Saturday, October 12, 2024

Kristina's fictional letter from beyond the grave to women

Source:

Lettres de quelques illustres habitans de l'autre monde, écrites à quelques grands hommes de celui-ci, author unknown, pages 107 to 113, 1720


The letter:

On trouvera, sans doute étrange, que je m'adresse aujourd'hui à un Sexe pour lequel je n'ai pas témoigné beaucoup d'estime; mais si les nécessitez forcent les Loix, elles doivent aussi contraindre l'aversion, & je me vois réduite par cent injustices, que l'on fait à ma mémoire à chercher de la protection dans ce que j'ai souvent méprisé. Je demande donc pardon aux femmes, & en me mettant de leur genre, je ne croi pas leur faire un petit honneur, puis que l'on n'en a guére vû de plus extraordinaire que moi. Premiérement je puis me vanter de tous les avantages d'une glorieuse naissance, ayant eu pour Pére Gustave Adolphe, ce Grand Prince qui remplit non seulement le Nord, mais toute la Terre d'admiration, & de respect, & pour Mére Marie Eleonor[e] de Brandebourg, digne Femme d'un tel Mari. Si les beautez de mon corps ne furent pas aussi parfaites que celles des Helenes, & de ces autres Chefs-d'œuvres de la Nature, dont on fera mention de siécle en siécle; il faut que tout le monde avouë que j'avois un esprit incomparable. On me vit Reine à cinq ans, & l'on me mit de bonne heure sur la Tête, ce riche fardeau qui la fait courber à tant de Rois, & duquel on a dit que si la pesanteur en étoit connuë on ne se baisseroit pas pour le ramasser. Je le portois cependant de bonne grace, & bien loin d'en être accablée, il ne m'ébranla seulement pas. Dés que la raison m'eût fait sentir ma grandeur, je ne songeai qu'à m'en rendre digne. J'appellai dans ma Cour tout ce que je crus qui pouvoit me faire honneur. La France me fournit ce qu'elle avoit de plus rare pour les Lettres, pour la Peinture, & pour la Musique. Plusieurs Poëtes m'ont consacré leurs veilles; mais celui qui travailla le plus, ne fut pas le mieux récompensé, & je vis de certains traits dans son Ouvrage qui firent un peu souffrir ma fierté. Dans ma premiére jeunesse toutes mes inclinations paroissoient disposées à suivre la plus solide vertu, & l'on s'imaginoit que je devois éfacer les plus fameuses Héroïnes. Les amusemens de mon âge me sembloient vains & languissans; les recherches de l'ajustement, des attachemens méprisables. J'étudiois comme un Docteur, je raisonnois en Philosophe, je faisois des leçons de Morale aux plus habiles. Mais une certaine voix n'avoit pas encore parlé, & je ne me sentis plus moi-même dés qu'elle se fut fait entendre. Ce qui m'avoit le plus charmée commença à me déplaire, je n'avois cherché que les Morts, & j'eus une impatiente avidité pour les Vivans. Mais pour ne détromper pas tant de Nations qui me croyoient d'une sagesse sans besoins & sans défauts, il fallut mettre un frein à mes desirs, ou du moins les flater avec beaucoup de précaution. Je ne sçai si c'étoit le chagrin de me sentir si foible qui m'obligeoit à punir rigoureusement ceux qui avoient de la complaisance, pour mes passions, mais j'ai bien sacrifié des Victimes. Les Souverains ne peuvent pas toûjours agir seuls; il me falut des Confidens. Ils me trahirent. On s'apperçut du déréglement de ma conduite. Mes Sujets en murmurérent, & pour ne me pas faire jetter du Trône en bas, j'en décendis fort prudemment, pour le céder à Charles Adolphe [sic] mon Cousin. Ce fut alors que sous prétexte de visiter les beautez de la France, j'y cherchai des libertez que je n'osois plus prendre à Stokolm. J'y fus traitée en Reine, on me fit des Entrées pompeuses, j'eus des Palais à ma disposition, & celui de Fontaine-bleau en fut marqué en rouge.

