Tuesday, February 7, 2023

Kristina's letter to Friedrich Wilhelm, the Elector of Brandenburg, dated January 24, 1688

Source:

Mémoires concernant Christine, reine de Suède, volume 4, page 159, compiled and edited by Johan Arckenholtz, 1760


"Le Baron Dobrzinski s'insinua fort auprès de la Reine, & gagna entiérement le Marquis del Monte, qui seul avoit le secret de cette affaire. Grand ennemi du Cardinal Azzolini, & intéressé à voir la Reine éloignée de Rome, d'où il avoit été banni autrefois (Je n'ai pas pu découvrir l'époque où ce Marquis a été banni de Rome.), il n'oublia rien pour la disposer à accepter les propositions de l'Electeur. Elle fut aussi plus d'une fois sur le point de s'y déterminer, mais elle changeoit de résolution selon qu'elle étoit plus ou moins aigrie contre le Pape; & sa prédilection pour le séjour de Rome, où elle étoit adorée, l'emporta toujours. La Mort de Frédéric Guillaume ne fit point cesser cette Négociation. La Reine, plus mécontente du Pape que jamais, fit proposer à l'Electeur Frédéric III. de lui céder la Souveraineté du Duché de Cléves, parce que sa gloire ne lui permettoit pas de vivre dans un lieu qui ne dépendît point d'elle, qu'à Rome (Ce principe a été apparemment la principale raison pourquoi Christine embrassa la Religion Romaine, & fixa son séjour à Rome, dit Mr. de Hertzberg.). L'Electeur s'excusa sur le point de la Souveraineté, mais il lui fut répondre qu'elle jouiroit avec sa Cour de l'indépendance la plus illimitée; qu'elle auroit une Garde de deux cens hommes, & qu'il lui feroit payer une pension de quinze mille écus. La Reine parut satisfaite des raisons qu'on lui alléguoit, & il y avoit encore espérance de moyenner un Traité touchant son héritage, lorsque toute la Négociation fut subitement interrompue par la mort du Marquis del Monte. Dobrzinski perdit par-là son meilleur ou plutôt son unique soutien. La Reine voulut bien continuer elle-même la Négociation, mais elle différa toujours de s'expliquer positivement; & quoiqu'elle demandât si l'Electeur voudroit bien lui rendre le Duché de Magdebourg ou de Cléves pour sa vie, on vit bien que ce n'étoit que pour amuser le tapis, & pour gagner du tems, afin de voir l'issue des brouilleries de Rome, des troubles de l'Europe, & de la Négociation qu'elle avoit fait entamer à Stockholm par le jeune Marquis del Monte. L'affaire auroit pu prendre une meilleure face, si la Reine fût venue en Allemagne, comme elle en avoit le dessein, ou qu'elle eût vécu jusqu'à l'arrivée d'Olivekrans, qui étoit en chemin pour Rome lorsque Christine vint à mourir. Le Baron Dobrzinski protesta éventuellement contre son Testament au nom de l'Electeur, pendant que le Roi de Suède fit faire une protestation particuliére par l'Abbé Scarlati, Ministre de Baviére. Le Baron avoit fait cette démarche de son propre mouvement, & l'Electeur ne jugea pas à propos de poursuivre l'affaire. Pompée Azzolini, pour s'acquiter du legs fait à l'Electeur, présenta au Baron Dobrzinski un Tableau de Jules-Romain, représentant des Bachanales, mais il refusa de l'accepter.

Nous n'avons à ajouter que cette relation de Mr. de Hertzberg que quelques Lettres de Christine, en preuve de la bonne intelligence qui subsistoit entre la Reine & l'Electeur, Successeur de son Pére. A la mort de celui-ci, qui arriva le 29 Avril 1688, & qui fut notifiée par Lettre, Christine y répondit par celle-ci, qui est fort obligeante, & écrite de sa propre main."

"Baron Dobrzyński insinuated himself strongly with the Queen and won over entirely the Marquis del Monte, who alone had the secret of this affair. A great enemy of Cardinal Azzolino, and interested in seeing the Queen removed from Rome, from whence he had formerly been banished (I have not been able to discover the time when this marquis was banished from Rome.), he forgot nothing to dispose her to accept the proposals of the Elector. She was also more than once on the point of deciding to do so, but she changed her resolution according as she was more or less embittered against the Pope; and her predilection for the stay in Rome, where she was adored, always prevailed.

The death of Friedrich Wilhelm did not put an end to this negotiation. The Queen, more dissatisfied with the Pope than ever, proposed to the Elector Friedrich III to cede to him the sovereignty of the Duchy of Cleves, because her glory did not allow her to live in a place that did not depend on her except in Rome (This principle was apparently the principal reason why Kristina embraced the Roman religion, and fixed her stay in Rome, says Mr. von Hertzberg.). The Elector excused himself on the point of sovereignty, but he was answered that she would enjoy with her Court the most unlimited independence; that she would have a Guard of two hundred men, and that he would make her pay a pension of fifteen thousand crowns. The Queen seemed satisfied with the reasons that were alleged to her, and there was still hope of reaching a treaty concerning her inheritance when the whole negotiation was suddenly interrupted by the death of the Marquis del Monte. Dobrzyński thereby lost his best or rather his only support.

