Monday, July 8, 2024

Kristina in the memoirs of Louis-Henri de Loménie de Brienne, written in 1683, part 1

Sources:

Mémoires de Louis-Henri de Loménie, comte de Brienne, volume 2, page 204; pages 287 to 303, published by Paul Bonnefon, 1917


The excerpts:

1654:

Nous rejoignîmes à Hambourg M. le baron d'Avaugour, qui y étoit arrivé avant nous et qui m'apprit que la reine Christine de Suède en étoit partie le même jour, 27e de juillet [1654], déguisée en homme, en la compagnie de Pimentel, envoyé d'Espagne auprès de sa personne, pour se rendre en diligence en Flandres et y faire quelque séjour à la cour de Bruxelles ou dans la belle ville d'Anvers, auprès du vice-roi des Pays-Bas espagnols, auxquels depuis quelque temps elle avoit donné toute son affection. J'eus du regret d'avoir manqué cette reine fameuse, pour laquelle j'avois des lettres de recommandation de Mme de Brienne, ma mère, et de M. Chanut. ...


1655:

Le ... second de février 1655, ... nous partîmes de Stockholm, dans la plus rude et la plus fâcheuse saison de l'année, mais la plus commode toutefois pour voyager et faire diligence, à cause que les lacs et les fleuves étant gelés, on ne se détourne nulle part et on passe par dessus comme dessus des ponts, en sorte qu'on va toujours tout droit, avec la boussole à la main, de crainte de se perdre dans les neiges, et ainsi on fait beaucoup de chemin. ... Nous arrivâmes ... d'assez bonne heure à Upsal, où nous dinâmes. ...

Quand nous eûmes dîné, nous allâmes voir le château, célèbre et fameux par l'abdication qu'y fit, dans la grand'salle, en présence des États du royaume qui y étoient assemblés, la reine Christine, fille du grand Gustave, dont Balzac, à la tête de son Aristippe, nous a laissé un excellent et pompeux éloge, qu'il est bon de transcrire ici, puisque nous ne pourrions faire son portrait en des termes plus magnifiques, et qu'ayant autre chose à en dire que du bien, il est juste que le bien précède le mal. Le voici donc: «Qu'on loue», dit-il, «qu'on bénisse la fille du grand Gustave, l'incomparable Christine, pour les bons exemples qu'elle donne à un mauvais siècle; pour avoir achevé la guerre et pour avoir fait la paix; pour savoir régner et pour n'ignorer rien de ce qui mérite d'être su. C'est Christine qui s'est opposée à la barbarie qui revenoit, et qui a retenu les Muses qui s'enfuyoient. C'est elle qui connoît souverainement des sciences et des arts. Elle met le prix aux ouvrages de l'esprit. Comme elle reçoit des applaudissements de tous les peuples, elle rend des oracles en toutes les langues. On ne peut point appeler de ses jugements, non pas même à la postérité.» ...

On avoit laissé jusqu'alors la grand'salle du palais d'Upsal au même état qu'elle étoit lorsque la séance des États généraux du royaume s'y tenoit. Les bancs, les tables, le marchepied en forme de théâtre élevé de quelques degrés sur lequel la reine Christine fit le dénouement de cette célèbre comédie, tout cela nous remplit d'un juste étonnement et nous n'eussions été guère curieux si nous avions négligé de l'aller voir. Nous y fûmes donc, et nous nous représentâmes cette généreuse princesse, vêtue de son manteau royal, la couronne en tête et le sceptre au poing, remettant ses marques d'honneur au prince Gustave, son cousin, qu'elle n'aimoit guère, mais qui étoit plus grand politique qu'elle. Puis, nous nous imaginâmes la voir en son simple habit de fille, qui étoit de satin blanc, faire une cabriole sur ce théâtre et en descendre tel que Néron descendoit de l'amphithéâtre après avoir bien chanté et joué longtemps de la lyre. Ces grands objets, cette aventure nouvelle et presque incroyable me frappèrent l'esprit à tel point que j'eus peine de sortir de ce lieu, avant que d'avoir fait sur ce sujet toutes les réflexions qui se présentoient en foule à mon imagination échauffée. Je ne trouvois rien de solide à cette action qui a fait tant de bruit. J'ai dit cela plus fortement en latin, et cet endroit de mon Itinéraire n'a pas plu à la reine Christine, qui le voulut voir et me le fit demander par Bidal, son agent à Paris, depuis baron de l'Empire et résident de France à Hambourg. J'avois mis: «Animum Briennei percutit magnitudo rei, eo magis, quod rimanti intima muliebris abdicationis, aegre quid solidi repertum.» Cela étoit vrai, mais toutes vérités ne sont pas bonnes à dire. Et M. Bidal me renvoyant quelques jours après mon livre que sa maîtresse avoit vu et qu'elle ne crut pas devoir garder, je trouvai écrit à la marge de la propre main de la reine de Suède: «Noli ante tempus judicare: quid solidius quam terrena regna despicere?» Cela m'apprit qu'elle l'avoit lu avec soin. ...

