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Lettres du cardinal Mazarin pendant son ministère: tome II, juillet 1644-décembre 1647, page 481, published by M. A. Chéreul, 1879
The letter excerpt:
[Paris,] 27 août 1647.
Tous les advis que nous avons portent que les reistres qui ont passé le Mein et se sont allez rendre dans l'armée suedoise sont au nombre de deux mille. On croit aussy que, quelque diligence qu'on y apporte pour les faire retourner au service de la France, il sera bien difficile, par la crainte qu'ils se sont desjà imprimée, et qu'on leur fomentera, du chastiement de leur infidelité. Cependant la reyne de Suede a envoyé des ordres bien precis et réiterez à M. Wrangel, en cas que ces mutinez se rendissent dans son armée, de ne rien obmettre pour les faire rentrer, sans perdre de tems, dans l'obeissance du Roy, en leur procurant l'amnistie de leur faute; de sorte que je ne doute point que le susdict mareschal Wrangel ne s'employe tout de bon dans l'execution des ordres de sa maistresse, et ne donne au monde cette marque de l'estroite liaison et intelligence qu'il y a entre les deux couronnes, ne voulant point recueillir les mutinez de celle de France, au moins pour les incorporer dans son armée, ce qui seroit de mauvais exemple. Que sy, neantmoins, il arrivoit que, se trouvant toutes les forces de l'Empereur sur les bras, il jugeoit à propos de se devoir prevaloir d'un secours si inopiné, et qui ne luy sera pas peu utile, dans l'interest que nous avons que son armée conserve ou acquiere de la superiorité sur celle de l'Empereur, nous en devons estre bien ayses, pourveu que ce soit [pour] peu de jours.
Je ne sçay pas sy ledict sieur mareschal Wrangel pourra bien ramener ce corps à son devoir; il semble pourtant que, refusant de l'unir pour longtems à son armée, et l'asseurant d'une entiere amnistie, il aymera mieux retourner au service du Roy, où il y a de l'argent à recevoir, que de s'attacher à celuy de Suede, où l'on n'en donne point.
J'ay escrit tout ce que dessus au sieur d'Avaugour et à MM. les plenipotentiaires, affin qu'ils fissent office pour cela auprez de ceux de Suede, et les obligeassent d'en escrire au sens que dessus à M. le mareschal Wrangel, conformement à l'intention de leur maistresse; mais, en cas qu'il ne fust en la puissance du susdict mareschal de faire revenir à leur devoir les susdicts mutinez, et affin que nous pussions, en quelque façon, reparer cette perte, voicy ce qui m'est venu dans la pensée et à quoy je vous prie de faire reflexion, et en proffiter, sy vous le jugez faisable:
C'est de traiter avec M. Wrangel, pour avoir un pareil nombre de ses reistres en la place des nostres qui voudront prendre service avec luy. En quoy il ne perdroit rien au change, puisque sans doute, comme vous sçavez, ceux-cy sont des meilleurs soldats du monde, et, d'ailleurs, n'estant pas obligé d'envoyer des officiers, puisque ceux de nostre armée sont demeurez dans l'obeissance, la chose paroist fort faisable de la part des reistres, qui ne seront pas faschez de prendre un service plus advantageux. Sy vous ne trouvez point de la repugnance en cela, vous devez envoyer en toute diligence vers M. Wrangel quelque personne capable de bien conduire cette petite negociation; j'estime que sy le sieur de Mondevergne se trouve encore auprez de vous, il seroit capable d'y bien reussir.
With modernised spelling:
Paris, 27 août 1647.
