Monday, June 17, 2024

Kristina's letter from across the centuries to Cyrus the Great, undated

Sources:

Bibliothèque interuniversitaire (Montpellier); Papiers de Christine de Suède, complément; Papiers de Christine de Suède, complément II; Rédactions diverses; Epitre à Cyrus, [s. d.] (digitisation pages NP-354r to 357v-NP)


Christine (1626-1689 ; reine de Suède), Papiers de Christine de Suède, complément II, : , 1601-1700.

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Copyright SCDI-UPV - Collections Université de Montpellier (shelfmark H 258 bis 2).






The letter:

A Cyrus
Je uous offre incomparable Cyrus les Sentiments d'un coeur qui n'a jamais estè qu'a Dieu et a uous: S'ils Se presentent aussi naturels et nuds qu'ils Sont, leur Simplicitè uous fera uoir qu'ils ne rougissent pas de paroistre a uos yeux Sans ornement et Sans fard. Tous les mouuements de ce coeur uous doiuent estre connus, il uous doit un conte exacte de Ses moindres pensèes, et n'ayant jamais estè occupè que de Dieu, et de uous, il est prest a desauoüer tout ce qui pourroit uous desplaire en Ses plus Secrets mouuements. Vous deuez estimer cette deferance, parce qu'elle ne m'est pas commune, et Je uous puis asseurer qu'apres Dieu Je ne l'ay jamais eüe, ny ne l'auray jamais que pour vous Seul; Mais uous la meritez Si fort qu'on ne Sçauroit uous la refuser Sans injustice, estant Si digne de l'estime, de la veneration et de l'admiration de tous les hommes que C'est un malheur pour tous ceux qui uous connoissent S'ils uous refusent ces Sentiments. Pour Moy qui Suis la personne du monde Sur qui un merite Si extraordinaire que le uostre a fait les plus Surprennants effects, Je n'espere pas que uous Sachiez jamais tous les Sentiments qu'il a produit dans un coeur fait comme le mien. Je prend[s] pourtant ce Dieu a tesmoin qui voit et connoit toutes les choses de la maniere qu'elles Sont qu'il ne Se passe rien dans mon coeur, qui Soit indigne, ny de luy, ny de nous Deux. Je uous estime, et uous admire Sans interest, et Je ne trouue rien dans les Sentiments que vostre merite m'inspire, qui craigne de paroistre au jour. Jl est uray que uous m'estez toute chose que Je trouueray en uous de quoy me consoler de toutes mes pertes Si j'estois capable de les Sentir; Jl est aussi uray que uous me faitez passer les moments les heures et les jours utilement et agreablement, Car plus on uous connoit, plus on vous estime et plus on uous admire. Jl Semble que la uertu Se Soit rendu visible en uous, et que le Ciel aye versè Sur vous a plaines mains tous les dons, tous les talents, toutes les Sçiences, toutes les vertus et les graces qui peuuent rendre un homme accomply dans l'ame et dans le Corps. On ne peut vous uoir Sans vous admirer, et ce que l'on Sent pour vous dès qu'on uous connoist, ne Se peut ny exprimer, ny comprendre. Quand le monde entier Se donneroit a uous, il Se renderoit plus heureux Sans uous rendre guere plus grand, et vous estez Si digne de commander a tous les hommes, que tous les hommes Seroient trop heureux S'ils meritoient la gloire d'obeir a vous Seul. La fortune ne vous a rien donnè jusques icy, qui Soit digne de uous. Quand uous Seriez nè fils des urays Cesars, uous estez digne d'une naissance, et d'un Rang encore plus auguste S'il y en avoit Sous le Ciel. et quoy que vous Sortiez d'un Sang qui tire Son origine non fabuleux d'une ancienne famille Romaine, et que la mesme Pourpre que uous honorez aujourd[h]uy aye honorè Souvent la maison que vous Seul rendez Jllustre, tout cela pourtant est bien au dessous de uous, et la fortune Sans injustice ne pourroit vous refuser le premier rang du monde, Si le premier Rang du monde estoit deu au Seul merite; mais puis que cela n'est pas, Je n'accuse point la fortune d'injustice, ny d'aueuglement. Je trouue au contraire que quand on a tout ce que uous auez, et que l'on est ce que uous estez, on ne peut rien desirer de plus, tout ce