Thursday, February 2, 2023

Antoine Arnauld's letter to Ernst, Landgrave of Hesse-Rheinfels-Rotenburg, dated August 4/14 (New Style), 1686

Source:

Lettres de Monsieur Antoine Arnauld, docteur de Sorbonne, volume 4, page 401, published by Joseph Nicolai, 1727


Kristina's letter is here:


The letter:

MONSEIGNEUR,
J'aurois bien des choses à vous dire de la lettre de la Reine de Suede. Ce n'est pas que je trouve étrange qu'elle n'ait pas approuvé, non plus que V. A. S. la conduite du Roi dans la conversion des Huguenots. J'avoue que c'est une matiere sur laquelle les Catholiques mêmes peuvent être partagés, sur tout, parce que les faits que les uns suposent, peuvent être fort differens de ceux qui sont suposés par les autres. Je ne m'étonne trop aussi qu'elle en ait parlé si durement. Elle a supposé que sa lettre ne seroit pas vue, & qu'ainsi elle pouvoit écrire ce qu'elle pensoit avec toute sorte de liberté. Que s'il est vrai, ce qu'on m'a dit, qu'elle est fort mal avec la France, parce que voiant la statue Equestre du Roi faite par le Chevalier Bernin, & admirant la beauté de l'ouvrage, il lui étoit échapé de dire, qu'il eût été à desirer que ce fut la tête du Roi de Pologne, & que depuis ce tems là l'Ambassadeur de France a ordre de ne la point voir: si cela, dis-je, est vrai, il est à craindre que l'on ne pense que cette petite brouillerie pourra avoir contribué à lui faire juger si desavantageusement de la conduite du Roi. S'il n'y avoit néanmoins que cela, je ne m'y arrêteroient pas, & ne croirois pas que ce fut une raison suffisante d'attribuer à la passion, plutôt qu'à la raison, ce qu'elle dit dans cette lettre. Mais ce qui feroit aprehender qu'il n'y ait eu en effet du ressentiment, est la maniere dont elle parle des 4. articles de l'Assemblée du Clergé de France. Car on ne comprend pas comment cette Reine, d'ailleurs si habile, auroit pu prendre de sang froid cette exposition de la doctrine de l'Eglise Gallicane accompagnée de beaucoup de respect envers le S. Siege, pour «un attentat visible contre l'Eglise Romaine», pour «une scandaleuse liberté qui ne pouvoit être poussée plus près de la rebellion», pour «un triomphe apparent de l'héresie», & pour «des dogmes & des sentimens conformes à ceux des Calvinistes sur ce point fondamental de notre Religion.» Il auroit fallu au moins retrancher tout cela de sa lettre, si cette grande Princesse vouloit que l'on crût qu'elle l'avoit écrite de sang rassis, & que la passion n'y avoit aucune part. Je crois que pour cet endroit, V. A. en jugera comme moi, & qu'elle a bien fait néanmoins de ne lui en rien dire.

Mais si V. A. avoit quelque occasion de lui écrire, elle m'obligeroit de lui demander si M. Grotius faisoit profession de la Religion des Calvinistes, lorsqu'il lui fut rendre compte de son Ambassade peu de tems avant que de mourir. Je suis assuré du contraire: mais c'est qu'il y a un Docteur qui soutient dans un livre qu'il a écrit contre moi, que M. Grotius a vécû & est mort dans la Religion des Calvinistes. Et je serai bien aise d'avoir de quoi le convaincre, si j'écris jamais contre lui, par le temoignage de cette Reine. Le dernier livre de Grotius qui n'a parû qu'après sa mort, contient une infinité de preuves qu'il étoit bien éloigné de la Religion des Calvinistes, puisqu'il n'y a presque pas de point controversé sur lequel il ne se déclare pour les Catholiques. Et il y a dans ce même ouvrage un endroit qui ne doit guere plaire aux prétendus Reformés. Car il y soutint dès ce tems-là, c'est-à-dire, il y a environ 40. ans, que l'Edit de Nantes & autres semblables ne sont point des traités d'Alliance, mais des Ordonnances faites par les Rois pour l'utilité publique, & sujets à revocation, lorsque le bien public demande qu'on les revoque. Edicta quæ in Gallia facta sunt, pro iis qui reformatos se dicunt, nec rescissa, nec imminuta, sed quàm diligentissimè servata velit Grotius, ejusque rei & multos & magnos hæbet testes. Sed norint tamen illi qui reformatorum sibi imponunt vocabulum, non esse illa fœdera, sed Regum Edicta, ob publicam facta utilitatem, & revocabilia, si aliud Regibus publica utilitas suaserit.

