Source:
Gallerie des Peintures, ou Recueil des Portraits et Eloges en Vers, volume 1, pages 33 to 39, published by Charles de Cercy, 1663
Mémoires de Mademoiselle de Montpensier, volume 7, pages 134 to 137, Mademoiselle de Montpensier, 1735
Mémoires concernant Christine, volume 2, pages 26 to 28, Johan Arckenholtz, 1751
The description:
La Diuine Reyne dont vous voulez que ie vous fasse le Portrait, n'est pas vne chose qui puisse estre peinte; & quand la Fortune vous osta l'occasion de la voir, vous ne dûtes pas vous promettre que tout ce qui est en elle vous pût iamais estre representé, puis qu'il faudroit des yeux propres à regarder fixement le Soleil, pour les oser leuer sur elle, sans en estre ébloüis. Ne jugez donc pas de la Reyne du Nord par ce que ie vous en vais dire mais seulement de mon amitié pour vous, qui me fait entreprendre au dela du possible, vous donnant vn Portrait qui feroit dans son entreprise trembler le plus hardy pinceau. Ma main, pour vous plaire, en commence vn[e] ébauche, en vous disant que cette Princesse est plus petite que grande, mais qu'il semble qu'elle se soit defenduë de croistre dauantage, afin qu'il fut plus extraordinaire de luy voir dans cette taille vne mine si haute & si majestueuse, qu'on la connoist d'abord pour maistresse de tout ce qui l'enuironne: Ses cheueux sont du plus beau blond cendré, son teint est fort blanc, malgré toutes les saisons où elle s'expose; son nez est vn peu grand, mais fort bien fait, sa bouche petite, & ses dents blanches. La forme de son visage est vn peu longue, mais fort agreable; & tous les traits y estant fort regulierement placez, y font vn assemblage qui plairoit infinement à regarder, si les beaux yeux de cette Reyne en laissoient la hardiesse; mais il n'en est point que la rencontre des siens ne fasse baisser: Ils sont bleus, & du plus bel azur dont nous paroist le Ciel; ils sont grands, & de la plus belle forme, & plus brillans que la lumiere mesme: Ils se font des sujets de tous ceux qu'ils regardent; & s'ils voyent moins que les autres, la Nature ne leur a laissé ce petit defaut que pour donner le temps de les voir auant d'en estre veu: Sa gorge, ses bras, & ses mains, sont de la couleur de la neige. Voila ce qui fait sa personne, & la rend aimable à tout autre qu'à elle-mesme, qui n'a iamais regardé sa beauté, ny songé à la conseruation de sa Personne, ne s'estant appliquée qu'à se rendre digne d'estre immortelle, sans se souuenir du temps de sa durée, qui lui paroistra toûjours assez lõgue, pourueu qu'elle ne fuye point la mort, par des soins & des craintes qui feroient honte à sa belle vie. Pour son Esprit, il est si grand & si merueilleux, qu'il faudroit de nouueaux termes pour parler d'vne chose qui n'eust iamais de semblable; car elle est née si capable, qu'elle ne trouue dans le Monde des Sciences que ce qu'elle nous y auroit laissé, s'il n'y en auoit point eu deuant elle. Elle possede vne si veritable connoissance de toutes choses, que sans s'arrester à ce que l'erreur ou la coustume les a fait valoir, elle ne les prend que pour ce qu'elles sont. Elle sçait mieux l'art de regner, que tous les Politiques ne l'ont iamais sceu: mais son grand cœur le méprise les Royaumes, puis qu'elle s'est démis de celuy qu'elle auoit de naissance, comme estant le partage d'vne aueugle Puissance qui n'a pas sceu connoistre que toute la Terre deuoit estre soûmise à Christine, pour luy donner enuie de s'abaisser & regner ailleurs que sur elle-mesme, & non pas dans vn coin du Monde, qui en estant vn des grands Royaumes, n'estoit neantmoins pas ce qu'il falloit pour borner Christine, qui s'est donnée un Successeur auant sa mort, sous la condition qu'il occuperoit assez dignement le Trône où elle s'est assise, pour continuer à rendre le Sceptre redoutable à tous ceux qui en portent vn, & apprendre à ses voisins à demeurer ses Amis, ou à deuenir ses Tributaires; & c'est auec ce discernement qu'elle a fait son choix, & qu'elle a iugé que celuy qu'elle mettoit en sa place surpasseroit la gloire de ses deuanciers, & celle de ses descendans, si Christine & son Pere ne l'arrestoient dans le chemin, & ne luy laissoient cueillir des Lauriers seulement pour en apporter la Couronne à leurs pieds, pource qu'il n'execute que les projets de la grande Christine, qu'elle n'a abandonné ny faute de cœur, ny par la crainte des trauaux qui accompagnent les grandes entreprises, mais seulement pour se trouver touchée de la pretention d'vne plus haute gloire que celle que se sont proposée Alexandre & Gustaue. Elle s'est attachée à vne solide vertu, dont la recompense est distribuée par de plus justes mains que ne sont celles de la Renommée, qui souuent arrache les presens qu'elle a faits, quand ils sont deuenus des biens dont elle ne nous sçauroit plus priuer sans injustice. Ainsi la grande Christine ne viuant plus que pour connoistre la Verité, & suiure la Vertu, elle s'est faite de sa propre gloire vne plus digne Couronne que celle qu'elle receut de ses Peres.
