Wednesday, February 1, 2023

Pierre Hector Chanut's letter to Princess Elisabeth of Bohemia, dated April 6/16 (New Style), 1650

Source:

Œuvres de Descartes, correspondance V: mai 1647-février 1650, page 472, published by Charles Adam and Paul Tannery, 1903


The letter:

Madame, J'obeis a l'ordre qu'il a pleu a Vostre Altesse Royalle me donner, et je mets entre les mains de M. l'Ambassadeur de Brandebourg ce pacquet, dans lequel j'ay enfermé tout ce qui s'est trouué de lettres de Vostre Altesse Royale entre les papiers de feu M. Descartes, ainsy confusement comme elles se sont rencontrées, sans que je les aye veües ny touchées autrement que pour leur donner vn mesme ply, afin de les joindre commodement. Ce n'est point, Madame, que je ne croye qu'en cela vous commettéz vne injustice, non seullement pour ce que les proches de cet homme illustre auroient interest qu'il restast en leur maison quelques marques de l'honneur qu'il a eu d'estre en vostre approbation, mais aussy pour ce qu'il eust esté a propos que quelques vnes de ses lettres paroissans justifiassent au monde ce qu'il a escrit en l'Epistre dedicatoire de ses «Principes» a Vostre Altesse Royale; car il arriuera vn jour que, l'enuie estant esteinte, on ne doutera plus des fondemens qu'il a descouuerts en la structure du monde; le temps et les experiences affermiront cette doctrine, qui nous sembloit extraordinaire; mais il sera tousjours incroyable a la posterité qu'vne personne de l'aage et de la condition de Vostre Altesse Royale ayt esté la premiere et longtemps quasi la seulle qui a compris ces veritéz. C'est pourquoy, Madame, il me semble que, pour descharger la memoire de mon amy de tout soupçon de flatterie, il estoit juste que vous permissiez que quelques vnes de vos lettres fussent veües pour seruir comme d'vne demonstration geometrique de ce qu'il a escrit en cette Epistre; car, bien qu'elles ne soient pas estudiées, a dessein d'y faire paroistre l'estendüe des lumieres de vostre esprit, elles en sont pourtant des images d'autant plus naifues, qu'elles representent auec pureté vostre raison agissante en la recherche de la verité. Ce qui m'en fait juger ainsy est que, M. Descartes me donnant, il y a deux ou trois ans, la copie de six lettres qu'il auoit escrites a Vostre Altesse Royale, sur le suject du Souverain Bien, il me fit sçauoir en mesme temps qu'il en auoit encore quelques autres sur le mesme dessein, qu'il ne m'enuoyoit pas, pour ce qu'elles ne pouuoient estre entendues sans celles de Vostre Altesse Royalle, qu'il ne me pouuoit communiquer que par sa permission; mais qu'il vous la demanderoit quelque jour, et qu'alors j'en pourrois offrir la lecture a la Reine de Suede, pour laquelle j'auois principallement desiré ces lettres sur cette matiere. Je ne doute point qu'entre ses papiers, je ne trouue les minuttes de celles qu'il differa lors de me donner. Ce nous sera neamoins vn bien inutile, puisque leur intelligence depend de celles de vostre Altesse Royale; au lieu que, si nous auions la suitte de ce que vous aués pensé sur cette haute meditation, et les responses qu'il a faites, il y auroit de quoy en faire vn tres vtile present, sinon au public, au moins a la Reine de Suede, qui sçait bien donner le juste prix aux ouurages de ce merite, et qui, voyant partout la vertu sans enuie, seroit tres aise d'estre confirmée par son propre iugement dans l'estime singuliere qu'elle fait de la personne de vostre Altesse Royale. Nous pourrions adiouster a ces rares lettres celles qu'il m'escriuit aussy, il y a deux ans, en reponse de cette mesme question du Souverain Bien et de deux autres presque aussy importantes que ie luy auois proposées, sa Maiesté l'ayant ainsy desiré. Vostre Altesse Royale voit que, sans entreprendre iusqu'icy de l'en prier, ie luy represente des raisons assés considerables pour la persuader de nous donner la copie de ces lettres qui concernent ce particulier entretien du Souverain Bien, qui ne peut avec raison demeurer particulier, puisque tous les hommes ont droit de pretendre leur part en la chose dont il traicte.