... Il ne me reste plus qu'à mettre ici son portrait tel qu'il est dans mon Itinéraire latin. Je l'augmenterai dans cette version de quelques réflexions. Foemina plena sui, etc. Cette femme, remplie de la bonne opinion de soi-même, avide de gloire, et de cette fausse gloire qui admiroit la nouveauté de son action, lasse du présent, repaissant ainsi son esprit d'une vaine félicité à venir, la troupe des flatteurs dont elle étoit environnée la confirma merveilleusement dans son dessein; elle s'étoit abandonnée un peu trop, sur la fin de son règne, à ces sortes de gens, entre lesquels on compte l'abbé Bourdelot et Cerizantes, qui l'un et l'autre passoient en leur temps pour de grands visionnaires. Esclaves vils et lâches, qui par le miel empesté de leurs discours, la confirmoient dans le mépris qu'elle avoit conçu de son sexe, et lui inspiroient des pensées bien au-dessus des forces d'une fille. Comme elle avoit beaucoup lu l'Odyssée d'Homère, qu'elle préféroit à l'Iliade, parce qu'elle flattoit davantage l'inclination qu'elle avoit de courir, et que d'ailleurs elle avoit la tête pleine des aventures des romans Cyrus et Clélie, qu'elle avoit tant lus, et de tant d'autres que leurs auteurs avoient grand son de lui envoyer, elle s'étoit si fortement déterminée à voyager en cavalière errante que son pays lui sembloit trop petit, outre qu'elle ne l'a jamais aimé, pour contenter l'envie qu'elle avoit de voir le monde, pour faire parade devant les étrangers des diverses langues qu'elle parloit, et même en perfection, la grecque, la latine, la suédoise, [la françoise], l'allemande, l'espagnole, l'italienne et l'esclavonne, m'a-t-on dit. En voilà la moitié plus qu'il ne faut pour renverser non la tête d'une fille, mais celle même d'un philosophe. Les Espagnols, qui font mystère de tout, attribuèrent à l'abdication de cette pauvre reine, dont Pimentel étoit en partie cause, de grands desseins, des entreprises dignes de la fille de l'entreprenant Gustave; mais tout cela n'aboutit à rien, et quoi qu'ils pussent dire, Christine en cédant sa couronne à son cousin, qu'il ne tenoit qu'à elle d'épouser, ne détacha point la Suède de ses anciennes liaisons avec la France, qui étoit ce qu'ils faisoient sonner plus haut. Mais cette princesse, qui fut bientôt lasse de courir, trompa leurs vaines espérances par la résolution subite et imprévue qu'elle prit, sans leur participation, de se faire catholique et de se retirer à Rome, où elle est encore, estimée et considérée plus qu'elle ne l'étoit étant reine. Le Tibre a pour elle d'autres charmes que les lacs de la Westrogothie. Voilà ce que j'en dis dans mon journal. ...

