Saturday, October 5, 2024

Excerpts from Madame du Noyer's letter to an unknown female recipient, on her conversation with an anonymous Swedish man claiming to have been Kristina's page as a boy, about Kristina's abdication, the execution of Monaldeschi, Kristina's love for Magnus Gabriel de la Gardie, her/his/their character, and a dubious anecdote about her/his/their having met Queen Sophie Amalie of Denmark in disguise at an inn in the summer of 1654, year 1711

Source:

Lettres historiques et galantes de Madame du Noyer, volume 4, pages 183 to 200, by Anne-Marguerite du Noyer, 1711


The account:

D'AIX-LA-CHAPELLE.
... Pour revenir où j'en étois, je vous dirai qu'un Seigneur Suédois qui m'exageroit les belles qualitez de son Roi, me dit ensuite que le Trône de Suéde avoit toûjours été dignement rempli; témoin le grand Gustave Adolphe, & la Reine Christine sa fille. Je convins du premier, & je pris la liberté de lui dire que l'autre avoit un peu dégénéré des Vertus de son illustre Pére, par une conduite qui n'avoit pas été fort approuvée. Je lui citai là-dessus la mort de Monaldelchi [sic], & ce qu'on prétendoit qui en avoit été l'ocasion. Mais il me dit que j'étois mal informée, & qu'il étoit arrivé à cette Princesse ce qui arrive ordinairement à ceux que la Fortune abandonne, & que sans examiner que c'étoit elle qui avoit abandonné la Fortune, on étoit passé sur son chapitre, de l'admiration au blâme, & du blâme au mépris; sans autre raison que celle qui engage les Peuples à sacrifier à leurs intérêts, & à n'ofrir leurs encens qu'a des Divinitez utiles. «Christine laissa son mérite», continua ce Seigneur, «dans le Trône, qu'elle voulut bien céder de son mouvement à son Cousin; & l'action la plus grande & la plus heroïque qui se soit jamais faite, fut empoisonnée par ceux qui la voïant dépoüillée de ses Etats, ne crurent plus être obligez d'avoir aucun ménagement pour elle, parce qu'ils n'en atendoient plus de graces: & comptant pour rien celles qu'ils en avoient dêja reçuës, ils ne se firent pas de scrupule d'être ingrats.» «Le malheureux Monaldelchi [sic]», continua-t-il, «est un éxemple de l'ingratitude du monde la plus monstrueuse! Cette Reine l'avoit comblé de bienfaits: elle lui avoit accordé toute sa confiance, & ce traître la déchiroit par les calomnies les plus atroces & les plus éloignées de la vérité; & cela pour faire sa Cour, & parce que c'étoit la mode de tirer sur cette pauvre Princesse qu'on croïoit pouvoir ofenser impunément. On ne doit pas s'étonner si le châtiment suivit de près la découverte de l'ofense. Celle-là étoit d'une nature à devoir être punie; & l'honneur de la Reine l'engageoit â rendre cette punition éxemplaire. Ce fut pour cela que sans diferer, quoi qu'elle fût dans ce tems-là à Fontainebleau, elle le fit mourir aprés lui avoir reproché l'horreur de son crime, & le fit passer, des mains d'un Pére Maturin qui eut soin de le confesser, dans celles de ceux qui étoient chargez de lui arracher une vie dont il s'étoit rendu indigne, aussi bien que des bontez de sa Bienfaictrice, auxquelles il eut en vain recours. Le Roi se formalisa de ce qu'elle avoit entrepris pareille chose dans une de ses Maisons! & voila sur quoi on a fait tant de bruit. La Reine prétendoit être en droit de disposer de ceux qui lui apartenoient, sans être obligée de rendre compte de ses actions qu'à Dieu; puis que comme Souveraine, il n'y avoit que lui seul qui pût la juger. Le Roi de France prétendoit de son côté être seul Maître dans ses Etats, & y avoir seul pouvoir de vie & de mort. Ce diférent obligea la Reine d'en sortir; & ce fut le commencement des malheurs qui l'ont toûjours accompagnée depuis son abdication.» «Mais, quoi!» dis je alors, à ce Gentilhomme: «ce Monaldelchi [sic] n'étoit-il point l'Amant de Christine? N'étoit-ce pas pour pouvoir vivre avec plus de liberté avec lui qu'elle avoit abandonné le Trône?» «Nullement», me répondit-il; «& si vous saviez bien la carte, vous n'auriez garde de donner dans ce sentiment populaire. J'avouë que bien des gens ont été dans la même erreur, qu'il est très aisé de détruire en vous disant que le cœur de la Reine prévenu dès l'enfance pour un autre, étoit incapable de prendre de nouvelles impressions. Elle aimoit un jeune Seigneur apellé Lagardie, de Famille Françoise, & même Gasconne; car son Pére ou son Grand Pére étoit originaire de Narbonne en Languedoc où il a encore des Parens qui portent son nom. Il avoit mille bonnes qualitez; & Christine l'auroit jugé digne du Trône, si les ordres de son Pére ne l'avoient obligée d'y placer un Prince de son Sang qu'il lui avoit destiné pour Epoux. Ainsi ne pouvant se résoudre à sacrifier son Amant à ce cruel devoir, moins encore de sacrifier son devoir à cet Amant, cette Ame grande & généreuse forma le dessein de se sacrifier elle-même, & de céder à ce Cousin le Trône qu'elle n'étoit obligée que de partager avec lui, afin que son entiére possession le dédommageât de la perte d'un cœur qu'elle n'étoit plus en état de donner. Ce fut alors qu'on la vit paroître aux yeux de son Peuple, sous un riche Dais, avec cette grace & cette majesté que donne l'éclat du Diadême & les agrémens de la plus brillante Jeunesse, & qu'après un discours le plus éloquent & le plus touchant du monde, elle se défit en leur presence de l'Autorité Royale, & en revêtit le Prince son Cousin, qui de son côté parut moins sensible à cet avantage, qu'à celui dont il se voïoit privé en perdant l'espérance de la posséder. Il auroit été aisé après cela à la Reine de satisfaire son inclination, en épousant Lagardie: mais comme cette démarche auroit pu diminuer le mérite de la premiére, elle n'eut garde de la faire; & jalouse de cette haute réputation qu'elle s'étoit acquise dans le monde, & que la calomnie n'a pas laissé d'ataquer depuis, ne voulant pas qu'on pût lui reprocher la moindre foiblesse, elle voulut triompher de celle de son cœur, en s'eloignant de celui qui la causoit, & résolut pour cela de voïager dans une partie des Cours de l'Europe. Il n'y eut point de Souverain qui ne se fît un plaisir de voir une Princesse si magnanime. Elle se vit admirée par tout; & la France lui fit rendre tous les honneurs imaginables. Mais comme on se lasser d'admirer, & que le panchant des hommes les rend bien plus enclins à condanner le prochain, il lui arriva ce qui est arrivé de nos jours au Roi Jaques d'Angleterre, qui fut d'abord reçû en France comme un Martir, ou du moins Confesseur de la Religion Catholique, qu'il avoit mieux aimé conserver que de conserver sa Couronne. Peu s'en faloit qu'on ne lui déclarât ses habits pour en faire des Reliques; & quelque tems après on l'acusa de manque de prudence: On imputa, a atirez à ce Roïaume. On imputa, dis-je, tout cela à sa mauvaise conduite; & il eut la douleur avant mourir, de se voir en quelque maniére méprisé de ceux qui l'avoient admiré quelques années auparavant, quoi qu'il n'eût pas plus mérité leur admiration, ni leur mépris dans un tems que dans un autre, & seulement parce qu'on ne sauroit être toûjours d'un même avis, & que, comme les deux contraires se touchent, on passe très facilement d'une extrêmité dans une autre. C'est ce que la pauvre Christine a éprouvé dans cet exil qu'elle s'étoit voluntairement imposé, malgré les rares talens & les Vertus dont elle avoit hérité du Grand Gustave son Pére: Car elle avoit joint au plus heureux naturel du monde, la connoissance des Sciences les plus relevées. Elle parloit toutes sortes de Langues; & son cœur & ses sentimens la mettoient autant au dessus des personnes de son Sexe, qu'elle l'étoit par son rang & par sa naissance. Ainsi ne se croïant pas obligée de se conformer aux manieres & à la portée de certains esprits si