detta tillstånd. Drottningen av Sverige var därför väl medveten om alla de stora sakerna och alla de små sakerna. Hon sade vid något tillfälle att hon visste att mycket gott och mycket ont hade sagts om henne, och att man skulle veta när man såg henne att det inte var någondera. Hon talade inte sanning, ty det fanns i henne en blandning av många stora dygder och stora fel.

Hon kom in i Paris den åttonde september, efter att ha blivit hyllad i Essone av Hesselin med en balett, ett fyrverkeri, en komedi och ett antal damer som besökte henne där. Bourgeoisen i Paris, i vapen och i fina kläder, tog emot henne i god ordning, utanför stadens portar, och kantade hennes väg på alla gator från Conflans, där hon hade sovit, till Louvren, där hon skulle logera. Deras antal var oändligt, liksom damerna och personerna av kvalitet, som från fönstren och balkongerna ville se henne passera, och folkmassan var stor på gatorna. Hon var långsam med att korsa staden, i två timmar, tills klockan nio på kvällen när hon anlände till Louvren. Hon var inkvarterad i konungens appartemang, där det fanns Scipions vackra gobeläng och en bädd av vit satäng med guldbroderier, som den framlidne kardinal de Richelieu lämnade till den salige konungen när han dog.

När hon kom bad hon om en dryck. Prinsen de Conti, som hade gått för att besöka och ta emot henne, gav henne en servett som hon tog efter några upprepade komplimanger. Cominges berättade att hertigen d'Épernon, dåvarande guvernör i Bourgogne, hade tagit emot henne magnifikt, och även om hon påverkade att inte beundra någonting, fann hon ändå att Frankrike var vackert, rikt och fullt av människor. Hon ville att folk skulle tro att Rom segrade i hennes böjelse och hennes aktning över Paris, och sade att Italien hade stor charm; men efter vad som sedermera framkommit, misshagades hon inte av Paris' nöjen, och jag tror att hon gärna hade lämnat något annat land för vårt om hon hade kunnat stanna här.

Vid denna första anblick verkade hon vänlig mot alla ärliga människor. Hennes kläder, som var så extravaganta att höra beskrivas, var inte för extravaganta för henne, eller åtminstone vände man sig lätt vid det. Hennes ansikte verkade vackert nog, och alla beundrade hennes livlighet och de speciella saker hon visste om Frankrike. Hon kände inte bara till husen och vapen, utan hon kände till intrigerna och galanterierna och var inte okunnig ens om namnen på dem som älskade målning och musik. Hon berättade för markisen de Sourdis om de värdefulla bilderna han hade i sitt arbetsrum och visste att hertigen de Liancourt hade några mycket fina; till och med tills hon lärde fransmännen vad de inte visste om sitt land. Hon bestred med några att det i Sainte Chapelle fanns en mycket prisvärd Agatha, som hon ville se, och som slutligen befann sig i Saint-Denis. Hon verkade särskilt vänlig för männen, men brysk och hetsig, utan att ge någon verklig anledning att tro på de dåliga berättelser som hade berättats om henne. De hade spridit sig över hela Europa till hennes nackdel och hade gjort att hon, enligt alla de kloka, övergick till en person som knappast var det.

Vår svenska amason vann alla hjärtan i Paris, som hon kanske skulle ha förlorat strax efter om hon stannat där längre. Efter att där ha sett allt hon ansåg värdigt sin nyfikenhet, lämnade hon den stora staden, där hon alltid varit omgiven av en rasande press, för att komma och se Deras Majestät i Compiègne. Hon togs emot där inte bara som en drottning, utan som en drottning älskad av ministern. Kardinal Mazarin reste samma dag från Compiègne för att vara på Chantilly när hon kom dit för att äta där.

Två timmar efter denna måltid anlände konungen och monsieuren dit var för sig. Konungen gick in genom en dörr som var i hörnet av sängens baluster och dök upp med hela folkmassan, som var runt henne och kardinalen. Så snart de sågs av honom, presenterade han dem för Sveriges drottning och berättade för henne att de var två av de mest kvalificerade herrarna i Frankrike. Hon kände dem genom att titta på dem, efter att ha sett deras porträtt i Louvren, och svarade att hon trodde honom så, och att de verkade ha fötts till att bära kronor. Kardinal Mazarin sade till henne att han tydligt såg att det var svårt att lura henne, och att det var sant att det var konungen och monsieuren.

Konungen sade till henne, med god nåd, att han var ledsen över att hon blivit så illa mottagen i hans stater, att han inte hade underlåtit att ge sina befallningar att behandla henne efter vad som tillkom henne; men att hennes förhastade tillkommelse hade hindrat dem, som han hade givit dem, från att ge henne den respekt han skulle ha velat ha visat henne. Hon återupptog sin hövlighet med tacksamhet för det som hade gjorts för henne, och misslyckades inte med att i fina ordalag överdriva den tillfredsställelse hon fått i Frankrike.

Konungen, även om han då var blyg och ingalunda lärd, tillgodosåg sig så väl denna djärva, lärda och stolta prinsessa, att de från det första ögonblicket förblev tillsammans med frihet och enighet på båda sidor. Det var lätt att finna orsaken: de som ville leta efter det bedömde att det var ett otvivelaktigt märke som konungen hade i sig genom böjelse, och av naturen, fröna till vad som var förvärvat och lovvärt, i denna drottnings person, och att den skygghet som visade sig i honom då utgick från hans härlighet och hans omdöme, som fick honom att önska att vara fullkomlig i allt och samtidigt frukta att misslyckas med någonting.

Efter detta samtal lämnade han henne och återvände för att träffa drottningen, som nästa dag gick för att ta emot henne, åtföljd av konungen och hela hans kungliga följe. Det var tre lieues från Compiègne, vid Fayet, ett hus som tillhör le maréchal de la Motte-Houdancourt, där detta berömda underhåll ägde rum. De lätta hästarna, gendarmerna och vakterna gick framför Deras Majestäters vagn i stora skvadroner; och som de var utsmyckade, var detta ackompanjemang verkligen kungligt. Det var tillsammans med konungen och drottningen, konungens enda bror, hertiginnan av Lorraine, madam de Mercœur och grevinnan av Flex, som väntade på drottningen.

