Saturday, June 22, 2024

Manuscript edition (Montpellier): Kristina's upbringing, education and personality (chapter 8 of the 1681 autobiography, incomplete)

Sources:

Bibliothèque interuniversitaire (Montpellier); Papiers de Christine de Suède, complément; Papiers de Christine de Suède, complément II; Rédactions diverses; L'éducation des princes selon laquelle la reine de Suède fut instruite. Sa naissance, ses gouverneurs et sa majorité (digitisation pages 142v-143r to 149v-NP)


Christine (1626-1689 ; reine de Suède), Papiers de Christine de Suède, complément II, : , 1601-1700.

The Foli@ online digital heritage library is here:


Copyright SCDI-UPV - Collections Université de Montpellier (shelfmark H 258 and shelfmark H 258 bis 2).

Compare with the version published by Arckenholtz in 1759:











Above: Kristina.

Manuscript copy transcript of the letter/first chapter (Montpellier; Matteo Santini's transcript, chapter is mislabeled as the ninth and the ninth as the tenth; with Kristina's handwriting in italics):

Chap. 8 9
Ceux qui ont attribué à l'education la force, et le nom d'une Seconde nature ont sans doute connu combien elle estoit importante à tous les Hommes, mais celle des Jeunes Princes l'est d'vne maniere si singuliere, que ceux qui la leur donnent mauuaise ne Sont pas moins criminels que ces monstres (s'il y en a) qui empoisonnent les sources des Riuieres, et des fontaines, ou tout le Monde và puisser l'eau. Vn Enfant qui naist pour le Throsne est vn bien uniuersel, d'ou depend la gloire de l'estat, et la felicitè de tous les particuliers; on ne sçauroit en auoir trop de soin. Jl faudroit cultiuer ces ieunes, et Royales plantes auec vne application et un art digne d'elles: Cependant l'erreur populaire, et les malheurs des Princes sont si grands que le commun des Hommes sont persuadè qu'il ne faut que trauailler à rendre les Princes sots, stupides et malhabiles pour se mettre en Seureté d'un pouuoir, qui fait tout trembler. Les Hommes ont peine à croire que c'est s'opposer à Son propre bonheur que de se refuser vn Maistre habile homme, rien n'est pourtant plus vray, et tous les hommes doivent estre persuadès, s'ils ne veulent se tromper qué le dernier des malheurs est d'estre exposè à la discretion d'un Sot, et mal habile homme. Jl est vray que des obstacles presqu'invincibles rendent l'education des Princes tres difficile: On ne sçauroit en former vne Jdèe si vniuerselle qu'on n'y trouue bien des éxceptions des reigles qu'on pourroit en establir. Jl faudroit auoir esgard au naturel des Enfants, aux Climats, ou ils sont nès, aux meurs de leur Nation, à leurs forces, à leurs complexions capacitèz, et génies. Jl faut mesme auoir esgard aux Siecles ou ils sont nès, tout cela bien considerè il faut sçavoir s'en seruir pour rendre un Prince habile, et digne de Son rang autant qu'il est possible, par vne belle, et Royale education. Jl est vray que tous les Soins et tous les trauaux sont perdùs si le naturel manque, Mais ie Suis persuadèe qu'vne bonne education rend vn excellent naturel plus merueilleux et empesche du moins pour vn temps un mauuais Naturel d'esclatter. Ceux qui croyent que l'vnique temps dans le quel la Veritè approche des Princes est leur enfance, se trompent, La Veritè entre rarement dans la Cour, le mensonge y regne, il y est trop puissant. On craint et on flatte les Princes iusques dans leur berceau. Jls Seroient encore trop heureux si dans leur enfance ce diuin commerce leur estoit permis. Les hommes ne craignent guere moins leur enfance que leur pouvoir, ils les manient à peu prés comme ces petits Lions qui esgrattignent tousiours quoy qu'ils ne deuorént pas encore les gens. Tout le Monde enfin par diuerses veuës, et interests prend soin de les gaster. Jls sont nourris dans l'oisivetè, dans l'ignorance, et dans la molesse; Jls croissent parmy les flatteries, et les applaudissements. La flatterie mesme ne Seroit pas le plus dangereux des poisons, qu'on leur feroit aualer, si l'on n'applaudissoit qu'à leur merite, ou à leurs belles actions, elle Seruiroit à les encourager à bien faire, elle seruiroit mesme à les instruire; mais pour leur dernier malheur on les perd en applaudissant à toutes leurs sotises, et defauts. C'est à Vous seul Seigneur qu'il faut auoir recours, Vous seul donnèz ce coéur docile, et cette ame bonne, dont vn de Vos fauorits s'applaudit si fort. On a creu que Vostre bontè m'auoit fait cet incomparable present auec vne abondance digne d'elle, que mon coeur fust docile qu'il fust noble, et grand des qu'il se sentit que Vous y auiez placè vne ame de la mesme trempe, à la quelle vous auèz donnè vn desir insatiable pour la Veritè pour la Justice, et pour la gloire. C'est par vostre grace que ie ressentis, et que ie ressents encore en moy mesme aussi vifs, et ardents touts ces nobles et dignes sentiments, que Vous auèz dictès au plus sage des hommes, et au plus grand des Roys et que sa plume exprima autres fois auec tant d'emphase. C'est Vous qui auèz eu un soin si particulier de moy, que non content de tant d'autres [de] faueurs Vous auèz encore voulù me fournir tout ce qu'on pouuoit desirer dans le Pays, ou ie Suis nèe pour une Royale education. Vous seul sçauez si J'ay respondu comm' il faut a tant de graces. Je pourrois me tromper auec tous les hommes en paroissant ce que Je ne Suis pas; Mais ie ne sçaurois Vous tromper, car Vous connoissez l'ouurage de vos mains.