qui est hors de vous estant bien moins que uous, Dieu uous ayant Si fort enrichy en vous mesme que vous n'auez plus rien a Souhaitter icy bas, qui Soit digne de vous. Tout ce qui pourra uous venir du dehors, ne Seruira qu'a feliciter le gendre humain, mais non pas a uous esleuer plus haut; Vostre merite est au dessous de tout ce que la fortune vous prepare, quand elle vous esleueroit mesme au plus haut faiste de la gloire et puissance humaine. Si cela uous arriue jamais, tous les hommes vous diront Sans doute ce que ie uous dis a present. Jls Sont trop accoustumès d'adorer la fortune pour ne uous donner pas alors cet'encens, qu'ils prodiguent tous les jours a tant d'autres qui ne vous vallent pas; Mais vous Sçauez qu'on le donne a leur fortune et non pas a leur personnes, et qu'on n'oseroit leur dire rien de Semblable Sous peine d'estre dementy par le temps, et la veritè. Moy qui uous parle Je ne crains ny le temps, ny la veritè, et Je Suis Seur[e] qu'ils ne me dementiront jamais Sur vostre Suject, mais qu'ils uous feront paroistre tousjours et plus grand, et plus admirable en quelque estat que la fortune vous mette, et J'ay cette consolation de vous parler de vous mesme, et non pas de vostre fortune. Mes yeux voient en vous toutes ces admirables qualitèz et talents que le Dieu de la nature vous a donnès, ils uoyent par auance ce que la fortune vous doit, mais ie uois aussi les obstacles inuincibles que l'enuie prepare pour empecher la fortune a vous rendre justice un jour. Je uois tout cela Si clair comme Si Je lisois dans le present l'auenir qui est Si obscur, Je uous defie de douter vous mesme de tout ce que Je dis malgrè vostre modestie, qui est une de plus digne de uos uertus. Mais quoy? faut il que cette modestie uous priue du plaisir de connoistre le plus grand, et le plus honneste homme du monde en uous mesme? Non, ce ne Seroit pas modestie, ce Seroit pure ingratitude, qui uous renderoit criminel envers Dieu que de douter de ces veritès. Jouissez donc de la Satisfaction que vostre conscience vous donne, et croyez uous tel que uous estez, Sur ma parole. Je Suis un tesmoin irreprochable, et tout[e] la terre Sçait que mon defaut n'est pas de flatter ny la fortune ny les hommes. Jl ny a point de Si esleuè Sous le Ciel, pour qui Je m'abaissasse jusques a luy dire des choses Semblables a celles que Je vous dis, et Je ne vous dirois rien a vous mesme, Si Je n'auois la joye en parlant de vous, de parler d'une personne qui est au dessus de tout ce qu'on peut dire et Sentir d'elle de plus auantageux. Peut on vous admirer assez aujourdhuy que uous triomphès auec tant de gloire de tout ce qui S'oppose a vostre destin, et quand vous ne paye[z] l'envie et la persecution de vos ennemis, que par la compassion qu'ils vous font? Aussi vous connoissant comme Je vous connois, J'oserois respondre pour vous, que Si vous estez jamais en estat de vous venger d'eux, ce ne Sera que par des graces et des bienfaits qui est l'unique uengence dont uostre grand coeur Soit capable. Je voudrois Seulement que uous fussiez connu de toute la terre pour ce que vous estèz, et Je m'asseure que la grandeur et la generositè de vostre ame vous feroit autant d'adorateurs, qu'il y a des hommes. Cependant prennez pour gage de la juste estime et admiration que vous m'auez donnè pour vous aussi bien que de l'inuiolable amitiè que Je vous professe, ces Sentiments que Je vous donne; S'ils Sont dignes de vostre lecture, la gloire en Soit donneè a Dieu; S'il y a quelque chose qui merite d'estre rejettèe, ou corrigèe; C'est a Moy a vous en demander pardon, et J'espere que uous me l'accordez d'autant plus volontiers, que mon ignorance ne uous est que trop connüe, et qu'il vous Souuiendra de la violence que vous m'auez fait Si Souuent pour me forcer malgrè moy de barboüiller le papier; Vous allez en faire la penitence, Si uous prennèz la peine de lire mes resueries. Je Suis tout[e] a Vous. Adieu.