With more modernised spelling:

1654:

Nous rejoignîmes à Hambourg Monsieur le baron d'Avaugour, qui y était arrivé avant nous et qui m'apprit que la reine Christine de Suède en était partie le même jour, 27e de juillet [1654], déguisée en homme, en la compagnie de Pimentel, envoyé d'Espagne auprès de sa personne, pour se rendre en diligence en Flandre et y faire quelque séjour à la cour de Bruxelles ou dans la belle ville d'Anvers, auprès du vice-roi des Pays-Bas espagnols, auxquels depuis quelque temps elle avait donné toute son affection. J'eus du regret d'avoir manqué cette reine fameuse, pour laquelle j'avais des lettres de recommandation de Madame de Brienne, ma mère, et de M. Chanut. ...


1655:

Le ... second de février 1655, ... nous partîmes de Stockholm, dans la plus rude et la plus fâcheuse saison de l'année, mais la plus commode toutefois pour voyager et faire diligence, à cause que les lacs et les fleuves étant gelés, on ne se détourne nulle part et on passe par dessus comme dessus des ponts, en sorte qu'on va toujours tout droit, avec la boussole à la main, de crainte de se perdre dans les neiges, et ainsi on fait beaucoup de chemin. ... Nous arrivâmes ... d'assez bonne heure à Upsal, où nous dinâmes. ...

Quand nous eûmes dîné, nous allâmes voir le château, célèbre et fameux par l'abdication qu'y fit, dans la grand'salle, en présence des États du royaume qui y étaient assemblés, la reine Christine, fille du grand Gustave, dont Balzac, à la tête de son Aristippe, nous a laissé un excellent et pompeux éloge, qu'il est bon de transcrire ici, puisque nous ne pourrions faire son portrait en des termes plus magnifiques, et qu'ayant autre chose à en dire que du bien, il est juste que le bien précède le mal. Le voici donc:

«Qu'on loue», dit-il, «qu'on bénisse la fille du grand Gustave, l'incomparable Christine, pour les bons exemples qu'elle donne à un mauvais siècle; pour avoir achevé la guerre et pour avoir fait la paix; pour savoir régner et pour n'ignorer rien de ce qui mérite d'être su. C'est Christine qui s'est opposée à la barbarie qui revenoit, et qui a retenu les Muses qui s'enfuyaient. C'est elle qui connaît souverainement des sciences et des arts. Elle met le prix aux ouvrages de l'esprit. Comme elle reçoit des applaudissements de tous les peuples, elle rend des oracles en toutes les langues. On ne peut point appeler de ses jugements, non pas même à la postérité.» ...

On avait laissé jusqu'alors la grand'salle du palais d'Upsal au même état qu'elle était lorsque la séance des États généraux du royaume s'y tenait. Les bancs, les tables, le marchepied en forme de théâtre élevé de quelques degrés sur lequel la reine Christine fit le dénouement de cette célèbre comédie, tout cela nous remplit d'un juste étonnement et nous n'eussions été guère curieux si nous avions négligé de l'aller voir. Nous y fûmes donc, et nous nous représentâmes cette généreuse princesse, vêtue de son manteau royal, la couronne en tête et le sceptre au poing, remettant ses marques d'honneur au prince Gustave, son cousin, qu'elle n'aimait guère, mais qui était plus grand politique qu'elle. Puis, nous nous imaginâmes la voir en son simple habit de fille, qui était de satin blanc, faire une cabriole sur ce théâtre et en descendre tel que Néron descendait de l'amphithéâtre après avoir bien chanté et joué longtemps de la lyre.

Ces grands objets, cette aventure nouvelle et presque incroyable me frappèrent l'esprit à tel point que j'eus peine de sortir de ce lieu, avant que d'avoir fait sur ce sujet toutes les réflexions qui se présentaient en foule à mon imagination échauffée. Je ne trouvais rien de solide à cette action qui a fait tant de bruit. J'ai dit cela plus fortement en latin, et cet endroit de mon Itinéraire n'a pas plu à la reine Christine, qui le voulut voir et me le fit demander par Bidal, son agent à Paris, depuis baron de l'Empire et résident de France à Hambourg. J'avais mis: «Animum Briennei percutit magnitudo rei, eo magis, quod rimanti intima muliebris abdicationis, ægre quid solidi repertum

Cela était vrai, mais toutes vérités ne sont pas bonnes à dire. Et M. Bidal me renvoyant quelques jours après mon livre que sa maîtresse avait vu et qu'elle ne crut pas devoir garder, je trouvai écrit à la marge de la propre main de la reine de Suède: «Noli ante tempus judicare; quid solidius quam terrena regna despicere?» Cela m'apprit qu'elle l'avait lu avec soin. ...