With modernised spelling:
La divine reine dont vous voulez que je vous fasse le portrait n'est pas une chose qui puisse être peinte; et quand la fortune vous ôta l'occasion de la voir, vous ne dûtes pas vous promettre que tout ce qui est en elle vous pût jamais être représenté, puisqu'il faudrait des yeux propres à regarder fixement le soleil pour les oser lever sur elle sans en être éblouis. Ne jugez donc pas de la reine du Nord par ce que je vous en vais dire, mais seulement de mon amitié pour vous, qui me fait entreprendre au-delà du possible, vous donnant un portrait qui ferait dans son entreprise trembler le plus hardi pinceau.
Ma main, pour vous plaire, en commence une ébauche en vous disant que cette princesse est plus petite que grande, mais qu'il semble qu'elle se soit défendue de croître davantage, afin qu'il fut plus extraordinaire de lui voir dans cette taille une mine si haute et si majestueuse, qu'on la connaît d'abord pour maîtresse de tout ce qui l'environne. Ses cheveux sont du plus beau blond cendré, son teint est fort blanc, malgré toutes les saisons où elle s'expose; son nez est un peu grand, mais fort bien fait; sa bouche petite et ses dents blanches. La forme de son visage est un peu longue, mais fort agréable, et tous les traits, y étant fort regulièrement placés, y font un assemblage qui plairait infiniment à regarder, si les beaux yeux de cette reine en laissaient la hardiesse; mais il n'en est point que la rencontre des siens ne fasse baisser. Ils sont bleus et du plus bel azur dont nous paraît le ciel; ils sont grands et de la plus belle forme et plus brillants que la lumière-même. Ils se font des sujets de tous ceux qu'ils regardent, et s'ils voient moins que les autres, la nature ne leur a laissé ce petit défaut que pour donner le temps de les voir avant d'en être vu. Sa gorge, ses bras, et ses mains sont de la couleur de la neige.
Voilà ce qui fait sa personne, et la rend aimable à tout autre qu'à elle-même, qui n'a jamais regardé sa beauté, ni songé à la conservation de sa personne, ne s'étant appliquée qu'à se rendre digne d'être immortelle sans se souvenir du temps de sa durée, qui lui paraîtra toujours assez longue, pourvu qu'elle ne fuie point la mort par des soins et des craintes qui feraient honte à sa belle vie.
Pour son esprit, il est si grand et si merveilleux qu'il faudrait de nouveaux termes pour parler d'une chose qui n'eût jamais de semblable, car elle est née si capable qu'elle ne trouve dans le monde des sciences que ce qu'elle nous y aurait laissé s'il n'y en avait point eu devant elle. Elle possède une si véritable connaissance de toutes choses que, sans s'arrêter à ce que l'erreur ou la coutume les a fait valoir, elle ne les prend que pour ce qu'elles sont. Elle sait mieux l'art de régner que tous les politiques ne l'ont jamais su, mais son grand cœur le méprise les royaumes, puisqu'elle s'est démis[e] de celui qu'elle avait de naissance, comme étant le partage d'une aveugle puissance qui n'a pas su connaître que toute la terre devait être soumise à Christine pour lui donner envie de s'abaisser et régner ailleurs que sur elle-même, et non pas dans un coin du monde, qui, en étant un des grands royaumes, n'était néanmoins pas ce qu'il fallait pour borner Christine, qui s'est donnée un successeur avant sa mort, sous la condition qu'il occuperait assez dignement le trône où elle s'est assise, pour continuer à rendre le sceptre redoutable à tous ceux qui en portent un, et apprendre à ses voisins à demeurer ses amis ou à devenir ses tributaires.
Et c'est avec ce discernement qu'elle a fait son choix et qu'elle a jugé que celui qu'elle mettait en sa place surpasserait la gloire de ses devanciers, et celle de ses déscendants, si Christine et son père ne l'arrêtaient dans le chemin et ne lui laissaient cueillir des lauriers seulement pour en apporter la Couronne à leurs pieds, pource qu'il n'exécute que les projets de la grande Christine, qu'elle n'a abandonné ni faute de cœur, ni par la crainte des travaux qui accompagnent les grandes entreprises, mais seulement pour se trouver touchée de la prétension d'une plus haute gloire que celle que se sont proposée Alexandre et Gustave.
Elle s'est attachée à une solide vertu, dont la récompense est distribuée par de plus justes mains que ne sont celles de la renommée, qui souvent arrache les présents qu'elle a faits quand ils sont devenus des biens dont elle ne nous saurait plus priver sans injustice. Ainsi la grande Christine ne vivant plus que pour connaître la vérité et suivre la vertu, elle s'est faite de sa propre gloire une plus digne couronne que celle qu'elle reçut de ses pères.