fort au dessous du sien, elle s'exposoit souvent à leur critique; & c'étoit bien moins par sa faute que par le manque de discernement de ceux qui la critiquoient.» «Mais», dis je alors, «il me semble avoir ouï dire que sa conduite n'avoit pas été la plus réguliére du monde à Rome: & certain Livre que les uns traitent d'Histoire, & les autres de Roman, intutilé la Vie du Signor Roselli, ne donne pas une idée fort avantageuse de cette Princesse.» «C'est, Madame» repliqua le Suédois, «parce que l'Auteur de ce Livre ne la connoissoit pas comme j'ai eu l'honneur de la connoître, & que, comme bien d'autres, il parloit peut-être de ce qu'il n'avoit jamais vû: car on ne pouvoit reprocher à cette Reine que son changement de Religion: & à cette action près, toutes celles de sa vie ont été héroïques. Il ne lui manquoit que l'éclat d'une Couronne pour les faire briller dans tout leur jour: & chez les gens raisonnables, le défaut de Couronne devoit en relever le mérite, puis que c'étoit elle qui l'avoit cédée, ne voulant pas la garder aux dépens de sa liberté, ni dissimuler un moment pour concilier les choses. Car il lui auroit été aisé, si elle avoit été capable des foiblesses qu'on lui a imputées, de se marier avec son Cousin, & de le placer sur le Trône, sans chasser Lagardie de son cœur. Elle avoit sans doute assez d'esprit pour pouvoir se ménager une intrigue; & comme les Souverains se mettent pour la plûpart au dessus des Loix, son Trône lui auroit paru un azile assez sûr, si sa Vertu & sa Conscience ne lui eussent imposé des Loix plus austéres.» J'écoutois tout ce que ce Gentilhomme me disoit, et j'étois même bien aise qu'il justifiât la mémoire d'une Princesse que je voudrois pouvoir estimer & dont on peut dire avec justice, que le Ciel lui accorda des dons extraordinaires. Ainsi bien-loin d'interrompre mon Conteur, je le priai de continuer un discours qui me faisoit plaisir; & je lui fis même des questions sur de certaines circonstances, & je lui demandai de quelle maniére la Reine avoit fait son Voïage; comment elle étoit sortie de la Suéde; quelle route elle avoit prise. «Je puis», me dit-il, «vous parler savamment là-dessus; car j'avois l'honneur d'être son Page.» «Ce n'est pas», ajoûta-t-il, «un tître de Jeunesse pour moi; mais n'importe! toutes les choses de la vie ont deux faces; & si je ne suis plus assez jeune pour mériter la tendresse des Dames, je pourrai prétendre à leur confiance & à cette espéce de considération qu'on est obligé d'avoir pour les cheveux gris.» «Après cette plaisante digression, Madame», me dit-il, «je vais vous aprendre un incident de la vie de cette Princesse, qui n'a pas été sçû de ceux qui se sont ingérez d'écrire sa vie. Après qu'elle eut abdiqué la Couronne, & qu'elle eut réglé toutes choses pour que les Revenus qu'elle s'étoit réservez pûssent lui être portez par toute terre, elle fit équiper certain nombre de Vaisseaux pour elle & pour tout son train. On y embarqua ses Equipages & des Domestiques, & on fit acroire aussi qu'elle s'y étoit embarquée. Mais pendant que cette Flote mettoit la Voile au vent, ne voulant pas s'exposer aux incommoditez & aux incertitudes de la Mer, elle résolut d'aller incognito par terre, & de ne prendre qu'un très petit nombre de personnes avec elle. Je fus le seul Page qu'elle choisit. Nous traversâmes le Danemarc: & comme elle n'étoit pas trop bien avec le Roi qui y régnoit alors, elle ne voulut pas qu'il sût qu'elle traversoit ses Etats; & le Comte de Dohna, Maréchal de la Couronne de Suéde, fut chargé de demander comme pour lui, qu'on ouvrît un chemin qui étoit ordinairement fermé & réservé aux personnes de la Cour. La Reine y passa en habit de Cavalier, & sous le nom du fils du Comte de Dohna. Mais quelque soin qu'on eût pris de cacher sa marche, on ne put éviter que le Roi de Danemarc n'en fût instruit, & qu'à la premiére Journée, il ne se rencontrât sur sa route, sous prétexte d'une partie de Chasse. Le Comte de Dohna décendit promptement du Carosse où il étoit avec la Reine, & fut saluer ce Monarque. Il lui demanda pardon pour son prétendu fils, qu'il suposoit hors d'état de rendre ses devoirs à Sa Majesté, parce qu'il venoit de se donner une entorce au pié. Le Roi de Danemarc reçut ses excuses, & feignit de croire ce qu'on vouloit qu'il crût, quoi qu'il sût bien à quoi s'en tenir. Pendant ce tems-là, la Reine apuïée sur le portiére, tâchoit de se couvrir le visage avec son Chapeau qu'elle tenoit à la main; & jamais conversation ne lui avoit paru si longue. Dès qu'elle fut finie, le Comte remonta dans son Carosse; & à peine étoit-on hors de cette embuscade qu'on donna dans une seconde. La Reine de Danemarc instruite de l'endroit où Christine devoit dîner, & curieuse de voir cette Princesse, s'y étoit renduë en habit déguisé pour pouvoir l'éxaminer avec plus de loisir. Elle s'étoit travestie en Servante de Cabaret; & pendant tout le dîner elle fut auprès de la table de nôtre Reine, qui n'aïant garde de se défier du tour, parloit avec une entiére liberté du Roi de Danemarc, & de la maniére dont il l'avoit ennuïée; du chagrin qu'elle avoit eu de sa rencontre, & de cent choses de cette nature qui n'étoient pas les plus obligeantes du monde. La Reine remonta ensuite dans son Carosse; & comme je sortis le dernier de ce Cabaret, je fus surpris de voir cette même Servante à laquelle j'avois dit mille plaisanteries quelques momens auparavant, & de la voir parée en Reine, suivie de ses Pages & de ses Filles d'Honneur, & de l'entendre traiter de Majesté. Je voulus me jetter à ses pieds pour lui demander pardon des fautes que mon ignorance m'avoit fait commettre: mais bien loin d'en être en colére, elle me dit qu'elle m'étoit bien obligée de ce que je lui avois apris à ranger des Corbeilles de fruit; & pour m'en remercier elle me fit présent d'une Bourse où je trouvai deux cens Loüis, & elle partit en me disant; «mon ami, dites à la Reine vôtre Maîtresse que ses Ambassadeurs l'ont mal servie, & qu'elle ne rend pas justice au Roi de Danemarc.» Dès qu'elle fut partie je courus au galop joindre le Carosse de ma Reine, & lui conter mon Avanture. Elle en fut d'abord surprise: mais comme elle avoit l'esprit fort, elle prit bien-tôt son parti là-dessus. «Quoi!» dit-elle, «cette Servante de Cabaret que j'ai toûjours vûë pendant le diner étoit la Reine de Danemarc! Il lui est arrivé ce qui arrive à la plûpart des Curieux; ils font souvent des découvertes qui ne leur sont pas agréables; c'est sa faute: & comme je n'ai pas le don de deviner, je n'avois garde de la chercher sous un habit si indigne d'elle.» Après cela il n'en fut plus parlé. La Reine continua sa route de cette maniére, jusques à l'endroit où elle avoit donné rendez-vous à ses Equipages. Et comme l'habit d'homme lui parut plus commode pour le Voïage, elle le garda & y joignit par bien-séance une Jupe: Ainsi elle étoit comme sont à présent les Dames de la Cour de France lors qu'elles vont à la Chasse: & cette maniére d'ajustement passa dans l'esprit de certaines gens pour indécent, & pour un éset du déréglement de cette Princesse. Enfin on lui faisoit des crimes des choses du monde les plus innocentes & les moins essentielles: ce qui fait bien voir qu'on n'avoit pas des sujets fort légitimes de la blâmer. La mort de l'ingrat Monaldelchi [sic] fournit le plus plausible; aussi le prit-on promtement aux cheveux; & pour agraver la chose, on eut soin, par des conjectures les plus calomnieuses du monde, d'y donner un tour criminel.» Le Suédois finit là son discours, parce que la Compagnie se sépara dans ce moment-là; & je crois que je puis bien finir ici cette Lettre, car il est tard, & le papier & la lumiére me vont manquer en même tems. Je suis,
MADAME,
Vôtre, &c.