Le Roy mon Pere qui m'aimoit, mais qui aimoit la Suede, (comm' il deuoit) encore plus que moy prist un grand Soin de mon education. Jl me choisit des Gouuerneurs, des Precepteurs, et des Maistres. Jl fut heureux dans son choix autant qu'il pouuoit l'estre dans la necessitè, qu'il s'estoit imposè de né donner pas ces Employs à des Estrangers. J'ay ouy dire à des gens de digne foy qu'on auoit predit au Roy que ie ne deuois pas mourir dans la Religion, ou J'estois nèe, mais que ie deuois tout quitter pour mourir Catholique. Cette prediction qu'on a tenu si Seure que ie ne l'ay iamais sçeüe moy mesmé qu'apres qu'elle fust verifièe, fist une si forte impression sur l'esprit du feu Roy que toutes ses pensèes ne Viserent qu'a y mettre des obstacles, et il espera de l'empescher en me mettant entre les mains des Suedois seuls, dont il croyoit éstre en Seuretè, ordonnant sur tout d'empescher qu'aucun Catholique ne m'approchât de moy; mais Vous Seigneur qui rendèz inutiles tous les soins, et precautions de la prudence humaine, et aux desseins du quel rien ne resiste, vous auèz vaincù touts les obstacles, qu'on opposa à ma felicitè eternelle comm' on le verra par la suite.

pour a cet effet Le Roy me choisit pour cet effect pour govverneur Axel Baner, un fort habile, et honneste homme, qui estoit Courtisan, et fort chery du Roy pour ses bonnes qualitèz. Jl me donna Gustaue Horne pour Sous Gouuerneur, qui estoit de mesme qué l'autre un fort honneste, et habile homme: Tous deux estoient Senateurs de Suede tres capables, et dignes de cet employ. Baner, et Horne moururent dans leurs charges presque en mesme temps 1639, et ie ne voulus plus d'autres Gouuerneurs.

Le Roy fit én mesme temps election de mon Precepteur le Docteur Jéan Mathias Euesque de Stre[n]gnes, homme tres capable et digne de cet employ. Jl estoit soupçonnè d'auoir un grand penchant pour le Caluinisme, ie ne sçay si on luy faisoit tort mais enfin c'est l'unique defaut qu'on pouuoit luy reprocher, aussi bien n'importoit il guére qu'il fust Caluiniste, ou luthérien; Je ne deuois estre ny l'un, ny l'autre.

La Princesse ma Tante fust déclarèe ma Gouuernante. C'estoit vne Princesse d'vne Vertù, et sagesse consommèe qui auoit vn grand merite, Elle estoit Mere du prince Charles Gustaue Palatin, que Je fis Roy depuis, 1638 elle mourut auant que Je fusse Majeure, et ie ne voulus plus souffrir d'autre Gouuernante en sa place. On composa en mesme temps ma Maison des personnes de la premiere qualitè de l'vn, et l'autre Sexe.

