Sources:
Bibliothèque interuniversitaire (Montpellier); Manuscrits de la reine Christine; Lettere di principi d'eccellenza, nunzy Apostolici e ministri alla regina; Lettres de Monsieur le secrétaire d'état du roi de France à la reine Christine; Lettre 101 Hugues de Lionne à Christine de Suède, Paris, 29 juillet 1667 (digitisation pages 68v-78r to 79v-80r)
Christine (1626-1689 ; reine de Suède), Manuscrits de la reine Christine: Lettere di principi d'eccellenza, nunzy Apostolici e ministri alla regina, : , 1601-1700.
[En ligne sur https://ged.scdi-montpellier.fr/florabium/jsp/nodoc.jsp?NODOC=2023_DOC_MONT_MBUM_89] (consulté le 9/03/2024 16:04).
La regina Cristina di Svezia in Italia (1655-1689): Memorie storiche ed aneddotiche con documenti, page 393 to 394, published by Gaudenzio Claretta, 1892
Christine de Suède et le cardinal Azzolino. Lettres inédites (1666-1668), by Baron Carl Bildt, 1899
The letter (Claretta made many mistakes in his transcript, as Bildt pointed out):
MADAME,
La continuation d'une indisposition dont j'ai bien eu la peine à me défaire m'a ôté jusques ici le moyen de pouvoir rendre à V. M. mes très humbles actions de grâce de la lettre dont il lui a plu m'honorer à son retour à Hambourg, et j'ose espérer de sa bonté accoutumée qu'elle voudra bien m'accorder le pardon que je lui demande de ce manquement.
Les effets sont si bien verifié ce que j'avais eu le bien de mander à V. M. de la bonne intelligence qui etait entre ses serviteurs plus particuliers et l'ambassadeur du roi que LL. MM. se peuvent glorifier que c'est monsieur le cardinal de Retz, monsieur le cardinal Azzolin et monsieur de Chaune qui ont mis la thiare sur la teste de ce pape cy, et S. S. ne l'ignore pas, et jusques ici en temoigne beaucop de reconnaissance aux ministres du roi. Cependant j'ai eu une ioye extrème de voir qu'elle aye deja donnè à monsieur le cardinal Azzolin la plus grande marque de confiance et d'estime qu'elle pouvait lui donner. Et S. M. aussi s'en est fort rejouie, et pour le propre merite du dit cardinal, et pour la considération de V. M. et pour les advantages qu'elle s'en promet dans tous ses interets. Je crains seulement que l'affaire de Castro ne puisse gâter avec le temps la bonne disposition des choses et des esprits.
Le retour de V. M. d'auprès de Stocholm où elle estait déja arrivée a bien plus surpris le monde pour la dure loy qu'on a voulu lui imposer que pour la resolution qu'elle a eté forcée de prendre qui estoit inevitable à une personne de son rang et de sa générosite. On a remarqué que cette loy ne pouvant pas même s'estendre au moindre resident d'un prince estranger, elle était bien impropre pour V. M. qui a si glorieusement regné sur ce throne là. Mais je ne seay si ceux qui ont usé de cette rigueur n'ont pas eu principalement en veue la suite infaillible qu'elle aurait eu le dessein de la faire arriver. Le roy a perdu à cela plus que personne, car il me semble qu'on prend aujourdhui en Suède à l'égard de la France des chemins bien esloignés des anciennes maximes (qui n'avaient pourtant pas mal reussi pour le bien et la gloire des deux royaumes) et que V. M. par sa suffisance et son credit auroit sans doute pu retirer la regence de faire les pas dont tous le advis de l'Allemagne nous menacent quoique je n'y puisse encore adjouter de foy.
J'apprends indirectement que l'on nous a voulu donner une piece auprés de V. M. mais je ne sais pas encore précisément ce que c'est, car les dernieres depeches, et monsieur de Pomponne sont alliés dans l'armée. Je la supplie de suspendre la dessus toute croyance jusques à ce que nous ayons esclairé tout et cependant j'assure V. M. que jamais le roi n'a donné d'ordre plus precis ny plus pressant à M. de Pomponne que celui de respecter et de servir V. M. en tout ce qu'il pourroit et dans toutes ses satisfactions et ses advantages.