Ce fut là qu'un Amant trop vain,
Pour avoir trop parlé de ce qu'il devoit taire,
Au sortir de mes bras se vit percer le sein.
Mais malgré son supplice, on a sçû le mistére.
Je ne le celle point, il m'avoit été cher:
Mais s'il fut indiscret je dûs être cruelle.
Quand on a des secrets, & qu'on les veut cacher,
Le crime est une bagatelle.

Je ne sçai cependant s'il en arriva en cette occasion comme des oreilles de Midas; mais soit des Roseaux, ou des bouches, on débita par tout ce que je croyois enséveli au fonds de la Terre. Voyant toutes les Scenes sur lesquelles je paroissois trop éclairées, je me déterminai au voyage de Rome. Et comme j'avois une de ces Religions commodes qu'on peut porter par tout, je jugeai que ce seroit un bel Article pour mon Histoire, que d'aller abjurer entre les mains d'un Pape les opinions de Luther, que j'avois aussi peu crûës & suivies que j'ai fait depuis les absurditez de l'Eglise Romaine. Je me sentis dans la joye en Italie, & je crûs être dédommagée de toutes mes peines, lors que je me vis dans cette célébre Cité qui a été la Maîtresse du Monde, sans Sujets pour me contraindre; sans François pour médire, & parmi un mêlange d'Etrangers qui mit mes actions en sûreté. C'étoit assez que je fusse Papiste, en des lieux où la débauche est générale, pour me faire estimer Sainte; & vous me verrez, peut-être Canoniser un jour par le Clergé Romain. Il est vrai que je ne lui fus pas si rigoureuse qu'à d'autres. Les Cardinaux, les Princes, les Légats, les Ministres, & tout le Genre Masculin me composoit une Cour où le libertinage régnoit agréablement. Ce n'est pas que j'eusse renoncé aux Filles, j'en vis assez pour faire dire que j'étois de l'humeur de Sapho, & qu'en vivant à Rome je me faisois une Loi d'en pratiquer les mœurs. Mais quelle calomnie! C'est pour cette seule raison que je vous écris, jugez un peu s'il y a de l'apparence, & défendez-moi contre ces langues envenimées qui font des contes si hors du sens. J'ai commencé & fini ma course comme je vous l'ai dit, & si je souffre, qu'on me mette au nombre des Vierges folles, il ne faut pas que vous permettiez qu'on pousse trop les choses. Le Pontife m'avoit juré solemnellement que je ne languirois point en Purgatoire. C'étoit une promesse de Jesuite, & il sçavoit bien que j'irois plus loin. Comme je ne le crûs que de bonne sorte, je ne fus guére surprise lors que je me vis enchaînée avec de toutes sortes d'Animaux, & au milieu d'un tas de Canailles qui n'auroient osé m'approcher pendant que j'étois au monde. Je ne vois point ce pauvre Cavalier dont je me défis, parce qu'il n'étoit pas muet, ou du moins qu'il ne le contrefaisoit point comme Marlet; c'est assurément qu'il est où sont les Martyrs.

With modernised spelling:

On trouvera sans doute étrange que je m'adresse aujourd'hui à un sexe pour lequel je n'ai pas témoigné beaucoup d'estime, mais si les nécessités forcent les lois, elles doivent aussi contraindre l'aversion; et je me vois réduite par cent injustices que l'on fait à ma mémoire à chercher de la protection dans ce que j'ai souvent méprisé.

Je demande donc pardon aux femmes, et, en me mettant de leur genre, je ne crois pas leur faire un petit honneur, puisque l'on n'en a guère vu de plus extraordinaire que moi. Premièrement, je puis me vanter de tous les avantages d'une glorieuse naissance, ayant eu pour père Gustave-Adolphe, ce grand prince qui remplit non seulement le Nord, mais toute la terre, d'admiration et de respect, et pour mère Marie-Éléonore de Brandebourg, digne femme d'un tel mari.

Si les beautés de mon corps ne furent pas aussi parfaites que celles des Hélènes et de ces autres chefs-d'œuvre de la nature, dont on fera mention de siècle en siècle, il faut que tout le monde avoue que j'avais un esprit incomparable. On me vit reine à cinq ans, et l'on me mit de bonne heure sur la tête ce riche fardeau qui la fait courber à tant de rois et duquel on a dit que si la pesanteur en était connue, on ne se baisserait pas pour le ramasser. Je le portais cependant de bonne grâce, et, bien loin d'en être accablée, il ne m'ébranla seulement pas.

