Monday, May 1, 2023

Philippe Emmanuel de Coulanges on Kristina's return to Rome on April 25/May 5 (New Style), 1658, and how the execution of Monaldeschi strained Kristina's friendship with Pope Alexander VII

Source:

Mémoires de M. de Coulanges, suivis de lettres inédites de Madame de Sévigné, pages 30 to 33, published by Louis-Jean-Nicolas Monmerqué, 1820


The account:

Cependant la reine de Suède, qui venoit de France, arriva à Rome le quinzième de mai 1658, et nous l'y trouvâmes à notre retour de Frascati et de Tivoli, où nous étions allés deux jours auparavant. Elle vint descendre au palais Mazarin qui lui avoit été préparé, et le lendemain de son arrivée, le pape lui envoya quantité de présents de vins, viandes, confitures et fruits, qui pouvoient bien monter à cinq cents écus, et dont elle demeura très satisfaite. Il n'en fut pas de même le jour d'après, car, sous le prétexte de la traiter en reine, le pape fit poser une garde considérable devant sa porte; il craignit sans doute qu'étant logée près de lui dans la même place et ayant beaucoup de monde avec elle, elle n'eût quelques mauvais desseins sur Rome; le corps-de-garde étoit cependant disposé de manière qu'il étoit commun au palais Mazarin et à celui de Montecavallo. D'autres ont cru que le pape avoit été bien aise de trouver ce prétexte d'établir pour lui-même une garde devant son palais, et ils disoient qu'en l'absence de la reine, il pourroit bien continuer de l'avoir devant le Vatican comme devant Montecavallo. Rome fut émue en un instant à la nouvelle de cette garde donnée à la reine; tout le peuple courut en foule sur la place Navone pour voir ce qui en étoit, et chacun l'interprétoit à sa manière. Nous y fûmes comme les autres et nous eûmes l'honneur d'être présentes à cette princesse par le chevalier de Saint-Herem, un des gentilshommes de sa chambre; elle nous reçut fort bien, nous fit mille demandes et nous assura que tout ce que le pape faisoit et rien étoit à son égard une même chose. Nous apprîmes aussi que cette garde n'avoit point été posée à son insu, et que le gouverneur de la ville étoit venu la veille lui en demander la permission.

Depuis ce jour nous nous adonnâmes fort à lui faire notre cour; nous lui fîmes plusieurs visites, et nous lui faisions cortège lorsqu'elle sortoit; nous acquîmes enfin auprès d'elle une telle liberté, qu'elle nous parloit et nous lui répondions fort familièrement. Huit jours après son arrivée, le pape revint de Castel-Gandolphe justement la veille de l'Ascension; le lendemain, jour de la fête, il y eut chapelle, à l'ordinaire. La reine lui envoya demander audience pour ce jour-là, le pape la remit à un autre, lequel étant arrivé, il la remit encore à un autre; ce qu'il fit tant de fois, qu'il étoit aisé de connoître que ses intentions n'alloient à autre but que de lui donner mille dégoûts, pour lui faire quitter le séjour de Rome. Il ajouta à tous ces refus le bannissement de Sentinelli le père, un ordre à son fils, frère de celui qui avoit tué à Fontainebleau Monaldeski, de ne mettre jamais le pied dans son palais, soit avec la reine, soit sans la reine, et l'enlévement de la duchesse de Chery, qu'il fit mettre dans un couvent sous le prétexte qu'elle étoit amoureuse de Sentinelli, et que ce mariage étoit près de se terminer. La reine reçut tous ces mécontentements avec beaucoup de fermeté, et son visage parut toujours aussi serein que si elle eût été encore sur le trône, aimée et honorée de tout le monde. Cela n'empêchoit cependant pas qu'elle ne nous parlât quelquefois du pape, et qu'elle ne tournât en ridicule, avec un esprit incroyable, tout ce qu'il faisoit contre elle. Elle fut depuis le 29 mai, jour que le pape revint à Rome jusque bien avant dans le mois de juin, sans pouvoir obtenir audience. Mais enfin elle l'eut; tous les François l'accompagnèrent, et servirent fort à grossir son cortège: comme nous ne passâmes point l'antichambre, je ne puis parler des entretiens qu'elle eut avec sa Sainteté, je dirai seulement qu'elle fut avec lui une bonne heure, après quoi elle monta dans son carrosse et s'en alla avec son cortège à une église où le Saint Sacrement étoit exposé, pour y faire ses prières. Jusqu'à ce jour elle n'étoit point sortie de son palais, mais depuis elle sortit, tantôt pour aller à la promenade dans les vignes, tantôt aux églises, et quelquefois pour s'aller entretenir dans le Vatican; mais comme Sentinelli ne l'accompagnoit point, que la duchesse de Chery étoit toujours en religion, le bonhomme disgracié, et que la garde exacte subsistoit, l'on connut aisément par toutes ces choses que le pape étoit toujours dans les mêmes sentiments pour elle. ...

