Source:
Français 3930, ancienne cote: Anc. 8593 (M), de La Mare 583: Recueil de lettres et pièces originales; views 40 to 42, Bibliothèque nationale de France, Département des Manuscrits
The letter:
A Lubeck le 10e Janvier 1653.
Monsieur
nous avons appris par une lettre que Madame de Saumaise a faict l'Honneur a ma femme de luy escrire, que la bonté de Dieu vous a tiré d'vne derniere maladie ou vous avez esté a lextremité. Je la benis et la remercie de tout mon cœur, quelle vous ait voulu conserver, et ne priver point n:re Siecle d'une lumiere que plus [les] suivants ne fourniroient pas si ell'estoit esteinte pour nous. Jl me semble voir en la [let]tre de madame de Saumaise que vous meditez le voyage de france. J'avois cru que les Jnstances de la Reine de Suede l'emporteroient Sur nous, mais peut-estre que cette derniere maladie a reveille en vous l'amour de la patrie, et que vous attendes du soulagement de v:re air natal. Je suis fort destitué de nouvelles de stockholm M. [de] piques m'escrit en ministre de ce quil peut apprendre des aff:res publiques. M. courtin que ses parents rappellent en france, des siennez particulieres. Monsieur de Bourdelot ma donné deux lettres toutes d'esprit et de gentillesses, mais du parti entier de la Cour[.] Je nen sçay rien que ce qu'en ont dit quelques gens qui sont passez, et qui asseurent, qu'elle ne fut jamais plus belle et plus magnifique[.] Et que Mr Bourdelot est fort bien en l'esprit de la Reine, et sert fortem:t Ses amis. Monsieur le comte Magnus a grande peine de Se tirer d'une fiebure quarte qui la rendu fort melancolique. Je me suis donnè l'Honneur de luy escrire vne seule fois. Jattens sa response. Je ne puis comprendre quelle cause peut avoir la curiosité de celuy qui a desiré scavoir quel avoit esté n:re entretien lorsque vous m'avez receu en V:re Maison en passant a leyden: Sil avoit veu la bonne chere que vous me fistes. Jl auroit jugé quen ce peu de temps que J'eus l'Honneur d'estre auprez de vous. Jl ny eut de place que pa[yer] les compliments ord:res et pour faire vn tres excellent repas. d'Jntrigues Jl ne sen peut parler entre nous, vous estes au dessus et moy au dessoubz, vous marchez tousjours dans le grand chemin pource que vous le cognoissez le meilleur, et moy pource que Je ne cognois point d'autre. Jl est vray que Je pense que vous n'auriez pas moings que moy la curiosité destre transporté pour quelques heures Jnvisiblement en cette Cour dont nous honnorons tant la maistresse, mais quant a moy cest le souhaict dune chose impossible que de penser a voir la Suede, ce qui nest pas pour Vous, Monsieur, hors lapparence, car Jl sera difficile que vous resistiez a ces Violentes prieres de la Reine que vous mavez laisse voir. po[ur] la gloire de cette princesse; car lestime et le merite du grand Monsieur de Saumaise sont desormais establis comme la foy des [...] miracles. mais certes cest beaucoup po[ur] la reputation de sa Majeste qu'elle les sache estimer selon leur prix. Je croy fermement qu'elle ne vous donnera point de repos qu'elle ne vous revoye dans son palais. Si je pensois que Madame de Saumaise n'eut point veu les vers du ballet de la naissance de la Reine Je les joindrois a cette lettre, mais M. Bourdelot est trop son serviteur po[ur] luy avoir envie ce plaisir. Je l'advertis seulement, que led[i]t Bourdelot est lauteur de ceux qui ne sont point marquez a la fin de cette marque *** les marquez sont dun poete nommé chevreau qui est a Monsieur Tot. ne trouvez point mauvais, Monsieur, que Je ne vous entretienne pour d'estre traitté. Je ny cognois rien moy mesme et je nen Scaurois parler aveq certitude. vn peu de temps nous esclaircira. enfin si vous n'alliez point en suede, Je ne serois pas Sans esperance de vous accompagner en france. de quelque facon que la fortune et les affaires disposent [...] Je tiendray a grand honneur destre, et de me vanter que je suis
Monsieur
V:re tres humble et tres obeissant serviteur. Chanut.
With modernised spelling:
A Lübeck, le 10e janvier 1653.
Monsieur,
Nous avons appris, par une lettre que Madame de Saumaise a fait l'honneur à ma femme de lui écrire, que la bonté de Dieu vous a tiré d'une dernière maladie où vous avez été à l'extrêmité. Je la bénis et la remercie de tout mon cœur qu'elle vous ait voulu conserver et ne priver point notre siècle d'une lumière que plus [les] suivants ne fourniraient pas si elle était éteinte pour nous. Il me semble voir en la lettre de Madame de Saumaise que vous méditez le voyage de France. J'avais cru que les instances de la reine de Suède l'emporteraient sur nous, mais peut-être que cette dernière maladie a reveillé en vous l'amour de la Patrie, et que vous attendez du soulagement de votre air natal.
