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Lettres du cardinal Mazarin pendant son ministère: tome II, juillet 1644-décembre 1647, page 583, published by M. A. Chéreul, 1879
The letter excerpt:
[Paris], 30 décembre 1647.
... Je me promets qu'aprez que vous aurez meurement examiné toutes choses, vous vous arresterez à ce qui sera meilleur pour le service du Roy et pour l'establissement plus grand de vostre authorité, à quoy vous devez viser. Cependant je fais tousjours faire des instances pour le remplacement de nos cavaliers, qui ont passé dans l'armée suedoise, et, dans le pouvoir qu'on a envoyé au sieur Chanut d'offrir quelque argent à la reyne de Suede, dont nous n'avons pu nous deffendre, une des conditions sous lesquelles cette offre se doit faire est qu'on nous rende un pareil nombre de reistres que ceux qui se sont destachez de nous, et je presse d'autant plus cela, que nous aurions besoin, la campagne prochaine, en Flandres, des regimens de cavalerie que vous y avez envoyez celle-cy. Je vous diray, au reste, que, dans le desespoir où j'ay esté de voir que vous ne pouviez passer le Rhin, je m'estois consolé de la nouvelle que vous viendriez icy. Je vous avoue pourtant que je voudrois que M. Wrangel vous en empeschast, et [que], se mettant en marche, il vous donnast moyen de passer le Rhin et d'y establir vos quartiers. Aprez quoy vous pourriez venir faire au tour de deçà, comme je crois bien qu'estant presentement à Saverne, vous serez encore plus prez de nous, lorsque vous recevrez cette lettre. Si alors, dis-je, vous appreniez que l'armée suedoise n'estoit pas en marche, et que vous jugeassiez que le tems que le sieur du Perron mettra à faire son voyage et à retourner prez de vous vous suffira pour faire icy vostre course et vous rendre à vostre armée vous le pourriez faire, ayant au prealable mis tous les ordres necessaires, et estant assuré que cette petite absence n'y causeroit point d'inconvenient que vous allez seulement à la frontiere vous aboucher avec M. vostre frere, afin que la creance d'un si petit esloignement et l'opinion de vostre prompt retour y contint tout le monde dans le devoir.
Vous avez faict parfaitement bien de ne suivre pas le sentiment de MM. les plenipotentiaires pour ce qui est de fonder le subject de nostre rupture avec Baviere sur ce que ce prince ne se soit pas contenté de faire sortir, conjoinctement avec les troupes de l'Empereur, celles de Suede des Etats hereditaires; mais qu'il les avoit poursuivies encore aprez et [vous avez] faict voir par là que vous n'estes pas moins homme de cabinet que de campagne. On nous a faict icy et ailleurs diverses plaintes de la part des Suedois, de ce que ne vous estiez pas mis en devoir d'aller secourir Memmingen. Je sçay qu'encore que vous n'en eussiez pas l'ordre, il vous estoit impossible [de le faire], qui est une raison qui ne reçoit pas d'exception. Je vous prie, neantmoins, me mander les raisons precises de cette impuissance et les autres considerations que vous avez eues de ne vous embarquer point à ce dessein, afin que je m'en puisse prevaloir, quand il sera besoin. Pour ce qui est des quartiers, et ce qui regarde le logement de vostre armée, je m'en remets entierement à ce que vous en escrit M. Le Tellier, et comme, paroist-il, vous la desirez loger dans toute l'Alsace, afin qu'elle ne soit pas esloignée du Rhin et qu'elle soit toute preste à marcher en cas qu'il le faille faire, si celle de Suede marche pour la venir joindre, vous n'aurez pas à vous servir de ce qu'on vous escrit pour d'autres [quartiers]. Je vois bien aussy que les environs de Strasbourg souffriront dans ce logement que vous prendrez dans l'Alsace, et j'en suis bien marry; mais la necessité n'a point de loy. ...
With modernised spelling:
Paris, 30 décembre 1647.