With modernised spelling:

D'Aix-la-Chapelle.
... Pour revenir où j'en étais, je vous dirai qu'un seigneur suédois qui m'exagérait les belles qualités de son roi, me dit ensuite que le trône de Suède avait toujours été dignement rempli, témoin le grand Gustave-Adolphe et la reine Christine, sa fille.

Je convins du premier, et je pris la liberté de lui dire que l'autre avait un peu dégénéré des vertus de son illustre père par une conduite qui n'avait pas été fort approuvée. Je lui citai là-dessus la mort de Monaldeschi et ce qu'on prétendait qui en avait été l'ocasion.

Mais il me dit que j'étais mal informée, et qu'il était arrivé à cette princesse ce qui arrive ordinairement à ceux que la fortune abandonne, et que, sans examiner que c'était elle qui avait abandonné la fortune, on était passé sur son chapitre de l'admiration au blâme et du blâme au mépris, sans autre raison que celle qui engage les peuples à sacrifier à leurs intérêts et à n'offrir leurs encens qu'à des divinités utiles.

«Christine laissa son mérite», continua ce seigneur, «dans le trône, qu'elle voulut bien céder de son mouvement à son cousin; et l'action la plus grande et la plus héroïque qui se soit jamais faite fut empoisonnée par ceux qui, la voyant dépouillée de ses États, ne crurent plus être obligés d'avoir aucun ménagement pour elle, parce qu'ils n'en attendaient plus de grâces. Et, comptant pour rien celles qu'ils en avaient déjà reçues, ils ne se firent pas de scrupule d'être ingrats.»

«Le malheureux Monaldeschi», continua-t-il, «est un éxemple de l'ingratitude du monde la plus monstrueuse! Cette reine l'avait comblé de bienfaits. Elle lui avoit accordé toute sa confiance, et ce traître la déchirait par les calomnies les plus atroces et les plus éloignées de la vérité; et cela pour faire sa cour, et parce que c'était la mode de tirer sur cette pauvre princesse qu'on croyait pouvoir offenser impunément.

On ne doit pas s'étonner si le châtiment suivit de près la découverte de l'offense. Celle-là était d'une nature à devoir être punie, et l'honneur de la reine l'engageait à rendre cette punition exemplaire. Ce fut pour cela que sans différer, quoiqu'elle fût dans ce temps-là à Fontainebleau, elle le fit mourir après lui avoir reproché l'horreur de son crime et le fit passer des mains d'un père Maturin, qui eut soin de le confesser, dans celles de ceux qui étaient chargés de lui arracher une vie dont il s'était rendu indigne, aussi bien que des bontés de sa bienfaitrice, auxquelles il eut en vain recours.

Le roi se formalisa de ce qu'elle avait entrepris pareille chose dans une de ses maisons; et voilà sur quoi on a fait tant de bruit. La reine prétendait être en droit de disposer de ceux qui lui apartenaient sans être obligée de rendre compte de ses actions qu'à Dieu, puisque, comme souveraine, il n'y avait que lui seul qui put la juger. Le roi de France prétendait de son côté être seul maître dans ses États et y avoir seul pouvoir de vie et de mort. Ce différend obligea la reine d'en sortir; et ce fut le commencement des malheurs qui l'ont toujours accompagnée depuis son abdication.»

«Mais, quoi!» dis je alors, à ce gentilhomme. «Ce Monaldeschi, n'était-il point l'amant de Christine? N'était-ce pas pour pouvoir vivre avec plus de liberté avec lui qu'elle avait abandonné le trône?»

«Nullement», me répondit-il; «et si vous saviez bien la carte, vous n'auriez garde de donner dans ce sentiment populaire. J'avoue que bien des gens ont été dans la même erreur, qu'il est très aisé de détruire en vous disant que le cœur de la reine, prévenu dès l'enfance pour un autre, était incapable de prendre de nouvelles impressions.

Elle aimait un jeune seigneur appelé la Gardie, de famille française et même gasconne, car son père ou son grand-père était originaire de Narbonne en Languedoc, où il a encore des parents qui portent son nom. Il avait mille bonnes qualités, et Christine l'aurait jugé digne du trône si les ordres de son père ne l'avaient obligée d'y placer un prince de son sang qu'il lui avait destiné pour époux.

Ainsi, ne pouvant se résoudre à sacrifier son amant à ce cruel devoir, moins encore de sacrifier son devoir à cet amant, cette âme grande et généreuse forma le dessein de se sacrifier elle-même et de céder à ce cousin le trône qu'elle n'était obligée que de partager avec lui, afin que son entière possession le dédommageât de la perte d'un cœur qu'elle n'était plus en état de donner.

Ce fut alors qu'on la vit paraître aux yeux de son peuple, sous un riche dais, avec cette grâce et cette majesté que donne l'éclat du diadème et les agréments de la plus brillante jeunesse, et qu'après un discours le plus éloquent et le plus touchant du monde, elle se défit en leur presence de l'autorité royale et en revêtit le prince son cousin, qui de son côté parut moins sensible à cet avantage, qu'à celui dont il se voyait privé en perdant l'espérance de la posséder.