Je suis fort destitué de nouvelles de Stockholm. M. [de] Picques m'écrit en ministre de ce qu'il peut apprendre des affaires publiques. M. Courtin, que ses parents rappellent en France, des siennes particulières. Monsieur de Bourdelot m'a donné deux lettres, toutes d'esprit et de gentillesses, mais du parti entier de la Cour. Je n'en sais rien que ce qu'en ont dit quelques gens qui sont passés et qui assurent qu'elle ne fut jamais plus belle et plus magnifique. Et que M. Bourdelot est fort bien en l'esprit de la reine et sert fortement ses amis.
Monsieur le comte Magnus a grande peine de se tirer d'une fièvre quarte qui l'a rendu fort melancolique. Je me suis donné l'honneur de lui écrire une seule fois. J'attends sa réponse.
Je ne puis comprendre quelle cause peut avoir la curiosité de celui qui a désiré savoir quel avait été notre entretien lorsque vous m'avez reçu en votre maison en passant à Leiden. S'il avait vu la bonne chère que vous me fîtes, il aurait jugé qu'en ce peu de temps que j'eus l'honneur d'être auprès de vous il ny eut de place que payer les compliments ordinaires et pour faire un très excellent repas d'intrigues. Il ne s'en peut parler entre nous. Vous êtes au dessus et moi au dessous. Vous marchez toujours dans le grand chemin, pource que vous le connaissez le meilleur, et moi pource que je ne connais point d'autre.
Il est vrai que je pense que vous n'auriez pas moins que moi la curiosité d'être transporté pour quelques heures invisiblement en cette Cour, dont nous honorons tant la maîtresse; mais, quant à moi, c'est le souhait d'une chose impossible que de penser à voir la Suède, ce qui n'est pas pour vous, Monsieur, hors l'apparence. Car il sera difficile que vous résistiez à ces violentes prières de la reine que vous m'avez laissé voir pour la gloire de cette princesse, car l'estime et le mérite du grand Monsieur de Saumaise sont désormais établis comme la foi des [...] miracles. Mais, certes, c'est beaucoup pour la réputation de Sa Majesté qu'elle les sache estimer selon leur prix. Je crois fermement qu'elle ne vous donnera point de repos qu'elle ne vous revoie dans son palais.
Si je pensais que Madame de Saumaise n'eut point vu les vers du ballet de la naissance de la reine, je les joindrais à cette lettre; mais M. Bourdelot est trop son serviteur pour lui avoir envie ce plaisir. Je l'avertis seulement que ledit Bourdelot est l'auteur de ceux qui ne sont point marqués à la fin de cette marque: ***. Les marques sont d'un poète nommé Chevreau, qui est à Monsieur Tott.
Ne trouvez point mauvais, Monsieur, que je ne vous entretienne pour d'être traité. Je n'y connais rien moi-même, et je n'en saurais parler avec certitude. Un peu de temps nous éclaircira. Enfin, si vous n'alliez point en Suède, je ne serais pas sans espérance de vous accompagner en France, de quelque façon que la fortune et les affaires disposent [...]. Je tiendrai à grand honneur d'être et de me vanter que je suis,
Monsieur,
votre très humble et très obéissant serviteur
Chanut.
Swedish translation (my own):
Lübeck, den 10 januari 1653.
Monsieur,
Vi har fått veta, genom ett brev som madam de Saumaise gjorde äran att skriva till min hustru, att Guds godhet har räddat Er från en sista sjukdom där Ni var ytterst. Jag välsignar den och tackar den av hela mitt hjärta att den ville bevara Er och inte beröva vårt sekel ett ljus som de följande inte skulle ge om det släcktes för oss. Det förefaller mig av madam de Saumaises brev som Ni mediterar på resan till Frankrike. Jag hade trott, att Sveriges drottnings bön skulle segra över oss, men kanske har denna sista sjukdom återuppväckt i Er kärleken till Ert land, och att Ni förväntar Er befrielse från Er födelselands luft.
Jag är kraftigt berövad på nyheter från Stockholm. Monsieur de Picques skriver till mig som minister om vad han kan förnimma av offentliga angelägenheter. Monsieur Courtins föräldrar kallar tillbaka honom till Frankrike för hans familjs privata angelägenheter. Monsieur de Bourdelot har gett mig två brev, alla kvicka och vänliga, men från hela hovets parti. Jag vet ingenting om den förutom vad några människor som gått förbi har sagt om den och som försäkrar oss att det aldrig varit vackrare och mer storslaget. Och att monsieur Bourdelot är mycket väl i drottningens sinne och tjänar sina vänner väl.
Greve Magnus har stora svårigheter att ta sig ur en kvartsfeber som gjort honom väldigt melankolisk. Jag har gett mig själv äran att skriva till honom bara en gång. Jag väntar på hans svar.