Je suis bien aise que l'Electeur Palatin ait fait desavouer par les Protestans mêmes, ce ridicule conte du spectre. J'ai toujours crû que ce ne pouvoit être qu'un pur mensonge. C'est une honte aux prétendus Réformés d'avoir parmi eux des gens capables d'inventer de si noires médisances. Plût à Dieu qu'il n'y en eût point parmi nous! J'ai vû des écrits faits en Hollande par ces fugitifs qui font si fort les zèlés pour leur Religion, remplis de calomnies contre le Roi, si abominables & si éloignées de toute vrai-semblance, qu'ils font bien voir par là que c'est l'esprit du démon qui les agite.

With modernised spelling:

Monseigneur,
J'aurais bien des choses à vous dire de la lettre de la reine de Suède. Ce n'est pas que je trouve étrange qu'elle n'ait pas approuvé, non plus que Votre Altesse Sérène la conduite du Roi dans la conversion des Huguenots. J'avoue que c'est une matiere sur laquelle les catholiques-mêmes peuvent être partagés, sur tout, parce que les faits que les uns supposent peuvent être fort différents de ceux qui sont suposés par les autres. Je ne m'étonne trop aussi qu'elle en ait parlé si durement. Elle a supposé que sa lettre ne serait pas vue, et qu'ainsi elle pouvait écrire ce qu'elle pensait avec toute sorte de liberté. Que s'il est vrai, ce qu'on m'a dit, qu'elle est fort mal avec la France, parce que voyant la statue équestre du roi faite par le chevalier Bernin, et admirant la beauté de l'ouvrage, il lui était échapé de dire qu'il eût été à desirer que ce fut la tête du roi de Pologne, et que depuis ce temps là l'ambassadeur de France a ordre de ne la point voir. Si cela, dis-je, est vrai, il est à craindre que l'on ne pense que cette petite brouillerie pourra avoir contribué à lui faire juger si desavantageusement de la conduite du roi. S'il n'y avait néanmoins que cela, je ne m'y arrêteraient pas et ne croirais pas que ce fut une raison suffisante d'attribuer à la passion plutôt qu'à la raison, ce qu'elle dit dans cette lettre.

Mais ce qui ferait appréhender qu'il n'y ait eu en effet du ressentiment, est la manière dont elle parle des 4 articles de l'Assemblée du clergé de France. Car on ne comprend pas comment cette reine, d'ailleurs si habile, aurait pu prendre de sang froid cette exposition de la doctrine de l'Église gallicane accompagnée de beaucoup de respect envers le Sainte Siège, pour «un attentat visible contre l'Église romaine», pour «une scandaleuse liberté qui ne pouvait être poussée plus près de la rebellion», pour «un triomphe apparent de l'héresie», et pour «des dogmes et des sentiments conformes à ceux des calvinistes sur ce point fondamental de notre religion.»

Il aurait fallu au moins retrancher tout cela de sa lettre, si cette grande princesse voulait que l'on crût qu'elle l'avait écrite de sang rassis, et que la passion n'y avait aucune part. Je crois que pour cet endroit Votre Altesse en jugera comme moi et qu'elle a bien fait néanmoins de ne lui en rien dire.

Mais si Votre Altesse avait quelque occasion de lui écrire, elle m'obligerait de lui demander si M. Grotius faisait profession de la religion des calvinistes lorsqu'il lui fut rendre compte de son ambassade peu de temps avant que de mourir. Je suis assuré du contraire; mais c'est qu'il y a un docteur qui soutient dans un livre qu'il a écrit contre moi que M. Grotius a vécu et est mort dans la religion des calvinistes. Et je serai bien aise d'avoir de quoi le convaincre, si j'écris jamais contre lui, par le témoignage de cette reine. Le dernier livre de Grotius, qui n'a paru qu'après sa mort, contient une infinité de preuves qu'il était bien éloigné de la religion des calvinistes, puisqu'il n'y a presque pas de point controversé sur lequel il ne se déclare pour les catholiques. Et il y a dans ce même ouvrage un endroit qui ne doit guère plaire aux prétendus reformés. Car il y soutint dès ce temps-là, c'est-à-dire, il y a environ 40 ans, que l'édit de Nantes et autres semblables ne sont point des traités d'alliance, mais des ordonnances faites par les rois pour l'utilité publique, et sujets à révocation, lorsque le bien public demande qu'on les révoque.