... Je me promets qu'après que vous aurez meurement examiné toutes choses, vous vous arrêterez à ce qui sera meilleur pour le service du Roi et pour l'établissement plus grand de votre autorité, à quoi vous devez viser. Cependant je fais toujours faire des instances pour le remplacement de nos cavaliers, qui ont passé dans l'armée suédoise, et, dans le pouvoir qu'on a envoyé au sieur Chanut d'offrir quelque argent à la reine de Suède, dont nous n'avons pu nous défendre, une des conditions sous lesquelles cette offre se doit faire est qu'on nous rende un pareil nombre de reîtres que ceux qui se sont détachés de nous, et je presse d'autant plus cela, que nous aurions besoin, la campagne prochaine, en Flandre, des régiments de cavalerie que vous y avez envoyez celle-ci. Je vous dirai, au reste, que, dans le désespoir où j'ai été de voir que vous ne pouviez passer le Rhin, je m'étais consolé de la nouvelle que vous viendriez ici. Je vous avoue pourtant que je voudrais que M. Wrangel vous en empêchât, et que, se mettant en marche, il vous donnât moyen de passer le Rhin et d'y établir vos quartiers. Après quoi vous pourriez venir faire au tour de deçà, comme je crois bien qu'étant présentement à Saverne, vous serez encore plus près de nous lorsque vous recevrez cette lettre. Si alors, dis-je, vous appreniez que l'armée suédoise n'était pas en marche, et que vous jugeassiez que le temps que le sieur du Perron mettra à faire son voyage et à retourner près de vous vous suffira pour faire ici votre course et vous rendre à votre armée vous le pourriez faire, ayant au préalable mis tous les ordres nécessaires, et étant assuré que cette petite absence n'y causerait point d'inconvenient que vous allez seulement à la frontière vous aboucher avec M. votre frère, afin que la créance d'un si petit éloignement et l'opinion de votre prompt retour y contint tout le monde dans le devoir.
Vous avez fait parfaitement bien de ne suivre pas le sentiment de MM. les plénipotentiaires pour ce qui est de fonder le sujet de notre rupture avec Bavière sur ce que ce prince ne se soit pas contenté de faire sortir, conjointement avec les troupes de l'Empereur, celles de Suède des États héréditaires; mais qu'il les avait poursuivies encore après et vous avez fait voir par là que vous n'êtes pas moins homme de cabinet que de campagne. On nous a fait ici et ailleurs diverses plaintes de la part des Suédois, de ce que ne vous étiez pas mis en devoir d'aller sécourir Memmingen. Je sais qu'encore que vous n'en eussiez pas l'ordre, il vous était impossible de le faire, qui est une raison qui ne reçoit pas d'exception. Je vous prie, néanmoins, me mander les raisons precises de cette impuissance et les autres considerations que vous avez eues de ne vous embarquer point à ce dessein, afin que je m'en puisse prévaloir, quand il sera besoin. Pour ce qui est des quartiers, et ce qui regarde le logement de votre armée, je m'en remets entièrement à ce que vous en écrit M. Le Tellier, et comme, paraît-il, vous la désirez loger dans toute l'Alsace, afin qu'elle ne soit pas éloignée du Rhin et qu'elle soit toute prête à marcher en cas qu'il le faille faire, si celle de Suède marche pour la venir joindre, vous n'aurez pas à vous servir de ce qu'on vous écrit pour d'autres quartiers. Je vois bien aussi que les environs de Strasbourg souffriront dans ce logement que vous prendrez dans l'Alsace, et j'en suis bien marri; mais la nécessité n'a point de loi. ...
Swedish translation (my own):
Paris, den 30 december 1647.
... Jag lovar mig själv att sedan Ni noggrant övervägt allt, kommer Ni att bestämma Er för vad som är bäst för Konungens tjänst och för det större inrättandet av Er myndighet som Ni måste sikta på. Undertiden gör jag fortfarande framställningar för att ersätta våra kavaljerer, som övergått i den svenska armén, och i den makt som har skickats till monsieur Chanut att erbjuda några pengar till Sveriges drottning, vilket vi gör. inte har kunnat försvara oss själva, är ett av villkoren för att detta erbjudande måste göras att vi får tillbaka samma antal ryttare som de som har lösgjort sig från oss, och jag trycker på detta desto mer som vi skulle behöva göra nästa fälttåg, i Flandern, av de kavalleriregementen som Ni skickade dit. Jag skall för övrigt säga Er att jag i den förtvivlan i vilken jag skulle se att Ni inte kunde korsa Rhen tröstade mig med nyheten att Ni skulle komma hit. Jag erkänner dock för Er att jag skulle vilja att herr Wrangel hindrade Er från att göra det, och att han, när han gav sig ut på marschen, skulle ge Er möjligheten att korsa Rhen och etablera Ert kvarter där. Därefter kan Ni komma och se Er omkring, eftersom jag tror att Ni är i Saverne för närvarande kommer att vara ännu närmare oss när Ni får detta brev. Om Ni då, säger jag, får veta att den svenska armén inte var på marsch, och Ni bedömer att den tid som monsieur du Perron kommer att ta för att göra sin resa och återvända till Er kommer att räcka för att Ni skall klara Ert lopp och gå till Er armé kunde Ni göra det, efter att först ha gett alla nödvändiga order och försäkrad om att denna lilla frånvaro inte skulle orsaka några besvär där att Ni bara går till gränsen för att träffa monsieur Er bror, så att tron på en så kort avstånd och åsikten om Er snabba återkomst kommer att hålla alla där i tjänst.