Mais, apres les raisons publiques, i'oseray, Madame, vous supplier de me faire cette mesme grace sous telles conditions qu'il plaira vostre Altesse Royalle, afin que l'obeissance que ie luy rends auec vne si exacte fidelité, soit recompensée par la chose mesme où je l'exerce; et que mon esprit, priué des lumieres qu'il attend de ces bonnes lettres, ne reproche point a ma volonté qu'elle s'est donnée des loix trop seueres, et que j'ay obseruées auec d'autant plus de peine qu'apres auoir receu la lettre dont il a pleu a vostre Altesse Royale m'honorer, je connois mieux la valeur du bien qui m'eschappe. Je soumets pourtant ma supplication a ce qu'il plaira a vostre Altesse Royale d'en resoudre, et ie luy demande mesme pardon d'auoir osé l'importuner iusqu'a ce point.

Il me reste, Madame, a satisfaire a ce que vous auez desiré sçauoir touchant les derniers iours de M. Descartes. La fieure luy monta d'abord au cerueau et luy osta le iugement de son mal, sans qu'il y eust autre égarement en son discours iusqu'a la fin, sinon qu'il ne creut point les sept premiers iours auoir la fieure. Sur la fin du septiesme, la chaleur quittant un peu la teste et s'estendant partout, il reconnut incontinent qu'il s'estoit abusé, en marqua luy mesme la cause et se fit tirer du sang deux fois en peu d'heures, ce qu'il auoit tousiours refusé. Mais il iugea bien qu'il estoit tard, et le huictiesme il me dist que pendant la nuict il auoit fait son compte et s'estoit resolu a sortir du monde sans peine et auec assurances aux misericordes de Dieu. Il adiousta quelques autres discours fermes et pieux, et dignes d'vn homme non seulement philosophe, mais religieux, qui nous donnoit a tous vn exemple de pureté et de probité dans la vie, et qui vn mois auparauant auoit faict les deuoirs d'vn veritable catholique. Nous fusmes neantmoins bien trompez, luy et moy, dans l'estime de ses forces; car il fut plus pressé que nous n'auions pensé: la nuict suiuante, l'oppression de sa poictrine augmenta iusqu'a luy oster la respiration. Il se sentit finir sans trouble et sans inquietude; et n'aiant pas la parolle libre, il nous donna des signes plusieurs fois repetez qu'il se retiroit content de la vie et des hommes, et confiant en la bonté de Dieu. Je crois, Madame, que s'il eust pensé le iour precedent estre si proche de sa fin, ayant encore la parolle libre, il m'eust recommandé plusieurs choses de ses dernieres volontez, et m'eust en particulier ordonné de faire sçauoir a vostre Altesse Royale qu'il mouroit dans le mesme respect qu'il a eu pour elle pendant sa vie, et qu'il m'a souvent tesmoigné par des parolles plaines de reuerence et d'admiration. Et puisque ie sçay qu'il m'auroit chargé de rendre pour luy a vostre Altesse Royale, autant qu'il me seroit possible, tous les respects et les obeissances qu'il luy debuoit, ie me tiens engagé, plus que tout le reste des hommes, a estre toute ma vie auec ardeur et affection,
Madame,
de vostre Altesse Royale,
Le tres humble, etc...

Si M. l'Ambassadeur de Brandebourg s'informe de ce qu'il y a dans ce paquet, ie luy respondray que ce sont quelques papiers de feu M. Descartes que ie suis chargé d'envoyer à vostre Altesse Royale, que ie supplie tres-humblement de me faire sçauoir quand elle les aura receus.

