Tuesday, January 18, 2022

Kristina's letter to the Marquis Gianmattia del Monte, written October 23, 1688

Source:

Mémoires concernant Christine, volume 2, page 286, Johan Arckenholtz, 1751


The letter:

Jo vi rimando la lettera, che voi havete scritta al vostro Padre, apostillata della mia mano. Stimo che saprete intenderla: in quella vedrete, ch' io sono sodisfattissima di voi fin qui. Mi pare un' hora mill' anni di sentire il ritorno del Ré, e comminciati li nostri negozi, per veder più chiaro nelli fatti miei, già ne spero poco, ed ogni poca di cosa che ne potreste spuntare, mi parerebbe assai, perche sono persuasissima della mala intentione di questa Corte verso di me, e della ingratitudine loro. Mà mi basta di tener la lite accesa. La vita, e la morte mia stà nella mano d'Iddio, ma haverò la consolatione di veder morire, chi desidera la mia. Della pensione non se ne parli più. Del cambio sentite che vi dicono, ed io poi risolverò; bisogna veder' se torna conto. Jo haratterò volontieri la Pomerania col Bremese, pur che mi si desse l'equivalente, non solo diquello che possiedo hoggidi, mà anche di quello che dovrei possedere. A questo bisogna avertire. Jo darei tutto per haver' tutto Bremen, mà pur con tutta la souranità. Basta, sentite quello che vi si dirà, e fatevi pregare se è possibile, se poi non vogliono, pazienza. Tenete vi alle vostre instructioni, e strappatene quel più, che sarà possibile.

Delli vostri amori con questa Dama bisogna scordarsene affatto, mà affatto. Voi parlate d'impegno. Ricordatevi che l'unico impegno ch' havete, é la fedeltà che dovete a vostra moglie, quello havete contratto di Dio, e de gl' homini, ed ogni altro, non cavarete altro, che vergogna, pentimenti, e prejudizio per l'anima, e per il corpo. Jo non sono scrupulosa, mà vi racomando l'anima vostra. So che siete Giovàne. Non pretendo che siate Anacoreta, ne Romito, ma non vi incarognate con nessuno più, tanto più che tradite quella poueraccia con dargli ad intendere, che voi l'amate. Ben è vero, ch' ella si trova trà Galeotti e Marinari, e credo che lei vi corrisponda, vi prometto, che si joverna bene, però levatevi da questra trapa. Jo hò agiustato tutte le cose sue, e non vi è più che dire, e le hò agiustate con tanto honore e riputatione sua, che ha dato ammirazione à tutti.

Qui le cose stanno at solito. I francesi sono più forti di noi in Roma, benche non sieno armati. Il Papa è più odiato che nissuno, e quello ch' è peggio, disprezzato da tutti hà accettata finalemente la mediatione d'Ingliterra che prima non voleva sentir parlare. Quando sarà preso Filisburgo, allora calaremo le brache fino alle calcagna mà io tengo cattiva opinione delle cose d'Ingliterra. Faccia Dio chi io m'inganni!

Per quanto a voi, fatevi animo non vi dia fastidio l'esser Giovane, e la vostra poca esperienza. Vostro padre di felice memoria haveva meno capacità di voi, quando io comminciai d'adoprarlo, e pur si fece poi quel grand homo, ch' egli era, quando, per vostra disgrazia, l'habbiamo perduto. Gl' huomini fanni li negozii, mà li negozii fanno anche gl' homini. A tutto ci vuole applicatione e tempo. Sopra tutto vi racomando la secretezza. Habiate per massima di non dire mai niente a nissuno, se non per necessità del negozio. Per estempio à G. G. bisogna che confidate, che conferite con lui, e con li Ministre, con li quali necessariamente havete da parlare. Fuor di là non ne parlate con nessuno. A questo proposito vi voglio avertire di non scriver' mai niente alle vostre Donne, che io hò visto, che gli parlate del cambio, e questo è mal fatto. Quelle non vi possono dare, ne consiglio, ne aiuto, però non lo fate più. Parlate gli delle cose di casa vostro, quanto volete, mà mai delle cose mie.

