Source:
Lettres du cardinal Mazarin pendant son ministère: tome II, juillet 1644-décembre 1647, page 536, published by M. A. Chéreul, 1879
The letter excerpt:
[Paris,] 13 décembre 1647.
Je vous prie de dire, de ma part, à la reyne de Suede et aux ministres qui ont le principal accez auprez d'elle, que rien n'est capable de nous rallentir dans la disposition où nous sommes de continuer la guerre contre les communs ennemis, qui ont redoublé leurs efforts, et qu'on faict toute la diligence possible pour leur faire cognoistre qu'ils sont bien loin de leur compte, s'ils s'imaginent qu'on ne puisse leur resister à cause des petits advantages qu'ils ont tirez de la resolution precipitée que le duc de Baviere a faicte en leur faveur, et que, si Dieu ne leur inspire bientost les pensées de la paix, sans rien alterer des conditions accordées aux deux couronnes, ils cognoistront, à leur confusion, que, si elles ont donné les mains auxdictes conditions, ç'a plustost esté par une genereuse envie d'apporter le repos à la chrestienté, que par le manquement des choses necessaires pour continuer la guerre avec advantage.
Que si les imperiaux, esblouis de ce petit rayon de prosperité qu'ils ont en cette campagne, se laissent aller au desir d'esprouver encore pour quelque tems le sort des armes, et veulent applaudir en cela aux vives instances que les Espagnols leur en font, sans faire le pronostiquer et me fondant sur la puissance et sur l'union des deux couronnes, je me hazarderay de dire que le petit bonheur qui a si fort enflé le cœur à nos ennemis leur sera une cause de ruine.
Je ne doubte point que MM. les plenipotentiaires et le sieur de la Court ne vous donnent part du destail de tout ce qui se passe au lieu où ils sont, et notamment qu'ils ne vous ayent informé des ordres precis qu'ils ont eu de faire agir le mareschal de Turenne à l'esgard du duc de Baviere, ainsy qu'ils en seroient requis par les plenipotentiaires de Suede, [et] des raisons tres-pressantes qu'ils avoient eues et que ceux-cy avoient goustées, d'empescher que le mareschal ne rompist sytost avec le susdict duc, une desquelles, et qui est, à mon sens, demonstrative, estoit que, n'ayant pas encore assez de forces pour luy faire du mal, la declaration qu'il feroit contre luy ne serviroit qu'à nous mettre en estat d'en recevoir et à empescher peut-estre ledict mareschal d'agir avec succez, lorsque le renfort qu'on luy prepare sera arrivé.
Mais j'apprends, par cet ordinaire, que M. Oxenstiern avoit changé d'advis et que c'estoit un effect du voyage de Brun à Osnabrück et de soupçon qu'il luy avoit donné que nous estions d'intelligence avec Baviere; en quoy il avoit un peu trop donné à l'artifice de nos ennemis, qui ne songent qu'à nous diviser et à brouiller de plus en plus les affaires. Les plenipotentiaires, neantmoins, du Roy, n'ont point hesité à depescher à M. le mareschal de Turenne pour le faire rompre avec le susdict duc, en luy envoyant auparavant un trompette pour l'en avertir, sans avoir esgard à la foiblesse où il se trouvoit, sans attendre le renfort qu'on luy preparer, sans considerer le peril auquel il s'expose en attirant sur ses bras des forces superieures aux siennes, et exposant mesme celles de nos places où nous n'avons point de fortes garnisons, et que l'armée de Baviere peut attacquer avec de tres-grandes commoditez. On a renouvelé d'icy les mesmes ordres audict mareschal, bien qu'il n'en fust pas de besoin, et il est certain que leurs Majestez ont resolu de plustost hazarder tout que de donner lieu au moindre doubte qu'on pourroit avoir de la sincerité de leurs intentions. J'ajousteray encore à cela qu'il n'y a rien que la Reyne ne voulust faire pour tesmoigner à celle de Suede avec quelle passion elle entre dans ses interests et dans tous ses sentimens.