With modernised spelling:

Madame,
J'obéis a l'ordre qu'il a plu à Votre Altesse Royale me donner, et je mets entre les mains de M. l'ambassadeur de Brandebourg ce paquet, dans lequel j'ai enfermé tout ce qui s'est trouvé de lettres de Votre Altesse Royale entre les papiers de feu M. Descartes, ainsi confusément comme elles se sont rencontrées, sans que je les aie vues ni touchées autrement que pour leur donner un même pli, afin de les joindre commodément. Ce n'est point, Madame, que je ne croie qu'en cela vous commettez une injustice, non seulement pource que les proches de cet homme illustre auraient intérêt qu'il restât en leur maison quelques marques de l'honneur qu'il a eu d'être en votre approbation, mais aussi pour ce qu'il eût été à propos que quelques-unes de ses lettres paraissants justifiassent au monde ce qu'il a écrit en l'épître dédicatoire de ses «Principes» a Votre Altesse Royale; car il arrivera un jour que, l'envie étant éteinte, on ne doutera plus des fondements qu'il a découverts en la structure du monde. Le temps et les expériences affermiront cette doctrine, qui nous semblait extraordinaire; mais il sera toujours incroyable à la posterité qu'une personne de l'âge et de la condition de Votre Altesse Royale ait été la première et longtemps quasi la seule qui a compris ces vérités. C'est pourquoi, Madame, il me semble que, pour décharger la mémoire de mon ami de tout soupçon de flatterie, il était juste que vous permissiez que quelques-unes de vos lettres fussent vues pour servir comme d'une démonstration géométrique de ce qu'il a écrit en cette épître; car, bien qu'elles ne soient pas étudiées, à dessein d'y faire paraître l'étendue des lumières de votre esprit, elles en sont pourtant des images d'autant plus naïves qu'elles représentent avec pureté votre raison agissante en la recherche de la vérité. Ce qui m'en fait juger ainsi est que, M. Descartes me donnant, il y a deux ou trois ans, la copie de six lettres qu'il avait écrites à Votre Altesse Royale, sur le sujet du souverain bien, il me fit savoir en même temps qu'il en avait encore quelques autres sur le même dessein qu'il ne m'envoyait pas, pource qu'elles ne pouvaient être entendues sans celles de Votre Altesse Royale, qu'il ne me pouvait communiquer que par sa permission; mais qu'il vous la demanderait quelque jour, et qu'alors j'en pourrais offrir la lecture à la Reine de Suède, pour laquelle j'avais principalement désiré ces lettres sur cette matière. Je ne doute point qu'entre ses papiers, je ne trouve les minutes de celles qu'il différa lors de me donner. Ce nous sera néanmoins un bien inutile, puisque leur intelligence depend de celles de Votre Altesse Royale; au lieu que, si nous avions la suite de ce que vous avez pensé sur cette haute méditation, et les réponses qu'il a faites, il y aurait de quoi en faire un très utile présent, sinon au public, au moins à la Reine de Suède, qui sait bien donner le juste prix aux ouvrages de ce mérite, et qui, voyant partout la vertu sans envie, serait très aise d'être confirmée par son propre jugement dans l'estime singulière qu'elle fait de la personne de Votre Altesse Royale. Nous pourrions ajouter à ces rares lettres celles qu'il m'écrivit aussi, il y a deux ans, en réponse de cette même question du souverain bien et de deux autres presque aussi importantes que je lui avais proposées, Sa Majesté l'ayant ainsi désiré. Votre Altesse Royale voit que, sans entreprendre jusqu'ici de l'en prier, je lui représente des raisons assez considérables pour la persuader de nous donner la copie de ces lettres qui concernent ce particulier entretien du souverain bien, qui ne peut avec raison demeurer particulier, puisque tous les hommes ont droit de pretendre leur part en la chose dont il traite.