Tous les avis que nous avons portent que les reîtres qui ont passé le Mein et se sont allés rendre dans l'armée suédoise sont au nombre de deux mille. On croit aussi que, quelque diligence qu'on y apporte pour les faire retourner au service de la France, il sera bien difficile, par la crainte qu'ils se sont déjà imprimée, et qu'on leur fomentera, du châtiement de leur infidélité. Cependant la reine de Suède a envoyé des ordres bien précis et réitérés à M. Wrangel, en cas que ces mutinés se rendissent dans son armée, de ne rien omettre pour les faire rentrer, sans perdre de temps, dans l'obéissance du Roi, en leur procurant l'amnestie de leur faute; de sorte que je ne doute point que le susdit maréchal Wrangel ne s'emploie tout de bon dans l'exécution des ordres de sa maîtresse, et ne donne au monde cette marque de l'étroite liaison et intelligence qu'il y a entre les deux Couronnes, ne voulant point recueillir les mutinés de celle de France, au moins pour les incorporer dans son armée, ce qui serait de mauvais exemple. Que si, néanmoins, il arrivait que, se trouvant toutes les forces de l'Empereur sur les bras, il jugeait à propos de se devoir prevaloir d'un secours si inopiné, et qui ne lui sera pas peu utile, dans l'intérêt que nous avons que son armée conserve ou acquière de la supériorité sur celle de l'Empereur, nous en devons être bien aises, pourvu que ce soit pour peu de jours.
Je ne sais pas si ledit sieur maréchal Wrangel pourra bien ramener ce corps à son devoir; il semble pourtant que, refusant de l'unir pour longtemps à son armée, et l'assurant d'une entière amnestie, il aimera mieux retourner au service du Roi, où il y a de l'argent à recevoir, que de s'attacher à celui de Suède, où l'on n'en donne point.
J'ai écrit tout ce que dessus au sieur d'Avaugour et à MM. les plénipotentiaires, afin qu'ils fissent office pour cela auprès de ceux de Suède, et les obligeassent d'en écrire au sens que dessus à M. le maréchal Wrangel, conformément à l'intention de leur maîtresse; mais, en cas qu'il ne fût en la puissance du susdit maréchal de faire revenir à leur devoir les susdits mutinés, et afin que nous pussions, en quelque façon, reparer cette perte, voici ce qui m'est venu dans la pensée et à quoi je vous prie de faire réflexion, et en profiter, si vous le jugez faisable:
C'est de traiter avec M. Wrangel, pour avoir un pareil nombre de ses reîtres en la place des nôtres qui voudront prendre service avec lui. En quoi il ne perdrait rien au change, puisque sans doute, comme vous savez, ceux-ci sont des meilleurs soldats du monde, et, d'ailleurs, n'étant pas obligé d'envoyer des officiers, puisque ceux de notre armée sont demeurés dans l'obéissance, la chose paraît fort faisable de la part des reîtres, qui ne seront pas fâchés de prendre un service plus avantageux. Si vous ne trouvez point de la répugnance en cela, vous devez envoyer en toute diligence vers M. Wrangel quelque personne capable de bien conduire cette petite négociation; j'estime que si le sieur de Mondevergne se trouve encore auprès de vous, il serait capable d'y bien réussir.
Swedish translation (my own):
Paris, den 27 augusti 1647.
Alla rapporter vi har är att de ryttare som korsade Main och gick för att ansluta sig till den svenska armén är tvåtusen till antalet. Man tror också att, hur flitigt vi än bringar dem att återvända till Frankrikes tjänst, så kommer det att bli mycket svårt, genom rädslan för att de redan har präglat sig själva och att de kommer att uppmuntras, för tuktan av deras otrohet. Under tiden har Sveriges drottning skickat mycket exakta och upprepade order till lord Wrangel, i fall dessa myterister går med i hennes armé, att göra allt för att föra dem tillbaka, utan att slösa tid, till Konungens lydnad genom att ge dem amnesti för deras fel; så att jag inte tvivlar på att den förutnämnda marskalken Wrangel gör sitt bästa för att utföra sin älskarinnas befallningar och ger världen detta märke av den nära förbindelse och intelligens som finns mellan de båda Kronorna, utan att vilja samla myteristerna från Frankrikes, åtminstone för att införliva dem i sin armé, vilket skulle vara ett dåligt exempel. Att om det likväl skulle hända, att han, då han befann sig med Kejsarens hela styrka i sina händer, bedömde det lämpligt att behöva begagna sig av sådan oväntad hjälp, och som inte kommer att vara ohjälpsam för honom, för att vi har att hans armé bibehåller eller förvärvar överlägsenhet över Kejsarens, måste vi vara mycket glada, förutsatt att det är för några dagar.