Le raisonnement que la reyne de Suede faict sur l'estat present de l'Allemagne et sur l'inclination de ses habitans ne sçauroit estre plus solide: il y a certes, comme elle le juge fort bien, peu d'apparence qu'ils puissent se reunir avec succez pour en chasser les estrangers. Ce qui me met davantage en peine est le peu de satisfaction que les troupes de l'armée de Suede font paroistre et le mescontentement qu'elles tesmoignent du commandement de M. Wrangel. Je ne sçais pas quel remede on y apportera du costé des Suedois; mais je sçais bien que, du nostre, nous avons faict tout ce qui dependoit de nous en faisant advancer le subside; c'est en quoy je vous asseure que nous avons laissé en arriere plusieurs de nos affaires, et des plus importantes que nous eussions ailleurs, pour courir à celle-là.
Il faut tousjours entretenir la reyne de Suede dans la resolution d'accepter la paix aux conditions accordées aux deux couronnes; autrement, outre que ce seroit agir contre les regles de la prudence, il y auroit à craindre que la divine Providence ne s'irritast de voir que nous refusions le repos de la chrestienté, le luy pouvant donner avec tant d'advantage pour nous.
Vous ne pouviez mieux respondre que vous avez faict sur le subject de l'augmentation du subside. En effect nous voudrions de bon cœur n'estre obligez que de donner le double de ce que nous donnons aux Hollandois et d'estre deschargez de la despense qu'il nous est force de faire pour nous opposer aux forces des Espagnols grossies des garnisons ny partagées par l'armée que ceux-cy avoient coustume de mettre en campagne. Je vous asseure que nous y gagnerions beaucoup.
Vous pouvez encore adjouster à cela que l'estat present des affaires d'Allemagne ne nous a pas seulement obligez d'advancer le subside, comme nous avons faict, à la couronne de Suede, avec le notable interest qu'il nous a fallu payer pour cette advance, mais encore desbourser trois cent mille risdales, pour mettre sur pied un corps d'armée commandé par M. d'Erlach, qui soulagera, sans doute, bien plus l'armée suedoise par division que l'augmentation du subside ne luy profiteroit. ...
Il n'y a point de double que l'armée de M. le mareschal de Turenne ne soit foible maintenant; mais il n'y a point de doubte aussy que, si la reyne de Suede nous avoit faict rendre les deux mille cavaliers et plus, dont la sienne s'est fortifiée, la nostre se trouveroit en meilleur estat, et la justice voudroit, comme on nous en a donné esperance, que nous fussions desdommagez de ce costé-là.
Les donneurs d'advis qui avoient escrit que le susdict mareschal ne retourneroit point en Allemagne avoient mal despensé en espions; car je vous puis protester que, trois heures aprez la nouvelle de la rupture de Baviere, on fit partir le courrier qui luy porta l'ordre de retourner sur le Rhin, et qu'en cela nous n'eusmes pas besoin d'en estre sollicitez par les ministres de Suede.
Vous aurez receu le recepissé de M. le comte Magnus. Je serois bien aise que les cent milliers de poudre pussent venir avec le vaisseau où vous avez faict charger vingt-cinq mille boulets. Cette mesme commodité pourroit servir à porter quelque infanterie, que M. de Bregy a ordre de lever. Vous pourrez concerter cela avec luy.
Ce que la Reyne vous a dict, sur l'envoy de M. Rosenham, ne sçauroit estre plus civil ny plus obligeant pour moy; s'il est tel qu'elle le desire, je vous asseure que je lieray avec luy une fort estroite confidence, et que j'en rendray à Sa Majesté un tesmoignage fort fidele: mais s'il n'estoit pas tel, il y auroit à craindre que, quelque bien intentionné qu'il se montrast à moy, il ne donnast à quelqu'un des ministres de Suede des advis desavantageux à nos affaires, dont Paris n'en fournit que trop.
J'ai leu avec un plaisir indicible la description que vous me faictes du vaisseau qui m'est destiné par la Reyne; c'est ne laisser point de bornes aux graces que j'en reçois et au ressentiment que j'en ay. Si la guerre continue et que Leurs Majestez s'avancent vers la frontiere, comme elles ont faict les autres années, je tascheray de le faire venir en lieu où Leurs Majestez puissent voir cette riche marque de la magnificence de la susdicte Reyne.
With modernised spelling:
Paris, 13 décembre 1647.