Mais, après les raisons publiques, j'oserai, Madame, vous supplier de me faire cette même grâce sous telles conditions qu'il plaira Votre Altesse Royale, afin que l'obéissance que je lui rends avec une si exacte fidélité soit récompensée par la chose même où je l'exerce; et que mon esprit, privé des lumières qu'il attend de ces bonnes lettres, ne reproche point à ma volonté qu'elle s'est donnée des lois trop sévères, et que j'ai observées avec d'autant plus de peine qu'après avoir reçu la lettre dont il a plu à Votre Altesse Royale m'honorer, je connais mieux la valeur du bien qui m'échappe. Je soumets pourtant ma supplication à ce qu'il plaira à Votre Altesse Royale d'en résoudre, et je lui demande même pardon d'avoir osé l'importuner jusqu'à ce point.

Il me reste, Madame, à satisfaire à ce que vous avez désiré savoir touchant les derniers jours de M. Descartes. La fièvre lui monta d'abord au cerveau et lui ôta le jugement de son mal, sans qu'il y eût autre égarement en son discours jusqu'à la fin, sinon qu'il ne crût point les sept premiers jours avoir la fièvre. Sur la fin du septième, la chaleur quittant un peu la tête et s'étendant partout, il reconnut incontinent qu'il s'était abusé, en marqua lui-même la cause et se fit tirer du sang deux fois en peu d'heures, ce qu'il avait toujours refusé. Mais il jugea bien qu'il était tard, et le huitième il me dit que pendant la nuit il avait fait son compte et s'était résolu à sortir du monde sans peine et avec assurances aux miséricordes de Dieu. Il ajouta quelques autres discours fermes et pieux, et dignes d'un homme non seulement philosophe, mais religieux, qui nous donnait à tous un exemple de pureté et de probité dans la vie, et qui un mois auparavant avait fait les devoirs d'un véritable Catholique. Nous fûmes néanmoins bien trompés, lui et moi, dans l'estime de ses forces; car il fut plus pressé que nous n'avions pensé. La nuit suivante, l'oppression de sa poitrine augmenta jusqu'à lui ôter la respiration. Il se sentit finir sans trouble et sans inquiétude; et n'ayant pas la parole libre, il nous donna des signes plusieurs fois répétés qu'il se retirait content de la vie et des hommes, et confiant en la bonté de Dieu. Je crois, Madame, que s'il eût pensé le jour précédent être si proche de sa fin, ayant encore la parole libre, il m'eût recommandé plusieurs choses de ses dernières volontés, et m'eût en particulier ordonné de faire savoir à Votre Altesse Royale qu'il mourait dans le même respect qu'il a eu pour elle pendant sa vie, et qu'il m'a souvent témoigné par des paroles pleines de révérence et d'admiration. Et puisque je sais qu'il m'aurait chargé de rendre pour lui à Votre Altesse Royale, autant qu'il me serait possible, tous les respects et les obéissances qu'il lui devait, je me tiens engagé, plus que tout le reste des hommes, à être toute ma vie avec ardeur et affection,
Madame,
de Votre Altesse Royale
le très humble, etc...

Si M. l'ambassadeur de Brandebourg s'informe de ce qu'il y a dans ce paquet, je lui répondrai que ce sont quelques papiers de feu M. Descartes que je suis chargé d'envoyer à Votre Altesse Royale, que je supplie très humblement de me faire savoir quand elle les aura reçus.