With modernised spelling:

A Cyrus.
Je vous offre, incomparable Cyrus, les sentiments d'un cœur qui n'a jamais été qu'à Dieu et à vous; s'ils se présentent aussi naturels et nuds qu'ils sont, leur simplicité vous fera voir qu'ils ne rougissent pas de paraître à vos yeux sans ornement et sans fard. Tous les mouvements de ce cœur vous doivent être connus, il vous doit un compte exact de ses moindres pensées, et, n'ayant jamais été occupé que de Dieu et de vous, il est prêt à désavouer tout ce qui pourrait vous déplaire en ses plus secrets mouvements.

Vous devez estimer cette déférence, parce qu'elle ne m'est pas commune, et je vous puis assurer qu'après Dieu je ne l'ai jamais eue, ni ne l'aurai jamais que pour vous seul; mais vous la méritez si fort qu'on ne saurait vous la refuser sans injustice, étant si digne de l'estime, de la vénération et de l'admiration de tous les hommes que c'est un malheur pour tous ceux qui vous connaissent s'ils vous refusent ces sentiments.

Pour moi, qui suis la personne du monde sur qui un mérite si extraordinaire que le vôtre a fait les plus surprenants effets, je n'espère pas que vous sachiez jamais tous les sentiments qu'il a produit dans un cœur fait comme le mien. Je prends pourtant ce Dieu à témoin, qui voit et connaît toutes les choses de la manière qu'elles sont, qu'il ne se passe rien dans mon cœur qui soit indigne ni de lui, ni de nous deux.

Je vous estime et vous admire sans intérêt, et je ne trouve rien dans les sentiments que votre mérite m'inspire qui craigne de paraître au jour. Il est vrai que vous m'êtes toute chose que je trouverais en vous de quoi me consoler de toutes mes pertes si j'étais capable de les sentir. Il est aussi vrai que vous me faites passer les moments, les heures et les jours utilement et agréablement, car plus on vous connaît, plus on vous estime et plus on vous admire. Il semble que la vertu se soit rendue visible en vous, et que le ciel ait versé sur vous à pleines mains tous les dons, tous les talents, toutes les sciences, toutes les vertus et les grâces qui peuvent rendre un homme accompli dans l'âme et dans le corps. On ne peut vous voir sans vous admirer, et ce que l'on sent pour vous dès qu'on vous connaît ne se peut ni exprimer, ni comprendre.

Quand le monde entier se donnerait à vous, il se rendrait plus heureux sans vous rendre guère plus grand, et vous êtes si digne de commander à tous les hommes que tous les hommes seraient trop heureux s'ils méritaient la gloire d'obéir à vous seul. La fortune ne vous a rien donné jusqu'ici qui soit digne de vous. Quand vous seriez né fils des vrais Césars, vous êtes digne d'une naissance et d'un rang encore plus auguste s'il y en avait sous le ciel; et quoique vous sortiez d'un sang qui tire son origine non fabuleux d'une ancienne famille romaine, et que la même pourpre que vous honorez aujourd'hui ait honoré souvent la maison que vous seul rendez illustre.

Tout cela pourtant est bien au-dessous de vous, et la fortune, sans injustice, ne pourrait vous refuser le premier rang du monde si le premier rang du monde était dû au seul mérite; mais puisque cela n'est pas, je n'accuse point la fortune d'injustice, ni d'aveuglement. Je trouve, au contraire, que quand on a tout ce que vous avez, et que l'on est ce que vous êtes, on ne peut rien désirer de plus. Tout ce qui est hors de vous étant bien moins que vous, Dieu vous ayant si fort enrichi en vous-même que vous n'avez plus rien à souhaiter ici-bas qui soit digne de vous.