Je vous prie de dire, de ma part, à la reine de Suède et aux ministres qui ont le principal accès auprès d'elle que rien n'est capable de nous rallentir dans la disposition où nous sommes de continuer la guerre contre les communs ennemis, qui ont redoublé leurs efforts, et qu'on fait toute la diligence possible pour leur faire connaître qu'ils sont bien loin de leur compte, s'ils s'imaginent qu'on ne puisse leur résister à cause des petits avantages qu'ils ont tirés de la résolution précipitée que le duc de Bavière a faite en leur faveur, et que, si Dieu ne leur inspire bientôt les pensées de la paix, sans rien altérer des conditions accordées aux deux Couronnes, ils connaîtront, à leur confusion, que, si elles ont donné les mains auxdites conditions, ç'a plutôt été par une généreuse envie d'apporter le repos à la chrêtienté, que par le manquement des choses nécessaires pour continuer la guerre avec avantage.
Que si les Impériaux, éblouis de ce petit rayon de prosperité qu'ils ont en cette campagne, se laissent aller au désir d'éprouver encore pour quelque temps le sort des armes, et veulent applaudir en cela aux vives instances que les Espagnols leur en font, sans faire le pronostiquer et me fondant sur la puissance et sur l'union des deux Couronnes, je me hasarderai de dire que le petit bonheur qui a si fort enflé le cœur à nos ennemis leur sera une cause de ruine.
Je ne doute point que MM. les plénipotentiaires et le sieur de la cour ne vous donnent part du détail de tout ce qui se passe au lieu où ils sont, et notamment qu'ils ne vous aient informé des ordres precis qu'ils ont eu de faire agir le maréchal de Turenne à l'égard du duc de Bavière, ainsi qu'ils en seraient réquis par les plénipotentiaires de Suède, et des raisons très pressantes qu'ils avaient eues et que ceux-ci avaient goûtées, d'empêcher que le maréchal ne rompît sitôt avec le susdit duc, une desquelles, et qui est, à mon sens, démonstrative, était que, n'ayant pas encore assez de forces pour lui faire du mal, la déclaration qu'il ferait contre lui ne servirait qu'à nous mettre en état d'en recevoir et à empêcher peut-être ledit maréchal d'agir avec succès, lorsque le renfort qu'on lui prépare sera arrivé.
Mais j'apprends, par cet ordinaire, que M. Oxenstiern avait changé d'avis et que c'était un effet du voyage de Brun à Osnabrück et de soupçon qu'il lui avait donné que nous étions d'intelligence avec Bavière; en quoi il avait un peu trop donné à l'artifice de nos ennemis, qui ne songent qu'à nous diviser et à brouiller de plus en plus les affaires. Les plénipotentiaires, néanmoins, du Roi, n'ont point hésité à dépêcher à M. le maréchal de Turenne pour le faire rompre avec le susdit duc, en lui envoyant auparavant un trompette pour l'en avertir, sans avoir égard à la faiblesse où il se trouvait, sans attendre le renfort qu'on lui préparer, sans considérer le péril auquel il s'expose en attirant sur ses bras des forces supérieures aux siennes, et exposant même celles de nos places où nous n'avons point de fortes garnisons, et que l'armée de Bavière peut attaquer avec de très grandes commodités. On a renouvelé d'ici les mêmes ordres audit maréchal, bien qu'il n'en fût pas de besoin, et il est certain que Leurs Majestés ont résolu de plutôt hasarder tout que de donner lieu au moindre doute qu'on pourrait avoir de la sincerité de leurs intentions. J'ajouterai encore à cela qu'il n'y a rien que la Reine ne voulût faire pour témoigner à celle de Suède avec quelle passion elle entre dans ses intérêts et dans tous ses sentiments.
Le raisonnement que la reine de Suède fait sur l'état présent de l'Allemagne et sur l'inclination de ses habitants ne saurait être plus solide: il y a certes, comme elle le juge fort bien, peu d'apparence qu'ils puissent se reunir avec succès pour en chasser les étrangers. Ce qui me met davantage en peine est le peu de satisfaction que les troupes de l'armée de Suède font paraître et le mécontentement qu'elles témoignent du commandement de M. Wrangel. Je ne sais pas quel remède on y apportera du côté des Suédois; mais je sais bien que, du nôtre, nous avons fait tout ce qui dépendait de nous en faisant avancer le subside; c'est en quoi je vous assure que nous avons laissé en arrière plusieurs de nos affaires, et des plus importantes que nous eussions ailleurs, pour courir à celle-là.