När drottningen kom ville hon inte gå in i detta hus, eftersom hon visste att Sveriges drottning snart skulle komma. Hon stannade med hela sitt hov på en terrass framför huset, varifrån man går ned några steg in i en stor gård, där vakterna och allt ryttare hölls i en häck. Många högkvalitativa personer var där, med guld- och silverbroderade plagg, och många andra, som alla utgjorde en stor kortege.

Eftersom endast drottningens vagnar hade fått komma in på denna borggård, och folket hade förvisats från den, dök drottningen och hela hennes fina sällskap upp på denna terrass som på en amfiteater. Det var i mina ögon en av de vackraste och trevligaste sakerna i världen. Detta hus hade nyhetens nåd. Den var ny och vanlig, och gården var stor och fyrkantig. Gräset klipptes i remsor, och det var omöjligt att se ett trevligare föremål. Drottningen, som jag i det ögonblicket påpekade det för, gick med på; och för att säga sanningen, fastän hon inte var den yngsta i truppen, så var hon åtminstone den som såg bäst ut och framstod som älskvärdast.

Hertigen de la Rochefoucauld och några andra, som sedan denna främmande drottning var i Paris, hade varit de mest ihärdiga med henne, anlände först, och strax därefter gick hennes karross till trumpeternas ljud. Kardinal Mazarin och hertigen de Guise var ensamma med henne, ty hon hade bara ett fåtal mycket fattiga kvinnor att tjäna henne, som inte visade sig. Så fort hon såg drottningen steg hon ur vagnen, och drottningen steg också två eller tre steg utanför terrassen för att gå och ta emot henne. De hälsade båda vänligt på varandra. Drottningen av Sverige ville ge några komplimanger och tacka drottningen för det goda bemötande hon fått i Frankrike; men dessa ord avbröts av drottningens ord, som uttryckte sin glädje över att se henne.

Otåligheten som alla omkring dem kände att se denna drottning var så stor att den tvingade de två drottningarna att avsluta sina komplimanger för att undkomma folkmassan som överväldigade dem. Konungen, som redan hade gjort bekantskap med den främmande kvinnan, gav henne sin hand för att leda henne in i huset. Hon gick framför drottningen och lät sig ledas dit de ville leda henne. Många har tyckt att drottningen är för artig för att låta henne ta denna fördel; och konungen själv, efter att ha blivit större, har sedan dess haft smärta och sorg, och har vid flera tillfällen förebrått drottningen, hans mor, att hon hade haft fel att hemma ha givit efter för denna drottning och för Polens, med tanke på att hennes födelse storhet och den höga rang som Frankrikes Krona gav henne.

Jag var en av dem som befann sig närmast dessa två kungliga personer, och även om de mycket speciella beskrivningar som hade gjorts av Sveriges drottning skulle ha representerat henne för mig i min fantasi, erkänner jag ändå att till en början, åsynen av Sveriges drottning hon förvånade mig. Håret på hennes peruk var stripigt den dagen, vinden som kom ner från vagnen tog bort det, och eftersom den lilla omsorg hon tog om hennes hy gjorde att den tappade sin vithet, verkade hon först för mig som en skamlös egyptisk flicka, som av en slump skulle inte vara alltför mörkt.

När jag tittade på denna prinsessa föreföll allt som i det ögonblicket fyllde mina ögon för mig utomordentligt konstigt och mer kapabelt att skrämma än behaga. Hennes klänning var sammansatt av en liten kropp, som hade hälften av en mans pourpoint och den andra hälften av en kvinnas hongreline, men som var så illa anpassad till hennes kropp, att från hennes axlar kom allt på ena sidan, som var den hon hade större än den andra. Hennes skjorta gjordes i mäns mode. Hon hade en krage som spändes fast under halsen med endast en nål och lämnade hela ryggen obetäckt; och denna kropp, som var indragen i strupen mycket mer än en pourpoint, var inte täckt med denna krage. Denna samma skjorta kom ut under hennes halva pourpoint som mäns, och den förde fram i änden av sina armar och på händerna samma mängd linne som männen sedan visar i frånvaro av sina pourpoints och av sina ärmar. Hennes kjol, som var grå och prydd med små guld- och silverbeslag, precis som hennes hongreline var kort; och istället för att släpa som våra klänningar, visade hennes hennes bara fötter. Hon hade svarta band knutna som en petit oie på midjebandet på sin kjol. Hennes skor var ganska som mäns och var inte utan nåd.

Konungen ledde henne in i en stor sal, där madam la maréchale de la Motte hade låtit förbereda en stor kollation. Konungen, de två drottningarna och monsieur satte sig när de gick in vid bordet, och vi omgav honom för att se denna människa, så olik andra kvinnor i allt, och vars berömmelse hade orsakat så mycket larm.

Efter att ha tittat på henne med den fliten som nyfikenhet väcker vid sådana tillfällen, började jag vänja mig vid hennes klänning, hennes frisyr och hennes ansikte. Jag fann att hennes ögon var vackra och livliga, att hon hade en sötma i ansiktet och att denna sötma var blandad med stolthet. Till slut insåg jag, med förvåning, att jag gillade henne, och från ett ögonblick till ett annat fann jag mig helt förändrad för henne. Hon föreföll mig längre än vi hade fått veta, och mindre puckelryggig, men hennes händer, som hyllats som vackra, var det knappast. De var bara ganska välformade och inte svarta, men den dagen var de så smutsiga att det var omöjligt att uppfatta någon skönhet i dem.