... Il ne me reste plus qu'à mettre ici son portrait tel qu'il est dans mon Itinéraire latin. Je l'augmenterai dans cette version de quelques réflexions. Fœmina plena sui, etc. Cette femme, remplie de la bonne opinion de soi-même, avide de gloire, et de cette fausse gloire qui admirait la nouveauté de son action, lasse du présent, repaissant ainsi son esprit d'une vaine félicité à venir, la troupe des flatteurs dont elle était environnée la confirma merveilleusement dans son dessein; elle s'était abandonnée un peu trop, sur la fin de son règne, à ces sortes de gens, entre lesquels on compte l'abbé Bourdelot et Cérisantes, qui l'un et l'autre passaient en leur temps pour de grands visionnaires. Esclaves vils et lâches, qui par le miel empesté de leurs discours, la confirmaient dans le mépris qu'elle avait conçu de son sexe, et lui inspiraient des pensées bien au-dessus des forces d'une fille.

Comme elle avait beaucoup lu l'Odyssée d'Homère, qu'elle préférait à l'Iliade, parce qu'elle flattait davantage l'inclination qu'elle avait de courir, et que d'ailleurs elle avait la tête pleine des aventures des romans Cyrus et Clélie, qu'elle avait tant lus, et de tant d'autres que leurs auteurs avaient grand son de lui envoyer, elle s'étoit si fortement déterminée à voyager en cavalière errante que son pays lui semblait trop petit, outre qu'elle ne l'a jamais aimé, pour contenter l'envie qu'elle avait de voir le monde, pour faire parade devant les étrangers des diverses langues qu'elle parlait, et même en perfection, la grecque, la latine, la suédoise, [la française], l'allemande, l'espagnole, l'italienne et l'esclavonne, m'a-t-on dit. En voilà la moitié plus qu'il ne faut pour renverser non la tête d'une fille, mais celle même d'un philosophe.

Les Espagnols, qui font mystère de tout, attribuèrent à l'abdication de cette pauvre reine, dont Pimentel étoit en partie cause, de grands desseins, des entreprises dignes de la fille de l'entreprenant Gustave; mais tout cela n'aboutit à rien, et quoiqu'ils pussent dire, Christine en cédant sa couronne à son cousin, qu'il ne tenait qu'à elle d'épouser, ne détacha point la Suède de ses anciennes liaisons avec la France, qui était ce qu'ils faisaient sonner plus haut. Mais cette princesse, qui fut bientôt lasse de courir, trompa leurs vaines espérances par la résolution subite et imprévue qu'elle prit, sans leur participation, de se faire catholique et de se retirer à Rome, où elle est encore, estimée et considérée plus qu'elle ne l'était étant reine. Le Tibre a pour elle d'autres charmes que les lacs de la Westrogothie. Voilà ce que j'en dis dans mon journal. ...

Swedish translations (my own):

1654:

Vi anslöt oss till baron d'Avaugour i Hamburg, som hade anlänt dit före oss och som berättade att drottning Kristina av Sverige hade rest därifrån samma dag, den 27 juli [1654], förklädd till en man, i sällskap med Pimentel, sänds från Spanien till hennes person, för att med flit åka till Flandern och tillbringa en tid där vid hovet i Bryssel eller i den vackra staden Antwerpen, med vicekonungen i de spanska Nederländerna, till vilken hon sedan en tid hade gett allt sitt tillgivenhet. Jag var ledsen över att ha missat denna berömda drottning, för vilken jag hade rekommendationsbrev från madame de Brienne, min mor, och från monsieur Chanut.


