Thursday, January 27, 2022

Kristina's letter to Azzolino, dated June 15, 1667

Sources:

Christine de Suède et le cardinal Azzolino: Lettres inédites (1666-1668), Carl Bildt, 1899







The relation Kristina refers to is printed in Arckenholtz' "Mémoires concernant Christine", volume 2, pages 113-116. I have posted it here:


Kristina wrote this letter to Cardinal Decio Azzolino on June 15, 1667.

The letter:

primiere lestre depuis mon retour a Hambur du 15
Juin 1667 —
Je minmagine que Vostre surprise sera extreme en Voyant la date de ma lestre et que mon retour ne vous surprendra estrangement. ie Vous envoye une relation exacte de tout ce qui sest passe, par la quelle Vous apprendrez le suiet qui ma obligee de prendre cette la resolution dun si promt et inopine retour. Je souhaitte que cette resolution puisse avoir la fortune de meriter de Rome le mesme applaudissement quelle a reCeu de la Ville d'Ambur mais sur tout Cest Vostre approbation qui mest la plus necessaire pour estre satisfaitte de moy.

Je Vous enVoy vne pettitte lestre de change et Continueray de Vous enVoier tout largent qui me sera possible. ie ne puis pas enCore Vous asseurer dautant pour tout les moys, Car mon retour a vn peu desConcerte mes desians et ie nay pas eu enCore loisir de les redresser mais Je le feray au plus tost, et ie Vous en donneray avis ausi tost que ie pourrois avec Certitude.

ie suis au desespoir dapprendre par Vos lestres que Vous Vous estes incommode pour lamour de moy et je ne manqueray pas de Vous tirer dembaras quoy qve ie ne me trieray iamais de lobligation dont ie Vous suis redevable.

Cepandant ie Vous diray que iay arreste et signe tout mes Contracts a NorCopie et qve celluy d'osel est ausi adouste ausi bien que celluy de Norcopie, mais ils ne son pas signes parce que on na pas eu le temps de les Choucher sur le papier mais Adami est reste pour finir ce qui manque et dans peu de iour Cela sera fait et il faut que Vous sachiez que sett le mesme marchant qui a prix gotlande qui prendt ausi ösel, et tout cela est adiouste non pas tout a fait Comme iaurois souhaitte mais Comme iay peu dans vne si grande haste. Thexeira en est tres satisfait et ie pourois faire estat de Cent et sept milles escus de revenus par anne a plus pres. iay laisse Adami sur le lieux pour executer le tout et Jattens de ces nouvelles.

Mais pour Vous parler des affaires de rome Je vous envoy la reponse pour le Sac. College, et Vous prie de laccompanger des expressions de remerciment que Vous iugerez propres pour le suiet iay escrit en francois et souhaitteray de Vous avoir satisfait ie Vous envoye deux exemplaires divers Vous presenteray celuy que Vous iugerez estre le plus a propo Je Vous prie de faire mes expression particulieres au Cardl. Barberin qui a Voulu en cette occasion accroistre les obligations que ie luy ay dalieurs. Je tacheray de meriter lhoneur quil ma fait et asseure le de ma part que si mes veux pouvoit quelque Chose il obtiendroit la fortune quil merite

ie Vous prie ausi de tesmoinger au Cardl. d'Este que iay receu avec reConoissance les tesmoinages de son amitie en cette occasion.

Vous aurez reseu ce que Vous me demandez Car ie Vous lay envoye d'Elsingbur, et ie ne manqueray pas de faire tousiours tout ce que Vous souhaittez autan quil me sera possible

Je Vous rens grace des notices que Vous me donnez dans Vostre billiet Jen useray de la maniere que Vous souhaittez.

Vous avez raison de dire que iaurois de la douleur de la nouvelle que Vous me donne de nostre Cardl. Acquaviva, ien suis en veite inConsolable, mais au nom de Dieu tachez d'enpecher son malheur si cela nest desia fait.

Jay receu toutte Vos lestre, et attens avec grande impacience celle qui doit arriver auiourdhuy.