Je viens de recevoir une depeche de Madrid qui fait bien voir la bravoure des Espagnols puisqu'ils ont envoyè dire à l'archeveque d'Ambrun de se retirer sans delai et de sortir de leur royaume. C'est à dire qu'ils nous ont declaré la guerre, et cela m'a fait souvenir du bon mot de Queuendo quand on donna au feu roi Catholique la qualité de Philipe el grande: il disoit qu'il estait donc comme un fossé que mas tierra le quitauan: mas lo hazian grande. Il pourrà etre que quand ils apprendront les prises du Touvray et du Courtrad en moins de quinze jour de temps, ils se repentiront de s'être si fort precipités, et on n'avait plus à leurs mains un ministre à qui ils puissent parler d'accommodement. Je suis Madame de V. M. très humble et très obéissant serviteur
DE LIONNE.
A Paris, ce 29 julliet 1667.
Bildt's corrected transcript of the letter (with modernised spelling):
Paris, 29 juillet 1667.
MADAME,
La continuation d'une indisposition dont j'ai bien de la peine à me défaire, m'a ôté jusqu'ici le moyen de pouvoir rendre à Votre Majesté mes très humbles actions de grâces de la lettre dont il lui a plu [de] m'honorer à son retour à Hambourg, et j'ose espérer de sa bonté accoutumée qu'elle voudra bien m'accorder le pardon que je lui demande de ce manquement.
Les effets sont si bien vérifié ce que j'avais eu le bien de mander à Votre Majesté de la bonne intelligence qui était entre ses serviteurs plus particuliers et l'ambassadeur du Roi, que Leurs Majestés se peuvent glorifier que c'est M. le cardinal de Retz, M. le cardinal Azzolin et M. de Chaulnes qui ont mis la tiare sur la tête de ce Pape-ci, et Sa Sainteté ne l'ignore pas, et jusqu'ici en témoigne beaucoup de reconnaissance aux ministres du Roi. Cependant j'ai eu une joie extrême de voir qu'elle ait déjà donné à M. le cardinal Azzolin la plus grande marque de confiance et d'estime qu'elle pouvait lui donner; et Sa Majesté aussi s'en est fort réjouie, et pour le propre mérite dudit s:r cardinal et pour la considération de Votre Majesté et pour les avantages qu'elle s'en promet dans tous ses intérêts. Je crains seulement que l'affaire de Castro ne puisse gâter avec le temps la bonne disposition des choses et des esprits.
Le retour de Votre Majesté d'auprès de Stockholm où Elle était déjà arrivée, a bien plus surpris le monde pour la dure loi qu'on a voulu lui imposer que pour la résolution qu'elle a été forcée de prendre, qui était inévitable à une personne de son rang et de sa générosité. On a remarqué que cette loi ne pouvant pas même s'étendre au moindre résident d'un prince étranger, elle était bien impropre pour Votre Majesté qui a si glorieusement régné sur ce trône-là. Mais je ne sais si ceux qui ont usé de cette rigueur n'ont pas eu principalement en vue la suite infaillible qu'elle aurait, et le dessein de la faire arriver. Le Roi a perdu à cela plus que personne, car il me semble qu'on prend aujourd'hui en Suède à l'égard de la France des chemins bien éloignés des anciennes maximes (qui n'avaient pourtant pas mal réussi pour le bien et la gloire des deux Royaumes), et que Votre Majesté par sa suffisance et son crédit aurait sans doute pu retirer la Régence de faire les pas dont tous les avis d'Allemagne nous menacent, quoique je n'y puisse encore ajouter de foi.
J'apprends indirectement que l'on nous a voulu jouer une pièce auprès de Votre Majesté, mais je ne sais pas encore précisément ce que c'est, car les dernières dépêches de M. de Pomponne sont allées droit à l'armée. Je la supplie de suspendre là-dessus toute croyance jusqu'à ce que nous ayons éclairci tout, et cependant j'assure Votre Majesté que jamais le Roi n'a donné d'ordre plus précis ni plus pressant à M. de Pomponne que celui de respecter et de servir Votre Majesté en tout ce qu'il pourrait et dans tous ses satisfactions et ses avantages.