Dès que la raison m'eut fait sentir ma grandeur, je ne songeai qu'à m'en rendre digne. J'appelai dans ma cour tout ce que je crus qui pouvait me faire honneur. La France me fournit ce qu'elle avait de plus rare pour les lettres, pour la peinture et pour la musique. Plusieurs poètes m'ont consacré leurs veilles, mais celui qui travailla le plus ne fut pas le mieux récompensé, et je vis de certains traits dans son ouvrage qui firent un peu souffrir ma fierté.

Dans ma première jeunesse toutes mes inclinations paraissaient disposées à suivre la plus solide vertu, et l'on s'imaginait que je devais effacer les plus fameuses héroïnes. Les amusements de mon âge me semblaient vains et languissants, les recherches de l'ajustement, des attachements méprisables. J'étudiais comme un docteur, je raisonnais en philosophe, je faisais des leçons de morale aux plus habiles.

Mais une certaine voix n'avait pas encore parlé, et je ne me sentis plus moi-même dès qu'elle se fut fait entendre. Ce qui m'avait le plus charmée commença à me déplaire, je n'avais cherché que les morts, et j'eus une impatiente avidité pour les vivants. Mais, pour ne détromper pas tant de nations qui me croyaient d'une sagesse sans besoins et sans défauts, il fallut mettre un frein à mes désirs, ou du moins les flatter avec beaucoup de précaution.

Je ne sais si c'était le chagrin de me sentir si faible qui m'obligeait à punir rigoureusement ceux qui avaient de la complaisance pour mes passions, mais j'ai bien sacrifié des victimes. Les souverains ne peuvent pas toujours agir seuls; il me fallut des confidents. Ils me trahirent. On s'aperçut du dérèglement de ma conduite. Mes sujets en murmurèrent, et pour ne me pas faire jeter du trône en bas, j'en descendis fort prudemment pour le céder à Charles-Adolphe [sic], mon cousin.

Ce fut alors que, sous prétexte de visiter les beautés de la France, j'y cherchai des libertés que je n'osais plus prendre à Stockholm. J'y fus traitée en reine, on me fit des entrées pompeuses, j'eus des palais à ma disposition, et celui de Fontainebleau en fut marqué en rouge.

Ce fut là qu'un amant trop vain,
Pour avoir trop parlé de ce qu'il devait taire,
Au sortir de mes bras, se vit percer le sein.
Mais malgré son supplice, on a su le mystère.
Je ne le celle point, il m'avait été cher.
Mais s'il fut indiscret, je dus être cruelle.
Quand on a des secrets, et qu'on les veut cacher,
Le crime est une bagatelle.

Je ne sais cependant s'il en arriva en cette occasion comme des oreilles de Midas, mais soit des roseaux ou des bouches, on débita partout ce que je croyais enseveli au fonds de la terre. Voyant toutes les scènes sur lesquelles je paraissais trop éclairées, je me déterminai au voyage de Rome. Et, comme j'avais une de ces religions commodes qu'on peut porter partout, je jugeai que ce serait un bel article pour mon histoire que d'aller abjurer entre les mains d'un pape les opinions de Luther, que j'avais aussi peu crues et suivies que j'ai fait depuis les absurdités de l'Église romaine.

Je me sentis dans la joie en Italie, et je crus être dédommagée de toutes mes peines lorsque je me vis dans cette célèbre cité qui a été la maîtresse du monde sans sujets pour me contraindre, sans Français pour médire, et parmi un mélange d'étrangers qui mit mes actions en sûreté. C'était assez que je fusse papiste, en des lieux où la débauche est générale, pour me faire estimer sainte; et vous me verrez peut-être canoniser un jour par le clergé romain.