Swedish translation (my own):

Madam,
Jag lyder den befallning som det har behagat Ers Kungliga Höghet att ge mig, och jag lägger i Brandenburgs ambassadörs händer detta paket, vari jag har inhägnat allt som funnits av Ers Kungliga Höghet mellan pappren av Ers Kungliga Höghet från framlidne monsieur Descartes, så förvirrat som de hittades, utan att jag hade sett dem eller rört vid dem, förutom för att ge dem samma veck, för att bekvämt kunna sammanfoga dem. Det är inte, madam, så att jag inte tror att Ni begår en orättvisa i detta, inte bara för att den här berömda mannens släktingar skulle gynnas om det fanns kvar i deras hus några tecken på den ära han har behövt vara i Ert godkännande, men också för vad det skulle ha varit lämpligt att några av hans brev förefaller rättfärdiga för världen vad han skrev i dedikationsbrevet av sina »Principer« till Ers Kungliga Höghet; ty det kommer en dag att hända att det, när avundsjukan är utsläckt, inte längre kommer att råda något tvivel om de grundvalar som han har upptäckt i världens struktur. Tid och erfarenhet kommer att stärka denna lära, som verkade extraordinär för oss; men det kommer alltid att vara otroligt för eftervärlden att en person av Ers Kungliga Höghets ålder och skick var den förste och länge nästan den enda som förstod dessa sanningar. Det är därför, madam, det förefaller mig som att, för att befria min väns minne från all misstanke om smicker, det bara var att Ni skulle låta några av Era brev ses som en geometrisk demonstration av detta som han skrev i detta brev; ty, även om de inte studeras, avsiktligt för att där framträda omfattningen av Er andes ljus, är de ändå bilder desto mer naiva av den som de med renhet representerar Ert förnuft som agerar i sökandet efter sanningen. Det som får mig att bedöma det så är att när monsieur Descartes för två eller tre år sedan gav mig kopian av sex brev som han hade skrivit till Ers Kungliga Höghet i ämnet den suveräna godheten, lät han mig samtidigt veta att han hade ännu ett par andra i samma syfte, som han icke sände mig, emedan de inte kunde höras utan Ers Kungliga Höghet, som han endast genom Ert tillstånd kunde meddela mig; men att han någon dag skulle be Er om det, och att jag då kunde erbjuda läsningen av dem till Sveriges drottning, för vilken jag i huvudsak önskat dessa brev i detta ämne. Jag tvivlar inte på att jag bland hans papper kan hitta protokollen från dem han skjutit upp när han gav mig. Det kommer ändå att vara värdelöst för oss, eftersom deras intelligens beror på Ers Kungliga Höghets; om vi hade fortsättningen på vad Ni tyckte om denna höga meditation, och de svar han gav, skulle det räcka till att ge en mycket användbar present, om inte till allmänheten, åtminstone till drottningen av Sverige, som vet hur att ge ett skäligt pris åt verk av denna förtjänst, och som, seende dygd öfverallt utan avund, skulle bli mycket glad över att bli bekräftad av sitt eget omdöme i den enastående aktning hon har för Ers Kungliga Höghet. Vi kunde lägga till dessa sällsynta brev de som han också skrev till mig för två år sedan som svar på samma fråga om det suveräna goda och två andra nästan lika viktiga som jag hade föreslagit honom, eftersom Hennes Majestät sålunda längtat efter det. Ers Kungliga Höghet ser att jag, utan att hittills åta mig att be Er att göra det, framlägger för Er tämligen betydande skäl för att förmå Er att ge oss kopior av dessa brev som röra just detta bibehållande av den suveräna godheten, som inte med goda skäl kan förbli privat, ty alla män har ju rätt att kräva sin del i den sak som den behandlar.

Men efter de offentliga skälen, skall jag våga, madam, att be Er att bevilja mig samma benådning under sådana förhållanden som Ers Kungliga Höghet behagar, så att den lydnad som jag ger Er med sådan exakt trohet kan belönas av just den sak där jag tränar det; och att mitt sinne, berövat den upplysning som det förväntar sig av dessa goda brev, inte förebråar min vilja att det har givit sig lagar som är alltför stränga, och som jag har iakttagit med desto svårare eftersom efter att ha mottagit det brev med vilket Ers Kungliga Höghet har behagat hedra mig, jag vet bättre värdet på den egendom som undkommer mig. Jag underkastar mig dock min vädjan till vad Ers Kungliga Höghet kommer att besluta om det, och jag ber till och med om ursäkt för att jag har vågat påtala Er till denna punkt.