The Queen was willing to continue the negotiation herself, but she always delayed explaining herself positively; and although she asked if the Elector would be willing to give her back the Duchy of Magdeburg or Cleves for her lifetime, it was clearly seen that it was only to amuse the audience, and to gain time, in order to see the issue of the quarrels of Rome, the troubles of Europe, and the negotiation which she had caused to be begun at Stockholm by the young Marquis del Monte. The affair might have taken a better turn if the Queen had come to Germany, as she had intended, or if she had lived until the arrival of Olivekrantz, who was on his way to Rome when Kristina died. Baron Dobrzyński eventually protested against her will in the name of the Elector, while the King of Sweden had a special protest made by Abbot Scarlatti, Minister of Bavaria. The Baron had taken this step on his own initiative, and the Elector did not think it appropriate to pursue the matter.

Pompeo Azzolino, to discharge the legacy made to the Elector, presented Baron Dobrzyński with a painting by Giulio Romano, representing the bacchanals, but he refused to accept it.

We have to add to this account of Mr. von Hertzberg and some letters from Kristina, as proof of the good understanding which subsisted between the Queen and the Elector, the successor of his father. To his death, which occurred on April 29, 1688, and which was notified by letter, Kristina responded with this one, which is very obliging and written in her own hand."

The letter:

Mon cher Frére, j'ai reçu avec joye & avec beaucoup d'estime les offres obligeantes que V. A. E. m'a voulu faire par la Lettre que vous m'avez écrite sur la plus importante & délicate occasion de ma vie; & le Baron Dobrzinski, qui me l'a rendue, vient d'y ajouter par votre ordre des expressions si pleines de zéle & d'affection de la part de V. A. que je ne puis plus, sans me faire tort à moi-même & à V. A. douter de vous être redevable d'une amitié sincére & tendre. C'est pourquoi je vous rends grace d'avoir chargé un si honnête homme, qui occupe des Postes si considérables à votre Cour, de m'instruire de vos sentimens & de vos dispositons. Il me sera témoin que j'ai reçu toutes les honnêtetés de V. A. avec toute l'estime & toute la reconnoissance dont je suis capable, & que j'en suis aussi pénétrée que je dois l'être, ne souhaitant rien plus que l'occasion d'y répondre aussi dignement que je le voudrois. Je l'ai chargé du soin de vous persuader de ces vérités, & de suppléer auprès de V. A. aux défauts de mes expressions, pour vous assurer que je suis
Mon cher Frére,
Votre bonne Sœur
C. A.
André Galdenblad.
Rome ce 24. Janvier
1688.

Swedish translation (my own):

Min käre bror,
Jag har med glädje och med stor aktning mottagit de vänliga erbjudanden som Ers Kurfurstliga Höghet velat göra mig genom det brev som Ni skrivit mig vid mitt livs viktigaste och ömtåligaste tillfälle; och baron Dobrzyński, som har givit mig det, har rättnu på Er befallning lagt därtill uttryck så fulla av iver och tillgivenhet för Ers Höghet, att jag inte längre kan, utan att göra mig själv fel och få Ers Höghet att tvivla, att jag är Er tacksam för en uppriktig och öm vänskap. Det är därför jag tackar Er för att Ni har ålagt en så ärlig man, som innehar så viktiga poster vid Ert hov, att informera mig om Era känslor och Era dispositioner. Han skall vara mitt vittne om att jag har mottagit alla Ers Höghets ärligheter med all den aktning och all den tacksamhet som jag förmår, och att jag är så imponerad därav som jag borde vara, och önskar inget annat än möjligheten att svara Er så värdigt som jag skulle vilja. Jag har givit honom uppdraget att övertyga Er om dessa sanningar och att förse Ers Höghet med bristerna i mina uttryck, för att försäkra Er att jag är,
Min käre bror,
Er goda syster
K. A.
Andreas Galdenblad.
Rom, den 24 januari
1688.

English translation (my own):

My dear brother,
I have received with joy and with great esteem the obliging offers which Your Electoral Highness has wished to make to me by the letter which you have written to me on the most important and delicate occasion of my life; and Baron Dobrzyński, who has given it to me, has just added to it, by your order, expressions so full of zeal and affection on behalf of Your Highness that I can no longer, without doing myself wrong and making Your Highness doubt, that I am indebted to you for a sincere and tender friendship. That is why I thank you for having charged such an honest man, who occupies such important posts at your court, to inform me of your feelings and your dispositions. He will be my witness that I have received all Your Highness's honesties with all the esteem and all the gratitude of which I am capable, and that I am as impressed with it as I ought to be, wishing for nothing more than the opportunity to answer you as worthily as I would like. I have charged him with the task of persuading you of these truths, and of supplying Your Highness with the defects of my expressions, to assure you that I am,
My dear brother,
Your good sister
K. A.
Andreas Galdenblad.
Rome, January 24,
1688.


Above: Kristina.


Above: Elector Friedrich Wilhelm of Brandenburg.

Note: In accordance with the nobility's ideals in the early modern era, kings, queens and other rulers considered themselves siblings; when talking to someone of a lower rank than their own, they would refer to that person as "my cousin", regardless of whether or not they were related. Kristina addressed the Elector as "cousin" for a long time, but began to address him as "brother" in later years.

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