Source:
Mémoires concernant Christine, volume 2, page 162, Johan Arckenholtz, 1751
The letter:
Monsieur le Gouverneur Général, le Baron de Gyllenstierna.
J'ai fondé mes espérances sur les résolutions & les promesses du Roi, que je toucherois avant ce terme-ci trente mille Ecus des subsides & soixante mille autres, des revenus fixés à la place des miens, qu'on avoit emploïés au besoin présent de la Suède. Cette somme m'auroit été de quelque soulagement dans l'état nécessiteux & le manque d'argent où je me trouve depuis quatre ans. Mais j'ai été bien surprise d'apprendre par vos dernières lettres; combien je suis éloignée de l'accomplissement de mes espérances à cet égard. Soit que ce défaut de païement vienne de l'opiniâtreté ou de l'avidité d'Adlercrona, soit qu'il y ait d'autres raisons de ce retardement, je ne saurois pourtant me dispenser de vous en faire de grands reproches, car c'est par votre nonchalance, qu'à mon cuisant chagrin, je souffre plus qu'on ne sauroit croire, non seulement par rapport au nécessaire pour mon entretien, mais encore en mon crédit & en ma réputation, puisque l'on me juge hors d'état de tenir ma parole Roïale & de remplir mes promesses sur les avances que d'autres, touchés d'une affection, ou pour mieux dire d'une compassion plus louable, m'ont faites dans la situation fâcheuse où j'ai été ces années-ci par rapport aux espèces... Si ces considérations ne sont pas capables de ranimer en vous le zèle que m'avez témoigné par le passé à l'égard du soin qu'il vous convient d'avoir de mes affaires & de vous faire réparer votre faute par une conduite plus supportable; aïez au moins cet égard à ma prière gracieuse & à mes ordres les plus forts, que vous ne préniez nul repos & que vous ne vous donniez nul loisir, que je ne sois promptement secouruë du païement des sommes ci-dessus mentionnées. Je vous recommande en même tems mes autres intérêts, d'avoir l'œil ouvert & de détourner toute l'atteint à mes droits & tous les préjudices que, pour surcroit de tant d'autres difficultés que j'ai souffertes jusques ici, on ne se lasse pas de me faire, contre le droit & les prérogatives qui m'appartiennent incontestablement, lesquelles je vous prie de soutenir par des remontrances fondées en équité, & en vertu de la stipulation arrêtée entre moi & la Suède.
Au reste, comme la situation de mes affaires, aussi bien que de celles du Roi & de la Suède, demande, qu'on veille à tems au Traité de paix sur ce qui regarde & peut avancer notre intérêt commun & inséparable, je vous ordonne, en conséquence de mes précédentes, de procurer un plein pouvoir du Roi, à ses Ambassadeurs sur le lieu, de traiter avec mon Agent, ou le Ministre Plénipotentiaire que j'y pourrai envoïer ci-après, de ce que l'un ou l'autre aura à proposer pour mon bien & l'avantage du Roi & du Roïaume. J'attends sur tout ceci votre réponse promte & satisfaisante, priant Dieu qu'il vous conserve
Rome ce 6
d'Août 1676.
CHRISTINE ALEXANDRA
André Galdenblad.
Apostille de la main propre de la Reine.
Je suis fâchée d'avoir à me plaindre de vous, après vous avoir tant loué dans mes précédentes. Mais on ne sauroit être satisfaite quand on manque d'argent: c'est pourquoi hâtez-vous de m'en envoïer au plûtôt, pour mériter de moi la justice que je suis prête à vous rendre sur votre bonne conduite, & que je ne refuse jamais à ceux qui me servent bien, comme vous avez fait jusques ici.
English translation (my own):
Sir Governor General, Baron Gyllenstierna,
I based my hopes on the resolutions and promises of the King that I would receive before this time thirty thousand crowns of the subsidies and sixty thousand others from the incomes fixed in place of mine, which one had employed at the present need from Sweden. This sum would have been of some relief to me in the needy condition and lack of money in which I have been for four years. But I was very surprised to learn from your last letters how far I am from the fulfillment of my hopes in this regard. Whether this default is due to Adlercrona's stubbornness or greed, or whether there are other reasons for this delay, I cannot, however, avoid reproaching you, because this is by your nonchalance, that to my bitter grief, I suffer more than one can believe, not only in relation to what is necessary for my maintenance, but also in my credit and my reputation, since I am judged outside of a state to keep my royal word and to fulfill my promises on the advances that others, touched with an affection, or rather, with a more laudable compassion, this has put me in the predicament in which I have been these years in relation to these kinds... If these considerations are not capable of rekindling in you the zeal that you have shown me in the past with regard to the care you should take of my affairs and to make you repair your fault by a more bearable behavior, at least have this regard for my gracious prayer and my strongest orders, that you do not take any rest and that you do not give yourself any leisure that I am not promptly rescued from the payment of the above mentioned sums. I recommend to you at the same time my other interests, to have an open eye and to divert all the infringement to my rights and all the prejudices that, in addition to so many other difficulties that I have suffered so far, people never tire of saying me against the right and the prerogatives which unquestionably belong to me, which I beg you to support by remonstrances founded in equity, and by virtue of the stipulation drawn up between me and Sweden.
Besides, as the situation of my affairs, as well as those of the King and of Sweden, demands that we watch over the peace treaty in good time on what concerns and can advance our common and inseparable interest, I order you, as a consequence of my previous letters, to procure full power from the King, his ambassadors in the place, to treat with my agent or the minister plenipotentiary whom I can send there hereafter, of what one or the other will have to propose for my good and the advantage of the King and the kingdom. I await your prompt and satisfactory answer on all this, praying God that He preserve you.
Rome, August 6, 1676.
Kristina Alexandra.
Andreas Galdenblad.
I am sorry to have to complain about you, after having praised you so much in my previous letters. But one cannot be satisfied when one lacks money; this is why you must hasten to send to me sooner rather to deserve from me the justice that I am ready to render you on your good behaviour, and that I never refuse to those who serve me well, as you have done so far.
Above: Kristina.
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