Under denna sammanställning åt hon mycket och talade bara mycket vanliga diskurser. Hertigen de Guise visade henne mademoiselle de Mancini, som var nära henne, och tittade på henne som de andra. Hon böjde sig djupt för henne och lutade sig ner från sin stol för att visa henne mer artighet. Vid avfärden steg konungen, drottningarna, monsieur och kardinal Mazarin in i drottningens vagn tillsammans med resten av det sällskap som jag har nämnt, och samtalet där var angenämt.

När drottningen anlände till Compiègne, efter att ha fört sin värdinna till sin lägenhet, hedrade hon oss genom att berätta att hon var charmerad av denna drottning, och hon erkände för oss att hon den första kvarten var rädd som de andra; men att efter att ha sett henne och hört henne tala, hade denna förvåning förändrats till en böjelse. Hon berättade att eftersom denna prinsessa hade påstått sig vilja se porträttet av konungen och monsieur, som drottningen bar på armen, hade hon fått henne att ta av sig handsken och att hon hade sagt till henne de vackraste sakerna i världen på hennes händers skönhet och berömde henne för att hon kunnat berömma dem utan att skämma ut henne.

Så snart Sveriges drottning hade vilat lite i sin kammare, kom hon för att göra ett besök hos drottningen, varifrån hon fördes till den italienska komedin. Hon tyckte att det var väldigt dåligt och sa det fritt. Hon var försäkrad om att skådespelarna var vana vid att göra bättre ifrån sig. Hon svarade kallt att hon inte tvivlade på det, eftersom de förvarades.

Därefter fördes hon till sin kammare, där hon betjänades av konungens officerare. De måste till och med ge henne valets de chambre för att tjäna henne och klä av henne, ty hon var ensam; hon hade varken damer eller officerare, inte heller ekvipager eller pengar. Hon ensam komponerade hela sitt hov. Chanut, som hade varit resident under hennes regeringstid, var med henne och två eller tre vanskapta män, till vilka hon hedersamt gav namnet grevar. Man skulle med sanning kunna säga att hon inte hade någon; ty förutom dessa medelmåttiga herrar såg vi bara två kvinnor med henne, som mer såg ut som handelskvinnor än damer av någon kondition.

Slutligen skulle jag bli frestad att, när jag beskriver denna prinsessa, jämföra henne med Amadís' hjältinnor, vars äventyr var vackra, vars träng nästan var som hennes och vars stolthet liknade den som visade sig i henne. Jag tror till och med, med tanke på hennes ekvipage och hennes fattigdom, att hon inte åt fler måltider och inte sov bättre än Marfisa eller Bradamante, och att hon, om hon inte av en slump kom hos någon stor konung som den vår, inte så ofta ät bra mat.

Första dagen observerade man att hon talade lite, vilket verkade markera henne med diskretion. Greven de Nogent, som vanligt, skyndade sig framför henne för att berätta gamla sagor, hon sade allvarligt till honom att han hade mycket tur som hade ett gott minne. Kardinal Mazarin gick nästa dag för att besöka henne i en kamalj, och alla biskoparna hälsade henne ceremoniellt. Den dagen dök hon upp i en eldfärgad kamlottjustaucorps och en grå kjol, båda prydda med guld- och silverdetaljer. Hennes peruk var krullad och pudrad, hennes hy hade en viss skönhet från nattsömnen, hennes händer var smutsiga; och om hon hade kunnat bry sig om beröm, tror jag, att det i detta ögonblick med rättvisa kunnat skänkas henne, ty hon föreföll alla älskvärdare än hon önskade.

Hon kom för att träffa drottningen på morgonen och drottningen besökte henne direkt efter middagen. Samtalet där var muntert och vid flera möten visade denna utländska drottning att hon var kvick och gott sällskap. Hon hånade chevalier de Grammont för den passion han då hade för madam de Mercœur, och hon besparade honom inte på något sätt den lilla tacksamhet han kunde hoppas på. Därifrån jagade hon vildsvin dit konungen bjöd henne att gå. Hon hade likväl sagt till honom, när han föreslog henne att gå dit, att hon inte älskade honom, eftersom hon var farlig, och att hon inte kunde stå ut med att bli utsatt för någon fara utom för att vinna ära.

På kvällen, på den franska komedin, visade hon att hon hade en passionerad själ. Hon ropade ut ofta vid de vackra partierna, och tycktes känna glädje eller smärta efter de olika känslor, som uttrycktes av de verser som reciterades framför henne; sedan, som om hon hade varit helt ensam i sitt arbetsrum, lutad bakåt på stolsryggen, efter sina utrop, förblev hon i en djup dagdröm. Inte ens drottningen kunde få henne ur den, även om hon ofta ville tala med henne.

På kvällen, efter att ha dragit sig tillbaka med några män av hovet, bland andra Cominges, som inte var okunnig, talade de om många saker och sedan om den trohet som var skyldig konungar; och när någon sa till henne att alla ärliga människor har det, svarade hon att i alla länder var det sant, men att hon hade märkt att det i Frankrike inte var ett fel att sakna det, och att det var vanligt bland personer av förtjänst och kvalitet. Kort sagt, denne dag vann henne ett stort gillande, och på drottningen samma kväll talade ingen om någon annan än henne. Flera av våra oförskämda hånare hade haft för avsikt att förvandla det till förlöjligande och därigenom överrösta dem som till och med lätt hade berömt henne; men de kunde då icke finna medel, vare sig genom hennes förtjänst eller av den högmod hon hade för dem, eller slutligen därför att hon understöddes av den aktning som ministern visade att hålla henne, och av det goda mottagandet av konungen och drottningen. Den korta tid hon stannade vid hovet var gynnsam för henne, ty hennes fel, som var stora, överskuggades av de stora och lysande egenskaper som fanns i henne och av nyhetens nöje som är av stort värde i människors hjärtan. Vi kommer snart att se henne på skamligt sätt förlora alla dessa fördelar, ty eftersom konungar är ju utsatta för allmänheten, och deras goda egenskaper gör dem kända, så vet deras fel hur de skall förstöra eller minska deras rykte på kort tid.