With modernised spelling:

Cependant la reine de Suède, qui venait de France, arriva à Rome le quinzième de mai 1658, et nous l'y trouvâmes à notre retour de Frascati et de Tivoli, où nous étions allés deux jours auparavant. Elle vint descendre au palais Mazarin qui lui avait été préparé, et le lendemain de son arrivée, le pape lui envoya quantité de présents de vins, viandes, confitures et fruits, qui pouvaient bien monter à cinq cents écus, et dont elle demeura très satisfaite.

Il n'en fut pas de même le jour d'après, car, sous le prétexte de la traiter en reine, le pape fit poser une garde considérable devant sa porte; il craignit sans doute qu'étant logée près de lui dans la même place et ayant beaucoup de monde avec elle, elle n'eût quelques mauvais desseins sur Rome; le corps-de-garde était cependant disposé de manière qu'il était commun au palais Mazarin et à celui de Montecavallo. D'autres ont cru que le pape avait été bien aise de trouver ce prétexte d'établir pour lui-même une garde devant son palais, et ils disaient qu'en l'absence de la reine, il pourrait bien continuer de l'avoir devant le Vatican comme devant Montecavallo.

Rome fut émue en un instant à la nouvelle de cette garde donnée à la reine; tout le peuple courut en foule sur la place Navone pour voir ce qui en était, et chacun l'interprétait à sa manière. Nous y fûmes comme les autres et nous eûmes l'honneur d'être présentes à cette princesse par le chevalier de Saint-Herem, un des gentilshommes de sa chambre; elle nous reçut fort bien, nous fit mille demandes et nous assura que tout ce que le pape faisait et rien était à son égard une même chose. Nous apprîmes aussi que cette garde n'avait point été posée à son insu, et que le gouverneur de la ville était venu la veille lui en demander la permission.

Depuis ce jour nous nous adonnâmes fort à lui faire notre cour; nous lui fîmes plusieurs visites, et nous lui faisions cortège lorsqu'elle sortait; nous acquîmes enfin auprès d'elle une telle liberté, qu'elle nous parlait et nous lui répondions fort familièrement.

Huit jours après son arrivée, le pape revint de Castel-Gandolphe justement la veille de l'Ascension; le lendemain, jour de la fête, il y eut chapelle, à l'ordinaire. La reine lui envoya demander audience pour ce jour-là, le pape la remit à un autre, lequel étant arrivé, il la remit encore à un autre; ce qu'il fit tant de fois, qu'il était aisé de connaître que ses intentions n'allaient à autre but que de lui donner mille dégoûts, pour lui faire quitter le séjour de Rome.

Il ajouta à tous ces refus le bannissement de Santinelli le père, un ordre à son fils, frère de celui qui avait tué à Fontainebleau Monaldeschi, de ne mettre jamais le pied dans son palais, soit avec la reine, soit sans la reine, et l'enlèvement de la duchesse de Chery, qu'il fit mettre dans un couvent sous le prétexte qu'elle était amoureuse de Santinelli, et que ce mariage était près de se terminer.

La reine reçut tous ces mécontentements avec beaucoup de fermeté, et son visage parut toujours aussi serein que si elle eût été encore sur le trône, aimée et honorée de tout le monde. Cela n'empêchait cependant pas qu'elle ne nous parlât quelquefois du pape, et qu'elle ne tournât en ridicule, avec un esprit incroyable, tout ce qu'il faisait contre elle. Elle fut depuis le 29 mai, jour que le pape revint à Rome jusque bien avant dans le mois de juin, sans pouvoir obtenir audience.

