Tuesday, July 2, 2024

Samuel Chappuzeau on Kristina, year 1667

Source:

L'Europe vivante, ou relation nouvelle historique & politique de tous ses estats, pages 229 to 231, by Samuel Chappuzeau, 1667


The account:

La Reine Christine Fille de Gustaue Adolphe Roy de Suede & de Marie Eleonor fille de Iean Sigismond Electeur de Brandebourg a epuisé durant les premieres années de son regne toutes les loüanges des Hommes, & merité toute leur veneration. Les grans changemens de sa vie & toutes ses courses qui depuis qu'elle eut quitté la couronne ont partagé les esprits qui en ont parlé diuersement, n'empeschent pas qu'elle ne soit toûjours vne tres grande Princesse; & qu'elle n'ayt toûjours ces mémes qualitez qui luy ont fait rendre des hommages de tout l'Vniuers. Son abdication a esté sans doute vn secret du Cabinet où peu de personnes ont eu part; & quoy que tout le Monde en ayt parlé & en parle encore, ie n'examine point tous les ressorts de cette conduitte, & ie sçay le respect qu'il faut auoir pour des mysteres de Religion & d'Estat. Ie puis dire seulement qu'autant que le Prince Palatin, depuis Roy de Suede, s'est montré grand Capitaine, autant a t-il fait parêtre qu'il etoit grand Politique, puis que tandis que la Reine sa Cousine seule Heritiere du Grand Gustaue donnoit peut étre trop de tems à quelques Illustres Sçauans qu'elle auoit appellez de France & des Prouinces vnies, mais de qui elle ne pouuoit apprendre l'art de regner; il donnoit tout le soin à la connoissance des affaires & aux Senateurs qui ne vouloient qu'vn Chef sçauant dans la guerre, & se mit de la sorte adroitement la Couronne sur la teste sans peine & sans bruit. Toute l'Europe est assez instruite des grandes qualitez de cette Reine, qui ne void rien au dessus de cette vaste imagination qu'elle ne sçauroit remplir. Elle s'est fait admirer en Flandres, en France & en Italie. Tous les Roys & tous les Princes se sont efforcez de luy témoigner l'estime qu'ils en faisoient; & depuis qu'elle passe de la Religion Protestante à la Religion Romaine, elle a fait plus de sejour à Rome qu'en tout autre lieu[.] Elle en est partie depuis quelques mois pour se rendre à la Diete de Stokolm; mais si elle y demande l'exercice public de la Religion qu'elle a embrassée, plusieurs doutent qu'elle l'obtienne aisement. Tous les Cabinets des curieux & tous nos Historiens modernes sont remplis des portraits de cette Reine, & pour acheuer icy le mien, ie n'ay qu'à âjoûter qu'encore que sa taille soit mediocre, & qu'elle n'ayt pas tous les traits de visage egalement beaux, vne Majesté regne en toute sa personne qui imprime du respect & de la crainte; & ceux à qui elle parle, ou sur qui elle iette seulement les yeux ont de la peine à en soûtenir l'éclat.

With modernised spelling:

La reine Christine, fille de Gustave-Adolphe, roi de Suède, et de Marie-Éléonore, fille de Jean-Sigismond, électeur de Brandebourg, a épuisé durant les premières années de son règne toutes les louanges des hommes et mérité toute leur vénération. Les grands changements de sa vie, et toutes ses courses qui depuis qu'elle eut quitté la Couronne ont partagé les esprits qui en ont parlé diversement, n'empêchent pas qu'elle ne soit toujours une très grande princesse, et qu'elle n'ait toujours ces mêmes qualités qui lui ont fait rendre des hommages de tout l'univers.

Son abdication a été sans doute un secret du cabinet, où peu de personnes ont eu part; et quoique tout le monde en ait parlé et en parle encore, je n'examine point tous les ressorts de cette conduite, et je sais le respect qu'il faut avoir pour des mystères de religion et d'État. Je puis dire seulement qu'autant que le prince palatin, depuis roi de Suède, s'est montré grand capitaine, autant a-t-il fait paraître qu'il était grand politique, puisque tandis que la reine sa cousine, seule héritière du Grand Gustave, donnait peut-être trop de temps à quelques illustres savants qu'elle avait appelés de France et des Provinces-Unies, mais de qui elle ne pouvait apprendre l'art de régner. Il donnait tout le soin à la connaissance des affaires et aux sénateurs, qui ne voulaient qu'un chef savant dans la guerre, et se mit de la sorte adroitement la couronne sur la tête sans peine et sans bruit.

Toute l'Europe est assez instruite des grandes qualités de cette reine, qui ne voit rien au-dessus de cette vaste imagination qu'elle ne saurait remplir. Elle s'est fait admirer en Flandre, en France et en Italie. Tous les rois et tous les princes se sont efforcés de lui témoigner l'estime qu'ils en faisaient; et depuis qu'elle passe de la religion protestante à la religion romaine, elle a fait plus de séjour à Rome qu'en tout autre lieu. Elle en est partie depuis quelques mois pour se rendre à la Diète de Stockholm, mais si elle y demande l'exercice public de la religion qu'elle a embrassée, plusieurs doutent qu'elle l'obtienne aisément.