Il est vrai que je ne lui fus pas si rigoureuse qu'à d'autres. Les cardinaux, les princes, les légats, les ministres et tout le genre masculin me composait une cour où le libertinage régnait agréablement. Ce n'est pas que j'eusse renoncé aux filles. J'en vis assez pour faire dire que j'étais de l'humeur de Sappho et qu'en vivant à Rome je me faisais une loi d'en pratiquer les mœurs.

Mais quelle calomnie! C'est pour cette seule raison que je vous écris. Jugez un peu s'il y a de l'apparence, et défendez-moi contre ces langues envenimées qui font des contes si hors du sens. J'ai commencé et fini ma course comme je vous l'ai dit, et si je souffre qu'on me mette au nombre des vierges folles, il ne faut pas que vous permettiez qu'on pousse trop les choses.

Le pontife m'avait juré solennellement que je ne languirais point en purgatoire. C'était une promesse de jésuite, et il savait bien que j'irais plus loin. Comme je ne le crus que de bonne sorte, je ne fus guère surprise lorsque je me vis enchaînée avec de toutes sortes d'animaux et au milieu d'un tas de canailles qui n'auraient osé m'approcher pendant que j'étais au monde. Je ne vois point ce pauvre cavalier dont je me défis, parce qu'il n'était pas muet, ou du moins qu'il ne le contrefaisait point comme Marlet; c'est assurément qu'il est où sont les martyrs.

Swedish translation (my own):

Det kommer utan tvivel att befinnas märkligt att jag idag vänder mig till ett kön som jag inte visat mycket aktning för, men om nödvändigheter tvingar fram lagarna, måste de också begränsa motvilja; och jag ser mig själv reducerad av hundra orättvisor som görs mot mitt minne för att söka skydd i det jag ofta har föraktat.

Jag ber kvinnorna därför om ursäkt, och genom att ställa mig till deras slag, tror jag inte att jag gör dem en liten ära, ty man knappast har sett en kvinna mer extraordinär än jag. För det första kan jag skryta med alla fördelarna med en härlig börd, efter att ha haft som min far Gustav Adolf, denna store prins som fyller inte bara Norden, utan hela jorden, med beundran och respekt, och som min mor Maria Eleonora av Brandenburg, en värdig maka till en sådan man.

Om inte min kropps skönhet var lika perfekt som Helena och de andra naturmästerverken, som kommer att nämnas från sekel till sekel, måste det erkännas av alla att jag hade ett makalöst sinne. Man såg mig som drottning vid fem år gammal, och man lade tidigt på mitt huvud den rika bördan som får så många konungar att böja sig och om vilken det har sagts att om dess vikt var känd, skulle man inte böja sig för att ta upp den. Jag bar den dock med god grace, och långt ifrån att bli överväldigad av den, den gjorde mig inte ens orolig.

Så snart förnuftet hade fått mig att känna min storhet, tänkte jag bara på att göra mig värdig den. Jag kallade till mitt hov alla som jag trodde kunde göra mig ära. Frankrike försåg mig med det som var mest sällsynt för litteratur, för måleri och för musik. Flera diktare har helgat sina vakor åt mig, men den som arbetade mest fick inte den bästa belöningen, och jag såg vissa drag i hans verk som gjorde att min stolthet led lite.

I min tidiga ungdom verkade alla mina böjelser vara benägna att följa den mest solida dygd, och man inbillade sig att jag måste utplåna de mest kända hjältinnor. Min ålders nöjen tycktes mig vara fåfänga och tråkiga, rechercherna till ajustemanger och attachemaner var mig föraktliga. Jag studerade som en doktor, jag resonerade som en filosof, jag gav moraliska lektioner till de klokaste männen.

Men en viss röst hade ännu inte talat, och jag kände mig inte längre som mig själv så fort den hördes. Det som hade charmerat mig mest började misshaga mig, jag hade bara sökt de döda och hade en otålig iver efter de levande. Men för att inte ta så många nationer ur deras villfarelse som trodde att jag var av en visdom utan behov och utan defekter, var det nödvändigt att bromsa mina önskningar, eller åtminstone att smickra dem med stor försiktighet.