Il faut toujours entretenir la reine de Suède dans la résolution d'accepter la paix aux conditions accordées aux deux Couronnes; autrement, outre que ce serait agir contre les règles de la prudence, il y aurait à craindre que la divine Providence ne s'irritât de voir que nous refusions le repos de la chrêtienté, le lui pouvant donner avec tant d'avantage pour nous.
Vous ne pouviez mieux répondre que vous avez fait sur le sujet de l'augmentation du subside. En effet nous voudrions de bon cœur n'être obligés que de donner le double de ce que nous donnons aux Hollandais et d'être déchargés de la dépense qu'il nous est force de faire pour nous opposer aux forces des Espagnols grossies des garnisons ni partagées par l'armée que ceux-ci avaient coutume de mettre en campagne. Je vous assure que nous y gagnerions beaucoup.
Vous pouvez encore ajouter à cela que l'état présent des affaires d'Allemagne ne nous a pas seulement obligés d'avancer le subside, comme nous avons fait, à la Couronne de Suede, avec le notable intérêt qu'il nous a fallu payer pour cette avance, mais encore débourser trois cent mille riksdalers, pour mettre sur pied un corps d'armée commandé par M. d'Erlach, qui soulagera, sans doute, bien plus l'armée suédoise par division que l'augmentation du subside ne lui profiterait. ...
Il n'y a point de double que l'armée de M. le maréchal de Turenne ne soit faible maintenant; mais il n'y a point de doute aussi que, si la reine de Suède nous avait fait rendre les deux mille cavaliers et plus, dont la sienne s'est fortifiée, la nôtre se trouverait en meilleur état, et la justice voudrait, comme on nous en a donné espérance, que nous fussions dédommagés de ce côté-là.
Les donneurs d'avis qui avaient écrit que le susdit maréchal ne retournerait point en Allemagne avaient mal dépensé en épions; car je vous puis protester que, trois heures après la nouvelle de la rupture de Bavière, on fit partir le courrier qui lui porta l'ordre de retourner sur le Rhin, et qu'en cela nous n'eûmes pas besoin d'en être sollicités par les ministres de Suède.
Vous aurez reçu le récépissé de M. le comte Magnus. Je serais bien aise que les cent milliers de poudre pussent venir avec le vaisseau où vous avez fait charger vingt-cinq mille boulets. Cette même commodité pourrait servir à porter quelque infanterie, que M. de Brégy a ordre de lever. Vous pourrez concerter cela avec lui.
Ce que la Reine vous a dit sur l'envoi de M. Rosenhane ne saurait être plus civil ni plus obligeant pour moi; s'il est tel qu'elle le désire, je vous assure que je lierai avec lui une fort étroite confidence, et que j'en rendrai à Sa Majesté un témoignage fort fidèle: mais s'il n'était pas tel, il y aurait à craindre que, quelque bien intentionné qu'il se montrât à moi, il ne donnât à quelqu'un des ministres de Suède des avis desavantageux à nos affaires, dont Paris n'en fournit que trop.
J'ai lu avec un plaisir indicible la description que vous me faites du vaisseau qui m'est destiné par la Reine; c'est ne laisser point de bornes aux grâces que j'en reçois et au ressentiment que j'en ai. Si la guerre continue et que Leurs Majestés s'avancent vers la frontière, comme elles ont fait les autres années, je tâcherai de le faire venir en lieu où Leurs Majestés puissent voir cette riche marque de la magnificence de la susdite Reine.
Swedish translation (my own):
Paris, den 13 december 1647.
Jag ber Er att på mina vägnar säga till Sveriges drottning och till de ministrar som har huvudtillträde till henne att ingenting är i stånd att bromsa oss i den läggning i vilken vi skall fortsätta kriget mot våra gemensamma fiender, som har fördubblat sina ansträngningar, och att vi gör allt vi kan för att låta dem veta att de är mycket långt ifrån deras räkning, om de inbillar sig att vi inte kan motstå dem på grund av de små fördelar som de har dragit av den förhastade resolution som den Hertigen av Bayern har gjort till deras fördel, och som, om Gud inte snart inspirerar dem med tankar om fred, utan att ändra något i de villkor som beviljats de två kronorna, kommer de att veta, till sin förvirring, att om de gav hand på nämnda villkor var det snarare av en generös önskan att bringa vila till kristendomen, än från bristen på saker som var nödvändiga för att med fördel fortsätta kriget.