Den 18 september befann sig drottningarna i en tragedi för jesuiterna, som Sveriges djärvt hånade. Nästa dag gav konungen henne en kunglig fest som var som sådana måltider är vana att vara, där överflöd tröttar ut sinnet mer än det ger näring åt kroppen. Kort efter denna obekväma ceremoni anlände en kurir som informerade konungen och drottningen om att hertigen de Mercœur intog Valence. Den främmande drottningen kom genast för att glädjas åt det med vårt, på ett så fritt sätt att det verkade som om hon tog stor del i det. Hon fann drottningen spelande kort. Hon satte sig bredvid henne och nonchalant lutad mot bordet verkade det som om hon var trevligt upptagen med att titta på drottningens vackra händer. Hon berömde dem och sade till henne med tapperhet att hon skulle anse att hennes resa från Rom till Frankrike var väl använd om hon inte hade haft någon annan fördel än att där bara se den vackraste ting i världen.

Nogent, som fortfarande talade, ville berätta för henne att det hade märkts i historien att det hade gått hundra år sedan valenciennes och Valence belägrades av fransmännen, att den ena inte hade tagits och att den andra hade blivit det. Efter att ha lyssnat på honom, önskade hon att samma människor under samma ord kunde göra detsamma; och hon vände sig mot Nogent och sade till honom: »Och att Ni, monsieur de Nogent, fortfarande bär Er feuille-de-morte kassock och berättar samma berättelser som Ni gör nu, för om jag skall säga Er sanningen, skulle jag hellre höra dem på hundra år än vid denna stund.«

Det som fick henne att alltid pressa honom med samma kraft var att hon hade fått höra att han ville involvera henne i sitt raljeri.

Dagen därefter gick fader Annat, konungens biktfader, för att tala med drottningen av Sverige om några klagomål som hon hade framfört mot deras orden. En var att jesuiternas generalfader inte hade varit där för att hälsa på henne i Rom; jag minns inte de andra. Efter den pastorade faderns ursäkt, sade hon till honom i en hånfull ton och med det bryska sätt som var naturligt för henne, att hon skulle vara ledsen över att ha dem som fiender, med kännedom om deras styrka, och att hon hellre ville ha ett gräl med en suverän furste än med dem; att hon av den anledningen verkligen ville bli nöjd, men han lät henne försäkra honom att hon aldrig skulle välja dem i händelse av bekännelse och tragedi. Hon ville därigenom förebrå dem, att de anklagades för att ha en alltför överseende sedlighet, och göra sig narr av den dåliga tragedin, där hon varit dagen förut; på så sätt blanda burlesk med seriös för att hämnas för den kränkning hon trodde sig ha fått av deras kompani.

Denna gotiska prinsessa betygade att uppskatta kardinalens kvickhet och förmåga, och han verkade likaså ha stor vördnad för henne. Hennes utseende, för vem som helst skulle ha velat bedöma det till hennes nackdel, var värdigt skratt och hån; nästan alla hennes handlingar hade något extravagant över sig; och man kunde med rätta skylla på henne som man med goda skäl kunde berömma henne extremt.

Hon såg inte ut som en kvinna; hon hade inte ens den nödvändiga blygsamheten. Hon lät betjäna sig av män på de mest privata tiderna. Hon påverkades av att verka som en man i alla sina handlingar. Hon skrattade överdrivet när något berörde henne, och i synnerhet åt italiensk komedi, när buffonerier av en slump var bra. Hon brast ut på samma sätt i lovord och suckar, som jag redan har sagt, när de allvarliga behagade henne. Hon sjöng ofta i sällskap; hon dagdrömde, och hennes dagdrömmeri gick till dåsighet. Hon verkade ojämn, brysk och libertin, i alla sina ord både om religion och om de saker som hennes köns anständighet tvingade henne att vara återhållsam. Hon svor i Guds namn, och hennes oanständighet hade spridit sig från hennes ande till hennes handlingar. Hon kunde inte stanna i en hållning länge. I närvaro av konungen, drottningen och hela hovet vilade hon sina ben på stolar lika höga som den hon satt på och lät dem ses alltför fritt.

Hon påstod sig förakta alla kvinnor för deras okunnighet, och hon njöt av att samtala med män om dåliga ämnen såväl som om goda. Hon iakttog inte någon regel för alla dem som konungar är vana att hålla med hänsyn till den respekt som de visades. Hennes två kvinnor, hur vederstyggliga och eländiga som de än var, låg familjärt i hennes säng och gjorde hälften av allt med henne.

Men drottningen, som tvärtom var den mest reguljära människan i världen, fann charm i det behagliga i hennes ansikte och på det fria sättet för alla sina handlingar. I själva verket var det svårt att inte förlåta henne för alla hennes oegentligheter när man hade sett henne och framför allt hört henne, särskilt de som inte verkade vara klandervärda. Denna mildhet och denna behaglighet blandades med en oförskämd stolthet, och den för vår nation så naturliga artighet fanns inte hos henne. Vissa sade att hon var som Fontainebleau, vars byggnader är vackra och storslagna, men som inte har någon symmetri.

Hon lämnade Compiègne den 23 september; drottningen tog bort hennes två lieues, och de två prinsessorna skildes åt med några ömhetsbetygelser. Markisen de Saint-Simon trakterade henne i Senlis, och monsieur och madam du Plessis tog emot henne i sitt vackra hus i Frênes, med enastående storslagenhet. När hon gick förbi en viss by nära denna plats, ville hon se en ung dam som hette Ninon, hyllad för sin last, sin lösaktighet och skönheten i sitt sinne. Det var hon ensam av alla kvinnor hon såg i Frankrike som hon gav vissa anseende. Marskalken d'Albret och några andra var orsaken till det, genom de lovord som de gav till denna kurtisane i vårt sekel. Därifrån tog denna svenska amason hyrda vagnar som konungen hade givit henne och pengar för att kunna betala för dem. Hon gick bort endast följt av sin ynkliga trupp, utan träng, utan storhet, utan säng, utan silverplatta eller något kungligt märke som helst. Hennes dessäng var att återvända till Rom och passera genom Savojen, där hon återupptog sin personlighet som drottning. Hon fick där också många utmärkelser.