Il aurait été aisé après cela à la reine de satisfaire son inclination en épousant la Gardie, mais comme cette démarche aurait pu diminuer le mérite de la premiére, elle n'eut garde de la faire; et, jalouse de cette haute réputation qu'elle s'était acquise dans le monde et que la calomnie n'a pas laissé d'attaquer depuis, ne voulant pas qu'on pût lui reprocher la moindre faiblesse, elle voulut triompher de celle de son cœur en s'eloignant de celui qui la causait, et résolut pour cela de voyager dans une partie des cours de l'Europe.

Il n'y eut point de souverain qui ne se fit un plaisir de voir une princesse si magnanime. Elle se vit admirée partout, et la France lui fit rendre tous les honneurs imaginables. Mais, comme on se lasser d'admirer et que le penchant des hommes les rend bien plus enclins à condamner le prochain, il lui arriva ce qui est arrivé de nos jours au roi Jacques d'Angleterre, qui fut d'abord reçu en France comme un martyr, ou du moins confesseur de la religion catholique, qu'il avait mieux aimé conserver que de conserver sa couronne.

Peu s'en fallait qu'on ne lui déclarât ses habits pour en faire des réliques; et quelque temps après on l'accusa de manque de prudence. On imputa, a attirés à ce royaume. On imputa, dis-je, tout cela à sa mauvaise conduite; et il eut la douleur avant mourir de se voir en quelque manière méprisé de ceux qui l'avaient admiré quelques années auparavant, quoiqu'il n'eût pas plus mérité leur admiration, ni leur mépris dans un temps que dans un autre, et seulement parce qu'on ne saurait être toujours d'un même avis et que, comme les deux contraires se touchent, on passe très facilement d'une extrêmité dans une autre.

C'est ce que la pauvre Christine a éprouvé dans cet exil qu'elle s'était voluntairement imposé, malgré les rares talents et les vertus dont elle avait hérité du grand Gustave, son père, car elle avait joint au plus heureux naturel du monde la connaissance des sciences les plus relevées. Elle parlait toutes sortes de langues, et son cœur et ses sentiments la mettaient autant au-dessus des personnes de son sexe qu'elle l'était par son rang et par sa naissance.

Ainsi, ne se croyant pas obligée de se conformer aux manières et à la portée de certains esprits si fort au-dessous du sien, elle s'exposait souvent à leur critique; et c'était bien moins par sa faute que par le manque de discernement de ceux qui la critiquaient.»

«Mais», dis je alors, «il me semble avoir ouï dire que sa conduite n'avait pas été la plus régulière du monde à Rome; et certain livre que les uns traitent d'histoire, et les autres de roman, intutilé La vie du signor Roselli, ne donne pas une idée fort avantageuse de cette princesse.»

«C'est, Madame», répliqua le Suédois, «parce que l'auteur de ce livre ne la connaissait pas comme j'ai eu l'honneur de la connaître, et que, comme bien d'autres, il parlait peut-être de ce qu'il n'avait jamais vu; car on ne pouvait reprocher à cette reine que son changement de religion; et, à cette action près, toutes celles de sa vie ont été héroïques.

Il ne lui manquait que l'éclat d'une couronne pour les faire briller dans tout leur jour; et chez les gens raisonnables, le défaut de couronne devait en relever le mérite, puisque c'était elle qui l'avait cédée, ne voulant pas la garder aux dépens de sa liberté, ni dissimuler un moment pour concilier les choses. Car il lui aurait été aisé si elle avait été capable des faiblesses qu'on lui a imputées, de se marier avec son cousin et de le placer sur le trône sans chasser la Gardie de son cœur.

Elle avait sans doute assez d'esprit pour pouvoir se ménager une intrigue; et comme les souverains se mettent pour la plupart au-dessus des lois, son trône lui aurait paru un asile assez sûr si sa vertu et sa conscience ne lui eussent imposé des lois plus austères.»

J'écoutais tout ce que ce gentilhomme me disait, et j'étais même bien aise qu'il justifiât la mémoire d'une princesse que je voudrais pouvoir estimer et dont on peut dire avec justice que le ciel lui accorda des dons extraordinaires. Ainsi, bien loin d'interrompre mon conteur, je le priai de continuer un discours qui me faisait plaisir; et je lui fis même des questions sur de certaines circonstances, et je lui demandai de quelle manière la reine avait fait son voyage, comment elle était sortie de la Suède, quelle route elle avait prise.

«Je puis», me dit-il, «vous parler savamment là-dessus, car j'avais l'honneur d'être son page.»

«Ce n'est pas», ajouta-t-il, «un titre de jeunesse pour moi; mais n'importe! Toutes les choses de la vie ont deux faces; et si je ne suis plus assez jeune pour mériter la tendresse des dames, je pourrai prétendre à leur confiance et à cette espèce de considération qu'on est obligé d'avoir pour les cheveux gris.»

«Après cette plaisante digression, Madame», me dit-il, «je vais vous apprendre un incident de la vie de cette princesse qui n'a pas été su de ceux qui se sont ingérés d'écrire sa vie. Après qu'elle eut abdiqué la Couronne et qu'elle eut réglé toutes choses pour que les revenus qu'elle s'était réservés pussent lui être portés par toute terre, elle fit équiper certain nombre de vaisseaux pour elle et pour tout son train. On y embarqua ses équipages et des domestiques, et on fit accroire aussi qu'elle s'y était embarquée.

Mais, pendant que cette flotte mettait la voile au vent, ne voulant pas s'exposer aux incommodités et aux incertitudes de la mer, elle résolut d'aller incognito par terre et de ne prendre qu'un très petit nombre de personnes avec elle. Je fus le seul page qu'elle choisit. Nous traversâmes le Danemark, et comme elle n'était pas trop bien avec le roi qui y régnait alors, elle ne voulut pas qu'il sût qu'elle traversait ses États; et le comte de Dohna, maréchal de la Couronne de Suède, fut chargé de demander comme pour lui qu'on ouvrît un chemin qui était ordinairement fermé et réservé aux personnes de la cour.

La reine y passa en habit de cavalier, et sous le nom du fils du comte de Dohna. Mais, quelque soin qu'on eût pris de cacher sa marche, on ne put éviter que le roi de Danemark n'en fût instruit et qu'à la premiére journée il ne se rencontrât sur sa route, sous prétexte d'une partie de chasse. Le comte de Dohna déscendit promptement du carrosse, où il était avec la reine, et fut saluer ce monarque. Il lui demanda pardon pour son prétendu fils, qu'il supposait hors d'état de rendre ses devoirs à Sa Majesté, parce qu'il venait de se donner une entorce au pied.

Le roi de Danemark reçut ses excuses et feignit de croire ce qu'on voulait qu'il crût, quoiqu'il sût bien à quoi s'en tenir. Pendant ce temps-là, la reine, apuyée sur le portière, tâchait de se couvrir le visage avec son chapeau, qu'elle tenait à la main; et jamais conversation ne lui avait paru si longue. Dès qu'elle fut finie, le comte remonta dans son carrosse; et à peine était-on hors de cette embuscade qu'on donna dans une seconde.

La reine de Danemark, instruite de l'endroit où Christine devait dîner, et curieuse de voir cette princesse, s'y était rendue en habit déguisé pour pouvoir l'éxaminer avec plus de loisir. Elle s'était travestie en servante de cabaret; et pendant tout le dîner elle fut auprès de la table de notre reine, qui, n'ayant garde de se défier du tour, parlait avec une entière liberté du roi de Danemark et de la manière dont il l'avait ennuyée, du chagrin qu'elle avait eu de sa rencontre et de cent choses de cette nature qui n'étaient pas les plus obligeantes du monde.