1655:

Den andra februari 1655, ... lämnade vi Stockholm, under årets hårdaste och olyckligaste årstid, men likväl den mest behändiga för att resa och göra flit, ty eftersom sjöarna och åarna var frusna, kunde vi inte svänga någonstans och vi passerade såväl över dem som över broar, så att vi alltid gick rakt, med kompassen i hand, av rädsla för att gå vilse i snön, och sålunda tog vi oss en hel del stig. ... Vi kom ... ganska tidigt till Uppsala, där vi åt. ...

När vi hade ätit, gick vi för att se slottet, känt för den abdikation som gjordes där, i stora salen, i närvaro av rikets ständer som var församlade där, drottning Kristina, dotter till den store Gustav, av vilken Balzac, i spetsen för sin Aristippus, lämnade oss en utmärkt och pompös lovsång, som det är bra att avskriva här, eftersom vi inte kunde måla hans porträtt i mer magnifika ordalag och inte ha annat att säga om honom än det goda, det är rätt att det goda går före det onda. Så här är det:

»Låtom oss prisa«, sade han, »låtom oss välsigna den store Gustavs dotter, den makalösa Kristina, för de goda exempel hon ger till ett dåligt århundrade; för att ha avslutat kriget och för att ha slutit fred; att veta hur man regerar och att ignorera ingenting som förtjänar att bli känt. Det var Kristina som motsatte sig det återkommande barbariet, och som höll tillbaka muserna som flydde. Det är hon som kan överlägset vetenskap och konst. Hon sätter priset på sinnets verk. När hon får applåder från alla folk, levererar hon orakel på alla språk. Vi kan inte överklaga hennes domar, inte ens till eftervärlden.« ...

Till dess hade den stora salen i Uppsala slott lämnats i samma skick som den var när Rikets Ständers sammankomst hölls där. Bänkarna, borden, det teaterformade trappsteget höjde några trappsteg på vilka drottning Kristina utförde upplösningen av denna berömda komedi, allt detta fyllde oss med bara förvåning och vi skulle knappast ha varit nyfikna om vi hade försummat att gå och träffa henne. Så vi var där, och vi föreställde oss denna generösa prinsessa, klädd i sin kungliga mantel, med krona på huvudet och spira i handen, överlämnande av sina hedersmärken till prins Gustav, sin kusin, som hon knappast älskade, men som var en större politiker än henne. Sedan föreställde vi oss att se henne i sin enkla flickdräkt, som var av vit satin, göra en kapris på den här teatern och komma ner precis när Nero kom ner från amfiteatern efter att ha sjungit bra och spelat lira länge.

Dessa stora föremål, detta nya och nästan otroliga äventyr slog mig i en sådan utsträckning att jag hade svårt att lämna denna plats, innan jag hade gjort om detta ämne alla de reflektioner som presenterade sig i mängder för min hetsiga fantasi. Jag hittade inget fast i den här handlingen som orsakade så mycket ljud. Jag sade detta starkare på latin, och denna plats i min Resplan behagade inte drottning Kristina, som ville se den och fick den begärd av Bidal, hennes agent i Paris, eftersom imperiets baron och invånaren i Frankrike i Hamburg. Jag hade satt: »Animum Briennei percutit magnitudo rei, eo magis, quod rimanti intima muliebris abdicationis, ægre quid solidi repertum.« — »Briennes sinne slogs av sakens omfattning, desto mer därför att hon, när hon sökte efter kvinnans innersta abdikation, hittade något fast.«

Detta var sant, men alla sanningar är inte bra att säga. Och monsieur Bidal, som några dagar senare lämnade tillbaka min bok som hans härskarinna hade sett och som hon inte ansåg att det var nödvändigt att behålla, fann jag skrivet på kanten i Sveriges drottning: »Noli ante tempus judicare; quid solidius quam terrena regerar despicere?« — »Döm inte i förväg; vad är fastare att förakta än jordiska regeringar?« Detta berättade för mig att hon hade läst den noggrant. ...