Det återstår för mig, madam, att tillfredsställa det Ni ville veta om monsieur Descartes' sista dagar. Febern steg först till hans hjärna och berövade honom bedömningen av hans sjukdom, utan att det fanns någon annan distraktion i hans tal till slutet, förutom att han inte trodde att han hade feber under de första sju dagarna. I slutet av den sjunde, när värmen lämnade hans huvud lite och spred sig överallt, kände han genast att han hade lurat sig själv, markerat orsaken själv och fått sitt blod uttaget två gånger på några timmar, vilket han alltid hade vägrat. Men han bedömde att det var sent, och den åttonde berättade han för mig att han under natten hade bestämt sig och bestämt sig för att lämna världen utan svårighet och med försäkringar om Guds nåd. Han lade till några andra bestämda och fromma diskurser som var värda en man som inte bara var filosof utan en religiös, som gav oss alla ett exempel på renhet och hederlighet i livet och som en månad tidigare hade utfört plikterna som en sann katolik. Vi blev likväl mycket lurade, han och jag, i aktning för hans styrka; ty han var mer pressad än vi hade väntat oss. Följande natt ökade trycket i bröstet tills det tog andan ur honom. Han kände att han slutade utan vansklighet och utan ångest; och eftersom han inte kunde tala obehindrat, gav han oss upprepade tecken på att han gick därifrån nöjd med livet och människorna och litade på Guds godhet. Jag tror, ​​madam, att om han dagen innan hade trott att han var så nära sitt slut, fortfarande hade förmågan att tala fritt, skulle han ha rekommenderat mig flera saker av sina sista önskningar, och han skulle ha beordrat mig att särskilt att låta Ers Kungliga Höghet veta att han dog med samma respekt som han hade för Er under sitt liv, och vilken han ofta vittnade om för mig med ord fulla av vördnad och beundran. Och eftersom jag vet att han skulle ha ålagt mig att till Ers Kungliga Höghet så mycket som möjligt ge honom all den respekt och lydnad han var skyldig Er, förblir jag förpliktigad, mer än alla andra män, att vara hela mitt liv, med iver och tillgivenhet,
Madam,
Ers Kungliga Höghets
ödmjukaste, osv...

Om Brandenburgs ambassadör frågar vad som finns i detta paket, så skall jag svara att det är några papper från salige monsieur Descartes som jag får i uppdrag att skicka till Ers Kungliga Höghet, som jag ber mycket ödmjukt att låta mig veta när Ni får dem.

English translation (my own):