Del resto sono sodisfattissima di voi e son certa, che se tutto non vi riesce, non sara colpa vostra. Jo approvo anche in tutto e per tutto la vostra condotta col Governat. Gen. Bisogna come già vi dissi, diffenderlo, e proteggerlo a spada tratta per parte mia, e far' conoscere, che quando si manca à lui s'offende me; Dio vi conservi, prosperi sempre, e vi consoli. Addio.
La Regina vostra
Rome 23. Ottob. 1688.

French translation (by Arckenholtz):

Je vous renvoi la lettre que vous avez écrite à feu votre Père; avec l'Apostille de ma propre main, que je présume que vous entendrez. Vous verrez par-là que je suis très satisfaite de vous jusqu'ici.

Une heure me paroit mille ans jusques à ce que j'apprenne le retour du Roi, & que nos négociations soïent commencées pour voir plus clair dans mes affaires. Je ne m'en promèts pas beaucoup, mais pour peu que vous y puissiez avancer, cela me paroitra autant de gagné, n'étant que trop persuadée de la mauvaise intention de cette Cour envers moi & de son ingratitude. Il me suffira de tenir la querelle allumée. Que le Tout-Puissant dispose de ma vie & de ma mort, mais j'aurai la consolation de voir arriver la mort de ceux qui souhaitent la mienne. Ne parlez plus de la pension. Quant à l'échange, prêtez l'oreille à ce qu'on vous en dira: je me résoudrai après là-dessus. Il faut voir si j'y trouve mon compte. Je troquerois volontiers la Poméranie contre le Duché de Breme, pourvû qu'on me donnât quelque équivalent non seulement de ce dont je suis à présent en possession, mais aussi de ce que je devrois posséder. Il faut que vous remarquiez cela. Je donnerois tout pour avoir tout le païs de Breme, mais avec toute la souveraineté. Suffit, prenez garde à ce qu'on vous en dira, & faites vous prier, s'il est possible. S'il ne le veulent pas, patience. Tenez-vous à vos instructions, & tirez-en avantage le plus que vous pourrez.

Il faut entièrement oublier vos amours avec cette Dame. Vous parlez d'un engagement. Mais souvenez-vous que votre unique engagement c'est la fidélité que vous devez à votre femme. Par celui dont vous parlez, vous vous êtes deshonnoré devant Dieu & devant les hommes & au bout du compte vous n'en tirerez qu'infamie, repentir & préjudice pour l'ame & le corps. Je ne suis pas scrupuleuse, mais je vous recommande le salut de votre ame. Je fais que vous êtes jeune homme. Je ne prétends pas que vous soïez un Anachorète où un Hermite, mais ne vous livrez à la débauche avec qui ce soit, surtout puisque par-là vous trahissez votre pauvre femme, à qui vous faites entendre que vous l'aimez. Il est vrai qu'elle se trouve entre le marteau & l'enclume, & je crois qu'elle se gouverne bien, mais dégagez vous de ce mauvais pas. J'ai rajusté toutes ses affaires, & il n'y a rien à y dire de plus. Elles sont rétablies avec tant d'honneur & de réputation pour elle que tout le monde l'a admiree.

Ici les choses sont sur le même pié. Les François sont plus forts que nous à Rome, quoiqu'ils ne soïent pas armés. Le Pape est plus haï qu'aucun, & qui pis est, méprisé de tous. Il a enfin accepté la médiation d'Angleterre, dont il ne vouloit point entendre parler au commencement. Si Philipsbourg est pris nous serons mal en nos affaires, & j'ai mauvaise opinion de celles d'Angleterre. Dieu veuille que je me trompe!

Quant à vous même, aïez bon courage, votre jeunesse & votre peu d'expérience ne doivent pas vous embarrasser. Votre Père d'heureuse mémoire avoit moins de capacité que vous, quand je commençai à le former. Depuis il se rendit aussi grand homme qu'il l'étoit, quand pour votre malheur nous l'avons perdu. Les hommes font les affaires, mais les affaires font aussi les hommes. Il faut de l'application & du tems pour tout. Par dessus toute autre chose, je vous recommande le secrèt. Tenez pour maxime ce trait de Ministre de ne jamais rien dire à personne de l'affaire en question, si non par nécessité. Par éxemple vous vous fierez au Gouverneur Général. Conférez avec lui & avec les Ministres, avec lesquels vous avez à parler nécessairement. Hors de-là ne dites pas un mot à personne. A propos de quoi je veux vous avertir de ne jamais écrire rien à vos Dames. J'ai vû que vous leur parlez de l'échange. Vous avez tort. Elles ne sont capables ni de vous y conseiller ni de vous y aider. Ne le faites plus. Parlez leur de vos affaires de famille, tant que vous voudrez, mais jamais des miennes.

