Tuesday, August 23, 2022

Kristina's letter to the men at the Académie Française, dated June 10/20 or 20/30, 1654

Sources:

Lettres autographes de la collection de Troussures, page 520, by Paul Denis, 1912


Mémoires concernant Christine, volume 1, page 417, Johan Arckenholtz, 1751


The letter:

Messieurs comme jay sceu que vous désiriez mon portraict jay commandé quon vous le donnast et ce présent est doublement recogneu et par la maniere dont vous lavez receü dans vostre célèbre academye et par les elloquentes parolles que vous avez employée a me rendre graces. Jay tousiours eu pour vous une estime particulliere parceque j'en ay touiours eu pour la vertu et je ne doute point que vous me naymiez dans la solitude comme vous m'avez aymée sur le trosne, les belles lettres que je prétens y cultiver en repos et avec le loisir que je me réserve m'obligent mesme de croire que vous my ferez part quelques fois de vos ouvrages puisqu'ilz sont dignes de la réputation ou vous estes et quils sont presque touts escrits dans vostre langue quy sera la principalle de mon désert, je ne manqueray pas de vous en tesmoigner ma recognoissance et de vous faire veoir quand je pouray vous estre utile que je seray tousiours
Messieurs,
Tres affectionnée a vous servir
CHRISTINE.
A Upsal le 10 de juin 1654.

With modernised spelling:

Messieurs,
Comme j'ai su que vous désiriez mon portrait, j'ai commandé qu'on vous le donnât; et ce présent est doublement reconnu et par la manière dont vous l'avez reçu dans votre célèbre académie et par les éloquentes paroles que vous avez employées à me rendre grâces. J'ai toujours eu pour vous une estime particulière, parce que j'en ai toujours eu pour la vertu; et je ne doute point que vous me n'aimiez dans la solitude comme vous m'avez aimée sur le trône. Les belles lettres que je prétends y cultiver en repos et avec le loisir que je me réserve m'obligent même de croire que vous m'y ferez part quelquefois de vos ouvrages, puisqu'ils sont dignes de la réputation où vous êtes, et qu'ils sont presque tous écrits dans votre langue qui sera la principale de mon désert. Je ne manquerai pas de vous en témoigner ma reconnaissance et de vous faire voir quand je pourrai vous être utile que je serai toujours,
Messieurs,
Très affectionnée à vous servir
Christine.
À Upsal, le 10 de juin 1654.

Arckenholtz's transcript of the letter:

Messieurs, Comme j'ai sû que Vous desiriez mon Portrait, j'ai commandé qu'on vous le donnât; & ce présent est doublement reconnu, & par la maniére dont vous l'avez reçu dans votre célèbre Académie, & par les éloquentes paroles que vous avez emploiées à m'en rendre graces. J'ai toûjours eu pour vous une estime particuliére, parce que j'en ai toûjours eu pour la vertu; & je ne doute point que vous me n'aimiez dans la solitude, comme vous m'avez aimée sur le Trône. Les belles lettres, que je prétends y cultiver en repos, & avec le loisir que je me réserve, m'obligent même de croire que vous m'y ferez part quelque fois de vos ouvrages, puisqu'ils sont dignes de la réputation où vous êtes, & qu'ils sont presque tous écrits dans votre langue, qui sera la principale de mon desert. Je ne manquerai pas de vous en témoigner ma reconnoissance, & de vous faire voir quand je pourrai vous être utile, que je serai toûjours.
Messieurs.
Très-affectionnée à vous servir
CHRISTINE.
à Upsal le 20/30 Juin 1654.

English translation (my own):

Messieurs,
As I knew you would like my portrait, I ordered that it be given to you; and this present is doubly recognised, both by the manner in which you received it in your famous Academy, and by the eloquent words which you have employed in giving me thanks. I have always had special regard for you, because I have always had that for virtue; and I have no doubt that you love me in solitude as you loved me on the throne. The beautiful letters, which I intend to cultivate there in peace, and with the leisure I reserve for myself, even compel me to believe that you will sometimes share your works with me there, since they are worthy of the reputation which you have, and they are almost all written in your language, which will be the main of my desert (?). I will not fail to show you my gratitude for it, and to show you when I can be of service to you that I will always be,
Messieurs,
Very fond of serving you.
Kristina.
at Uppsala, June 20/30, 1654.


Above: Kristina.

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