Ni har gjort alldeles utmärkt att inte följa de befullmäktigades uppfattning för att grunda ämnet för vårt brott med Bayern på det faktum att denne furste inte nöjde sig med att tillsammans med kejsarens trupper föra ut Sveriges trupper från Arvstaterna; men att han sedan hade förföljt dem igen, och Ni har därigenom visat att Ni inte är mindre en man av kabinettet än en man av landet. Olika klagomål har framförts till oss här och på andra håll av svenskarna att Ni inte tagit på Er att gå och hjälpa Memmingen. Jag vet att även om Ni inte beordrades att göra det, var det omöjligt för Er att göra det, vilket är ett skäl som inte medger undantag. Jag ber Er ändå att informera mig om de exakta orsakerna till denna impotens och de andra överväganden som Ni har haft för att inte inleda denna plan, så att jag kan utnyttja dem när behovet uppstår. När det gäller kvarteren och vad som gäller Er armés inhysning, överlåter jag helt och hållet åt vad monsieur le Tellier skriver till Er om det, och som det verkar, önskar Ni att det skall inrymmas i hela Elsass, så att det inte är långt från Rhen och att den är ganska beredd att marschera ifall det är nödvändigt att göra det, om Sveriges marscherar för att ansluta sig till det, behöver Ni inte använda vad man skriver till Er för andra distrikt. Jag kan också se att Strasbourgs omgivning kommer att lida i detta boende som Ni kommer att ta i Elsass, och jag är mycket ledsen för det; men nödvändigheten har ju ingen lag. ...
English translation (my own):
Paris, December 30, 1647.
... I promise myself that after you have carefully considered all things, you will settle on what will be best for the service of the King and for the greater establishment of your authority, to which you must aim. In the meantime, I am still making representations for the replacement of our cavaliers, who have passed into the Swedish army, and, in the power that has been sent to Monsieur Chanut to offer some money to the Queen of Sweden, of which we do not have been able to defend ourselves, one of the conditions under which this offer must be made is that we be given back the same number of reiters as those who have detached themselves from us, and I press this all the more, as we would need, the next campaign, in Flanders, of the cavalry regiments that you sent there. I will tell you, moreover, that in the despair in which I was to see that you could not cross the Rhine, I consoled myself with the news that you would come here. I confess to you, however, that I would like Lord Wrangel to prevent you from doing so, and that, setting out on the march, he would give you the means of crossing the Rhine and establishing your quarters there. After which you could come and have a look around, as I believe that being at Saverne at present, you will be even closer to us when you receive this letter. If then, I say, you learn that the Swedish army was not on the march, and you judge that the time that Monsieur du Perron will take to make his journey and to return to you will be enough for you to make your race and go to your army you could do it, having first given all the necessary orders, and being assured that this little absence would cause no inconvenience there that you are only going to the border to meet Monsieur your brother, so that the belief of such a short distance and the opinion of your prompt return will keep everyone there in duty.
You have done perfectly well not to follow the sentiment of the plenipotentiaries for basing the subject of our rupture with Bavaria on the fact that this prince was not satisfied with bringing out, conjointly with the troops of the Emperor, those of Sweden from the hereditary States; but that he had pursued them again afterwards, and you have thereby shown that you are no less a man of the cabinet than a man of the country. Various complaints have been made to us here and elsewhere by the Swedes that you had not taken it upon yourself to go and help Memmingen. I know that even though you were not ordered to do so, it was impossible for you to do so, which is a reason which does not admit of exception. I beg you, nevertheless, to inform me of the precise reasons for this impotence and the other considerations that you have had for not embarking on this plan, so that I can avail myself of them, when the need arises. As for the quarters, and what concerns the housing of your army, I leave it entirely to what Monsieur le Tellier writes to you about it, and as, it seems, you wish it to be housed throughout Alsace, so that it is not far from the Rhine and that it is quite ready to march in case it is necessary to do so, if that of Sweden marches to join it, you will not have to use what one writes to you for other districts. I can also see that the surroundings of Strasbourg will suffer in this lodging which you will take in Alsace, and I am very sorry about it; but necessity has no law. ...
Above: Kristina.
Above: Cardinal Jules Mazarin.
Above: Henri de la Tour d'Auvergne, le Maréchal de Turenne.
Note: Mazarin wrote "Saverne" almost illegibly, it's possible he was trying to write "Strasbourg".
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