Mademoiselle de Montpensier's transcript of the description:
La divine Reine que vous voulez que je dépeigne, n'est pas une chose qui le puisse être: & quand la fortune vous ôta l'occasion de la voir, vous ne dutes pas vous promettre que tout ce qui est en elle vous pût jamais être représenté, puisqu'il faudroit des yeux propres à regarder fixement le Soleil, pour les oser lever sur elle, sans en être éblouï. Ne jugez donc pas de la Reine du Nord par ce que je vous en vais dire; mais seulement de mon amitié pour vous, qui me fait entreprendre au-delà du possible, vous donnant un Portrait qui feroit dans son entreprise trembler les plus hardis pinceaux.
Ma main pour vous plaire en commence une ébauche, en vous disant que cette Princesse est plus petite que grande; mais qu'il semble qu'elle se seroit defenduë de croître davantage, afin qu'il fût plus extraordinaire de lui voir dans cette taille une mine si haute & si majestueuse, on la connoît d'abord pour maîtresse de tout ce qui l'environne. Ses cheveux sont du plus beau blond cendré: son teint est fort blanc malgré toutes les saisons à quoi elle s'expose: son nez est un peu grand, mais fort bien fait: sa bouche petite; ses dents blanches: la forme de son visage un peu longue, mais fort agréable; & tous les traits y étant regulierement placez, y font un assemblage qui plairoit infiniment à regarder, si les beaux yeux de cette Reine en laissoient la hardiesse; mais il n'en est point que la rencontre des siens ne fasse baisser; ils sont bleus, & de ce bel azur dont nous paroît le Ciel: ils sont grands, & de la plus belle forme, & plus brillans que la lumiere même: ils se font des Sujets de tous ceux qu'ils regardent; & s'ils voyent moins bien que les autres, la Nature ne leur a laissé ce petit défaut, que pour donner le tems, avant que d'en être vu, de les voir: ce que le respect auroit toujours empêché sans cela. Sa gorge, ses bras & ses mains sont de la couleur de la neige. Voilà ce qui fait sa personne, & la rend aimable à tout autre, hors à elle-même, qui n'a jamais regardé sa beauté, ni songé à la conservation de sa personne; ne s'étant appliquée qu'à se rendre digne d'être immortelle, sans se soucier du tems, ni de sa durée, qui lui paroîtra toujours assez longue, pourvû qu'elle ne fuye point la mort par des soins & des craintes qui feroient honte à sa belle vie. Pour son Esprit il est si grand & si merveilleux, qu'il faudroit de nouveaux termes pour parler d'une chose qui n'eût jamais de semblable; car elle est née si capable, qu'elle ne trouve dans le monde que ce qu'elle nous y auroit laissé de Sciences, s'il n'y en avoit point eu devant elle: elle possede une si profonde & si véritable connoissance de toutes choses, que sans s'arrêter à ce que l'Erreur, ou la Coûtume les a fait valoir, elle ne les prend que pour ce qu'elles sont. Elle sait mieux l'Art de regner, que tous les Politiques ne l'ont jamais sû; mais son grand cœur le méprise, puisqu'elle a rendu à la fortune le Royaume qu'elle en a reçû en naissant, comme étant le partage d'une aveugle Puissance, qui n'a pas sû connoître que toute la Terre devoit être soumise à Christine, pour lui donner envie de s'abaisser à regner ailleurs que sur elle-même, & non pas dans un coin du monde, qui en étant un des grands Royaumes, n'étoit néanmoins pas ce qu'il falloit pour borner cette grande Princesse, qui s'est donné[e] un successeur avant sa mort; à condition qu'il occuperoit assez dignement le Thrône où elle s'est assise, pour continuer d'en rendre le sceptre redoutable à tous ceux qui en portent, & apprendre à ses voisins à demeurer ses amis, ou à devenir ses Tributaires: & c'est avec tant de discernement qu'elle a fait son choix, que le Prince qu'elle a mis en sa place surpasseroit la gloire de ses devanciers & de ses descendans, si Christine & son Pere ne l'arrêtoient dans le chemin, & s'ils ne lui laissoient cueillir des Lauriers seulement pour en apporter la Couronne à leurs pieds, puisqu'il n'execute que les projets de la grande Christine, qu'elle n'a abandonnez ni faute de cœur, ni par la crainte des travaux, qui accompagnent les grandes entreprises; mais seulement pour se trouver touchée de la prétention d'une plus haute gloire, que celle que se sont proposée Alexandre & Gustave. Elle s'est attachée à une solide vertu, dont la recompense est distribuée par de plus justes mains, que ne sont celles de la Renommée, qui souvent arrache ses présens lorsqu'ils sont devenus des biens, dont elle ne nous sauroit plus priver sans injustice. Ainsi la grande Christine ne vivant plus que pour connoître la vérité, & pour suivre la vertu, elle se fait de sa propre gloire une plus digne Couronne, que celle qu'elle avoit reçuë de ses Peres.