Toutes ces personnes commencerent à trauailler à mon education aussi tost qu'ils furent declarès, et ce fut par vostre grace qu'ils n'y trauaillerent pas inutilem[en]t, du moins m'at on voulù persuader que ie fis en peu de temps dés progres dans mes Estudes, et exercices, qui surpasserent la capacitè de mon aage, et de mon Sexe.

Le Roy auoit ordonnè à toutes ces personnes de me donner une education toute Virile et de m'apprendre tout ce qu'vn Jeune Prince doït sçauoir. Jl declara positivement qu'il ne vouloit pas qu'on m'inspira[t] aucun des sentimens de mon Sexe, que les seuls de l'honnesteté. Jl Vouloit qué dans tout le reste Je fussé Prince, et Prince digne de regner. Ce fust en cela que mes inclinations seconderent merueilleusem[en]t bien ses desseins, car J'eus vne auersion, et vne antipatie inuincible pour tout ce que font, et disent les femmes. Leurs habits, aiustements, et façons m'estoient insupportables, Je n'auois aucun soin de mon teint, de ma taille, ny du reste de ma personne; Je ne portois iamais ny coiffe, ny masque, et rarement dés gants, et à la propretè, et l'honnestetè prest ie meprisois fort tout l'appanage de mon Sexe, ie meprisay fort tout lappanage de mon Sexe a la proprete et lhonestete et la proprete prest Je ne pouuois souffrir les habits longs, et ne voulois porter que des Juppes courtes. J'eus de plus vne telle inhabilitè insurmontable pour tous les ouurages des femmes, qu'on ne trouua iamais moyen de m'en rien apprendre; mais en reuanche J'appris auec vne merueilleuse facilité toutes les sciénces, les langues, et les exercices + dans le[s] quels on voulut minstruire. Je sçauois à l'aage de 14 Ans ans toutes les choses, dans les quelles on voulut m'instruire, enfin auec ce qu'on m'apprit, et ce que J'ay voulù sçauoir de moy mesme Vous m'auèz fait la gracé de me rendre capable de tout ce qu'vn Jeune Princé doit sçauoir, et de tout ce qu'vne Jeune Fille peut apprendre auec honneur.

Jl faut reCopier Ce chapitre et et le Continuer iusquau paroles.

je passay au
Cpt 10
et il faut enCor Copier le 10 Chpt.

With modernised spelling (and with the chapter's erroneous numbering kept as is due to one of Kristina's comments at the end; I have chosen to keep some of the parts Kristina crossed out):

Chapitre 9.
Ceux qui ont attribué à l'éducation la force et le nom d'une seconde nature ont sans doute connu combien elle était importante à tous les hommes, mais celle des jeunes princes l'est d'une manière si singulière que ceux qui la leur donnent mauvaise ne sont pas moins criminels que ces monstres (s'il y en a) qui empoisonnent les sources des rivières et des fontaines, où tout le monde va puisser l'eau.

Un enfant qui naît pour le trône est un bien universel, d'où dépend la gloire de l'État et la félicité de tous les particuliers — on ne saurait en avoir trop de soin. Il faudrait cultiver ces jeunes et royales plantes avec une application et un art digne d'elles. Cependant, l'erreur populaire et les malheurs des princes sont si grands que le commun des hommes sont persuadé qu'il ne faut que travailler à rendre les princes sots, stupides et malhabiles pour se mettre en sûreté d'un pouvoir qui fait tout trembler. Les hommes ont peine à croire que c'est s'opposer à son propre bonheur que de se refuser un maître habile homme. Rien n'est pourtant plus vrai, et tous les hommes doivent être persuadés, s'ils ne veulent se tromper, que le dernier des malheurs est d'être exposé à la discretion d'un sot et malhabile homme.

Il est vrai que des obstacles presque invincibles rendent l'éducation des princes très difficile; on ne saurait en former une idée si universelle qu'on n'y trouve bien des exceptions des règles qu'on pourrait en établir. Il faudrait avoir égard au naturel des enfants, aux climats où ils sont nés, aux mœurs de leur nation, à leurs forces, à leurs complexions, capacités et génies. Il faut même avoir égard aux siècles où ils sont nés. Tout cela bien considéré, il faut savoir s'en servir pour rendre un prince habile et digne de son rang, autant qu'il est possible, par une belle et royale éducation.