Om imperialerna, bländade av denna lilla stråle av välstånd de har i detta fälttåg, hänger sig åt önskan att uppleva vapenens öde ännu en tid och vill applådera i detta de starka bönen att spanjorerna gör det, utan att förmå någon förutsäga det och basera mig på makten och föreningen av de två Kronorna, skulle jag våga säga att den lilla tur som så mycket har svällt våra fienders hjärtan kommer att bli en ruin för dem.
Jag tvivlar inte på att de befullmäktigade och hovets herre inte ger Er detaljerna om allt som händer där de är, och i synnerhet att de inte har informerat Er om de exakta order de hade för att få maréchal de Turenne att agera med avseende på hertigen av Bayern, såsom de skulle åläggas av Sveriges befullmäktigade och de mycket trängande skäl som de haft och som de smakat att hindra maréchalen från att så snart bryta av med den förutnämnda hertigen, en av vilket, och som enligt min mening är demonstrativt, var att man inte hade tillräckligt med styrkor som kunde ta emot dem och kanske för att förhindra nämnde maréchal från att agera framgångsrikt när förstärkningarna förberedda för honom har anlänt.
Men jag får veta, genom detta vanliga, att herr Oxenstierna hade ändrat sig, och att det var en effekt av Bruns resa till Osnabrück och av den misstanke han hade gett honom att vi stod i förbund med Bayern; där han hade gett lite för mycket åt våra fienders konst, som bara tänker på att dela oss och på att sudda ut saker och ting mer och mer. Konungens befullmäktigade tvekade likväl icke att skynda till maréchal de Turenne för att få honom att bryta med den ovannämnde hertigen genom att i förväg sända honom en trumpet för att varna honom därom, utan hänsyn till den svaghet, där han befann sig, utan att vänta på att förstärkningen skall förberedas för honom, utan att beakta den fara som han utsätter sig för genom att på sina armar attrahera krafter som är överlägsna sina egna och avslöjer även de av våra platser där vi inte har några starka garnisoner, och att armén av Bayern kan anfalla med mycket stora bekvämligheter. Samma order har förnyats härifrån till nämnde maréchal, fastän det inte behövdes göra det, och det är säkert att Deras Majestäter har beslutat att hellre riskera allt än att ge upphov till det minsta tvivel som man kan ha om uppriktigheten. av sina avsikter. Jag skall lägga till detta att det inte finns något som drottningen inte skulle göra för att vittna om Sveriges med vilken passion hon går in i sina intressen och i alla sina känslor.
Det resonemang som drottningen av Sverige för om det nuvarande tillståndet i Tyskland och om dess invånares lutning kunde inte vara mer gediget. Det finns säkert, som hon mycket väl bedömer, lite sken av att de framgångsrikt kan enas för att driva ut utlänningar. Det som bekymrar mig mer är den brist på tillfredsställelse som Sveriges armés trupper visar och det missnöje som de visar med herr Wrangels befallning. Jag vet inte vilket botemedel svenskarna kommer att tillföra det; men jag vet mycket väl att vi av oss ha gjort allt som berott på oss genom att förskottera bidraget; det är därför jag försäkrar Er att vi har lämnat bakom oss flera av våra angelägenheter och de viktigaste som vi hade någon annanstans att springa till den.
Sveriges drottning måste alltid upprätthållas i resolutionen att acceptera fred på de villkor som de båda Kronorna beviljas; annars, förutom det faktum att det skulle handla mot försiktighetsreglerna, skulle det finnas anledning att frukta att den gudomliga försynen skulle bli irriterad över att se att vi vägrar resten av kristendomen, eftersom vi kan ge det till den med så stor fördel för oss.
Ni kunde inte svara bättre än vad Ni gjorde på ämnet höjningen av bidraget. Med gott hjärta skulle vi verkligen vilja vara skyldiga att bara ge det dubbla av vad vi ger till holländarna och befrias från de utgifter som vi tvingas göra för att motsätta oss spanjorernas styrkor utökade av garnisonerna eller delade av armén som de var vana vid att fälta. Jag försäkrar Er att vi skulle tjäna mycket på det.
