Thursday, February 2, 2023

Excerpt from Raphaël Trichet du Fresne's letter to Jacques Dupuy, dated September 11/21 (New Style), 1652

Source:

Revue des langues romanes: quatrième série, tome cinquième, page 518, published by the Society for the Study of the Romance Languages, 1891


The letter excerpt:

Monsieur, je rendis en passant à Leide la lettre qu'il vous avait pleu d'escrire à M. de Saumaise. Les civilités dont il usa envers moi furent au-delà de tout ce que je pouvais espérer et j'avoue que j'ai trop tardé à vous remercier d'une si favorable recommandation. Il y a environ quinze jours que j'eus l'honneur de saluer ici la reine, qui me reçut avec des bontés extraordinaires. C'est une princesse que jamais vous n'avez ouï assez louer, et la renommée qui a cent bouches n'a encore parlé qu'à demi de l'excellence de son esprit. Jamais couronne n'a couvert une si docte teste. Elle a le goût excellent pour toutes les belles choses, et a de la science jusques aux yeux et aux oreilles. Quelque autre vous parlera de sa philosophie, de son grec et de son latin, et de sept autres langues qu'elle parle parfaitement. Elle aime les livres avec passion, et en a jusques dans la ruelle de son lit. Mais M. Naudé vous jurera que la Cassandre et le Cyrus qu'il y a trouvé ne sont ni celle de la Galerie du Palais ni celui de M. d'Escudéry, quoique la parfaite cognoissance qu'elle a de notre langue lui découvre assez tout ce qu'il y a de beau dans de semblables ouvrages. Avec tout cela elle est reine, et, fille qu'elle est, sans abandonner le timon à un autre, on voit qu'elle gouverne avec une conduite admirable et une autorité absolue la plus fière et belliqueuse nation de l'Europe. Le cabinet dont elle m'a donné la direction sera pour la richesse, pour les médailles antiques et pour la rareté des beaux ouvrages de peinture et de sculpture, le plus considérable qui soit au monde et, si j'en ai le loisir, je prétends d'en donner au public une fidelle description. Nous attendons ici M. Bourdon, le peintre. Il faut espérer qu'il nous donnera un portrait de S. M. plus ressemblant que celui que nous avons veu jusqu'à présent. Vous en aurez un et original, car elle me l'a promis et m'a commandé de vous le dire. Une autre fois, je vous entretiendrai des livres qui se trouvent ici. Cependant je vous prie, etc.
DU FRESNE.
A Stockholm, ce 21 septembre 1652.

With more modernised spelling:

Monsieur,
Je rendis en passant à Leide la lettre qu'il vous avait plu d'écrire à M. de Saumaise. Les civilités dont il usa envers moi furent au-delà de tout ce que je pouvais espérer et j'avoue que j'ai trop tardé à vous remercier d'une si favorable recommandation. Il y a environ quinze jours que j'eus l'honneur de saluer ici la reine, qui me reçut avec des bontés extraordinaires.

C'est une princesse que jamais vous n'avez ouï assez louer, et la renommée qui a cent bouches n'a encore parlé qu'à demi de l'excellence de son esprit. Jamais couronne n'a couvert une si docte tête. Elle a le goût excellent pour toutes les belles choses, et a de la science jusqu'aux yeux et aux oreilles. Quelque autre vous parlera de sa philosophie, de son grec et de son latin, et de sept autres langues qu'elle parle parfaitement. Elle aime les livres avec passion, et en a jusques dans la ruelle de son lit. Mais M. Naudé vous jurera que la Cassandre et le Cyrus qu'il y a trouvé ne sont ni celle de la Galerie du Palais ni celui de M. de Scudéry, quoique la parfaite connaissance qu'elle a de notre langue lui découvre assez tout ce qu'il y a de beau dans de semblables ouvrages.

Avec tout cela elle est reine, et, fille qu'elle est, sans abandonner le timon à un autre, on voit qu'elle gouverne avec une conduite admirable et une autorité absolue la plus fière et belliqueuse nation de l'Europe. Le cabinet dont elle m'a donné la direction sera pour la richesse, pour les médailles antiques et pour la rareté des beaux ouvrages de peinture et de sculpture, le plus considérable qui soit au monde; et, si j'en ai le loisir, je prétends d'en donner au public une fidèle description.

