Thursday, January 6, 2022

Kristina's letter to Azzolino, dated May 13, 1667

Sources:

Christine de Suède et la cardinal Azzolino. Lettres inédites (1666-1668), Carl Bildt, 1899







Kristina wrote this letter to Cardinal Decio Azzolino on May 13, 1667.

The letter:

... iay receu icy Vostre lestre du 16 du passe qui ma donne la ioye de me des abbuser de lerreur ou iestois de la mort du pape, qui estoit pourtant asse bien fonde, Car Cet Ambassadeur de france a eu lestres de lionne que le Courier du 14 avoit porte la nouvelle au Cardl. Roberti a paris, et ie Creus sur la foẏ dun tel tesmoin. mais a dire vray ie lay Creu sobrement et iay divine la Verite Car ie subsonnois que ce pouroit estre un impressement de Ceux qui ne devroit pas avoir tan pour sortir du poste ou Jls sont mais on se lasse de tout en se monde et les felicites importunent quelque fois autan que les malheurs. enfin pour Vous dire mes sentiments, Jadmire la mort du pape Comme iay souvent admire sa Vie, mais je suis surpris de Voir que la pedanterie et lhypocrisie Accompangent les gens iusques sur le bordt du tombeau. lharrange me semble vne statue de daniel renVerse, Car sa primiere partie qui represente la teste est Compose de la matiere dont laustre avoit les pies Composes, et la matiere inferieure de celle cy me semble le pur or dont lon avoit forme la teste a celle de daniel. dieu face quelle puisse produire son effect, pour le bien de son eglise et de la religion. Cepandant ie Vous Crois peut estre presentement en Conclave ou pres dy entrer et ie prie dieu quil Vous y assiste et Vous y accompange.

apres cela Jl faut que ie Vous reponde a ce que Vous dittes sur le manqvemant du Thexeira. la plainte que Vous me faittes de nestre pas averti plus tost est tres inJuste, Car Jl faut qve Vous sachiez que ie navois garde de Vous dire Ce que ie ne savois pas. et pour Vous donner une information Veritable et nette sachez, que iavois accoustume huit Jour devan que de remestre largent den faire sovvenir Thexeira pour lordinaire suivant, et que iay observe ce mesme procede auec luy le Mercordi presedent le 23., et quil me repondit sans hesiter Comme a la Coustume quil ny manqueroit pas. le Vendredi apres il receut des lestres d'Adamy qui le troublerent de telle sorte quil alla declarer a pezza quil ne Vouloit rien faire et ie negtiay avec luy depuis Venderdi iusques au Mecrerdi et ne puis rien obtenir.

VoiCẏ la Verite de la Chose Comme elle est passe qui m'a donne bien des douleurs et des Chagrins, mais inutiles puisquil mest impossible dy remedier iusques a ce que ie sois en Suede et a Stocholme Je ne Vous dis rien de plus ayant trop de Consideration pour Uovs Vous dire en cette occasion toutte les Verites qui sont necessaires pour me iustifier de Vos accusations et qui peut estre ne Vous plairoit pas. Je Vous asseure que si Dieu me fait la grace d'arriver en Suede ie remedieray a tout et Vous serez Conten de moy du moins du Coste de largent.

puisque Vous navez ce que iesperois, ie ne Croy plus de le Voir entre Vos mains Car la possession du L. ne peut estre reserve a une malheureuse. Je suis ravẏe de larrive de D. Stefano et de lintension que Vous avez a le regaler et Vous en remercie.

Je ne Vous parle plus de lElection du nouvaux pape Car Vous Voiant fort reserve dans Vos lestres ie ne pretan pas de deCouvrir des misteres ou ie ne dois pas avoir part, et nesperant ny ne Craingant rien de personne Jl mest tres indifferent qui le sera. Je prie dieu quil Vous face Chosir Celluy qvi sera plus utile pour son servise et pour sa gloire voila tout linterest que iy prens.