La reine remonta ensuite dans son carrosse; et, comme je sortis le dernier de ce cabaret, je fus surpris de voir cette même servante à laquelle j'avais dit mille plaisanteries quelques moments auparavant, et de la voir parée en reine, suivie de ses pages et de ses filles d'honneur, et de l'entendre traiter de Majesté.

Je voulus me jetter à ses pieds pour lui demander pardon des fautes que mon ignorance m'avait fait commettre; mais, bien loin d'en être en colère, elle me dit qu'elle m'était bien obligée de ce que je lui avais appris à ranger des corbeilles de fruit. Et, pour m'en remercier, elle me fit présent d'une bourse, où je trouvai deux cent louis, et elle partit en me disant: «Mon ami, dites à la reine, votre maîtresse, que ses ambassadeurs l'ont mal servie et qu'elle ne rend pas justice au roi de Danemark.»

Dès qu'elle fut partie, je courus au galop joindre le carrosse de ma reine et lui conter mon avanture. Elle en fut d'abord surprise, mais, comme elle avait l'esprit fort, elle prit bientôt son parti là-dessus.

«Quoi!» dit-elle; «cette servante de Cabaret que j'ai toujours vue pendant le dîner était la reine de Danemark! Il lui est arrivé ce qui arrive à la plupart des curieux. Ils font souvent des découvertes qui ne leur sont pas agréables. C'est sa faute, et comme je n'ai pas le don de deviner, je n'avais garde de la chercher sous un habit si indigne d'elle.»

Après cela, il n'en fut plus parlé. La reine continua sa route de cette manière jusqu'à l'endroit où elle avait donné rendez-vous à ses équipages. Et, comme l'habit d'homme lui parut plus commode pour le voyage, elle le garda et y joignit par bienséance une jupe. Ainsi elle était comme sont à présent les dames de la cour de France lorsqu'elles vont à la chasse, et cette manière d'ajustement passa dans l'esprit de certaines gens pour indécent et pour un effet du déréglement de cette princesse.

Enfin on lui faisait des crimes des choses du monde les plus innocentes et les moins essentielles, ce qui fait bien voir qu'on n'avait pas des sujets fort légitimes de la blâmer. La mort de l'ingrat Monaldeschi fournit le plus plausible; aussi le prit-on promptement aux cheveux; et, pour agraver la chose, on eut soin, par des conjectures les plus calomnieuses du monde, d'y donner un tour criminel.»

Le Suédois finit là son discours, parce que la compagnie se sépara dans ce moment-là; et je crois que je puis bien finir ici cette lettre, car il est tard, et le papier et la lumière me vont manquer en même temps. Je suis,
Madame,
votre, etc.

Swedish translation (my own):

Från Aachen.
... För att återvända till där jag var, skall jag berätta att en svensk herre som överdrev sin konungs fina egenskaper då berättade att Sveriges tron alltid varit värdigt fylld, bevittna den store Gustav Adolf och drottning Kristina, hans dotter.

Jag höll med om den förste, och jag tog mig friheten att berätta för honom att den andra hade urartat lite från sin berömda fars dygder genom ett uppträdande som inte hade varit särskilt godkänt. Jag citerade för honom om detta Monaldeschis död och vad som påstods ha varit anledningen till den.

Men han berättade för mig att jag var dåligt informerad och att det som hade hänt denna prinsessa var vad som vanligtvis händer med dem som lyckan överger, och att folk, utan att tänka på att det var hon som hade övergivit lyckan, hade gått vidare till hennes ämne av beundran till klander och från klander till hat, utan någon annan anledning än den som uppmanar människor att offra för sina intressen och att bara offra sin rökelse till nyttiga gudomligheter.

»Kristina lämnade sina förtjänster«, fortsatte denne herre, »på tronen, som hon var villig att överlåta till sin kusin, och den största och mest heroiska handling som någonsin gjorts förgiftades av dem som såg henne avklädd av hennes Stater, ansåg sig inte längre vara skyldiga att ta hänsyn till henne, eftersom de inte längre förväntade sig några tjänster från henne, och eftersom de inte räknade dem som de redan hade fått, gjorde de ingen skrupel av att vara otacksamma.

»Den olycklige Monaldeschi«, fortsatte han, »är ett exempel på den mest monstruösa otacksamhet i världen! Denna drottning hade överöst honom med fördelar. Hon hade gett honom allt sitt förtroende, och denna förrädare slet henne sönder med de mest fruktansvärda förtal och den mest avlägsna från sanningen, och detta för att göra sin kur, och för att det var modet att skjuta denna stackars prinsessa som man trodde kunde förolämpa ostraffat.

Man bör inte bli förvånad om straffet följde nära upptäckten av brottet. Den här var av en karaktär som borde straffas, och drottningens ära engagerade henne att göra detta straff exemplariskt. Det var av denna anledning som hon utan dröjsmål, även om hon vid den tiden var i Fontainebleau, lät döda honom efter att ha förebrått honom för hans brotts fasa, och hon lät honom gå ur händerna på en fader Maturin, som tog bry sig om att bekänna honom, in i de av dem, som anklagades för att slita ifrån honom ett liv, som han gjort sig ovärdig till, samt av sin välgörarinnas godhet, till vilken han förgäves hade tillgripit.

Konungen blev förnärmad över att hon hade företagit sådant i ett av hans hus; och det är det som har gjort så mycket ljud. Drottningen gjorde anspråk på att ha rätt att förfoga över dem som tillhörde henne utan att vara skyldig att stå till svars för hennes handlingar utom inför Gud, eftersom, eftersom hon var suverän, var han den ende som kunde döma henne. Konungen av Frankrike hävdade för sin del att vara ensam herre i sina stater och att ha ensam makt över liv och död där. Detta gräl tvingade drottningen att lämna; och detta var början på de olyckor som alltid har följt henne sedan hon abdikerade.«

»Men vad?!« sade jag då till den här mannen. »Denne Monaldeschi, var han inte Kristinas älskare? Var det inte för att kunna leva mer fritt med honom som hon hade övergivit tronen?«

»Inte alls«, svarade han; »och om Ni kände kartan väl, skulle Ni vara försiktig med att inte ge efter för denna populära känsla. Jag medger att många människor har begått samma misstag, som det är mycket lätt att förstöra genom att berätta att drottningens hjärta, förutbestämt från barndomen för en annan, var oförmöget att ta nya intryck.

Hon älskade en ung herre som hette la Gardie, av en fransk och till och med gaskonjisk familj, ty hans far eller farfar var ursprungligen från Narbonne i Languedoc, där han fortfarande har släktingar som bär hans namn. Han hade tusen goda egenskaper, och Kristina skulle ha bedömt honom värdig tronen, om hennes fars befallningar inte hade förpliktat henne att där placera en furste av hennes blod som han hade utsett åt henne till make.

Sålunda, oförmögen att besluta sig för att offra sin älskare till denna grymma plikt, än mindre att offra sin plikt till denna älskare, bildade denna stora och generösa själ planen att offra sig själv och att ge denna kusin tronen som hon bara var skyldig att dela med honom, så att hela hans besittande skulle kompensera honom för förlusten av ett hjärta som hon inte längre var i stånd att ge.