Det återstår bara för mig att lägga in hennes porträtt här som det är i min latinska Resplan. Jag kommer att utöka den i den här versionen med några funderingar. Fœmina plena sui osv. Denna kvinna, fylld av en god åsikt om sig själv, ivrig efter ära, och denna falska härlighet som beundrade nyheten i hennes agerande, trött på nuet, och på så sätt matar hennes sinne med en fåfäng lycka som kommer, en trupp av smickrare som hon var omringad av bekräftade henne underbart i hennes dessäng; hon hade övergivit sig lite för mycket, mot slutet av sin regeringstid, åt den här sortens människor, inklusive abbé Bourdelot och Cérisantes, som båda ansågs vara stora visionärer på sin tid. Avskyvärda och fega slavar som genom sina tals stinkande honung bekräftade henne i det förakt hon hade föreställt sig av sitt kön, och de inspirerade i hennes tankar långt bortom en flickas styrka.

Eftersom hon hade läst mycket av Odysséen av Homeros, som hon föredrog framför Iliaden, eftersom den mer smickrade hennes benägenhet att springa, och dessutom hade hon huvudet fullt av äventyren i romanerna Cyrus och Clélie, som hon hade läst så mycket, och så många andra, som deras författare hade stor stolthet över att skicka henne, hon hade varit så starkt besluten att resa som en vandrande cavalière, att hennes land föreföll henne för litet. Dessutom älskade hon det aldrig, att tillfredsställa den önskan hon hade att se världen, att visa upp för utlänningar de olika språk hon talade, och till och med till perfektion, grekiska, latin, svenska, [franska], tyska, spanska, italienska och slaviska, fick jag höra. Det är hälften mer än tillräckligt för att slå omkull inte bara en flickas huvud, utan även en filosofs.

Spanjorerna, som hålla allt ett mysterium, tillskrev denna stackars drottning, för vilken Pimentel delvis var ansvarig, stora konstruktioner, företag värdiga den företagsamma Gustavs dotter; men allt detta blev intet, och vad de än kunde säga, Kristina, genom att avstå sin krona till sin kusin, som det ankom på henne att gifta sig med, frigjorde inte Sverige från sina tidigare förbindelser med Frankrike, vilket var vad de gjorde att låta högre. Men denna prinsessa, som snart tröttnade på att springa, bedrog deras fåfänga förhoppningar genom det plötsliga och oväntade beslutet att hon tog, utan deras deltagande, att bli katolik och dra sig tillbaka till Rom, där hon fortfarande är aktad och ansedd mer än hon var när hon var drottning. Tibern har andra charm för henne än de västgötska sjöarna. Detta är vad jag säger om det i min dagbok. ...

English translations (my own):

1654:

We joined the Baron d'Avaugour in Hamburg, who had arrived there before us and who told me that Queen Kristina of Sweden had left there on the same day, July 27 [1654], disguised as a man, in the company of Pimentel, sent from Spain to her person, to go by diligence to Flanders and spend some time there at the court of Brussels or in the beautiful city of Antwerp, with the viceroy of the Spanish Netherlands, to whom since for some time she had given all her affection. I was sorry to have missed this famous queen, for whom I had letters of recommendation from Madame de Brienne, my mother, and from Monsieur Chanut. ...


1655:

On ... the second of February 1655, ... we left Stockholm, in the harshest and most unfortunate season of the year, but nevertheless the most convenient for traveling and making diligence, because as the lakes and rivers being frozen, we could not turn anywhere and we passed over them as well as over bridges, so that we always went straight, with the compass in hand, for fear of getting lost in the snow, and thus we covered a lot of path. ... We arrived ... quite early in Uppsala, where we dined. ...

When we had dined, we went to see the castle, famous for the abdication made there, in the Great Hall, in the presence of the Estates of the Realm who were assembled there, Queen Kristina, daughter of the great Gustav, of whom Balzac, at the head of his Aristippus, left us an excellent and pompous eulogy, which it is good to transcribe here, since we could not paint his portrait in more magnificent terms, and not having anything other to say about him than of good, it is right that good precedes evil. So here it is:

"Let us praise", he said, "let us bless the daughter of the great Gustav, the incomparable Kristina, for the good examples she gives to a bad century; for having ended the war and for having made peace; to know how to reign and to ignore nothing that deserves to be known. It was Kristina who opposed the returning barbarism, and who held back the Muses who were fleeing. It is she who knows supremely the sciences and the arts. She puts the price on the works of the mind. As she receives applause from all peoples, she delivers oracles in all languages. We cannot appeal her judgments, not even to posterity." ...