Il est vrai que tous les soins et tous les travaux sont perdus si le naturel manque, mais je suis persuadée qu'une bonne éducation rend un excellent naturel plus merveilleux et empêche, du moins pour un temps, un mauvais naturel d'éclater. Ceux qui croient que l'unique temps dans lequel la vérité approche des princes est leur enfance se trompent. La vérité entre rarement dans la cour, le mensonge y règne, il y est trop puissant. On craint et on flatte les princes jusque dans leur berceau. Ils seraient encore trop heureux si dans leur enfance ce divin commerce leur était permis. Les hommes ne craignent guère moins leur enfance que leur pouvoir, ils les manient à peu près comme ces petits lions qui égratignent toujours, quoiqu'ils ne dévorent pas encore les gens. Tout le monde enfin, par diverses vues et intérêts, prend soin de les gâter. Ils sont nourris dans l'oisiveté, dans l'ignorance et dans la mollesse; ils croissent parmi les flatteries et les applaudissements.

La flatterie même ne serait pas le plus dangereux des poisons qu'on leur ferait avaler. Si l'on n'applaudissait qu'à leur merite, ou à leurs belles actions, elle servirait à les encourager à bien faire, elle servirait même à les instruire; mais, pour leur dernier malheur, on les perd en applaudissant à toutes leurs sottises et défauts.

C'est à vous seul, Seigneur, qu'il faut avoir recours. Vous seul donnez ce cœur docile et cette âme bonne, dont un de vos favorits s'applaudit si fort. On a cru que votre bonté m'avait fait cet incomparable présent avec une abondance digne d'elle, que mon cœur fut docile, qu'il fut noble et grand dès qu'il se sentit que vous y aviez placé une âme de la même trempe, à laquelle vous avez donné un désir insatiable pour la vérité, pour la justice et pour la gloire. C'est par votre grâce que je ressentis, et que je ressens encore, en moi-même aussi vifs et ardents tous ces nobles et dignes sentiments que vous avez dictés au plus sage des hommes et au plus grand des rois, et que sa plume exprima autres fois avec tant d'emphase.

C'est vous qui avez eu un soin si particulier de moi que, non content de tant [de] faveurs, vous avez encore voulu me fournir tout ce qu'on pouvait désirer dans le pays où je suis née pour une royale éducation. Vous seul savez si j'ai répondu comme il faut à tant de grâces. Je pourrais me tromper avec tous les hommes en paraissant ce que je ne suis pas, mais je ne saurais vous tromper, car vous connaissez l'ouvrage de vos mains.

Le roi mon père, qui m'aimait, mais qui aimait la Suède (comme il devait) encore plus que moi, prit un grand soin de mon éducation. Il me choisit des gouverneurs, des précepteurs, et des maîtres. Il fut heureux dans son choix autant qu'il pouvait l'être dans la necessité qu'il s'était imposé de ne donner pas ces emplois à des étrangers. J'ai ouï dire à des gens de digne foi qu'on avait prédit au roi que je ne devais pas mourir dans la religion où j'étais née, mais que je devais tout quitter pour mourir catholique. Cette prédiction, qu'on a tenu si sûre que je ne l'ai jamais sue moi-même qu'après qu'elle fût vérifiée, fit une si forte impression sur l'esprit du feu roi que toutes ses pensées ne visèrent qu'à y mettre des obstacles, et il espéra de l'empêcher en me mettant entre les mains des Suédois seuls, dont il croyait être en sûreté, ordonnant sur tout d'empêcher qu'aucun catholique n'approchât de moi. Mais vous, Seigneur, qui rendez inutiles tous les soins et précautions de la prudence humaine et aux desseins duquel rien ne résiste, vous avez vaincu tous les obstacles qu'on opposa à ma félicité éternelle, comme on le verra par la suite.

A cet effet le roi me choisit pour gouverneur Axel Banér, un fort habile et honnête homme qui était courtisan et fort chéri du roi pour ses bonnes qualités. Il me donna Gustave Horn pour sous-gouverneur, qui était de même que l'autre un fort honnête et habile homme. Tous deux étaient sénateurs de Suède, très capables et dignes de cet emploi. Banér et Horn moururent dans leurs charges presque en même temps, 1639, et je ne voulus plus d'autres gouverneurs.

Le roi fit en même temps élection de mon précepteur, le docteur Jean Matthiæ, évêque de Strängnäs, homme très capable et digne de cet emploi. Il était soupçonné d'avoir un grand penchant pour le calvinisme. Je ne sais si on lui faisait tort, mais enfin c'est l'unique défaut qu'on pouvait lui reprocher, aussi bien n'importait il guère qu'il fût calviniste ou luthérien. Je ne devais être ni l'un, ni l'autre.