Det var då hon sågs framträda inför sitt folks ögon under en rik baldakin, med den nåd och majestät som diademets prakt och den mest lysande ungdomens charm ger, och det efter en diskurs som var den vältaligaste och mest rörande i världen frigjorde hon sig i deras närvaro från den kungliga auktoriteten och lade den på prinsen, sin kusin, som för sin del verkade mindre känslig för denna fördel än för den som han såg sig berövad genom att förlora hoppet om att äga henne.

Det skulle därefter ha varit lätt för drottningen att tillfredsställa sin böjelse genom att gifta sig med la Gardie, men eftersom detta steg kunde ha minskat det förstas förtjänst, passade hon på att inte göra det; och avundsjuk på detta höga rykte som hon förvärvat i världen och som förtal inte har upphört att angripa sedan hon, eftersom hon inte ville att någon skulle förebrå henne för den minsta svaghet, ville triumfera över sitt hjärtas genom att ta avstånd från den ena som orsakade det, och beslutade att det skulle resa i en del av Europas hov.

Det fanns ingen suverän som inte njöt av att se en så storsint prinsessa. Hon såg sig själv beundrad överallt, och Frankrike fick alla utmärkelser man kunde tänka sig. Men eftersom man tröttnar på att beundra, och människornas benägenhet gör dem mycket mer benägna att fördöma sin nästa, hände det som hände i våra dagar med konung Jakob av England med henne. Han mottogs först i Frankrike som martyr, eller åtminstone som bekännare av den katolska religionen, som han hellre hade behållit än att behålla sin krona.

Det var nästan som om hans kläder förklarades vara reliker; och en tid senare anklagades han för bristande försiktighet. Man tillräknade, en drog dem till detta rike. Man tillskrev, säger jag, allt detta hans dåliga beteende; och han hade smärtan, innan han dog, att se sig själv på något sätt föraktad av dem som hade beundrat honom några år tidigare, fastän han inte hade förtjänat deras beundran eller deras förakt en gång mer än vid en annan, och bara för att man inte kan alltid vara av samma åsikt och att, när de två motsatserna berör, går man mycket lätt från en ytterlighet till en annan.

Detta är vad stackars Kristina upplevde i denna landsflykt som hon frivilligt hade påtvingat sig själv, trots de sällsynta talanger och dygder som hon hade ärvt av den store Gustav, sin far, ty hon hade förenat sig med den lyckligaste naturen i världen av de mest upphöjda vetenskaperna. Hon talade alla möjliga språk, och hennes hjärta och hennes känslor placerade henne lika mycket över människor av hennes kön som hon var genom sin rang och sin födelse.

Sålunda, eftersom hon inte ansåg sig vara tvungen att anpassa sig till seder och omfattning av vissa sinnen så långt under sitt eget, utsatte hon sig ofta för deras kritik; och det var mycket mindre på grund av hennes fel än på grund av bristen på urskillning hos dem som kritiserade henne.«

»Men«, sade jag då, »det förefaller mig som om jag har hört att hennes uppträdande i Rom inte hade varit det mest regelbundna i världen, och en viss bok som vissa betraktar som historia och andra romantik, heter Signor Rosellis liv ger inte en särskilt gynnsam uppfattning om denna prinsessa.«

»Det vill säga, madame«, svarade svensken, »eftersom författaren till denna bok inte kände henne som jag hade äran att känna henne, och att han, liksom många andra, kanske talade om det han aldrig hade sett; för man kunde bara förebrå denna drottning för hennes religionsbyte, och förutom denna handling har alla hennes liv varit heroiska.

Hon saknade bara kronans glans för att få dem att lysa i allt sitt ljus; och hos förnuftiga människor måste bristen på en krona ha varit en förtjänst, eftersom det var hon som hade gett upp den, inte ville behålla den på bekostnad av sin frihet och inte heller för ett ögonblick försämra saker och ting. Ty det skulle ha varit lätt för henne, om hon hade kunnat de svagheter som har tillskrivits henne, att gifta sig med sin kusin och placera honom på tronen utan att driva la Gardie från hennes hjärta.

Hon hade utan tvivel tillräckligt med vett för att kunna ordna en intrig åt sig själv; och eftersom suveräner ju för det mesta ställer sig över lagar, skulle hennes tron ha förefallit henne vara en ganska säker asyl om hennes dygd och hennes samvete inte hade ålagt henne strängare lagar.«

Jag lyssnade på allt som denne herre berättade för mig, och jag var till och med mycket glad över att han rättfärdigade minnet av en prinsessa som jag skulle vilja kunna uppskatta och om vilken det med rättvisa kan sägas att himlen skänkte henne extraordinära gåvor. Alltså, långt ifrån att avbryta min berättare, bad jag honom fortsätta en diskurs som behagade mig; och jag ställde till och med frågor till honom om vissa omständigheter, och jag frågade honom på vilket sätt drottningen hade gjort sin resa, hur hon hade lämnat Sverige, vilken väg hon hade tagit.

»Jag kan«, sade han till mig, »tala lärt till Er om detta ämne, för jag hade äran att vara hennes page.«

»Det är inte«, tillade han, »en titel på ungdom för mig; men oavsett! Alla saker i livet har två ansikten; och om jag inte längre är ung nog att förtjäna damernas ömhet, kommer jag att kunna göra anspråk på deras självförtroende och den sortens hänsyn som man är skyldig att ha för grått hår.«

»Efter denna trevliga utvikning, madame«, sade han till mig, »jag skall berätta för Er en händelse i denna prinsessans liv som inte har varit känd för dem som tagit på sig att skriva hennes liv. Efter att hon hade abdikerat Kronan och hade ordnat allt så att de inkomster hon reserverat för sig själv kunde bäras till henne av vilket land som helst, hon lät utrusta sig ett visst antal skepp och för hela sitt tåg fick också synas att hon hade gått ombord på dem.

Men medan denna flotta satte segel mot vinden, och inte ville utsätta sig för havets olägenheter och osäkerheter, bestämde hon sig för att gå inkognito över land och att bara ta ett mycket litet antal personer med sig. Jag var den ende pagen hon valde. Vi korsade Danmark, och då det inte var alltför väl med den konung som då regerade där, ville hon inte att han skulle veta att hon gick över hans välde; och greve von Dohna, marskalk till Sveriges Krona, ålades att begära, som för henne, att en väg skulle öppnas, som vanligen var stängd och förbehållen hovets personer.

Drottningen passerade dit i en kavaljers kläder och under namnet av greve von Dohnas son. Men hur mycket noga man än tog för att dölja hennes framfart, var det omöjligt att förhindra att konungen av Danmark blev underrättad om det och att träffa henne den första dagen på hennes rutt, under förevändning av ett jaktsällskap. Greve Dohna steg genast ner från karossen, i vilken han var med drottningen, och gick för att hälsa på denne monark. Han bad om ursäkt för sin förmodade son, som han antogs inte kunna utföra sina plikter till Hans Majestät, eftersom han just stukat foten.

Konungen av Danmark accepterade sina ursäkter och låtsades tro vad de ville att han skulle tro, fastän han visste väl vad han skulle tycka om det. Under denna tid försökte drottningen, lutad mot karossfönstret, täcka sitt ansikte med sin hatt, som hon höll i handen; och aldrig haft ett samtal som verkade henne så långt. Så snart det var förbi steg greven tillbaka i sin kaross; och de hade knappast undkommit detta bakhåll när de sprang upp i ett annat.