English translation (my own):

1646

The Queen then received (on September 13, 1646) an Ambassador Extraordinary from the Queen of Sweden, who apparently came only to work for the union of the two Crowns. The one sent by this Queen was called the Count de la Gardie. He was the son of the Constable of Sweden; his grandfather was French, so it was said, of rather mediocre birth. He was well built, he looked haughty, and looked like a favourite. He spoke of his Queen in such passionate and respectful terms that it was easy to suspect him of some greater tenderness than that which he owed her by the quality of being her subject.

He was accorded to a first cousin of this Queen, whom she herself made him marry. Some have meant that if she had wanted to follow his inclination, that she would have taken him for herself, but that she had conquered herself by the force of her reason and by the greatness of her soul, which could not bear this humiliation. Others said she was born a libertine, and that being capable of putting herself above custom, she did not love him, or she no longer loved him, since she gave him to another woman. Be that as it may, this man appeared quite worthy of fortune, but more calculated to please than to govern.

As he spoke of the Queen, his mistress, she had no need of a minister, for she herself, although very young, ordered all her affairs. Besides the hours she gave to her studies, she employed many of them, so he said, in the care of her State. She acted with her head, and he asserted that her least care was the ornament of her person. As he described her to us, she had neither the face, nor the beauty, nor the inclinations of a lady; instead of making men die of love, she made them die of shame and spite; and she was later the reason why that great philosopher Descartes lost his life: because she had not approved of his philosophy. She wrote to the Queen, to Monsieur the King's uncle, to the Duc d'Anguien and to the Minister, letters which I have seen, and which were admired by the gallantry of her thoughts, by the beauty of the style, and by the facility which she testified to have to express herself in our language, which was familiar to her, with many others.

All the heroic virtues were attributed to her. She was placed in the rank of the most illustrious women of antiquity; all the plumes were employed in praising her; and it was said that the high sciences were for her what the needle and the distaff are for our sex. Fame is a great talker. She often likes to cross the limits of truth, but this truth has much force: it does not long leave the credulous world abandoned to deceit. Some time later it was known that the virtues of this Gothic Queen were mediocre: she then had little respect for Christian women; and if she practiced morals, it was rather from fancy than from feeling. But she was learned on a par with the most learned men; and up to that time she had preserved a high reputation in her court, among her people, and throughout Europe.

To regale her ambassador, he was given balls and comedies, large repasts, and all the ordinary amusements. He adorned the promenade of the Fontainebleau canal with a carriage in gold and silver embroidery, which he had had made for his Queen. He had it drawn by six richly harnessed horses, followed by a dozen of the pages of this princess dressed in her liveries, which were yellow and black, with silver trimmings. The Count de la Gardie followed the carriage in his, with a large quantity of orange and silver liveries. This court in figure, with ours effective and beautiful, made the promenade quite pleasant.

...

1647

The King went to see a vessel that the Queen of Sweden had sent him, large and beautiful; and a sort of naval battle was fought before him; but, to fill the joy of the inhabitants, they were given the honour of leaving them the guard of the King's person, although it was necessary to do so, because he was accompanied by few guards near him. ...

...

1656

We saw the Queen of Sweden arrive at Compiègne, of whom so many extraordinary things had been said. This princess, who had left her kingdom, seemed to have done so out of a generous disdain for the Crown, and in order not to force her inclination in favour of her nearest relative, whom her subjects had wished her to marry. She had embraced our religion and had renounced heresy in the hands of the Pope. Some esteemed this action infinitely and believed that this princess, in quitting the Crown of Sweden, deserved that of the whole world. Others had accused her of having left her kingdom by force or by frivolity, and of having loved tenderly in Sweden and in Flanders a Spaniard named Pimentel, who had been in her court on behalf of the King, his master. She had been greatly praised and infinitely blamed. She passed for an illustrious person. The pens of the most famous authors, as much on praise as on satire, were employed only to speak of her heroic virtues, or otherwise of her faults.

Leaving Sweden, she had been in Flanders, then in Rome. Next in her travels, she wished to see France as well as Italy; and this great reputation which she had acquired caused the Queen to be rather glad to see her. The King of Sweden, to whom this Queen of the North had left her kingdom, was a warlike prince; he made himself feared and considered. He had asked the Cardinal that this princess should be well treated in France, and the minister, by his own feelings, esteemed him. She was received there in the same way as Charles V was formerly when he passed through France on his way to Flanders. The King sent the Duc de Guise to her to receive her upon her entry into his states, and to compliment her on his behalf. The Queen sent him Cominges, her Captain of the Guard, for the same. The former wrote a letter to one of his friends, which was read by the King and Queen with pleasure. I have kept it, because it represented in the natural way this princess of which he speaks. ...

This Queen knew the whole court so perfectly that, upon seeing Cominges, she asked him for news of the good man Guitaut, his uncle, and if she would not see him angry, for he was subject to this passion, and used it skilfully; she had helped him to make his fortune, and the Queen at all times had taken pleasure in seeing him in this state. The Queen of Sweden was therefore well aware of all the great things and all the little things. She said on some occasion that she knew that much good and much bad had been said of her, and that one would know upon seeing her that it was neither. She was not telling the truth, for indeed there was found in her a mixture of many great virtues and great faults.

She entered Paris on the eighth of September, after having been regaled at Essone by Hesselin with a ballet, a fireworks display, a comedy, and a number of ladies who went to see her there. The bourgeois of Paris, in arms and in fine clothes, received her in good order, outside the city gates, and lined her path in all the streets from Conflans, where she had slept, to the Louvre, where she was to lodge. Their number was infinite, as well as the ladies and persons of quality, who from the windows and the balconies wanted to see her pass by, and the crowd was great in the streets. She was slow to cross the city, for two hours, until nine o'clock in the evening when she arrived at the Louvre. She was lodged in the King's apartment, where there was the beautiful tapestry of Scipion, and a bed of white satin with gold embroidery, which the late Cardinal de Richelieu left to the late King when he died.