La princesse, ma tante, fut déclarée ma gouvernante. C'était une princesse d'une vertu et sagesse consommée qui avait un grand mérite. Elle était mère du prince Charles Gustave palatin, que je fis roi depuis. 1638 elle mourut avant que je fusse majeure, et je ne voulus plus souffrir d'autre gouvernante en sa place.

On composa en même temps ma maison des personnes de la première qualité de l'un et l'autre sexe.

Toutes ces personnes commencèrent à travailler à mon éducation aussitôt qu'ils furent déclarés, et ce fut par votre grâce qu'ils n'y travaillèrent pas inutilement, du moins m'a-t-on voulu persuader que je fis en peu de temps dès progrès dans mes études et exercices, qui surpassèrent la capacité de mon âge et de mon sexe.

Le roi avait ordonné à toutes ces personnes de me donner une éducation toute virile et de m'apprendre tout ce qu'un jeune prince doit savoir. Il déclara positivement qu'il ne voulait pas qu'on m'inspirât aucun des sentiments de mon sexe que les seuls de l'honnêteté. Il voulait que dans tout le reste je fusse prince, et prince digne de régner. Ce fut en cela que mes inclinations secondèrent merveilleusement bien ses desseins, car j'eus une aversion et une antipathie invincible pour tout ce que font et disent les femmes. Leurs habits, ajustements et façons m'étaient insupportables. Je n'avais aucun soin de mon teint, de ma taille, ni du reste de ma personne. Je ne portais jamais ni coiffe, ni masque, et rarement dés gants. Je méprisais fort tout l'appanage de mon sexe, à la l'honnêteté et la proprété près. Je ne pouvais souffrir les habits longs et ne voulais porter que des jupes courtes.

J'eus de plus une telle inhabileté insurmontable pour tous les ouvrages des femmes qu'on ne trouva jamais moyen de m'en rien apprendre; mais en revanche j'appris avec une merveilleuse facilité toutes les sciences, les langues et les exercices dans le[s]quels on voulut m'instruire à l'âge de 14 ans. Vous m'avez fait la grâce de me rendre capable de tout ce qu'un jeune prince doit savoir et de tout ce qu'une jeune fille peut apprendre avec honneur.

Il faut recopier ce chapitre et le continuer jusqu'au paroles.

Je passai au chapitre 10, et il faut encor[e] copier le 10 chapitre.

Swedish translation (my own):

Kapitel 9.
De som har tillskrivit utbildningen kraften och namnet på en andra natur har utan tvekan vetat hur viktigt det var för alla människor, men unga furstar är så på ett så unikt sätt att de som ger dem en dålig sådan inte är mindre kriminella än de monster (om det finns några) som förgiftar källorna till floder och fontäner dit alla går för att hämta vatten.

Ett barn som föds för tronen är en universellt godhet, som beror på Statens ära och alla individers lycka — man kan inte ta för mycket hand om det. Dessa unga och kungliga växter bör odlas med tillämpningen och konsten värdig dem. Det folkliga misstaget och furstarnas olyckor är dock så stora att allmogen övertygas om att det bara är nödvändigt att arbeta för att göra furstarna dumma, korkade och klumpiga för att skydda sig från en makt som får allt att darra. Män har svårt att tro att det är ett motstånd mot deras egen lycka att förneka sig själva en smart mästare och man. Ingenting är dock mer sant, och alla människor måste övertygas, om de inte vill missta sig, att den största olyckan är att utsättas för en dum och klumpig mans omdöme.

Det är sant att nästan oövervinnliga hinder gör utbildningen av furstar mycket svår; man kan inte bilda sig en sådan universell uppfattning om det utan att finna många undantag från de regler som man kan fastställa. Hänsyn bör tas till barns natur, till klimatet där de föddes, till deras nations seder, till deras styrkor, till deras hy, förmågor och genier. Man måste till och med ta hänsyn till de sekler i vilka de föddes. Allt detta beaktat måste man veta hur man använder det för att göra en furste skicklig och värdig sin rang, så mycket som möjligt, genom en vacker och kunglig utbildning.