Tous les cabinets des curieux et tous nos historiens modernes sont remplis des portraits de cette reine, et pour achever ici le mien, je n'ai qu'à ajouter qu'encore que sa taille soit médiocre et qu'elle n'ait pas tous les traits de visage également beaux, une majesté régne en toute sa personne, qui imprime du respect et de la crainte; et ceux à qui elle parle, ou sur qui elle jette seulement les yeux, ont de la peine à en soutenir l'éclat.

Swedish translation (my own):

Drottning Kristina, dotter till Gustav Adolf, Sveriges konung, och Maria Eleonora, dotter till Johan Sigismund, kurfurste av Brandenburg, utmattade under de första åren av sin regering alla människors lovord och förtjänade all deras vördnad. De stora förändringarna i hennes liv, och alla hennes ärenden som sedan hon lämnade Kronan har delat de sinnen som har talat om dem olika, hindrar henne inte från att fortfarande vara en mycket stor prinsessa och från att fortfarande ha samma egenskaper som har fått henne att hyllas från hela världen.

Hennes abdikation var utan tvekan en kabinettshemlighet, som få människor hade del i; och fastän alla har talat om det och fortfarande talar om det, undersöker jag inte alla källorna till detta beteende, och jag vet vilken respekt man måste ha för religionens och Statens mysterier. Jag kan bara säga att lika mycket som pfalzgreven, sedan konung av Sverige, visade sig vara en stor kapten, så fick han det också att framstå som att han var en stor politiker, eftersom medan drottningen, hans kusin, den enda arvtagerskan till den store Gustav, kanske gav för mycket tid åt några lysande forskare som hon kallat från Frankrike och de förenade provinserna, men av vilka hon inte kunde lära sig konsten att härska. Han gav all omsorg åt sakkunskapen och rådsmännen, som endast ville ha en lärd ledare i kriget, och satte på så sätt skickligt kronan på hans huvud utan svårighet och utan buller.

Hela Europa är väl underrättat om de stora egenskaperna hos denna drottning, som inte ser något över denna enorma fantasi som hon inte kan uppfylla. Hon har beundrats i Flandern, Frankrike och Italien. Alla konungar och alla furstar har strävat efter att visa henne den aktning de hade för henne; och sedan hon övergick från den protestantiska religionen till den romerska religionen, har hon tillbringat mer tid i Rom än på någon annan plats. Hon reste därifrån för några månader sedan för att gå till Riksdagen i Stockholm, men om hon ber om offentlig utövande av den religion hon har anammat är det många som tvivlar på att hon lätt kommer att få den.

Alla kuriosakabinetter och alla våra moderna historiker är fyllda med porträtt av denna drottning, och för att avsluta mina här måste jag bara tillägga att även om hennes storlek är medelmåttig och hon inte har alla ansiktsdrag lika vackra, råder en majestät i hela hennes person, vilket imponerar respekt och rädsla; och de som hon talar till, eller som hon bara kastar blicken på, har svårt att motstå hennes briljans.

English translation (my own):

Queen Kristina, daughter of Gustav Adolf, King of Sweden, and Maria Eleonora, daughter of Johann Sigismund, Elector of Brandenburg, exhausted during the first years of her reign all the praises of men and deserved all their veneration. The great changes in her life, and all her errands which since she left the Crown have shared the minds who have spoken of them differently, do not prevent her from still being a very great princess, and from still having these same qualities which have made her be paid homage from all over the world.

Her abdication was undoubtedly a cabinet secret, in which few people had a share; and although everyone has talked about it and is still talking about it, I do not examine all the sources of this conduct, and I know the respect that one must have for the mysteries of religion and State. I can only say that as much as the Prince Palatine, since King of Sweden, showed himself to be a great captain, he also made it appear that he was a great politician, since while the Queen, his cousin, the only heiress of the great Gustav, perhaps gave too much time to some illustrious scholars whom she had called from France and the United Provinces, but from whom she could not learn the art of ruling. He gave all the care to the knowledge of affairs and to the senators, who only wanted a learned leader in the war, and in this way skillfully placed the crown on his head without difficulty and without noise.

All of Europe is well informed of the great qualities of this queen, who sees nothing above this vast imagination which she cannot fulfill. She has been admired in Flanders, France and Italy. All the kings and all the princes have endeavoured to show her the esteem they had for her; and since she passed from the Protestant religion to the Roman religion, she has spent more time in Rome than in any other place. She left there a few months ago to go to the Riksdag in Stockholm, but if she asks for the public exercise of the religion she has embraced, many doubt that she will easily obtain it.

All the cabinets of curiosities and all our modern historians are filled with portraits of this queen, and to finish mine here, I only have to add that although her size is mediocre and she does not have all the facial features equally beautiful, a majesty reigns in her whole person, which impresses respect and fear; and those to whom she speaks, or on whom she only casts her eyes, have difficulty withstanding her brilliance.


Above: Kristina.

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