Härtill kan även tilläggas att det nuvarande tillståndet i Tyskland icke blott förpliktat oss att förskottera bidraget, såsom vi gjort till Sveriges Krona med den betydande ränta som vi för detta förskott ha fått betala, utan även att utbetala trehundratusen riksdaler, att inrätta en armékår under befälet av herr von Erlach, som otvivelaktigt kommer att avlasta den svenska armén genom division mycket mera än bidragshöjningen inte kommer att gynna honom. ...
Det finns inget dubbelt att maréchal de Turennes armé inte är svag nu; men det råder inte heller något tvivel om att, om Sveriges drottning hade låtit oss återlämna de två tusen ryttare med mera med vilka hennes var befäst, skulle våra vara i bättre skick, och som rättvisan skulle vilja, ty vi fick hopp om att vi skulle kompenseras på den sidan.
De rådgivare som skrivit att den förutnämnde marskalken inte skulle återvända till Tyskland, hade spenderat dåligt på spjut; ty jag kan protestera för Er att tre timmar efter nyheten om Bayerns ruptur, sändes kuriren och beordrade honom att återvända till Rhen, och att vi i detta inte behövde bliva uppfordrade av Sveriges ministrar.
Ni kommer att ha fått recepisset från greve Magnus. Jag skulle bli väldigt glad om de hundra tusen pulvren kunde följa med skeppet där Ni lastade tjugofem tusen bollar. Samma bekvämlighet skulle kunna användas för att bära infanteri, som monsieur de Brégy har order om att resa. Ni kan diskutera detta med honom.
Vad drottningen har berättat för Er om herr Rosenhanes utskick kunde inte vara mer civil eller mer förpliktande för mig; om han är sådan som hon önskar, försäkrar jag Er att jag kommer att binda mycket nära förtroende med honom, och att jag kommer att ge Hennes Majestät ett mycket troget vittnesbörd om det; men om han icke vore sådan, skulle jag där befara, att han, hur välmenande han än framstår för mig, skulle kunna ge en av de svenska ministrarna ett för våra angelägenheter ogynnsamt råd, om vilka Paris furnerar för mycket.
Jag har med obeskrivligt nöje läst den beskrivning Ni ger mig av det skepp som är avsett för mig av Drottningen; det betyder att jag inte lämnar några gränser för de nåder jag får från henne och för den tacksamhet jag känner mot henne. Om kriget fortgår och Deras Majestäter avancerar mot gränsen, såsom de gjort under andra år, skall jag sträva efter att föra det till en plats, där Deras Majestäter kan se denna rika betygelse av den förutnämnda drottningens storhet.
English translation (my own):
Paris, December 13, 1647.
I beg you to say, on my behalf, to the Queen of Sweden and to the ministers who have the principal access to her that nothing is capable of slowing us down in the disposition in which we are to continue the war against our common enemies, who have redoubled their efforts, and that we are doing all possible diligence to let them know that they are very far from their account, if they imagine that we cannot resist them because of the small advantages that they have drawn from the hasty resolution which the Duke of Bavaria has made in their favour, and which, if God does not soon inspire them with thoughts of peace, without altering anything in the conditions granted to the two Crowns, they will know, to their confusion, that, if they gave hands on the said conditions, it was rather from a generous desire to bring rest to Christianity, than from the lack of things necessary to continue the war with advantage.
If the Imperials, dazzled by this little ray of prosperity they have in this campaign, indulge in the desire to experience the fate of arms for some time yet, and want to applaud in this the strong entreaties that the Spaniards do so, without making anyone predict it and basing myself on the power and on the union of the two Crowns, I would venture to say that the little luck that has so greatly swollen the hearts of our enemies will be a cause of ruin for them.
I have no doubt that the plenipotentiaries and the lord of the court do not give you the details of everything that is happening where they are, and in particular that they have not informed you of the precise orders they had to make Maréchal de Turenne act with regard to the Duke of Bavaria, as they would be required to do by the plenipotentiaries of Sweden, and the very pressing reasons which they had had and which they had tasted, to prevent the marshal from breaking off so soon with the aforesaid Duke, one of which, and which is, in my opinion, demonstrative, was that, not having enough forces able to receive them and perhaps to prevent the said Maréchal from acting successfully when the reinforcements prepared for him have arrived.