Visserligen går all omsorg och allt arbete förlorat om naturligheten saknas, men jag är övertygad om att en god utbildning gör en utmärkt natur underbarare och förhindrar, åtminstone för en tid, att en dålig natur bryter ut. De som tror att den enda tid då sanningen närmar sig prinsar är deras barndom har fel. Sanningen kommer sällan in i hoven, lögnerna regerar där, de är alltför mäktiga där. Furstar fruktas och smickras även i sin vagga. De skulle fortfarande vara alltför glada om i deras barndom denna gudomliga handel tilläts dem. Män fruktar sin barndom knappast mindre än sin makt, de hanterar dem nästan som små lejonen som alltid kliar, fastän de ännu inte slukar människor. Till sist, alla, genom olika åsikter och intressen, passar på att skämma bort dem. De får näring i sysslolöshet, i okunnighet och i svaghet; de växer upp bland smicker och applåder.

Inte ens smicker skulle vara det farligaste giftet de skulle få svälja. Om man bara applåderade deras förtjänst eller deras goda gärningar, skulle det tjäna till att uppmuntra dem att göra bra, det skulle till och med tjäna till att instruera dem; men till deras största olycka förlorar man dem genom att applådera alla deras dumheter och fel.

Det är bara till Dig, Herre, som man måste ha tillflykt. Du ensam ger detta fogliga hjärta och denna goda själ, för vilken en av Dina favoriter applåderar sig själv så högt. Man har trott att Din godhet hade givit mig denna oförlikneliga gåva med ett överflöd värdigt det, att mitt hjärta var fogligt, att det var ädelt och stort, så snart det kände att Du hade lagt i det en själ av samma sinnelag, som Du har gett en omättlig önskan efter sanning, efter rättvisa och efter ära. Det är av Din nåd som jag kände, och som jag ännu känner, i mig själv som levande och ivrig alla dessa ädla och värdiga känslor som Du har dikterat till de klokaste av människor och den störste av konungar, och som hans penna uttryckte vid andra tider med sådan betoning.

Det var Du som har tagit så särskild hand om mig att Du, ej nöjd med så många tjänster, ändå har velat förse mig med allt som kunde önskas i det land där jag föddes för en kunglig utbildning. Bara Du vet om jag har svarat som jag borde på så många nåder. Jag skulle kunna lura alla människor genom att framstå som vad jag inte är, men jag kan ju inte lura Dig, ty Du känner ju Dina händers verk.

Konungen, min far, som älskade mig, men som älskade Sverige (som han måste) ännu mer än mig, tog stor hand om min utbildning. Han valde guvernörer, preceptorer och mästare åt mig. Han var glad i sitt val så mycket han kunde vara i den nödvändighet han hade ålagt sig att inte ge dessa sysselsättningar till utlänningar. Jag har hört människor med värdig tro säga att konungen hade förutspåtts att jag inte skulle dö i den religion som jag föddes i, utan att jag skulle lämna allt för att dö som katolik. Denna förutsägelse, som hölls så säker att jag aldrig själv visste den förrän den var verifierad, gjorde ett så starkt intryck på den salige konungens sinne att alla hans tankar var inriktade på att lägga hinder i vägen för den, och han hoppades kunna förhindra det genom att sätta mig i händerna på enbart svenskar, av vilka han trodde vara säkra, och framför allt beordrade att hindra någon katolik från att närma sig mig. Men Du, Herre, som gör all omsorg och försiktighetsåtgärder av mänsklig försiktighet värdelös och vars planer ingenting kan motstå, Du har övervunnit alla de hinder som man motsatte sig min eviga lycksalighet, som vi kommer att se senare.

För detta ändamål valde konungen till min guvernör Axel Banér, en mycket duglig och ärlig man, som var hovman och mycket älskad av konungen för sina goda egenskaper. Han gav mig Gustav Horn som underguvernör, som liksom den andre var en mycket ärlig och duktig man. Båda var riksråd i Sverige, mycket kapabla och värda anställningen. Banér och Horn dog i sina ämbeten nästan samtidigt, 1639, och jag ville inte ha några andra guvernörer.

Konungen gjorde samtidigt valet av min lärare, doktor Johannes Matthiæ, biskop i Strängnäs, en mycket duglig man och värdig denna anställning. Han misstänktes ha en stor förkärlek för kalvinismen. Jag vet inte om man gjorde honom fel, men det var det enda felet man kunde förebrå honom, så det var knappast viktigt om han var kalvinist eller lutheran. Jag måste varken vara det ena eller det andra.

Prinsessan, min faster, förklarades som min guvernant. Hon var en prinsessa av fulländad dygd och visdom som hade stora förtjänster. Hon var mor till pfalzgreven Karl Gustav, som jag sedan gjort till konung. 1638 dog hon, innan jag blev myndig, och jag ville inte tåla någon annan guvernant i hennes ställe.