Je Vous envoyeray les oroscopes de lesclave et de Godefroy quant ie les aurois, quoy que ie sois persuade qve Vous navez pas loisir de lire ces bagatelles. souvenez Vous pour tan que ces deux Compositions sont de deux diverse auteurs, et que Vous conoisez Celluy de lesclave et que ignore qui est lauteur de laustre, Car celluy qui a fait loroscope de lesclave seroit tres mary destre Creu auteur de lautre, qui est d'un stile bien different.

nous avons icy la declaration de gerre et la rupture ouverte de la france avec lespange. tout le mondt est aux escoutes pour le succes de cette gerre. les espangols reparre les fautes quils on faits par vne asse bonne defance qui me fait presumer que les progres de la france en flandre ne seront pas si grans que lon a Creu et la fiandra è vn paeses da scozonar Jl poledro si Cette gerre dure toutte lEurope y sera mesle. Cepandant les Holandois sont plus puisants et plus fiers que iamais et les Anglois plus bas que iamais. les primiers sont en mer avec une flotte quattre Vint Vaissaux de gerre lon Corit quils ont desain de faire vne desante en Angleterre ou a lisle de Wicht ils parlent haut a breda, et sil nont quelque malheur qui modere leur orgeul Jls seront en estat de donner la loix a toutte lEurope. L'Empereur arme, et ie Crois que touts le monde directement et indirectement sopposera aux desains de la france.

lEsveque de Muster arme on ne sait pour qui les ollandois maintienne, vne arme de trante ou quarante mil homme dans lempire, sous le nom du roy de D'annemarque et d'austre princes d'Allemange, pour brider la Suede la quelle par sa Conduitte se rendt touts les iours plus foible et moins Considerable. le temps nous apprendra quelle party elle Choisira mais ie Crois qve ce sera Celuy de rien faire celon touttes les apparences ce sera pour elle le meillieur. Voyci a plus pres toute ce quon peut dire sur lestat present des choses.

Cepandant ie souhaitte que Vous reusisiez dans laffaire des neuveux, le desain est glorieux et les difficultes ne doivent pas Vous estonner. Jl faut tacher de le Vaincre, et Jen attens le succes avec impacience. les lestres des particuliers en parlent mais fort sottement, et Comme cette matiere mest tres Connue ie say a plus pres ce quon doit esperer et Craindre de votre desain dieu Vous face la grace dy reusir adieu.

With modernised spelling:

Hambourg, 15 juin 1667.
Je m'imagine que votre surprise sera extrême en voyant la date de ma lettre, et que mon retour vous surprendra étrangement.

Je vous envoie une relation exacte de tout ce qui s'est passé, par laquelle vous apprendrez le sujet qui m'a obligée de prendre la résolution d'un si prompt et inopiné retour. Je souhaite que cette résolution puisse avoir la fortune de mériter de Rome le même applaudissement qu'elle a reçu de la ville de Hambourg, mais surtout c'est votre approbation qui m'est la plus nécessaire pour être satisfaite de moi.

Je vous envoie une petite lettre de change et continuerai de vous envoyer tout l'argent qui me sera possible. Je ne puis pas encore vous assurer autant pour tous les mois, car mon retour a un peu déconcerté mes desseins, et je n'ai pas eu encore loisir de les redresser, mais je le ferai au plus tôt et je vous en donnerai avis, aussitôt que je pourrai avec certitude.

Je suis au désespoir d'apprendre par vos lettres que vous vous êtes incommodé pour l'amour de moi, et je ne manquerai pas de vous tirer d'embarras, quoique je ne me tirerai jamais de l'obligation dont je vous suis redevable.

Cependant, je vous dirai que j'ai arrêté et signé tous mes contrats à Norrköping et que celui d'Ösel est aussi ajusté, aussi bien que celui de Norrköping, mais ils ne sont pas signés parce que on n'a pas eu le temps de les coucher sur le papier, mais Adami est resté pour finir ce qui manque et dans peu de jours cela sera fait, et il faut que vous sachiez que c'est le même marchand qui a pris Gotland qui prend aussi Ösel, et tout cela est ajusté non pas tout à fait comme j'aurais souhaité, mais comme j'ai pu dans une si grande hâte. Texeira en est très satisfait, et je pourrai faire état de cent et sept mille écus de revenus par année, à plus près. J'ai laissé Adami sur le lieu pour exécuter le tout et j'attends de ses nouvelles.