With modernised spelling:
La divine reine que vous voulez que je dépeigne n'est pas une chose qui le puisse être; et quand la fortune vous ôta l'occasion de la voir, vous ne dûtes pas vous promettre que tout ce qui est en elle vous pût jamais être représenté, puisqu'il faudrait des yeux propres à regarder fixement le soleil pour les oser lever sur elle, sans en être ébloui. Ne jugez donc pas de la reine du Nord par ce que je vous en vais dire, mais seulement de mon amitié pour vous, qui me fait entreprendre au delà du possible, vous donnant un portrait qui ferait dans son entreprise trembler les plus hardis pinceaux.
Ma main, pour vous plaire, en commence une ébauche en vous disant que cette princesse est plus petite que grande, mais qu'il semble qu'elle se serait défendue de croître davantage, afin qu'il fût plus extraordinaire de lui voir dans cette taille une mine si haute et si majestueuse, on la connaît d'abord pour maîtresse de tout ce qui l'environne.
Ses cheveux sont du plus beau blond cendré, son teint est fort blanc malgré toutes les saisons à quoi elle s'expose; son nez est un peu grand, mais fort bien fait; sa bouche petite; ses dents blanches. La forme de son visage un peu longue, mais fort agréable; & tous les traits y étant regulièrement placés, y font un assemblage qui plairait infiniment à regarder, si les beaux yeux de cette reine en laissaient la hardiesse; mais il n'en est point que la rencontre des siens ne fasse baisser. Ils sont bleus, et de ce bel azur dont nous paraît le ciel. Ils sont grands et de la plus belle forme, et plus brillants que la lumière-même. Ils se font des sujets de tous ceux qu'ils regardent; et s'ils voient moins bien que les autres, la nature ne leur a laissé ce petit défaut que pour donner le temps, avant que d'en être vu, de les voir, ce que le respect aurait toujours empêché sans cela. Sa gorge, ses bras et ses mains sont de la couleur de la neige.
Voilà ce qui fait sa personne et la rend aimable à tout autre, hors à elle-même, qui n'a jamais regardé sa beauté, ni songé à la conservation de sa personne; ne s'étant appliquée qu'à se rendre digne d'être immortelle, sans se soucier du temps, ni de sa durée, qui lui paraîtra toujours assez longue, pourvu qu'elle ne fuie point la mort par des soins et des craintes qui feraient honte à sa belle vie.
Pour son esprit, il est si grand et si merveilleux qu'il faudrait de nouveaux termes pour parler d'une chose qui n'eût jamais de semblable, car elle est née si capable qu'elle ne trouve dans le monde que ce qu'elle nous y aurait laissé de sciences, s'il n'y en avait point eu devant elle. Elle possède une si profonde et si véritable connaissance de toutes choses que, sans s'arrêter à ce que l'erreur ou la coutume les a fait valoir, elle ne les prend que pour ce qu'elles sont.
Elle sait mieux l'art de régner que tous les politiques ne l'ont jamais su, mais son grand cœur le méprise, puisqu'elle a rendu à la fortune le royaume qu'elle en a reçu en naissant, comme étant le partage d'une aveugle puissance, qui n'a pas su connaître que toute la terre devait être soumise à Christine, pour lui donner envie de s'abaisser à regner ailleurs que sur elle-même et non pas dans un coin du monde, qui, en étant un des grands royaumes, n'était néanmoins pas ce qu'il fallait pour borner cette grande princesse, qui s'est donnée un successeur avant sa mort, à condition qu'il occuperait assez dignement le trône où elle s'est assise, pour continuer d'en rendre le sceptre redoutable à tous ceux qui en portent, et apprendre à ses voisins à demeurer ses amis, ou à devenir ses tributaires. Et c'est avec tant de discernement qu'elle a fait son choix que le prince qu'elle a mis en sa place surpasserait la gloire de ses devanciers et de ses descendants si Christine et son père ne l'arrêtaient dans le chemin, et s'ils ne lui laissaient cueillir des lauriers seulement pour en apporter la couronne à leurs pieds, puisqu'il n'exécute que les projets de la grande Christine, qu'elle n'a abandonnés ni faute de cœur, ni par la crainte des travaux, qui accompagnent les grandes entreprises, mais seulement pour se trouver touchée de la prétention d'une plus haute gloire, que celle que se sont proposée Alexandre et Gustave.
Elle s'est attachée à une solide vertu, dont la récompense est distribuée par de plus justes mains que ne sont celles de la renommée, qui souvent arrache ses présents lorsqu'ils sont devenus des biens, dont elle ne nous saurait plus priver sans injustice. Ainsi la grande Christine ne vivant plus que pour connaître la vérité et pour suivre la vertu, elle se fait de sa propre gloire une plus digne couronne que celle qu'elle avait reçue de ses pères.
Arckenholtz's transcript of the description:
La divine Reine, que vous voulez que je dépeigne, n'est pas une chose qui le puisse être; & quand la fortune vous ôta l'occasion de la voir, vous ne dûtes pas vous promettre que tout ce qui est en elle vous pût jamais être représenté, puisqu'il faudroit des yeux propres à regarder fixement le Soleil, pour les ôser lever sur elle, sans en être ébloui. Ne jugez donc pas de la Reine du Nord par ce que je vous en vais dire: mais seulement de mon amitié pour vous, qui me fait entreprendre au de-là du possible, vous donnant un portrait qui feroit, dans son entreprise, trembler les plus hardis pinceaux.