Edicta quæ in Gallia facta sunt, pro iis qui Reformatos se dicunt, nec rescissa, nec imminuta, sed quam diligentissime servata velit Grotius, ejusque rei et multos et magnos hæbet testes. Sed norint tamen illi qui Reformatorum sibi imponunt vocabulum, non esse illa fœdera, sed regum edicta, ob publicam facta utilitatem, et revocabilia, si aliud regibus publica utilitas suaserit.

Je suis bien aise que l'électeur palatin ait fait désavouer par les Protestants-mêmes ce ridicule conte du spectre. J'ai toujours cru que ce ne pouvait être qu'un pur mensonge. C'est une honte aux prétendus réformés d'avoir parmi eux des gens capables d'inventer de si noires médisances. Plût à Dieu qu'il n'y en eût point parmi nous! J'ai vu des écrits faits en Hollande par ces fugitifs qui font si fort les zélés pour leur religion, remplis de calomnies contre le Roi, si abominables et si éloignées de toute vrai-semblance qu'ils font bien voir par-là que c'est l'esprit du démon qui les agite.

Swedish translation (my own):

Min herre,
Jag har mycket att berätta om brevet från Sveriges drottning. Det är inte så att jag finner det konstigt att hon, inte heller Ers Durchlautiga Höghet, inte godkände konungens uppträdande vid hugenotternas omvändelse. Jag erkänner att detta är en fråga där katoliker själva kan vara delade i allt, eftersom de fakta som vissa antar kan vara mycket annorlunda än de som antas av andra. Jag är inte heller så förvånad över att hon talade så hårt om det. Hon antog att hennes brev inte skulle synas, och så kunde hon skriva vad hon tyckte med all slags frihet. Att om det är sant att hon står på mycket dåliga fot med Frankrike, som jag har fått veta, eftersom att se ridstatyn av konungen gjord av kavaljer Bernini och beundra verkets skönhet, så undgick det henne att säga att det skulle ha varit önskvärt att den varit polske konungens huvud, och att den franske ambassadören sedan dess haft order om att inte se den. Om detta, säger jag, är sant, är det att befara, att detta lilla missförstånd kan tänkas ha bidragit till att få honom att döma så ofördelaktigt om konungens uppträdande. Om det var allt, skulle jag dock inte uppehålla mig vid det, och jag skulle inte tro att det var en tillräcklig anledning att tillskriva passion snarare än att resonera vad hon säger i detta brev.

Men det som skulle få en att fatta att det verkligen fanns förbittring är det sätt på vilket hon talar om de fyra artiklarna i Frankrikes prästerskapsförsamling. Ty vi förstår inte hur denna drottning, dessutom så slug, kallblodigt kunde ha tagit denna utläggning av den franska Kyrkans lära åtföljd av en stor respekt gentemot den Heliga Stolen, för »ett synligt angrepp mot den romerska Kyrkan«, för »en skandalös frihet som inte kunde drivas närmare upproret«, för »en uppenbar triumf av kätteriet« och för »dogmer och känslor som överensstämmer med kalvinisternas på denna grundläggande punkt i vår religion.«

Det skulle åtminstone ha varit nödvändigt att klippa bort allt detta ur hennes brev om denna stora prinsessa ville att folk skulle tro att hon hade skrivit det med gammalt blod och att passionen inte hade någon del i det. Jag tror att Ers Höghet för denna plats kommer att döma som jag och att hon ändå gjorde klokt i att inte berätta något om det för honom.

Men om Ers Höghet hade något tillfälle att skriva till henne, så skulle Ni förplikta mig att fråga henne, om herr Grotius bekände sig till kalvinisternas religion när hon kort före hans död fick en redogörelse för hans ambassad. Jag är säker på motsatsen; men det finns en läkare som hävdar i en bok han skrev mot mig att herr Grotius levde och dog i kalvinisternas religion. Och jag skall vara glad över att ha något att övertyga honom om, om jag någonsin skriver emot honom, genom denna drottnings vittnesbörd. Grotius sista bok, som inte kom ut förrän efter hans död, innehåller en oändlighet av bevis för att han var långt ifrån kalvinisternas religion, eftersom det knappast finns en tvist där han inte står för katoliker. Och det finns i samma verk en plats som knappast borde behaga de så kallade reformisterna. Ty han vidhöll där från den tiden, det vill säga för omkring 40 år sedan, att Nantes-ediktet och andra liknande icke äro förbundsfördrag, utan av konungar gjorda förordningar för allmännyttan och föremål för återkallelse, då  allmännyttan kräver att de återkallas.