Samtidigt bestod mitt hushåll av människor av första kvalitet av det ena och det andra könet.

Alla dessa människor började arbeta på min utbildning så snart de förklarades, och det var av Din nåd som de inte arbetade förgäves med det, åtminstone man ville övertyga mig om att jag på kort tid gjorde framsteg i mina studier och övningar, som överträffade min ålders och mitt köns kapacitet.

Konungen hade beordrat alla dessa människor att ge mig en mycket manlig utbildning och att lära mig allt en ung furste borde veta. Han deklarerade positivt att han inte ville att någon av känslorna hos mitt kön skulle inspireras i mig annat än ärlighetens. Han ville att jag skulle vara en furste i allt annat och en furste värd att regera. Det var i detta som mina böjelser fantastiskt stödde hans dessänger, ty jag hade en oövervinnerlig motvilja och antipati för allt kvinnor gör och säger. Deras klänningar, justeringar och sätt var outhärdliga för mig. Jag tog inte hand om min hy, min storlek eller resten av min person. Jag bar aldrig huva eller mask och sällan handskar. Jag föraktade starkt alla mitt köns egenskaper, förutom ärlighet och prydlighet. Jag stod inte ut med långa klänningar och ville bara ha korta kjolar på mig.

Dessutom hade jag en sådan oövervinnerlig oförmåga att utföra allt kvinnoarbete att ingen någonsin hittade ett sätt att lära mig något om det; men å andra sidan lärde jag mig med en fantastisk utrustning alla vetenskaper, språk och övningar som man ville lära mig vid 14 års ålder. Du har givit mig nåden att göra mig kapabel till allt en ung furste måste veta och allt en ung flicka kan lära sig med ära.

Detta kapitel måste rekopieras och fortsättas ord för ord.

Jag har gått vidare till kapitel 10, och Ni måste fortfarande kopiera kapitel 10.

English translation (my own):

Chapter 9.
Those who have attributed to education the force and the name of a second nature have undoubtedly known how important it was to all men, but that of young princes is so in such a singular way that those who give a bad one to them are no less criminal than those monsters (if there are any) who poison the sources of rivers and fountains where everyone goes to get water.

A child born for the throne is a universal good, on which depends the glory of the State and the happiness of all individuals — one cannot take too much care of it. These young and royal plants should be cultivated with the application and art worthy of them. However, the popular error and the misfortunes of the princes are so great that the common men are persuaded that it is only necessary to work to make the princes stupid, stupid and clumsy so as to protect themselves from a power which makes everything tremble. Men find it hard to believe that it is an opposition to their own happiness to deny themselves a clever master and man. Nothing, however, is more true, and all men must be persuaded, if they do not want to be mistaken, that the greatest misfortune is that of being exposed to the discretion of a stupid and clumsy man.

It is true that almost invincible obstacles make the education of princes very difficult; one cannot form such a universal idea of it without finding many exceptions to the rules that one could establish. Consideration should be given to the nature of children, to the climates in which they were born, to the customs of their nation, to their strengths, to their complexions, abilities and geniuses. One must even take into account the centuries in which they were born. All this considered, one must know how to use it to make a prince skillful and worthy of his rank, as much as possible, through a beautiful and royal education.

It is true that all the care and all the work are lost if the naturalness is lacking, but I am persuaded that a good education makes an excellent nature more wonderful and prevents, at least for a time, a bad nature from breaking out. Those who believe that the only time in which the truth approaches princes is their childhood are mistaken. The truth rarely enters the court, lies reign there, they are too powerful there. Princes are feared and flattered even in their cradle. They would still be too happy if in their childhood this divine commerce was permitted to them. Men fear their childhood hardly less than their power, they handle them almost like those little lions who always scratch, although they do not yet devour people. Finally, everyone, through various views and interests, takes care to spoil them. They are nourished in idleness, in ignorance and in weakness; they grow up among flatteries and applauses.

Even flattery would not be the most dangerous poison they would be made to swallow. If one only applauded their merit or their good deeds, it would serve to encourage them to do well, it would even serve to instruct them; but, to their greatest misfortune, one loses them by applauding all their stupidities and faults.