Jag vet inte om nämnde marskalk Wrangel kommer att kunna återföra denna kår till sin plikt; det tycks dock, som om han vägrar att förena honom länge med sin armé och försäkrar honom om fullständig amnesti, hellre vill återvända till Konungens tjänst, där det finns pengar att erhålla, än att ansluta sig till Sveriges, där inga anges.
Jag har skrivit allt detta ovan till monsieur d'Avaugour och till de befullmäktigade, så att de agerar för detta med Sveriges, och förpliktar dem att skriva i den meningen som ovan till herr marskalk Wrangel, i enlighet med deras härskarinnas avsikt; men i det fall det inte stod i den förutnämnda marskalkens makt att återföra de förutnämnda myteristerna till deras plikt, och för att vi på något sätt skulle kunna reparera denna förlust, så är här vad som har kommit till mig och vad jag ber Ni att tänka på, och att dra nytta av det, om Ni anser det möjligt:
Det är att behandla med herr Wrangel, att ha lika många av hans ryttare i vår plats som kommer att vilja ta tjänst med honom. I vilken han inte skulle förlora något i förändringen, eftersom dessa utan tvekan, som Ni vet, är ju de bästa soldaterna i världen, och dessutom inte är skyldig att skicka officerare, eftersom de av vår armé förblir i lydnad, saken verkar mycket genomförbart från reiters sida, som inte kommer att vara ledsna över att ta en mer fördelaktig tjänst. Om Ni inte finner någon motvilja i detta, bör Ni med all flit sända till herr Wrangel någon person som är kapabel att föra denna lilla förhandling väl; jag tror att om monsieur de Mondevergne fortfarande är hos Er så skulle han kunna lyckas där.
English translation (my own):
Paris, August 27, 1647.
All the reports we have are that the reiters who crossed the Main and went to join the Swedish army are two thousand in number. It is also believed that, however diligently we bring them to return to the service of France, it will be very difficult, through the fear that they have already imprinted on themselves, and that they will be fomented, of the chastisement of their infidelity. In the meantime, the Queen of Sweden has sent very precise and repeated orders to Lord Wrangel, in case these mutineers join her army, to do everything to bring them back, without wasting time, into the obedience of the King by providing them with amnesty for their fault; so that I have no doubt that the aforesaid Marshal Wrangel does his best to carry out his mistress's orders, and gives the world this mark of the close connection and intelligence that exists between the two Crowns, not wanting to collect the mutineers from that of France, at least to incorporate them into his army, which would be a bad example. That if, nevertheless, it should happen that, finding himself with all the Emperor's strength in his hands, he judged it appropriate to have to avail himself of such unexpected help, and which will not be unhelpful to him, in the interest of that we have that his army maintains or acquires superiority over that of the Emperor, we must be very glad, provided that it is for a few days.
I do not know if the said Marshal Wrangel will be able to bring this corps back to its duty; it seems, however, that, refusing to unite him for long with his army, and assuring him of complete amnesty, he would rather return to the service of the King, where there is money to be received, than to attach to that of Sweden, where none are given.
I have written all that above to Monsieur d'Avaugour and to the plenipotentiaries, so that they act for this with those of Sweden, and oblige them to write in the sense that above to Lord Marshal Wrangel, in accordance with the intention of their mistress; but, in case it was not in the power of the aforesaid marshal to bring back to their duty the aforesaid mutineers, and so that we could, in some way, repair this loss, here is what has come to my mind and what I beg you to think about, and to take advantage of it, if you deem it feasible:
It is to treat with Lord Wrangel, to have an equal number of his reiters in the place of ours who will want to take service with him. In which he would lose nothing in the change, since no doubt, as you know, these are the best soldiers in the world, and, moreover, not being obliged to send officers, as those of our army are remained in obedience, the thing seems very feasible on the part of the reiters, who will not be sorry to take a more advantageous service. If you find no repugnance in this, you ought to send with all diligence to Lord Wrangel some person capable of conducting this little negotiation well; I think that if Monsieur de Mondevergne is still with you, he would be able to succeed there.
Above: Kristina.
Above: Carl Gustaf Wrangel.
Above: Cardinal Jules Mazarin.
Above: Henri de la Tour d'Auvergne, le Maréchal de Turenne.
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