Je viens de recevoir une dépêche de Madrid qui fait bien voir la bravoure des Espagnols, puisqu'ils ont envoyé dire à l'archevêque d'Embrun de se retirer sans délai et de sortir de leur royaume. C'est-à-dire qu'ils nous ont déclaré la guerre. Cela m'a fait souvenir du bon mot de Quenedo quand on donna au feu Roi Catholique la qualité de Philipe el Grande. Il disait qu'il était donc comme un fossé que mas tierra le quitavan mas le hazian grande. Il pourra être que quand ils apprendront les prises de Tournai, de Douai et de Courtrai en moins de quinze jours de temps, ils se repentiront de s'être si fort précipités et de n'avoir plus à leur main un ministre à qui ils puissent parler d'accommodement. Je suis, Madame, de Votre Majesté,
Très humble et très obéissant serviteur:
DE LIONNE.
Swedish translation (my own):
Paris, den 29 juli 1667.
Madam,
Fortsättningen af en opasslighet som jag finner mycket svår att bli av med har hittills berövat mig möjligheten att till Ers Majestät kunna återlämna min mycket ödmjuka tacksägelse för det brev som Ni täcktes hedra mig vid Eder återkomst till Hamburg, och jag vågar hoppas av Er sedvanliga vänlighet att Ni vänligen ger mig den förlåtelse som jag ber Er för detta försummelse.
Effekterna är så väl verifierade vad jag hade godheten att informera Ers Majestät om den goda intelligens som fanns mellan Era mer speciella tjänare och Konungens ambassadör, att Deras Majestäter kan vara stolta över att det är kardinal de Retz, kardinal Azzolino och monsieur de Chaulnes som satte tiaran på denna Påves huvud, och Hans Helighet är inte omedveten om detta och har hittills visat stor tacksamhet mot Konungens ministrar. Emellertid blev jag oerhört glad över att se att Ni redan hade gett kardinal Azzolino det största märke av förtroende och aktning som Ni kunde ge honom; och Hans Majestät fröjdade sig även däröver, och för den förutnämnda kardinalens egen förtjänst och för Ers Majestäts hänsyn och för de fördelar som Ni lovar Er själv i alla Era intressen. Jag fruktar bara att Castro-affären skulle kunna förstöra den goda läggningen av saker och sinnen med tiden.
Ers Majestäts återkomst från Stockholm, dit Ni ju redan hade anlänt, förvånade världen mycket mer för den hårda lag som de ville påtvinga Er än för den resolution som Ni tvingades fatta, vilket var oundvikligt för en person av Er rang och generositet. Det har anmärkts, att denna lag ej kunde utsträckas ens till den minst resident hos en främmande furste, den var mycket olämplig för Ers Majestät, som ju regerade så härligt på den tronen. Men jag vet inte om de som använde denna stränghet inte huvudsakligen hade i sikte den ofelbara konsekvens det skulle få, och utformningen av att få det att hända. Konungen förlorade på detta mer än någon annan, eftersom det förefaller mig som om vi idag i Sverige, med avseende på Frankrike, tar vägar långt borta från de gamla maximerna (som dock inte hade lyckats illa för det goda och för äran för två riken), och att Ers Majestät genom Eder självbelåtenhet och kredit utan tvivel kunde ha dragit tillbaka regeringen från att vidta de steg med vilka alla Tysklands åsikter hota oss, ehuru jag ännu ej kan tillföra dem tro.
Jag får indirekt veta att vi har blivit ombedda att spela en pjäs för Ers Majestät, men jag vet ännu inte exakt vad det är, eftersom de sista sändningarna från monsieur de Pomponne har gått direkt till armén. Jag ber Er att avbryta all tro på detta tills vi har klarat upp allt, och ändå försäkrar jag Ers Majestät att Konungen aldrig har gett en mer exakt eller mer pressande befallning till monsieur de Pomponne än den att respektera och tjäna Ers Majestät i allt detta han kunde och i alla Era tillfredsställelser och fördelar.