Je partiray demain dicy pour man aller tout dousement au sont qui est le passage en Suede a quatorse lieux dicy Car ie nose mhasarder a des grandes iournes de Crainte dune recidive, le temps estant tres intempere le froit insupportable et les orages si frequantes que cela estonne. Je Crois que ma vie ne sera pas longe si iavois paye mes dettes ie moureray Contente, et ne regretteray rien que davoir Veseu deux ans de trop car Cet a plus pres de Ce temps et Ceux

Je ne Vous parleray plus de nouvelles Car Vous les avez de bien plus fraiches et meillieur que Celles que ie povrois Vous donner iay vn avertissement seul a Vous donner si Vous attendez parler de gerre, ne la Croẏez pas Croiez pas la paix dAgleterre et d'ollande estant faitte tout le reste est bagatelle lon la tient presque infalible et Celon les nouvelles qu'en a lAmbassadeur touttes les apparences sont quelle se fera. ie pourois Vous dire beaucoup de nouvelles segrettes mais ie nose Vous escrire parce que ie Vous Crois au Conclave et ie ne say entre les mains de qui mes lestres tomberont adieu dieu Vous Conserve et prospere Comme Vous meritez et Comme ie le souhaitte enCore vne
fois adieu

lon escrit de france que le C. Roberti a eu dix mille escus de ce Roy outre le present ordinaire des nonces. Je ne le Crois pas, et ie tiens le Cardl. Roberti trop homme dhoneur pour avoir accepte ce present

Soro in Danim.ca à 13 Magg. 1667.

With modernised spelling:

Sorö en Danemark, 13 mai 1667.
Vous aurez appris par les lettres de tous ceux qui vous écrivent dans ma maison quelle a été la violence d'un mal qui m'a forcée de m'arrêter ici pour deux ou trois jours. Pour ne vous répéter par les mêmes choses, je me remets à ce que vous en aura dit le médecin de particulier sur cet accident. Je vous puis assurer que je me suis vue à deux doigts près de la mort, et que je m'y suis disposée comme doit faire une personne qui se croit expédiée, lorsque Dieu m'a tirée, avec une simple saignée du pied, du plus mortel danger où je fus jamais, et je puis dire qu'après Dieu je dois ma vie à l'ambassadeur Terlon et à son chirurgien.

Cependant j'ai reçu ici votre lettre du 16 du passé, qui m'a donné la joie de me désabuser de l'erreur où j'étais de la mort du pape, qui était pourtant assez bien fondée, car cet ambassadeur de France a eu [des] lettres de Lionne que le courrier du 14 avait porté la nouvelle au cardinal Roberti à Paris, et je crus sur la foi d'un tel témoin. Mais, à dire vrai, je l'ai cru sobrement et j'ai deviné la vérité; car je soupçonnais que ce pouvait être un empressement de ceux qui ne devraient pas en avoir tant pour sortir du poste où ils sont. Mais on se lasse de tout en ce monde, et les félicités importunent quelquefois autant que les malheurs.

Enfin, pour vous dire mes sentiments, j'admire la mort du pape comme j'ai souvent admiré sa vie; mais je suis surprise de voir que la pédanterie et l'hypocrisie accompagnent les gens jusque sur le bord du tombeau. L'harangue me semble une statue de Daniel renversée; car sa première partie, qui représente la tête, est composée de la matière dont l'autre avait les pieds composés, et la matière inférieure de celle-ci me semble le pur or dont l'on avait formé la tête à celle de Daniel. Dieu fasse qu'elle puisse produire son effet, pour le bien de son Église et de la religion. Cependant je vous crois peut-être présentement en conclave ou près d'y entrer, et je prie Dieu qu'il vous y assiste et vous y accompagne.