Tout ce qui pourra vous venir du dehors ne servira qu'à féliciter le genre humain, mais non pas à vous élever plus haut. Votre mérite est au-dessous de tout ce que la fortune vous prepare, quand elle vous éleverait même au plus haut faîte de la gloire et puissance humaine. Si cela vous arrive jamais, tous les hommes vous diront sans doute ce que je vous dis à présent. Ils sont trop accoutumés d'adorer la fortune pour ne vous donner pas alors cet encens qu'ils prodiguent tous les jours à tant d'autres qui ne vous valent pas; mais vous savez qu'on le donne à leur fortune et non pas à leurs personnes, et qu'on n'oserait leur dire rien de semblable sous peine d'être démenti par le temps et la vérité.

Moi qui vous parle, je ne crains ni le temps, ni la vérité, et je suis sûre qu'ils ne me démentiront jamais sur votre sujet, mais qu'ils vous feront paraître toujours et plus grand et plus admirable en quelque état que la fortune vous mette, et j'ai cette consolation de vous parler de vous-même, et non pas de votre fortune. Mes yeux voient en vous toutes ces admirables qualités et talents que le Dieu de la nature vous a donnés, ils voient par avance ce que la fortune vous doit, mais je vois aussi les obstacles invincibles que l'envie prepare pour empêcher la fortune à vous rendre justice un jour. Je vois tout cela si clair, comme si je lisais dans le présent l'avenir qui est si obscur. Je vous défie de douter vous-même de tout ce que je dis malgré votre modestie, qui est une de plus digne de vos vertus.

Mais quoi? Faut-il que cette modestie vous prive du plaisir de connaître le plus grand et le plus honnête homme du monde en vous-même? Non, ce ne serait pas modestie, ce serait pure ingratitude, qui vous renderait criminel envers Dieu que de douter de ces vérités. Jouissez donc de la satisfaction que votre conscience vous donne, et croyez-vous tel que vous êtes sur ma parole. Je suis un témoin irreprochable, et toute la terre sait que mon défaut n'est pas de flatter ni la fortune, ni les hommes. Il ni a point de si élevé sous le ciel pour qui je m'abaissasse jusqu'à lui dire des choses semblables à celles que je vous dis, et je ne vous dirais rien à vous-même si je n'avais la joie en parlant de vous, de parler d'une personne qui est au-dessus de tout ce qu'on peut dire, et sentir d'elle de plus avantageux.

Peut-on vous admirer assez aujourd'hui que vous triomphez avec tant de gloire de tout ce qui s'oppose à votre destin, et quand vous ne payez l'envie et la persécution de vos ennemis que par la compassion qu'ils vous font? Aussi, vous connaissant comme je vous connais, j'oserais répondre pour vous que si vous êtes jamais en état de vous venger d'eux, ce ne sera que par des grâces et des bienfaits qui est l'unique vengeance dont votre grand cœur soit capable. Je voudrais seulement que vous fussiez connu de toute la terre pour ce que vous êtes, et je m'assure que la grandeur et la générosité de votre âme vous ferait autant d'adorateurs qu'il y a des hommes.

Cependant, prenez pour gage de la juste estime et admiration que vous m'avez donné pour vous, aussi bien que de l'inviolable amitié que je vous professe, ces sentiments que je vous donne. S'ils sont dignes de votre lecture, la gloire en soit donnée à Dieu. S'il y a quelque chose qui merite d'être rejettée ou corrigée, c'est à moi à vous en demander pardon, et j'espère que vous me l'accordez d'autant plus volontiers que mon ignorance ne vous est que trop connue, et qu'il vous souviendra de la violence que vous m'avez fait si souvent pour me forcer malgré moi de barbouiller le papier. Vous allez en faire la pénitence si vous prenez la peine de lire mes rêveries. Je suis toute à vous. Adieu.