When she arrived she asked for a drink. The Prince de Conti, who had gone to visit and receive her, gave her a napkin, which she took after a few repeated compliments. Cominges told us that the Duc d'Épernon, then Governor of Burgundy, had received her magnificently, and although she affected not to admire anything, she nevertheless found that France was beautiful, rich, and full of people. She wanted people to believe that Rome prevailed in her inclination and her esteem over Paris, and said that Italy had great charms; but from what has since appeared, the pleasures of Paris did not displease her, and I think she would gladly have left any other country for ours if she had been able to stay here.

At this first glance, she seemed amiable to all honest people. Her clothes, so extravagant to hear described, were not too extravagant for her, or at least one grew accustomed to it easily. Her face seemed pretty enough, and everyone admired the vivacity of her mind and the particular things she knew about France. She knew not only the houses and the arms, but she knew the intrigues and the gallantries, and was not ignorant even of the names of those who loved painting and music. She told the Marquis de Sourdis of the valuable pictures he had in his study, and knew that the Duc de Liancourt had some very fine ones; even until she taught the French what they did not know of their country. She disputed with some that there was in the Sainte Chapelle an Agatha of great price, whom she wanted to see, and who finally found herself in Saint-Denis. She seemed particularly civil to the men, but brusque and hot-tempered, without giving any effective reason to believe the bad tales which had been told of her. They had spread throughout Europe to her disadvantage, and had made her pass, in the opinion of all the wise, for a person who was hardly so.

Our Swedish Amazon won all hearts in Paris, which she would perhaps have lost soon after if she had remained there longer. After having seen there everything she thought worthy of her curiosity, she left that great city, where she had always been surrounded by a furious press, to come and see Their Majesties at Compiègne. She was received there not only as a Queen, but as a Queen beloved by the Minister. Cardinal Mazarin left the same day from Compiègne to be at Chantilly when she arrived there to dine there.

Two hours after this meal, the King and Monsieur arrived there individually. The King entered by a door which was at the corner of the baluster of the bed, and appeared with all the crowd, which was around her and the Cardinal. As soon as they were seen by him, he presented them to the Queen of Sweden, and told her that they were two of the most qualified gentlemen in France. She knew them by looking at them, having seen their portraits in the Louvre, and replied that she believed him so, and that they appeared to have been born to wear crowns. Cardinal Mazarin told her that he saw clearly that it was difficult to deceive her, and that it was true that it was the King and Monsieur.

The King told her with good grace that he was sorry that she had been so badly received in his states, that he had not failed to give his orders to treat her according to what was due to her; but that her hasty coming had prevented those to whom he had given them from paying her the respect he would have wished to have paid to her. She resumed her civilities with gratitude for what had been done for her, and did not fail to exaggerate in fine terms the satisfaction she had received in France.

The King, although timid at that time, and by no means learned, accommodated himself so well to this bold, learned, and proud princess, that from that first moment, they remained together with freedom and agreement on both sides. It was easy to find the reason: those who wanted to look for it judged that it was an indubitable mark that the King had in him by inclination, and by nature, the seeds of what was acquired and laudable, in the person of this Queen, and that the timidity which appeared in him then proceeded from his glory and his judgment, which made him desire to be perfect in all things, and fear at the same time to fail in anything.

After this conversation, he left her, and returned to find the Queen, who the next day went to receive her, accompanied by the King and all his royal retinue. It was three leagues from Compiègne, at Fayet, a house belonging to le Maréchal de la Motte-Houdancourt, where this famous interview took place. The light horses, the gendarmes, and the guards went in front of Their Majesties' carriage in large squadrons; and as they were adorned, this accompaniment was truly royal. There were with the King and the Queen, the King's only brother, the Duchess of Lorraine, Madame de Mercœur, and the Countess of Flex, lady-in-waiting to the Queen.

When the Queen arrived, she did not want to enter this house, because she knew that the Queen of Sweden was to arrive soon. She remained with all her court on a terrace in front of the house, from which one descends by a few steps into a large court, where the guards and all the cavalry were ranged in a hedge. Many persons of quality were there, with gold and silver embroidered garments, and many others, all of whom made up a great cortege.

As only the Queen's carriages had been allowed to enter this courtyard, and the rabble had been banished from it, the Queen and all her fine company appeared on this terrace as on an amphitheater. It was in my eyes one of the most beautiful and pleasant things in the world. This house had the grace of novelty. It was new and regular, and the yard was large and square. The grass was cut in strips, and it was impossible to see a more agreeable object. The Queen, to whom I pointed it out at that moment, agreed; and to tell the truth, although she was not the youngest of the troop, she was at least the one who looked the best, and appeared the most amiable.

The Duc de la Rochefoucauld and some others who, since this foreign queen was in Paris, had been the most assiduous with her, arrived first, and soon afterwards her carriage entered to the sound of trumpets. Cardinal Mazarin and the Duc de Guise were alone with her, for she had only a few very poor women to serve her, who did not show themselves. As soon as she saw the Queen, she alighted from the carriage, and the Queen also advanced two or three steps outside the terrace to go and receive her. They both greeted each other civilly. The Queen of Sweden wished to pay a few compliments and to thank the Queen for the good treatment she had received in France; but these words were interrupted by those of the Queen, who expressed her joy at seeing her.

The impatience felt by all those around them to see this Queen was so great that it forced the two Queens to finish their compliments in order to escape the crowd which overwhelmed them. The King, who had already made acquaintance with the foreign woman, gave her his hand to lead her into the house. She passed in front of the Queen, and allowed herself to be led where they wanted to lead her. Many have found the Queen too civil to let her take this advantage; and the King himself, having become greater, has since had pain and sorrow, and on several occasions has reproached the Queen, his mother, that she had been wrong to have yielded at home to this Queen, and to that of Poland, given the greatness of her birth and the high rank given her by the Crown of France.