Jag har just fått en depesch från Madrid som tydligt visar spanjorernas tapperhet, eftersom de har skickat bud till ärkebiskopen av Embrun att utan dröjsmål dra sig tillbaka och lämna sitt rike. Det vill säga, de har förklarat krig mot oss. Detta fick mig att minnas Quenedos goda ord när den bortgångne katolske Konungen fick egenskapen Filipe el Grande. Han sade att det därför var som ett dike som mas tierra le quitavan, mas le hazian grande. Det kan vara så att när de får veta om intagandet av Tournai, Douai och Courtrai om mindre än en fjorton dagars tid, kommer de att ångra sig för att ha rusat så hårt och att de inte längre har en minister till hands som de kan tala om ackommodation med. Jag är, madam, Ers Majestäts
Ödmjukaste och lydigaste tjänare:
De Lionne.
English translation (my own):
Paris, July 29, 1667.
Madame,
The continuation of an indisposition which I find very difficult to get rid of has hitherto deprived me of the means of being able to return to Your Majesty my very humble thanks for the letter which it has pleased you to honour me on your return to Hamburg, and I dare to hope from your usual kindness that you will kindly grant me the forgiveness I ask of you for this failure.
The effects are so well verified what I had had the goodness to inform Your Majesty of the good intelligence which was between your more particular servants and the King's ambassador, that Their Majesties can be proud that it is Cardinal de Retz, Cardinal Azzolino, and Monsieur de Chaulnes who put the tiara on the head of this Pope, and His Holiness is not unaware of this, and has so far shown great gratitude to the King's ministers . However, I was extremely happy to see that you had already given Cardinal Azzolino the greatest mark of confidence and esteem that you could give him; and His Majesty also rejoiced at it, and for the own merit of the aforesaid Cardinal and for the consideration of Your Majesty and for the advantages which you promise yourself in all your interests. I only fear that the Castro affair could spoil the good disposition of things and minds over time.
Your Majesty's return from Stockholm, where you had already arrived, surprised the world much more for the harsh law that they wanted to impose on you than for the resolution that you were forced to take, which was inevitable in a person of your rank and generosity. It has been remarked that this law not being able to extend even to the least resident of a foreign prince, it was very unsuitable for Your Majesty, who reigned so gloriously on that throne. But I do not know if those who used this rigour did not mainly have in view the infallible consequence that it would have, and the design of making it happen. The King lost by this more than anyone, because it seems to me that today in Sweden, with regard to France, we are taking paths far removed from the old maxims (which had however not badly succeeded for the good and the the glory of the two kingdoms), and that Your Majesty, by your smugness and credit, could no doubt have withdrawn the regency from taking the steps with which all the opinions of Germany threaten us, although I cannot yet add faith to them.
I learn indirectly that we have been asked to play a play for Your Majesty, but I do not yet know exactly what it is, because the last despatches from Monsieur de Pomponne have gone straight to the army. I beg you to suspend all belief on this until we have cleared up everything, and yet I assure Your Majesty that the King has never given a more precise or more pressing order to Monsieur de Pomponne than that to respect and serve Your Majesty in all that he could and in all your satisfactions and advantages.
I have just received a despatch from Madrid which clearly demonstrates the bravery of the Spaniards, since they have sent word to the Archbishop of Embrun to withdraw without delay and leave their kingdom. That is to say, they have declared war on us. This made me remember the good words of Quenedo when the late Catholic King was given the quality of Filipe el Grande. He said that it was therefore like a ditch that mas tierra le quitavan, mas le hazian grande. It may be that when they learn of the taking of Tournai, Douai and Courtrai in less than a fortnight's time, they will repent of having rushed so hard and of no longer having at their hand a minister to whom they can talk about accommodation. I am, Madame, Your Majesty's
Most humble and most obedient servant:
De Lionne.
Above: Kristina.
Above: Hugues de Lionne.
Note: "mas tierra le quitavan mas le hazian grande" = «plus on lui enlevait de terre, plus il devenait grand» ("the more earth was removed from it, the taller it became") (»ju mer jord som avlägsnades från den, desto högre blev den«)
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