Mais pour vous parler des affaires de Rome, je vous envoie la réponse pour le Sacré Collège, et vous prie de l'accompagner des expressions de remerciement que vous jugerez propres pour le sujet. J'ai écrit en français, et je souhaiterais de vous avoir satisfait. Je vous envoie deux exemplaires divers: vous présenterez celui que vous jugerez être le plus à propos. Je vous prie de faire mes expressions particulières au cardinal Barberini, qui a voulu en cette occasion accroître les obligations que je lui ai d'ailleurs. Je tâcherai de mériter l'honneur qu'il m'a fait, et assurez-le de ma part que si mes vœux pouvaient quelque chose, il obtiendrait la fortune qu'il mérite.

Je vous prie aussi de témoigner au cardinal d'Este, que j'ai reçu avec reconnaissance les témoignages de son amitié en cette occasion.

Vous aurez reçu ce que vous me demandez, car je vous l'ai envoyé d'Helsingborg, et je ne manquerai pas de faire toujours tout ce que vous souhaitez, autant qu'il me sera possible.

Je vous rends grâce des notices que vous me donnez dans votre billet; j'en userai de la manière que vous souhaitez.

Vous avez raison de dire que j'aurais de la douleur de la nouvelle que vous me donnez de notre cardinal Acquaviva; j'en suis en vérité inconsolable, mais, au nom de Dieu, tâchez d'empêcher son malheur, si cela n'est déjà fait.

J'ai reçu toutes vos lettres, et j'attends avec grande impatience celle qui doit arriver aujourd'hui.

Je vous enverrai les horoscopes de l'esclave et de Godefroy, quand je les aurai, quoique je sois persuadée que vous n'avez pas loisir de lire ces bagatelles. Souvenez-vous pourtant que ces deux compositions sont de deux divers auteurs, et que vous connaissez celui de l'esclave, et que j'ignore qui est l'auteur de l'autre; car celui qui a fait l'horoscope de l'esclave, serait très marri d'être cru l'auteur de l'autre, qui est d'un style bien différent.

Nous avons ici la déclaration de guerre et la rupture ouverte de la France avec l'Espagne. Tout le monde est aux écoutes pour le succès de cette guerre. Les Espagnols réparent les fautes qu'ils ont faites par une assez bonne défense, qui me fait présumer que les progrès de la France en Flandre ne seront pas si grands que l'on a cru, et la Fiandra è un paese da scozzonare il puledro. Si cette guerre dure, toute l'Europe y sera mêlée.

Cependant les Hollandais sont plus puissants et plus fiers que jamais, et les Anglais plus bas que jamais. Les premiers sont en mer avec une flotte de quatre-vingt vaisseaux de guerre; l'on croit qu'ils ont dessein de faire une descente en Angleterre ou à l'île de Wight. Ils parlent haut à Breda, et s'ils n'ont quelque malheur qui modère leur orgueil, ils seront en état de donner la loi à toute l'Europe. L'Empereur arme, et je crois que tout le monde directement et indirectement s'opposera aux desseins de la France.

L'évêque de Münster arme, on ne sait pour qui. Les Hollandais maintiennent une armée de trente ou quarante mille hommes dans l'Empire, sous le nom du roi de Danemark et d'autres princes d'Allemagne, pour brider la Suède, laquelle par sa conduite se rend tous les jours plus faible et moins considérable. Le temps nous apprendra quel parti elle choisira, mais je crois que ce sera celui de [ne] rien faire. Selon toutes les apparences, ce sera pour elle le meilleur.

Voici à plus près tout ce qu'on peut dire sur l'état présent des choses.

Cependant je souhaite que vous réussissiez dans l'affaire des neveux; le dessein est glorieux et les difficultés ne doivent pas vous étonner. Il faut tâcher de les vaincre, et j'en attends le succès avec impatience. Les lettres des particuliers en parlent, mais fort sottement; et comme cette manière m'est très connue, je sais à plus près ce qu'on doit espérer et craindre de votre dessein.

Dieu vous fasse la grâce d'y réussir. Adieu.

English translation (my own):

Hamburg, June 15, 1667.
I imagine that your surprise will be extreme upon seeing the date of my letter, and that my return will surprise you strangely.

I am sending you an exact relation of all that has taken place, by which you will learn the subject which compelled me to make the resolution of such a prompt and unexpected return. I hope that this resolution may have the fortune to merit from Rome the same applause it received from the city of Hamburg, but above all it is your approval which is most necessary for me to be satisfied with myself.