Drottningen av Danmark, underrättad om platsen där Kristina skulle äta och nyfiken på att se denna prinsessa, hade åkt dit förklädd för att med mera ledighet kunna undersöka henne. Hon hade förklädd sig till krogpiga; och under hela middagen satt hon till bords hos vår drottning, som aktade sig för att inte misstro tricket och talade med full frihet om konungen av Danmark och om det sätt på vilket han hade tråkat ut henne, om den sorg hon hade haft vid mötet med honom, och av hundra saker av den arten, som inte var de mest förpliktigande i världen.

Drottningen steg sedan tillbaka i sin kaross; och eftersom jag var den sista som lämnade denna krog, blev jag förvånad över att se samma tjänare som jag hade berättat tusen skämt för några ögonblick tidigare, och att se henne klädd som en drottning, följt av hennes sidor och hennes pigor, och att höra henne tilltalad som Majestät.

Jag ville kasta mig för hennes fötter för att be henne om ursäkt för de fel som min okunnighet hade fått mig att begå; men långt ifrån att vara arg, berättade hon för mig att hon var mycket skyldig mot mig för att ha lärt henne att ordna korgar med frukt. Och för att tacka mig gav hon mig en plånbok, i vilken jag hittade tvåhundra louis, och hon gick därifrån och sade till mig: »Min vän, säg till drottningen, din härskarinna, att hennes ambassadörer har tjänat henne dåligt och att hon inte är göra rättvisa åt kungen av Danmark.«

Så fort hon hade gått sprang jag i galopp för att gå med i min drottnings kaross och berätta om mitt äventyr. Hon blev först förvånad, men eftersom hon hade ett starkt sinne accepterade hon det snart.

»Vad?!« sade hon; »den där krogpigan som jag alltid såg under middagen var drottningen av Danmark?! Vad som har hänt henne har hänt de flesta nyfikna människor. De gör ofta upptäckter som inte är trevliga för dem. Det är hennes fel, och eftersom jag inte har några spådomsgåvan, jag var noga med att inte leta efter henne i en klänning som var henne så ovärdig.«

Efter det sades inget mer om det. Drottningen fortsatte sin resa på detta sätt till den plats där hon hade bestämt att möta sina vagnar. Och eftersom herrkläder verkade mer bekväm för resan, höll hon dem på och lade till en kjol till dem för hövlighets skull. Så hon var som damerna vid det franska hovet är för närvarande när de går på jakt, och detta sätt av anpassning passerade i vissa människors sinnen för oanständigt och som en effekt av denna prinsess oordning.

Slutligen gjorde man hennes brott till de mest oskyldiga och minst väsentliga sakerna i världen, vilket tydligt visar att man inte hade särskilt legitima skäl att skylla på henne. Den otacksamme Monaldeschis död ger det mest troliga; så tog man honom genast i håret; och för att förvärra saken passade man på att, med de mest förtalande gissningar i världen, ge det en kriminell vändning.«

Svensken avslutade sin diskurs där, för sällskapet i det ögonblicket skildes åt; och jag tror att jag väl får avsluta detta brev här, ty det är sent, och pappret och ljuset kommer att svika mig på samma gång. Jag är,
madame,
Er osv.

English translation (my own):

From Aachen.
... To return to where I was, I will tell you that a Swedish lord who exaggerated the fine qualities of his king then told me that the throne of Sweden had always been worthily filled, witness the great Gustav Adolf and Queen Kristina, his daughter.

I agreed with the first, and I took the liberty of telling him that the other had degenerated a little from the virtues of her illustrious father by a conduct that had not been very approved of. I cited to him on this the death of Monaldeschi and what was claimed to have been the occasion of it.

But he told me that I was ill-informed and that what had happened to this princess was what usually happens to those whom fortune abandons, and that, without considering that it was she who had abandoned fortune, people had passed on her subject from admiration to blame and from blame to hate, for no other reason than that which urges people to sacrifice to their interests and to offer their incense only to useful divinities.

"Kristina left her merit", continued this lord, "on the throne, which she was willing to yield of her own accord to her cousin; and the greatest and most heroic action that was ever done was poisoned by those who, seeing her stripped of her States, no longer believed themselves obliged to have any consideration for her, because they no longer expected any favours from her. And, counting as nothing those they had already received, they did made no scruple of being ungrateful."

"The unfortunate Monaldeschi", he continued, "is an example of the most monstrous ingratitude in the world! This queen had showered him with benefits. She had granted him all her confidence, and this traitor tore her apart with the most atrocious calumnies and the most remote from the truth; and this to pay court, and because it was the fashion to shoot this poor princess whom one thought could offend with impunity.

One should not be surprised if the punishment followed closely the discovery of the offense. This one was of a nature that should be punished, and the Queen's honour engaged her to make this punishment exemplary. It was for this reason that without delay, although she was at Fontainebleau at that time, she had him put to death after having reproached him for the horror of his crime, and she had him pass from the hands of a Father Maturin, who took care to confess him, into those of those who were charged with tearing from him a life of which he had made himself unworthy, as well as of the kindness of his benefactress, to whom he had recourse in vain.

The King was offended that she had undertaken such a thing in one of his houses; and that is what has made so much noise. The Queen claimed to have the right to dispose of those who belonged to her without being obliged to account for her actions except to God, since, her being a sovereign, He was the only one who could judge her. The King of France claimed for his part to be the sole master in his States and to have the sole power of life and death there. This quarrel forced the Queen to leave; and this was the beginning of the misfortunes which have always accompanied her since her abdication."

"But what?!" I said then to this gentleman. "This Monaldeschi, was he not Kristina's lover? Was it not to be able to live with him more freely that she had abandoned the throne?"

"Not at all", he replied; "and if you knew the map well, you would be careful not to give in to this popular sentiment. I admit that many people have been in the same error, which it is very easy to destroy by telling you that the Queen's heart, prejudiced from childhood for another, was incapable of taking new impressions.

She loved a young lord called La Gardie, of a French and even Gascon family, for his father or grandfather was originally from Narbonne in Languedoc, where he still has relatives who bear his name. He had a thousand good qualities, and Kristina would have judged him worthy of the throne if her father's orders had not obliged her to place there a prince of her blood whom he had destined for her as a husband.

Thus, unable to resolve herself to sacrifice her lover to this cruel duty, much less to sacrifice her duty to this lover, this great and generous soul formed the plan to sacrifice herself and to yield to this cousin the throne which she was only obliged to share with him, so that his entire possession would compensate him for the loss of a heart which she was no longer in a position to give.

It was then that she was seen to appear before the eyes of her people, under a rich dais, with that grace and majesty which the splendour of the diadem and the charms of the most brilliant youth give, and that after a discourse which was the most eloquent and touching in the world, she freed herself in their presence from the royal authority and invested it on the Prince, her cousin, who for his part seemed less sensitive to this advantage than to that of which he saw himself deprived by losing the hope of possessing her.

It would have been easy after that for the Queen to satisfy her inclination by marrying La Gardie, but as this step could have diminished the merit of the first, she took care not to do it; and, jealous of this high reputation that she had acquired in the world and which calumny has not ceased to attack since, not wanting anyone to reproach her for the slightest weakness, she wanted to triumph over that of her heart by distancing herself from the one who caused it, and resolved for that to travel in a part of the courts of Europe.