Madame,
I obey the order which it has pleased Your Royal Highness to give me, and I place in the hands of the Ambassador of Brandenburg this packet, in which I have enclosed all that has been found of the letters from Your Royal Highness between the papers of the late Monsieur Descartes, so confusedly as they were found, without my having seen them or touched them except to give them the same fold, in order to join them conveniently. It is not, Madame, that I do not believe that in this you are committing an injustice, not only because the relatives of this illustrious man would benefit if there remained in their house some marks of the honour he has had to be in your approval, but also for what it would have been appropriate for some of his letters appearing to justify to the world what he wrote in the dedicatory epistle of his "Principles" to Your Royal Highness; for it will happen one day that, envy being extinguished, there will no longer be any doubt of the foundations that he has discovered in the structure of the world. Time and experience will strengthen this doctrine, which seemed extraordinary to us; but it will always be incredible to posterity that a person of Your Royal Highness's age and condition was the first and for a long time almost the only one who understood these truths. That is why, Madame, it seems to me that, to relieve my friend's memory of all suspicion of flattery, it was just that you should allow some of your letters to be seen to serve as a geometrical demonstration of this which he wrote in this epistle; because, although they are not studied, on purpose to make appear there the extent of the lights of your spirit, they are nevertheless images all the more naive of it that they represent with purity your reason acting in the search of the truth. What makes me judge it so is that as Monsieur Descartes gave me, two or three years ago, the copy of six letters which he had written to Your Royal Highness on the subject of the sovereign good, he let me know at the same time that he still had a few others for the same purpose that he did not send me, because they could not be heard without those of Your Royal Highness, which he could only communicate to me through your permission; but that he would ask you for it some day, and that then I could offer the reading of them to the Queen of Sweden, for whom I had principally desired these letters on this subject. I have no doubt that among his papers I can find the minutes of those he deferred when giving me. It will nevertheless be useless to us, as their intelligence depends on that of Your Royal Highness; whereas, if we had the continuation of what you thought about this high meditation, and the answers he gave, there would be enough to make a very useful present, if not to the public, at least to the Queen of Sweden, who knows how to give a fair price to works of this merit, and who, seeing virtue everywhere without envy, would be very glad to be confirmed by her own judgment in the singular esteem she has for the person of Your Royal Highness. We could add to these rare letters those which he also wrote to me, two years ago, in response to this same question of the sovereign good and two others almost as important as I had proposed to him, Her Majesty having thus longed for it. Your Royal Highness sees that, without so far undertaking to beg you to do so, I present to you rather considerable reasons for persuading you to give us copies of these letters which concern this particular maintenance of the sovereign good, which cannot with good reason remain private, for all men have the right to claim their share in the matter with which it treats.

But, after the public reasons, I will dare, Madame, to beg you to grant me this same pardon under such conditions as Your Royal Highness pleases, so that the obedience which I render to you with such exact fidelity may be rewarded by the very thing where I exercise it; and that my mind, deprived of the enlightenment it expects from these good letters, does not reproach my will that it has given itself laws that are too severe, and that I have observed with all the more difficulty because after having received the letter with which Your Royal Highness has been pleased to honour me, I know better the value of the property which escapes me. I submit my plea, however, to what Your Royal Highness will decide on it, and I even ask your pardon for having dared to importune you to this point.

It remains for me, Madame, to satisfy what you wished to know concerning the last days of Monsieur Descartes. The fever first rose to his brain and deprived him of the judgment of his illness, without there being any other distraction in his speech until the end, except that he did not believe he had a fever for the first seven days. At the end of the seventh, the heat leaving his head a little and spreading everywhere, he recognised immediately that he had deceived himself, marked the cause himself, and had his blood drawn twice in a few hours, which he had always refused. But he judged that it was late, and on the eighth he told me that during the night he had made up his mind and had resolved to leave the world without difficulty and with assurances of the mercies of God. He added a few other firm and pious discourses worthy of a man who was not only a philosopher, but a religious one, who gave us all an example of purity and probity in life, and who a month before had done the duties of a true Catholic. We were nevertheless greatly deceived, he and I, in the esteem of his strength; for he was more pressed than we had expected. The following night, the tightness in his chest increased until it took his breath away. He felt himself ending without trouble and without anxiety; and not being able to speak unimpeded, he gave us repeated signs that he was leaving satisfied with life and men, and trusting in the goodness of God. I believe, Madame, that if he had thought the previous day that he was so close to his end, still having the ability to speak freely, he would have recommended to me several things of his last wishes, and he would have ordered me in particular to let Your Royal Highness know that he died with the same respect he had for you during his life, and which he often testified to me by words full of reverence and admiration. And since I know that he would have charged me to render for him to Your Royal Highness, as much as possible, all the respect and obedience he owed you, I remain committed, more than all other men, to be all my life, with ardour and affection,
Madame,
Your Royal Highness's
most humble, etc...

If the Ambassador of Brandenburg asks what is in this package, I will reply that it is some papers from the late Monsieur Descartes that I am instructed to send to Your Royal Highness, whom I beg very humbly to let me know when you receive them.


Above: Kristina.


Above: René Descartes.


Above: Princess Elisabeth of Bohemia.

Note: incontinent = immédiatement.

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