I was one of those who found myself closest to these two royal persons, and although the very particular descriptions that had been made of the Queen of Sweden would have represented her to me in my imagination, I nevertheless confess that at first, the sight of her surprised me. The hair of her wig was frizzy that day, the wind coming down from the carriage took it away, and as the little care she took of her complexion made it lose its whiteness, she seemed to me at first like a shameless Egyptian girl, who by chance would not be too dark.

Looking at this princess, everything that at that moment filled my eyes seemed to me extraordinarily strange, and more capable of frightening than pleasing. Her dress was composed of a small body, which had half the figure of a man's pourpoint, and the other half that of a woman's hongreline, but which was so badly adjusted to her body, that from her shoulders came everything on one side, which was the one she had bigger than the other. Her chemise was made in the fashion of men. She had a collar which was fastened under her throat by only a pin and left her whole back uncovered; and this body, which was indented at the throat much more than a pourpoint, was not covered with this collar. This same chemise came out from below her half-pourpoint like those of men, and it brought out at the end of its arms and on the hands the same quantity of linen that the men then show in the absence of their pourpoints and of their sleeves. Her skirt, which was grey and adorned with little gold and silver trimmings, just as her hongreline was short; and instead of trailing like our dresses, hers showed her bare feet. She had black ribbons tied up like a petit oie on the waistband of her skirt. Her shoes were quite like that of men, and were not without grace.

The King led her into a large hall, where Madame la Maréchale de la Motte had had a large collation prepared. The King, the two Queens, and Monsieur, on entering, sat down at table, and we surrounded him to see this person, so different from other women in everything, and whose fame had caused so much noise.

After having looked at her with that application which curiosity inspires on such occasions, I began to grow accustomed to her dress, her hairstyle, and her face. I found that her eyes were beautiful and lively, that she had a sweetness in her face, and that this sweetness was mingled with pride. Finally I realised, with astonishment, that I liked her, and from one moment to another, I found myself completely changed for her. She seemed to me taller than we had been told, and less hunchbacked, but her hands, which had been praised as beautiful, were hardly so. They were only fairly well-formed, and not black, but on that day they were so filthy that it was impossible to perceive any beauty in them.

During this collation, she ate a great deal and spoke only very ordinary discourses. The Duc de Guise showed her Mademoiselle de Mancini, who was near her, looking at her like the others. She bowed deeply to her, and leaned down from her chair, to show her more civility. On leaving, the King, the Queens, Monsieur, and Cardinal Mazarin, got into the Queen's carriage, with the rest of the company I have named, and the conversation there was agreeable.

When the Queen arrived at Compiègne, after having conducted her hostess to her apartment, she honoured us by telling us that she was charmed by this Queen, and she confessed to us that the first quarter of an hour she was been frightened like the others; but that after having seen her and having heard her speak, this surprise had changed into an inclination. She told us that as this princess had claimed to want to see the portrait of the King and Monsieur, which the Queen wore on her arm, she had made her take off her glove, and that she had said to her the prettiest things in the world on the beauty of her hands, praising her for having been able to praise them without embarrassing her.

As soon as the Queen of Sweden had rested a little in her chamber, she came to pay a visit to the Queen, whence she was taken to the Italian comedy. She found it very bad, and said so freely. She was assured that the actors were accustomed to doing better. She replied coldly that she did not doubt it, as they were being kept.

After that she was taken to her chamber, where she was served by the King's officers. They even had to give her valets de chambre to serve her and to undress her, for she was alone; she had neither ladies, nor officers, nor equipages, nor money. She alone composed her whole court. Chanut, who had been a resident during her reign, was with her, and two or three deformed men, to whom she honourably gave the name of counts. One could say with truth that she had no one; for, besides these mediocre lords, we only saw two women with her, who looked more like shopkeepers than ladies of any condition.

Finally, I would be tempted, in describing this princess, to compare her to the heroines of Amadís, whose adventures were beautiful, whose train was almost like hers, and whose pride was similar to that which appeared in her. I even think, considering her equipage and her poverty, that she did not eat more meals and did not sleep better than Marfisa or Bradamante, and that, unless she arrived by chance at the home of some great king like ours, she did not often eat good food.

The first day one observed that she spoke little, which seemed to mark her with discretion. The Comte de Nogent, as usual, hastening before her to tell old tales, she told him gravely that he was very fortunate to have a good memory. Cardinal Mazarin the next day went to visit her in a camail, and all the bishops saluted her ceremonially. That day she appeared in a fire-coloured camlet justaucorps and a grey skirt, both embellished with gold and silver trimmings. Her wig was curled and powdered, her complexion had some beauty from the night's rest, her hands were dirty; and if she had been capable of caring about praises, I believe that they could have been given to her at this moment with justice, for she seemed to everyone more amiable than she wished to be.

She came to see the Queen in the morning, and the Queen visited her immediately after luncheon. The conversation there was cheerful, and in several encounters this foreign Queen showed that she was witty and good company. She mocked the Chevalier de Grammont for the passion he then had for Madame de Mercœur, and she in no way spared him the little gratitude he could hope for. From there she was hunting wild boar where the King invited her to go. She had told him nevertheless, when he proposed to her to go there, that she did not love him, because she was perilous, and that she could not bear to be exposed to any peril, except for the sake of gaining glory.

In the evening, at the French comedy, she showed that she had a passionate soul. She often exclaimed at the beautiful parts, seeming to feel joy or pain according to the different sentiments which were expressed by the verses which were recited before her; then, as if she had been all alone in her study, leaning back on the back of her chair, after her exclamations, she remained in a deep reverie. Even the Queen could not bring her out of it, although she often wanted to speak to her.

