Saturday, October 12, 2024

Fictional letter to Kristina from a vestal virgin

Source:

Lettres de quelques illustres habitans de l'autre monde, écrites à quelques grands hommes de celui-ci, author unknown, pages 114 to 115, 1720


The letter:

Mon Dieu, Madame, que vôtre Majesté avoit bien débuté dans sa Lettre, & que je prenois de plaisir à voir vos belles dispositions à la Vertu! Quelle étoit donc cette voix enchanteresse qui vous mit hors du bon chemin? Il faloit que ce fût un Diable. Que ne preniez-vous de l'Eau-benite? Nous n'opposons point d'autre bouclier aux dards du Malin, qui nous piquent assez souvent. Mais, à propos, vous étiez encore Lutherienne, & ce n'est que pour les Catholiques Romaines que ce reméde a de la vertu. J'ai trop entendu prêcher la charité pour n'être pas touchée du traitement que vous fites à ce pauvre Gentilhomme que vous aviez tant aimé, & que vous épargnâtes si peu. O Ciel! quel Amour étoit le vôtre? Malheur à ceux qui vous plaisoient. On voit bien que vous n'avez jamais crû le Purgatoire, ni craint l'Enfer; & je ne voudrois pas pour vôtre grande Naissance, vôtre Esprit sublime, vôtre Science profonde, & quatre Trônes les uns sur les autres, cruelle comme vous. Quelles femmes oseroient entreprendre de vous justifier, si vous avez tous les Amans à dos? J'entens quelquefois parler de vous d'une maniére qui me fait baisser mon voile, & vous y contribuez vous-même par vôtre belle confession.

Pour conserver la bien-seance
Il faut se déguiser un peu,
Quand on n'a point de conscience
On doit du moins cacher son jeu.

Il est aisé de juger que la vôtre est large comme la Manche d'un Cordelier, puis que vous avez commencé par l'esprit, & fini par la chair. Il est des momens où je suivrois volontiers vôtre exemple, & si vous pouviez obtenir du Pape une dispense de mes vœux, dont le fardeau me tuë, je romprois des lances pour vous, & l'on trouveroit bien moins étrange de voir une Religieuse renoncer à son Couvent, qu'une Reine à sa Couronne.

With modernised spelling:

Mon Dieu, Madame, que Votre Majesté avait bien débuté dans sa lettre, et que je prenais de plaisir à voir vos belles dispositions à la vertu! Quelle était donc cette voix enchanteresse qui vous mit hors du bon chemin? Il fallait que ce fut un diable. Que ne preniez-vous de l'eau bénite? Nous n'opposons point d'autre bouclier aux dards du malin, qui nous piquent assez souvent.

Mais, à propos, vous étiez encore luthérienne, et ce n'est que pour les catholiques romaines que ce reméde a de la vertu. J'ai trop entendu prêcher la charité pour n'être pas touchée du traitement que vous fîtes à ce pauvre gentilhomme que vous aviez tant aimé, et que vous épargnâtes si peu.

Ô ciel! quel amour était le vôtre? Malheur à ceux qui vous plaisaient! On voit bien que vous n'avez jamais cru le purgatoire, ni craint l'enfer; et je ne voudrais pas pour votre grande naissance, votre esprit sublime, votre science profonde et quatre trônes les uns sur les autres cruelle comme vous.

Quelles femmes oseraient entreprendre de vous justifier si vous avez tous les amants à dos? J'entends quelquefois parler de vous d'une manière qui me fait baiser mon voile, et vous y contribuez vous-même par votre belle confession.

Pour conserver la bienséance,
Il faut se déguiser un peu.
Quand on n'a point de conscience,
On doit du moins cacher son jeu.

Il est aisé de juger que la vôtre est large comme la manche d'un cordelier, puisque vous avez commencé par l'esprit et fini par la chair. Il est des moments où je suivrais volontiers votre exemple, et si vous pouviez obtenir du pape une dispense de mes vœux, dont le fardeau me tue, je romprais des lances pour vous; et l'on trouverait bien moins étrange de voir une religieuse renoncer à son couvent qu'une reine à sa couronne.

Swedish translation (my own):

Min Gud, madam, vad väl Ers Majestät hade börjat i Ert brev, och vad jag njöt av att se Era vackra sinnelag för dygd! Vad var den här förtrollande rösten som fick Er att hamna på rätt väg? Det måste ha varit en djävul. Varför tog Ni inte lite heligt vatten? Vi har ingen annan sköld att motverka hin ondes pilar, som sticker oss ganska ofta.

Men förresten, Ni var fortfarande lutheran, och det är bara för romerska katoliker som detta botemedel har dygd. Jag har hört välgörenhet predika för mycket för att inte bli berörd av behandlingen Ni gav denne stackars herre som Ni hade älskat så mycket och som Ni skonade så lite.

O himlen! vilken kärlek var Ers? Ve dem som behagade Er! Det är tydligt att Ni aldrig trodde på skärselden och inte heller fruktade helvetet; och jag skulle inte vilja att Er stora börd, Ert sublima sinne, Er djupa kunskap och fyra troner ovanpå varandra skulle vara lika grym som Ni.

Vilka kvinnor skulle våga åta sig för att rättfärdiga Er om Ni har alla älskare i ryggen? Ibland hör jag Er talas om på ett sätt som får mig att kyssa min slöja, och Ni bidrar själv därtill genom Er vackra bekännelse.

För att bevara bienséance,
Man måste förställa sig lite.
När man inte har samvete,
Man måste åtminstone dölja sitt spel.

Det är lätt att bedöma att Ers är lika bred som en franciskaners ärm, som Ni har börjat med anden och slutat med köttet. Det finns tillfällen då jag villigt skulle följa Ert exempel, och om Ni kunde få av påven en dispens från mina löften, vars börda dödar mig, skulle jag bryta lansar för Er; och man skulle finna det mycket mindre konstigt att se en nunna avsäga sig sitt kloster än en drottning sin krona.

English translation (my own):

My God, Madame, how well Your Majesty had begun in your letter, and how I took pleasure in seeing your beautiful dispositions towards virtue! What was this enchanting voice that put you off the right path? It must have been a devil. Why did you not take some holy water? We have no other shield to oppose the darts of the evil one, which sting us quite often.

But, by the way, you were still a Lutheran, and it is only for Roman Catholics that this remedy has virtue. I have heard charity preached too much not to be touched by the treatment you gave to this poor gentleman whom you had loved so much and whom you spared so little.

O Heaven! what love was yours? Woe to those who pleased you! It is clear that you never believed in Purgatory, nor feared Hell; and I would not want for your great birth, your sublime mind, your profound knowledge and four thrones one on top of the other, to be as cruel as you.

What women would dare to undertake to justify you if you have all lovers at your back? I sometimes hear you spoken of in a way that makes me kiss my veil, and you yourself contribute to it by your beautiful confession.

To preserve bienséance,
One must disguise oneself a little.
When one has no conscience,
One must at least hide one's game.

It is easy to judge that yours is as broad as a Franciscan's sleeve, as you have begun with the spirit and ended with the flesh. There are times when I would willingly follow your example, and if you could obtain from the Pope a dispensation from my vows, the burden of which kills me, I would break lances for you; and one would find it much less strange to see a nun renounce her convent than a queen her crown.


Above: Kristina.

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