Swedish translation (my own):

Till Kyros.
Jag erbjuder Er, ojämförlige Kyros, känslorna av ett hjärta som aldrig har tillhört någon annan än Gud och Er; om de verkar så naturliga och nakna som de är, kommer deras enkelhet att få Er att se att de inte rodnar för att dyka upp framför Era ögon utan prydnad och utan smink. Alla detta hjärtas rörelser måste vara kända för Er, det är skyldigt Er en exakt redogörelse för de minsta av dess tankar, och eftersom det aldrig varit upptaget annat än med Gud och dig, är det beredd att förneka allt som skulle kunna misshaga Er i dess hemligare rörelser.

Ni måste akta denna vördnad, ty den inte är vanlig för mig, och jag kan försäkra Er om att jag efter Gud aldrig har haft den, och aldrig kommer att få den, utom för Er ensam; men Ni förtjänar det så mycket att det inte kan vägras Er utan orättvisa, ty Ni är så värd alla människors aktning, vördnad och beundran att det är en olycka för alla dem som känner Er att förneka Er dessa känslor.

När det gäller mig, som är den person i världen på vilken en så extraordinär förtjänst som Er har haft de mest överraskande effekterna, så hoppas jag inte att Ni någonsin kommer att få veta alla de känslor den har framkallat i ett hjärta som mitt. Men jag kallar denna Gud till vittne, som ser och vet allt som det är, att ingenting händer i mitt hjärta som är ovärdigt varken av honom eller av oss båda.

Jag uppskattar och beundrar Er utan intresse, och jag finner ingenting i de känslor som Era förtjänster inger mig som jag fruktar att komma fram i ljuset. Det är sant att Ni är allt jag skulle finna i Er för att trösta mig för alla mina förluster om jag var kapabel att känna dem. Det är också sant att Ni får mig att tillbringa stunderna, timmarna och dagarna nyttigt och trevligt, för ju fler människor känner Er, desto mer uppskattar de Er och desto mer beundrar de Er. Det verkar som om dygden har blivit synlig i Er, och att himlen med fulla händer har utgjutit över Er alla gåvor, alla talanger, alla vetenskaper, alla dygder och nåder som kan göra en människa fullbordad i själ och kropp. Man kan inte se Er utan att beundra Er, och vad man känner för Er så fort man känner Er kan varken uttryckas eller förstås.

Om hela världen gav sig själv åt Er, skulle den göra sig lyckligare utan att göra Er mycket större, och Ni är så värd att befalla alla människor att alla människor skulle vara alltför glada om de förtjänade äran att lyda Er ensam. Lyckan har icke givit Er något värdigt Er hittills. Om Ni föddes som son till sanna caesarer, vore Ni värdig en födelse och en rang som är ännu högre om det fanns några under himlen; och även om Ni kommer från ett blod som har sitt icke-fantastiska ursprung från en gammal romersk familj, och samma lila som Ni hedrar idag har ofta hedrat huset som Ni ensam gör berömt.

Allt detta är emellertid långt under Er, och lyckan, utan orättvisa, kunde inte neka Er den första rangen i världen om den första rangen i världen bara berodde på förtjänster; men eftersom så inte är fallet, anklagar jag inte lyckan för orättvisa eller blindhet. Jag finner tvärtom att när man har allt man har, och man är vad man är, kan man inte önska något mer. Allt som är utanför Er är mycket mindre än Ni, eftersom Gud har berikat Er så mycket i Er själv att Ni inte längre har något att önska Er här nedanför som är Er värdigt.

Allt som kan komma till Er utifrån kommer bara att tjäna till att gratulera mänskligheten, men inte för att höja Er högre. Er förtjänst är under allt som lyckan förbereder för Er, även om den höjer Er till den högsta toppen av mänsklig ära och makt. Om detta någonsin händer Er, kommer alla män utan tvekan att berätta för Er vad jag säger till Er nu. De är för vana vid att dyrka lycka för att inte ge Er denna rökelse som de varje dag skänker så många andra som inte är värdiga Er; men Ni vet att man ger den till deras lycka och inte till deras personer, och att man inte skulle våga säga något sådant till dem av rädsla för att bli motsagd av tiden och sanningen.