Jag vet inte om det var sorgen över att känna mig så svag som tvingade mig att rigoröst straffa dem som hade självbelåtenhet för mina passioner, men jag har verkligen offrat slaktoffer. Suveräner kan inte alltid agera ensamma; jag behövde förtrogna. De förrådde mig. Oordningen i mitt beteende märktes. Mina undersåtar mumlade därom, och för att inte bli bortkastade från tronen, steg jag mycket försiktigt ned från den för att avstå den till Karl Adolf [sic], min kusin.

Det var då jag under förevändning att besöka Frankrikes skönheter sökte friheter där som jag inte längre vågade ta i Stockholm. Jag behandlades där som en drottning, jag fick pompösa intåg, jag hade palats till mitt förfogande, och Fontainebleau var markerat i rött.

Det var där som en älskare för fåfäng,
För att ha talat för mycket om det han borde ha tigat,
När han lämnade mina armar såg han sin bröst genomborrade.
Men trots hans tortyr var mysteriet känt.
Jag döljer det inte, han hade varit mig kär.
Men om han var indiskret, så måste jag vara grym.
När man har hemligheter och vill dölja dem,
Så är brott en bagatell.

Jag vet dock inte om det kom vid detta tillfälle som om det vore Midas öron, men om det var vass eller munnar, det som jag trodde var begravt i jordens djup yttrades överallt. När jag såg alla scener där jag verkade alltför upplyst bestämde jag mig för resan till Rom. Och eftersom jag hade en av de där bekväma religionerna som man kan bära överallt, bedömde jag att det skulle vara en fin artikel för min historia att gå och avvärja i händerna på en påve Luthers åsikter, som jag hade trott och följt så lite som jag sedan dess trott och följt den romerska Kyrkans absurditeter.

Jag kände mig glad i Italien, och jag trodde mig vara kompenserad för alla mina besvär när jag såg mig själv i denna berömda stad, som har varit världens härskarinna, utan undersåtar att begränsa mig, utan fransmän att förtala mig, och bland en blandning av utlänningar som sätter mina handlingar i säkerhet. Det räckte att jag var en papist, på platser där utsvävningar är allmänt, för att göra mig aktad som ett helgon; och ni kommer kanske att se mig helgonförklarad en dag av det romerska prästerskapet.

Det är sant att jag inte var så sträng med den som med de andra. Kardinalerna, furstarna, legaterna, ministrarna och alla män av arten komponerade ett hov åt mig där friheten rådde behagligt. Det är inte så att jag hade avstått från flickor. Jag såg tillräckligt många av dem för att det skulle sägas att jag var av Sapfos humör och att när jag bodde i Rom gjorde jag det till en lag för mig att utöva hennes moral.

Men vilket förtal! Det är bara av denna anledning som jag skriver till er. Döm lite om det finns något sken och försvar mig mot dessa giftiga tungor som gör så meningslösa sagor. Jag har börjat och avslutat min kurs som jag har sagt er, och om jag låter mig placeras bland de galna jungfrurs antal, får ni inte låta saker och ting skjutas för långt.

Påven hade högtidligt svurit mig att jag inte skulle tyna bort i skärselden. Det var ett jesuitlöfte, och han visste väl att jag skulle gå längre. Eftersom jag bara trodde på det på ett bra sätt, blev jag inte alls förvånad när jag såg mig själv kedjad med alla möjliga djur och mitt i en hög av skurkar som inte skulle ha vågat närma sig mig medan jag var i världen. Jag ser inte denne stackars kavaljer som jag misstror, ty han inte var stum, eller åtminstone inte låtsades vara som Marlet; han är förvisso där martyrerna är.

English translation (my own):

It will no doubt be found strange that I should address myself today to a sex for which I have not shown much esteem, but if necessities force the laws, they must also constrain aversion; and I see myself reduced by a hundred injustices done to my memory to seek protection in what I have often despised.

I therefore beg pardon of women, and, in putting myself of their kind, I do not think I am doing them a small honour, as one has hardly seen a woman more extraordinary than me. Firstly, I can boast of all the advantages of a glorious birth, having had as my father Gustav Adolf, this great prince who fills not only the North, but the whole earth, with admiration and respect, and as my mother Maria Eleonora of Brandenburg, a worthy wife of such a husband.