Mais enfin elle l'eut; tous les Français l'accompagnèrent et servirent fort à grossir son cortège. Comme nous ne passâmes point l'antichambre, je ne puis parler des entretiens qu'elle eut avec Sa Sainteté, je dirai seulement qu'elle fut avec lui une bonne heure, après quoi elle monta dans son carrosse et s'en alla avec son cortège à une église où le Saint Sacrement était exposé, pour y faire ses prières. Jusqu'à ce jour elle n'était point sortie de son palais, mais depuis elle sortit, tantôt pour aller à la promenade dans les vignes, tantôt aux églises, et quelquefois pour s'aller entretenir dans le Vatican; mais comme Santinelli ne l'accompagnait point, que la duchesse de Chery était toujours en religion, le bonhomme disgracié, et que la garde exacte subsistait, l'on connut aisément par toutes ces choses que le pape était toujours dans les mêmes sentiments pour elle. ...

Swedish translation (my own):

Emellertid anlände Sveriges drottning, som kom från Frankrike, till Rom den femtonde maj 1658, och vi hittade henne där vid vår återkomst från Frascati och Tivoli, där vi hade varit två dagar tidigare. Hon kom för att bo på Mazarinpalatset, som hade förberetts för henne; och dagen efter hennes ankomst skickade påven henne en mängd presenter av vin, kött, konfekt och frukt, som mycket väl kunde uppgå till femhundra écus, och med vilka hon förblev mycket nöjd.

Det var inte samma sak nästa dag, för under förevändning att behandla henne som en drottning, lät påven en betydande vakt placeras framför hennes dörr; han fruktade utan tvivel att hon, när hon bodde nära honom på samma ställe och hade många människor med sig, kunde ha några onda dessänger för Rom; gårdekåren var dock upplagd på ett sådant sätt att den var gemensam för Mazarinpalatset och för Montecavallo. Andra trodde att påven hade varit mycket glad över att finna denna förevändning att för sig själv upprätta en vakt framför sitt palats, och de sa att han, i drottningens frånvaro, mycket väl kunde fortsätta att ha den framför Vatikanen som framför Montecavallo.

Rom blev rörd på ett ögonblick av nyheten om denna vakt som gavs till drottningen; allt folket rusade in på Piazza Navona för att se vad som pågick, och var och en tog det upp på sitt eget sätt. Vi var där som de andra och vi hade äran att presenteras för denna prinsessa av chevalier de Saint-Herem, en av herrarna i hennes kammare; hon tog emot oss mycket väl, ställde tusen frågor till oss och försäkrade oss att allt som påven gjorde och ingenting var samma sak med avseende på henne. Vi fick också veta att denna vakt inte hade utstationerats utan hennes vetskap och att guvernören i staden hade kommit dagen innan för att fråga henne om lov.

Från den dagen ägnade vi oss åt att betala vår domstol till henne; vi gjorde henne flera besök och följde med henne när hon gick ut; vi fick äntligen sådan frihet från henne att hon talade till oss och vi svarade henne mycket familjärt.

Åtta dagar efter hennes ankomst återvände påven från Castel Gandolfo precis på Kristi himmelsfärdsdag; nästa dag, en festdag, var det kapell, som vanligt. Drottningen skickade för att be om audiens för den dagen, påven flyttade den till en annan dag, som, efter den dagen kommit, flyttade den igen till en annan dag; vilket han gjorde så många gånger att det var lätt att veta att hans avsikter inte hade något annat syfte än att ge henne tusen avsky för att få henne att sluta med vistelsen i Rom.

Till alla dessa avslag lade han till förvisningen av fadern Santinelli, en order till hans son, bror till mannen som hade dödat Monaldeschi i Fontainebleau, att aldrig sätta sin fot i hans palats, vare sig med drottningen eller utan drottningen, och bortförandet av hertiginnan de Ceri, som han hade satt i ett kloster under förevändning att hon var kär i Santinelli, och att detta äktenskap var på väg att upphöra.

Drottningen tog emot alla dessa missnöje med stor fasthet, och hennes ansikte verkade alltid lika fridfullt som om hon fortfarande hade suttit på tronen, älskad och hedrad av alla. Detta hindrade henne dock inte från att ibland tala till oss om påven och från att med en otrolig anda förvandlas till förlöjligande av allt han gjorde mot henne. Det var från den 29 maj, dagen då påven återvände till Rom, till långt in i juni månad, som hon inte kunde få audiens.