It is to You alone, Lord, that one must have recourse. You alone give this docile heart and this good soul, for which one of your favourites applauds herself so loudly. One has believed that Your goodness had given me this incomparable present with an abundance worthy of it, that my heart was docile, that it was noble and great as soon as it felt that You had placed in it a soul of the same disposition, which You have given an insatiable desire for truth, for justice and for glory. It is by Your grace that I felt, and that I still feel, in myself as vivid and ardent all these noble and worthy sentiments that You have dictated to the wisest of men and the greatest of kings, and which his pen expressed at other times with such emphasis.

It was You who have taken such particular care of me that, not content with so many favours, You have still wanted to provide me with everything that could be desired in the country where I was born for a royal education. Only You know if I have responded the way I should to so many graces. I could deceive all men by appearing to be what I am not, but I cannot deceive You, for you know the work of Your hands.

The King, my father, who loved me, but who loved Sweden (as he had to) even more than me, took great care of my education. He chose for me governors, preceptors, and masters. He was happy in his choice as much as he could be in the necessity he had imposed on himself not to give these employs to foreigners. I have heard people of worthy faith say that the King had been predicted to that I would not die in the religion in which I was born, but that I would leave everything to die a Catholic. This prediction, which was held so certain that I never knew it myself until after it was verified, made such a strong impression on the mind of the late King that all his thoughts were aimed at putting obstacles in the way of it, and he hoped to prevent it by putting me in the hands of Swedes alone, of whom he believed to be safe, ordering above all to prevent any Catholic from approaching me. But You, Lord, who render useless all the care and precautions of human prudence and whose designs nothing can resist, You have vanquished all the obstacles that one opposed to my eternal felicity, as we will see later on.

For this purpose the King chose for my governor Axel Banér, a very able and honest man who was a courtier and much beloved by the King for his good qualities. He gave me Gustav Horn as subgovernor, who was, like the other, a very honest and able man. Both were senators of Sweden, very capable and worthy of the employ. Banér and Horn died in their offices almost at the same time, 1639, and I did not want any other governors.

The King, at the same time, made election of my preceptor, Dr. Johannes Matthiæ, Bishop of Strängnäs, a very capable man and worthy of this employ. He was suspected of having a great penchant for Calvinism. I do not know if one did him wrong, but that was the only fault that one could reproach him for, so it was hardly important whether he was a Calvinist or a Lutheran. I had to be neither one nor the other.

The Princess, my aunt, was declared my governess. She was a princess of consummate virtue and wisdom who had great merit. She was the mother of Prince Palatine Karl Gustav, whom I have since made king. In 1638 she died, before I was of age, and I did not want to tolerate any another governess in her place.

At the same, time my household was composed of people of the first quality of one and the other sex.

All these people began to work on my education as soon as they were declared, and it was by Your grace that they did not work on it in vain, at least one wanted to persuade me that I made in a short time progress in my studies and exercises, which surpassed the capacity of my age and my sex.

The King had ordered all these people to give me a very virile education and to teach me everything a young prince should know. He declared positively that he did not want any of the feelings of my sex to be inspired in me other than those of honesty. He wanted me to be a prince in everything else, and a prince worthy of ruling. It was in this that my inclinations marvellously seconded his designs, for I had an invincible aversion and antipathy for everything women do and say. Their dresses, adjustments and ways were unbearable to me. I took no care of my complexion, my size, or the rest of my person. I never wore a hood or mask, and rarely gloves. I strongly despised all the appanages of my sex, except honesty and cleanliness. I couldn't stand long dresses and only wanted to wear short skirts.

What's more, I had such an insurmountable inability to do all women's work that no one ever found a way to teach me anything about it; but on the other hand I learned with a marvellous facility all the sciences, languages and exercises in which one wanted to instruct me at the age of 14 years. You have given me the grace to make me capable of everything a young prince must know and everything a young girl can learn with honour.

This chapter must be recopied and continued word for word.

I have moved on to chapter 10, and you still have to copy chapter 10.

Note: The Montpellier manuscript of this chapter and of the 1681 autobiography itself ends here. Another, more complete version with more details exists in the Azzolino Collection at the Swedish National Archives (Riksarkivet). As that part of that collection has, at the time of writing, not yet been digitised, and as I have only seen excerpts of the original French language manuscript and only in full in a Swedish translation by Cecilia Huldt, I presume that the parts Kristina crossed out here might be intact in that version. In Jean-François de Raymond's 1994 publication of Kristina's autobiography, he supplies Arckenholtz's transcript for the rest of this chapter, adding short excerpts from the Riksarkivet version in the footnotes.

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