Jag kan inte förstå vad som orsakade nyfikenheten hos någon som ville veta hur vårt samtal hade sett ut när Ni tog emot mig i Ert hus när Ni gick genom Leiden. Om han hade sett det glada jubel Ni gav mig, skulle han ha bedömt att det på den korta tid som jag hade äran att vara hos Er inte fanns plats för annat än att betala de vanliga komplimangerna och en mycket utmärkt måltid av intriger. Det går inte att tala om oss emellan. Ni är ju ovan och jag är ju under. Ni går alltid den stora vägen, ty Ni känner ju till den bäst, och jag gör det för att jag inte känner någon annan.
Det är sant, att jag tror, att Ni inte skulle vara mindre nyfiken än jag på att under några timmar osynligt transporteras till detta hov, vars härskarinna vi hedrar så mycket; men för mig är det en omöjlig saks önskan att tänka sig att se Sverige, som inte är för Er, monsieur, bortsett från utseendet. Ty det kommer att vara svårt för Er att motstå dessa våldsamma bön från drottningen, som Ni har låtit mig se till denna prinsessas ära, ty den store monsieur de Saumaises estim och förtjänst är hädanefter etablerad som tron på [...] mirakel. Men visst är det mycket för Hennes Majestäts rykte att hon vet hur man uppskattar dem efter deras pris. Jag är övertygad om att hon inte kommer att ge Er någon vila förrän hon ser Er igen på sitt slott.
Om jag trodde att madam de Saumaise inte hade sett balettens verser från drottningens födelsedag, skulle jag bifoga dem med detta brev; men monsieur Bourdelot är för mycket hennes tjänare för att avundas henne detta nöje. Jag informerar henne bara om att nämnde Bourdelot är författare till de som inte är markerade i slutet av detta märke: ***. Märkena är från en diktare vid namn Chevreau, som tillhör herr Tott.
Tycka inte att det är fel, monsieur, att jag inte underhåller Er för att bli underhållen. Jag vet ingenting om det själv, och jag kan inte uttala mig säkert. Lite tid kommer att upplysa oss. Slutligen, om Ni inte åker till Sverige, skulle jag inte vara utan hopp om att följa med Er till Frankrike, på vilket sätt lycka och angelägenheter förfogar över [...]. Jag skall hålla det i stor ära att vara och att skryta med att jag är,
Monsieur,
Er ödmjukaste och lydigaste tjänare
Chanut.
English translation (my own):
Lübeck, January 10, 1653.
Monsieur,
We have learned, by a letter which Madame de Saumaise did the honour of writing to my wife, that God's goodness has rescued you from a final illness in which you were at the extremity. I bless it and thank it with all my heart that it wanted to preserve you and not deprive our century of a light which the following ones would not provide if it were extinguished for us. It seems to me from Madame de Saumaise's letter that you are meditating on the trip to France. I had thought that the entreaties of the Queen of Sweden would prevail over us, but perhaps this last illness has reawakened in you the love of your country, and that you expect the relief of your native air.
I am greatly deprived of news from Stockholm. Monsieur de Picques writes to me as a minister about what he can learn from public affairs. Monsieur Courtin's parents are calling him back to France, for his family's private matters. Monsieur de Bourdelot has given me two letters, all witty and kind, but from the whole party of the Court. I know nothing about it except what some people who have passed by have said of it, and who assure us that it was never more beautiful and more magnificent. And that Monsieur Bourdelot is very well in the mind of the Queen and serves her friends well.
Count Magnus is having great difficulty getting out of a quartan fever which has made him very melancholic. I have given myself the honour of writing to him only once. I await his response.
I cannot understand what caused the curiosity of someone who wanted to know what our conversation had been like when you received me at your house while passing through Leiden. If he had seen the good cheer you gave me, he would have judged that in the short time that I had the honour of being with you, there was no room for anything but paying the usual compliments and a very excellent meal of intrigues. It cannot be talked about between us. You are above and I below. You always walk the high road, because you know it best, and I do it because I know no other.
It is true that I think you would be no less curious than I to be transported for a few hours invisibly to this court, whose mistress we honour so much; but, as for me, it is the wish of an impossible thing to think of seeing Sweden, which is not for you, Monsieur, apart from appearances. For it will be difficult for you to resist these violent entreaties of the Queen, which you have let me see for the glory of this princess, for the esteem and merit of the great Monsieur de Saumaise are henceforth established as the faith of [...] miracles. But, certainly, it is a great deal for the reputation of Her Majesty that she knows how to esteem them according to their price. I firmly believe that she will give you no rest until she sees you again at her castle.
If I thought that Madame de Saumaise had not seen the verses of the ballet from the Queen's birthday, I would enclose them with this letter; but Monsieur Bourdelot is too much her servant to envy her this pleasure. I only inform her that the said Bourdelot is the author of those which are not marked at the end of this mark: ***. The marks are from a poet named Chevreau, who belongs to Lord Tott.
Do not find it wrong, Monsieur, that I do not entertain you in order to be treated. I don't know anything about it myself, and I can't speak for sure. A little time will enlighten us. Finally, if you do not go to Sweden, I would not be without hope of accompanying you to France, in whatever way fortune and affairs dispose [...]. I will hold it in great honour to be and to boast that I am,
Monsieur,
your most humble and most obedient servant
Chanut.
Above: Kristina.
Above: Antoine de Courtin.
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