Men äntligen hade hon den; alla fransmän följde henne och gjorde mycket för att svälla hennes kortege. Eftersom vi inte passerade förkammaren, kan jag inte tala om de förrättningar hon hade med Hans Helighet; jag skall bara säga att hon var med honom en bra timme, varefter hon steg i sin kaross och gick med sin kortege till en kyrka där det Heliga Sakramentet var exponerat, för att där be sina böner. Än idag hade hon inte lämnat sitt palats, men sedan dess gick hon ut, ibland för att gå en promenad i vingårdarna, ibland till kyrkorna och ibland för att gå och prata i Vatikanen; men eftersom Santinelli inte följde med henne, eftersom hertiginnan de Ceri fortfarande var i religionen, blev den gode mannen vanärad, och eftersom den exakta vakten subsisterade, var det lätt att veta av alla dessa saker att påven fortfarande hade samma känslor för henne. ...

English translation (my own):

In the meantime, the Queen of Sweden, who was coming from France, arrived at Rome on the fifteenth of May 1658, and we found her there on our return from Frascati and Tivoli, where we had been two days before. She came to stay at the Mazarin Palace, which had been prepared for her; and the day after her arrival, the Pope sent her a quantity of presents of wine, meat, sweetmeats and fruit, which could well amount to five hundred écus, and with which she remained very satisfied.

It was not the same the next day, for, under the pretext of treating her as a Queen, the Pope caused a considerable guard to be stationed before her door; he doubtless feared that, her being lodged near him in the same place and having many people with her, she might have some evil designs on Rome; the corps-de-garde was, however, laid out in such a way that it was common to the Mazarin Palace and to that of Montecavallo. Others believed that the Pope had been very glad to find this pretext of establishing for himself a guard in front of his palace, and they said that, in the absence of the Queen, he might well continue to have it in front of the Vatican as in front of Montecavallo.

Rome was moved in an instant at the news of this guard given to the Queen; all the people rushed into the Piazza Navona to see what was going on, and each interpreted it in his own way. We were there like the others and we had the honour of being presented to this princess by the Chevalier de Saint-Herem, one of the gentlemen of her chamber; she received us very well, asked a thousand questions of us, and assured us that everything the Pope did and nothing was the same thing with regard to her. We also learned that this guard had not been posted without her knowledge and that the governor of the town had come the day before to ask her permission.

From that day we devoted ourselves to paying our court to her; we paid her several visits and accompanied her when she went out; we finally acquired such freedom from her that she spoke to us and we answered her very familiarly.

Eight days after her arrival, the Pope returned from Castel Gandolfo precisely on the eve of the Ascension; the next day, a feast day, there was a chapel, as usual. The Queen sent to ask for an audience for that day, the pope moved it to another day, which, having arrived, he moved it again to another day; which he did so many times that it was easy to know that his intentions had no other purpose than to give her a thousand disgusts, to make her quit her stay in Rome.

He added to all these refusals the banishment of Santinelli the father, an order to his son, brother of the man who had killed Monaldeschi at Fontainebleau, never to set foot in his palace, either with the Queen or without the Queen, and the kidnapping of the Duchesse de Ceri, whom he had put in a convent on the pretext that she was in love with Santinelli, and that this marriage was about to end.

The Queen received all these discontentments with great firmness, and her face always seemed as serene as if she had still been on the throne, loved and honoured by everyone. This did not, however, prevent her from speaking to us sometimes about the Pope, and from turning into ridicule, with an incredible spirit, all that he did against her. It was from May 29, the day on which the Pope returned to Rome, until well into the month of June, that she was unable to obtain an audience.

But at last she had it; all the Frenchmen accompanied her and did much to swell her cortege. As we did not pass the antechamber, I cannot speak of the entretiens she had with His Holiness; I will only say that she was with him for a good hour, after which she got into her carriage and left with her cortege to a church where the Blessed Sacrament was exposed, to say her prayers there. Up to this day she had not left her palace, but since then she went out, sometimes to go for a walk in the vineyards, sometimes to the churches, and sometimes to go and have a talk at the Vatican; but as Santinelli did not accompany her, as the Duchesse de Ceri was still in religion, the good man was disgraced, and as the exact guard subsisted, it was easy to know by all these things that the Pope still had the same feelings for her. ...


Above: Kristina.


Above: Pope Alexander VII.


Above: Philippe Emmanuel de Coulanges.

Note: The Mazarin palace is located on the Piazza Navona, next to Montecavallo, a regular papal residence.

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