But I learn, by this ordinary, that Lord Oxenstierna had changed his mind, and that it was an effect of Brun's trip to Osnabrück and of the suspicion he had given him that we were in league with Bavaria; in which he had given a little too much to the artifice of our enemies, who think only of dividing us and of blurring matters more and more. The King's plenipotentiaries, nevertheless, did not hesitate to hurry to the Maréchal de Turenne to make him break with the above-mentioned Duke, by sending him beforehand a trumpet to warn him of it, without having regard to the weakness where he found himself, without waiting for the reinforcements to be prepared for him, without considering the danger to which he exposes himself by attracting on his arms forces superior to his own, and exposing even those of our places where we have no strong garrisons, and that the army of Bavaria can attack with very great conveniences. The same orders have been renewed from here to the said Maréchal, although there was no need to do so, and it is certain that Their Majesties have resolved rather to risk everything than to give rise to the slightest doubt that one might have of the sincerity of their intentions. I will add to this that there is nothing that the Queen would not do to testify to that of Sweden with what passion she enters into her interests and into all her feelings.
The reasoning that the Queen of Sweden makes on the present state of Germany and on the inclination of its inhabitants could not be more solid. There is certainly, as she judges very well, little appearance that they can unite successfully to drive out foreigners. What troubles me more is the lack of satisfaction which the troops of the army of Sweden show and the dissatisfaction which they show with the command of Lord Wrangel. I do not know what remedy the Swedes will bring to it; but I know very well that, of ours, we have done everything that depended on us by advancing the subsidy; that is why I assure you that we have left behind several of our affairs, and the most important that we had elsewhere, to run to that one.
The Queen of Sweden must always be maintained in the resolution to accept peace on the conditions granted to the two Crowns; otherwise, apart from the fact that it would be acting against the rules of prudence, there would be reason to fear that divine Providence would be irritated to see that we refuse the rest of Christianity, being able to give it to Him with so much advantage for us.
You could not answer better than you did on the subject of the increase in the subsidy. Indeed we would like with a good heart to be obliged only to give the double of what we give to the Dutch and to be relieved of the expense that we are forced to make to oppose ourselves to the forces of the Spaniards augmented by the garrisons nor shared by the army that they were accustomed to fielding. I assure you that we would gain a great deal from it.
You can also add to this that the present state of affairs in Germany has not only obliged us to advance the subsidy, as we have done, to the Crown of Sweden, with the considerable interest which we have had to pay for this advance, but also to disburse three hundred thousand riksdalers, to set up an army corps commanded by Lord von Erlach, which will undoubtedly relieve the Swedish army by division much more than the increase in the subsidy will not would benefit him. ...
There is no double that the army of the Maréchal de Turenne is not weak now; but there is also no doubt that, if the Queen of Sweden had made us return the two thousand horsemen and more with which hers was fortified, ours would be in better condition, and which justice would want, as we were given hope that we would be compensated on that side.
The givers of advice who had written that the aforesaid marshal would not return to Germany had spent badly on spears; for I can protest to you that, three hours after the news of the rupture of Bavaria, the courier was dispatched and ordered him to return to the Rhine, and that in this we did not need to be solicited by the ministers of Sweden.
You will have received the receipt from Count Magnus. I would be very glad if the hundred thousand powders could come with the ship where you loaded twenty-five thousand balls. This same convenience could be used to carry some infantry, which Monsieur de Brégy has orders to raise. You can discuss this with him.
What the Queen has told you about Lord Rosenhane's dispatch could not be more civil or more obliging to me; if he is such as she desires, I assure you that I will bind very close confidence with him, and that I will render to Her Majesty a very faithful testimony of it; but if he were not such, there I would have to fear that, however well-meaning he might appear to me, he might give to one of the Swedish ministers advice unfavourable to our affairs, of which Paris furnishes only too much.
I have read with indescribable pleasure the description you give me of the vessel which is destined for me by the Queen; it means leaving no limits to the graces I receive from her and to the gratitude I feel towards her. If the war continues and Their Majesties advance towards the frontier, as they have done in other years, I will endeavour to bring it to a place where Their Majesties can see this rich mark of the aforesaid Queen's magnificence.
Above: Kristina.
Above: Johan Oxenstierna.
Above: Magnus de la Gardie.
Above: Cardinal Jules Mazarin.
No comments:
Post a Comment