Jag som talar till Er fruktar varken tid eller sanning, och jag är säker på att de aldrig kommer att motsäga mig i Ert ämne, utan att de alltid kommer att få Er att framstå som större och mer beundransvärd i något tillstånd än det där lyckan sätter Er, och jag har denna tröst att tala till dig om Er själv och inte om Er lycka. Mina ögon ser i Er alla dessa beundransvärda egenskaper och talanger som naturens Gud har givit Er, de ser på förhand vilken lycka är skyldig Er, men jag ser också de oövervinnerliga hinder som avund bereder sig för att hindra lyckan från att göra Er rättvisa en dag. Jag ser det hela så tydligt, som om jag läser in i nuet framtiden som är så obskyr. Jag utmanar Er att tvivla på allt jag själv säger trots Er blygsamhet, vilket är ytterligare en värdig Era dygder.

Men vad? Skall denna blygsamhet beröva Er nöjet att känna den största och ärligaste mannen i världen i dig själv? Nej, det vore inte blygsamhet, det vore ren otacksamhet som skulle göra Er till en brottsling mot Gud genom att tvivla på dessa sanningar. Så njut av tillfredsställelsen som Ert samvete ger Er, och tro Er själv som Ni är på mitt ord. Jag är ett oklanderligt vittne, och hela världen vet att mitt fel inte är att smickra lycka eller män. Det finns ingen så högt under himlen för vilken jag skulle förnedra mig så lågt att jag skulle säga till honom saker som liknar dem jag säger till Er, och jag skulle inte säga något till Er själv om jag inte hade glädje i att tala om Er, att tala om en människa som är över allt som kan sägas, och att känna sig mer fördelaktig därom.

Kan man beundra Er tillräckligt idag för att Ni triumferar med så mycket ära över allt som motsätter Er Ert öde, och när Ni bara betalar tillbaka Era fienders avund och förföljelse med den medkänsla de visar Er? Också, genom att känna Er som jag känner Er, skulle jag våga svara för Er att om Ni någonsin är i en position att hämnas på dem, kommer det bara att vara genom nåder och förmåner som är den enda hämnd ditt stora hjärta kan vara förmögen. Jag skulle bara vilja att Ni skulle bli känd över hela världen för vad Ni är, och jag försäkrar mig själv att Er själs storhet och generositet skulle göra Er till lika många beundrare som det finns män.

Ta dock som ett löfte om den rättvisa aktning och beundran som Ni har givit mig för Er, samt om den okränkbara vänskap som jag bekänner för Er, dessa känslor som jag ger Er. Om de är värda Er läsning, må äran ges till Gud. Om det är något som förtjänar att avvisas eller korrigeras, är det upp till mig att be om Er förlåtelse, och jag hoppas att Ni ger mig det desto mer villigt, ty min okunnighet är alltför känd för Er, och att Ni kommer att minnas det våld som Ni har gjort mot mig så ofta för att tvinga mig, trots mig själv, att smeta papperet. Ni kommer att göra bot om Ni gör Er besväret att läsa mina reverier. Jag tillhör Er helt. Farväl.

English translation (my own):

To Cyrus.
I offer you, incomparable Cyrus, the feelings of a heart which has never belonged to anyone other than God and you; if they appear as natural and nude as they are, their simplicity will make you see that they do not blush to appear before your eyes without ornament and without fard. All the movements of this heart must be known to you, it owes you an exact account of the least of its thoughts, and, having never been occupied except with God and you, it is ready to disavow everything that could displease you in its more secret movements.

You must esteem this deference because it is not common to me, and I can assure you that, after God, I have never had it, nor will ever have it, except for you alone; but you deserve it so much that it cannot be refused to you without injustice, being so worthy of the esteem, veneration and admiration of all men that it is a misfortune for all those who know you to deny you these feelings.

As for me, who am the person in the world on whom a merit so extraordinary as yours has had the most surprising effects, I do not hope that you will ever know all the feelings it has produced in a heart like mine. However, I call this God to witness, who sees and knows all things as they are, that nothing happens in my heart that is unworthy either of Him or of us both.