Ma main pour vous plaire commence une ébauche, en vous disant que cette Princesse est plus petite que grande: mais qu'il semble qu'elle se seroit défenduë de croi[t]re davantage, afin qu'il fut plus extraordinaire de lui voir dans cette taille une mine si haute & si majestueuse, on la connoit d'abord pour maitresse de tout ce qui l'environne. Ses cheveux sont du plus beau blond cendré: son teint est fort blanc malgré toutes les saisons à quoi elle s'expose: son nez est un peu grand, mais fort bien fait: sa bouche petite: ses dens blanches: la forme de son visage un peu longue, mais fort agréable: & tous les traits y étant agréablement placés, y font un assemblage qui plairoit infiniment à regarder, si les beaux yeux de cette Reine en laissoient la hardiesse: mais il n'en est point que la rencontre des siens ne fasse baisser: ils sont bleus & de ce bel azur dont nous paroit le ciel: ils sont grands & de la plus belle forme, & plus brillans que la lumière même: ils se font des sujèts de tous ceux qu'ils regardent: & s'ils voïent moins bien que les autres, la nature ne leur a laissé ce petit défaut, que pour donner le tems, avant que d'en être vû, de les voir: ce que le respect auroit toûjours empêché sans cela. Sa gorge, ses bras & ses mains sont de la couleur de la neige. Voilà ce qui fait sa personne, & la rend aimable à tout autre, hors à elle-même, qui n'a jamais regardé sa beauté, ni songé à la conservation de sa personne, ne s'étant appliquée qu'à se rendre digne d'être immortelle, sans se soucier du tems, ni de sa durée, qui lui paroitra toûjours assez longue, pourvû qu'elle ne fuïe point la mort par des soins & des craintes qui feroient honte à sa belle vie. Pour son esprit il est si grand & si merveilleux, qu'il faudroit de nouveaux termes pour parler d'une chose qui n'eut jamais de semblable: car elle est née si capable, qu'elle ne trouve dans le monde que ce qu'elle nous y auroit laissé de sçiences, s'il n'y en avoit point eu devant elle. Elle possède une si profonde & si véritable connoissance de toutes choses, que sans s'arrêter à ce que l'erreur, ou la coûtume les a fait valoir, elle ne les prend que pour ce qu'elles sont. Elle sait mieux l'art de régner, que tous les politiques ne l'ont jamais scu: mais son grand cœur le méprise, puisqu'elle a rendu à la fortune le Roïaume, qu'elle en a reçu en naissant, comme étant le partage d'une aveugle Puissance, qui n'a pas sçu connoitre, que toute la terre devoit être soumise à Christine, pour lui donner envie de s'abbaisser à régner ailleurs que sur elle-même, & non pas dans un coin du monde, qui en étant un des grands Roïaumes, n'étoit néanmoins pas ce qu'il falloit pour borner cette grande Princesse, qui s'est donné[e] un Successeur avant sa mort: à condition qu'il occuperoit assez dignement le trône où elle s'étoit assise, pour continuer d'en rendre le sceptre redoutable à tous ceux qui en portent, & apprendre à ses voisins à demeurer ses amis, ou à devenir ses tributaires: & c'est avec tant de discernement qu'elle a fait son choix, que le Prince qu'elle a mis en sa place surpasseroit la gloire de ses devanciers & de ses déscendans, si Christine & son Père ne l'arrêtoient dans le chemin, & s'ils ne lui laissoient cueillir des lauriers seulement pour en apporter la couronne à leurs piés, puisqu'il n'éxécute que les projèts de la grande Christine, qu'elle n'a abandonné si faute de cœur, ni par la crainte des travaux, qui accompagnent les grandes entreprises, mais seulement pour se trouver touchée de la prétension d'une plus haute gloire, que celle que se sont proposée Alexandre & Gustave. Elle s'est attachée à une solide vertu, dont la récompense est distribuée par de plus justes mains, que ne sont celles de la Renommée, qui souvent arrache ses présens lorsqu'ils sont devenus des biens, dont elle ne nous sauroit plus priver sans injustice. Ainsi la grande Christine ne vivant plus que pour connoître la vérité, & pour suivre la vertu, elle se fait de sa propre gloire une plus digne couronne, que celle qu'elle avoit reçue de ses Pères.
Swedish translation (my own):
Den gudomliga drottningen Ni vill att jag skall avbilda är inte något som kan avbildas; och när lyckan berövade Er möjligheten att se henne, behövde Ni inte lova Er att allt som finns i henne någonsin skulle kunna representeras för Er, eftersom det skulle krävas ögon lämpliga att blicka fast på solen för att våga höja dem på henne utan att bli bländad. Så döm inte Nordens drottning efter vad jag skall berätta för Er, utan bara efter min vänskap för Er, som får mig att åta mig bortom det möjliga och ge Er ett porträtt som i sitt åtagande skulle få de djärvaste penslarna att darra.