De påbud som i Frankrike utfärdades för dem som säga sig vara reformister varken upphävdes eller förminskades, utan bevarades så noggrant som Grotius önskade, och till detta har han många och stora vittnen. Men de som påtvingar sig själva namnet reformister vet att dessa förbund inte är fördrag, utan konungars påbud, gjorda för allmännytta, och de är återkallbara om allmännyttan uppmanar konungarna att göra något annat.

Jag är mycket glad att pfalzkurfursten har fått protestanterna själva att förneka denna löjliga berättelse om spöket. Jag har alltid trott att det bara kan vara en ren lögn. Det är en skam för de såkallade reformisterna att bland sig ha människor som är kapabla att uppfinna sådana svarta förtal. Gud give att det inte fanns några bland oss! Jag har sett skrifter skrivna i Holland av dessa flyktingar som gör människor så nitiska för sin religion, fyllda med förtal mot konungen som är så avskyvärda och så avlägsna från all sannolikhet att de gör det klart att det är demonens ande som agiterar dem.

English translation (my own):

My lord,
I have many things to tell you about the letter from the Queen of Sweden.  It is not that I find it strange that she, nor Your Serene Highness, did not approve of the King's conduct in the conversion of the Huguenots. I admit that this is a matter on which Catholics themselves can be divided on everything, because the facts which some suppose may be very different from those which are supposed by others. I am also not too surprised that she spoke of it so harshly. She assumed that her letter would not be seen, and so she could write what she thought with all kinds of freedom. That if it is true that she is on very bad terms with France, as I have been told, because seeing the equestrian statue of the king made by the Chevalier Bernini, and admiring the beauty of the work, it escaped her to say that it would have been desirable for it to have been the head of the King of Poland, and that since that time the French ambassador has had orders not to see it. If this, I say, is true, it is to be feared that this little misunderstanding may be thought to have contributed to make him judge so unfavourably of the King's conduct. If that were all, however, I would not dwell on it, and I would not believe that it was a sufficient reason to attribute to passion rather than to reason what she says in this letter.

But what would make one apprehend that there was indeed resentment is the way in which she speaks of the 4 articles of the Assembly of the Clergy of France. Because we do not understand how this Queen, moreover so clever, could have taken in cold blood this exposition of the doctrine of the French Church accompanied by a great deal of respect towards the Holy See, for "a visible attack against the Roman Church", for "a scandalous liberty which could not be pushed nearer rebellion", for "an apparent triumph of heresy", and for "dogmas and sentiments conforming to those of the Calvinists on this fundamental point of our religion."

It would have been necessary at least to cut all that out of her letter if this great princess wanted people to believe that she had written it with stale blood and that passion had no part in it. I believe that for this place Your Highness will judge as I do and that she nevertheless did well not to tell him anything about it.

But if Your Highness had any occasion to write to her, you would oblige me to ask her if Mr. Grotius professed the religion of the Calvinists when she was given an account of his embassy shortly before his death. I am sure of the contrary; but there is a doctor who maintains in a book he wrote against me that Mr. Grotius lived and died in the religion of the Calvinists. And I shall be glad to have something to convince him, if I ever write against him, by the testimony of this Queen. Grotius' last book, which did not appear until after his death, contains an infinity of evidence that he was far removed from the religion of the Calvinists, since there is hardly a point in dispute on which he does not stand for Catholics. And there is in this same work a place which should hardly please the so-called Reformists. For he maintained there from that time, that is to say, about 40 years ago, that the Edict of Nantes and other similar ones are not treaties of alliance, but of ordinances made by kings for the public utility, and subject to revocation, when the public good demands that they be revoked.

The edicts which were made in France for those who say they were Reformists were neither rescinded, nor diminished, but preserved as carefully as Grotius wished, and to this fact he has many and great witnesses. But those who impose the name of Reformists on themselves know that those covenants are not treaties, but edicts of kings, made for the public benefit, and they are revocable if the public benefit urges the kings to do otherwise.

I am very glad that the Elector Palatine has caused the Protestants themselves to disavow this ridiculous tale of the spectre. I have always believed that it could only be a pure lie. It is a disgrace to the so-called Reformists to have among them people capable of inventing such black slanders. Would to God there were none among us! I have seen writings written in Holland by these fugitives who make people so zealous for their religion, filled with calumnies against the King which are so abominable and so remote from all likelihood that they make it clear that it is the spirit of the demon which agitates them.


Above: Kristina.


Above: Hugo Grotius.


Above: Ernst, Landgrave of Hesse-Rheinfels-Rotenburg.

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