I am sending you a small bill of exchange and will continue to send you all the money I can. I cannot yet assure you as much for every month, because my return has somewhat disconcerted my plans, and I have not yet had time to straighten them, but I will do it as soon as possible and I will give you notice, as soon as I can for sure.

I am in despair to learn from your letters that you have inconvenienced yourself for my sake, and I will be sure to help you out, although I will never get out of the obligation I owe you.

However, I will tell you that I have stopped and signed all my contracts in Norrköping and that that of Ösel is also adjusted, as well as that of Norrköping, but they are not signed because one did not have time to put them down on paper, but Adami stayed to finish what is missing and in a few days it will be done, and you must know that it is the same merchant who took Gotland who also takes Ösel, and all that is adjusted not quite as I would have liked, but as I could in such a hurry. Texeira is very satisfied with it, and I will be able to report an income of one hundred and seven thousand crowns per year, more closely. I left Adami there to do it all and am waiting to hear from him.

But to speak to you about the affairs of Rome, I send you the answer for the Sacred College, and ask you to accompany it with expressions of thanks that you deem appropriate for the subject. I wrote in French, and I wish I had satisfied you. I am sending you two different copies: you will present the one that you deem to be the most appropriate. I beg you to make my special expressions to Cardinal Barberini, who wished on this occasion to increase the obligations that I owe him moreover. I will try to deserve the honour he has done me, and assure it from me that if my wishes were anything, he would get the fortune he deserved.

I also ask you to testify to Cardinal d'Este that I have gratefully received the testimonies of his friendship on this occasion.

You will have received what you ask of me, for I sent it to you from Helsingborg, and I will always do whatever you wish, as far as I can.

I thank you for the notices you give me in your billet; I will use it in the way you want.

You are right to say that I would be saddened by the news you give me of our Cardinal Acquaviva; I am indeed inconsolable, but in the name of God, try to prevent his misfortune, if you have not already done so.

I have received all of your letters, and I look forward to the one that is due to arrive today.

I will send you the horoscopes of the slave and Godefroy, when I have them, although I am convinced that you have no leisure to read these trifles. Remember, however, that these two compositions are by two different authors, and that you know that of the slave, and that I do not know who is the author of the other; because the one who made the horoscope of the slave, would be very sorry to be believed the author of the other, which is of a very different style.

Here we have the declaration of war and the open rupture of France with Spain. Everyone is listening for the success of this war. The Spaniards repair the faults they have made by a fairly good defense, which makes me presume that the progress of France in Flanders will not be as great as we thought, and la Fiandra è un paese da scozzonare il puledro. If this war lasts, all of Europe will be involved.

In the meantime, the Dutch are more powerful and proud than ever, and the English lower than ever. The former are at sea with a fleet of eighty warships; it is believed that they intend to make a descent in England or the Isle of Wight. They speak aloud at Breda, and if they do not have some misfortune which moderates their pride, they will be in a position to give the law to all Europe. The Emperor arms, and I believe that everyone directly and indirectly will oppose the designs of France.

The bishop of Münster arms, we do not know for who. The Dutch maintain an army of thirty or forty thousand men in the Empire, under the name of the King of Denmark and other princes of Germany, to restrain Sweden, which by its conduct makes itself every day weaker and less considerable. Time will tell us which party she will choose, but I believe it will be the party of doing nothing. To all appearances, it will be the best for her.

Here is more closely all that we can say about the present state of things.

In the meantime, I wish you success in the affair of the nephews; the purpose is glorious and the difficulties should not surprise you. We must try to overcome them, and I look forward to their success. Letters from private individuals speak of it, but very foolishly; and as this manner is very well known to me, I know more closely what to hope and fear from your design.

God grant you the grace to succeed. Farewell.


Above: Kristina.


Above: Cardinal Decio Azzolino.

Notes: "I will try to deserve the honour he has done me, and assure it from me that if my wishes were anything, he would get the fortune he deserved." = This assurance is quite hypocritical. Kristina was against the election of Cardinal Francesco Barberino.

The slave is the character played by Kristina in the ballet of February 22, 1667.

"La Fiandra è un paese da scozzonare il puledro." = "Flanders is a country to tame the foal."

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