Après cela, il faut que je vous réponde à ce que vous dites sur le manquement du Texeira. La plainte que vous me faites de n'être pas averti plus tôt, est très injuste; car il faut que vous sachiez que je n'avais garde de vous dire ce que je ne savais pas. Et pour vous donner une information véritable et nette, sachez que j'avais accoutumé huit jours devant que de remettre l'argent, d'en faire souvenir Texeira pour l'ordinaire suivant, et que j'ai observé ce même procédée avec lui le mercredi précédant le 23, et qu'il me répondit sans hésiter, comme à la coutume, qu'il n'y manquerait pas. Le vendredi après il reçut des lettres d'Adami, qui le troublèrent de telle sorte qu'il alla déclarer à Pezza qu'il ne voulait rien faire, et je négociai avec lui depuis vendredi jusqu'au mercredi et je ne pus rien obtenir.

Voici la vérité de la chose comme elle est passée, qui m'a donné bien des douleurs et des chagrins, mais inutiles, puisqu'il m'est impossible d'y remédier jusqu'à ce que je sois en Suède et à Stockholm. Je ne vous dis rien de plus, ayant trop de considérations pour vous dire en cette occasion toutes les vérités qui sont nécéssaires pour me justifier de vos accusations, et qui peut-être ne vous plairaient pas. — Je vous assure que si Dieu me fait la grâce d'arriver en Suède, je remédierai à tout, et vous serez content de moi du moins du côté de l'argent.

Puisque vous n'avez ce que j'espérais, je ne crois plus de le voir entre vos mains, car la possession du L. ne peut être réservée à une malheureuse.

Je suis ravie de l'arrivée de don Stefano et de l'intention que vous avez à le régaler, et vous en remercie.

Je ne vous parle plus de l'élection du nouveau pape, car vous voyant fort réservé dans vos lettres, je ne prétends pas de découvrir des mystères ou je ne dois pas avoir part, et n'espérant ni craignant rien de personne, il m'est très indifférent qui le sera. Je prie Dieu qu'il vous fasse choisir celui qui sera plus utile pour son service et pour sa gloire: voilà tout l'intérêt que j'y prends.

Je partirai demain d'ici pour m'en aller tout doucement au Sund, qui est le passage en Suède à quatorze lieues d'ici, car je n'ose m'hasarder à des grandes journées, de crainte d'une récidive, le temps étant très intempéré, le froid insupportable et les orages si fréquents que cela étonne.

Je crois que ma vie ne sera pas longue. Si j'avais payé mes dettes, je mourrais contente et ne regretterais rien que d'avoir vécu deux ans de trop, car c'est à plus près de ce temps et ceux...

Je ne vous parlerai plus de nouvelles, car vous les avez de bien plus fraîches et meilleures que celles que je pourrais vous donner. J'ai un avertissement seul à vous donner: si vous entendez parler de guerre, ne la croyez pas; la paix d'Angleterre et de Hollande étant faite, tout le reste est bagatelle. On la tient presque infaillible et, selon les nouvelles qu'en a l'ambassadeur, toutes les apparences sont qu'elle se fera.

Je pourrais vous dire beaucoup de nouvelles secrètes, mais je n'ose vous écrire, parce que je vous crois au conclave et je ne sais entre les mains de qui mes lettres tomberaient. — Adieu. — Dieu vous conserve et prospère comme vous méritez et comme je le souhaite. Encore une fois, adieu!

L'on écrit de France que le cardinal Roberti a eu dix mille écus de ce Roi, outre le présent ordinaire des nonces. Je ne le crois pas, et je tiens le cardinal Roberti trop homme d'honneur pour avoir accepté ce présent.

English translation (my own):

Sorø in Denmark, May 13, 1667.
You will have learned from the letters of all those who write to you of my household what was the violence of a pain which forced me to stop here for two or three days. So as not to repeat the same things to you, I am relying on what the private doctor told you about this accident. I can assure you that I saw myself on the verge of death, and that I disposed myself as a person who thinks he is dispatched, when God drew me, with a simple bleeding from the foot, from the most mortal danger in which I have ever been; and I can say that after God I owe my life to the Ambassador de Terlon and his surgeon.