Au reste, je suis très-satisfaite de vous & je m'assure, que si vous ne réussissez en tout, ce ne sera pas votre faute. J'approuve de même en tout & par tout votre conduite avec le Gouverneur Général. Il faut, comme je vous l'ai déja dit, le défendre & le protéger épée tirée de ma part, & faire connoître, que quand on lui manque, on m'offense. Dieu vous conserve, vous fasse prospérer & vous console. Adieu.
VOTRE REINE.
Rome 23 Octobre 1688.

English translation (my own, from Arckenholtz's French translation):

I am returning the letter you wrote to your late father; with the postscript in my own hand, which I presume you will understand. You will see by this that I am very satisfied with you so far.

An hour seems like a thousand years to me until I learn of the King's return, and our negotiations begin to see more clearly in my affairs. I do not promise much, but if you can move forward, it will seem to me so much gained, being only too convinced of the bad intention of this court towards me and its ingratitude. It will be enough for me to keep the quarrel alight. May the Almighty dispose of my life and my death, but I will have the consolation of seeing the death of those who wish for mine. Stop talking about the pension. As for the exchange, listen to what you are told; I will resolve myself on that afterwards. You have to see if I find my account there. I would gladly trade Pomerania for the Duchy of Bremen, provided I was given some equivalent not only of what I am now in possession of, but also of what I should have. You must take note of that. I would give anything to have the whole land of Bremen, but with all the sovereignty. Enough, take care what you are told about it, and pray, if it is possible. If they don't want to, be patient. Stick to your instructions, and get the most out of them.

You must completely forget your love affair with this lady. You speak of a commitment. But remember that your only commitment is the loyalty you owe your wife. By that of which you speak, you have dishonoured yourself before God and before men, and in the end you will derive only infamy, repentance and prejudice for soul and body. I am not scrupulous, but I recommend the salvation of your soul to you. I know you are a young man. I do not claim that you are an anchorite or a hermit, but do not indulge in debauchery with anyone, especially since, by that, you are betraying your poor wife, to whom you make it understood that you love her. It is true that she is between a rock and a hard place, and I think she governs herself well, but get out of this mess. I have readjusted all of her affairs, and there is nothing more to say about it. They are restored with so much honour and reputation for her that everyone admired her.

Here things are on the same foot. The French are stronger than us in Rome, although they are not armed. The Pope is hated more than anyone, and what is worse, despised by all. He finally accepted the mediation of England, of which he did not want to hear about at the beginning. If Philipsburg is caught, we will do badly in our affairs, and I have a bad opinion of those of England. God grant that I am wrong!

As for yourself, have good courage, your youth and your lack of experience should not embarrass you. Your father of blessed memory had less capacity than you when I began to train him. Since then he proved himself as great a man, as he was, when, to your misfortune, we lost him. Men do business, but business does men too. Everything takes diligence and time. Above all else, I recommend the secret to you. Take as a maxim this trait of a minister never to say anything to anyone about the matter in question, if not out of necessity. For example you will trust the Governor General. Confer with him and with the ministers, with whom you necessarily have to speak. Apart from that, do not say a word to anyone. About which I want to warn you never to write anything to your ladies. I saw you tell them about the exchange. You are wrong. They are not able to advise or help you. Don't do it anymore. Talk to them about your family matters as much as you like, but never about mine.

For the rest, I am very satisfied with you, and I assure myself that, if you do not succeed in everything, it will not be your fault. I approve of the same in everything and in your conduct with the Governor General. It is necessary, as I already told you, to defend it and to protect it with the sword drawn on my part, and to make known that when one misses him, one offends me. May God preserve you, let you prosper and console you. Farewell.
Your Queen.
Rome, October 23, 1688.


Above: Kristina.

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