If the beauties of my body were not as perfect as those of Helens and those other masterpieces of nature, which will be mentioned from century to century, it must be admitted by all that I had an incomparable mind. One saw me as queen at five years old, and one placed on my head early that rich burden which makes so many kings bend and of which it has been said that if its weight were known, one would not stoop to pick it up. I bore it, however, with good grace, and, far from being overwhelmed by it, it did not even faze me.

As soon as reason had made me feel my greatness, I thought only of making myself worthy of it. I called to my court everyone whom I believed could do me honour. France provided me with what it had most rare for literature, for painting and for music. Several poets have consecrated their vigils to me, but the one who worked the most was not the best rewarded, and I saw certain traits in his work that made my pride suffer a little.

In my early youth all my inclinations appeared disposed to follow the most solid virtue, and one imagined that I must efface the most famous heroines. The amusements of my age seemed to me vain and languishing, the recherches for adjustment and attachments despicable. I studied like a doctor, I reasoned like a philosopher, I gave moral lessons to the most clever men.

But a certain voice had not yet spoken, and I no longer felt like myself as soon as it was heard. What had charmed me most began to displease me, I had sought only the dead, and I had an impatient avidity for the living. But, in order not to disabuse so many nations who believed me to be of a wisdom without needs and without defects, it was necessary to put a brake on my desires, or at least to flatter them with great precaution.

I do not know if it was the sorrow of feeling so weak that forced me to rigorously punish those who had complacency for my passions, but I have indeed sacrificed victims. Sovereigns cannot always act alone; I needed confidants. They betrayed me. The disorder of my conduct was noticed. My subjects murmured about it, and in order not to be thrown from the throne, I descended from it very prudently to cede it to Karl Adolf [sic], my cousin.

It was then that, under the pretext of visiting the beauties of France, I sought liberties there that I no longer dared to take in Stockholm. I was treated there as a queen, I was given pompous entrances, I had palaces at my disposal, and that of Fontainebleau was marked in red.

It was there that a lover too vain,
For having spoken too much of what he should have kept silent,
On leaving my arms, saw his breast pierced.
But despite his torture, the mystery was known.
I do not hide it, he had been dear to me.
But if he was indiscreet, I had to be cruel.
When one has secrets, and one wants to hide them,
Crime is a trifle.

I do not know, however, whether it came on this occasion as if it were the ears of Midas, but whether it was reeds or mouths, what I believed to be buried in the depths of the earth was everywhere uttered. Seeing all the scenes on which I seemed too enlightened, I determined on the journey to Rome. And, as I had one of those convenient religions that one can carry everywhere, I judged that it would be a fine article for my history to go and abjure in the hands of a pope the opinions of Luther, which I had believed and followed as little as I have since believed and followed the absurdities of the Roman Church.

I felt joyful in Italy, and I believed myself to be compensated for all my troubles when I saw myself in this famous city, which has been the mistress of the world, without subjects to constrain me, without Frenchmen to slander me, and among a mixture of foreigners who put my actions in security. It was enough that I was a Papist, in places where debauchery is general, to make me esteemed a saint; and you will perhaps see me canonised one day by the Roman clergy.

It is true that I was not so strict with it as with others. The cardinals, the princes, the legates, the ministers and all the males of the species composed a court for me where libertinage reigned agreeably. It is not that I had renounced girls. I saw enough of them to make it be said that I was of Sappho's humour and that while living in Rome I made it a law for me to practice her morals.

But what calumny! It is for this reason alone that I write to you. Judge a little if there is any appearance, and defend me against these poisonous tongues which make such nonsensical tales. I have begun and ended my course as I have told you, and if I suffer myself to be placed among the number of mad virgins, you must not allow things to be pushed too far.

The Pontiff had solemnly sworn to me that I would not languish in Purgatory. It was a Jesuit promise, and he knew well that I would go further. As I believed it only in a good way, I was not at all surprised when I saw myself chained with all sorts of animals and in the midst of a heap of scoundrels who would not have dared to approach me while I was in the world. I do not see this poor cavalier whom I distrust, because he was not mute, or at least he did not pretend to be like Marlet; he is assuredly where the martyrs are.


Above: Kristina.

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