Until then, the great hall of the palace of Uppsala had been left in the same state as it was when the session of the Estates General of the Realm was held there. The benches, the tables, the theater-shaped step raised a few steps on which Queen Kristina performed the denouement of this famous comedy, all this filled us with just astonishment and we would hardly have been curious if we had neglected to go see her. So we were there, and we pictured this generous princess, dressed in her royal mantle, crown on head and scepter in hand, handing over her marks of honor to Prince Gustav, her cousin, whom she hardly loved, but who was a greater politician than her. Then we imagined seeing her in her simple girl's outfit, which was of white satin, doing a caper on this theater and coming down just as Nero came down from the amphitheater after having sung well and played the lyre for a long time.

These great objects, this new and almost incredible adventure struck my mind to such an extent that I had difficulty leaving this place, before having made on this subject all the reflections which presented themselves in multitude to my heated imagination. I found nothing solid in this action which caused so much noise. I said this more strongly in Latin, and this place in my Itinerary did not please Queen Kristina, who wanted to see it and had it asked for by Bidal, her agent in Paris, since the Baron of the Empire and the resident of France in Hamburg. I had put: "Animum Briennei percutit magnitudo rei, eo magis, quod rimanti intima muliebris abdicationis, ægre quid solidi repertum." — "Brienne's mind was struck by the magnitude of the matter, all the more so because, searching for the woman's innermost abdication, she found something solid."

This was true, but not all truths are good to say. And Monsieur Bidal, returning me a few days later my book which his mistress had seen and which she did not think it necessary to keep, I found written on the margin in the Queen of Sweden's own hand: "Noli ante tempus judicare; quid solidius quam terrena reigns despicere?" — "Do not judge ahead of time; what is more solid to despise than earthly reigns?" This told me that she had read it carefully. ...

... It only remains for me to put her portrait here as it is in my Latin Itinerary. I will increase it in this version with some thoughts. Fœmina plena sui, etc. This woman, filled with a good opinion of herself, eager for glory, and this false glory which admired the novelty of her action, tired of the present, thus feeding her mind with a vain happiness to come, the troop of flatterers by which she was surrounded wonderfully confirmed her in her design; she had abandoned herself a little too much, towards the end of her reign, to these kinds of people, including abbé Bourdelot and Cérisantes, both of whom were considered great visionaries in their time. Vile and cowardly slaves who, through the reeking honey of their speeches, confirmed her in the contempt she had conceived of her sex, and they inspired within her thoughts far beyond the strength of a girl.

As she had read a lot of Homer's Odyssey, which she preferred to the Iliad, because it more flattered her inclination to run, and moreover she had her head full of the adventures in the novels Cyrus and Clélie, which she had read so much, and so many others which their authors had great pride in sending her, she had been so strongly determined to travel as a wandering cavalière that her country seemed too small to her. Besides that, she never loved it, to satisfy the desire she had to see the world, to show off before foreigners the various languages she spoke, and even to perfection, Greek, Latin, Swedish, [French], German, Spanish, Italian and Slavonic, I was told. That is half more than enough to knock over not only a girl's head, but even a philosopher's.

The Spanish, who keep everything a mystery, attributed to the abdication of this poor Queen, of which Pimentel was partly responsible, great designs, enterprises worthy of the daughter of the enterprising Gustav; but all this came to nothing, and whatever they could say, Kristina, by ceding her crown to her cousin, whom it was up to her to marry, did not detach Sweden from its former connections with France, which was what they made sound higher. But this princess, who soon tired of running, deceived their vain hopes by the sudden and unexpected resolution that she took, without their participation, to become a Catholic and retire to Rome, where she is still esteemed and considered more than she was when she was queen. The Tiber has other charms for her than the lakes of Västergötland. This is what I say about it in my diary. ...


Above: Kristina.

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