Min hand, för att behaga Er, börjar en skiss med att berätta att denna prinsessa är mindre än lång, men att det verkar som att hon skulle ha förbjudit sig själv att växa mer, så att det var mer extraordinärt att se henne i denna storlek så hög och majestätisk min. Man känner henne först som härskarinna över allt omkring henne.
Hennes hår är det vackraste askblont, hennes hy är mycket vit trots alla årstider som hon utsätter sig för; hennes näsa är lite stor, men mycket välformad; hennes mun är liten; hennes tänder är vita; formen på hennes ansikte är lite lång, men mycket behaglig; och alla särdrag som är behagligt placerade där utgör en samling som vore oändligt tilltalande att se på om denna drottnings vackra ögon tillät sin djärvhet. Men det finns ingen som hennes ögons blick inte sänker. De är blå och av den vackra azurblå med vilken himlen visar sig för oss; de är stora och av den vackraste formen och ljusare än själva ljuset. De gör sig till föremål för alla dem de tittar på, och om de ser sämre än de andra, har naturen lämnat dem denna lilla defekt bara för att ge dem tid innan de ses för att se dem, vilket respekten annars alltid skulle ha förhindrat. Hennes hals, armar och händer är snöfärgade.
Detta är vad hennes person består av och det som gör henne älskvärd mot alla andra förutom sig själv som aldrig har tittat på hennes skönhet eller tänkt på att bevara sin person efter att ha ansträngt sig för att göra sig värdig att vara odödlig utan att oroa sig för tid eller dess varaktighet, som alltid kommer att verka tillräckligt lång för henne, förutsatt att hon inte flyr döden av bekymmer och rädslor som skulle göra hennes stora liv på skam.
När det gäller hennes sinne är det så stort och så fantastiskt att nya ord skulle behövas för att tala om en sak som aldrig har haft sin like, för hon föddes så kapabel att hon bara finner i världen det hon skulle ha lämnat oss med vetenskap om det inte hade funnits några framför henne. Hon besitter en så djup och sann kunskap om alla saker att hon, utan att stanna vid vilket fel eller sed som har gjort dem värda, tar dem bara för vad de är.
Hon kan regeringskonsten bättre än alla politiker någonsin har känt till, men hennes stora hjärta föraktar det, eftersom hon har givit tillbaka till lyckan det rike hon fick av det vid födseln, som en del av en blind makt som inte visste hur man vet att hela jorden måste underkastas Kristina för att få henne att vilja sänka sig för att regera någon annanstans än över sig själv och inte i ett hörn av världen som genom att vara ett av de stora rikena ändå inte var tillräckligt för att begränsa denna stora prinsessa som gav sig själv en efterträdare före sin död, på villkor att han skulle ockupera tronen där hon satt med tillräcklig värdighet för att fortsätta att ge sin formidabla spira till alla dem som bär den och att lära sina grannar att förbli hennes vänner eller att bli hans vassalstater. Och det var med sådan urskillning som hon valde att prinsen som hon satte i sitt ställe skulle överträffa sina föregångares och hans ättlingars ära, om Kristina och hennes far inte stoppade den i vägen och om de inte lät honom plocka lagrar bara för att få kronan på fötter, eftersom han bara utför den stora Kristinas projekt, som hon inte övergav av brist på hjärta eller av rädsla för arbete som åtföljer stora företag, utan bara för att finna sig själva berörda av anspråk på en högre härlighet än den som Alexander och Gustav har föreslagit sig själva.
Hon är fäst vid en fast dygd, vars belöning utdelas av skönare händer än berömmelsens, som ofta river bort de gåvor som den har givit när de blivit godheter som den inte längre vet att beröva oss utan orättvisa. Sålunda gjorde den stora Kristina, som inte längre levde annat än att veta sanningen och följa dygden, en värdigare krona av sin egen härlighet än den hon fick av sina fäder.
English translation (my own):
The divine Queen you want me to depict is not a thing that can be depicted; and when fortune deprived you of the opportunity to see her, you did not have to promise yourself that all that is in her could ever be represented to you, as it would take eyes fit to gaze fixedly at the sun to dare raise them upon her without being dazzled. So do not judge the Queen of the North by what I am going to tell you, but only by my friendship for you, which makes me undertake beyond the possible, giving you a portrait that would, in its undertaking, make the boldest brushes tremble.
My hand, to please you, begins a sketch by telling you that this princess is smaller than tall, but that it seems that she would have forbidden herself to grow more, so that it was more extraordinary to see her in this size such a lofty and majestic mien. One first knows her as the mistress of everything around her.
Her hair is the most beautiful ash blond, her complexion is very white in spite of all the seasons to which she exposes herself; her nose is a little large, but very well formed; her mouth is small; her teeth are white; the shape of her face is a little long, but very agreeable; and all the features, being pleasantly placed there, make an assemblage which would be infinitely pleasing to look at if the beautiful eyes of this Queen allowed their boldness. But there is no one who the gaze of her eyes does not lower. They are blue and of that beautiful azure with which the sky appears to us; they are big and of the most beautiful shape, and brighter than light itself. They make themselves subjects of all those they look at, and if they see less well than the others, nature has left them this little defect only to give them time before being seen to see them, which respect would always have prevented otherwise. Her throat, arms and hands are the colour of snow.