I esteem and admire you without interest, and I find nothing in the feelings that your merit inspires in me that I fear coming to light. It is true that you are everything I would find in you to console me for all my losses if I were capable of feeling them. It is also true that you make me spend the moments, the hours and the days usefully and pleasantly, because the more people know you, the more they esteem you and the more they admire you. It seems that virtue has become visible in you, and that Heaven has poured upon you with full hands all the gifts, all the talents, all the sciences, all the virtues and graces which can make a man accomplished in soul and in body. One cannot see you without admiring you, and what one feels for you as soon as one knows you can neither be expressed nor understood.

If the whole world gave itself to you, it would make itself happier without making you much greater, and you are so worthy to command all men that all men would be too happy if they deserved the glory of obeying you alone. Fortune has not given you anything worthy of you so far. If you were born the son of true Caesars, you are worthy of a birth and a rank even more august if there were any under Heaven; and although you come from a blood which takes its non-fabulous origin from an ancient Roman family, and the same purple which you honour today has often honoured the house which you alone make illustrious.

All this, however, is far below you, and fortune, without injustice, could not deny you the first rank in the world if the first rank in the world were due to merit alone; but as this is not the case, I do not accuse fortune of injustice or blindness. I find, on the contrary, that when one has everything one has, and one is what one is, one cannot desire anything more. Everything that is outside of you is much less than you, God having enriched you so greatly in yourself that you no longer have anything to wish for here below that is worthy of you.

Everything that can come to you from outside will only serve to congratulate humankind, but not to elevate you higher. Your merit is below everything that fortune prepares for you, even if it elevates you to the highest peak of human glory and power. If this ever happens to you, all men will undoubtedly tell you what I am telling you now. They are too accustomed to worshiping fortune not to give you this incense which they lavish every day on so many others who are not worthy of you; but you know that one gives it to their fortune and not to their persons, and that one would not dare say anything of the sort to them for fear of being contradicted by time and the truth.

I who speak to you, I fear neither time nor the truth, and I am sure that they will never contradict me on your subject, but that they will always make you appear greater and more admirable in any state than that in which fortune puts you, and I have this consolation of speaking to you about yourself, and not about your fortune. My eyes see in you all these admirable qualities and talents that the God of nature has given you, they see in advance what fortune owes you, but I also see the invincible obstacles that envy prepares to prevent fortune from doing you justice one day. I see it all so clearly, as if I were reading into the present the future which is so obscure. I challenge you to doubt everything I say yourself despite your modesty, which is one more worthy of your virtues.

But what? Should this modesty deprive you of the pleasure of knowing the greatest and most honest man in the world in yourself? No, it would not be modesty, it would be pure ingratitude, which would make you a criminal towards God to doubt these truths. So enjoy the satisfaction that your conscience gives you, and believe yourself as you are on my word. I am an irreproachable witness, and the whole world knows that my fault is not to flatter fortune or men. There is no one so high under Heaven for whom I would abase myself so lowly as to say to him things similar to those I tell you, and I would not say anything to you yourself if I did not have joy in speaking of you, to speak of a person who is above all that can be said, and to feel more advantageous about her.

Can one admire you enough today that you triumph with so much glory over everything that opposes your destiny, and when you only repay the envy and persecution of your enemies with the compassion they show you? Also, knowing you as I know you, I would dare to answer for you that if you are ever in a position to take revenge on them, it will only be through graces and benefits which is the only revenge your great heart can be able. I would only like you to be known throughout the world for what you are, and I assure myself that the greatness and generosity of your soul would make you as many admirers as there are men.

However, take as a pledge of the just esteem and admiration that you have given me for you, as well as of the inviolable friendship that I profess to you, these sentiments that I give you. If they are worthy of your reading, may the glory be given to God. If there is anything that deserves to be rejected or corrected, it is up to me to beg for your forgiveness, and I hope that you grant it to me all the more willingly, as my ignorance is only too known to you, and that you will remember the violence that you have done to me so often to force me, in spite of myself, to smear the paper. You will do penance if you take the trouble to read my reveries. I am all yours. Goodbye.


Above: Kristina.


Above: Cyrus the Great, king of Achaemenid Persia. Artwork by Siamak² at Wikimedia Commons.

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