Nous attendons ici M. Bourdon, le peintre. Il faut espérer qu'il nous donnera un portrait de Sa Majesté plus ressemblant que celui que nous avons vu jusqu'à présent. Vous en aurez un et original, car elle me l'a promis et m'a commandé de vous le dire. Une autre fois, je vous entretiendrai des livres qui se trouvent ici. Cependant je vous prie, etc.
Du Fresne.
A Stockholm, ce 21 septembre 1652.

Swedish translation (my own):

Monsieur,
Jag återvände till Leiden i förbigående brevet som Ni gärna hade skrivit till monsieur de Saumaise. De artigheter han visade mig var bortom allt jag kunde ha hoppats på, och jag erkänner att jag var för sen med att tacka Er för en sådan positiv rekommendation. För ungefär två veckor sedan hade jag äran att hälsa drottningen här, som tog emot mig med utomordentlig vänlighet.

Hon är en prinsessa som Ni aldrig har hört tillräckligt berömmas, och berömmelsen, som har hundra munnar, har ännu inte talat om än hälften av hennes sinnes förträfflighet. Aldrig har en krona täckt ett så lärt huvud. Hon har utmärkt smak för alla fina saker och har vetenskap till öga och öra. Någon annan kommer att berätta om hennes filosofi, hennes grekiska och hennes latin, och sju andra språk som hon talar perfekt. Hon älskar böcker med passion, och hon har dem även i utrymmet mellan hennes säng och väggen. Men Monsieur Naudé kommer att svära er att Cassandra och Cyrus som han fann där varken är från Galerie du Palais eller monsieur de Scudéry, även om den perfekta kunskap hon har om vårt språk avslöjar för henne tillräckligt vad som är vackert i sådana verk.

Med allt detta är hon drottning, och fastän hon är en flicka, utan att överge rodret till en annan, ser man att hon med beundransvärt uppförande och absolut auktoritet styr den stoltaste och mest kriglystna nationen i Europa. Det skåp som hon gav mig riktningen kommer att vara för rikedomarna, för de antika medaljerna och för sällsyntheten av de vackra målnings- och skulpturverken, det mest betydande i världen; och, om jag har tid, tänker jag ge allmänheten en trogen beskrivning av det.

Vi väntar här på monsieur Bourdon, målaren. Det är att hoppas att han skall ge oss ett porträtt av Hennes Majestät som är mer likt det vi har sett hittills. Ni kommer att få ett och ett originalt, eftersom hon har lovat mig det och befallt mig att berätta det för Er. En annan gång skall jag berätta om böckerna som finns här. Emellertid ber jag Er, osv.
Du Fresne.
Stockholm, den 21 september 1652.

English translation (my own):

Monsieur,
I returned to Leiden in passing the letter which you had been pleased to write to Monsieur de Saumaise. The courtesies he showed me were beyond anything I could have hoped for, and I confess that I was too late in thanking you for such a favourable recommendation. About a fortnight ago I had the honour of greeting the Queen here, who received me with extraordinary kindness.

She is a princess whom you have never heard sufficiently praised, and fame, which has a hundred mouths, has not yet spoken but half of the excellence of her mind. Never did a crown cover such a learned head. She has excellent taste for all fine things, and has science up to the eye and ear. Someone else will tell you about her philosophy, her Greek and her Latin, and seven other languages which ​​she speaks perfectly. She loves books with passion, and she has them even in the space between her bed and the wall. But Monsieur Naudé will swear to you that the Cassandra and the Cyrus that he found there are neither that of the Galerie du Palais nor that of Monsieur de Scudéry, although the perfect knowledge that she has of our language reveals to her enough what is beautiful in such works.

With all this she is queen, and, though she is a girl, without abandoning the helm to another, one sees that she governs with admirable conduct and absolute authority the proudest and most warlike nation in Europe. The cabinet of which she gave me the direction will be for the riches, for the antique medals, and for the rarity of the beautiful works of painting and sculpture, the most considerable in the world; and, if I have time, I intend to give the public a faithful description of it.

We are waiting here for Monsieur Bourdon, the painter. It is to be hoped that he will give us a portrait of Her Majesty more like than the one we have seen so far. You will have one and an original one, because she has promised it to me and commanded me to tell you so. Another time, I will tell you about the books that are here. In the meantime, I beg you, etc.
Du Fresne.
Stockholm, September 21, 1652.


Above: Kristina, painted by Sébastien Bourdon.

No comments:

Post a Comment