This is what makes up her person and makes her amiable to everyone else apart from herself, who has never looked at her beauty, nor thought about the preservation of her person, having applied herself only to making herself worthy of being immortal without worrying about time or its duration, which will always seem long enough to her, provided that she does not flee death by cares and fears that would put her great life to shame.
As for her mind, it is so great and so marvelous that new terms would be needed to speak of a thing which has never had its like, for she was born so capable that she finds in the world only what she would have left us with science if there had not been any in front of her. She possesses such a profound and true knowledge of all things that, without stopping at what error or custom has made them worth, she takes them only for what they are.
She knows the art of reigning better than all the politicians have ever known, but her great heart despises it, as she has given back to fortune the kingdom she received from it at birth, as being the share of a blind power which did not know how to know that the whole earth had to be submitted to Kristina to make her want to lower herself to reign elsewhere than over herself, and not in a corner of the world which, by being one of the great kingdoms, was nevertheless not enough to limit this great princess, who gave herself a successor before her death, on condition that he would occupy the throne where she sat with enough dignity, to continue to render her formidable scepter to all those who bear it and to teach his neighbours to remain her friends or to become his tributaries. And it was with such discernment that she made her choice that the prince she put in her place would surpass the glory of his predecessors and his descendants, if Kristina and her father did not stop it in the way, and if they did not let him pick laurels only to bring the crown to their feet, as he only executes the projects of the great Kristina, which she did not abandon for lack of heart, nor for fear of labours which accompany great undertakings, but only to find themselves touched by the pretension of a higher glory than that which Alexander and Gustav have proposed to themselves.
She is attached to a solid virtue, the reward of which is distributed by fairer hands than are those of fame, which often tears away the presents it has given when they have become goods of which it no longer knows how to deprive us without injustice. Thus the great Kristina, no longer living except to know the truth and follow virtue, made for herself a more worthy crown of her own glory than that which she received from her fathers.
Swedish translation of the original (my own):
Den gudomliga drottningen vars porträtt Ni vill att jag skall måla åt Er är inget som kan målas; och när lyckan berövade Er möjligheten att se henne, borde Ni inte ha lovat Er själv att allt som finns i henne någonsin skulle kunna föreställas för Er, ty det skulle krävas lämpliga ögon att titta fast på solen för att våga lyfta dem på henne utan att bli bländad. Döm alltså inte om Nordens drottning efter vad jag skall berätta för Er, utan bara om min vänskap för Er, som får mig att åta mig bortom det möjliga och ge Er ett porträtt som skulle få den djärvaste penseln att darra i sitt företag.
Min hand, för att behaga Er, börjar en skiss av henne med att berätta att denna prinsessa är mindre än lång, men att det verkar som om hon har förbjudit sig själv att växa mer, så att det var mer ovanligt att se henne i denna storlek som en högt och majestätiskt att hon först är känd för att vara härskarinna över allt som omger henne. Hennes hår är det vackraste askblont, hennes hy är mycket vit, trots alla årstider som hon utsätter sig för; hennes näsa är lite stor, men mycket välgjord; hennes mun är liten och hennes tänder är vita. Formen på hennes ansikte är litet lång, men mycket behaglig, och alla drag, som är mycket regelbundet placerade, bildar en samling, som skulle vara oändligt behaglig att se på, om denna drottnings vackra ögon tillät hennes djärvhet; men det finns inget som mötet ens ögon med hennes egna inte förringar. De är blå och av det vackraste azurblå varmed himlen visar sig för oss; de är stora och av den vackraste formen och ljusare än själva ljuset. De gör sig till föremål för alla dem de tittar på, och om de ser mindre än de andra har naturen lämnat dem denna lilla defekt bara för att ge dem tid att se dem innan de blir sedda av dem. Hennes hals, armar och händer har snöfärgade.
Det är detta som hennes person består av och det som gör henne älskvärd för någon annan än sig själv, som aldrig har tittat på hennes skönhet, eller tänkt på att bevara sin person, efter att ha ansträngt sig för att göra sig värdig att vara odödlig, utan att komma ihåg tiden av hennes varaktighet, som alltid kommer att verka tillräckligt lång för henne, förutsatt att hon inte flyr döden av bekymmer och rädslor som skulle göra hennes vackra liv på skam.