In the evening, having retired with some men of the court, among others Cominges, who was not ignorant, they talked of many things, and then of the fidelity owed to kings; and when someone told her that all honest people have it, she replied that in all countries it was true, but that she had noticed that in France it was not a fault to lack it, and that it was common among persons of merit and quality. In short, this day won her a great deal of approval, and at the Queen's that same evening, no one spoke of anyone but her. Several of our rude scoffers had intended to turn it into ridicule and thereby overwhelm those who had even lightly praised her; but they could not then find the means, either by her merit or by the haughtiness she had for them, or finally because she was supported by the esteem that the minister showed to hold her, and by the good reception from the King and Queen. The short time she remained at court was favourable to her, for her faults, which were great, were overshadowed by the great and brilliant qualities which were in her, and by the pleasure of novelty which is of great value in the hearts of men. We will soon see her shamefully lose all these advantages, for as kings are exposed to the public, and their good qualities make them famous, so their faults know how to destroy or diminish their reputation in a short time.

On September 18, the Queens were at a tragedy of the Jesuits, which that of Sweden boldly mocked. The next day the King gave her a royal feast, which was as such meals are accustomed to be, where profusion wearies the mind more than it nourishes the body. Shortly after this inconvenient ceremony, a courier arrived who informed the King and Queen of the capture of Valence by the Duc de Mercœur. The foreign Queen came at once to rejoice in it with ours, in such a free manner that it seemed as though she took a large part in it. She found the Queen playing cards. She sat down beside her, and leaning nonchalantly on the table, it seemed that she was pleasantly busy gazing at the Queen's beautiful hands. She praised them and told her with a gallant air that she would consider her trip from Rome to France well spent if she had had no other advantage than that of seeing there only the most beautiful thing in the world.

Nogent, who was still talking, wanted to tell her that it had been noticed in history that it had been a hundred years since Valenciennes and Valence had been besieged by the French, that one had not been taken, and that the other had been. After having listened to him, she wished that in this same term the same people could do the same; and turning towards Nogent, she said to him: "And that you, Monsieur de Nogent, still wear your feuille-de-morte cassock and tell the same tales as you do now, for to tell you the truth, I would rather hear them in a hundred years than at this hour."

What caused her to always push him with the same force was that she had been told that he wanted to involve her in his raillery.

The next day Father Annat, the King's confessor, went to speak to the Queen of Sweden on some complaints she had made against their Order. One was that the Father General of the Jesuits had not been there to greet her at Rome; I do not remember the others. After the Reverend Father's apologies, she told him in a mocking tone, and with that brusque manner which was natural to her, that she would be sorry to have them as enemies, knowing their strength, and that she would rather have a quarrel with a sovereign prince than with them; that for this reason she really wanted to be satisfied, but he let her assure him that in case of confession, and of tragedy, she would never choose them. She wanted to reproach them by that, that they were accused of having a too indulgent morality, and to make fun of the bad tragedy, where she had been the day before; thus mixing the burlesque with the serious in order to avenge herself for the offense she believed she had received from their company.

This Gothic princess testified to esteem the Cardinal's wit and ability, and he likewise appeared to have much veneration for her. Her exterior, to whoever would have liked to judge of it to her disadvantage, was worthy of laughter and mockery; almost all her actions had something extravagant about them; and one could with justice blame her as one could with good reason praise her extremely.

She looked nothing like a woman; she did not even have the necessary modesty. She had herself served by men at the most special hours. She affected to seem like a man in all her actions. She laughed excessively when something touched her, and particularly at Italian comedy, when by chance the buffooneries were good. She burst out in the same way in praises and sighs, as I have already said, when the serious ones pleased her. She often sang in company; she daydreamed, and her reverie went to the point of drowsiness. She appeared uneven, brusque and libertine, in all her words both on religion and on the things about which the propriety of her sex obliged her to be reticent. She swore in the name of God, and her licentiousness had spread from her spirit into her actions. She could not stay in one position for long. In the presence of the King, the Queen, and the whole court, she rested her legs on chairs as high as the one on which she was seated and let them be seen too freely.

She professed to despise all women for their ignorance, and she took pleasure in conversing with men on bad matters as well as on good ones. She did not observe any rule of all those which kings are accustomed to keep with regard to the respect shown to them. Her two women, hideous and miserable as they were, lay in her bed familiarly and did half of everything with her.

However, the Queen, who was, on the contrary, the most regular person in the world, found charms in the pleasantness of her face and in the free manner of all her actions. In fact, it was difficult, when one had seen her, and above all heard her, not to forgive her for all her irregularities, particularly those which did not appear essentially blameworthy. This gentleness and this pleasantness were mingled with a rude pride, and the politeness so natural to our nation did not exist in her. Some said she was like Fontainebleau, whose buildings are beautiful and grand, but which have no symmetry.

She left Compiègne on the 23rd of September; the Queen took her two leagues away, and the two princesses parted with some marks of tenderness. The Marquis de Saint-Simon treated her at Senlis, and Monsieur and Madame du Plessis received her at their beautiful house in Frênes, with extraordinary magnificence. Passing by a certain village near this place, she wished to see a young lady who was called Ninon, celebrated for her vice, her licentiousness, and the beauty of her mind. It was she alone of all the women she saw in France to whom she gave some marks of esteem. The Marshal d'Albret and some others were the cause of it, by the praises which they gave to this courtisanne of our century. From there this Swedish Amazon took hired carriages which the King had given to her, and money to be able to pay for them. She went away followed only by her puny troop, without a train, without grandeur, without a bed, without a silver plate, nor any royal mark. Her design was to return to Rome and to pass through Savoy, where she resumed her personage as Queen. She also received many honours there. ...

Note: Egyptian is an old word for a Romani or Roma person, based on the erroneous assumption that they had come from Egypt. In reality, genetic and linguistic evidence has shown that the ancestors of the Romani originated in northern India, particularly in Rajasthan and/or the Punjab. They left there in around 1000 A.D. and over the centuries moved up through the Middle East and into Europe.

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