However, I have received here your letter of the 16th of last month, which gave me the joy of disillusioning myself with the error in which I was regarding the death of the Pope, which was nevertheless fairly well founded, because this French ambassador has I had letters from de Lionne which the courier of the 14th had brought the news to Cardinal Roberti in Paris, and I believed on the faith of such a witness. But, to tell the truth, I soberly believed it and guessed the truth, because I suspected that it could be an eagerness of those who should not have so much to leave the post where they are. But one tires of everything in this world, and happiness sometimes annoys as much as misfortunes.

Finally, to tell you my feelings, I admire the death of the Pope as I have often admired his life; but I am surprised to see that pedantry and hypocrisy accompany people to the edge of the tomb. The harangue seems to me a statue of Daniel overturned; for its first part, which represents the head, is composed of the matter of which the other had the compound feet, and the lower matter of this one seems to me the pure gold of which the head had been formed to that of Daniel. God grant that it can produce its effect, for the good of His Church and of His religion. However, I believe you may be presently in conclave or close to entering it, and I pray God that He will assist and accompany you there.

After that, I must respond to what you say about the Texeira breach. The complaint you make to me for not being warned sooner is very unfair, for you must know that I was careful not to tell you what I did not know. And to give you real and clear information, know that I had been accustomed eight days before to handing over the money, to remember Texeira for the following ordinary, and that I observed this same procedure with him on Wednesday preceding the 23rd, and that he answered me without hesitation, as usual, that he would not fail to do so. The Friday after he received letters from Adami, which disturbed him so much that he went to tell Pezza that he did not want to do anything, and I negotiated with him from Friday until Wednesday and I could not get anything.

Here is the truth of the thing as it passed, which gave me much pain and sorrow, but unnecessary, since it is impossible for me to remedy it until I am in Sweden and Stockholm. I say nothing more to you, having too many considerations to tell you on this occasion all the truths which are necessary to justify me of your accusations, and which perhaps would not please you. — I assure you that if God will grant me the grace to arrive in Sweden, I will remedy everything, and you will be happy with me at least on the money side.

Since you do not have what I hoped for, I no longer believe I see it in your hands, because the possession of L. cannot be reserved for an unfortunate woman.

I am delighted with the arrival of Don Stefano and with the intention that you have to treat him, and thank you for it.

I am no longer talking to you about the election of the new Pope, because seeing you very reserved in your letters, I do not claim to discover mysteries where I must not have part, and neither hoping nor fearing anything from anyone, he is very indifferent as to who will be. I pray to God that He will make you choose the one who will be most useful for His service and for His glory. That's all the interest I take in it.

I will leave tomorrow from here to go very slowly to the Sound, which is the passage in Sweden fourteen leagues from here, because I dare not risk myself for many days for fear of a recurrence, the weather being very bad, the cold unbearable and the thunderstorms so frequent that it was astonishing.

I believe my life will not be long. If I had paid my debts, I would die happy and would regret nothing but having lived two years too long, because it is closer to that time and those...

I won't tell you any more news, because you have much fresher and better news than I could give you. I have only one warning to give you: if you hear of war, do not believe it; the peace of England and Holland being made, all the rest is trifle. It is held to be almost infallible and, according to news from the Ambassador, all appearances are that it will happen.

I could tell you a lot of secret news, but I dare not write to you, because I believe you to be in the conclave and I do not know into whose hands my letters would fall. — Farewell. — God preserve and prosper you as you deserve and as I wish. Once again, farewell!

It is written from France that Cardinal Roberti had ten thousand crowns from this king, in addition to the ordinary present of the nuncios. I do not think so, and I consider Cardinal Roberti too much a man of honour to have accepted this present.


Above: Kristina.


Above: Cardinal Decio Azzolino.

Note: L. = lapis, the philosopher's stone.

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