När det gäller hennes sinne är det så stort och så fantastiskt att nya ord skulle behövas för att tala om en sak som någonsin skulle få sin liknande, för hon föddes så kapabel att hon i vetenskapens värld bara finner detta: att hon skulle ha lämnat oss där om den inte hade funnits några framför henne. Hon besitter en sådan sann kunskap om alla ting att hon, utan att stanna vid vilket fel eller sed som har hävdat dem, tar dem bara för vad de är. Hon kan regeringskonsten bättre än alla politiker någonsin har känt till, men hennes stora hjärta föraktar kungadömen, ty hon har avgått från det hon hade vid födseln, som en del av en blind makt som inte visste hur hon skulle veta att hela jorden måste underkastas Kristina för att få henne att vilja förnedra sig och regera någon annanstans än över sig själv, och inte i ett hörn av världen, som, eftersom det var ett av de stora rikena, ändå inte var vad som behövdes för att begränsa Kristina, som gav sig själv en efterträdare före sin död, under förutsättning att han med någon värdighet skulle besätta tronen där hon hade suttit, att fortsätta att göra spiran formidabel för alla som bär den och lära sina grannar att förbli hennes vänner eller att bli hans vassalstater.
Och det är med denna urskillning som hon gjorde sitt val och som hon bedömde att den hon satte i sitt ställe skulle överträffa sina föregångares och hennes ättlingars ära, om Kristina och hennes far inte stoppade den i vägen och låt honom bara plocka lagrar för att få kronan på fötter, för han utför bara den stora Kristinas projekt, som hon har övergivit varken av brist på hjärta eller av fruktan för det arbete som åtföljer stora företag, utan bara för att finna sig själv berörd av anspråk på en högre härlighet än den Alexander och Gustav har föreslagit sig själva.
Hon är fäst vid en fast dygd, vars belöning utdelas av skönare händer än berömmelsens, som ofta river bort de gåvor som den har givit när de blivit godheter som den inte längre vet att beröva oss utan orättvisa. Sålunda gjorde den stora Kristina, som inte längre levde annat än att veta sanningen och följa dygden, en värdigare krona av sin egen härlighet än den hon fick av sina fäder.
English translation of the original (my own):
The divine Queen whose portrait you want me to paint for you is not something that can be painted; and when fortune deprived you of the opportunity to see her, you should not have promised yourself that all that is in her could ever be represented to you, as it would require eyes fit to gaze fixedly at the sun to dare raise them upon her without being dazzled. So do not judge of the Queen of the North by what I am going to tell you, but only of my friendship for you, which makes me undertake beyond the possible, giving you a portrait which would make the boldest brush tremble in its enterprise.
My hand, to please you, begins a sketch of her by telling you that this princess is smaller than tall, but that it seems that she has forbidden herself to grow more, so that it was more extraordinary to see her in this size such a lofty and majestic mien that she is first known to be mistress of all that surrounds her. Her hair is the most beautiful ash blond, her complexion is very white, in spite of all the seasons to which she exposes herself; her nose is a little large, but very well made; her mouth is small and her teeth are white. The shape of her face is a little long, but very agreeable, and all the features, being very regularly placed, form an assemblage which would be infinitely pleasing to look at, if the beautiful eyes of this queen allowed her boldness; but there is none that the meeting one's eyes with her own does not bring down. They are blue and of the most beautiful azure with which the sky appears to us; they are big and of the most beautiful shape and brighter than light itself. They make themselves subjects of all those they look at, and if they see less than the others, nature has left them this little defect only to give them time to see them before being seen by them. Her throat, arms, and hands are the colour of snow.
This is what makes her person and what makes her lovable to anyone other than herself, who has never looked at her beauty, nor thought about the preservation of her person, having applied herself only to making herself worthy of being immortal, without remembering the time of her duration, which will always seem long enough to her, provided that she does not flee death by cares and fears that would put her beautiful life to shame.
As for her mind, it is so great and so marvelous that new terms would be needed to speak of a thing that would ever have its like, for she was born so capable that she finds in the world of science only this: that she would have left us there if there had not been any in front of her. She possesses such a true knowledge of all things that, without stopping at what error or custom has asserted them, she takes them only for what they are. She knows the art of reigning better than all the politicians have ever known, but her great heart despises kingdoms, as she has resigned herself from the one she had by birth, as being the share of a blind power which did not know how to know that the whole earth had to be submitted to Kristina to make her want to abase herself and reign elsewhere than over herself, and not in a corner of the world, which, being one of the great kingdoms, was nevertheless not what was necessary to limit Kristina, who gave herself a successor before her death, on the condition that he would occupy with some dignity the throne where she had sat, to continue to make the scepter formidable to all who bear it, and to teach his neighbours to remain her friends or to become his tributaries.
And it is with this discernment that she made her choice and that she judged that the one she put in her place would surpass the glory of her predecessors, and that of her descendants, if Kristina and her father did not stop it in the way and only let him pick laurels to bring the crown to their feet, because he only executes the projects of the great Kristina, which she has abandoned neither for lack of heart, nor by dread of the labours which accompany great undertakings, but only to find herself touched by the pretension of a higher glory than that which Alexander and Gustav have proposed to themselves.
She is attached to a solid virtue, the reward of which is distributed by fairer hands than are those of fame, which often tears away the presents it has given when they have become goods of which it no longer knows how to deprive us without injustice. Thus the great Kristina, no longer living except to know the truth and follow virtue, made for herself a more worthy crown of her own glory than that which she received from her fathers.
Above: Kristina.
Above: Charlotte Saumaize de Chazan, Comtesse de Brégy.
Above: Mademoiselle de Montpensier.
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