There was no sovereign who did not take pleasure in seeing such a magnanimous princess. She saw herself admired everywhere, and France had all the honours imaginable paid to her. But, as one tires of admiring, and the inclination of men makes them much more inclined to condemn their neighbour, what happened in our days to King James of England happened to her. He was first received in France as a martyr, or at least as a confessor of the Catholic religion, which he had preferred to keep than to keep his crown.

It was almost as if his clothes were being declared to be relics; and some time later he was accused of lack of prudence. One imputed, one drew them to this kingdom. One imputed, I say, all this to his bad conduct; and he had the pain, before dying, of seeing himself in some way despised by those who had admired him some years before, although he had not deserved their admiration, nor their contempt at one time more than at another, and only because one cannot always be of the same opinion and that, as the two opposites touch, one passes very easily from one extreme to another.

This is what poor Kristina experienced in this exile that she had voluntarily imposed on herself, in spite of the rare talents and virtues that she had inherited from the great Gustav, her father, for she had joined to the happiest nature in the world the knowledge of the most elevated sciences. She spoke all sorts of languages, and her heart and her sentiments placed her as much above people of her sex as she was by her rank and her birth.

Thus, not believing herself obliged to conform to the manners and the scope of certain minds so far below her own, she often exposed herself to their criticism; and it was much less through her fault than through the lack of discernment of those who criticised her."

"But", I said then, "it seems to me that I have heard that her conduct at Rome had not been the most regular in the world; and a certain book which some treat to be of history, and others of romance, called The Life of Signor Roselli, does not give a very favourable idea of this princess."

"That is, Madame", replied the Swede, "because the author of this book did not know her as I had the honour of knowing her, and that, like many others, he spoke perhaps of what he had never seen; for one could only reproach this queen for her change of religion; and, except for this action, all those of her life have been heroic.

She lacked only the splendour of a crown to make them shine in all their light; and in reasonable people, the lack of a crown must have been a merit, as it was she who had given it up, not wanting to keep it at the expense of her freedom, nor to dissimulate for a moment to reconcile things. For it would have been easy for her, if she had been capable of the weaknesses that have been imputed to her, to marry her cousin and place him on the throne without driving La Gardie from her heart.

She no doubt had enough wit to be able to arrange an intrigue for herself; and as sovereigns for the most part place themselves above laws, her throne would have seemed to her a fairly safe asylum if her virtue and her conscience had not imposed more austere laws on her."

I listened to everything this gentleman told me, and I was even very glad that he justified the memory of a princess whom I would like to be able to esteem and of whom it can be said with justice that Heaven granted her extraordinary gifts. Thus, far from interrupting my storyteller, I asked him to continue a discourse which pleased me; and I even asked him questions on certain circumstances, and I asked him in what manner the Queen had made her journey, how she had left Sweden, what route she had taken.

"I can", he said to me, "speak to you learnedly on this subject, for I had the honour of being her page."

"It is not", he added, "a title of youth for me; but no matter! All things in life have two faces; and if I am no longer young enough to deserve the tenderness of ladies, I will be able to claim their confidence and that kind of consideration that one is obliged to have for grey hair."

"After this pleasant digression, Madame", he said to me, "I will tell you an incident in the life of this princess which has not been known to those who have taken it upon themselves to write her life. After she had abdicated the Crown and had arranged everything so that the revenues she had reserved for herself could be carried to her by any land, she had a certain number of ships equipped for her and for her entire train. Her equipages and servants were embarked on them, and it was also made to appear that she had embarked on them.

But, while this fleet was setting sail to the wind, not wishing to expose herself to the inconveniences and uncertainties of the sea, she resolved to go incognito overland and to take only a very small number of persons with her. I was the only page she chose. We crossed Denmark, and as it was not too well with the king who reigned there at the time, she did not wish him to know that she was crossing his dominions; and the Count von Dohna, marshal of the Crown of Sweden, was charged to ask, as though for her, that a road should be opened which was ordinarily closed and reserved for persons of the court.

The Queen passed there in the habit of a cavalier, and under the name of the son of the Count von Dohna. But, however much care was taken to conceal her progress, it was impossible to prevent the King of Denmark from being informed of it and from meeting her on the first day on her route, under the pretext of a hunting party. Count Dohna promptly got down from the carriage, in which he was with the Queen, and went to greet this monarch. He asked his pardon for his supposed son, whom he supposed to be unable to render his duties to His Majesty, because he had just sprained his foot.

The King of Denmark received his excuses and feigned believing what they wanted him to believe, although he knew well what to think of it. During this time, the Queen, leaning on the carriage window, tried to cover her face with her hat, which she held in her hand; and never had a conversation seemed so long to her. As soon as it was over, the Count got back into his carriage; and they had hardly escaped this ambush when they sprang up into a second.

The Queen of Denmark, informed of the place where Kristina was to dine, and curious to see this princess, had gone there in disguise in order to be able to examine her with more leisure. She had disguised herself as a tavern maid; and during the whole dinner she was at the table of our queen, who, taking care not to distrust the trick, spoke with complete freedom of the King of Denmark and of the way in which he had bored her, of the sorrow she had had at meeting him, and of a hundred things of that nature, which were not the most obliging in the world.

The Queen then got back into her carriage; and, as I was the last to leave this tavern, I was surprised to see this same servant to whom I had told a thousand jokes a few moments before, and to see her dressed as a queen, followed by her pages and her maids of honour, and to hear her addressed as Majesty.

I wanted to throw myself at her feet to beg her pardon for the faults which my ignorance had made me commit; but, far from being angry, she told me that she was very much obliged to me for having taught her to arrange baskets of fruit. And, to thank me, she gave me a purse, in which I found two hundred louis, and she left saying to me: 'My friend, tell the Queen, your mistress, that her ambassadors have served her badly and that she is not doing justice to the King of Denmark.'

As soon as she had gone, I ran at a gallop to join my queen's carriage and tell her about my adventure. She was surprised at first, but, as she had a strong mind, she soon accepted it.

"What?!" she said; "That tavern maid whom I always saw during dinner was the Queen of Denmark?! What has happened to her has happened to most curious people. They often make discoveries that are not pleasant to them. It is her fault, and as I have no gift for divination, I took care not to look for her in a habit so unworthy of her."

After that, nothing more was said about it. The Queen continued her journey in this manner to the place where she had arranged to meet her carriages. And, as the man's habit seemed more comfortable for the journey, she kept it on and added a skirt to it for decorum. So she was as the ladies of the French court are at present when they go hunting, and this manner of adjustment passed in the minds of certain people for indecent and as an effect of the disorder of this princess.

Finally, one made her crimes the most innocent and least essential things in the world, which clearly shows that one did not have very legitimate grounds for blaming her. The death of the ungrateful Monaldeschi provides the most plausible; so one promptly took him by the hair; and, to aggravate the matter, one took care, by the most calumnious conjectures in the world, to give it a criminal turn."

The Swede ended his discourse there, because the company separated at that moment; and I believe that I can well finish this letter here, for it is late, and the paper and the light will fail me at the same time. I am,
Madame,
your, etc.


Above: Kristina.


Above: Sophie Amalie of Denmark.

No comments:

Post a Comment